"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

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Deuxième livre des Maccabées
(2 Hashmonaîm - 2ème livre des martyrs d'Israël)
Chapitres : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06 - 07 - 08 - 09 - 10 - 11 - 12 - 13 - 14 - 15


Ce livre est classé dans les apocryphes par la tradition protestante et dans les deutérocanoniques pour la tradition catholique. Il figure donc dans la Bible des Septante (les 70 juifs d'Alexandrie qui la rédigèrent), retenue par Saint Augustin, mais non dans la Vulgate, celle établie en Latin par Saint-Jérôme.

Le titre original n'est pas connu. Dans la plupart des Bibles on appelle "Maccabées" les deux livres du surnom de Judas : Maqabi, marteau ou martel. Son auteur est inconnu et le livre est daté de -124 avant J.C.


Chapitre 3
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01 - Alors que les habitants de la ville sainte jouissaient d’une paix entière, et qu’on y observait au mieux les lois grâce à la piété du grand prêtre Onias et à son horreur du mal,

02 - il arrivait que les rois eux-mêmes honoraient le saint lieu et faisaient au sanctuaire les dons les plus magnifiques,

03 - si bien que Séleucus, le roi d’Asie, couvrait de ses revenus personnels toutes les dépenses exigées par le service des sacrifices.

04 - Mais un certain Simon, de la tribu de Bilga, institué prévôt du Temple, se trouva en désaccord avec le grand prêtre au sujet de la police des marchés de la ville.

05 - Comme il ne pouvait l’emporter sur Onias, il alla trouver Apollonius, fils de Thraséas, Gouverneur(stratège) à cette époque de Coelésyrie (Grande-Syrie) et de Phénicie.

06 - Il dénonça le trésor de Jérusalem, disant qu’il regorgeait de richesses inouïes au point que la quantité des sommes était incalculable, et sans aucun rapport avec le compte exigé par les sacrifices, et ajoutant qu’il était possible de les faire tomber en la possession du roi.

07 - Au cours d’une audience chez le roi, Apollonius mit celui-ci au courant de la dénonciation qui lui avait été faite au sujet de ces richesses. Ayant choisi Héliodore qui était à la tête des affaires, le roi l’envoya avec l’ordre de procéder à la confiscation des richesses indiquées.

08 - Aussitôt Héliodore se mettait en route, en apparence pour inspecter les villes de Coelésyrie et de Phénicie, en réalité pour exécuter les intentions du roi.

09 - Arrivé à Jérusalem et reçu amicalement par le grand prêtre et par la ville, il fit part de la révélation qu’on avait faite et expliqua la raison de sa présence; mais il demandait si cette accusation répondait à la vérité.

10 - Le grand prêtre lui représenta que le trésor se composait des dépôts des veuves et des orphelins,

11 - en partie aussi de ceux d’Hyrcan, fils de Tobie, personnage occupant une très haute situation, et que, contrairement aux indications calomnieuses de l’impie Simon, il y avait en tout quatre cents talents d’argent et deux cents talents d’or;

12 - qu’au reste il était absolument impossible de léser ceux qui avaient fait confiance à la sainteté du lieu, à la majesté et à l’inviolabilité d’un Temple vénéré dans le monde entier.

13 - Mais Héliodore, en vertu des ordres du roi, soutenait absolument que ces richesses devaient être confisquées pour le trésor royal.

14 - Au jour fixé par lui, il entrait pour dresser l’inventaire de ces richesses; une très vive inquiétude se répandit alors dans toute la ville.

15 - Les prêtres, revêtus de leurs habits sacerdotaux, se prosternaient devant l’autel et invoquaient le Ciel, auteur de la Loi sur les dépôts, le priant de conserver intacts ces biens à ceux qui les avaient déposés.

16 - A voir l’aspect du grand prêtre, on ne pouvait manquer de sentir une blessure dans le cœur, tant son air et l’altération de son teint faisaient apparaître l’angoisse de son âme.

17 - La frayeur et le tremblement dont cet homme était saisi dans tout son corps rendaient visible à ceux qui le regardaient la souffrance qui lui étreignait le cœur.

18 - Des gens sortaient par groupes des maisons pour prier en commun afin de détourner du saint lieu l’opprobre dont il était menacé.

19 - Les femmes ceintes de sacs au-dessous des seins remplissaient les rues; les jeunes filles, encore tenues à la maison, couraient les unes vers les portes, les autres sur les murs, certaines se penchaient aux fenêtres:

20 - toutes, les mains tendues vers le ciel, clamaient leur supplication.

21 - C’était pitié de voir la prostration confuse de la foule et l’attente du grand prêtre agité d’une grande angoisse.

22 - Tandis qu’on suppliait le Seigneur tout-puissant de garder intacts, en toute sûreté, les dépôts à ceux qui les avaient confiés,

23 - Héliodore, lui, exécutait ce qui avait été décidé.

24 - Il était déjà, avec sa garde, près du Trésor, quand le Souverain des Esprits et de toute puissance fit une grande apparition, de sorte que tous ceux qui avaient osé venir là furent frappés par la force de Dieu et en perdirent vigueur et courage.

25 - Il leur apparut, en effet, un cheval, monté par un cavalier terrifiant, et richement caparaçonné; s’élançant avec impétuosité, il agita contre Héliodore ses sabots de devant. L’homme qui le montait paraissait porter une armure d’or.

26 - En même temps, deux autres jeunes hommes apparurent à Héliodore, d’une force remarquable et d’une très grande beauté, habillés de vêtements magnifiques; s’étant placés de part et d’autre, ils le fustigeaient sans relâche, lui assénant une grêle de coups.

27 - Héliodore tomba tout d’un coup à terre et fut enveloppé d’épaisses ténèbres. On le ramassa pour le mettre dans une litière,

28 - et cet homme, qui venait d’entrer dans le trésor susdit avec une nombreuse suite et toute sa garde, fut emporté, désormais incapable de s’aider lui-même, par des gens qui reconnaissaient ouvertement la souveraineté de Dieu.

29 - Par l’effet de la puissance divine, cet homme gisait donc sans voix, privé de tout espoir et de tout secours.

30 - Quant aux autres, ils bénissaient le Seigneur, qui avait miraculeusement glorifié son saint lieu, et le sanctuaire qui, peu de temps avant, était rempli de frayeur et de trouble, débordait de joie et d’allégresse grâce à la manifestation du Seigneur tout-puissant.

31 - Certains des compagnons d’Héliodore s’empressèrent de demander à Onias qu’il priât le Très-Haut et accordât la vie à l’homme qui gisait là et en était à son dernier souffle.

32 - Dans la crainte que le roi ne conçût le soupçon qu’un mauvais tour avait été joué à Héliodore par les Juifs, le grand prêtre offrit un sacrifice pour le retour de cet homme à la vie.

