


6.416 - Un mendico
samaritano sulla via di Gerico.
4.414 - The Beggar
on the Road to Jericho.
4.416 - Un mendigo
samaritano en el camino de Jericó.
7.462 - Jesus und der Bettler
auf dem Weg nach Jericho.

Un mendiant de Palestine, vers 1900 – Au
pays du Christ, Mgr Landrieux, 1908.
Lundi 14 mai 29
(14 Lyar ou Ziv 3789)
vers Jéricho.

Guérison du
mendiant samaritain.
Ce sont les
œuvres et non les pratiques, qui font voir Dieu vivant.
Judas hésite de
nouveau sur le choix de son camp.

-
Jésus marche en tête 182
- Il s'approche
d'un mendiant qui le cherchait ........... 183
- Jésus se fait
reconnaître par le Samaritain ............... 184
- Et lui donne à manger 184
-
Cruauté d'un pharisien, d'un sadducéen et d'un scribe 185
- Foi du samaritain ..... 185
- Discours (Les faux fils de la Loi ................................. 185
-
Jésus presse Judas de choisir) .......................... 186
- Guérison du mendiant aux trois blessures ............. 186
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Plan du Site >> Sommaire du Tome 6
Tome 6, chapitre 105.
416.
Jésus et le mendiant sur la route qui va à Jéricho.
Vision
du mercredi 17 mai 1944
182> Je vois Jésus sur une grand-route, très
poussiéreuse et très ensoleillée. Il n'y a pas un brin d'ombre, pas un brin
de verdure. Ce n'est que poussière sur la route et sur la campagne inculte
qui la borde.
Certes ce ne sont pas les douces collines de Galilée, ni les monts plus
boisés de la Judée, si riches d'eaux et de pâtures. Ici c'est un terrain qui
n'est pas naturellement désertique, mais que l'homme a rendu tel en le
laissant inculte. C'est une plaine, et je ne vois pas de collines même au
loin. Ne connaissant pas du tout la Palestine, je ne puis dire quelle région
c'est. Certainement une région que je n'ai jamais vue dans les précédentes
visions. Il y a des tas de pierres sur un côté de la route, peut-être
entassées pour la réparer, car elle est dans un très piteux état. Pour
l'instant, elle est couverte d'une couche épaisse de poussière. Quand il
pleut, ce doit être un torrent boueux. Je ne vois pas de maisons, ni à
proximité, ni au loin.
183> Jésus, comme toujours, marche
à quelques mètres en avant des apôtres qui le suivent en groupe, en sueur et
fatigués. Pour s'abriter du soleil ils ont relevé leurs manteaux sur leurs
têtes et ils paraissent une confrérie vêtue d'habits multicolores. Jésus, au
contraire, a la tête nue. Il semble que le soleil ne le gêne pas. Il est vêtu
d'une tunique de lin blanc avec des manches qui Lui arrivent au coude. Elle
est large et floue, elle n'a même pas le cordon qui fait d'ordinaire office
de ceinture. C'est vraiment un habit fait pour ce lieu torride. Même le
manteau doit être en lin teint de bleu, car il est très fin et il retombe
avec légèreté autour du corps qu'il enveloppe beaucoup moins que d'ordinaire.
Il couvre les épaules, mais en laissant libres les bras. Je ne sais pas
comment il l'a fixé pour le faire tenir ainsi.
Assis, à demi-allongé même sur un tas de
cailloux, il y a un homme. Un pauvre, un mendiant certainement. Il est vêtu
(si on peut dire) d'une tunique sale et déguenillée, qui peut-être a été
blanche, mais qui est maintenant couleur de boue. Il a deux misérables
sandales éculées, deux semelles à moitié usées, retenues par des bouts de
ficelle. Dans les mains un bâton fait d'une branche d'arbre. Au front une
bande sale, et à la cuisse gauche, entre le genou et la hanche, un autre
chiffon sale et ensanglanté. Le malheureux est amaigri, il n'a que la peau et
les os, humilié, sale, hirsute, dépeigné.
Avant même qu'il implore Jésus, Jésus va à lui. Il s'approche du malheureux et lui demande : "Qui
es-tu ?"
"Un pauvre qui demande du pain."
"Le long de cette route ?"
"Je vais à Jéricho."
"La route est longue et la contrée dépeuplée."
"Je le sais, mais il est plus facile d'avoir du pain et une pièce de
monnaie avec les gentils qui passent par cette route qu'avec les juifs de
chez qui je viens."
"Tu viens de la Judée ?"
"Oui, de Jérusalem. Mais j'ai dû faire un long détour pour passer chez
des braves gens des campagnes qui me donnent toujours de l'aide. En ville,
non. Il n'y a pas de pitié."
