


7.448 - Raduno di barche sul lago e parabola suggerita da Simon Pietro.
4.446 - At Magdala. Parable on Good and Bad Will.
4.448 - Encuentro de barcas en el lago y parábola sugerida por Simón Pedro.
8.497 - In Magdala.
Samedi 4 août 29
(8 Ab 3789)
Magdala.

Même les choses
qui nous appartiennent, le sont parce que Dieu les accorde.
Lucifer a voulu juger Dieu.
La parabole du
batelier intransigeant. La foule juge Pierre.
La notion de faute.
L'égoïsme sème dans
le cœur une volonté mauvaise.
Dieu est
Miséricorde plutôt qu'intransigeance.

-
Une flottille en route vers Magdala.......................
391
-
Sortie de Pierre contre les étrangers ...................... 392
- Jésus reproche à Pierre son mépris .......................... 392
-
Discours 1 (Présence de Dieu chez les païens) ......... 393
- Pierre se fait une parabole de sa fausse manœuvre 393
-
Décision de rester sur le lac pour prêcher ................ 394
- Une barque
brillante et d'autres sans lumières 395
- Discours 2
(Gravité du mépris et de la fausse manœuvre ?) ........................................ 396
- Pierre attend
le jugement des barques ........................ 398
- Toutes le condamnent 398
-
Discours 3 (L'intention et la culpabilité .................... 399
- L'égoïsme à
l'origine de la faute) ............................ 400
- Les barques
s'éloignent sous les étoiles ..................... 401
- Jésus loue la bonne volonté de Pierre ...................... 401
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Tome 6, chapitre 140.
448.
À Magdala.
Vision
du lundi 24 juin 1946
391> "Où ?
Maître ?" demande Pierre qui a terminé les manœuvres et les
préparatifs de la navigation et se trouve avec sa barque en tête de la petite flottille de barques qui, chargées de gens, sont prêtes à
suivre le Maître.
392> "À Magdala. Je l'ai
promis à Marie de Lazare."
"C'est bien" répond Pierre et il manœuvre le timon de façon à
prendre la bonne direction, en louvoyant.
Jeanne est dans la barque avec le Maître, Marie très Sainte et Marie de
Cléophas et en plus Margziam, Mathieu, Jacques d'Alphée et quelqu'un que je
ne connais pas. Elle montre les barques nombreuses qui sont sur le lac, dans
la tranquille soirée d'été qui tamise les feux du couchant en cascades de
voiles violacés, comme si du ciel il tombait des cascades d'améthystes ou des
grappes de glycines en fleurs. Elle dit : "Peut-être parmi elles il
y a aussi les barques des romaines. C'est un de leurs passe-temps favoris de
simuler une pêche dans ces soirées tranquilles."
"Il y en aura pourtant davantage à sud" remarque l'homme que je ne
connais pas.
"Oh! non, Benjamin. Ils ont des barques rapides et des bateliers
adroits. Ils viennent jusque là-haut."
"Pour ce qu'ils ont à faire..." bougonne Pierre, et il continue
dans sa barbe, avec son intransigeance de pêcheur qui voit la navigation et
la pêche comme une profession et non comme un passe-temps, presque comme une
religion réglée par des lois sévères et utiles et il lui semble que c'est une
profanation de s'en servir maladroitement : "Avec leurs encens et
leurs fleurs et leurs parfums et autres choses démoniaques, ils corrompent
les eaux; avec leurs musiques, leurs cris stridents et leurs conversations,
ils troublent les poissons; avec leurs torches fumeuses, ils les épouvantent;
avec leurs filets maudits jetés au hasard, ils abîment les fonds et la
reproduction... Cela devrait être interdit. La Mer de Galilée appartient aux
galiléens, aux pêcheurs du pays, pas aux prostituées et à leurs compères...
Si j'étais le maître ! Je vous ferais voir, fétides barques païennes,
sentines flottantes de vices, alcôves qui naviguent pour apporter même ici,
sur ces eaux de Dieu, de notre Dieu, à ses fils, vos... Oh ! mais
regardez ! Elles foncent justement vers nous ! Mais peut-on
voir !... Mais peut-on permettre... Mais..."
