L'œuvre de Maria Valtorta
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Salon des écrivains chrétiens de Tours, conférence hors-programme du jeudi 11 octobre 2018.   
Maria Valtorta, son Œuvre et l’Église.

Par François-Michel Debroise

Maria Valtorta a tout reçu parce qu’elle a su tout donner.   
 Une œuvre prisée des saints.  "L’auteur ne peut être que l’Esprit saint de Dieu".  Une œuvre diversement accueillie.  Maria Valtorta a laissé le Christ vivre en elle.  L’Évangile canonique est bien l’Évangile éternel.  Restaurer la simplicité évangélique originelle pour nourrir la foi.   
Qu’en est-il de la mise à l’Index et de la position de l’Église ?         
 L’Index, une procédure disciplinaire décriée.  Oui, Pie XII a bien lu et encouragé l’Œuvre de Maria Valtorta.  Contre l’avis de Pie XII, le Saint-Office fait pression pour empêcher l’imprimatur.  L’abolition de l’Index en droit et en conséquences, et les suites.        
Les visions d’Anne-Catherine Emmerich ?         
 Ce n’est pas l’authenticité qui est en cause, mais la transmission.  Agréda, Emmerich et Maria Valtorta se retrouvent sur l’essentiel.  La maison de Marie à Ephèse est mal interprétée.




Vidéoconférence de F.M. Debroise.


Vidéoconférence de J. F. Lavère.

 


BIBLIOGRAPHIE



Autobiographie {fr}.


Lettere a Madre Teresa Maria {it] – 2 volumes.


Lettere a Mons. Carinci {it}


Pro e contro Maria Valtorta {it}


Una vita con Maria Valtorta, Testimonianze di Marta Diciotti {it}


L’énigme Valtorta t Tome 1 {fr}.


L’énigme Valtorta – Tome 2 {fr}.


La vie de Marie d’après les révélations des mystiques {fr}.

 

 Une œuvre prisée des saints.           
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Beaucoup d’entre vous le savent sans doute : Maria Valtorta (1897-1961), une mystique italienne grabataire, a reçu pendant sept ans les visions de la vie du Christ en Palestine et diverses dictées du Ciel.       

Sa vie du Christ, publiée sous le titre
L’Évangile tel qu’il m’a été révélé est diffusée sans interruption depuis 62 ans, lue à des millions d’exemplaires et traduite en une trentaine de langues.           

La liste s’allonge des saints et des bienheureux qui
en furent lecteurs ou qui en recommandèrent la lecture, dont deux papes à la suite du Vénérable Pie XII qui encouragea explicitement sa publication. Après Jean-Paul II et Paul VI canonisé dimanche prochain, on trouve Padre Pio, Mère Teresa, la mexicaine Mère Inès du Très-Saint-Sacrement et les italiens G. Allegra et Mgr Luigi Novarese. Ils sont sept saints et bienheureux, sept comme les sept saints fondateurs des Servites de Marie, cet ordre religieux fondé à Florence par sept laïcs. C’est à cet ordre que fut confié l’Œuvre et la personne de Maria Valtorta. C’est dans le haut lieu de cet ordre, à la Santissima Annunziata de Florence, que se trouve la tombe de Maria Valtorta.

 "L’auteur ne peut être que l’Esprit saint de Dieu".        
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En soixante ans l’Œuvre de Maria Valtorta a été étudiée sur les plans théologique, biblique, exégétique et plus récemment scientifique comme le démontrera tout à l’heure Jean-François Lavère. Le nombre de ces études et la qualité de leurs auteurs est telle qu’on ne peut plus dire que L’Évangile tel qu’il m’a été révélé est l’œuvre de Maria Valtorta. Non, c’est une œuvre inspirée. Mais inspirée par qui ? La réponse est d’évidence : une œuvre prisée des saints et dont les fruits sont des conversions et des vocations ne peut qu’être inspirée par l’Esprit de Dieu.    

Car l’étonnant est que cette œuvre captive des lecteurs qui humainement peuvent être divisés. Traditionnalistes et progressistes l’apprécient, comme le catholique et le protestant et bien au-delà même du christianisme. Quelle œuvre humaine est capable, dans la durée, de produire cette même élévation unanime ?

Maria Valtorta n’est donc pas l’auteur de cette vie de Jésus, mais l’instrument : le porte-plume de Dieu comme la surnomme si justement un servite de Marie. Et un
archevêque métropolitain des Fidji eut cette conclusion :

Il m’est impossible d’imaginer que quelqu’un puisse lire cette œuvre monumentale, avec un esprit ouvert, sans être convaincu que l’auteur n’est autre que l’Esprit saint de Dieu.

