LE CONTEXTE DU "BREF
AVERTISSEMENT".
Le 29 septembre
2021, un document est apparu sur le site du diocèse de Viviers. Intitulé Bref avertissement au sujet de la diffusion de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta, il était
à l’en-tête de la Commission doctrinale de la Conférence des évêques de
France.
Ce document semblait si étrange, si hâtif, si bâclé qu’on a demandé
confirmation de son origine au Porte-Parole de la Conférence qui en a attesté
l’origine tout en modulant les propos : d’avertissement, et donc de
jugement péremptoire, le document devenait sous sa plume des "éléments
de discernement".
La Fondation Héritière de Maria Valtorta a fait passer alors, en réponse, un
"Communiqué à l’attention des évêques de France, des
religieux et de fidèles". Il apporte des éléments
d’éclairage dont le "Bref avertissement" semble cruellement
manquer.
Mais devant la vague d’incompréhension et d’indignation soulevée par cette
publication plusieurs personnes ont saisi directement la Commission
doctrinale pour lui faire part de leur réaction.
Vous trouverez ci-dessous celle de François-Michel Debroise, puis celle de
Jean-François Lavère. Voir aussi celle de Fabrice
Gagnant.
Mise au point de François-Michel
Debroise
Haut de page.
Je vous prie
de transmettre ma lettre au rédacteur de la note « bref avertissement au
sujet de la diffusion de l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria
Valtorta ».
En effet, spécialiste de cette mystique, auteur de plusieurs livres sur elle
et son œuvre, dont trois écrits avec Mgr René Laurentin ; webmestre d’un site
qui lui est consacré (www.maria-valtorta.org), j’entends publier ma lettre,
non pas par souhait d’une polémique qui a déjà atteint son paroxysme sur des
sujets autrement graves, mais parce qu’il faut répondre à la vague
d’incompréhension et d’indignation soulevée par votre note qui, sur le fond
comme sur la forme, interroge sur de nombreux points.
Les documents que votre note entend révéler sont intégralement publiés depuis
16 ans sur mon site consulté, à ce jour, par près de 4 millions
d’internautes. Le devoir de vérité pour le discernement de tous, le
nécessitait. C’est une évidence pour moi.
Mais si leur publication, au vu et au su de tous, n’a pas empêché le
développement exponentiel du lectorat de Maria Valtorta que vous constatez et
dont vous vous inquiétez, ce n’est pas parce que les fidèles et les clercs
qui les ont consultés avant d’adhérer à la lecture de l’œuvre, seraient des
naïfs ou des rebelles qu’il faudrait faire rentrer dans les rangs à coup de
fouet d’une condamnation, mais parce que ces internautes ont appliqué le
discernement requis par l’Écriture et le Magistère. Pour cela, ils ont
consulté l’ensemble du dossier, une précaution que je ne retrouve pas
dans l’avertissement que vous avez publié.
Le devoir de vérité (CEC § 2475
et suivants) s’impose à tous : aux fidèles, donc à moi, mais aussi et
surtout aux pasteurs notamment quand ils revêtent l’habit de l’autorité.
Votre note respecte-t-elle ce devoir de vérité ? Jugez par vous-même.
Le lecteur de votre avertissement comprend-il que l’Index est aboli en
droit et en conséquence ou pense-t-il, qu’il est toujours en vigueur ?
S’il retient cette dernière proposition, comme le démontre 99% des réactions
à votre avertissement – certaines pour se réjouir de l’opprobre, mais
beaucoup plus pour s’en offusquer - c’est qu’il y a une atteinte au devoir de
vérité, par omission.
Le lecteur qui cherche à prendre en compte l’avertissement moral qui subsiste
à l’abolition – et vous avez raison - sait-il les raisons pour lesquelles
l’Œuvre a été condamnée ou les imagine-t-il faute de le savoir ? S’il
s’engage sur la seconde voie, c’est qu’il y a offense, par omission, au
devoir de vérité car la suspicion remplace alors l’information.