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393> Jésus interrompt ce
réquisitoire, dans lequel Pierre épanche tout son esprit d'Israélite et de
pêcheur, rougissant, étouffé par le mépris, haletant comme s'il luttait
contre des forces infernales, et il lui dit avec un sourire paisible :
"Mais il est bien que tu ne sois pas le maître. Heureusement tu ne l'es
pas ! Pour eux et pour toi. En effet tu les empêcherais de suivre une
bonne impulsion et donc une impulsion imprimée à leurs esprits - païens,
j'en conviens, mais naturellement bons - imprimée à leurs esprits par la
Miséricorde Éternelle qui guide ces créatures qui ne sont pas coupables
d'être nées dans la Nation romaine au lieu de l'être dans la Nation
hébraïque. Dieu jette sur eux un regard de pitié précisément parce qu'il les
voit tendre vers ce qui est bon. Et tu te ferais du mal à toi-même car tu
commettrais un acte contre la charité et un autre contre l'humilité..."
"Humilité ? Je ne vois pas... Étant maître du lac, il me serait
permis d'en disposer à mon gré."
"Non, Simon de Jonas. Non. Tu te
trompes. Même les choses qui nous appartiennent, nous appartiennent parce que
Dieu les accorde. Donc, en ayant la possession pendant un temps limité, il
faut toujours penser qu'il n'y a qu'un Seul qui possède tout et sans
limitation ni dans le temps, ni dans l'espace. Un Seul est le Maître. Les
hommes... Oh ! eux ne sont que les administrateurs de petits morceaux de
la grande Création. Mais le Maître c'est Lui, mon Père et le tien et Celui de
tous les vivants. De plus, Lui est Dieu, très Parfait par conséquent dans toute
sa pensée et dans toute son action. Si Dieu donc regarde avec bienveillance
le mouvement de ces cœurs païens vers la Vérité, et non seulement regarde
mais favorise ce mouvement en lui imprimant une accélération de plus en plus
forte vers le Bien, ne te paraît-il pas que toi, homme, en voulant les
empêcher, tu veux au fond empêcher à Dieu une action ? Et quand
empêche-t-on une chose ? Quand on estime qu'elle n'est pas bonne. Tu
penserais donc de ton Dieu qu'il fait une action qui n'est pas bonne. Si de
juger ses frères n'est pas une bonne chose parce que tout homme a ses défauts
et possède une faculté de connaissance et de jugement si limitée que sept
fois sur dix son jugement est erroné, il sera absolument mauvais de juger
Dieu dans ses actions. Simon, Simon ! Lucifer a voulu juger Dieu dans une de ses
pensées et l'a estimée erronée et il a voulu se substituer à Dieu en se
croyant plus juste que Lui. Tu
sais, Simon, à quoi Lucifer a réussi. Et tu sais que toute la douleur dont
nous souffrons est venue de cet orgueil..."
"Tu as raison, Maître ! Je suis un grand malheureux! Pardonne-moi,
Maître !"
Et Pierre, toujours impulsif, lâche la barre du timon pour se précipiter aux
pieds de Jésus. Alors, la barque subitement laissée à elle-même et justement
sur le fil du courant, dévie et fait une embardée effrayante au milieu des
cris de Marie de Cléophas et de Jeanne et des
occupants de la légère barque jumelle qui voient venir maintenant
contre eux la lourde barque de Pierre.
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394> Heureusement Mathieu reprend
rapidement le timon et la barque reprend sa route après avoir tangué d'une
manière effrayante, parce qu'aussi les autres se sont servis des rames pour
l'éloigner, lui imprimant des secousses brusques et produisant des remous.
"Ohé, Simon ! Une fois tu as insulté les romains en les traitant de
mauvais navigateurs, parce qu'ils venaient sur nous, mais aujourd'hui, c'est
toi qui fais triste figure... Et justement à leur vue. Regarde comme ils sont
tous debout sur les barques pour voir..." dit pour le piquer l'Iscariote
en montrant les barques romaines maintenant si proches, dans le miroir d'eau
en face de Magdala, qu'on peut les voir, bien que les voiles violacés du soir
soient devenus plus sombres en amortissant la lumière.