"Tu as bien dit. Il n'y a pas de pitié."
"Toi, tu as pitié. Tu es juif ?"
"Non, de Nazareth."
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184> "Autrefois les nazaréens avaient mauvaise
réputation, mais maintenant il faut dire qu'ils sont meilleurs que ceux de
Juda. Même à Jérusalem, il n'y a de bons que ceux qui
suivent ce Nazaréen que l'on dit Prophète. Le connais-tu ?"
"Et toi, est-ce que tu le connais ?"
"Non. J'y étais allé car, tu vois, j'ai une jambe morte et tordue et je
me traîne péniblement. Je ne puis travailler et je meurs de faim et sous les
coups. J'espérais le rencontrer, car on me dit qu'il guérit ceux qu'il
touche. C'est vrai que je ne suis pas du peuple élu... mais on dit qu'il est
bon avec tout le monde. On m'avait dit qu'il était à Jérusalem pour la fête
des semaines. Mais moi, je marche lentement... et on m'a frappé et j'ai été
malade en route... Quand je suis arrivé à Jérusalem il était parti parce que,
m'a-t-on dit, les juifs l'ont maltraité Lui aussi."
"Et toi, ils t'ont maltraité ?"
"Toujours. Seuls les soldats romains me donnent du pain."
"Et que dit-on, à Jérusalem, dans le peuple, de ce Nazaréen ?"
"Que c'est le Fils de Dieu, un grand Prophète, un Saint, un Juste."
"Et toi, qui crois-tu qu'il soit ?"
"Moi, je suis... je suis un idolâtre, mais je crois qu'il est le Fils de
Dieu."
"Comment peux-tu le croire si tu ne le connais même pas ?"
"Je connais ses œuvres. Seul un Dieu peut être bon et avoir des paroles
comme Lui en a."
"Qui te les a dites, ces paroles ?"
"D'autres pauvres, des malades guéris, des enfants qui m'apportaient du
pain... Les enfants sont bons et ils ne savent rien des croyants et des
idolâtres."
"Mais d'où es-tu ?"
"..."
"Dis-le. Moi, je suis comme les enfants. N'aie pas peur. Que seulement
tu sois sincère."
"Je suis... samaritain. Ne me frappe pas..."
"Je ne frappe jamais personne. Je ne méprise personne. J'ai pitié de
tout le monde."
"Alors... Alors, tu es le Rabbi de Galilée !"
Le mendiant se prosterne, tombe comme une masse, le visage dans la poussière,
en bas de son tas de cailloux, devant Jésus.
"Lève-toi, c'est Moi. Ne crains pas. Lève-toi et regarde-moi."
Le mendiant lève son visage en restant toujours à genoux, tout recroquevillé
à cause de sa difformité.
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185> "Donnez du pain et à boire à cet homme"
commande Jésus aux disciples qui sont survenus.
C'est Jean qui donne de l'eau et du pain.
"Mettez-le assis pour qu'il mange commodément. Mange, frère."
Le malheureux pleure. Il ne mange pas. Il regarde Jésus avec les yeux d'un
pauvre chien perdu qui, pour la première fois, se voit caresser et rassasier
par quelqu'un qui a pitié.
"Mange !" lui commande Jésus en souriant.
Le malheureux mange entre deux sanglots et les larmes imprègnent son pain,
mais dans ses larmes il y a aussi un sourire. Il se rassure tout doucement.
"Qui t'a fait cette blessure ?" demande Jésus en
touchant du doigt la bande souillée du front.
"C'est un riche pharisien qui m'a renversé exprès avec son char... Je
m'étais mis a un carrefour
pour demander du pain. Il a envoyé sur moi ses chevaux, si vite que je n'ai
pas pu m'écarter. J'ai failli en mourir. J'ai encore un trou dans la tête et
il en sort du pus."
"Et là, qui t'a frappé ?"
"Je m'étais approché de la maison d'un sadducéen, où
il y avait un banquet, pour demander les restes des tables, après que les
chiens en avaient pris le meilleur. Il me vit et lança les chiens contre moi.
L'un d'eux m'a déchiré la cuisse."
"Et cette grande cicatrice qui t'a estropié la main ?"
"C'est un coup de bâton qui m'a été donné par un scribe, il y a trois
ans. Il reconnut que j'étais samaritain et il me frappa en me brisant les
doigts. Ainsi je ne peux pas travailler. Ma main droite estropiée, une jambe
morte, comment puis-je gagner ma vie ?"
"Mais pourquoi sors-tu de la Samarie ?"
