I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\MV15ANS.gif

"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

© Centro Editoriale Valtortiano

Se repérer

Consulter la Bible en ligne

Aller sur le forum

Qui sommes-nous

   I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\IntroAccueil.gif   I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\IntroOeuvre.gif   I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\IntroValtorta.gif   I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\IntroThemes.gif   I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\IntroBoutique.gif

Les Textes Fondamentaux
     I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\Tiare.gif

Accueil >> Sommaire du Site >> Index des ressources >> Index du Catéchisme

 

Catéchisme de l’Église catholique
Quatrième partie : la prière chrétienne
Première section : La prière dans la vie chrétienne
       


La vie de prière - Les expressions de la prière: La prière vocale - La méditation - L’oraison - Le combat de la prière - Les objections à la prière - L’humble vigilance du cœur - La confiance filiale - Persévérer dans l’amour -

       I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\TableMatieres.gif

       I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\Precedent.gif

       I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\Suivant.gif

Liste des sigles

I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Ratzinger.jpg
SS. Jean-Paul II et Maria Valtorta


Vers la fiche "prière"


Extraits de "L'attente de Dieu" de Simone Weil (1909-1943)


La liturgie des heures expliquée par Jésus


Sélection d'auteurs


Chapitre troisième - La vie de prière       

2697 
La prière est la vie du cœur nouveau. Elle doit nous animer à tout moment. Or nous oublions Celui qui est notre Vie et notre Tout. C’est pourquoi les Pères spirituels, dans la tradition du Deutéronome et des prophètes, insistent sur la prière comme " souvenir de Dieu " réveil fréquent de la " mémoire du cœur " : " Il faut se souvenir de Dieu plus souvent qu’on ne respire "
1. Mais on ne peut pas prier " en tout temps " si l’on ne prie pas à certains moments, en le voulant : ce sont les temps forts de la prière chrétienne, en intensité et en durée.           
1. Saint Grégoire de Naziance, Orationes theolicae 1,4.  

La Tradition de l’Église propose aux fidèles des rythmes de prière destinés à nourrir la prière continuelle. Certains sont quotidiens : la prière du matin et du soir, avant et après les repas, la Liturgie des Heures. Le dimanche, centré sur l’Eucharistie, est sanctifié principalement par la prière. Le cycle de l’année liturgique et ses grandes fêtes sont les rythmes fondamentaux de la vie de prière des chrétiens.  

2699           
Le Seigneur conduit chaque personne par les chemins et de la manière qui Lui plaisent. Chaque fidèle Lui répond aussi selon la détermination de son cœur et les expressions personnelles de sa prière. Cependant la tradition chrétienne a retenu trois expressions majeures de la vie de prière : la prière vocale, la méditation, l’oraison. Un trait fondamental leur est commun : le recueillement du cœur. Cette vigilance à garder la Parole et à demeurer en présence de Dieu fait de ces trois expressions des temps forts de la vie de prière.

Article 1     
Les expressions de la prière
         
Haut de page           

I. La prière vocale 

2700 

Par sa Parole, Dieu parle à l’homme. C’est par des paroles, mentales ou vocales, que notre prière prend corps. Mais le plus important est la présence du cœur à Celui à qui nous parlons dans la prière. " Que notre prière soit entendue dépend, non de la quantité des paroles, mais de la ferveur de nos âmes "
1.     
1. Saint Jean Chrysostome, Eclogae ex diversis homiliis 2             

2701
La prière vocale est une donnée indispensable de la vie chrétienne. Aux disciples, attirés par la prière silencieuse de leur Maître, Celui-ci enseigne une prière vocale : le " Notre Père ". Jésus n’a pas seulement prié les prières liturgiques de la synagogue, les Évangiles nous Le montrent élever la voix pour exprimer sa prière personnelle, de la bénédiction exultante du Père
1 jusqu’à la détresse de Gethsémani2.    
1. Cf. Matthieu 11, 25-26. 2. Cf. Marc 14, 36. 

2702
Ce besoin d’associer les sens à la prière intérieure répond à une exigence de notre nature humaine. Nous sommes corps et esprit, et nous éprouvons le besoin de traduire extérieurement nos sentiments. Il faut prier avec tout notre être pour donner à notre supplication toute la puissance possible.    