"Tu as perdu aussi une corbeille et un seau, Simon. Veux-tu que nous
cherchions à les repêcher avec les grappins ?" dit Jacques de
Zébédée d'une autre barque maintenant toute proche parce que, après
l'incident, tous se sont groupés autour de la barque de Pierre.
"Mais comment as-tu fait ? Cela ne t'arrive jamais !" dit
et s'exclame André, encore d'une autre barque.
Pierre répond à tous, les uns après les autres, alors qu'ils lui ont parlé
tous ensemble. "Ils m'ont vu ? N'importe ! S'ils avaient vu
aussi mon cœur et... Bon, cela ne le dis pas, Pierre... Pourtant, toi, sache
que tu ne me fais pas mal. Ce n'est pas une fausse manœuvre, c'est arrivé
pour une bonne cause celle de pouvoir me mortifier... Ne te tracasse pas,
Jacques ! Des vieilleries sont allées au fond... Si je pouvais jeter
aussi à leur suite le vieil homme qui résiste en moi ! Je voudrais
perdre tout, même la barque, mais être vraiment comme le Maître le veut...
Comment ai-je fait ? Hé ! Je me suis prouvé à moi-même, à mon
orgueil qui veut faire la leçon même à Dieu dans les choses de l'esprit, que
je suis une grosse bête, même pour les choses de la barque... C'est bien fait
pour moi. Je me suis fait une parabole, de moi-même à moi-même... Maître,
n'est-il pas vrai ?"
Jésus sourit pour montrer son accord... Assis à la poupe, à sa place
habituelle, blanc sur le fond de l'air qui s'assombrit, tranquille, les
cheveux ondulant légèrement au vent du soir, il se détache sur le crépuscule
comme un ange de lumière et de paix.
Les barques romaines les ont rejoints.
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395> "Elles ont
des coques et des voiles parfaites... et puis, des bateliers ! Ils vont rapides comme des alcyons ! Ils utilisent tout fil de
vent, toute veine de courant..."
"Les rameurs sont presque tous des esclaves de Crète ou du Nil"
explique Jeanne.
"Les marins du delta sont très adroits, et de même ceux de Crète.
Pourtant très bons aussi ceux d'Italie... Ils franchissent Scylla et
Charybde... et cela suffit pour les dire excellents" avoue l'inconnu du
nom de Benjamin.
"Où allons-nous, Seigneur ? À Magdala, ou bien... Regarde, ceux de
Magdala viennent vers nous..."
En effet toutes les petites embarcations de cet endroit s'empressent de
quitter le rivage ou le petit port, chargées, surchargées de gens d'une
manière effrayante, si bien que le bord est presque au niveau de l'eau et
elles se dirigent vers les barques de Capharnaüm.
"Non. Restons ici au large en face de la ville. Je parlerai de la
barque..."
"C'est que... Ces imprudents veulent se noyer. Mais regarde,
Maître ! Il est vrai que le lac est tranquille comme une plaque
d'argent... mais l'eau, c'est toujours l'eau... et la charge, c'est toujours
la charge... et là... ils se croient sur la terre ferme et non pas sur
l'eau... Donne-leur l'ordre de s'en retourner... Ils vont se noyer..."
"Homme de peu de foi ! Et tu ne te rappelles pas que tant que tu as
cru, tu as marché sur l'eau, sur mon invitation, comme sur un terrain
solide ? Ils ont la foi. Et alors, contre la loi de l'équilibre entre la
charge et l'enfoncement, les eaux soutiendront ces barques surchargées."
"Si cela arrive... c'est vraiment un soir de grand miracle..."
murmure Pierre en haussant les épaules alors qu'il descend la petite ancre
pour arrêter la barque. Elle reste ainsi au milieu d'un cercle de barques, en
partie de Capharnaüm, en partie de Magdala et en partie de Tibériade, et ces
dernières sont celles des romaines, qui prudemment se placent en arrière de
celles de Capharnaüm, vers le milieu du lac.
Jésus leur tourne le dos. Il regarde vers celles de Magdala, vers le jardin
vaste et ombragé de Marie de Lazare, vers les maisonnettes qui s'étendent sur
la rive et dont la blancheur ressort dans la nuit.