33 - Pendant que le grand prêtre offrait le sacrifice d’expiation, les mêmes jeunes hommes apparurent de nouveau à Héliodore, revêtus des mêmes habits; debout près de lui, ils lui dirent: "Rends de grandes actions de grâce à Onias le grand prêtre, car c’est grâce à lui que le Seigneur t’accorde la vie sauve;

34 - quant à toi, fustigé du Ciel, va annoncer à tous la grande force de Dieu." Ayant prononcé ces paroles, ils disparurent.

35 - Héliodore, ayant offert un sacrifice au Seigneur et adressé de ferventes prières à celui qui lui avait conservé la vie, prit amicalement congé d’Onias et revint avec son armée auprès du roi.

36 - Il rendait témoignage à tous des œuvres du Dieu très grand, qu’il avait contemplées de ses yeux.

37 - Le roi lui demandant quel homme était indiqué pour être envoyé une nouvelle fois à Jérusalem, Héliodore répondit:

38 - "Si tu as quelque ennemi ou conspirateur contre ton gouvernement, envoie-le là-bas, et tu le recevras roué de coups, si toutefois il en réchappe, car une puissance divine entoure vraiment ce lieu.

39 - Car celui qui a sa demeure dans le Ciel veille sur ce lieu et le protège, et ceux qui y viennent avec de mauvais desseins, il les frappe et les fait périr."

40 - C’est ainsi que se passèrent les événements concernant Héliodore et la conservation du trésor.

Chapitre 4
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01 Le susdit Simon, devenu ainsi dénonciateur du trésor et de la patrie, continuait à calomnier Onias, disant que c’était lui qui avait assailli Héliodore et ourdi ces maux.

02 Le bienfaiteur de la cité, le protecteur de ses frères de race, le zélé observateur des lois, il osait le présenter comme un conspirateur contre le gouvernement.

03 Cette haine grandissait au point que des meurtres furent commis par des hommes recrutés par Simon.

04 Onias, considérant combien cette rivalité était fâcheuse et voyant qu’Apollonius, fils de Ménesthée, stratège de C œlésyrie et de Phénicie, accroissait encore la méchanceté de Simon,

05 se rendit chez le roi, non comme accusateur de ses concitoyens, mais ayant en vue l’intérêt général et particulier de tout le peuple.

06 Il voyait en effet que, sans une décision royale, il était impossible désormais de faire régner la paix dans l’administration et que Simon ne mettrait pas un terme à sa folie.

07 Séleucus ayant quitté cette vie et Antiochus surnommé Epiphane lui ayant succédé sur le trône, Jason, frère d’Onias, usurpa le pontificat,

08 ayant promis au roi, au cours d’une entrevue, trois cent soixante talents d’argent et quatre-vingts talents à prélever sur quelque autre revenu.

09 Il s’engageait en outre à faire transcrire à son compte cent cinquante autres talents s’il lui donnait pouvoir d’établir un gymnase et une éphébie et de faire le recensement des Antiochiens de Jérusalem.

10 Le roi ayant consenti, Jason, dès qu’il eut saisi le pouvoir, amena ses frères de race à échanger leur façon de vivre contre celle des Grecs.

11 Il supprima les franchises que les rois, par humanité, avaient garanties aux Juifs grâce à l’entremise de Jean, père de cet Eupolème qui sera envoyé en ambassade pour conclure un traité d’amitié et d’alliance avec les Romains; il détruisit les institutions légitimes et inaugura des usages contraires à la Loi.

12 Il se fit en effet un plaisir de faire construire un gymnase au pied même de l’Acropole et il conduisit les meilleurs des éphèbes sous le pétase.

13 L’hellénisme et la pénétration étrangère atteignirent un tel degré par suite de l’excessive perversité de Jason, un impie et non un grand prêtre,

14 que les prêtres ne montraient plus aucun empressement pour le service de l’autel, mais que, méprisant le Temple et négligeant les sacrifices, ils se hâtaient de participer dans la palestre aux distributions d’huile, prohibées par la Loi, dès que l’appel du gong avait sonné.

15 Ils ne faisaient aucun cas des honneurs de leur patrie, et ils estimaient au plus haut point les gloires helléniques.

16 Aussi est-ce pour ces raisons qu’ils se trouvèrent ensuite dans une situation pénible et qu’en ceux-là mêmes dont ils cherchaient à copier les façons de vivre et auxquels ils voulaient ressembler en tout, ils rencontrèrent des ennemis et des bourreaux.

17 On ne viole pas sans inconvénient les lois divines, c’est ce que la période qui suit va montrer.

18 Comme on célébrait à Tyr les jeux quadriennaux en présence du roi,

19 l’impur Jason envoya des représentants des Antiochiens de Jérusalem, portant avec eux trois cents drachmes d’argent pour le sacrifice à Héraclès. Mais ceux-là mêmes qui les portaient jugèrent qu’il ne convenait pas de les affecter à ce sacrifice et qu’elles seraient réservées à une autre dépense.

20 L’argent destiné au sacrifice d’Héraclès par celui qui l’avait envoyé fut donc employé, par l’initiative de ceux qui l’apportaient, à la construction des trirèmes.

21 Apollonius, fils de Ménesthée, ayant été envoyé en Egypte pour assister aux noces du roi Philométor, Antiochus apprit que ce dernier était devenu hostile à sa politique et songea à sa propre sécurité. Cette préoccupation l’amena à Joppé, d’où il se rendit à Jérusalem.

22 Grandement reçu par Jason et par la ville, il fut introduit à la lumière des flambeaux et au milieu des acclamations. A la suite de quoi, il emmena son armée camper en Phénicie.

23 Au bout de trois ans, Jason envoya Ménélas, frère du Simon signalé plus haut, porter l’argent au roi et mener à bien la négociation des affaires urgentes.

24 Ménélas ayant été présenté au roi et l’ayant abordé avec les manières d’un personnage important, se fit attribuer le pontificat à lui-même, évinçant Jason en offrant trois cents talents de plus que lui.

25 Il revint muni des lettres royales d’investiture, sans rien à son actif qui fût digne du pontificat et n’ayant à faire valoir que les fureurs d’un tyran cruel et la rage d’une bête sauvage.

26 Ainsi Jason, qui avait supplanté son propre frère, fut supplanté à son tour par un autre et dut s’exiler en Ammanitide.

27 Quant à Ménélas, il possédait bien le pouvoir, mais il ne payait rien au roi de l’argent qu’il lui avait promis.

28 Cependant Sostrate, commandant de l’Acropole, lui présentait des réclamations, puisque c’est à lui que revenait la perception des impôts. Aussi bien tous les deux furent-ils convoqués par le roi.

29 Ménélas laissa pour le remplacer comme grand prêtre son frère Lysimaque, et Sostrate laissa Cratès, le chef des Chypriotes.

30 Sur ces entrefaites, il arriva que les habitants de Tarse et de Mallos se révoltèrent, parce que leurs villes avaient été données comme cadeau à Antiokhis, la concubine du roi.

31 Le roi partit donc en hâte pour régler cette affaire, laissant pour le remplacer Andronique, un des grands dignitaires.

32 Convaincu de saisir un moment favorable, Ménélas déroba quelques objets d’or du sanctuaire, en fit présent à Andronique et réussit à en vendre d’autres à Tyr et aux villes voisines.

