449> La ville de Jutta est, accourue toute entière à la rencontre de Jésus
avec les fleurs sauvages des pentes de la montagne et les prémices de ses
cultures, sans compter le sourire de ses enfants et les bénédictions de ses
habitants. Et, avant même que Jésus puisse mettre les pieds dans le pays, il
est entouré par tous ces braves gens qui, prévenus par Judas de Kériot et
Jean envoyés en avant, sont accourus avec tout ce qu'ils ont trouvé de
meilleur pour faire honneur au Sauveur, et surtout avec leur amour.
Jésus ne cesse de bénir par le geste et la parole tous ces gens grands et
petits qui se serrent contre Lui en embrassant ses vêtements et ses mains et
qui Lui mettent les bébés dans les bras pour qu'il les bénisse par un baiser.
La première à le faire c'est Sara qui Lui met sur le cœur ce splendide petit
amour de dix mois qu'est maintenant Jésaï.
L'amour gêne la marche, tant il est impétueux. C'est comme une vague qui
soulève. Je crois que Jésus, dans sa marche est plutôt porté par ce flot que
par ses pieds, et certainement son Cœur est transporté bien haut dans la
sérénité par la joie que Lui donne cet amour. Son visage brille des moments
de sa plus vive joie d'Homme-Dieu. Ce n'est pas le visage puissant au regard
magnétique des heures de miracle, ni le visage majestueux des moments où il
exprime son union continuelle avec son Père, ni non plus
le visage sévère qu'il a quand il s'oppose à une faute. Tous ces visages
brillent d'une lumière différente, mais celle de maintenant c'est la lumière
des heures de détente de tout son moi, assailli de partout, contraint
de surveiller toujours ses plus petits gestes ou ses paroles ou les paroles
d'autrui, enveloppé par les pièges du monde qui, comme une araignée
malfaisante, jettent leurs fils sataniques autour du divin Papillon de
l'Homme-Dieu dans l'espoir de paralyser son vol, d'emprisonner son esprit,
pour qu'il ne sauve pas le monde; de bâillonner sa parole pour
qu'il n'instruise pas les suprêmes et coupables ignorances de la terre; de
Lui lier les mains, ses mains de Prêtre Éternel, pour qu'elles ne sanctifient
pas les hommes que le démon et la chair ont dépravés; de Lui voiler les yeux
pour que la perfection de son regard qui est l'aimant, le pardon, l'amour et
qui est fascination victorieuse de toute résistance qui ne soit pas celle
d'un vrai satan, n’attire pas à Lui les cœurs.
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450> Oh! n'en est-il pas encore et
toujours ainsi à l'égard du Christ par le travail des ennemis du
Christ ? Encore la Science et l’Hérésie, encore aussi la Haine et
l'Envie, encore les ennemis de l'Humanité sortis de cette Humanité même,
comme des rameaux empoisonnés d'un arbre bon, est-ce qu'ils ne font pas tout
cela pour faire mourir l'Humanité eux qui la haïssent plus encore qu'ils ne
haïssent le Christ parce qu'ils la haïssent activement en la privant de sa
joie par la déchristianisation alors qu’à Jésus ils ne peuvent rien ôter,
puisqu'Il est Dieu, et eux poussière ?
Oui, ils le font. Mais le
Christ se réfugie dans les cœurs fidèles et de là il regarde, de là il parle,
de là il bénit l'Humanité et puis... et puis il se donne à ces cœurs, et
eux... et eux touchent le Ciel avec sa béatitude, tout en restant ici-bas,
mais en brûlant jusqu'à en éprouver un délicieux tourment de tout
l'être : dans les sens et les organes, les sentiments et la pensée et
dans l'esprit, enfin... Larmes et sourires, gémissements et chants,
épuisement et aussi activité vitale sont nos compagnons, plus que des
compagnons, ils sont notre être même. En effet, comme les os sont dans la
chair et les veines et les nerfs sous l'épiderme et que tout ne fait qu'un
seul homme, ainsi également toutes ces choses embrasées, nées car Jésus s'est
donné à nous, sont en nous, dans notre pauvre humanité. Et que sommes-nous
dans ces moments qui ne pourraient durer éternellement car s'ils duraient
plus que quelques instants on mourrait brûlé et brisé ? Nous ne sommes
plus des hommes. Nous ne sommes plus des animaux doués de raison et vivant
sur la terre. Nous sommes, nous sommes, oh ! Seigneur ! Laisse-moi
le dire une fois, non par orgueil, mais pour chanter tes gloires puisque ton
regard me brûle et me fait délirer... Nous sommes alors des séraphins. Et je
m'étonne que de nous il ne sorte pas des flammes et des ardeurs, sensibles
aux personnes et à la matière, ainsi comme il advient dans les apparitions
des damnés. En effet, si le feu de l'Enfer
est tel qu'un seul reflet émané d'un damné peut brûler le bois et faire
fondre les métaux, qu'en est-il de ton feu, ô Dieu, en qui tout est
infini et parfait ?