Le lac, qui n'est plus remué par les proues et les rames, reprend un aspect
paisible : c'est une vaste plaque de cristal moirée d'argent par un
commencement de lumière lunaire et parsemée d'écaillés de topaze
ou de rubis là où les feux des fanaux ou les flammes des lanternes
mises à toutes les proues se reflètent dans le lac.
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396> Les visages semblent étranges par le contraste des
lueurs rouges-jaunes ou des rayons lunaires. Ils apparaissent en partie très
nets, en partie à peine visibles; d'autres semblent coupés en deux, en long
ou en large, avec seulement le front ou le menton éclairés, ou bien avec une
seule joue, une moitié de visage qui se détache en un profil très net,
l'autre côté étant presque caché. Certains ont des yeux brillants alors que
d'autres paraissent avoir des orbites vides, et il en est ainsi des bouches
ou pour certains les dents s'éclairent d'un sourire alors que, pour d'autres,
elles disparaissent dans l'ombre.
Mais pour que tout le monde voie Jésus, voilà que des barques de Capharnaüm
et de Magdala on passe des quantités de fanaux que l'on met aux pieds de
Jésus, accrochés aux rames inutilisées, placés sur le bord de la proue et de
la poupe et jusque sur le mât dont la voile a été amenée. La barque où se
trouve Jésus brille ainsi dans un cercle de barques restées sans lumières, et
Jésus est maintenant bien visible, revêtu de tous côtés par la lumière.
Seules les barques romaines s'éclairent de leurs lanternes rouges dont une
brise très légère fait osciller la flamme.
"La paix soit avec vous !" commence Jésus en se mettant debout
malgré le léger tangage de la barque et en ouvrant les bras pour bénir. Puis
il poursuit, en parlant lentement, pour que tout le monde entende bien et,
sur le lac silencieux, la voix se répand, puissante et harmonieuse.
"Il y a un moment, un de mes apôtres m'a proposé une parabole et
maintenant je vous la propose, car elle peut être utile à tous, étant donné
que tous vous pouvez la comprendre. Écoutez-la.
Un homme naviguait sur un lac par une soirée
tranquille comme celle-ci et, se sentant sûr de lui-même, il eut la
prétention d'être sans défauts. C'était un homme très expérimenté dans les
manœuvres et, pour cette raison, il se sentait supérieur aux autres qu'il
rencontrait sur l'eau. Parmi eux, beaucoup venaient par plaisir et donc sans
l'expérience que donne le travail habituel et fait pour gagner sa vie. Par
ailleurs c'était un bon Israélite et, pour ce motif, il se croyait en
possession de toutes les vertus. Enfin, c'était réellement un brave homme.
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397> Un soir donc qu'il s'en allait naviguant avec assurance,
il se permit d'exprimer des jugements sur son prochain. C'était, selon lui, un prochain si lointain qu'il n'avait plus à le considérer comme
prochain. Aucun lien de nationalité, de métier ou de foi, ne l'unissait à ce
prochain et ainsi lui, n'étant retenu par aucun lien de solidarité nationale,
religieuse ou professionnelle, le ridiculisait tranquillement, sévèrement
même, et il se lamentait de n'être pas le maître du lieu, car s'il l'avait
été, il aurait chassé de ce lieu le prochain, et dans sa foi intransigeante,
il reprochait presque au Très-Haut de permettre à ces gens différents de lui
de faire ce que lui faisait, et de vivre là où lui vivait.
Dans la barque il avait un ami, un très bon ami qui l'aimait avec justice et
pour cette raison le voulait sage, et quand il fallait le faire, il
corrigeait ses idées erronées. Ce soir-là, donc, cet ami dit au
batelier : "Pourquoi ces pensées ? N'est-il pas unique le Père
des hommes ? N'est-ce pas Lui le Seigneur de l'Univers ? Est-ce que
par hasard son soleil ne descend pas sur tous les hommes pour les réchauffer,
et est-ce que par hasard ses nuages n'arrosent pas les champs des gentils comme
ceux des hébreux ? Et s'il le fait pour les besoins matériels de
l'homme, n'aura-t-Il pas la même prévoyance pour ses besoins
spirituels ? Et voudrais-tu suggérer à Dieu ce qu'il doit faire ?
