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   Vision du lundi 10 septembre 1945 
  386>   276.1 – Jésus se trouve sur une des
  collines de la rive occidentale du lac.    
   
  À ses yeux apparaissent les villes et les pays épars sur les rivages de l'une
  et l'autre côté, mais exactement au-dessous de la colline, se trouvent
  Magdala et Tibériade, la première avec son quartier riche, avec ses nombreux
  jardins, nettement séparé des pauvres maisons des pêcheurs, paysans et du
  menu peuple par un torrent maintenant tout à fait à sec. L'autre qui n'est
  que splendeur, ignorante de tout ce qui est misère et décadence, et qui rit,
  belle et toute neuve au soleil, en face du lac. Entre les deux, les jardins
  potagers, peu nombreux mais bien tenus, de la plaine étroite, et puis les
  oliviers qui montent à l'assaut des collines. Derrière Jésus, on voit de
  cette cime la selle du mont des Béatitudes, au pied duquel passe la voie
  principale qui va de la Méditerranée à Tibériade. C'est peut-être à cause de
  la proximité de cette voie principale très fréquentée que Jésus a choisi
  cette localité à laquelle beaucoup de gens peuvent accéder des nombreuses
  villes du lac ou de l'intérieur de la Galilée et d'où, le soir, il est facile
  de revenir chez soi ou de trouver l'hospitalité dans beaucoup de pays. La
  chaleur aussi est tempérée par l'altitude et par les arbres de haute futaie
  qui, au sommet, ont pris la place des oliviers.      
   
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  387> Il y a en effet
  beaucoup de monde, outre les apôtres et les disciples. Des gens qui ont
  besoin de Jésus pour leur santé, ou pour des conseils, des gens venus par
  curiosité, des gens qu'ont amené des amis, ou venus pour faire comme les
  autres. Une foule, en somme. La saison n'est plus sous l'influence de la
  canicule mais elle tend aux grâces languissantes de l'automne et elle invite plus
  que jamais à se mettre en route à la recherche du Maître.  
   
    276.2 – Jésus a déjà guéri les malades
  et parlé aux gens et certainement sur le thème des richesses injustes et de
  la nécessité de s'en détacher pour gagner le Ciel, et de l'absolue nécessité
  de ce détachement pour être son disciple. Et maintenant, il est en train de
  répondre aux questions de tel ou tel des disciples riches qui sont un peu
  troublés par cette exigence.       
   
  Le scribe Jean dit :           
   
  "Dois-je donc détruire ce que je possède, en en dépouillant les
  miens ?"          
   
    "Non. Dieu t'a donné des biens.
  Fais-les servir à la Justice et uses-en avec justice. C'est-à-dire sers-t-en
  pour subvenir aux besoins de ta famille, c'est un devoir; traite humainement
  les serviteurs, c'est de la charité; fais-en profiter les pauvres, subviens
  aux besoins des disciples pauvres. Voilà que les richesses ne seront pas pour
  toi un obstacle mais une aide."  
   
  Et puis, parlant à tous, il dit :    
   
  "En vérité je vous dis que le même danger de perdre le Ciel par amour
  des richesses peut-être aussi le fait d'un disciple plus pauvre si, devenu
  mon prêtre, il manque à la justice en pactisant avec le riche, Celui qui est
  riche ou mauvais, bien des fois essaiera de vous séduire par des cadeaux pour
  que vous approuviez sa manière de vivre et son péché. Et il y en aura, parmi
  mes disciples, qui succomberont à la tentation des cadeaux. Cela ne doit pas
  être. Que le Baptiste vous instruise. Vraiment lui, bien qu'il ne fût ni juge
  ni magistrat, avait la perfection du juge et du magistrat, tels que les
  décrit le Deutéronome : "Tu n'auras pas de préférences, tu
  n'accepteras pas de cadeaux, parce qu'ils aveuglent les yeux des sages et
  altèrent les paroles des justes" .
  Trop souvent l'homme laisse ébrécher l'épée de la justice par l'or qu'un
  pécheur passe sur le fil.   
   
