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   Vision du mardi 30 janvier 1945 
  96>   92.1 – Jésus instruit encore les siens qu'il a
  amenés à l'ombre d'un énorme noyer, qui s'étend de sa place dominant le
  jardin de Marie, et tout le long de celui-ci. La
  journée est sombre et l'orage très proche, et c'est pour cela, peut-être, que
  Jésus ne s'éloigne pas beaucoup de la maison. Marie va et vient de la maison
  au jardin et chaque fois elle lève la tête et sourit à son Jésus assis sur
  l'herbe près du tronc, et entouré par les disciples.     
   
  Jésus dit : "Je vous ai dit hier que ce qui avait provoqué une
  parole imprudente servirait de sujet aujourd'hui. Voici l'instruction.    
   
    Pensez fermement, et que cela vous soit une règle
  de conduite, que rien de ce qui est caché ne le reste pour toujours. Ce
  peut-être Dieu qui prend soin de faire connaître les œuvres de
  l'un de ses fils au moyen de ses signes miraculeux, ou bien Il le fait par
  l'intermédiaire des justes qui reconnaissent le mérite d'un frère. Ce
  peut-être aussi Satan
  qui, par la bouche d'un imprudent, je ne veux rien dire de plus, révèle des
  choses que les bons auraient préféré de les taire, pour ne pas pousser au
  manque de charité, et il déforme la vérité de façon à créer de la confusion
  dans les pensées. C'est ainsi que le moment vient toujours où ce qui était
  caché est connu.       
   
  Maintenant, ayez toujours cela présent à l'esprit. Que cela vous arrête sur
  la pente du mal sans vous inciter par ailleurs à publier le bien que vous
  faites.           
   
  Combien de fois on agit par bonté,
  par vraie bonté, mais par bonté toute humaine ! Or, comme cette action
  n'est qu'humaine et procède d'une intention qui n'est pas parfaitement pure,
  on désire que cette action soit connue des hommes, on écume, on s'énerve de
  voir qu'elle reste inconnue et on étudie des méthodes pour que ce bien soit
  connu.    
   
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  97> Non, mes amis Ce n'est pas ainsi.
  Faites le bien et abandonnez-le au Seigneur Éternel. Oh ! Lui saura, si
  la chose vous est profitable, de la faire connaître aussi aux hommes. Si, au
  contraire, la divulgation pouvait enlever toute valeur à vos actions
  entreprises dans un juste but par l'effet d'une résurgence d'orgueilleuse
  complaisance, voici qu'alors le Père la garde secrète, se réservant de vous
  en rendre gloire au Ciel en présence de toute la Cour Céleste.      
   
    92.2 – Que celui qui voit une action,
  ne la juge jamais sur les apparences. N'accusez jamais,
  car les actions humaines peuvent avoir parfois un aspect déplaisant et cacher
  des motifs louables. Un père, par exemple, peut dire à un fils paresseux et
  bambocheur : "Va-t-en", cela peut passer pour de la dureté et
  une dérobade à ses devoirs de père. Mais il n'en est pas toujours ainsi. Son
  "Va-t-en" est assaisonné d'un pleur bien amer, plus de la part du
  père que de celle du fils, et il est accompagné de la parole et du vœu
  qu'elle se vérifie : "Tu reviendras quand tu te seras repenti de ta
  paresse". C'est même justice à l'égard des autres fils, parce que ce
  comportement empêche qu'un bambocheur dépense en débauches ce qui appartient
  aux autres en plus de ce qui lui appartient. Cette parole serait mauvaise, au contraire, si elle venait d'un père qui, en
  faute, à l'égard de Dieu et à l'égard de ses enfants dans son égoïsme, il se
  juge supérieur à Dieu et pense avoir des droits même sur l'esprit de son
  fils. Non. L'esprit appartient à Dieu, et Dieu ne violente pas la liberté de
  l'esprit de se donner ou pas. Pour le monde, les actes sont pareils, mais
  combien l'un est différent de l'autre ! Le premier relève de la justice,
  le second d'un arbitraire coupable. Ne jugez donc jamais personne.  
   
    92.3 – Hier, Pierre a dit à
  Judas : "Quel maître as-tu eu ?" Qu'il
  ne le dise plus. Que personne n'en accuse d'autres de ce qu'il voit dans
  quelqu'un ou en lui-même. Les maîtres
  n'ont qu'une seule parole pour tous leurs élèves. Comment se fait-il alors
  que dix deviennent justes et que dix deviennent mauvais ? C'est parce
  que chacun y ajoute du sien, de ce qu'il a dans le cœur, et c'est cela qui
  incline vers le bien ou vers le mal. Comment peut-on alors accuser le maître
  d'avoir donné un mauvais enseignement si le bien qu'il cherche à inculquer
  est anéanti par l'excès de mal qui règne dans un cœur ? Le
  premier facteur de réussite est en vous.  
   
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  98> Le maître travaille votre moi. Mais
  si vous n'êtes pas susceptibles d'amélioration, que peut faire le
  maître ? Que suis-je, Moi ? En vérité, je vous dis que vous n'aurez
  pas de maître plus sage, plus patient et plus parfait que Moi. Et pourtant,
  voilà, que même de quelqu'un des miens on dira : "Mais quel maître
  avait-il ?"       
   