Qui est comme Dieu ?"
L'homme était bon. Dans son intransigeance il y avait beaucoup d'ignorance,
beaucoup d'idées erronées, mais il n'y avait pas de mauvaise volonté, il n'y
avait pas l'intention d'offenser Dieu mais, au contraire, l'intention d'en
défendre les intérêts. En entendant ces paroles, il se jeta aux pieds du sage
et il Lui demanda pardon d'avoir parlé comme un sot. Il le demanda avec tant
d'impétuosité, que pour un peu il provoquait une catastrophe en faisant périr
la barque et ceux qui s'y trouvaient. En effet dans son empressement à
demander pardon, il ne se soucia plus ni du timon, ni de la voile, ni du
courant. Ainsi, après la première erreur d'un jugement défectueux, il commit
une seconde erreur de mauvaise manœuvre, et il se prouva à lui-même que non
seulement il était un pauvre juge mais aussi un marin maladroit.
Voilà la parabole.
Maintenant, écoutez: selon vous, cet homme aura-t-il
ou non le pardon de Dieu ? Rappelez-vous: il avait péché contre Dieu et
le prochain en jugeant les actions de l'un et l'autre, et il s'en est fallu
de peu qu'il soit homicide de ses compagnons. Réfléchissez et
répondez..." Et Jésus croise les bras et il tourne son regard sur toutes
les barques, jusqu'aux plus lointaines, jusqu'aux romaines qui font voir une
rangée de visages attentifs de patriciennes et de rameurs qui dépassent
par-dessus les bords...
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398> Les gens parlottent et se
consultent... Un murmure à peine sensible de voix qui se confond avec le
léger clapotis de l'eau contre les embarcations. Il est difficile de juger.
La plupart cependant sont d'avis que l'homme ne sera pas pardonné, parce
qu'il a péché. Non, du moins pour le premier péché il ne sera pas pardonné...
Jésus entend le murmure qui s'amplifie en ce sens. Il sourit du regard de ses
yeux merveilleux qui brillent dans la nuit, elle-même, comme deux saphirs
sous le rayonnement de la lune de plus en plus belle et resplendissante au
point que plusieurs pensent à éteindre les lanternes et fanaux, pour rester
sous le seul éclairement de la lumière phosphorescente de la lune.
"Éteins aussi celles-là, Simon" dit Jésus à Pierre. "Elles
sont misérables comme des étincelles en comparaison des étoiles sous ce ciel
rempli d'astres et de planètes." Pierre est tendu pour entendre le
jugement de la foule, et Jésus caresse son apôtre, pendant qu'il allonge la
main pour détacher les lanternes et il lui demande tout bas :
"Pourquoi ce regard troublé ?"
"Parce que cette fois tu me fais juger par le peuple..."
"Oh! pourquoi le crains-tu ?"
"Parce que... il est comme moi... injuste..."
"Mais c'est Dieu qui juge, Simon !"
"Oui. Mais Toi, tu ne m'as pas encore pardonné et maintenant tu attends
leur jugement pour le faire... Tu as raison, Maître... Je suis
incorrigible... Mais... Pourquoi à ton pauvre Simon ce jugement de
Dieu ?..."
Jésus lui met la main sur l'épaule et il le fait aisément car Pierre est en
bas dans la barque et Jésus debout à la poupe, par conséquent bien au-dessus
de Pierre. Et il sourit... mais ne lui répond pas. Au contraire, il demande
aux gens : "Eh bien ? parlez fort, barque par barque."
Hélas ! Pauvre Pierre ! Si Dieu l'avait jugé d'après l'avis de ceux
qui étaient là, Il l'aurait condamné. Sauf trois barques, toutes les autres,
y compris celles des apôtres le condamnent. Les romaines ne se prononcent pas
et ne sont pas interrogées, mais il est visible qu'elles aussi jugent l'homme
condamnable, car d'une barque à l'autre - elles sont trois - elles font le
signe du pouce renversé.