On ne meurt pas de la fièvre, ce n'est pas elle qui nous brûle. Ce n'est pas
la fièvre des maux de la chair qui nous consume. C'est Toi qui es notre
fièvre, Amour ! Et c'est de lui que l'on brûle, que l'on meurt, qu'on se
consume, de lui et par lui que se déchirent les fibres du cœur qui ne peut
résister à chose si grande. Mais je me suis mal exprimée car l'amour est
délire, c'est une cascade qui brise les digues et descend en abattant tout ce
qui n'est pas lui, l'amour est dans l'âme affolement des sensations toutes
vraies, toutes présentes, mais la main ne peut les transcrire tant l'esprit
est rapide pour traduire en pensée le sentiment qu'éprouve le cœur. Ce n'est
pas vrai que l'on meurt. On vit d'une vie décuplée, d'une vie double,
en vivant en hommes et en bienheureux: la vie de la terre, celle du Ciel. On
rejoint et on dépasse, oh ! j'en suis certaine, la vie sans tares, sans
amoindrissement ni limites que Toi, Père, Fils et Esprit- Saint, Toi, Dieu
Créateur, Un et Trin, avais donnée à Adam, prélude à la Vie qui suit la montée
vers Toi, la vie de jouissance au Ciel après un tranquille passage du Paradis
terrestre au Paradis céleste et un voyage fait dans les bras aimants des
anges comme fut le doux sommeil et la douce montée de Marie
au Ciel pour venir vers Toi, vers Toi, vers Toi !
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451> On
vit la vraie Vie, Et puis on se retrouve ici et, comme je le fais
maintenant, on s'étonne, on a honte d'un pareil dépassement et on dit :
"Seigneur, je ne suis pas digne de choses si élevées. Pardon, Seigneur.
et on se bat la poitrine parce qu'on a la terreur d'être tombé dans l'orgueil
et on laisse tomber un voile plus épais sur cette splendeur qui, si elle ne
continue pas à flamber d'une ardeur plus que complète, par pitié pour nos
limites, se rassemble pourtant au centre de notre cœur, prête à s'enflammer
puissamment pour Un nouveau moment de béatitude voulu de Dieu. On descend le
voile sur le sanctuaire où Dieu brûle de ses feux, de ses lumières, de ses
amours... et, épuisés et pourtant régénérés, on reprend sa marche... ivres
d'un vin fort et suave qui n'émousse pas la raison mais qui empêche de
tourner ses yeux et ses pensées vers ce qui n'est pas le Seigneur, Toi, mon
Jésus, anneau qui joins notre misère à la Divinité, moyen de rédemption pour
notre. faute, créateur de béatitude pour notre âme, Toi, Fils, qu'avec tes
mains blessées tu mets nos mains dans les mains spirituelles du Père et de
l'Esprit, pour que nous nous soyons en Vous, maintenant et toujours. Amen.
Mais où suis-je allée pendant que Jésus me brûle en brûlant de son regard
d'amour les habitants de Jutta ? Vous aurez
remarqué que je ne parle plus, ou bien rarement de moi. Que de choses je
pourrais dire. Mais la fatigue et la faiblesse physique qui m'accablent tout
de suite après les dictées et la pudeur spirituelle toujours plus forte à
mesure que j'avance me persuadent, m'obligent à me taire. Mais
aujourd'hui... je suis allée trop haut et, vous savez, l'air de la
stratosphère fait perdre le contrôle... Je suis allée beaucoup plus
haut que la stratosphère... et je n'ai plus eu la possibilité de me
contrôler... Et puis, je crois que si nous nous taisions toujours, nous qui
sommes pris par ces tourbillons d'amour, on finirait par éclater comme des
projectiles ou plutôt comme des chaudières surchauffées et closes.
Pardonnez-moi, Père. Et maintenant poursuivons.
Jésus entre à Jutta, et on le conduit sur la place
du marché et de là à la pauvre cabane où Isaac souffrit pendant trente
années. Ils expliquent : "C'est ici que nous
venons pour parler de Toi et pour prier comme dans une synagogue, la plus
vraie, parce que c'est ici que nous avons commencé à te connaître et ici que
les prières d'un saint t'ont rappelé à nous. Entre. Vois comment nous avons
arrangé sa demeure."