33 Ayant eu des renseignements précis sur ce méfait, Onias lui adressa des reproches après s’être retiré dans le lieu inviolable de Daphné près d’Antioche.

34 En conséquence, Ménélas, prenant à part Andronique, le pressait de supprimer Onias. Andronique alla donc trouver Onias; se fiant à la ruse, il lui tendit la main droite avec serment et le décida, bien qu’il gardât quelque doute, à sortir de son asile, sur quoi il le mit à mort sur-le-champ, sans égard pour la justice.

35 Pour cette raison, non seulement les Juifs, mais aussi beaucoup de gens parmi les autres nations furent indignés et choqués du meurtre injuste de cet homme.

36 Lorsque le roi fut rentré des cités de Cilicie, les Juifs de la ville et les Grecs qui partageaient leur haine du mal vinrent le trouver au sujet du meurtre injustifié d’Onias.

37 Affligé jusqu’au fond de l’âme et touché de compassion, Antiochus versa des larmes au souvenir de la sagesse et de la grande modération du défunt.

38 Enflammé d’indignation, il dépouilla immédiatement Andronique de la pourpre et déchira ses vêtements, puis l’ayant fait mener par toute la ville jusqu’à l’endroit même où il avait exercé son impiété sur Onias, il y envoya le meurtrier hors de ce monde, le Seigneur frappant ainsi Andronique d’un juste châtiment.

39 Or un grand nombre de vols sacrilèges ayant été commis dans la ville par Lysimaque avec la complicité de Ménélas, et le bruit s’en étant répandu au dehors, le peuple s’ameuta contre Lysimaque, alors que beaucoup d’objets d’or avaient déjà été dispersés.

40 Comme la multitude se soulevait, débordante de colère, Lysimaque arma près de trois mille hommes et lança d’injustes attaques sous le commandement d’un certain Auranos, homme avancé en âge, mais non moins en folie.

41 S’apercevant que cette agression venait, elle aussi, de Lysimaque, les uns se saisissaient de pierres, d’autres de gourdins; certains puisaient à pleines mains dans la cendre qui se trouvait là, et assaillirent en une mêlée confuse les gens de Lysimaque.

42 Aussi leur firent-ils beaucoup de blessés et quelques morts; ils mirent le reste en fuite et massacrèrent le sacrilège lui-même près du trésor.

43 Sur ces faits un procès fut intenté à Ménélas.

44 Lorsque le roi vint à Tyr, les trois hommes envoyés par le Conseil des Anciens plaidèrent leur cause en sa présence.

45 Voyant déjà la partie perdue, Ménélas promit des sommes importantes à Ptolémée, fils de Dorymène, pour qu’il gagnât le roi à sa cause.

46 Aussi Ptolémée, ayant emmené le roi sous le péristyle, sous prétexte de lui faire prendre le frais, le fit changer d’avis.

47 Ainsi cet homme qui fut l’auteur de tout le mal, Ménélas, le roi le renvoya absous de toutes les accusations, tandis qu’il condamna à mort des malheureux qui, s’ils avaient plaidé leur cause même devant des Scythes, eussent été renvoyés acquittés.

48 Ils subirent donc sans délai cette peine injuste, ceux qui avaient pris la défense de la ville, des bourgs et des vases sacrés.

49 Aussi vit-on même des Tyriens, outrés de cette méchanceté, pourvoir magnifiquement à leur sépulture.

50 Quant à Ménélas, grâce à la cupidité des puissants, il se maintint au pouvoir, croissant en malice et se posant en grand ennemi de ses concitoyens.

Chapitre 5
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01 Vers ce temps-là, Antiochus se mit à préparer sa seconde attaque contre l’Egypte.

02 Or il arriva que dans toute la ville, pendant près de quarante jours, apparurent, courant dans les airs, des cavaliers vêtus de manteaux brodés d’or, des troupes armées disposées en cohortes,

03 des escadrons de cavalerie rangés en ordre de bataille, des attaques et des charges lancées de part et d’autre, des boucliers agités, des forêts de piques, des épées tirées, des lancements de traits, des scintillements d’armures d’or et des cuirasses de tout genre.

04 Aussi tous priaient pour que cette apparition fût de bon augure.

05 Or, la fausse rumeur de la mort d’Antiochus s’étant répandue, Jason, ne prenant pas moins d’un millier d’hommes avec lui, dirigea à l’improviste une attaque contre la ville. La muraille forcée et la ville finalement prise, Ménélas se réfugia dans l’Acropole.

06 Jason se livrait sans ménagement au massacre de ses propres concitoyens, sans songer que le succès remporté sur ses frères de race était le plus grand des revers, s’imaginant remporter des trophées sur des ennemis et non sur des compatriotes.

07 D’un côté, il ne réussit pas à s’emparer du pouvoir, et, de l’autre, il finit par se couvrir de honte à cause de sa trahison, et se retira de nouveau dans son exil en Ammanitide.

08 Sa conduite criminelle trouva donc un terme: enfermé chez Arétas, tyran des Arabes, fuyant la ville, poursuivi par tous, détesté comme renégat des lois, exécré comme le bourreau de sa patrie et de ses concitoyens, il échoua en Egypte.

09 Cet homme, qui avait banni de leur patrie un grand nombre de personnes, périt sur une terre étrangère, s’étant rendu à Lacédémone dans l’espoir d’y trouver un refuge en considération d’une commune origine.

10 Lui, qui avait jeté tant d’hommes sur le sol sans sépulture, nul ne le pleura ni ne lui rendit les derniers devoirs, et il n’eut aucune place dans le tombeau de ses pères.

11 Lorsque ces événements furent arrivés à la connaissance du roi, il en conclut que la Judée faisait défection. Il quitta donc l’Egypte, furieux comme une bête sauvage, et prit la ville à main armée.

12 Il ordonna ensuite aux soldats d’abattre sans pitié tous ceux qui leur tomberaient entre les mains et d’égorger ceux qui monteraient dans les maisons.

13 On extermina jeunes et vieux, on supprima femmes et enfants, on égorgea vierges et nourrissons.

14 Il y eut quatre-vingt mille victimes en ces trois jours; quarante mille tombèrent sous les coups, et le nombre de ceux qui furent vendus comme esclaves ne fut pas moindre.

15 Non content de cela, il osa pénétrer dans le sanctuaire le plus saint de toute la terre, ayant pour guide Ménélas, devenu traître envers les lois et envers sa patrie.

16 Il prit de ses mains impures les vases sacrés, et les offrandes que les autres rois avaient déposées pour le développement, la gloire et la dignité du saint lieu, il les rafla de ses mains profanes.

17 Antiochus s’exaltait en pensée, ne voyant pas que c’était à cause des péchés des habitants de la ville que le souverain Maître était irrité pour peu de temps, et que c’était là la raison de son indifférence apparente envers le lieu saint.