2703
Ce besoin répond aussi à une exigence divine. Dieu cherche des adorateurs en Esprit et en Vérité, et par conséquent la prière qui monte vivante des profondeurs de l’âme. Il veut aussi l’expression extérieure qui associe le corps à la prière intérieure, car elle Lui apporte cet hommage parfait de tout ce à quoi Il a droit.   

2704
Parce qu’extérieure et si pleinement humaine, la prière vocale est par excellence la prière des foules. Mais aussi la prière la plus intérieure ne saurait négliger la prière vocale. La prière devient intérieure dans la mesure où nous prenons conscience de Celui " à qui nous parlons "
1. Alors la prière vocale devient une première forme de la prière contemplative.        
1. Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), Camino de perfeccion 26.

II. La méditation   
Haut de page           

2705
La méditation est surtout une recherche. L’esprit cherche à comprendre le pourquoi et le comment de la vie chrétienne, afin d’adhérer et de répondre à ce que le Seigneur demande. Il y faut une attention difficile à discipliner. Habituellement, on s’aide d’un livre, et les chrétiens n’en manquent pas : les saintes Écritures, l’Évangile singulièrement, les saintes icônes, les textes liturgiques du jour ou du temps, les écrits des Pères spirituels, les ouvrages de spiritualité, le grand livre de la création et celui de l’histoire, la page de "l’Aujourd’hui" de Dieu.   

2706
Méditer ce qu’on lit conduit à se l’approprier en le confrontant avec soi-même. Ici, un autre livre est ouvert : celui de la vie. On passe des pensées à la réalité. A la mesure de l’humilité et de la foi, on y découvre les mouvements qui agitent le cœur et on peut les discerner. Il s’agit de faire la vérité pour venir à la Lumière : " Seigneur, que veux-tu que je fasse ? ". 

2707
Les méthodes de méditation sont aussi diverses que les maîtres spirituels. Un chrétien se doit de vouloir méditer régulièrement, sinon il ressemble aux trois premiers terrains de la parabole du semeur
1. Mais une méthode n’est qu’un guide ; l’important est d’avancer, avec l’Esprit Saint, sur l’unique chemin de la prière : le Christ Jésus.       
1. Cf. Marc 4, 4-7. 15-19  

2708
La méditation met en œuvre la pensée, l’imagination, l’émotion et le désir. Cette mobilisation est nécessaire pour approfondir les convictions de foi, susciter la conversion du cœur et fortifier la volonté de suivre le Christ. La prière chrétienne s’applique de préférence à méditer " les mystères du Christ ", comme dans la " lectio divina " ou le Rosaire. Cette forme de réflexion priante est de grande valeur, mais la prière chrétienne doit tendre plus loin : à la connaissance d’amour du Seigneur Jésus, à l’union avec Lui.    

III. L’oraison         
Haut de page           

2709 
Qu’est-ce que l’oraison ? Ste. Thérèse répond : "L’oraison mentale n’est, à mon avis, qu’un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé"
1.       
L’oraison cherche "celui que mon cœur aime"
2. C’est Jésus, et en lui, le Père. Il est cherché, parce que le désirer est toujours le commencement de l’amour, et il est cherché dans la foi pure, cette foi qui nous fait naître de lui et vivre en lui. On peut méditer encore dans l’oraison, toutefois le regard porte sur le Seigneur.    
1. Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila) Libro de la vida 8. 2. Cantique des cantiques 1, 7 ; cf. Cantique des cantiques 3, 1-4.    

2710
Le choix du temps et de la durée de l’oraison relève d’une volonté déterminée, révélatrice des secrets du cœur. On ne fait pas oraison quand on a le temps : on prend le temps d’être pour le Seigneur, avec la ferme détermination de ne pas le lui reprendre en cours de route, quelles que soient les épreuves et la sécheresse de la rencontre. On ne peut pas toujours méditer, on peut toujours entrer en oraison, indépendamment des conditions de santé, de travail ou d’affectivité. Le cœur est le lieu de la recherche et de la rencontre, dans la pauvreté et dans la foi.          

2711
L’entrée en oraison est analogue à celle de la Liturgie eucharistique : "rassembler" le cœur, recueillir tout notre être sous la mouvance de l’Esprit Saint, habiter la demeure du Seigneur que nous sommes, éveiller la foi pour entrer en la Présence de Celui qui nous attend, faire tomber nos masques et retourner notre cœur vers le Seigneur qui nous aime afin de nous remettre à Lui comme une offrande à purifier et à transformer.       