S’il y a débat, ce n’est donc pas tant sur l’origine inspirée, que sur la pureté et l’intégrité de cette transmission. Car l’Esprit saint est à l’œuvre dans le monde. Il nous traverse et nous inspire, vous comme moi. Mais en me traversant il se heurte à mon humanité qui le contrecarre, le déforme, voire le détourne ou le caricature.   

Il faut donc discerner les révélations privées, sans les mépriser, comme le demande l’Écriture et le Magistère. Leur étude est donc essentielle.   

Concernant Maria Valtorta, les résultats en sont étonnants.

 Une œuvre diversement accueillie.
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L’Œuvre fut diversement reçue : avec enthousiasme par le clergé des pays évangélisateurs comme l’Afrique, la Chine ou l’Inde, avec réticence dans les pays de vieille catholicité. Elle fut même mise un temps à l’Index des livres interdits pour défaut d’imprimatur à la même époque et par les mêmes qui condamnèrent les écrits de sainte Faustine et les livres parlant de Padre Pio.

Le commentaire de cette condamnation disciplinaire de Maria Valtorta fut le premier document que j’ai lu lors de mon retour en Église il y près de 30 ans, avant que l’on me prête un premier tome de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé. J’ai lu ce commentaire de la mise à l’Index et je l’ai jugé grandiloquent et incohérent.  

Grandiloquent parce que l’emphase cachait mal l’absence de contenu et incohérent parce que par trois fois l’auteur reconnaissait, mais pour s’en moquer, la haute valeur théologique de l’Œuvre
[1]. Pas la conformité : la haute valeur théologique, et par trois fois. Pourtant Maria Valtorta ne reçut sa première Bible qu’au moment des visions. Elle avait 46 ans.

Alors, comment peut-on censurer un ouvrage dont on reconnaît la haute valeur théologique ? Comment peut-on condamner sainte Faustine
[2] et saint Padre Pio[3] ? Et, en remontant dans le temps, comment a-t’on pu sanctionner saint Jean de la Croix, sainte Thérèse d’Avila ou saint Jean d’Avila, tous trois docteurs de l’Église aujourd’hui[4] ? Et tant d’autres ? Comment a-t’on pu tenter de censurer saint Paul lui-même, comme on le lit dans le deuxième chapitre de l’épître aux galates[5] ?         

On ne peut le faire qu’en ayant non pas les pensées de Dieu mais celles des hommes comme Jésus en fait radicalement le reproche à Pierre qui tentait de le détourner, un moment, de son destin de Rédemption. Et Jésus a cette phrase très dure : Passe derrière-moi, Satan !

 Maria Valtorta a laissé le Christ vivre en elle.     
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Donc, pour recevoir sans la déformer, une œuvre inspirée si évidemment puissante, il faut se débarrasser des pensées humaines, laisser le Christ vivre en soi et à notre place comme dit saint Paul[6]. C’est que fit Maria Valtorta, au terme de son très long chemin d’offrande victimale soutenue par une volonté implacable de tout offrir à Dieu, jusqu’et y compris son esprit. C’est ainsi qu’elle réalisa cette promesse dont nous venons de parler : Avec le Christ, elle fut crucifiée, ce ne fut plus elle qui vécut, ce fut le Christ qui vécut en elle.       

Elle fit partie ce qu’on appelle les
âmes victimes. Des âmes d’exception qui s’unissent au Christ en Croix, à la suite et à l’imitation de Jésus-Christ. Un chemin incompréhensible ou scandaleux pour qui rejette ou ignore le Christ. Mais pour le croyant, un mystère où la joie ne vient pas de ce qu’on y vit, mais de ce que l’on y conquiert.  

Parce qu’elle a tout donné, Maria Valtorta a tout reçu. C’est là son mérite, c’est là sa sainteté plus que dans le trésor qu’elle reçut pour nous de l’Auteur divin. L’Œuvre est un appel du Christ à la suivre, mais la vie de Maria Valtorta en explore l’un des chemins privilégiés.   