18 S’ils n’avaient pas été plongés dans une multitude de péchés, lui aussi, à l’instar d’Héliodore envoyé par Séleucus pour inspecter le trésor, il aurait été, dès son arrivée, flagellé et détourné ainsi de son audacieuse entreprise.

19 Mais le Seigneur a choisi non pas le peuple à cause du saint lieu, mais le saint lieu à cause du peuple.

20 C’est pourquoi le lieu lui-même, après avoir participé aux malheurs arrivés au peuple, a eu part, dans la suite, aux bienfaits; abandonné au moment de la colère du Tout-Puissant, il a été de nouveau, en vertu de la réconciliation avec le souverain Maître, restauré dans toute sa gloire.

21 Antiochus donc, après avoir enlevé au Temple dix-huit cents talents, se hâta de se rendre à Antioche, croyant, dans sa superbe et l’exaltation de son cœur, avoir rendu navigable la terre ferme et la mer praticable à la marche.

22 Mais il laissa des préposés pour faire du mal à la nation; à Jérusalem, Philippe, phrygien de race, de caractère plus barbare encore que celui qui l’avait institué;

23 sur le mont Garizim, Andronique, et en plus de ceux-ci Ménélas, qui s’élevait avec plus de méchanceté que les autres au-dessus de ses concitoyens. Nourrissant à l’égard des Juifs une hostilité foncière,

24 le roi envoya le Mysarque Apollonius à la tête d’une armée de vingt-deux mille hommes avec ordre d’égorger tous ceux qui étaient dans la force de l’âge et de vendre les femmes et les enfants.

25 Arrivé en conséquence à Jérusalem et jouant le personnage pacifique, Apollonius attendit jusqu’au saint jour du sabbat où, profitant du chômage des Juifs, il commanda à ses subordonnés une prise d’armes.

26 Tous ceux qui étaient sortis pour assister au spectacle, il les fit massacrer et, envahissant la ville avec ses soldats en armes, il abattit un grand nombre de personnes.

27 Or Judas le Maccabée, avec une dizaine d’autres, se retira dans le désert; lui et ses compagnons vivaient à la manière des bêtes sur les montagnes, ne mangeant jamais que des herbes pour éviter toute souillure.

 

Chapitre 6
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1 - Peu de temps après, le roi envoya Géronte l’Athénien pour forcer les Juifs à s’éloigner des lois de leurs pères et à cesser de régler leur vie sur les lois de Dieu,

2 - pour profaner le Temple de Jérusalem et le dédier à Zeus Olympien, et pour dédier à Zeus Hospitalier celui du mont Garizim, comme le demandaient les habitants du lieu.

3 - L’invasion de ces maux, même pour la masse, était pénible et intolérable.

4 - Le Temple était en effet rempli de débauches et d’orgies: des païens se divertissaient avec des courtisanes, avaient commerce avec des femmes dans les parvis sacrés et y apportaient des choses défendues.

5 - L’autel était couvert des victimes impures, interdites par les lois.

6 - Il n’était pas permis de célébrer le sabbat ni d’observer les fêtes de nos pères, ni simplement de confesser qu’on était juif.

7 - On était conduit par une amère contrainte à participer tous les mois à un repas rituel, le jour de la naissance du roi, et quand arrivaient les fêtes dionysiaques, on était forcé d’accompagner, couronné de lierre, le cortège de Dionysos.

8 - Un décret fut rendu, à l’instigation des habitants de Ptolémaïs, pour que dans les villes grecques du voisinage on tînt la même conduite à l’égard des Juifs et que ceux-ci prissent part au repas rituel,

9 - avec ordre d’égorger ceux qui ne se décideraient pas à adopter les coutumes grecques. On pouvait prévoir dès lors la calamité imminente.

10 - Ainsi deux femmes furent déférées en justice pour avoir fait circoncire leurs enfants. On leur fit faire en public le tour de la ville, leurs enfants suspendus aux mamelles, avant de les précipiter du haut des remparts.

11 - D’autres s’étaient rendus ensemble dans les cavernes voisines pour y célébrer en cachette le jour du sabbat. Dénoncés à Philippe, ils furent brûlés ensemble, parce qu’ils renonçaient à se défendre eux-mêmes par respect pour la sainteté du jour.

12 - Je recommande donc à ceux qui auront ce livre entre les mains de ne pas se laisser décourager à cause de ces calamités, mais de penser que ces persécutions ont eu lieu, non pas pour la ruine, mais pour l’éducation de notre race.

13 - Quand les impies ne sont pas laissés longtemps à eux-mêmes, mais que les châtiments les atteignent promptement, c’est un signe de grande bonté.

14 - Pour châtier les autres nations, le souverain Maître attend en effet avec longanimité qu’elles arrivent à combler la mesure de leurs iniquités; mais ce n’est pas ainsi qu’il a jugé juste d’agir avec nous,

15 - afin qu’il n’ait pas à nous punir à la dernière extrémité, à un moment où nos péchés auraient atteint leur terme.

16 - Aussi ne retire-t-il jamais de nous sa miséricorde: en le formant par l’adversité, il n’abandonne pas son peuple.

17 - Qu’il nous suffise d’avoir rappelé cette vérité; après ces quelques mots, il nous faut revenir à notre récit.

18 - Eléazar, un des premiers docteurs de la Loi, homme déjà avancé en âge et du plus noble extérieur, était contraint, tandis qu’on lui ouvrait la bouche de force, de manger de la chair de porc.

19 - Mais préférant une mort glorieuse à une vie infâme, il avançait volontairement vers le supplice de la roue.

20 - Il cracha ce qu’il avait dans la bouche, comme doivent le faire ceux qui ont le courage de repousser ce qu’il n’est pas permis de manger par amour de la vie.

21 - Ceux qui présidaient à ce repas rituel interdit par la Loi prirent Eléazar à part, parce que cet homme était pour eux une connaissance de vieille date, et l’engagèrent à se faire apporter des viandes dont il lui était permis de faire usage et préparées par lui, mais à feindre de manger la portion des chairs de la victime prescrite par le roi:

22 - en agissant ainsi, il serait préservé de la mort et profiterait de cet acte d’humanité dû à leur vieille amitié pour lui.

23 - Mais lui, voulant agir dans l’honneur, de façon digne de son âge, de l’autorité de sa vieillesse et de ses vénérables cheveux blanchis dans le labeur, digne d’une conduite parfaite depuis l’enfance, mais surtout de la sainte législation établie par Dieu, répondit en conséquence qu’on l’envoyât sans tarder au séjour des morts.

24 - Et il ajouta : "A notre âge, il est indigne de feindre; autrement beaucoup de jeunes gens, croyant qu’Eléazar a embrassé à quatre-vingt-dix ans le genre de vie des étrangers,

25 - s’égareraient eux aussi à cause d’une dissimulation qui ne me ferait gagner, bien mal à propos, qu’un petit reste de vie. Je ne ferais qu’attirer sur ma vieillesse souillure et déshonneur,

26 - et quand même je me soustrairais pour le présent au châtiment des hommes, je n’échapperais, ni vivant ni mort, aux mains du Tout-Puissant.