2712
L’oraison est la prière de l’enfant de Dieu, du pécheur pardonné qui consent à accueillir l’amour dont il est aimé et qui veut y répondre en aimant plus encore
1. Mais il sait que son amour en retour est celui que l’Esprit répand dans son cœur, car tout est grâce de la part de Dieu. L’oraison est la remise humble et pauvre à la volonté aimante du Père en union de plus en plus profonde à son Fils bien-aimé.        
1. Cf. Luc 7, 36-50 ; 19, 1-10.          

2713
Ainsi l’oraison est-elle l’expression la plus simple du mystère de la prière. L’oraison est un don, une grâce ; elle ne peut être accueillie que dans l’humilité et la pauvreté. L’oraison est une relation d’alliance établie par Dieu au fond de notre être
1. L’oraison est communion : la Trinité Sainte y conforme l’homme, image de Dieu, "à sa ressemblance".        
1. Cf. Jérémie 31,33.         

2714
L’oraison est aussi le temps fort par excellence de la prière. Dans l’oraison, le Père nous " arme de puissance par son Esprit pour que se fortifie en nous l’homme intérieur, que le Christ habite en nos cœurs par la foi et que nous soyons enracinés, fondés dans l’amour "
1.  
1. Éphésiens 3, 16-17.      

2715
La contemplation est regard de foi, fixé sur Jésus. "Je L’avise et Il m’avise", disait, au temps de son saint curé, le paysan d’Ars en prière devant le Tabernacle
1. Cette attention à Lui est renoncement au " moi ". Son regard purifie le cœur. La lumière du regard de Jésus illumine les yeux de notre cœur ; elle nous apprend à tout voir dans la lumière de sa vérité et de sa compassion pour tous les hommes. La contemplation porte aussi son regard sur les mystères de la vie du Christ. Elle apprend ainsi " la connaissance intérieure du Seigneur " pour L’aimer et Le suivre davantage2.        
1. Cf. F. Trochu, Le curé d’Ars Saint Jean Marie Vianney, p. 223-224. 2. Cf. Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels 104.   

2716
L’oraison est écoute de la Parole de Dieu. Loin d’être passive, cette écoute est l’obéissance de la foi, accueil inconditionnel du serviteur et adhésion aimante de l’enfant. Elle participe au " oui " du Fils devenu Serviteur et au " fiat " de son humble servante.     

2717
L’oraison est silence, ce "symbole du monde qui vient"
1 ou "silencieux amour"2. Les paroles dans l’oraison ne sont pas des discours mais des brindilles qui alimentent le feu de l’amour. C’est dans ce silence, insupportable à l’homme "extérieur", que le Père nous dit son Verbe incarné, souffrant, mort et ressuscité, et que l’Esprit filial nous fait participer à la prière de Jésus.        
1. Saint Isaac de Ninive, Tractatus mystici, editio Bedjan 66. 2. Saint Jean de la Croix 

2718
L’oraison est union à la prière du Christ dans la mesure où elle fait participer à son Mystère. Le Mystère du Christ est célébré par l’Église dans l’Eucharistie, et l’Esprit Saint le fait vivre dans l’oraison, afin qu’il soit manifesté par la charité en acte.           

2719
L’oraison est une communion d’amour porteuse de Vie pour la multitude, dans la mesure où elle est consentement à demeurer dans la nuit de la foi. La Nuit pascale de la Résurrection passe par celle de l’agonie et du tombeau. Ce sont ces trois temps forts de l’Heure de Jésus que son Esprit (et non la "chair qui est faible") fait vivre dans l’oraison. Il faut consentir à "veiller une heure avec lui"
1.    
1. Cf. Matthieu 26, 40.      


En bref       
Haut de page           

2720 
L’Église invite les fidèles à une prière régulière : prières quotidiennes, Liturgie des Heures, Eucharistie dominicale, fêtes de l’année liturgique.
         

2721 
La tradition chrétienne comprend trois expressions majeures de la vie de prière : la prière vocale, la méditation et l’oraison. Elles ont en commun le recueillement du cœur.
         

2722 
La prière vocale, fondée sur l’union du corps et de l’esprit dans la nature humaine, associe le corps à la prière intérieure du cœur, à l’exemple du Christ priant son Père et enseignant le "Notre Père" à ses disciples.
 

2723 
La méditation est une recherche priante qui met en œuvre la pensée, l’imagination, l’émotion, le désir. Elle a pour but l’appropriation croyante du sujet considéré, confronté avec la réalité de notre vie.