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  388>  Non, cela ne doit pas être. Sachez être
  pauvres, sachez savoir mourir, mais ne pactisez jamais avec la faute. Même
  pas avec l'excuse de faire servir cet or au profit des pauvres. C'est un or
  maudit et il ne leur procurerait pas du bien. C'est l'or d'une compromission
  infâme. Vous vous êtes constitués disciples pour être maîtres, médecins et
  rédempteurs. Que seriez-vous si vous consentiez au mal par intérêt ? Des
  maîtres d'une science mauvaise, des médecins qui tuent le malade, non pas des
  rédempteurs mais des gens qui coopèrent à la ruine des cœurs."   
   
    276.3 – Un homme de la foule s'avance
  et dit :         
   
  "Je ne suis pas disciple, mais je t'admire. Réponds donc à cette
  question : "Est-il permis à quelqu'un de retenir l'argent d'un
  autre ?"          
   
  "Non, homme. C'est un vol, comme d'enlever la bourse à un passant."          
   
  "Même si c'est l'argent de la famille ?"           
   
  "Oui Il n'est pas juste que quelqu'un s'approprie l'argent de tous les
  autres."          
   
  "Alors, Maître, viens à Abelmain sur la route
  de Damas et ordonne à mon frère de partager avec moi l'héritage du père qui
  est mort sans avoir laissé un mot d'écrit, Il a tout pris pour lui, et
  remarque que nous sommes jumeaux nés d'un premier et unique enfantement. J'ai
  donc les mêmes droits que lui."      
   
  Jésus le regarde et dit :   
   
  "C'est une situation pénible et certainement ton frère n'agit pas bien.
  Mais tout ce que je peux faire, c'est de prier pour toi et davantage pour lui
  pour qu'il se convertisse, et venir dans ton pays pour évangéliser en
  touchant ainsi son cœur. Le chemin ne m'est pas pénible si je peux mettre la
  paix entre vous."           
   
  L'homme, furieux, bondit : "Et que veux-tu que j'en fasse de tes
  paroles ? Il faut bien autre chose que des paroles, en ce
  cas !"   
   
  "Mais ne m'as-tu pas dit de commander à ton frère de..."  
   
  "Commander ce n'est pas évangéliser. Un ordre est toujours accompagné
  d'une menace. Menace-le de le frapper dans sa personne, s'il ne me donne pas
  ce qui m'appartient. Tu peux le faire. Comme tu donnes la santé, tu peux
  donner la maladie."           
   
  "Homme, je suis venu pour convertir, non pour frapper. Mais, si tu as
  foi dans mes paroles, tu trouveras la paix."         
   
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  389> "Quelles
  paroles ?"            
   
  "Je t'ai dit que je prierai pour toi et pour ton frère, pour que tu sois
  consolé et que lui se convertisse."          
   
  "Des histoires ! Des histoires ! Je n'ai pas la naïveté d'y
  croire. Viens et commande."  
   
    276.4 – Jésus, qui était doux et
  patient, se fait imposant et sévère. Il se redresse - auparavant il se tenait
  un peu penché sur le petit homme corpulent et enflammé de colère - et il
  dit :   
   
    "Homme, qui m'a établi juge et arbitre
  entre vous ? Personne. Mais pour faire disparaître un désaccord entre
  deux frères, j'acceptais de venir pour remplir ma mission de pacificateur et
  de rédempteur et, si tu avais cru à mes paroles, en revenant à Abelmain tu aurais trouvé ton frère déjà converti. Tu ne
  sais pas croire, et tu n'auras pas le miracle. Toi, si le premier tu avais pu
  mettre la main sur le trésor, tu l'aurais gardé en en privant ton frère parce
  que, en vérité, si vous êtes nés jumeaux, vous avez aussi des passions
  jumelles et toi, comme ton frère, vous avez un seul amour : l'or, une
  seule foi : l'or. Reste donc avec ta foi. Adieu."   
   
  L'homme s'en va en maudissant, au scandale de la foule qui voudrait le punir.
  Mais Jésus s'y oppose. Il dit :     
   
  "Laissez-le aller. Pourquoi voulez-vous vous salir les mains en frappant
  une brute ? Moi, je lui pardonne, parce qu'il est possédé par le démon
  de l'or qui fait de lui un dévoyé. Faites-le, vous aussi. Prions plutôt pour
  ce malheureux afin qu'il redevienne homme à l'âme belle de liberté."       
   
   "C'est
  vrai. Son visage même est devenu horrible par l'effet de sa cupidité. Tu l'as
  vu ?" se demandent l'un à l'autre les disciples et ceux qui étaient
  près de l'homme cupide.             
   