Imagine-t-il qu’il s’agit d’une condamnation doctrinale puisque le titre de
votre commission l’induit ? Les censeurs de 1960 n’en ont trouvé aucune dans
leur article, et ce n’est pas faute de les avoir cherchées. Bien au
contraire, ils
signalent que Jésus « est toujours prêt à se proclamer Messie et Fils de
Dieu et à faire des exposés de théologie dans les termes mêmes
qu’emploierait un professeur de nos jours » ; que la Vierge Marie est «
prête à donner des leçons d’une théologie mariale mise à jour selon les
plus récentes études des spécialistes actuels en la matière » et enfin
que l’Œuvre contient un « si grand étalage de connaissances théologiques
». C’est écrit noir sur blanc. Voilà donc un bon livre conforme à la
meilleure théologie de l’avis même des censeurs !
Imagine-t-il que la condamnation vise la mauvaise romance de cette vie de
Jésus comme l’indique le titre de l’Osservatore romano ? Mais le
Saint-Office n’est pas une agence littéraire. Heureusement d’ailleurs car
quand l’Index condamne « Les misérables » de Victor Hugo ou « Les trois
mousquetaires » d’Alexandre Dumas en oubliant de condamner « Mein Kampft »
d’Hitler ou « Das kapital » de K. Marx, on se doit de faire profil bas sur ce
terrain.
Non, l’Œuvre n’a été mise à l’Index pour aucun de ces motifs, mais pour un
simple défaut d’imprimatur (Canon 1385, 1 n.2 C.I.C. 1917) qu’elle
avait pourtant obtenu et qui fut combattu en sous-main comme le rappelle le
communiqué de la Fondation Héritière. Cela c’est le motif officiel, mais
officieusement parce que certains membres du Saint-Office, en contradiction
avec le Pape, n’aimaient pas les révélations privées et manifestations
mystiques qui s'exprimaient par sainte Faustine, saint Padre Pio,
Yvonne-Aimée de Malestroit … ou Maria Valtorta.
Le lecteur sait-il qui sont ces « personnages illustres » qui ont
officiellement soutenu l’Œuvre de Maria Valtorta et que le censeur du
Saint-Office taxe de naïveté ? Non ? Alors il y a omission, là encore.
Ce n’est rien moins que le confesseur de Pie XII, Recteur de l’Institut
biblique pontifical qui ne trouve rien à redire sur l’exégèse.
Ce n’est rien moins que le doyen de la faculté pontificale du Latran qui
reconnaît que l’Œuvre de Maria Valtorta est « préternaturelle » c’est-à-dire
qu’elle ne peut être attribuée à l’homme et que rien, dans ces écrits, ne
s’oppose à la Foi.
C’est enfin Mgr Carinci, un familier de Pie XII qui par deux fois, fera
spécialement le voyage de Rome pour rencontrer Maria Valtorta. C’est lui qui
écrira son remerciement « au Seigneur » pour nous avoir donné par
Maria Valtorta, une œuvre « si élevée doctrinalement et
spirituellement ».
C’est lui qui, avec d’autres, atteste dans sa correspondance, du soutien de
Pie XII à l’Œuvre. Par sa fonction, il a eu à superviser 200 procès de
béatification et 62 en canonisation, dont celui de Pie X dont il était un
proche.
Qu’on me pardonne, mais ces « personnalités illustres » sont donc, pour moi
et pour les lecteurs de Maria Valtorta, d’un calibre qui surpasse toutes les
tentatives de discrédit auxquels certains se risquent de temps en temps, ici
ou là.
« Si leur résolution ou leur entreprise vient des hommes, dit Gamaliel, elle
tombera. Mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber »
(Actes 5, 38-39). Force est de constater qu’en plus de soixante-ans et sa
traduction en 28 langues opérant les fruits de conversions, de vocations et
de retours à Dieu, l’œuvre de Maria Valtorta n’est pas sur le point de
disparaître.
Votre avertissement vitupère, dans sa première partie, sur les prêtres qui
accompagnent les lecteurs de Maria Valtorta, et dans sa dernière partie
vilipende ceux qui n’ont pas une démarche d’Église. La cohérence de tout et
son contraire m’échappe. Je ne suis pas le seul. Mais j’accepte mes limites.