2724 
L’oraison mentale est l’expression simple du mystère de la prière. Elle est un regard de foi fixé sur Jésus, une écoute de la Parole de Dieu, un silencieux amour. Elle réalise l’union à la prière du Christ dans la mesure où elle nous fait participer à son Mystère.


Article 2     
Le combat de la prière
      
Haut de page           

2725 
La prière est un don de la grâce et une réponse décidée de notre part. Elle suppose toujours un effort. Les grands priants de l’Ancienne Alliance avant le Christ, comme la Mère de Dieu et les saints avec Lui nous l’apprennent : la prière est un combat. Contre qui ? contre nous-mêmes et contre les ruses du Tentateur qui fait tout pour détourner l’homme de la prière, de l’union à son Dieu. On prie comme on vit, parce qu’on vit comme on prie. Si l’on ne veut pas habituellement agir selon l’Esprit du Christ, on ne peut pas non plus habituellement prier en son Nom. Le " combat spirituel " de la vie nouvelle du chrétien est inséparable du combat de la prière.         

I. Les objections à la prière          
Haut de page           

2726 
Dans le combat de la prière, nous avons à faire face, en nous-mêmes et autour de nous, à des conceptions erronées de la prière. Certaines y voient une simple opération psychologique, d’autres un effort de concentration pour arriver au vide mental. Telles la codifient dans des attitudes et des paroles rituelles. Dans l’inconscient de beaucoup de chrétiens, prier est une occupation incompatible avec tout ce qu’ils ont à faire : ils n’ont pas le temps. Ceux qui cherchent Dieu par la prière se découragent vite parce qu’ils ignorent que la prière vient aussi de l’Esprit Saint et non pas d’eux seuls.            

2727 
Nous avons aussi à faire face à des mentalités de " ce monde-ci " ; elles nous pénètrent si nous ne sommes pas vigilants, par exemple : le vrai serait seulement ce qui est vérifié par la raison et la science (or prier est un mystère qui déborde notre conscience et notre inconscient) ; les valeurs de production et de rendement (la prière, improductive, est donc inutile) ; le sensualisme et le confort, critères du vrai, du bien et du beau (or la prière, " amour de la Beauté " [philocalie], est éprise de la Gloire du Dieu vivant et vrai) ; en réaction contre l’activisme, voici la prière présentée comme fuite du monde (or la prière chrétienne n’est pas une sortie de l’histoire ni un divorce avec la vie).   

2728 
Enfin, notre combat doit faire face à ce que nous ressentons comme nos échecs dans la
prière : découragement devant nos sécheresses, tristesse de ne pas tout donner au Seigneur, car nous avons "de grands biens" (cf. Marc 10, 22), déception de ne pas être exaucés selon notre volonté propre, blessure de notre orgueil qui se durcit sur notre indignité de pécheur, allergie à la gratuité de la prière, etc. La conclusion est toujours la même : à quoi bon prier ? Pour vaincre ces obstacles, il faut combattre pour l’humilié, la confiance et la persévérance.         

II. L’humble vigilance du cœur    
Haut de page           

Face aux difficultés de la prière   

2729 

La difficulté habituelle de notre prière est la distraction. Elle peut porter sur les mots et leur sens, dans la prière vocale ; elle peut porter, plus profondément, sur Celui que nous prions, dans la prière vocale (liturgique ou personnelle), dans la méditation et dans l’oraison. Partir à la chasse des distractions serait tomber dans leurs pièges, alors qu’il suffit de revenir à notre cœur : une distraction nous révèle ce à quoi nous sommes attachés et cette prise de conscience humble devant le Seigneur doit réveiller notre amour de préférence pour lui, en lui offrant résolument notre cœur pour qu’il le purifie. Là se situe le combat, le choix du Maître à servir (cf. Mt 6, 21. 24).         

2730 Positivement, le combat contre notre moi possessif et dominateur est la vigilance, la sobriété du cœur. Quand Jésus insiste sur la vigilance, elle est toujours relative à Lui, à sa Venue, au dernier jour et chaque jour : " aujourd’hui ". L’Epoux vient au milieu de la nuit ; la lumière qui ne doit pas s’éteindre est celle de la foi : " De toi mon cœur a dit : ‘Cherche sa Face’ " (Ps 27, 8).       