  "C'est vrai ! C'est vrai ! Il ne semblait plus être ce qu'il
  était avant."       
   
  "Oui. Quand ensuite il a repoussé le Maître, pour un peu il l'aurait
  frappé tout en le maudissant, son visage est devenu celui d'un démon."           
   
  "D'un démon tentateur. Il voulait porter le Maître à la
  méchanceté..."  
   
    276.5 – "Écoutez, dit Jésus. Vraiment
  les altérations de l'âme se reflètent sur le visage. C'est comme si le démon
  affleurait à la surface de celui qu'il possède. Ils sont peu nombreux ceux
  qui, étant des démons par leurs actes ou leur attitude, ne trahissent pas ce
  qu'ils sont. Et ces gens peu nombreux sont parfaits dans le mal et
  parfaitement possédés.             
   
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  390> Le visage du
  juste, au contraire, est toujours beau même s'il est matériellement difforme,
  par suite d'une beauté surnaturelle qui se répand de l'intérieur sur
  l'extérieur. Et ce n'est pas par manière de parler mais les faits le
  démontrent, nous observons chez celui qui est pur de tout vice la fraîcheur
  de la chair elle-même. L'âme est en nous et nous possède tout entier. Les
  puanteurs d'une âme corrompue corrompent même la chair, alors que les parfums
  d'une âme pure la préservent. L'âme impure pousse la chair à des péchés
  obscènes, et ces derniers vieillissent et déforment. L'âme pure pousse la
  chair à une vie pure et cela conserve la fraîcheur et communique la majesté.            
   
  Faites en sorte qu'en vous demeure la pure jeunesse de l'esprit, ou qu'elle
  ressuscite si elle est déjà perdue, et veillez à vous garder de toute
  cupidité que ce soit des sens ou du pouvoir. La vie de l'homme ne dépend pas
  de l'abondance des biens qu'il possède. Ni cette vie, ni encore moins
  l'autre : celle qui est éternelle, mais de sa manière de vivre. Et avec
  la vie, le bonheur de cette terre et du Ciel. Car le vicieux n'est jamais
  heureux, réellement heureux. Alors que celui qui est vertueux est toujours
  heureux d'une céleste allégresse, même s'il est pauvre et seul. La mort même
  ne l'impressionne pas, parce qu'il n'a pas de fautes ni de remords qui lui fassent
  craindre la rencontre avec Dieu, et qu'il n'a pas de regrets pour ce qu'il
  laisse sur la terre. Lui sait que c'est au Ciel que se trouve son trésor et,
  comme quelqu'un qui s'en va prendre possession de l'héritage qui lui revient
  et d'un héritage saint, il s'en va joyeux, empressé, à la rencontre de la
  mort qui lui ouvre les portes du Royaume où se trouve son trésor.   
   
    Faites-vous tout de suite votre trésor.
  Commencez-le dès votre jeunesse, vous qui êtes jeunes; travaillez
  infatigablement, vous les plus âgés qui, à cause de votre âge, êtes plus près
  de la mort. Mais, puisque la mort est une échéance inconnue et que souvent
  l'enfant tombe avant le vieillard, ne renvoyez pas au lendemain le travail de
  vous faire un trésor de vertu et de bonnes œuvres pour l'autre vie, de peur
  que la mort ne vous rejoigne sans que vous ayez mis de côté un trésor pour le
  Ciel. Nombreux sont ceux qui disent : "Oh ! je suis jeune et
  fort ! Pour le moment, je jouis sur la terre, après je me convertirai"
  Grande erreur !       
   
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  391>   276.6 – Écoutez cette parabole. La
  campagne d'un homme riche lui avait rapporté d'abondantes récoltes. Elles
  étaient vraiment miraculeuses. Il contemple avec joie toute cette richesse
  qui s'accumule sur ses champs et sur son aire et qui ne trouve pas de place
  dans les greniers et qu'on abrite sous des hangars provisoires et jusque dans
  les pièces de la maison, et il dit : "J'ai travaillé comme un
  esclave, mais la terre ne m'a pas déçu. J'ai travaillé pour dix récoltes et
  maintenant je veux me reposer pour autant de temps. Comment ferai-je pour
  loger toute cette récolte ? Je ne veux pas la vendre, car cela
  m'obligerait à travailler pour avoir, l'an prochain, une nouvelle récolte.
  Voici ce que je vais faire : je démolirai mes greniers et j'en ferai de
  plus grands pour loger toutes mes récoltes et tous mes biens. Et puis, je
  dirai à mon âme : 'Oh ! mon âme ! Tu as maintenant des biens
  pour plusieurs années. Repose-toi donc, mange et bois et profites-en' ".
  Cet homme, comme beaucoup, confondait le corps et l'esprit et il mélangeait
  le sacré au profane, parce que réellement dans les jouissances et l'oisiveté
  l'âme ne jouit pas mais languit, et celui-là aussi, comme beaucoup, après la
  première bonne récolte dans les champs du bien, s'arrêtait car il lui
  semblait avoir tout fait.  
   