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, morte l’année de naissance de Maria Valtorta et à qui la mystique se référait, fut aussi une âme offerte. Une "victime d’holocauste" selon ses propres termes. Mais quelle puissance obtint-elle en contrepartie de ce don total ! Pourtant, humainement, Thérèse ne fut qu’une jeune carmélite morte dans l’anonymat d’un couvent, mais spirituellement elle fut une géante. À ce jour L’Histoire d’une âme a été tirée, dit-on, à 500 millions d’exemplaires (un demi-milliard !). Pourtant ce n’est qu’un journal intime pour qui ne sait pas reconnaître Celui qui l’inspira. C’est ce journal qui lui valut d’être Docteure de l’Église, un titre qui n’est partagé que par 35 personnes depuis 2.000 ans.

« Le ciel est dans mon âme, car mon ciel n'est autre que l'amour
[7] » avait écrit la jeune carmélite de Lisieux, Maria Valtorta enchaîne « Aimer était pour moi une condition indispensable pour pouvoir vivre[8] ». Elle le prouva par ses souffrances endurées pour les autres, et elle conclut sa vie par ce testament spirituel :

J'ai fini de souffrir mais je continuerai à aimer[9].

Qu’on ne croit pas que son chemin de sainteté fut un chemin facile. Quand on parcoure sa vie, on découvre combien grands furent les efforts qu’elle dut faire pour traverser son humanité et celle de l’Église qui l’entourait, humanité de ses soutiens comme de ses adversaires confondus. Rien ne lui fut épargné : ni la maladie, ni la trahison, ni l’humiliation, ni l’incompréhension, ni l’injustice, ni les tentations. Rien. Elle dut tout traverser et triompher de tout avec le secours de cette grâce qu’obtient la bonne volonté.

 L’Évangile canonique est bien l’Évangile éternel.          
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Certes, ce don en notre époque, à un sens et un but : prouver et démontrer que l’Évangile canonique que nous méditons est bien l’Évangile éternel. Que c’est bien dans sa vérité et sa plénitude qu’il a été transmis par l’Église. Une Église fondée par le Christ et établie dans ses sacrements et ses dogmes. Car si l’Évangile canonique est l’essentiel de la foi, son socle, comme dit saint Jean, cette base est aujourd’hui prise d’assaut par ceux qui, sous couvert de découvertes scientifiques, tentent de la transformer en un Da Vinci Code des plus débridés, Ils se partagent la dépouille des Évangiles canoniques, prenant ceci, rejetant cela, contestant le reste. Ils affirment que les évangélistes se sont trompés, que l’Église nous a trompé, que seules leurs conclusions sont vérités, que seule leur modernité chasse l’obscurantisme. Le doute germe alors dans les âmes troublées.          

Ce n’est pas un hasard si les raisons de l’œuvre que donne Jésus à Maria Valtorta reprennent en grande partie ce qu’on appelle le serment antimoderniste promu par Pie X
[10]. Mais à l’exception notable de la partie relative à l’exégèse scientifique, condamnée par Pie X, mais que Pie XII réhabilita en la réorientant[11].

Car avec l’œuvre de Maria Valtorta, Jésus ne condamne pas l’exégèse scientifique : il fait beaucoup mieux et beaucoup plus efficace : il s’en sert. Il démontre l’authenticité de l’Évangile éternel avec les arguments que l’on pensait lui opposer : l’authenticité historique et scientifique. C’est à cette démonstration paradoxale que Jean-François Lavère a consacré des années de recherches.

 Restaurer la simplicité évangélique originelle pour nourrir la foi.    
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C’est grâce à cette reconstitution de l’Évangile initial, et non à lecture des supputations et des imaginations, que la foi pourra mieux comprendre des épisodes qu’on explique si mal, comme celui de la cananéenne (Matthieu 15,21-28 - Marc 7,24-30) que Jésus traite durement de chien, même s’il dit « petit chien » et qu’il repousse, à contre-courant de ce Jésus doux et humble de cœur que l’on connait. Maria Valtorta l’explique simplement.      

Ou comme celui des talents dans lequel celui qui n’en a qu’un seul se fait dépouiller au profit de celui qui en a déjà dix. Le plus pauvre serait ainsi dépouillé au profit du plus riche ! Maria Valtorta donne une précision qui rend
la parabole plus conforme à cette phrase de l’Évangile : "À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage" (Luc 12,48).     