2731 Une autre difficulté, spécialement pour ceux qui veulent sincèrement prier, est la sécheresse. Elle fait partie de l’oraison où le cœur est sevré, sans goût pour les pensées, souvenirs et sentiments, même spirituels. C’est le moment de la foi pure qui se tient fidèlement avec Jésus dans l’agonie et au tombeau. " Le grain de blé, s’il meurt, porte beaucoup de fruit " (Jean 12, 24). Si la sécheresse est due au manque de racine, parce que la Parole est tombée sur du roc, le combat relève de la conversion (cf. Lc 8, 6. 13).

Face aux tentations dans la prière           
Haut de page           

2732 La tentation la plus courante, la plus cachée, est notre manque de foi. Elle s’exprime moins par une incrédulité déclarée que par une préférence de fait. Quand nous commençons à prier, mille travaux ou soucis, estimés urgents, se présentent comme prioritaires ; de nouveau, c’est le moment de la vérité du cœur et de son amour de préférence. Tantôt nous nous tournons vers le Seigneur comme le dernier recours : mais y croit-on vraiment ? Tantôt nous prenons le Seigneur comme allié, mais le cœur est encore dans la présomption. Dans tous les cas, notre manque de foi révèle que nous ne sommes pas encore dans la disposition du cœur humble : " Hors de moi, vous ne pouvez rien faire " (Jean 15, 5).     

2733 Une autre tentation, à laquelle la présomption ouvre la porte, est l’acédie. Les Pères spirituels entendent par là une forme de dépression due au relâchement de l’ascèse, à la baisse de la vigilance, à la négligence du cœur. " L’esprit est ardent, mais la chair est faible " (Mt 26, 41). Plus on tombe de haut, plus on se fait mal. Le découragement, douloureux, est l’envers de la présomption. Qui est humble ne s’étonne pas de sa misère, elle le porte à plus de confiance, à tenir ferme dans la constance.        

III. La confiance filiale     
Haut de page           

2734 
La confiance filiale est éprouvée – elle se prouve – dans la tribulation (cf. Romains 5, 3-5). La difficulté principale concerne la prière de demande, pour soi ou pour les autres dans l’intercession. Certains cessent même de prier parce que, pensent-ils, leur demande n’est pas exaucée. Ici deux questions se posent : Pourquoi pensons-nous que notre demande n’a pas été exaucée ? Comment notre prière est-elle exaucée, "efficace" ?       

Pourquoi nous plaindre de ne pas être exaucés ?            
Haut de page           

2735 
Une constatation devrait d’abord nous étonner. Quand nous louons Dieu ou lui rendons grâces pour ses bienfaits en général, nous ne sommes guère inquiets de savoir si notre prière lui est agréable. Par contre, nous exigeons de voir le résultat de notre demande. Quelle est donc l’image de Dieu qui motive notre prière : un moyen à utiliser ou le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ?     

2736 
Sommes-nous convaincus que " nous ne savons que demander pour prier comme il faut " (Romains 8, 26) ? Demandons-nous à Dieu " les biens convenables " ? Notre Père sait bien ce qu’il nous faut, avant que nous le lui demandions (cf. Mt 6, 8) mais il attend notre demande parce que la dignité de ses enfants est dans leur liberté. Or il faut prier avec son Esprit de liberté, pour pouvoir connaître en vérité son désir (cf. Romains 8, 27).

2737 
"Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas. Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de dépenser pour vos passions " (Jacques 4, 2-3 ; cf. tout le contexte Jacques 4, 1-10 ; 1, 5-8 ; 5, 16). Si nous demandons avec un cœur partagé, " adultère " (Jacques 4, 4), Dieu ne peut nous exaucer, car il veut notre bien, notre vie. " Pensez-vous que l’Écriture dise en vain : il désire avec jalousie l’Esprit qu’il a mis en vous " (Jacques 4, 5) ? Notre Dieu est " jaloux " de nous, ce qui est le signe de la vérité de son amour. Entrons dans le désir de son Esprit et nous serons exaucés :        

Ne t’afflige pas si tu ne reçois pas immédiatement de Dieu ce que tu lui demandes ; c’est qu’il veut te faire plus de bien encore par ta persévérance à demeurer avec lui dans la prière (Evagre, or. 34 : PG 79, 1173). Il veut que notre désir s’éprouve dans la prière. Ainsi, il nous dispose à recevoir ce qu’il est prêt à nous donner (S. Augustin, ep. 130, 8, 17 : PL 33, 500).     

