Le jeudi 27 juin
1946.
139> 451.1 – C'est, par contre, en une fraîche matinée que les gens
attendent que Jésus sorte d'une maison de la bourgade
lacustre pour commencer sa prédication.
Je crois que les habitants ont peu dormi cette nuit-là, émus comme ils
l'étaient par les miracles de la veille, par la joie d'avoir le Messie parmi
eux, et la volonté de ne pas perdre une minute de sa présence. Le sommeil a
été long à venir, précédé de multiples conversations à l'intérieur des
maisons, pour récapituler les événements, pour examiner si l'esprit de chacun
était doué de cette foi, de cette espérance, de cette charité, résistant à
tout événement pénible, que le Maître a louées et indiquées comme un moyen
sûr pour obtenir la grâce de Dieu en cette vie et dans l'autre. Les habitants
ont vivement quitté leurs maisons, poursuivis par la crainte que le Maître
puisse sortir par les rues et s'éloigner de bon matin sans qu'ils puissent
assister à son départ. C'est ainsi que les maisons se sont rapidement
ouvertes pour rendre aux rues leurs habitants qui, étonnés de se voir si
nombreux, tous présents, mus par les mêmes pensées, se sont
dit :
"Vraiment c'est la première fois qu'une même pensée émeut nos cœurs et
les unit "
Et avec une amitié nouvelle, bonne, fraternelle, ils se sont tous dirigés
d'un même cœur vers la maison où est logé Jésus et ils l'ont assiégée, sans
faire de bruit, sans impatience, mais sans lassitude, bien décidés à suivre
le Maître dès qu'il sortirait dans la rue.
De nombreux maraîchers ont cueilli dans leurs jardins des fruits encore
couverts de rosée et ils les tiennent à l'abri du soleil qui se lève, de la
poussière, des mouches, sous une couche de pampres frais ou de larges
feuilles de figuiers dont les dentelures laissent voir des pommes rosées qui
paraissent peintes par un miniaturiste, des grains de raisin couleur d'ambre
ou d'onyx, ou les panses délicates des figues de toutes espèces, les unes
bien enfermées dans leurs peaux délicatement ridées qui couvrent leur pulpe
de miel, d'autres gonflées et lisses comme de la soie bien repassée, d'autres
ouvertes à un sourire de fibres blondes, rosés, rouge foncé, suivant leur
espèce.
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140> Des pêcheurs ont apporté des poissons dans de petites
corbeilles. Ils les ont certainement péchés, pendant la nuit car certains
sont encore vivants et halètent dans leurs dernières et pénibles respirations
et dans les convulsions de l'agonie, faisant resplendir dans leurs derniers
souffles et leurs faibles frétillements la couleur argentée ou délicatement
azurée de leurs panses et de leurs dos étendus sur un lit de feuilles gris
vert de saules ou de peuplier.
451.2 – Le lac avait pris la délicate couleur lactée que
l'aube transfuse dans les eaux au sortir de la nuit, si pur, angélique
dirais-je, comme absorbé, tellement le flot arrive
lentement sur la grève avec un bruissement imperceptible, quand il s'insinue
dans les galets. Maintenant il a pris la teinte riante, plus humaine, camée
dirais-je de l'aurore, qui enflamme l'eau des premières rougeurs par le
reflet des nuages rosés sur la surface du lac. Il devient céruléen dans la
lumière franche de l'aurore, il recommence à vivre, à palpiter, avec ses
vagues tranquilles qui se mettent en mouvement, courent riantes et frangées
d'écume sur le rivage ou reviennent heurter d'autres vagues, ornant tout le
miroir du lac d'une dentelle légère, blanche, jetée sur la soie bleu clair de
l'eau effleurée par la brise matinale. Et puis c'est le premier rayon du
soleil qui sabre l'eau là-bas vers Tarichée, là où elle était bleu vert à
cause des bosquets qui s'y reflétaient et qui maintenant se dore et
resplendit comme un miroir brisé frappé par le soleil. Ce miroir s'étend de
plus en plus en donnant une couleur d'or et de topaze à de nouvelles nappes
encore céruléennes, éteignant les teintes rosées des nuages qui se
reflétaient dans l'onde, enveloppant les quilles des dernières barques qui
rentrent après la pêche, celles des premières qui sortent, pendant que les
voiles, dans la lumière triomphale du soleil désormais levé, blanchissent
comme des ailes d'anges sur le fond d'azur du ciel et la verdure des
collines. Merveilleux lac de Galilée qui pour la fertilité de ses rives me
rappelle notre lac de Garde, et pour sa paix mystique notre lac de Trasimène,
perle de la Palestine, digne cadre pour la plus grande partie de la vie
publique de Jésus !