La maisonnette jusqu'à l'année dernière comprenait trois petites
pièces : la première celle où mendiait Isaac infirme, la seconde un
débarras et la troisième une petite cuisine qui donnait sur la cour. On les a
réunis en une pièce et il y a des bancs qui servent pour les réunions. Dans
la cour, dans une petite baraque, on a mis le peu de meubles d'Isaac comme
des reliques et le respect des habitants de Jutta a
rendu la cour moins désolée, on y a mis des plantes grimpantes qui maintenant
couvrent de leurs fleurs la rustique palissade et font un commencement de
tonnelle en suivant des cordes qui forment des filets au-dessus de la cour,
au niveau du toit peu élevé.
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452> Jésus
les félicite et il dit : "Nous pouvons séjourner ici. Je vous prie
seulement de loger les femmes et l'enfant."
"Oh ! notre Maître ! Jamais de la vie ! Nous viendrons
ici avec Toi et tu nous parleras, mais Toi et les tiens, vous êtes nos hôtes.
Accorde-nous la bénédiction de te recevoir ainsi que les serviteurs de Dieu.
La seule chose qui nous déplaise c'est qu'il n'y en ait pas autant que de
maisons..."
Jésus accepte et sort de la maisonnette pour aller dans la maison de Sara qui
ne cède à personne son droit de recevoir à dîner Jésus et les siens...
...Jésus, dans la maison d'Isaac, parle. Les gens occupent la pièce et la
cour et s'entassent même sur la place. Jésus, pour que tout le monde
l'entende, se met au milieu de la pièce, de façon que sa voix se fasse
entendre tant dans la cour que sur la place.
Il doit traiter un sujet suggéré par une question qu'on Lui a posée ou par un
événement. Il dit : "...Mais, n'en doutez pas. Comme dit Jérémie, ils verront à l'épreuve
combien il est douloureux et amer d'avoir abandonné le Seigneur. Pour
certains crimes, amis, il n'y a pas de salpêtre ni de bore qui puissent en
enlever la marque. Même le feu de l'Enfer ne peut enlever ce signe. Il est
indélébile.
Ici encore il faut remarquer la justesse de la parole de Jérémie. Nos grands
d'Israël semblent vraiment les ânes sauvages dont parle le prophète. Habitués
au désert de leur cœur parce que, croyez-le, tant que quelqu'un est avec
Dieu, même s'il est pauvre comme Job, même s'il est seul, même s'il est nu,
il n'est jamais seul, il n'est jamais pauvre, il n'est jamais dépouillé, il
n'est jamais un désert. Mais eux ont chassé Dieu de leur cœur et ainsi ils se
trouvent dans un désert aride. Comme les ânes sauvages, ils flairent dans le
vent l'odeur des mâles, qui dans notre cas, en raison de leurs passions,
s’appellent puissance, argent, sans compter la luxure proprement dite et ils
suivent cette odeur jusqu'au crime. Oui, ils la suivent et la suivront
davantage. Ils ne savent pas que ce ne sont pas leurs pieds qui sont nus mais
leur cœur exposé aux flèches de Dieu qui vengera leurs crimes. Comme ils
seront alors confus, le roi et les princes, les prêtres et les scribes qui en
vérité ont dit et disent à ce qui est le néant, ou pire, le péché : Tu
es pour moi un père. C'est toi qui m'as engendré ! "
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453> En vérité, en vérité je vous
dis que Moïse brisa avec colère les Tables de la Loi à la vue du peuple idolâtre
et puis il retourna sur la montagne, pria, adora, obtint grâce. Il y a des
siècles de cela. Mais elle n'a pas encore disparu, elle ne
disparaîtra pas, mais au contraire elle grandit comme le levain qu'on met
dans la farine, l'idolâtrie dans le cœur des hommes. Maintenant chaque homme
presque a son veau d'or. La terre est une forêt d'idoles, car chaque cœur est
un autel et il est difficile d'y trouver Dieu. Celui qui n'a pas une passion
mauvaise en a une autre, qui n'a pas un désir mauvais en a un qui porte un
autre nom. Celui qui ne pense pas à l'or ne pense qu'à sa situation, celui
qui n'est pas uniquement charnel est possédé par l'égoïsme. Combien d’êtres
devenus des veaux d'or ne reçoivent-ils pas l'adoration des cœurs !
À cause de cela, il viendra le jour où frappés ils appelleront le Seigneur et
s'entendront répondre : "Adresse-toi à tes dieux. Moi, je ne te connais
pas". Je ne te connais pas ! Parole redoutable, si c'est Dieu qui
la dit à un homme. Dieu a créé la race humaine et connaît chaque homme en
particulier. Donc si Dieu dit : "Je ne te connais pas" c'est
signe que de toute la force de sa volonté, Il a effacé cet homme de son
souvenir. Je ne te connais pas ! Dieu est-il trop sévère en prononçant
ce verdict ? Non. L'homme a crié au Ciel : "Je ne te connais
pas" et le Ciel a répondu à l'homme : "Je ne te connais pas".