Mais il y a aussi l’érosion de l’Évangile éternel. La nouvelle Vulgate, texte de référence de l’Église catholique, ne parle plus du
sabbat second-premier que Luc mentionne pourtant dans son épisode sur les épis cueillis le jour du sabbat (Luc 6,1). Les Bibles protestantes le mentionnent sans l’expliquer. Déjà Grégoire de Naziance au IVe siècle ne savait pas le faire non plus. Dans Maria Valtorta l’explication est d’évidence : il s’agit du premier sabbat après la seconde Pâque, (Pesha Sheni) une fête tombée en désuétude après la chute du Temple. Cela justifie que les épis soient comestibles à 15 jours de leur moisson.      

Mais ce n’est pas Maria Valtorta qui l’explique, car elle n’écrit que ce qu’elle voit et entend, ce sont les travaux de Jean-François qui l’élucide.        

Comme on va le voir (dans
l’intervention de Jean-François Lavère), l’œuvre fourmille de ces exemples qui restituent la simplicité évangélique originelle dans laquelle le sublime est si présent et si évident que Pie XII a pu dire : « ceux qui liront, comprendront ».

 Qu’en-est-il de la mise à l’Index et de la position de l’Église ?     
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Dans l’Index, il faut distinguer deux choses : la procédure en tant que telle, et la mise à l’Index de la vie de Jésus de Maria Valtorta intervenue le 16 décembre 1959.   

Quatre ans plus tard, le 8 novembre 1963 le
cardinal Josef Frings, archevêque de Cologne déclare en pleine assemblée conciliaire :

La procédure du Saint-Office ne répond plus à notre temps. Elle est pour beaucoup un objet de scandale[12].

Cette déclaration fut saluée par une salve d’applaudissements tant la procédure semblait bel et bien dépassée et scandaleuse. Avec son ancêtre, la Sainte-Inquisition, on l’avait vu condamner des écrits de futurs saints ou de Docteurs de l’Église, un comble ! On la voit censurer les Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, mais pas Das Kapital de Karl Marx ni Mein Kampf d’Adolf Hitler : des textes pourtant inspirateurs des grandes idéologies homicides.

 L’Index, une procédure disciplinaire décriée.      
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Cette procédure se trompait donc et devenait pernicieuse si on l’attribuait au Pape, chef suprême du Saint-Office, car s’il se trompait ainsi gravement et de façon répétée sur des questions essentielles, s’il se contredisait, il ne pouvait pas prétendre à l’infaillibilité.          

L’Index était donc une procédure disciplinaire et non doctrinale. Elle était faite à l’origine pour le discernement. Mais au fil du temps le temporel a grignoté le spirituel. On a fini par condamner ce qui s’opposait ou gênait le pouvoir plus que la foi. On en a vu des exemples incompréhensibles dans cette conférence. 

Le cas Valtorta est l’une des dernières mises à l’Index avant son abolition. Il illustre bien un Saint-Office qui outrepasse son rôle en œuvrant contre l’avis du Pape Pie XII récemment décédé, comme on va le voir. Un pape qui dérangeait sûrement l’establishment routinier en ouvrant la porte à une exégèse scientifique bien comprise en 1943
[13], ou en réformant le sens profond de la liturgie en 1947[14].

 Oui, Pie XII a bien lu et encouragé l’Œuvre de Maria Valtorta.          
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Oui, le Pape Pie XII a bien lu et encouragé personnellement la publication de la vie de Jésus de Maria Valtorta. Car il ne faut pas croire que l’on puisse, comme cela, obtenir une audience particulière du Pape sur une banale révélation privée ou pire, sur une œuvre romanesque[15]. Si elle a eu lieu c’est que l’évènement était d’importance. L’ordre des Servites de Marie s’en était emparée et l’entourage direct du Pape la connaissait et la défendait, au premier rang desquels le futur cardinal Auguste Bea son confesseur, l’archevêque Alfonso Carinci, son sacristain particulier et d’autres membres de sa Secrétairerie d’État. On alla même jusqu’à demander à Maria Valtorta d’interroger le Ciel pour localiser le tombeau de saint Pierre que l’on cherchait à cette époque : c’est dire la crédibilité dont ses visions jouissaient à la Secrétairerie d’État[16].       

L’encouragement de Pie XII, donné en février 1948, est attesté par plusieurs sources convergentes, dignes de foi. Vous connaissez sa conclusion certifiée par trois témoins : publiez l’œuvre telle quelle, ceux qui liront, comprendront. Nier cet encouragement explicite, c’est nier la réalité.