451.3 – Voilà
que Jésus apparaît sur le seuil de la maison hospitalière et il sourit en
levant les bras pour bénir les patients habitants qui l'attendent.
"Que la paix soit avec vous tous.
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141> M'attendiez-vous ?
Craigniez-vous que je m'enfuie sans vous saluer ? Je ne manque jamais à
mes promesses. Aujourd'hui je suis avec vous pour vous évangéliser et rester
avec vous comme je l'ai promis, pour bénir vos maisons, vos jardins, vos barques,
pour que chaque famille soit sanctifiée et que le travail aussi soit
sanctifié. Pourtant rappelez-vous que ma bénédiction pour être fructueuse
doit être aidée par votre bonne volonté. Et vous savez ce
que doit être la bonne volonté qui doit animer une famille pour que soit
sainte la maison qui l'abrite. L'homme doit être un chef mais pas un despote,
ni pour son épouse, ni pour ses enfants, ni pour ses serviteurs et, en même
temps, il doit être le roi, le vrai roi, au sens biblique du mot.
Rappelez-vous le chapitre 8 du premier livre des Rois ? Les anciens d'Israël se rassemblèrent pour aller
à Rama où résidait Samuel, et ils lui dirent : "Te voilà devenu vieux
et tes fils ne marchent pas dans tes sentiers. Pour nous juger, établis
au-dessus de nous un roi comme en ont toutes les nations".
Roi veut donc dire "juge" et le roi devrait être un juge juste pour
ne pas faire de ses sujets des malheureux dans le temps avec les guerres, les
injustices, les impositions injustes, ni dans l'éternité avec un royaume de
mollesse et de vice. Malheur à ces rois qui manquent à leurs devoirs, qui
ferment l'oreille aux voix de leurs sujets, qui ferment les yeux sur les
plaies de la nation, qui se rendent complices de la souffrance du peuple par
des alliances contraires à la justice pour renforcer leur puissance avec
l'aide de leurs alliés !
Mais malheur aussi à ces pères qui manquent à leurs devoirs, qui sont
aveugles et sourds pour les besoins et les défauts des membres de leur
famille, qui sont pour elle une cause de scandale ou de douleur, qui
s'abaissent pour les mariages à des compromis indignes pour s'allier à des
familles riches et puissantes, sans réfléchir que le mariage est une union destinée à élever
et réconforter l'homme et la femme, en plus de la procréation. C'est un
devoir, c'est un ministère, ce n'est pas un marché, ce n'est pas une
souffrance, ce n'est pas un avilissement de l'un ou l'autre conjoint. C'est
de l'amour, pas de la haine.
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142>
Que le chef soit donc juste, sans des duretés ou des exigences excessives et sans
d'excessives condescendances et faiblesses. Pourtant, si vous aviez à choisir
entre l'excès de l'une ou l'autre chose, choisissez plutôt la seconde, car de
celle-là au moins Dieu pourra vous dire : "Pourquoi as-tu été si
bon ?" et ne pas vous condamner, parce que l'excès de bonté punit
déjà l'homme à cause des vexations que les autres se permettent à son
égard ; alors que Dieu vous reprocherait toujours la dureté, parce
qu'elle est un manque d'amour envers le prochain le plus proche.
451.4 – Et que la femme soit juste dans la maison envers
son époux, ses enfants et ses serviteurs. Qu'à l'époux elle donne obéissance
et respect, réconfort et aide.
Obéissance tant que celle-ci n'implique pas le consentement au péché.
L'épouse doit être soumise mais pas avilie. Faites attention, épouses, que le
premier qui vous juge après Dieu, pour certaines condescendances coupables,
c'est votre mari, lui-même, qui vous y pousse. Ce ne sont pas toujours des
désirs de l'amour, mais une épreuve pour votre vertu. Même si sur le moment
il n'y réfléchit pas, il peut venir un jour où votre époux se dise :
"Ma femme est fortement sensuelle" et il peut
devenir soupçonneux pour votre fidélité.
Soyez chastes dans le mariage. Faites que votre chasteté impose à votre époux
cette retenue que l'on a pour les choses pures, et qu'il vous regarde comme
sa semblable, non comme une esclave ou une concubine qu'il ne garde que pour
le "plaisir" et qu'il rejette quand elle ne plaît plus. L'épouse
vertueuse, je veux dire l'épouse qui même après le mariage garde ce
"quelque chose" de virginal dans ses gestes, ses paroles, ses
abandons affectueux, peut amener son mari à s'élever des sens au sentiment,
pour que son époux se dépouille de la luxure et devienne vraiment avec elle
"une chose" unique qu'il traite avec la même attention qu'une
partie de lui-même, et il est juste qu'il en soit ainsi, car la femme est
"os de ses os et chair de sa chair" et personne ne traite mal ses
os et sa chair, mais au contraire les aime, pour que l'époux et l'épouse,
comme les deux premiers époux, se regardent et ne se voient pas dans leur
nudité sexuelle, mais s'aiment par l'esprit sans honte avilissante.