"Le besoin est une vilaine chose, Maître. Nous sommes beaucoup de
malheureux, et il n'y a pas de pain pour tous. Si tu m'aidais..."
"Que veux-tu que je te fasse ?"
"Guérir pour travailler."
"Crois-tu que je puisse le faire"
"Oui, je le crois, car tu es le Fils de Dieu."
"Tu crois cela ?"
"Je le crois."
"Toi, samaritain, tu le crois? Pourquoi ?"
"Pourquoi, je ne le sais pas. Je sais que je crois en Toi et en Celui
qui t'a envoyé. Maintenant que tu es venu, il n'y a plus de différence
d'adoration. Il suffit de t'adorer pour adorer ton Père, Seigneur éternel. Là
où tu es, là est le Père."
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186> "Amis, entendez-vous ? (Jésus se tourne vers
les disciples). Cet homme parle par la vertu de l'Esprit Saint qui
lui éclaire la vérité. Et lui, en vérité, est supérieur aux scribes et aux
pharisiens, aux sadducéens cruels, à tous ces idolâtres qui se disent
mensongèrement les fils de la Loi. La Loi dit qu'après Dieu, il faut aimer le
prochain. Et ces gens, au prochain qui souffre et demande du pain, donnent
des coups, contre le prochain qui supplie, ils lancent des chevaux et des
chiens, contre le prochain qui s'abaisse plus bas que les chiens du riche,
ils lancent les chiens eux-mêmes pour le rendre plus malheureux encore que
l'infirmité ne le faisait. Méprisants, cruels, hypocrites, ils ne veulent pas que Dieu soit connu et aimé. S'ils le voulaient, ils le feraient
connaître à travers leurs œuvres, comme celui-ci l'a dit.
Ce
sont les œuvres et non les pratiques, qui font voir Dieu vivant dans le cœur
des hommes et qui mènent les hommes à Dieu.
Et, ô Judas, toi qui me reproches d'être
imprudent, je ne devrais pas, je ne devrais pas les frapper par mes
reproches ? Me taire, faire semblant que je les approuve, ce serait
approuver leur conduite. Non. Pour la gloire de Dieu, je ne puis, Moi, son
Fils, permettre que les humbles, les malheureux, ceux qui sont bons croient
que Moi j'approuve leurs péchés. Je suis venu pour faire des gentils des fils
de Dieu, mais je ne puis le faire si eux voient que les fils de la Loi — ils
se disent tels, mais ce sont des bâtards — pratiquent un paganisme plus
coupable que le leur. En effet ces hébreux ont connu la Loi de Dieu et maintenant
ils crachent dessus, comme des animaux immondes, le dégorgement de leurs
passions satisfaites. Dois-je croire, Judas, que tu es comme eux ? Toi
qui me fais un reproche des vérités que je dis ? Ou dois-je penser que
tu es inquiet pour ta vie ? Celui
qui me suit ne doit pas avoir de préoccupations humaines. Moi, je l'ai
dit. Il est encore temps, Judas, de choisir entre ma route et celle des juifs
que tu approuves. Cependant réfléchis : la mienne mène à Dieu, l'autre à
l'Ennemi de Dieu. Réfléchis et décide, mais sois franc.
Et toi, ami, lève-toi et marche. Enlève ces bandes. Retourne chez toi. Tu es
guéri à cause de ta foi."
Le mendiant le regarde étonné. Il n'ose pas essayer d'allonger la main...
puis il essaye. Elle est intacte, redevenue identique à la main gauche. Il
laisse de côté le bâton, appuie les mains sur le tas de pierre et fait un
effort. Il se lève. Il se tient debout. La paralysie qui déformait la jambe
est guérie. Il remue la jambe, la plie... il fait un pas, deux, trois. Il
marche... Il regarde Jésus, en poussant un cri et en pleurant de joie. Il
enlève la bande de sa tête. Il se tâte du côté de l'occiput
où se trouvait le trou infecté. Plus rien. Tout est guéri. Il arrache de la
hanche le chiffon taché de sang : la peau est intacte.
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187> "Maître, Maître et mon
Dieu !" crie-t-il en levant les bras et en se jetant ensuite à
genoux pour baiser les pieds de Jésus.
"Va à ta maison maintenant, et crois toujours dans le Seigneur."
"Et que dois-je faire, mon Maître et mon Dieu, si ce n'est te suivre Toi
qui es saint et bon ? Ne me repousse pas, Maître..."
"Va en Samarie et parle de Jésus de Nazareth. L'heure de la Rédemption
est proche. Sois mon disciple auprès de tes frères. Va en paix."
Jésus le bénit et puis ils se séparent. L'homme guéri s'en va agilement vers
le nord, en se retournant de temps à autre pour regarder encore.
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