    92.4 – Ne vous laissez jamais
  dominer, dans vos jugements, par des motifs personnels. Hier Judas, par un
  amour exagéré de sa région, a estimé voir en Moi une injustice envers elle.
  Souvent l'homme est influencé par ces éléments impondérables, qui sont
  l'amour de la patrie ou l'amour d'une idée, et dévie de son but comme un
  alcyon désorienté. Le but, c'est Dieu. Tout voir en Dieu pour y voir clair.
  Ne pas mettre soi-même ni mettre autre chose au-dessus de Dieu. Et, s'il
  arrive que quelqu'un se trompe... ô Pierre ! ô vous tous ! ne soyez
  pas intransigeants. L'erreur
  qui vous choque tant faite par l'un de vous, est-il bien sûr que vous ne
  l'avez jamais faite ? En êtes-vous bien certains ? Et, en admettant
  que vous ne l'ayez jamais faite, que vous reste-t-il à faire ? Vous
  devez remercier Dieu, et c'est tout. Et veiller. Veiller tellement, et
  continuellement, pour ne pas tomber demain dans ce que, jusqu'à ce jour, vous
  avez évité. Voyez ? Aujourd'hui le ciel est sombre, à cause d'une chute
  de grêle imminente. Et nous, en observant le ciel, nous avons dit : "Ne
  nous éloignons pas de la maison". Eh bien, si nous savons ainsi juger
  pour les choses qui, pour bien dangereuses qu'elles soient, ne sont rien en
  comparaison de la perte de l'amitié de Dieu par le péché, pourquoi ne
  savons-nous pas où il peut y avoir du péril pour l'âme ? 
   
    92.5 – Regardez : voici ma Mère.
  Pouvez-vous penser qu'il y ait en elle une tendance au mal ? Eh bien,
  étant donné que l'amour la pousse à me suivre, elle quittera sa maison quand mon
  amour le voudra. Ce matin elle m'en avait encore prié car elle, ma
  Maîtresse, me disait : "Parmi tes disciples, fais qu'il y ait aussi
  ta Mère, Fils. Je veux apprendre ta doctrine", elle qui a possédé cette
  doctrine en son sein et, d'abord aussi en son esprit, par un don de Dieu à la
  future Mère de son Verbe Incarné, elle a dit : "Pourtant... c'est à
  Toi de juger si je puis venir sans avoir la possibilité de perdre l’union à
  Dieu, sans que ce monde, dont tu me dis qu'il pénètre partout avec ses
  puanteurs, puisse corrompre ce cœur, mon cœur, qui a été, qui est, et qui ne
  veut être qu'à Dieu. Je m'examine et autant que je sache, il
  me semble pouvoir le faire, parce que... (et là elle s'est donnée sans y
  penser la plus haute louange), en effet, je ne trouve pas de différence entre
  la paix candide de l'époque où j'étais une
  fleur du Temple et celle que je possède en moi,
  maintenant que, depuis plus de six lustres, je suis la maîtresse de la
  maison.       
   
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  99> Mais je suis une indigne servante
  qui connaît mal et juge plus mal encore les choses de l'esprit. Tu es le
  Verbe, la Sagesse, la Lumière et tu peux être lumière pour ta pauvre Maman
  qui accepte de ne plus te voir plutôt que de n'être pas agréable au
  Seigneur". Et Moi, j'ai dû Lui dire, avec le cœur qui me tremblait
  d'admiration : "Maman, je te le dis. Ce n'est pas le monde qui
  pourra te corrompre, mais c'est lui qui sera embaumé par toi".          
   
  Ma Mère, vous l'entendez, a su voir les dangers de la vie au milieu du monde,
  dangers même pour elle, même pour elle. Et vous, hommes, vous ne les voyez
  pas ?  
    92.6 – Oh ! Il faut vous dire
  que vraiment Satan
  est aux aguets ! Seuls les vigilants seront victorieux. Les
  autres ? Vous demandez pour les autres ? Pour les autres, ce qui
  est écrit sera."             
   
  "Qu'est-ce qui est écrit, Maître ?"        
   
    "Et Caïn se jeta sur Abel et le tua. Et
  le Seigneur dit à Caïn : ‘Où est ton frère ? Qu'en as-tu
  fait ? La voix de son sang crie vers Moi. Voici donc que tu seras maudit
  sur toute la terre qui a connu la saveur du sang humain par la main d'un
  frère qui a ouvert les veines de son frère, et jamais plus ne cessera cette
  horrible faim de la terre pour le sang humain. Et la terre, empoisonnée par
  ce sang, sera pour toi stérile plus qu'une femme en qui l'âge a tari la
  fécondité. Et tu fuiras en cherchant la paix et du pain. Et tu ne les
  trouveras pas. Ton remords te fera voir du sang sur toute fleur sur toute
  plante, sur toute eau et sur toute nourriture. Le ciel te semblera du sang et
  du sang la mer, et du ciel et de la terre et de la mer te viendront trois
  voix : celle de Dieu, celle de l'Innocent, celle du Démon. Et pour ne
  pas les entendre, tu te donneras la mort"      
   
  "La Genèse ne parle pas ainsi "
  observe Pierre.      
   
  "Non, pas la Genèse. C'est Moi qui le dis. Et je ne me trompe pas. Et je
  le dis pour les nouveaux Caïn des nouveaux Abel. Pour ceux qui, pour n'avoir
  pas veillé sur eux-mêmes et sur l'Ennemi, ne deviendront qu'un avec
  lui."          
   
  "Mais, parmi nous, il n'y en aura pas, n'est-ce pas, Maître ?"        
   
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  100> "Jean : quand le Voile du
  Temple se déchirera, une grande vérité brillera sur Sion toute entière."           
   
  "Quelle vérité, mon Seigneur ?"           
   
  "Que les fils des ténèbres ont été en vain au contact de la Lumière.
  Gardes-en le souvenir, Jean."    
   
  "Serai-je, moi un fils des ténèbres?"   
   
  "Non, pas toi, mais rappelle-t-en pour expliquer le Délit au
  monde."     
   
  "Quel délit, Seigneur ? Celui de Caïn ?" 
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