La vie des âmes victimes doit se mener sur un plan totalement spirituel, très
élevé et imprégné d’amour. De telles âmes ressemblent aux animaux de la
théophanie d’Ezéchiel et vivent héroïquement les vertus des saints.
Les corédempteurs.
Acte d’offrande de Maria Valtorta et calendrier mystique.
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355> Jésus dit :
«Pour pouvoir vivre la vie de victime d’une manière équilibrée,
il faut se placer résolument au niveau spirituel et oublier absolument ce qui
n’est pas à ce niveau.
J’ai parlé "d’équilibre" car, dans les réalités de la terre, ce
terme est utilisé pour désigner une chose ou une personne qui est placée sur
son axe de façon si ajustée qu’aucune secousse quelle qu’elle soit ne saurait
la faire tomber. Même si elle en subit, puisqu’il est naturel qu’elle en
subisse, elle supporte le choc avec un léger vacillement qui, loin d’être de
la faiblesse, prouve au contraire sa stabilité, puisqu’il ne tourne pas à la
catastrophe mais aboutit à un retour à la même position qu’avant.
Il en va de même des réalités non terrestres, et par conséquent spirituelles.
L’âme placée sur son axe de façon ajustée ne tombe pas sous les chocs qu’elle
peut endurer. Elle subit l’assaut, elle en souffre puisque c’est une
irruption de forces mauvaises dans l’atmosphère de paix surnaturelle qui
l’entoure, un vacarme de voix basses qui dominent un instant les harmonies
célestes dont elle fait ses délices; comme la tige d’une plante sous la
tempête, sa couronne fleurie ondule, mais elle ne se déracine pas puis, une
fois l’assaut passé, elle se stabilise à nouveau dans sa paix, tout occupée à
écouter les mots que l’amour de Dieu ne cesse de murmurer à son esprit.
Où se trouve ce niveau spirituel ? Ah, bien haut ! Là
où l’humanité n’arrive pas. Celle-ci est encore perceptible, car l’âme n’est
pas aveugle et sa vie dans l’atmosphère vitale ne la rend pas stupide. Non,
car cela accroît au contraire sa capacité à voir et à entendre. Mais la
raison en est qu’elle vit déjà dans l’atmosphère de l’Amour, puisque le
niveau spirituel est l’antichambre du paradis bienheureux : les limbes
actuelles de ceux qui ne sont pas encore nés à la vie éternelle, mais dont
l’âme attend déjà d’y entrer, en enfants spirituels dont le baptême adviendra
par le baiser que l’Éternel leur donnera quand, dépouillés de la prison de la
chair et tels des flèches enflammées ou des colombes de flammes libérées de
l’arc ou du piège, ils voleront vers Dieu, leur but, leur nid, la préoccupation
de tout leur séjour en exil sur terre.
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356> La Charité, impatiente de s’unir à
cette charité mineure, concentre ses ardeurs sur ce niveau et l’imprègne
d’elle. Ceux qui en vivent et s’en nourrissent l’absorbent avec l’avidité de
leur âme. Ce sont des bouches assoiffées qui aspirent ce qui fait leur joie
et ne cessent de chanter leur joie, même pendant qu’elles aspirent. Tout en
chantant, elles ne cessent de prier pour leurs frères; elles ne cessent,
pendant qu’elles chantent, de répéter les paroles qu’elles entendent et qui
viennent de Dieu.
En effet, les âmes qui vivent au niveau de l’esprit ressemblent
aux bêtes de la théophanie d’Ezéchiel. Elles ont quatre
aspects, car leur action est quadruple, et elles se servent de quatre
bouches. De leur visage d’aigle, elles regardent Dieu,
qui est Soleil, et en chantent les louanges. Elles s’en rassasient comme des
lions, car Dieu est leur proie
et elles ne désirent qu’elle. Patientes comme des bœufs, elles ne se lassent pas
de prier pour leurs frères dont la conquête au royaume de l’esprit est une
œuvre patiente et tenace. De leur bouche d’homme, enfin, elles répètent aux
hommes dans leur langage ce qu’elles ont entendu de Dieu en volant comme des
aigles dans le royaume du Soleil-Dieu.
La charité est toujours active, et ceux qui vivent dans la charité sont
actifs comme elle. Elle est multiforme et multi-opérante, et ils ont une
charité "multiforme et multi-opérante". Elle est ardente, et ils
sont des "charbons incandescents" que Dieu rend toujours plus
brûlants. La charité est légère et
rapide, et ils ont des ailes pour aller, légers et rapides, là où l’élan de
la charité les porte. Ils ne "se retournent pas" pour regarder ce
qu’ils laissent derrière eux.
Voici que je t’ai ramenée au premier point: "Pour pouvoir vivre la vie
de victime d’une manière équilibrée, il faut se placer résolument au niveau
spirituel et oublier absolument ce qui n’est pas à ce niveau." C’est ce
que j’ai dit dans la première partie de cette dictée, et je le répète.
Toi, tu es ici et tu y restes. La seule chose qui puisse te faire
perdre ton équilibre, — qui est parfait puisque c’est moi qui t’y ai mise et
mes actions sont parfaites —, c’est seulement ta volonté. Tout le reste
pourra bien t’ébranler, te troubler en entrant avec tempête et fracas dans
l’atmosphère qui t’entoure, mais n’arrivera pas à te faire quitter ton
centre. Rien n’y pourra à moins que tu ne le veuilles.