Que l'épouse soit patiente, maternelle avec son mari. Qu'elle le considère
comme le premier de ses enfants, car la femme est toujours mère et l'homme a
toujours besoin d'une mère qui soit patiente, prudente, affectueuse et qui le
réconforte. Bienheureuse la femme qui de son propre conjoint sait être la
compagne, et en même temps la mère pour le soutenir, et la fille pour qu'il
la guide. Que l'épouse soit laborieuse. Le travail, en empêchant les rêves,
est utile à l'honnêteté en plus d'être avantageux pour la bourse.
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143> Qu'elle ne tourmente pas son mari par de sottes
jalousies qui n'arrangent rien. Le mari est-il honnête ? Une sotte
jalousie, en le poussant à fuir la maison, le mettra en danger de tomber dans
les filets d'une prostituée. Il n'est pas honnête et fidèle ? Ce ne
seront pas les emportements de la jalousie qui le corrigeront mais bien une
contenance sérieuse, sans bouderies ni grossièretés, digne et affectueuse,
toujours affectueuse, qui le font réfléchir et redevenir sage. Sachez
reconquérir votre mari, quand la passion l'a éloigné de vous, par votre
vertu, comme dans votre jeunesse vous l'avez conquis par votre beauté. Et,
pour en tirer la force dans ce devoir, et résister à la douleur qui pourrait
vous rendre injustes, aimez vos enfants et envisagez leur bien.
451.5 – Une femme possède tout en ses enfants : la joie,
la couronne royale pour les heures heureuses où elle est réellement la reine
de la maison et de son conjoint, et le baume dans les heures douloureuses où
une trahison ou d'autres expériences pénibles de la vie conjugale, lui flagellent le front et surtout le cœur avec les épines
de sa triste royauté d'épouse martyre.
Tellement avilies que vous désirez retourner dans votre famille, en
divorçant, ou trouver une compensation dans un prétendu ami qui désire jouir
d'une femme et feint d'avoir pitié du cœur de celle qui a été trahie ?
Non, femmes, non ! Ces enfants, ces enfants innocents, déjà troublés,
attristés de trop bonne heure par l'ambiance du foyer domestique qui a perdu
sa sérénité, sa justice, ils ont leurs droits, sur la mère, sur le père, sur
le réconfort d'une maison où, si un amour a sombré, l'autre reste vigilant
pour veiller sur eux. Leurs yeux innocents vous regardent, vous étudient et
comprennent plus que vous ne croyez, et ils forment leurs esprits d'après ce
qu'ils voient et comprennent. Ne soyez jamais une cause de scandale pour vos
enfants innocents, mais réfugiez-vous en eux comme en un rempart de pur
diamant contre les faiblesses de la chair et les embûches des serpents.
Et que la femme soit une mère, une mère juste qui est sœur en même temps que
mère, qui est amie en même temps que sœur, de ses fils et de ses filles, et
un exemple, surtout, et en tout. Veiller sur ses fils et ses filles, les
corriger affectueusement, les soutenir, les faire réfléchir, et tout cela
sans préférences car les enfants sont tous nés d'une même semence et d'un
même sein.
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144> S'il est naturel qu'ils soient aimés, pour la joie
qu'ils donnent, les enfants qui sont bons, c'est aussi un devoir d'aimer, et
s'il le faut d'un amour douloureux, les enfants qui ne sont pas bons, en se
rappelant que l'homme ne doit pas être plus sévère que Dieu qui aime non
seulement ceux qui sont bons, mais aussi ceux qui ne le sont pas, et les aime
pour essayer de les rendre bons, de leur donner les moyens et le temps de le
devenir, et les supporte jusqu'à leur mort, en se réservant d'être un juste
Juge quand l'homme ne peut plus réparer.