  Mais, ne savez-vous pas que quand on a mis la main à la charrue, il faut
  persévérer une année, dix, cent, tant que dure la vie, car s'arrêter est un
  crime envers soi-même, parce qu'on se refuse une gloire plus grande, et c'est
  régresser, car celui qui s'arrête, généralement, non seulement ne progresse
  plus mais revient en arrière ? Le trésor du Ciel doit augmenter d'année
  en année pour être bon, puisque si la Miséricorde divine doit être
  bienveillante, même avec ceux qui ont eu peu d'années pour le former, elle ne
  sera pas complice des paresseux qui, ayant une longue vie, font peu de chose.
  Le trésor doit être en continuelle croissance. Autrement ce n'est plus un
  trésor qui porte du fruit, mais un trésor inerte et cela se produit au détriment
  de la paix promise du Ciel.  
   
  Dieu dit à l'homme sot : "Homme sot qui confonds le corps et les
  biens de la terre avec ce qui est esprit et qui, d'une grâce de Dieu te fais
  un mal, sache que cette nuit même on te demandera ton âme et quand elle sera
  partie, le corps restera sans vie. Ce que tu as préparé, à qui cela reviendra-t-il ?
  L'emporteras-tu avec toi ? Non. Tu viendras, dépouillé des récoltes
  terrestres et des œuvres spirituelles, en ma présence et tu seras pauvre dans
  l'autre vie.     
   
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  392> Il valait mieux
  faire de tes récoltes des œuvres de miséricorde pour le prochain et pour toi
  car, en étant miséricordieux pour les autres, tu serais miséricordieux pour
  ton âme. Et au lieu de nourrir des pensées d'oisiveté, mettre en œuvre des
  activités d'où tu pouvais tirer un profit utile pour ton corps et de grands
  mérites pour ton âme, jusqu'au moment où je t'aurais appelé". Et l'homme
  mourut cette nuit-là, et fut jugé avec sévérité. En vérité, je vous dis qu'il
  en arrive ainsi pour celui qui thésaurise pour lui-même et ne s'enrichit pas
  aux yeux de Dieu.             
   
  Maintenant allez et faites-vous un trésor de l'enseignement qui vous est
  donné. La paix soit avec vous."  
   
  Et Jésus bénit et il se retire dans un bois avec les apôtres et les disciples
  pour se restaurer et se reposer.   276.7 – Mais, tout en mangeant, il
  parle encore en continuant l'instruction précédente, en reprenant un thème
  déjà présenté aux apôtres plusieurs fois 
  et je crois qu'il le sera toujours insuffisamment car l'homme est trop en
  proie aux peurs sans fondement.          
   
  "Croyez bien, dit-il, que c'est seulement de cet enrichissement de vertu
  qu'il faut se préoccuper. Et veillez à ce que la vôtre ne soit jamais une
  préoccupation agitée, inquiète. Le Bien est l'ennemi des inquiétudes, des
  peurs, des empressements qui se ressentent encore trop de la cupidité, de la
  jalousie, des méfiances humaines.       
   