27 - En quittant donc maintenant la vie avec courage, je me montrerai digne de ma vieillesse,

28 - ayant laissé aux jeunes le noble exemple d’une belle mort, volontaire et généreuse, pour les vénérables et saintes lois." Ayant prononcé ces paroles, il alla tout droit au supplice de la roue.

29 - Ceux qui l’y conduisaient changèrent en malveillance la bienveillance qu’ils avaient eue pour lui peu auparavant, parce que le discours qu’il venait de tenir était à leur point de vue de la folie.

30 - Mais lui, sur le point de mourir sous les coups, dit en soupirant: "Au Seigneur qui possède la science sainte, il est manifeste que, pouvant échapper à la mort, j’endure dans mon corps des douleurs cruelles sous les fouets, mais qu’en mon âme je les souffre avec joie à cause de la crainte qu’il m’inspire."

31 - C’est ainsi que cet homme quitta la vie, laissant par sa mort, non seulement aux jeunes, mais à la grande majorité de la nation, un exemple de noble courage et un mémorial de vertu.

Chapitre 10
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01 - Maccabée, avec ses compagnons, recouvra sous la conduite du Seigneur le sanctuaire et la ville.

02 - Il détruisit les autels élevés sur la place publique par les étrangers ainsi que les lieux de culte.

03 - Après avoir purifié le Temple, ils bâtirent un autre autel; ils tirèrent des étincelles de pierres à feu, prirent du feu à cette source et offrirent un sacrifice après deux ans d’interruption; ils firent fumer l’encens, allumèrent les lampes et exposèrent les pains.

04 - Ayant accompli ces rites, ils prièrent le Seigneur, prosternés sur le ventre, de ne plus les laisser tomber dans de tels maux, mais, s’il leur arrivait jamais de pécher, de les corriger avec mesure et de ne pas les livrer à des nations blasphématrices et barbares.

05 - Ce fut le jour même où le Temple avait été profané par des étrangers que tomba aussi le jour de la purification du Temple, le vingt-cinq du même mois, qui est Kislew.

06 - Ils célébrèrent avec allégresse les huit jours à la manière des Tentes, se souvenant comment, il y a peu de temps, ils avaient passé les jours de la fête des Tentes en gîtant dans les montagnes et dans les grottes à la façon des bêtes sauvages.

07 - C’est pourquoi, portant des thyrses, des rameaux verts et des palmes, ils firent monter des hymnes vers celui qui avait mené à bien la purification de son lieu saint.

08 - Ils décrétèrent par un édit public, confirmé par un vote, à l’adresse de toute la nation des Juifs, que chaque année ces jours seraient célébrés.

09 - Telles furent donc les circonstances de la mort d’Antiochus surnommé Epiphane.

10 - Nous allons maintenant exposer les événements qui concernent Antiochus Eupator, fils de l’impie, en résumant les calamités liées aux guerres.

11 - Ayant hérité du royaume, ce prince nomma en effet à la tête des affaires un certain Lysias, le stratège en chef de Coelésyrie et de Phénicie.

12 - Quant à Ptolémée, surnommé Makrôn, le premier à observer la justice à l’égard des Juifs à cause des torts qu’on leur avait infligés, il avait essayé de les administrer pacifiquement.

13 - Accusé en conséquence par les amis du roi auprès d’Eupator, il s’entendait appeler traître à toute occasion pour avoir abandonné Chypre que lui avait confiée Philométor et avoir passé du côté d’Antiochus Epiphane. N’ayant pas fait honneur à la noblesse de sa dignité, il quitta la vie en s’empoisonnant.

14 - Gorgias, devenu stratège de la région, entretenait des troupes mercenaires et saisissait toutes les occasions pour faire la guerre aux Juifs.

15 - En même temps, les Iduméens, maîtres de forteresses bien placées, harcelaient les Juifs et, ayant accueilli les proscrits de Jérusalem, se mettaient à fomenter la guerre.

16 - Mais Maccabée et ses soldats, après avoir fait des prières publiques et demandé à Dieu d’être leur allié, se mirent en marche contre les forteresses des Iduméens.

17 - Après une attaque vigoureuse, ils s’emparèrent de ces positions et repoussèrent tous ceux qui combattaient sur les remparts; ils égorgeaient ceux qui tombaient entre leurs mains et n’en tuèrent pas moins de vingt mille.

18 - Neuf mille hommes au moins s’étant réfugiés dans deux tours particulièrement fortes, munies de tout ce qu’il faut pour soutenir un siège,

19 - Maccabée laissa pour les assiéger Simon et Joseph avec Zachée et les siens en nombre suffisant et partit lui-même pour des endroits où il y avait urgence.

20 - Mais les gens de Simon, avides de richesses, se laissèrent gagner à prix d’argent par quelques-uns de ceux qui gardaient les tours et, pour une somme de soixante-dix mille drachmes, ils en laissèrent s’échapper un certain nombre.

21 - Quand on eut annoncé à Maccabée ce qui était arrivé, il réunit les chefs de la troupe et accusa les coupables d’avoir vendu leurs frères à prix d’argent en relâchant contre eux leurs ennemis.

22 - Il les fit donc exécuter comme traîtres et s’empara aussitôt des deux tours.

23 - Menant à bien toute l’expédition dirigée par lui, il anéantit dans ces deux forteresses plus de vingt mille hommes.

24 - Or Timothée, qui avait été vaincu précédemment par les Juifs, ayant levé des forces étrangères en grand nombre et rassemblé quantité de chevaux venus d’Asie, parut en Judée avec l’intention de conquérir ce pays par les armes.

25 - A son approche, Maccabée et ses hommes suppliaient Dieu, la tête saupoudrée de terre et les reins ceints d’un cilice.

26 - Prosternés contre le soubassement antérieur de l’autel, ils demandaient à Dieu de leur être favorable, d’être l’ennemi de leurs ennemis et l’adversaire de leurs adversaires, d’après les claires expressions de la Loi.

27 - Au sortir de la prière, ils prirent les armes et avancèrent jusqu’à une assez grande distance de la ville; quand ils furent près de l’ennemi, ils s’arrêtèrent.

28 - Au moment où se diffusait la clarté du soleil levant, ils attaquèrent de part et d’autre, les uns ayant pour gage du succès et de la victoire, avec leur vaillance, le recours au Seigneur, les autres prenant pour guide des batailles leur colère.

29 - Pendant le violent combat qui s’engageait, apparurent du ciel aux ennemis, sur des chevaux aux freins d’or, cinq hommes magnifiques qui se mirent à la tête des Juifs.

30 - Prenant Maccabée au milieu d’eux et le protégeant de leurs armures, ils le gardaient invulnérable, mais sur les adversaires ils lançaient des traits et la foudre, de façon que ceux-ci, bouleversés par l’éblouissement, se dispersèrent dans le plus grand désordre.

31 - Vingt mille cinq cents fantassins et six cents cavaliers furent égorgés.

32 - Timothée lui-même s’enfuit dans une place forte très bien gardée, appelée Gazara, où commandait Khéréas.