451.6 – Et
ici, permettez-moi de vous dire une chose qui n'appartient pas au sujet, mais
qu'il est utile que vous ayez présente à l'esprit. Bien souvent, trop
souvent, on entend dire que les mauvais ont plus de joie que les bons et que
cela n'est pas juste. Je commence par vous dire : "Ne jugez pas les
apparences et ce que vous ne connaissez pas". Les apparences sont
souvent trompeuses et, sur la Terre, le jugement de Dieu est caché. De
l'autre côté, vous connaîtrez et vous verrez que le bien-être passager du
mauvais lui a été accordé comme un moyen pour l'attirer au Bien, et comme un
paiement du peu de bien que même le plus mauvais peut faire. Mais quand vous verrez les choses dans la juste lumière de l'autre vie, vous verrez
que plus courte que la vie d'un brin d'herbe né au printemps sur le bord d'un
torrent que l'été dessèche, est le temps de la joie du pécheur, alors qu'un
seul instant de gloire dans le Ciel est, pour la joie qu'il communique à
l'esprit qui en jouit, plus vaste que la plus triomphale vie d'homme qui ait
jamais existé. N'enviez donc pas la prospérité du méchant, mais cherchez par
votre bonne volonté à arriver à la possession du trésor éternel du juste.
451.7 – Et,
revenant à ce que doivent être les membres d'une famille et les habitants
d'une maison pour que s'y maintienne fructueuse ma bénédiction, je vous dis, enfants, d'être soumis à vos parents,
respectueux, obéissants pour pouvoir l'être aussi avec le Seigneur votre
Dieu. Parce que, si vous n'apprenez pas à obéir aux petits commandements du
père et de la mère que vous voyez, comment pourrez-vous obéir aux
commandements de Dieu, qui sont dits en son nom, mais que vous ne voyez ni
n'entendez ? Et si vous n'apprenez pas à croire que celui qui vous aime,
comme votre père et votre mère vous aiment, ne peut que commander des choses
bonnes, comment pouvez-vous croire que sont bonnes les choses qui vous sont
données comme des ordres de Dieu ? Dieu aime, Il est Père, le
savez-vous ?
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145/146> Mais justement parce qu'il vous aime et veut vous avoir avec
Lui, ô chers enfants, c'est pour cela qu'il veut que vous soyez bons. Et la
première école où vous apprenez à le devenir, c'est la famille. C'est là que
vous apprenez à aimer et à obéir et c'est de là que part pour vous le chemin
qui conduit au Ciel.
Soyez donc bons, respectueux, dociles. Aimez votre père, même s'il vous
corrige, car il le fait pour votre bien, et votre mère si elle vous éloigne
d'actions dont son expérience sait qu'elles ne sont pas bonnes. Honorez-les,
en évitant de les faire rougir par vos actions mauvaises. L'orgueil n'est pas
une chose bonne, mais il existe un saint orgueil, celui de dire :
"Je n'ai pas donné de douleur à mon père et à ma mère". Cela, qui
vous fait jouir de leur voisinage pendant qu'ils sont vivants, est pour vous
la paix sur la blessure de leur mort, alors que les larmes qu'un enfant fait
verser à ses parents creusent comme du plomb fondu le cœur de l'enfant
mauvais, et malgré tout son effort pour endormir la blessure, elle fait
souffrir, ne cesse de faire souffrir et de plus en plus quand la mort de l'un
des parents empêche l'enfant de réparer... Oh ! enfants, soyez bons,
toujours, si vous voulez que Dieu vous aime.
451.8 – Enfin sainte est la maison où, grâce à la justice
des maîtres, les serviteurs et les valets aussi se rendent justes. Que les
maîtres se souviennent qu'un mauvais comportement aigrit
et gâte le serviteur, et que le serviteur n'oublie pas que son mauvais
comportement dépite le maître. Que chacun se tienne à sa place, mais lié par
l'amour du prochain, pour combler la séparation qui existe entre serviteurs
et maîtres.
Et alors la maison bénie par Moi gardera sa bénédiction et Dieu y résidera.
Et de la même façon conserveront la bénédiction, et donc la protection, les
barques et les jardins et les outils de travail et les engins de pêche, quand
saintement adonnés au travail les jours permis et saintement dédiés au culte
de Dieu pendant le saint sabbat, vous parcourrez votre vie de pêcheurs ou de
maraîchers, sans frauder pour le prix ou pour le poids, et vous ne maudirez
pas le travail et ne le ferez pas le roi de votre vie au point de le faire
passer avant Dieu car si le travail vous procure le gain, Dieu vous donne le
Ciel.
451.9 – Et maintenant allons donc bénir les maisons, les
barques et les rames, les jardins et les pioches, et puis nous irons parler
près du refuge de Jean avant qu'il aille trouver le prêtre, car Moi, je ne
reviendrai plus et il est juste qu'il m'entende au moins une fois. Prenez le
pain, le poisson et les fruits ; nous les porterons là-bas dans le bois,
et nous mangerons en présence du lépreux guéri en lui donnant les meilleures
portions pour que sa chair aussi soit en fête et qu'il se sente déjà comme un
frère parmi ceux qui croient au Seigneur."
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