Pierre lève ses yeux bovins, effrayés, vers le visage de Jésus, et il
rencontre un visage encore plus doux et de ses yeux de saphir s'écoule une
sorte de paix, et il voit se pencher sur lui un visage que l'amour fait
resplendir et il se sent attiré contre Jésus, de sorte que sa tête grisonnante se trouve appliquée au côté de Jésus alors que le
bras du Maître embrasse étroitement ses épaules.
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399> "C'est ainsi que juge l'homme, mais ce n'est pas
ainsi que Dieu juge, mes enfants ! Vous dites : "II ne sera
pas pardonné". Moi, je dis: "Le Seigneur ne voit même pas en lui
matière à pardon". En effet le pardon suppose une faute, mais ici, il
n'y avait pas de faute. Non, ne murmurez pas en hochant la tête. Je répète :
ici, il n'y avait pas de faute.
La faute, quand est-ce qu'elle se
produit ? Quand il y a la volonté de pécher, la conscience que l'on
pécherait, et que l'on persiste à vouloir pécher même après que l'on a pris
conscience que telle action est un péché. Tout est dans la volonté avec
laquelle on accomplit un acte, que ce soit un acte de vertu ou de péché. Même
quand quelqu'un fait un acte évidemment bon mais sans avoir conscience qu'il
fait un acte bon, et croyant au contraire qu'il fait un acte mauvais, il fait
une faute comme s'il faisait un acte mauvais, et réciproquement.
Réfléchissez sur un exemple. Quelqu'un a un ennemi et il sait qu'il est malade. Il sait que par ordre du médecin il ne
doit pas boire d'eau froide, ni même aucun liquide. Il va le trouver,
soi-disant par amour. Il l'entend gémir : "J'ai soif, j'ai
soif !" et, simulant la pitié, il s'empresse de lui donner à boire
de l'eau glacée du puits en disant : "Bois, ami. Moi je t'aime et
je ne puis te voir souffrir ainsi de ta soif ardente. Regarde : je t'ai
apporté exprès cette eau si fraîche. Bois, bois, car une grande récompense
est donnée à celui qui assiste les malades et qui donne à boire à ceux qui
ont soif" et en lui donnant à boire, il amène sa mort. Croyez-vous que
cet acte, bon en lui-même puisqu'il est fait de deux œuvres de miséricorde,
est bon alors qu'il est fait dans un but mauvais ? Non, il ne l'est pas.
Et encore : un fils qui a un père ivrogne et qui pour le sauver de
la mort qu'amènerait son intempérance, ferme le
cellier, enlève l'argent à son père, et lui impose même sévèrement de ne pas
aller au village pour boire et ruiner sa santé, vous paraît-il qu'il manque
au quatrième commandement du seul fait qu'il fait des reproches à son père et
les fait, lui, comme s'il était chef de famille, à son propre père ? En
apparence il fait souffrir son père et semble coupable. En réalité, c'est un
bon fils, car sa volonté est bonne puisqu'il veut sauver son père de la mort.
C'est toujours la volonté qui donne à l'acte sa valeur.
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400> Et encore : le soldat qui tue à la guerre est-il
homicide ? Non, si son esprit ne consent pas au massacre et s'il
combat parce qu'il y est contraint, mais le fait avec ce minimum
d'humanité que la dure loi de la guerre et sa situation subalterne lui
impose.
Par conséquent cet homme de la barque, qui par une bonne volonté de croyant,
de patriote et de pêcheur ne supportait pas ceux qui selon lui étaient des
profanateurs, ne faisait pas de péché contre l'amour du prochain, mais il
avait seulement une idée erronée de l'amour du prochain. Et il ne faisait pas
de péché d'irrespect envers Dieu, parce que son ressentiment envers Dieu
venait de son esprit de croyant qui était bon mais n'était pas équilibré ni
éclairé, et il ne commettait pas d'homicide parce qu'il provoquait l'embardée
par un bon désir de demander pardon.
Sachez toujours faire la distinction. Dieu est Miséricorde plutôt
qu'intransigeance. Dieu est bon. Dieu est Père. Dieu est Amour. C'est cela
qu'est le vrai Dieu. Et le vrai Dieu ouvre son cœur à tous, à tous, en
disant : "Venez", à tous en indiquant son Royaume. Et Il est
libre de le faire car Il est le Seigneur Unique, Universel, Créateur,
Éternel.