33 - Mais Maccabée et les siens l’assiégèrent pendant quatre jours avec une ardeur joyeuse.

34 - Confiants dans la sécurité de la place, ceux qui se trouvaient à l’intérieur multipliaient les blasphèmes et ne cessaient de proférer des paroles impies.

35 - Le cinquième jour commençant à poindre, vingt jeunes gens des soldats de Maccabée, enflammés de colère par les blasphèmes, s’élancèrent sur la muraille, animés d’un mâle courage et d’une colère farouche, et ils massacrèrent quiconque tombait entre leurs mains.

36 - D’autres montèrent de la même manière contre les assiégés en les prenant à revers, incendièrent les tours et, allumant des bûchers, brûlèrent vifs les blasphémateurs. Quant aux premiers, ils brisèrent les portes, firent entrer le reste de l’armée et furent les premiers à occuper la ville.

37 - Ils égorgèrent Timothée, qui s’était caché dans une citerne, et avec lui son frère Khéréas et Apollophane.

38 - Après avoir accompli ces exploits, ils bénissaient avec des hymnes et des louanges le Seigneur qui accordait de grands bienfaits à Israël et qui leur donnait la victoire.

Chapitre 11
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1 - Très peu de temps après, Lysias, tuteur et parent du roi, à la tête des affaires du royaume, très affecté par les derniers événements,

2 - rassembla environ quatre-vingt mille fantassins avec toute sa cavalerie et se mit en marche contre les Juifs, comptant faire de la ville une résidence pour les Grecs,

3 - soumettre le sanctuaire à un impôt à l’instar des autres temples des nations et mettre en vente tous les ans la dignité de grand prêtre,

4 - sans tenir aucun compte de la puissance de Dieu, mettant une confiance arrogante dans ses myriades de fantassins, dans ses milliers de cavaliers et ses quatre-vingts éléphants.

5 - Arrivé en Judée, il s’approcha de Bethsour, place forte distante de Jérusalem d’à peu près cinq skhènes, et la pressa vivement.

6 - Lorsque Maccabée et les siens apprirent que Lysias assiégeait les forteresses, ils supplièrent le Seigneur avec gémissements et larmes, de concert avec la foule, d’envoyer un bon ange à Israël pour le sauver.

7 - Maccabée lui-même, prenant les armes le premier, exhorta les autres à s’exposer avec lui au danger pour secourir leurs frères. Ceux-là s’élancèrent, poussés par une ardeur commune;

8 - alors qu’ils se trouvaient encore près de Jérusalem, un cavalier vêtu de blanc apparut à leur tête, agitant des armes d’or.

9 - Tous à la fois bénirent alors le Dieu miséricordieux et se sentirent animés d’une grande force, prêts à transpercer non seulement des hommes, mais aussi les bêtes les plus sauvages et des murailles de fer.

10 - Ils avancèrent en ordre de bataille, ayant un allié venu du Ciel, le Seigneur ayant eu pitié d’eux.

11 - Fonçant sur les ennemis à la façon des lions, ils firent tomber onze mille fantassins et seize cents cavaliers et contraignirent toute l’armée des ennemis à fuir.

12 - La plupart d’entre eux s’échappèrent blessés et sans armes, et Lysias lui-même se sauva par une fuite honteuse.

13 - Mais Lysias, ne manquant pas de sens, réfléchit sur la défaite qu’il venait d’essuyer et, comprenant que les Hébreux étaient invincibles puisque le Dieu puissant était leur allié, il envoya des messagers

14 - leur proposer la réconciliation sous toutes conditions équitables et promit d’obliger aussi le roi à devenir leur ami.

15 - Maccabée consentit à tout ce que proposait Lysias par souci du bien public, et tout ce que Maccabée transmit par écrit à Lysias au sujet des Juifs, le roi l’accorda.

16 - La lettre écrite aux Juifs par Lysias était ainsi libellée: "Lysias à l’ensemble des Juifs, salut!

17 - Jean et Absalom, vos émissaires, m’ayant remis l’acte transcrit ci-dessous, m’ont prié de ratifier les articles qu’il contient.

18 - J’ai donc exposé au roi ce qui devait lui être soumis, après avoir moi-même accordé ce qui était possible.

19 - Si donc vous conservez vos dispositions favorables envers l’Etat, je m’efforcerai aussi à l’avenir de travailler à votre bien.

20 - Quant aux matières de détail, j’ai donné des ordres à vos émissaires et à mes gens pour en conférer avec vous.

21 - Portez-vous bien. L’an cent quarante-huit, le vingt-quatre du mois de Dioscore."

22 - La lettre du roi contenait ce qui suit: "Le roi Antiochus à son frère Lysias, salut!

23 - Notre père ayant émigré vers les dieux, et nous-mêmes voulant que les habitants de notre royaume soient exempts de trouble pour s’appliquer au soin de leurs propres affaires,

24 - ayant appris que les Juifs, ne consentant pas à l’adoption des mœurs grecques voulue par notre père, mais préférant leur manière de vivre particulière, demandent qu’on leur permette l’observation de leurs lois,

25 - désirant donc que ce peuple soit lui aussi exempt de trouble, nous décidons que le Temple leur soit restitué et qu’ils puissent vivre en citoyens selon les coutumes de leurs ancêtres.

26 - Tu feras donc bien d’envoyer quelqu’un vers eux et de leur tendre la main afin que, connaissant le parti adopté par nous, ils aient confiance et passent leur temps à gérer en toute sérénité leurs propres affaires."

27 - A l’adresse de la nation des Juifs, la lettre du roi était ainsi conçue: "Le roi Antiochus au sénat des Juifs et aux autres Juifs, salut!

28 - Si vous allez bien, cela est conforme à nos vœux, et nous-mêmes nous sommes en bonne santé.

29 - Ménélas nous a fait connaître votre désir de retourner chez vous pour vaquer à vos affaires.

30 - Tous ceux qui retourneront chez eux avant le trente du mois de xanthique obtiendront l’assurance de l’impunité.

31 - Les Juifs pourront faire usage de leurs aliments particuliers et de leurs lois comme par le passé, et personne d’entre eux ne sera molesté d’aucune façon pour des fautes commises par ignorance.

32 - J’ai envoyé aussi Ménélas pour vous tranquilliser.

33 - Portez-vous bien. L’an cent quarante-huit, le quinze du mois de xanthique."

34 - Les Romains de leur côté adressèrent aux Juifs une lettre de cette teneur: "Quintus Memmius, Titus Manilius et Manius Sergius, légats romains, au peuple des Juifs, salut!

35 - Les choses que Lysias, parent du roi, vous a accordées, nous vous les concédons aussi.

36 - Quant à celles qu’il a jugé devoir soumettre au roi, envoyez-nous quelqu’un sans délai après les avoir examinées, afin que nous les exposions au roi d’une façon qui vous soit avantageuse, car nous nous rendons à Antioche.

37 - Hâtez-vous donc de nous expédier des gens, afin que nous sachions, nous aussi, quelles sont vos intentions.