    Que votre travail soit constant, confiant,
  paisible, sans brusques départs et brusques arrêts. Ainsi font les onagres
  sauvages, mais personne ne les utilise, à moins d'être fou, pour cheminer en
  sécurité. Paisibles dans les victoires, paisibles dans les défaites. Même le
  chagrin pour une erreur commise, qui vous afflige parce que par cette erreur
  vous avez déplu à Dieu, doit être paisible, réconforté par l'humilité et la
  confiance. L'accablement, la rancœur envers soi-même est toujours l'indice de
  l'orgueil, et ainsi même de la défiance. Si quelqu'un est humble, il sait
  qu'il est un pauvre homme sujet aux misères de la chair qui parfois triomphe.
  Si quelqu'un est humble, il a confiance non pas tant en lui-même qu'en Dieu
  et il reste calme, même dans les défaites, en disant :    
   
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  393>  "Pardonne-moi,
  Père. Je sais que Tu connais ma faiblesse qui parfois l'emporte. Je crois que
  Tu as pitié de moi. J'ai la ferme confiance que Tu m'aideras à l'avenir
  encore plus qu'auparavant, bien que je Te donne si peu de satisfaction".
  Et ne soyez ni indifférents ni avares des biens de Dieu. Donnez de ce que
  vous avez en fait de sagesse et de vertu. Soyez actifs en matière spirituelle
  comme les hommes le sont pour les choses de la chair.       
   
    276.8 – Et, en ce qui concerne la
  chair, n'imitez pas les gens du monde qui ne cessent de trembler pour leur
  lendemain, par peur qu'il leur manque le superflu, que la maladie arrive,
  qu'arrive la mort, que leurs ennemis puissent leur nuire, et ainsi de suite.  
   
    Dieu sait de quoi vous avez besoin. Ne
  craignez donc pas pour votre lendemain. Dégagez-vous des peurs, plus lourdes
  que les chaînes des galériens. Ne vous mettez pas en peine pour votre vie, ni
  pour la nourriture, ni pour la boisson, ni pour le vêtement. La vie de
  l'esprit est plus que celle du corps, et le corps est plus que le vêtement,
  car c’est par le corps et non par le vêtement que vous vivez et que, par la
  mortification du corps, vous aidez l'esprit à obtenir la vie éternelle. Dieu
  sait jusqu'à quand il laissera votre âme dans votre corps, et jusqu'à ce
  moment, il vous donnera ce qui vous est nécessaire. Il le donne aux corbeaux,
  animaux impurs qui se repaissent de cadavres et qui ont leur raison d'exister
  justement dans cette fonction qui est la leur de nous débarrasser des corps
  en putréfaction, et ne vous le donnera-t-il pas à vous ? Eux n'ont pas
  de locaux pour les vivres, ni de greniers, et pourtant Dieu les nourrit quand
  même. Vous êtes des hommes et non pas des corbeaux. Et puis, présentement,
  vous êtes la fleur des hommes parce que vous êtes les disciples du Maître,
  les évangélisateurs du monde, les serviteurs de Dieu. Et pouvez-vous penser
  que Dieu, qui a soin des lys des vallées et les fait croître et les revêt
  d'un vêtement plus beau que n'en a eu Salomon, sans qu'ils fassent d'autre
  travail que parfumer en adorant, croyez-vous qu'il puisse vous oublier même
  pour le vêtement ?         
   
  Vous qui ne pouvez ajouter par vous-mêmes une dent à votre bouche dégarnie,
  ni allonger d'un pouce une jambe raccourcie, ni rendre l'acuité à une vue
  brouillée. Et, si vous ne pouvez faire ces choses, pouvez-vous penser pouvoir
  éloigner de vous la misère et la maladie et faire sortir de la nourriture de
  la poussière ? Vous ne le pouvez. Mais ne soyez pas des gens de peu de
  foi. Vous aurez toujours ce qui vous est nécessaire. Ne vous mettez pas en
  peine comme les gens du monde qui se donnent du mal pour pourvoir à leurs
  plaisirs.             
   
  Haut
  de page.         
   
  394> Vous avez votre
  Père qui sait de quoi vous avez besoin. Vous devez seulement chercher, et que
  ce soit le premier de vos soucis, le Royaume de Dieu et sa justice, et tout
  le reste vous sera donné en plus.          
   
    276.9 – Ne craignez pas, vous qui êtes de
  mon petit troupeau. Il a plu à mon Père de vous appeler au Royaume pour que
  vous possédiez ce Royaume. Vous pouvez donc y aspirer et aider le Père par
  votre bonne volonté et votre sainte activité.       
   