Par contre vous évoquez une notion un peu absconse sur le piétisme
individuel. Cette charge vise-t-elle mon engagement comme laïc en
responsabilité pendant 18 ans (trois fois le maximum statutaire) dans une
paroisse des banlieues populaires, en plus d’un engagement professionnel de
60h/semaine parfois, et de ma vie familiale et personnelle ?
C’est une bonne occasion de vérifier – et de m’en avertir - si j’ai trahi mon
mandat d’Église, ne serait-ce qu’en pratiquant un prosélytisme coupable (CIC 1983, § 218).
Vous souhaitant bonne réception de ma brève réponse à un bref avertissement,
Avec mes sentiments respectueux.
François-Michel Debroise
Mise au point de Jean-François
Lavère.
Haut de page.
Durant deux mille ans le Magistère a souvent été
amené à guider les fidèles à propos des révélations dites
« privées », pour permettre à chacun de mieux discerner, dans ces
écrits, ce qui peut « constituer un appel authentique du Christ à
l’Église ». Il importe aussi, dans ce domaine, de ne pas négliger
l’exhortation de saint Paul : « N’éteignez pas l’Esprit, ne
méprisez pas les dons de prophéties ; examinez tout avec discernement,
et retenez ce qui est bon… » (1 Th 5,19-21)
C’est à n’en pas douter ce que fit le bienheureux bibliste Gabrielle Allegra,
béatifié par Benoît XVI, lorsqu’il témoigna longuement, en 1970, en faveur
des écrits de Maria Valtorta et déclara notamment : « Maintenant,
sans anticiper le jugement de l'Église, que dès à présent j'accepte avec une
absolue soumission, je me permets d'affirmer qu'étant donné que le principal
critère de discernement des esprits est le mot du Seigneur : « à leur fruits vous les
reconnaîtrez » (Mt 3,20), et avec les bons fruits que le Poème
produit dans un nombre toujours croissant de lecteurs, je pense que
cela vient de l'Esprit de Jésus ». Il soulignait ainsi que la
« condamnation » de 1961 ne mettait aucunement en cause le contenu
de l’œuvre.
Quand, à la fin des années 80, le cofondateur du journal « l’Homme
Nouveau » me demanda d’étudier la pertinence des innombrables
données matérielles contenues dans ces écrits, je dois avouer ma grande
réticence initiale, car ma formation scientifique me rendait assez méfiant
envers les écrits des mystiques. Méfiance que la lecture des écrits attribués
à C. Emmerich ou à M. d’Agreda n’avait fait qu’accroître. J’ai donc entrepris
cette étude à contrecœur… Ce fut une plongée vertigineuse dans un abîme de
connaissances ! J’y ai maintenant consacré près de 25 000 heures
d’études, et cela dure depuis plus de vingt ans. Et j’ai le sentiment de
n’avoir entrevu que la face émergée de cet iceberg !
C’est que, d’un strict point de vue objectif, les écrits de Maria Valtorta
présentent d’innombrables particularités qui leur confèrent une place unique
dans le domaine de la littérature chrétienne. Et quelque soit l’opinion qu’on
puisse avoir à leur propos, ils méritent infiniment mieux qu’une simple
injonction du style « circulez, il n’y a rien à voir » tels
que les prononçaient jadis les plus rustres des gardes-champêtres.
Voici très sommairement quelques éléments qui étayent cette
affirmation :
1/ d’un point de vue « matériel » :
5000 pages rédigées « sur le vif », d’un seul jet, en 3 ans ½, et
pratiquement sans ratures.
Plus de 20 000 données matérielles vérifiées à ce jour, et couvrant un
très large domaine de connaissances (astronomie, histoire, géographie, faune,
flore, architecture, calendriers, monde rural antique, etc.)
Cohérence interne absolue du point de vue chronologique et astronomique, des
déplacements des personnages et de leur psychologie. Et cela malgré le fait
que les visions n’ont pas toutes été reçues dans un ordre chronologique.
Spécificité du langage des principaux personnages, cas unique dans la littérature.
Totalité du récit évangélique resitué (pour la première fois depuis 2000
ans !) dans un calendrier au jour le jour des trois années de vie
publique de Jésus.
Cohérence tout au long du récit des multiples "renvois" (promesses,
souvenirs, évocations de rencontres...)
Absence d'anachronismes malgré l’abondance de données.