38 - Portez-vous bien. L’an cent quarante-huit, le quinze du mois de xanthique."

Chapitre 12
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01 - Ces traités conclus, Lysias revint chez le roi, et les Juifs s’appliquaient aux travaux des champs.

02 - Mais parmi les stratèges en place, Timothée et Apollonius, fils de Gennéus, en plus Hiéronyme et Démophon, à qui s’ajoutait Nikanor le Cypriarque, ne laissaient goûter aux Juifs ni repos ni tranquillité.

03 - Les habitants de Joppé commirent un acte particulièrement impie. Ils invitèrent les Juifs domiciliés chez eux à monter avec leurs femmes et leurs enfants sur des embarcations préparées par eux puisque, disaient-ils, il n’existait aucune inimitié à leur égard.

04 - Sur l’assurance d’un décret rendu par le peuple de la ville, les Juifs de leur côté acceptèrent leur proposition, pour marquer qu’ils désiraient la paix et qu’ils étaient sans défiance. Mais quand ils furent arrivés au large, on les envoya par le fond au nombre d’au moins deux cents.

05 - Dès que Judas eut appris la cruauté commise contre les gens de sa nation, il fit savoir ses ordres à ses hommes

06 - et, après avoir invoqué Dieu, le juge équitable, il marcha contre les meurtriers de ses frères. Il incendia le port pendant la nuit, brûla les vaisseaux et fit transpercer ceux qui y avaient cherché un refuge.

07 - Mais la place ayant été fermée, il partit avec l’intention d’y revenir pour extirper aussi toute la cité des Joppites.

08 - Averti que les habitants de Jamnia voulaient jouer le même tour aux Juifs qui habitaient parmi eux,

09 - il attaqua de nuit aussi les Jamnites, incendia le port avec la flotte, à tel point que les lueurs des flammes furent aperçues jusqu’à Jérusalem à une distance de deux cent quarante stades.

10 - Il s’était éloigné avec son armée à neuf stades de là, lors d’une marche contre Timothée, quand tombèrent sur lui des Arabes au nombre d’au moins cinq mille hommes de pied et cinq cents cavaliers.

11 - Un violent combat s’étant engagé, et les soldats de Judas ayant été victorieux avec l’aide de Dieu, les nomades vaincus demandèrent à Judas de leur donner la main droite, promettant de lui fournir du bétail et de lui être utiles en toute autre circonstance.

12 - Comprenant qu’ils pourraient réellement lui rendre beaucoup de services, Judas consentit à faire la paix avec eux, et après qu’on se fut donné la main, ils se retirèrent sous les tentes.

13 - Judas attaqua aussi une certaine ville forte, entourée de remparts et habitée par un mélange de nations. Son nom était Kaspîn.

14 - Les assiégés, confiants dans la solidité de leurs murs et leurs dépôts de vivres, étaient grossiers à l’excès envers les soldats de Judas, joignant aux insultes les blasphèmes et des propos qu’il n’est pas permis de tenir.

15 - Mais Judas et ses soldats, ayant invoqué le grand Souverain du monde, celui qui sans béliers ni machines de guerre renversa Jéricho au temps de Josué, assaillirent le mur avec fureur.

16 - S’étant emparés de la ville par la volonté de Dieu, ils firent un carnage indescriptible, à tel point que l’étang voisin, d’une largeur de deux stades, paraissait rempli par le sang qui y avait coulé.

17 - Après s’être éloignés de là de sept cent cinquante stades, ils atteignirent le Kharax, du côté des Juifs appelés Toubiens.

18 - Quant à Timothée, ils ne le trouvèrent point en ces lieux car il s’en était éloigné sans avoir rien fait, mais non sans avoir laissé en un certain point une garnison vraiment très forte.

19 - Dosithée et Sosipater, généraux de Maccabée, s’y rendirent et firent périr les hommes laissés par Timothée dans la forteresse, au nombre de plus de dix mille.

20 - Maccabée de son côté, ayant groupé son armée en cohortes, nomma ceux qui seraient à leur tête et se mit en marche contre Timothée, qui avait autour de lui cent vingt mille fantassins et deux mille cinq cents cavaliers.

21 - Informé de l’approche de Judas, Timothée évacua les femmes et les enfants, avec le reste des bagages, au lieu dit le Karnion, car la place était inexpugnable et difficilement accessible à cause de l’étroitesse des passes dans toute la région.

22 - La cohorte de Judas parut la première: l’épouvante ayant saisi l’ennemi ainsi que la crainte que leur inspirait la manifestation de celui qui voit tout, ils prirent la fuite dans toutes les directions, de sorte que souvent ils se blessaient entre eux et se transperçaient avec la pointe de leur épée.

23 - Judas les poursuivit avec une énergie particulière, passant au fil de l’épée ces criminels dont il fit périr jusqu’à trente mille hommes.

24 - Timothée, étant tombé lui-même aux mains des soldats de Dosithée et de Sosipater, leur demandait avec beaucoup d’astuce de le laisser partir sain et sauf, parce qu’il tenait en son pouvoir, disait-il, des parents et même des frères de beaucoup d’entre eux, à qui il arriverait d’être exécutés.

25 - Quand il leur eut assuré par de longs discours qu’il leur restituerait ces hommes sains et saufs en vertu de l’engagement qu’il prenait, ils le relâchèrent pour sauver leurs frères.

26 - S’étant rendu au Karnion et à l’Atargateion, Judas fit égorger vingt-cinq mille hommes.

27 - Après la défaite et la destruction de ces ennemis, il conduisit aussi son armée contre Ephrôn, ville forte où habitait Lysanias. De robustes jeunes gens avaient pris position devant les murailles et combattaient avec vigueur; il y avait là de grandes quantités de machines et de projectiles en réserve.

28 - Mais, ayant invoqué le Souverain qui brise par sa force la défense des ennemis, les Juifs se rendirent maîtres de la ville et couchèrent sur le sol environ vingt-cinq mille hommes parmi ceux qui se trouvaient à l’intérieur des murs.

29 - Ayant quitté ce lieu, ils marchèrent contre Scythopolis, à six cents stades de Jérusalem.

30 - Mais les Juifs qui y étaient établis ayant attesté la bienveillance que les Scythopolitains avaient eue pour eux et l’accueil courtois qu’ils leur avaient réservé au temps du malheur,

31 - Judas et ses soldats remercièrent ces derniers et les exhortèrent à être bien disposés pour leur race encore à l’avenir. Ils arrivèrent à Jérusalem peu de temps avant la fête des Semaines.

32 - Après la fête dite de la Pentecôte, ils marchèrent contre Gorgias, stratège de l’Idumée.

33 - Gorgias sortit à la tête de trois mille fantassins et quatre cents cavaliers.

34 - Dans la bataille rangée qui s’engageait, il arriva qu’un petit nombre de Juifs tombèrent.