    Vendez vos biens, faites-en l'aumône si vous
  êtes seuls. Donnez aux vôtres les moyens d'existence qui compensent votre abandon
  de la maison pour me suivre, car il est juste de ne pas enlever le pain aux
  enfants et aux épouses. Et, si vous ne pouvez sacrifier les richesses
  d'argent, sacrifiez les richesses d'affection. Elles aussi sont une monnaie
  que Dieu estime pour ce qu'elles sont : de l'or plus pur que tout autre,
  des perles plus précieuses que celles qui sont arrachées aux mers, et des
  rubis plus rares que ceux des entrailles de la terre. Car renoncer à la
  famille pour Moi, c'est charité parfaite plus que de l'or sans un atome
  impur, c'est une perle faite de larmes, un rubis fait du sang qui gémit de la
  blessure du cœur déchiré par la séparation d'avec le père et la mère,
  l'épouse et les enfants.      
   
  Mais ces bourses ne s'usent pas, ce trésor ne s'amoindrit jamais. Les voleurs
  ne pénètrent pas au Ciel. Le ver ne ronge pas ce qui y a été déposé. Et ayez
  le Ciel dans votre cœur et votre cœur au Ciel, près de votre trésor. Car le
  cœur, chez l'homme bon ou chez le méchant, est là où se trouve ce qui vous
  semble votre cher trésor. Car, de même que le cœur est là où se trouve le
  trésor (au Ciel), ainsi le trésor est là où se trouve le cœur (c'est-à-dire
  en vous), et même le trésor est dans le cœur, et avec le trésor des saints se
  trouve, dans le cœur, le Ciel des saints.     
   
    276.10 – Soyez toujours prêts comme
  celui qui est sur le point de partir en voyage, ou qui attend son maître.
  Vous êtes les serviteurs du Maître-Dieu. A toute heure Il peut vous appeler
  où Il est, ou bien venir où vous êtes. Soyez donc toujours prêts à partir ou
  à Lui faire honneur, la taille ceinte de la ceinture de voyage ou de travail
  et avec à la main la lampe allumée. Sortant d'une fête de noces avec
  quelqu'un qui vous a précédés dans les Cieux ou dans la consécration à Dieu
  sur la terre. Dieu peut se souvenir de vous qui attendez et peut dire :
  "Allons chez Étienne ou chez Jean ou bien chez Jacques et chez
  Pierre". Et Dieu est rapide dans sa venue, ou pour dire :
  "Viens". Soyez donc prêts à Lui ouvrir la porte quand Il arrivera
  ou à partir s'Il vous appelle.    
   
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  de page.         
   
  395>
    Bienheureux ces serviteurs que le Maître, en
  arrivant, trouvera en train de veiller. En vérité, pour les récompenser de
  leur attente fidèle, il se ceindra le vêtement et, après les avoir fait
  asseoir à table, Il se mettra à les servir. Il peut venir à la première
  veille, comme à la seconde ou à la troisième. Vous ne le savez pas. Soyez
  donc toujours vigilants. Et bienheureux si vous l'êtes et qu'ainsi vous
  trouve le Maître ! Ne vous flattez pas en disant : "On a le
  temps ! Cette nuit Il ne vient pas", il vous en arriverait du mal.
  Vous ne savez pas. Si quelqu'un savait quand le voleur va venir, il ne
  laisserait pas sa maison sans surveillance pour que le malandrin puisse en
  forcer la porte ou les coffres-forts. Vous aussi,
  soyez prêts car, au moment où vous y penserez le moins, le Fils de l'homme
  viendra en disant : "C'est l'heure".    
   
    276.11 – Pierre qui a été jusqu'à
  oublier de finir son repas pour écouter le Seigneur, voyant que Jésus se
  tait, demande :          
   
  "Ce que tu dis, c'est pour nous ou pour tous ?"        
   
  "C'est pour vous et pour tous, mais c'est davantage pour vous, car vous
  êtes comme des intendants mis par le Maître à la tête des serviteurs et vous
  êtes doublement obligés d'être prêts, à la fois pour vous comme intendants et
  pour vous comme simples fidèles. Que doit être l'intendant mis par le maître
  à la tête de ses serviteurs pour donner à chacun au moment voulu sa juste
  part ? Il doit être avisé et fidèle. Pour accomplir son propre
  devoir, pour faire accomplir à ceux qui sont au-dessous de lui leur propre
  devoir. Autrement en souffriraient les intérêts du maître qui paie l'intendant
  pour qu'il agisse en son nom et veille sur ses intérêts en son absence.            
   