 Contre l’avis de Pie XII, le Saint-Office fait pression pour empêcher l’imprimatur.      
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Malgré cela, l’œuvre de Maria Valtorta fut censurée pour un motif disciplinaire après la mort du Souverain Pontife : le défaut d’imprimatur[17]. Pourtant il y eut un imprimatur formel, dès 1948, dans la foulée de l’audience papale. Il fut accordé par Mgr Costantino Barneschi, un servite, et une société d’édition, Laboremus, fut montée à Rome spécialement pour l’édition. Elle fut éphémère. C’est dire que l’œuvre de Maria Valtorta était prise en considération par les Servites de Marie. Mais le Saint-Office contesta l’imprimatur de Mgr Barneschi, car il était en poste en Afrique du sud. Cela peut s’admettre à la rigueur, mais certainement pas la suite.           

Car après avoir contesté cet imprimatur, le Saint-Office agit en sous-main, contre le droit canonique, pour empêcher par trois fois, qu’un autre imprimatur soit régulièrement accordé. C’est Pie XII qui, le 25 octobre 1948, avait fait demander par son secrétaire particulier, Mgr Montini, futur Paul VI, que l’imprimatur soit confirmé par un évêque italien pour éviter les réactions de "certains prélats hostiles"
[18]. Lesquels ?       

Mgr Montini suggéra aux Servites de Marie,
Mgr Michele Fontevecchia, évêque d’Aquino-Sora, diocèse où se trouve actuellement le Centro editoriale valtortiano, spécialisé alors dans les éditions religieuses. Cet évêque se proposa d’accorder l’imprimatur[19], mais non seulement il devenait aveugle, mais de plus l’imprimatur lui fut "arraché des mains" selon son témoignage[20]. Arraché par qui ? 

Même chose pour son successeur
Mgr Biagio Musto qui confia ultérieurement avoir voulu accorder lui aussi l’imprimatur mais avoir fait l’objet, lui aussi, de pressions[21]. Par qui ? C’est le suivant qui va l’écrire.      

En 1956, le
cardinal Giuseppe Siri, archevêque de Gênes, personnage en vue de l’Église, est sollicité pour l’imprimatur formel. Il écrit au Père Berti[22] qu’il a une impression favorable sur l’œuvre de Maria Valtorta, il aurait volontiers continué à la lire, mais, écrit-il, pas question d’aller contre le Saint-Office qui avait "mis la main dessus". Ce serait pericoloso (périlleux !) Ce quatrième imprimatur tourna court lui aussi[23].         

Pour bien comprendre cette oppression que faisait peser le Saint-Office sur les structures de l’Église, il faut revenir à la déclaration du cardinal Frings dont on a parlé. Il déclarait devant l’assemblée :

Nul ne peut être condamné sans avoir été entendu, sans avoir eu la possibilité de se défendre et aussi de se corriger.

Vous conviendrez que ces mœurs qu’il décrit, sont plus dignes du KGB ou de la Stasi de l’époque que du Vatican.   

Qu’on ne croit pas que ce soit une vue de l’esprit : deux censeurs tentèrent de détruire l’œuvre de Maria Valtorta en dehors de toute légalité puisqu’aucun document écrit n’existe, bien que la tentative soit attestée
[24]. L’un des censeurs fut d’ailleurs licencié peu de temps après par Pie XII pour avoir mis à l’Index des livres parlant de Padre Pio, sans son accord[25].

Et comment qualifier une attitude qui contourne l’avis d’un Pape en contestant d’un côté un imprimatur formel et en agissant de l’autre, en sous-main, pour qu’aucun autre imprimatur ne soit donné ? Comment qualifier l’outrecuidance qui consiste, dans ces conditions, à écrire qu’il n’y avait pas d’imprimatur et qu’il s’agissait d’une "désobéissance grave" ? Pire, d’accuser l’entourage direct de Pie XII et quelques recteurs d’universités pontificales romaines, soutiens de Maria Valtorta, de s’être fait berner : ces "personnages illustres" dont se moque
l’Osservatore romano commentant la mise à l’Index.

 L’abolition de l’Index en droit et en conséquences, et les suites.       
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Le secrétaire particulier de Pie XII, devenu Paul VI était au premier rang pour suivre tout cela. En 1965/66, c’est lui qui supprima en droit et en conséquence, un Index largement décrédibilisé, pour le remplacer par le discernement initial. Il a donc clos le temps des censeurs pour rouvrir celui des pasteurs qui doivent désormais éclairer "la conscience mature des fidèles". À cette conscience mature de juger et sur ce point des millions de gens ont répondu en lisant et en comprenant.       