Nombreux éléments vérifiés après la mort de l'auteur et totalement inconnus
ou oubliés de son temps.
Connaissance authentique et peu commune des us, coutumes et croyances juives,
romaines et grecques.
Exposé précis et crédible du contexte historico politique du premier siècle.
Détails peu connus de la philosophie grecque.
Cette incroyable masse d'érudition reste très discrète, voire effacée, et
donc insoupçonnable au plus grand nombre. Maria Valtorta elle-même ne semble
pas en avoir eu conscience.
Documentation quasi invérifiable avant l‘arrivée d’Internet et a fortiori
impensable à inclure au moment de la rédaction. Il a fallu quatre fois plus
de temps pour vérifier les données que l’auteur n'en a mis pour rédiger son
œuvre, et cette vérification est loin d’être achevée !
2/ d’un point de vue plus « religieux »
Multiples témoignages de conversions profondes et durables à la suite de
la lecture.
Témoignages en faveur de l’œuvre de Cardinaux, d’Évêques, de Prêtres, de
Religieux, de Saints et de Bienheureux, et d’innombrables lecteurs de tous
pays et de toutes croyances.
Cohérences avec les quatre évangiles et avec la Tradition patristique.
Richesse de l'Enseignement attribué au Christ, en pleine conformité avec le
Magistère.
Universalité de cette œuvre, qui dépasse le clivage des peuples et de leurs
coutumes.
Résistance à l'érosion due au temps (la diffusion ne faiblit pas depuis plus
de 60 ans).
Puissance des maximes et des sentences (plus de 800 répertoriées)
Plus de 3300 évocations ou références bibliques, couvrant l’ensemble du Canon
des Écritures.
Des dizaines de points objets de débats exégétiques éclaircis par la
limpidité du récit.
Indigence des arguments des opposants.
Compte tenu de l’ensemble des données figurant dans cette œuvre, totalement
hors de portée de n’importe quel être humain, aussi érudit soit-il, le
scientifique s’indigne qu’on puisse ignorer ces écrits, source de tant
d’informations pertinentes sur l’époque du séjour terrestre de Jésus. Il
reste stupéfié et sans réponse quant à l’origine possible de ces
connaissances...
… Le croyant, lui, élève son regard et ne peut qu’envisager une origine
« extra naturelle ». Une seule question se pose alors :
l’inspiration est-elle divine ou satanique ? Il est prêt à accueillir
avec attention, sérénité, bienveillance et reconnaissance toute déclaration
de la Commission doctrinale, rédigée au nom des Évêques de France, qui a
minima lui apporterait des éléments de réponse. Hélas il découvre un
document uniquement « à charge », succinct, incomplet, et inexact
qui ne grandit certes pas ses auteurs, et pourrait même semer le doute sur
l’honnêteté de leur intention. Était-il vraiment utile de jeter, à nouveau et
arbitrairement, l’opprobre sur cette œuvre exceptionnelle et s’obstiner à
rechercher uniquement le moindre grain de sable dans cette montagne
d’or ? (selon l’opinion d’un missionnaire).
Quand bien même on aurait enfin découvert quelque erreur théologique dans
cette merveille doctrinale, ne suffirait-il pas de la signaler aux lecteurs
insuffisamment formés ?
Le conseil avisé de saint Jérôme sur les écrits de son temps ne serait-il
plus d’actualité pour Maria Valtorta : « Je crois qu'il y a dans
Origène des livres qu'on peut lire à cause de l'érudition qu'ils renferment,
ainsi que dans Tertullien, Arnobe, Novat, Apollinaire et d'autres écrivains
grecs et latins, avec la précaution de n'y prendre que le bon, et de laisser
le mauvais... » (Lettre à Tranquillin).
Ce communiqué de la Commission doctrinale est-il digne de ses auteurs ?
Est-il susceptible de conforter dans leur foi les innombrables lecteurs ayant
témoigné des bienfaits spirituels reçus de cette lecture, de leur retour à la
pratique religieuse, ou même de leur conversion ?
C’est à Dieu seul d’en juger…
JF Lavère,
chercheur, auteur de plusieurs études et ouvrages sur les écrits de Maria
Valtorta.
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