  Bienheureux le serviteur que le maître, en revenant à sa maison, trouve en
  train d'agir avec fidélité, habileté et justice. En vérité je vous dis qu'il
  l'établira intendant des autres propriétés aussi, de toutes ses propriétés,
  se reposant et se réjouissant en son cœur pour la sécurité que ce serviteur
  lui donne.         
   
  Mais si ce serviteur dit : "Oh ! c’est bon ! Le maître
  est très loin et il m'a écrit que son retour sera retardé. Je peux donc faire
  ce que bon me semble et puis, quand je verrai que son retour est proche, j'y
  pourvoirai". Et il commencera à manger et à boire jusqu'à en être ivre
  et à donner des ordres d'ivrogne.    
   
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  de page.         
   
  396> Comme les bons
  serviteurs qui dépendent de lui refusent de les exécuter pour ne pas faire
  tort à leur maître, il se met à battre les serviteurs et les servantes
  jusqu'à les rendre malades et languissants. Il croit être heureux et il
  dit : "Je goûte enfin ce que c'est qu'être maître et d'être craint
  de tous".      
   
  Mais, que lui arrivera-t-il ? Il lui arrivera que le maître reviendra au
  moment où il s'y attend le moins, en le surprenant justement en train
  d'empocher l'argent ou de corrompre quelque serviteur parmi les plus faibles.
  Alors, je vous le dis, le maître le chassera de sa place d'intendant et
  jusque des rangs de ses serviteurs, car il n'est pas permis de garder les
  infidèles et les traîtres parmi des serviteurs honnêtes.      
   
  Et il sera d'autant plus puni que le maître l'avait davantage aimé et
  instruit. Car plus on connaît la volonté et la pensée du maître, plus on est
  tenu de l'accomplir avec exactitude. S'il n'agit pas comme le maître le lui a
  dit, en détail, comme à aucun autre, il recevra de nombreux coups, alors que
  celui, en tant que serviteur de second rang est bien peu au courant et se
  trompe tout en croyant bien faire, sera moins puni. A qui on a beaucoup
  donné, il sera beau- coup demandé, et il devra rendre beaucoup, celui qui a
  été chargé de beaucoup, car mes intendants devront rendre compte même de
  l'âme d'un tout petit d'une heure.        
   
    276.12 – Mon choix n'est pas un frais
  repos dans un bosquet fleuri. Je suis venu apporter le feu sur la terre, et
  que puis-je désirer sinon qu'il s'enflamme ? Aussi je m'épuise et je
  veux que vous vous épuisiez jusqu'à la mort et jusqu'à ce que toute la terre
  soit un brasier de feu céleste. Quant à Moi, je dois être baptisé d'un
  baptême. Et comme je serai angoissé tant qu'il ne sera pas accompli !
  Vous ne vous demandez pas pourquoi ? Parce que, par ce baptême, je
  pourrai faire de vous des porteurs du Feu, des agitateurs qui se mouvront dans
  toutes et contre toutes les couches de la société pour en faire une
  unique chose : le troupeau du Christ.  
   
    Croyez-vous que je sois venu mettre la paix
  sur la terre ? Et selon la manière de voir de la terre ? Non, mais
  au contraire, la discorde et la désunion. Parce que, désormais et jusqu'à ce
  que toute la terre soit un unique troupeau, de cinq qui sont dans une maison,
  il y en aura deux contre trois, et le père sera contre le fils, et ce dernier
  contre son père, et la mère contre ses filles, et celles-ci contre celle-là,
  et les belles-filles et les belles-mères auront un motif de plus de ne pas
  s'entendre, car il y aura un langage nouveau sur certaines lèvres, et il se
  produira une sorte de Babel, parce qu'un soulèvement profond ébranlera le
  royaume des affections humaines et surhumaines.        
   
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  de page.         
   
  397> Mais ensuite
  viendra l'heure où tout s'unifiera en une langue nouvelle que parleront tous
  ceux que le Nazaréen aura sauvés, et les eaux des sentiments s'épureront
  alors que les scories tomberont au fond et que brilleront à la surface les
  eaux limpides des lacs célestes.  
   
  En vérité, mon service n'est pas un repos selon le sens que l'homme donne à
  ce mot. Il faut un héroïsme inlassable. Mais je vous le dis : à la fin
  il y aura Jésus, toujours et encore Jésus, qui ceindra son vêtement pour vous
  servir et puis s'assiéra avec vous à un banquet éternel et on oubliera
  fatigue et douleur. 
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