Plus tard, la conférence des évêques d’Italie
a demandé que lors des réimpressions de l’Œuvre (désormais libérée de l’interdiction qui la frappait) on avertisse le lecteur que les visions, qu’elle contenait, devaient être attribuées à Maria Valtorta et non à une origine surnaturelle. Les partisans de Maria Valtorta y virent un rappel sur la place des révélations privées ; les adversaires y virent la condamnation.           

Quant à l’éditeur, arguant de son incompétence à rédiger un tel avis, il demanda une lettre officielle qu’il publierait en tête des ouvrages. Elle ne vint jamais. Il se contente donc de relater le fait.

 Les visions d’Anne-Catherine Emmerich.
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Comme vous le savez sans doute, Maria Valtorta ne fut ni la première, ni la seule à recevoir les visions de la vie du Christ.       

Avant elle, il y eut la Vénérable
Marie d’Agréda au 17e siècle et la Bienheureuse A.C. Emmerich au 19e.

 Ce n’est pas l’authenticité qui est en cause, mais la transmission.    
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Elles ont vu la même chose par définition et leurs visions sont authentiques, mais si elles ne disent pas la même chose, c’est pour des raisons de transmission de leurs visions initiales.

Marie d’Agréda dût brûler sa première narration "parce que les femmes ne devaient pas écrire dans l’Église" écrit-elle dans sa préface. Interprétation assez primitive, par son censeur, d’une phrase de saint Paul
[26]. Mais elle dût la réécrire au bout de 35 ans, sur l’insistance de son confesseur, après avoir subi un procès de l’Inquisition espagnole. Méditations et souvenirs humains ont alors interférés dans la nouvelle transcription.          

Celles d’A.C. Emmerich subirent cinq niveaux de transformation avant de nous parvenir, car elle n’a pas écrit elle-même.      

Tout d’abord par la narration de son confident, Clemens Brentano, car A.C. Emmerich n’écrivait pas elle-même. Brentano rajouta ses propres déductions et publia après la mort d’Emmerich. Puis par Christian, le frère de Clemens, et sa belle-sœur qui reprirent ses 16.000 notes éparses après sa mort. Puis par le Père Smöger qui reprit l’ensemble et l’édulcora. Puis enfin par la traduction française en 1864.   

Ceci explique les distorsions que l’on peut trouver entre les vies révélées et les incohérences par rapport à l’Écriture ou à la tradition.          

Rien de tout cela chez Maria Valtorta qui écrivit elle-même et immédiatement, ce qui justifie la faible présence, voire l’absence totale de distorsion.

 Agréda, Emmerich et Maria Valtorta se retrouvent sur l’essentiel.  
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Cependant si dans le détail on peut trouver des différences entre les trois récits des visionnaires, elles convergent sur le principal, notamment les circonstances miraculeuses du choix de Joseph et du mariage de Marie que l’Évangile évoque seulement. Ces conditions sont le fleurissement d’un rameau en plein hiver qui le désigne parmi les postulants de la descendance de David. Les trois le racontent[27].     

De même, elles convergent sur des
détails de la crucifixion qu’elles ne pouvaient connaître : tel l’existence de pré-trous pour le clouement des mains qui, mal calculés, obligent les bourreaux à élonger les bras du Christ qui reçoit un clou dans le poignet et l’autre dans la paume. Ce que justifie le Linceul de Turin où l’une des mains est cachée.    

Convergence aussi sur le fait qu’on retourna la croix, avec son supplicié, pour tordre la pointe des clous afin d’éviter que le corps ne se détache dans les soubresauts de la mort. Précisions terribles à imaginer. Aucunes ne pouvaient inventer de tels détails
[28].

 La maison de Marie à Ephèse est mal interprétée.         
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A.C. Emmerich est connue pour sa découverte de la maison de Marie à Ephèse. Mais pour moi, il s’agit de l’église où elle fut proclamée Théotokos, Mère de Dieu, par le concile de 431 et non de l’endroit où elle aurait vécue avec l’apôtre Jean. Cette hypothèse d’une fuite de Jérusalem devant la persécution me semble contradictoire avec leur attitude de courage au pied de la Croix, à l’opposé des apôtres qui eux, s’enfuient. Elle est aussi contraire à l’évangélisation d’Ephèse par Paul, tel que la rapportent les Actes des apôtres (chapitre 19). En arrivant, Paul ne trouve en effet aucune trace d’évangélisation autre que celle d’Apollos qui ignorait l’Esprit-saint pour ne connaître que le baptême de Jean. Situation incohérente avec la Pentecôte et le testament de Jésus avant l’Ascension. 