Fidèle comme l'écho...
Et réfléchissez: l'homme est
obligé de connaître Dieu par devoir de reconnaissance, et par respect pour sa
propre intelligence.
Par reconnaissance : Dieu a créé l'homme en lui donnant le don ineffable
de la vie et en le pourvoyant du don superineffable
de la Grâce. Cette dernière perdue par sa propre faute, l'homme s'entend
faire une grande promesse : "Je te rendrai la Grâce". C'est
Dieu, l'offensé, qui parle à l'offenseur comme s'il était Lui, Dieu, le
coupable qui est obligé de réparer. Et Dieu tient sa promesse. Voilà, je suis
ici pour rendre la Grâce à l'homme. Dieu ne se borne pas aux dons
surnaturels, mais Il abaisse son Essence Spirituelle à pourvoir aux lourdes
nécessités de la chair et du sang de l'homme et Il lui donne la chaleur du
soleil, le soulagement de l'eau, les grains, les vignes, les arbres de toutes
espèces et les animaux de toutes espèces. Ainsi l'homme reçoit de Dieu tout
ce qu'il lui faut pour vivre. C'est le Bienfaiteur. Il faut Lui être
reconnaissant et le Lui montrer en s'efforçant de le connaître.
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454> Par
respect pour sa propre raison. Le fou, l'idiot ne sont pas reconnaissants
à ceux qui les soignent parce qu'ils ne comprennent pas la valeur réelle des
soins, et pour celui qui les lave ou les fait manger, pour celui qui les mène
ou les met au lit, pour celui qui veille à leur faire éviter les dangers, ils
n'ont que de la haine parce que semblables à des animaux à cause de leur
infirmité, ils prennent les soins pour des tortures. L'homme qui manque à
ses devoirs envers Dieu se déshonore lui-même, être doué de raison. Seuls
les idiots ou les fous n'arrivent pas à distinguer le père de l'étranger, le
bienfaiteur de l'ennemi. Mais l'homme intelligent connaît son père et son
bienfaiteur et il se plaît à le connaître toujours plus, même dans les choses
qu'il ignore parce qu'elles sont arrivées avant sa naissance ou que son père
ou son bienfaiteur l'en aient fait bénéficier. On doit donc agir ainsi
avec le Seigneur pour montrer que l'on est un être intelligent et pas une
brute. Mais il y en a trop en Israël qui ressemblent à ces fous qui ne
reconnaissent pas leur père et leur bienfaiteur.
Jérémie se demande : "Est-ce que la vierge peut oublier ses parures
et une épouse sa ceinture ?"
Oh ! oui. Israël est composé de ces vierges folles qui oublient leurs
parures et de ces épouses impudiques qui oublient leurs ceintures pour se
mettre des oripeaux de prostituées; et cela se trouve dans une proportion
d'autant plus grande que l'on monte davantage dans l'échelle sociale. Et
pourtant celles qui ont une situation plus élevée devraient donner l'exemple
au peuple. Et c'est à elles que vont les reproches de Dieu, avec son courroux
et ses pleurs: "Pourquoi essaies-tu de faire valoir l'honnêteté de ta
conduite pour chercher l'amour, toi qui, au contraire, enseignes la
perversion et tes manières d'agir et dont les pans de ton vêtement évoquent
le sang des pauvres et des innocents ?"
Amis, la distance est un bien et un mal. Être très loin des endroits où je
parle facilement, est un mal, parce que cela vous empêche d'entendre les
paroles de la Vie. Vous vous en lamentez. C'est vrai. Mais c'est un bien
parce que cela vous tient éloignés des lieux où fermente le péché, où
bouillonne la corruption, où siffle le serpent insidieux pour agir sur Moi,
en me gênant dans mon travail, et dans les cœurs en insinuant des doutes et
des mensonges sur ma personne. Mais je préfère que vous soyez loin des
corrompus. Je pourvoirai à votre formation. Vous voyez que Dieu a pourvu
d'abord à ce que nous nous connaissions et donc que nous nous aimions. Je
vous étais connu avant que nous ne nous fussions jamais vus. C'est Isaac qui
m'a annoncé à vous. J'enverrai beaucoup d'Isaac pour vous parler mes paroles.
Et sachez du reste que Dieu peut parler partout, Seul à seul avec l'esprit de
l'homme et le perfectionner par son enseignement.
Ne craignez pas que la solitude puisse vous conduire à l'erreur.
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