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357> Ne te trouble donc pas si tu te sens
troublée. Laisse venir ce trouble des autres — qu’il s’agisse d’hommes ou de
Satan —, mais n’y unis jamais le tien. Ce serait le plus nuisible, parce que
le plus intérieur.
Ne te dis jamais: "Je ne suis pas capable de bien faire ce que
je fais", "je ne sais pas servir Dieu parfaitement", "je pèche au lieu de me
sanctifier". Bien sûr, tu ne sais pas bien faire, tu n’es pas parfaite, tu
as encore bon nombre d’imperfections. Mais qui donc sait agir bien, à la
perfection, sans jamais pécher, aussi longtemps qu’il est homme? Qui est
parfait, s’il se compare à la Perfection ?
Mais la Perfection, précisément parce qu’elle est perfection, sait aussi
juger et voir parfaitement; par conséquent, elle sait voir votre intention,
votre zèle, votre effort pour bien faire, pour servir parfaitement, pour ne
pas pécher et c’est avec un sourire qu’elle annule [les fautes] et pardonne,
et qu’elle accomplit ce que vous ne parvenez pas à accomplir.
Au niveau spirituel, toute pensée humaine doit mourir. C’est
très difficile. C’est pourquoi l’on qualifie d’héroïques les vertus
des saints, et les saints sont si rares parce que les héros sont rares.
D’ailleurs cet héroïsme est plus grand, plus complexe et surtout plus long
que l’héroïsme humain, qui n’est qu’un épisode dans la vie d’un homme,
alors que le premier représente la vie même d’un homme.
L’héroïsme d’un homme concerne l’acte imprévu qui se présente et qui ne
laisse pas le temps à la chair d’exprimer ses voix peureuses. Même si l’homme
ne s’en rend pas compte, son héroïsme s’appuie toujours sur deux
béquilles : un caractère impulsif et le désir de louange.
Celui du saint n’est pas un acte improvisé: il prend la vie,
toute la vie. Du matin au soir et du soir au matin, d’un mois sur
l’autre, d’une année sur l’autre, qu’il fasse froid ou qu’il fasse chaud.
Cela inclut le travail, le prochain, le repos, la souffrance, les maladies,
la pauvreté, les deuils comme les offenses. C’est un collier auquel chaque
minute ajoute une perle, une perle qui s’est formée à partir des larmes, de
la patience, de la fatigue. Cet héroïsme ne tombe pas du ciel, comme une
manne. C’est en vous qu’il doit naître, en vous seuls. Le ciel ne vous
donne pas davantage qu’aux autres. Le monde, lui non plus, ne vient pas à son
aide. Il le combat plutôt et s’y oppose de mille manières.
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358> Il est vrai que ce combat est le meilleur facteur de formation,
puisque le cœur de cet héroïsme consiste à supporter le monde avec patience
et à l’aimer pour la haine qu’il vous porte; c’est autour de lui que
s’unissent des cellules de patience dans la faim, la soif, le froid, le
chaud, les nuits sans repos, les maladies, la pauvreté ou les deuils. Mais
le principal est toujours de supporter le monde et de l’aimer
surnaturellement.
Aucune pensée humaine, mais l’amour de Dieu uniquement, l’intérêt de
Dieu uniquement: voilà comment pense le héros de l’esprit, voilà comment
agit celui qui vit en équilibre spirituel. Moi? Que suis-je donc? Mes
souffrances? Mes fatigues? Ma pauvreté? Les préjudices dus au prochain? Cela
ne compte pour rien. Ce qui compte, c’est Dieu. Je me sers de toutes choses
pour lui, et je suis heureux de les avoir car c’est par elles que je
peux aimer Dieu, non pas pour qu’il me préserve mais par pur amour, je
peux servir Dieu en utilisant cette monnaie pour sauver les autres et donc
agir dans l’intérêt de Dieu.
Crois-tu, Maria, que je ne souffre pas de devoir vous "assaisonner"
ainsi par la souffrance, vous que j’aime par-dessus tout ? Crois-tu que,
si je le pouvais, je ne voudrais pas vous donner toute joie pour la joie que
vous me procurez ?
Mais, pour sauver le monde, il n’est pas d’autre moyen que la
douleur. Moi-même, qui suis Dieu,
je n’ai trouvé que celui-ci pour être le Sauveur. La joie deviendra Joie pour
vous. Mais ce sera dans l’autre vie. Ici, elle n’existe pas pour vous, mes
chères victimes que j’aime. Ici, vous possédez ma paix, l’union à moi et mon
amour. Des joies spirituelles, mais rien pour la chair. Pour elle, vous
n’avez que de la souffrance. En outre, cela ne suffit jamais, puisque
l’erreur ne cesse de croître. Vous êtes les réparatrices des erreurs et vous
ne pouvez prendre un instant de répit, car l’Ennemi continue à détruire, si
bien qu’il faut continuer d’édifier pour garder au monde un aspect humain, et
pas complètement satanique.
Le Christ, au ciel, ne pleure plus. Mais il souffre encore car,
s’il est Dieu, il est également Homme et il a un cœur. Or de quoi souffre mon
cœur, qui est parfait dans ses passions? De se voir mal aimé et de voir
souffrir, de devoir laisser souffrir ceux qui l’aiment et ceux qu’il aime.
Oh! Comme je souffre de vous voir souffrir pour accomplir en vous la
rédemption de l’homme! Comme j’en souffre ! Mais, à chaque palpitation de
douleur qui répond à votre douleur, j’unis un don pour le ciel. Pour votre
ciel. C’est le vôtre. Vous le conquérez heure par heure, et il vous
attend.
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