Pour moi, l’Assomption a donc bien eut lieu, selon l’antique tradition, à Jérusalem, dans la maison du Gethsémani comme le dit Maria Valtorta. Cette propriété de Lazare était en effet sous la protection des romains d’occupation dont le père de Lazare fut un serviteur. Hérode Agrippa 1er le persécuteur n’aurait pas pu impunément franchir cette propriété. D’ailleurs dans l’Évangile, on voit que Jésus peut en toute tranquillité loger à Béthanie, faubourg de Jérusalem, sans être inquiété par le Sanhédrin qui l’avait pourtant condamné à mort.

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Fiche mise à jour le 03/02/2019

 



[1] "Un si grand étalage de connaissances théologiques" -  "(Jésus) est toujours prêt à se proclamer Messie et Fils de Dieu et à faire des exposés de théologie dans les termes mêmes qu’emploierait un professeur de nos jours" – "(La Vierge Marie) est toujours prête à donner des leçons d’une théologie mariale mise à jour selon les plus récentes études des spécialistes actuels en la matière".

[2] Le 6 mars 1959, le Saint-Office publie le décret suivant : Qu’il soit rendu public que la Congrégation du Saint-Office, après avoir examiné les prétendues visions et révélations de Sœur Faustine Kowalska, de l’institut de Notre-Dame de la Miséricorde, décédée en 1938 près de Cracovie, a décidé ce qui suit : Il faut interdire la diffusion des images et des écrits qui présentent la dévotion à la Divine Miséricorde dans la forme proposée par ladite Sœur Faustine. Il est requis de la prudence des évêques de devoir faire disparaître lesdites images qui ont éventuellement déjà été exposées au culte.          
Cette condamnation intervient seulement 8 mois avant la condamnation de Maria Valtorta et quelques mois après la mort de Pie XII.

[3] Luigi Peroni, Padre Pio, le saint François du XXe siècle, page 138/ 139, 1999, éditions saint-augustin.

[4] L’autobiographie de sainte Thérèse (Le Livre de la Vie) fut interdite. Saint Jean de la Croix fut emprisonné et les œuvres de saint Jean d’Avila furent condamnées.

[5] 01 Puis, au bout de quatorze ans, je suis de nouveau monté à Jérusalem ; j’étais avec Barnabé, et j’avais aussi emmené Tite. 02 J’y montais à la suite d’une révélation, et j’y ai exposé l’Évangile que je proclame parmi les nations ; je l’ai exposé en privé, aux personnages les plus importants, car je ne voulais pas risquer de courir ou d’avoir couru pour rien. 03 Eh bien ! Tite, mon compagnon, qui est grec, n’a même pas été obligé de se faire circoncire. 04 Il y avait pourtant les faux frères, ces intrus, qui s’étaient infiltrés comme des espions pour voir quelle liberté nous avons dans le Christ Jésus, leur but étant de nous réduire en esclavage ; 05 mais, pas un seul instant, nous n’avons accepté de nous soumettre à eux, afin de maintenir pour vous la vérité de l’Évangile.

[6] Galates 2, 19-20.

[7] Ste Thérèse de L’Enfant-Jésus, A 35 verso.

[8] Autobiographie, page 169, citée dans Lettera a Claudia, page 31.

[9] Dispositions testamentaires, fin 1952.

[10] Dans le Motu proprio Sacrorum Antistitum donné par Pie X le 1er septembre 1910.

[11] Le 30 septembre 1943, il publie son encyclique Divino afflante spiritu sur les études bibliques.

[12] Martine Sevegrand : Le cardinal Ottaviani, victime du concile.

[13] 30 septembre 1943, encyclique Divino afflante spiritu sur les études bibliques.

[14] Mediator Dei du 20 novembre 1947. La liturgie est réellement une action salvifique.

[15] L’audience papale du 26 février 1948 est attestée par l’Osservatore romano daté du lendemain. Cette idée de soumettre la révélation privée directement au pape était née un an auparavant. Le Père Berti avait demandé à Maria Valtorta de préparer une note à cette fin (Cahiers, dictée du 31 janvier 1947, page 339). La correspondance de Maria Valtorta témoigne des différents développements.

[16] Le 11 juillet 1948:un prêtre de la Secrétairerie d'État du Vatican demande à Maria Valtorta, par l’entremise du Père Berti, où se trouve le corps de Saint Pierre (Les Carnets).