35 - Un certain Dosithée, du corps des Toubiens, vaillant cavalier, s’était déjà rendu maître de la personne de Gorgias et, l’ayant saisi par la chlamyde, il l’entraînait de force avec l’intention de capturer vivant ce maudit, mais un cavalier thrace, fonçant sur Dosithée, lui trancha l’épaule, et Gorgias s’échappa et s’enfuit à Marisa.

36 - Quant aux soldats d’Esdrias, ils combattaient depuis longtemps et tombaient d’épuisement: Judas supplia le Seigneur de se montrer leur allié et leur guide dans la guerre,

37 - il entonna dans la langue paternelle le cri de guerre avec des hymnes et mit en déroute les gens de Gorgias.

38 - Ayant rallié son armée, Judas la conduisit à la ville d’Odollam; mais le septième jour de la semaine survenant, ils se purifièrent selon la coutume et célébrèrent le sabbat en ce lieu.

39 - Le lendemain, on vint trouver Judas-au temps où la nécessité s’en imposait-pour relever les corps de ceux qui étaient tombés et les inhumer avec leurs proches dans le tombeau de leurs pères.

40 - Or ils trouvèrent sous la tunique de chacun des morts des objets consacrés aux idoles de Jamnia, que la Loi interdit aux Juifs. Il fut ainsi évident pour tous que c’était là la raison pour laquelle ces soldats étaient tombés.

41 - Tous donc, bénissant la conduite du Seigneur, juge équitable qui rend manifestes les choses cachées,

42 - se mirent en prière en demandant que la faute commise fût entièrement effacée, et le valeureux Judas exhorta la troupe à se garder pure de tout péché, ayant sous les yeux ce qui était arrivé à cause de la faute de ceux qui étaient tombés peu avant.

43 - Ayant fait une collecte par tête, il envoya jusqu’à deux mille drachmes à Jérusalem, afin qu’on offrît un sacrifice pour le péché, agissant fort bien et noblement dans la pensée de la résurrection.

44 - Si, en effet, il n’avait pas espéré que les soldats tombés ressusciteraient, il eût été superflu et sot de prier pour des morts;

45 - s’il envisageait qu’une très belle récompense est réservée à ceux qui s’endorment dans la piété, c’était là une pensée sainte et pieuse : voilà pourquoi il fit faire pour les morts ce sacrifice expiatoire, afin qu’ils fussent absous de leur péché.

Chapitre 13
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01 - L’an cent quarante-neuf, la nouvelle parvint à Judas et à son armée qu’Antiochus Eupator marchait sur la Judée avec une troupe nombreuse,

02 - et qu’il avait avec lui son tuteur Lysias, qui était à la tête des affaires; il avait une armée grecque de cent dix mille fantassins, cinq mille trois cents cavaliers, vingt-deux éléphants et trois cents chars armés de faux.

03 - Ménélas se joignit à eux et se mit à circonvenir Antiochus avec beaucoup d’astuce, non pour le salut de la patrie, mais dans l’espoir de pouvoir rentrer dans sa dignité.

04 - Mais le Roi des rois éveilla contre ce scélérat la colère d’Antiochus et, quand Lysias eut démontré au roi que ce Ménélas était la cause de tous les maux, il ordonna de le conduire à Bérée et de l’y mettre à mort, lui aussi, suivant la coutume du lieu.

05 - Or il y a en ce lieu une tour de cinquante coudées, pleine de cendres; cette tour était munie d’une machine tournante, inclinée de tous côtés vers la cendre.

06 - C’est là qu’on fait monter l’homme coupable de pillage sacrilège ou de quelque autre crime énorme et qu’on le précipite pour le faire périr.

07 - Tel fut le supplice dont mourut ce prévaricateur et qui priva Ménélas même de l’inhumation;

08 - et cela en toute justice car, comme il avait commis beaucoup de péchés contre l’autel, dont le feu et la cendre étaient purs, c’est dans la cendre qu’il trouva la mort.

09 - L’esprit hanté de desseins barbares, le roi avançait donc pour faire voir aux Juifs les plus horribles des traitements que leur avait fait subir son père.

10 - Judas, l’ayant appris, prescrivit à la foule d’invoquer le Seigneur nuit et jour pour que, cette fois surtout, il vînt au secours de ceux qui étaient menacés d’être privés de la Loi, de la patrie et du Temple saint

11 - et qu’il ne laissât pas ce peuple, qui commençait à peine à reprendre haleine, tomber au pouvoir des nations insolentes.

12 - Quand tous eurent fait de même et imploré le Seigneur miséricordieux avec des larmes et des jeûnes, prosternés pendant trois jours sans interruption, Judas les exhorta et leur ordonna de se tenir auprès de lui.

13 - Mais après un entretien particulier avec les Anciens, il décida de se mettre en marche avant que l’armée du roi n’envahît la Judée et ne s’emparât de la ville, et de décider de toute l’affaire avec l’assistance du Seigneur.

14 - Ayant donc confié au Créateur du monde le soin de décider du différend, il exhorta les siens à combattre généreusement pour les lois, pour le sanctuaire, la ville, la patrie et les institutions, et fit camper son armée aux environs de Modîn.

15 - Il donna à ses soldats comme mot d’ordre "Victoire de Dieu," puis attaqua de nuit, avec une élite de jeunes braves, les quartiers du roi et anéantit environ deux mille parmi les hommes du camp. Ses gens transpercèrent le plus grand des éléphants avec le cornac;

16 - ils remplirent finalement le camp d’épouvante et de confusion, puis se retirèrent avec un plein succès.

17 - Déjà le jour commençait à poindre, quand s’achevait cet exploit accompli grâce à la protection dont le Seigneur entourait Judas.

18 - Le roi ayant ainsi expérimenté la hardiesse des Juifs essaya d’attaquer les places au moyen d’artifices.

19 - Il s’approchait de Bethsour, forteresse puissante des Juifs, mais il était repoussé, mis en échec, vaincu.

20 - Aux assiégés, Judas fit passer ce qui leur était nécessaire.

21 - Mais Rhodocus, de l’armée juive, dévoila les secrets aux ennemis; il fut filé, pris et exécuté.

22 - Une seconde fois, le roi eut des pourparlers avec ceux de Bethsour; il leur tendit la main, prit la leur, se retira,

23 - attaqua Judas et ses soldats et eut le dessous. A la nouvelle que Philippe, qu’il avait laissé à la tête des affaires, avait fait un coup de tête à Antioche, il fut bouleversé. Il se mit à traiter avec les Juifs et à composer avec eux, jura de garder toutes les conditions justes et se réconcilia avec eux. Il offrit un sacrifice, honora le Temple et fut généreux à l’égard du saint lieu.

24 - Il fit bon accueil à Maccabée et laissa Hégémonide stratège depuis Ptolémaïs jusqu’au pays des Gerréniens.

25 - Il se rendit à Ptolémaïs; mais les habitants de cette ville, mécontents du traité, s’en indignaient et voulurent en rejeter les conventions.

26 - Alors Lysias monta à la tribune, défendit de son mieux ces conventions, persuada les esprits, les calma, les amena à la bienveillance et partit pour Antioche. Tels sont les événements concernant l’expédition et la retraite du roi.