Comment notre prière est-elle efficace ?
Haut de page           

2738 
La révélation de la prière dans l’Economie du salut nous apprend que la foi s’appuie sur l’action de Dieu dans l’histoire. La confiance filiale est suscitée par son action par excellence : la Passion et la Résurrection de son Fils. La prière chrétienne est coopération à sa Providence, à son Dessein d’amour pour les hommes.   

2739 
Chez S. Paul, cette confiance est audacieuse (cf. Romains 10, 12-13), fondée sur la prière de l’Esprit en nous et sur l’amour fidèle du Père qui nous a donné son Fils unique (cf. Romains 8, 26-39). La transformation du cœur qui prie est la première réponse à notre demande.       

2740 La prière de Jésus fait de la prière chrétienne une demande efficace. Il en est le modèle, Il prie en nous et avec nous. Puisque le cœur du Fils ne cherche que ce qui plaît au Père, comment celui des enfants d’adoption s’attacherait-il aux dons plutôt qu’au Donateur ?  

2741 Jésus prie aussi pour nous, à notre place et en notre faveur. Toutes nos demandes ont été recueillies une fois pour toutes dans son Cri sur la Croix et exaucées par le Père dans sa Résurrection et c’est pourquoi il ne cesse d’intercéder pour nous auprès du Père (cf. He 5, 7 ; 7, 25 ; 9, 24). Si notre prière est résolument unie à celle de Jésus, dans la confiance et l’audace filiale, nous obtenons tout ce que nous demandons en son Nom, bien davantage que ceci ou cela : l’Esprit Saint lui-même, qui contient tous les dons.      

IV. Persévérer dans l’amour        
Haut de page           

2742 
"Priez sans cesse" (1 Th 5, 17), " en tout temps et à tout propos, rendez grâces à Dieu le Père au Nom de notre Seigneur Jésus Christ " (Ep 5, 20), " vivez dans la prière et les supplications ; priez en tout temps dans l’Esprit, apportez-y une vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints " (Ep 6, 18). " Il ne nous a pas été prescrit de travailler, de veiller et de jeûner constamment, tandis que c’est pour nous une loi de prier sans cesse " (Evagre, cap. pract. 49 : PG 40, 1245C). Cette ardeur inlassable ne peut venir que de l’amour. Contre notre pesanteur et notre paresse le combat de la prière est celui de l’amour humble, confiant et persévérant. Cet amour ouvre nos cœurs sur trois évidences de foi, lumineuses et vivifiantes :   

2743 Prier est toujours possible : Le temps du chrétien est celui du Christ ressuscité qui est " avec nous, tous les jours " (Mt 28, 20), quelles que soient les tempêtes (cf. Lc 8, 24). Notre temps est dans la main de Dieu :           

Il est possible, même au marché ou dans une promenade solitaire, de faire une fréquente et fervente prière. Assis dans votre boutique, soit en train d’acheter ou de vendre, ou même de faire la cuisine (S. Jean Chrysostome, ecl. 2 : PG 63, 585A).    

2744 Prier est une nécessité vitale. La preuve par le contraire n’est pas moins convaincante : si nous ne laissons pas mener par l’Esprit, nous retombons sous l’esclavage du péché (cf. Ga 5, 16-25). Comment l’Esprit Saint peut-il être " notre Vie " si notre cœur est loin de lui ?          
Rien ne vaut la prière ; elle rend possible ce qui est impossible, facile ce qui est difficile. Il est impossible que l’homme qui prie puisse pécher (S. Jean Chrysostome, Anna 4, 5 : PG 54, 666).           
Qui prie, se sauve certainement ; qui ne prie pas se damne certainement (S. Alphonse de Liguori, mez.).        

2745 Prière et vie chrétiennes sont inséparables car il s’agit du même amour et du même renoncement qui procède de l’amour. La même conformité filiale et aimante au Dessein d’amour du Père. La même union transformante dans l’Esprit Saint qui nous conforme toujours plus au Christ Jésus. Le même amour pour tous les hommes, de cet amour dont Jésus nous a aimés. " Tout ce que vous demanderez au Père en mon Nom, il vous l’accordera. Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres " (Jean 15, 16-17).        
Celui-là prie sans cesse qui unit la prière aux œuvres et les œuvres à la prière. Ainsi seulement nous pouvons considérer comme réalisable le principe de prier sans cesse (Origène, or. 12).    