[17] Canon 1385, article 1, § 2, selon ce qui est mentionné en tête de l’article. Motif disciplinaire réitéré en fin de l’article.

[18] Lettere a Madre Teresa Maria, Vol. 2, 11 novembre 1948, page 160.

[19] Ib°, 16 décembre 1948, page 165.

[20] Lettere a Carinci, lettre du 24 août 1950.

[21] Marta Diciotti, una vita con Maria Valtorta, page 388.

[22] Voir le fac-similé de sa lettre publiée dans Pro e contro Maria Valtorta, page 98.

[23] Pro e contro Maria Valtorta, page 97.

[24] Attestation du Père Berti : Exposizione, § 4.

[25] Le 3 août 1952, trois ans après sa tentative de destruction de l’œuvre, Mgr Giovanni Pepe (1880-1955) mit à l’Index, sans l’aval du Pape, huit ouvrages parlant du Padre Pio, alors sous les feux du Saint-Office. Ce qu’apprenant, Pie XII fit publier une atténuation, interdit que la condamnation figure dans les Actes du Saint-Siège et exigea la démission de Mgr Pepe. Il était en charge de la censure des livres au Saint-Office.

[26] La Cité mystique de Dieu – Introduction à la vie de la Reine du Ciel, § 19. Cette phrase est une interprétation de la consigne de saint Paul : les femmes ne doivent pas parler dans l’Assemblée (1 corinthiens 14,34).

[27] 1 - Selon Marie d'Agreda, le bâton que Joseph tient à la main (une baguette sèche) fleurit et une colombe vient se poser sur la tête de Joseph. (La Cité Mystique de Dieu - Livre 2, Chapitre 22, § 754, pages 387 et 388) 
2 - Selon Anne-Catherine Emmerich, un lys fleurit au sommet du bâton pendant que descend l'Esprit Saint. (Vie de la Vierge Marie – page 154)      
Anne-Catherine Emmerich donne au fleurissement du rameau une explication biblique : le Grand Prêtre, en priant dans le Saint des saints, reçoit la phrase d'Isaïe : "un rejeton sortira de la souche de Jessé et un surgeon poussera de ses racines" (Isaïe 11,1) et le signe vient au rendez-vous de la prophétie. Cette référence biblique vient du "Livre de la Nativité de Marie". La perplexité du grand prêtre devant le vœu de virginité de Marie, en contradiction avec le contrat de mariage, le pousse à ce recours. (Livre de la Nativité de Marie - § 7.6 à 7.9)  
3 - Selon Maria Valtorta, un lévite ramène du Sanctuaire "un faisceau de branches sèches sur lequel est posé délicatement un rameau fleuri". C'est celui de Joseph. Mais elle ne mentionne pas de colombe. (L'Évangile tel qu'il m'a été révélé, Tome 1, chapitre 19, page 79)      
Maria Valtorta seule, souligne que la tige fleurit durant l'hiver et non au printemps.

[28] 1 - Selon Marie d'Agréda, au moment du clouage, les pré-trous ne sont pas à la bonne distance et les bourreaux élongent un des bras de Jésus à l'aide d'une chaîne (La Cité mystique de Dieu – Livre 6, Chapitre 22 - § 1384, pages 158 et 159). La croix, avec son crucifié, est retournée pour river les clous à l'arrière, mais les anges, à la prière de Marie, soutiennent la croix pour soulager l'écrasement de Jésus (ib - § 1386, pages 161 et 162). 
2 – Selon Anne-Catherine Emmerich, les bourreaux doivent tirer sur le bras gauche qui n'atteint pas les pré-trous. Ils le déboîtent de l'épaule pour le clouer. Ils tirent de même sur les jambes. Marie s'évanouit alors (La douloureuse Passion de Jésus-Christ – Chapitre 33, pages 138 à 142). 
3 – Selon Maria Valtorta, le clouage commence par le poignet droit mais, pour le bras gauche, le pré-trou est trop loin. Les quatre bourreaux étirent le bras avec une corde jusqu'à le déboîter. Faute de réussir, ils enfoncent le clou "où ils peuvent, c'est-à-dire entre le pouce et les autres doigts, exactement au centre du métacarpe". Ils étirent de même les pieds jusqu'à un coin de bois sur lequel ils sont fixés (L'Évangile tel qu'il m'a été révélé – Tome 9, Chapitre 29, page 282). La croix est retournée avec le crucifié pour river les clous. (Ib° – Tome 10, Chapitre 17, page 114).