Je vous en prie, vous d'Israël. Soyez justes, rappelez-vous ces choses. Ne
faites pas en sorte que les comprennent ceux qui pour vous sont immondes,
alors que vous vous ne les comprenez pas. Même l'amour excessif et désordonné
de la religion et de la patrie est un péché parce qu'il devient de l'égoïsme.
Et l'égoïsme est toujours une raison et une cause de péché.
Oui, l'égoïsme est un péché car il sème dans
le cœur une volonté mauvaise qui le rend rebelle à Dieu et à ses
commandements. L'esprit de l'égoïste ne voit plus nettement Dieu ni ses
vérités. L'orgueil fume chez l'égoïste et offusque les vérités. Dans la brume
l'esprit, qui ne voit plus la lumière franche de la vérité comme il la voyait
avant de devenir orgueilleux, commence le procès des pourquoi et, de là, il
passe au doute, du doute au détachement non seulement de l'amour et de la
confiance en Dieu et en sa justice, mais aussi de la crainte de Dieu et de
ses châtiments. Et, en conséquence, voilà la facilité de pécher, et de la
facilité de pécher voici la solitude de l'âme qui s'éloigne de Dieu, qui
n'ayant plus la volonté de Dieu pour la guider tombe sous la loi de sa
volonté de pécheur. Oh ! c'est une bien dure chaîne la volonté du
pécheur, Satan a dans sa main une de ses extrémités, et l'autre extrémité
tient attaché au pied de l'homme un lourd boulet pour le retenir là, esclave,
dans la boue, courbé, dans les ténèbres.
L'homme peut-il donc alors ne pas faire des
fautes mortelles ?
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401> Peut-il ne pas les faire s'il n'a plus que de la
volonté mauvaise, en lui-même ? Alors, alors seulement, Dieu ne pardonne
pas. Mais quand l'homme a de la bonne volonté et accomplit même des actes spontanés
de vertu, il finit certainement par arriver à posséder la Vérité, car la
bonne volonté mène à Dieu, et Dieu, le Père très Saint, se penche, plein
d'amour, de pitié, d'indulgence, pour aider, pour bénir, pour pardonner à ses
enfants qui ont bonne volonté.
C'est pour cela que l'homme de cette barque a été pleinement aimé, car n'ayant pas la volonté de pécher, il n'avait
pas péché.
Allez maintenant en paix à vos maisons. Les étoiles ont occupé tout le ciel et la lune revêt le monde de pureté. Allez,
obéissants comme les étoiles et rendez-vous purs comme la lune, car Dieu aime
ceux qui sont obéissants et purs d'esprit et Il bénit ceux qui mettent en
chacune de leurs actions la bonne volonté d'aimer Dieu et les frères et de
travailler à sa gloire et à leur profit.
La paix soit avec vous !"
Et Jésus rouvre ses bras pour bénir, pendant que s'éloignent les barques qui l'entourent, qu'elles se séparent, chacune
prenant sa propre direction.
Pierre est si heureux qu'il ne pense pas au départ.
Mathieu le secoue : "Tu ne fais pas attention, Simon ? Moi je
ne suis pas au courant..."
"C'est vrai... Oh ! mon Maître ! Alors tu ne m'avais pas
condamné ?! Et j'avais une telle crainte..."
"Ne crains pas, Simon de Jonas. Moi je t'ai pris pour te sauver, non pour te perdre. Moi, je t'ai pris à cause de ta
bonne volonté... Allons, prends le timon et regarde la Polaire et va avec
assurance, Simon de Jonas. Toujours avec assurance... Dans toutes les
navigations... Dieu, ton Jésus, sera toujours debout à ton côté sur la proue
de ta barque spirituelle. Et Il te comprendra toujours, Simon de Jonas. Tu
comprends ? Toujours. Et Il n'aura pas à te pardonner parce que tu
pourras même tomber comme un faible enfant, mais tu n'auras jamais la volonté
mauvaise de tomber... Sois content, Simon de Jonas."
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