La prière de l’heure de Jésus       
Haut de page           

2746 
Quand son Heure est venue, Jésus prie le Père (cf. Jean 17). Sa prière, la plus longue transmise par l’Evangile, embrasse toute l’Economie de la création et du salut, comme sa Mort et sa Résurrection. La prière de l’Heure de Jésus demeure toujours la sienne, de même que sa Pâque, advenue " une fois pour toutes ", demeure présente dans la Liturgie de son Église.          

2747 La tradition chrétienne l’appelle à juste titre la prière " sacerdotale " de Jésus. Elle est celle de notre Grand Prêtre, elle est inséparable de son Sacrifice, de son " passage " [pâque] vers le Père où il est " consacré " tout entier au Père (cf. Jean 17, 11. 13. 19).    

2748 Dans cette prière pascale, sacrificielle, tout est " récapitulé " en Lui (cf. Ep 1, 10) : Dieu et le monde, le Verbe et la chair, la vie éternelle et le temps, l’amour qui se livre et le péché qui le trahit, les disciples présents et ceux qui croiront en Lui par leur parole, l’abaissement et la Gloire. Elle est la prière de l’Unité.      

2749 Jésus a tout accompli de l’œuvre du Père et sa prière, comme son Sacrifice, s’étend jusqu’à la consommation du temps. La prière de l’Heure emplit les derniers temps et les porte vers leur consommation. Jésus, le Fils à qui le Père a tout donné, est tout remis au Père, et, en même temps, il s’exprime avec une liberté souveraine (cf. Jean 17, 11. 13. 19. 24) de par le pouvoir que le Père lui a donné sur toute chair. Le Fils, qui s’est fait Serviteur, est le Seigneur, le Pantocratôr. Notre Grand Prêtre qui prie pour nous est aussi Celui qui prie en nous et le Dieu qui nous exauce.            

2750
C’est en entrant dans le saint Nom du Seigneur Jésus que nous pouvons accueillir, du dedans, la prière qu’il nous apprend : "Notre Père !". Sa prière sacerdotale inspire, du dedans, les grandes demandes du Pater : le souci du Nom du Père (cf. Jean 17,6. 11. 12. 26), la passion de son Règne (la Gloire ; cf. Jean 17,1. 5. 10. 24. 23-26), l’accomplissement de la volonté du Père, de son Dessein de salut (cf. Jean 17,2. 4. 6. 9. 11. 12. 24) et la libération du mal (cf. Jean 17,15).           

2751
Enfin, c’est dans cette prière que Jésus nous révèle et nous donne la " connaissance " indissociable du Père et du Fils (cf. Jean 17, 3. 6-10. 25) qui est le mystère même de la Vie de prière.


En bref       
Haut de page           

2752 
La prière suppose un effort et une lutte contre nous mêmes et contre les ruses du Tentateur. Le combat de la prière est inséparable du " combat spirituel " nécessaire pour agir habituellement selon l’Esprit du Christ : On prie comme on vit, parce qu’on vit comme on prie.
      

2753 
Dans le combat de la prière nous devons faire face à des conceptions erronées, à divers courants de mentalité, à l’expérience de nos échecs. A ces tentations qui jettent le doute sur l’utilité ou la possibilité même de la prière il convient de répondre par l’humilité, la confiance et la persévérance.
        

2754 
Les difficultés principales dans l’exercice de la prière sont la distraction et la sécheresse. Le remède est dans la foi, la conversion et la vigilance du cœur.
 

2755 
Deux tentations fréquentes menacent la prière : le manque de foi et l’acédie
[1] qui est une forme de dépression due au relâchement de l’ascèse et portant au découragement.         

2756 
La confiance filiale est mise à l’épreuve quand nous avons le sentiment de n’être pas toujours exaucés. L’Évangile nous invite à nous interroger sur la conformité de notre prière au désir de l’Esprit.
  

2757 
"Priez sans cesse" (1 Th 5, 17). Prier est toujours possible. C’est même une nécessité vitale. Prière et vie chrétienne sont inséparables.

       I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\TableMatieres.gif

       I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\Precedent.gif

       I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\Suivant.gif

Liste des sigles

2758 
La prière de l’Heure de Jésus, appelée à juste titre " prière sacerdotale " (cf. Jean 17), récapitule toute l’Économie de la création et du salut. Elle inspire les grandes demandes du " Notre Père ".
   

Haut de page           

 



[1] Acédie : dégoût pour la prière