Le samedi 22 juin
1946.
104> 447.1 - C'est le sabbat. C'est ce que je pense en voyant les gens
réunis dans la synagogue. Mais il pourrait se faire qu'ils se soient réunis
là pour fuir le soleil ou pour être plus tranquilles dans la maison de Jaïre, et les gens se pressent attentifs malgré la chaleur que
l'ouverture des portes et des fenêtres pour établir des courants d'air
n'arrive pas à tempérer.
Ceux qui n'ont pas pu entrer dans la synagogue, pour n'être pas rôtis dans la
rue par le soleil, se sont réfugiés dans le jardin ombragé qui est derrière
la synagogue, le jardin de Jaïre aux tonnelles bien abritées et aux arbres
fruitiers aux frondaisons épaisses.
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105> Jésus parle près de la porte qui donne sur le jardin
pour être entendu de ceux qui s'y trouvent, comme de ceux qui sont dans la
synagogue.
Jaïre est à côté de Lui, attentif. Les apôtres sont en groupe près de la
porte qui donne dans le jardin. Les femmes disciples, avec Marie au milieu, sont assises sous une tonnelle qui touche
presque la maison. Miryam de Jaïre et les deux
filles de Philippe sont assises aux
pieds de Marie.
D'après les paroles que j'entends, je vois qu'il y a eu quelque incident
entre les habituels pharisiens et Jésus, et qu'à cause de cela le peuple est
un peu remuant. Jésus l'exhorte à la paix et au pardon en disant que dans des
cœurs troublés, la parole de Dieu ne peut pénétrer avec fruit.
"Nous ne pouvons tolérer que tu sois insulté" crie quelqu'un dans
la foule.
"Laissez faire au Père, le mien et le vôtre, et vous imitez-moi.
Tolérez, pardonnez. Ce n'est pas en répondant par l'insulte à l'insulte que
l'on persuade les ennemis."
"Ce n'est pas non plus avec une continuelle douceur, cependant. Tu te
fais piétiner" crie l'Iscariote.
"Toi, mon apôtre, ne scandalise pas en donnant l'exemple de la colère et
de la critique."
"Il a raison, pourtant, ton disciple. Ses paroles sont justes."
"Il n'est pas juste le cœur qui les
formule et celui qui les écoute. Qui veut être mon disciple doit m'imiter.
Moi, je tolère et je pardonne. Moi, je suis doux, humble et pacifique. Les
fils de la colère ne peuvent rester avec Moi car ils sont fils du siècle et
de leurs passions.
Ne vous rappelez-vous pas le quatrième livre des Rois ? Il est dit dans un passage qu'Isaïe parla contre Sennachérib
qui croyait pouvoir tout oser, et qu'il lui prophétisa que rien ne le
sauverait du châtiment de Dieu. Il le compare à un animal auquel on met un
anneau dans les narines et un frein aux lèvres pour en dompter la coupable
fureur. Vous savez comment Sennachérib périt de la main de ses propres fils.
C'est qu'en vérité le cruel périt à cause de sa propre cruauté. Il périt en
sa chair et en son esprit.
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106> Moi, je n'aime pas
les cruels. Je n'aime pas les orgueilleux. Je
n'aime pas les irascibles, les avides, les luxurieux. Je ne vous ai jamais
donné un mot et un exemple de ces choses, mais toujours, au contraire, je
vous ai enseigné les vertus opposées à ces mauvaises passions.
447.2 - Comme elle est belle la prière de David, notre roi, quand,
revenu à la sainteté par un sincère repentir des fautes passées et des années
de sage conduite, il loua le Seigneur, plein de douceur et de résignation
pour le décret qui l'empêchait d'être le constructeur du nouveau Temple.
Disons-la ensemble en louant le Seigneur Très-Haut..."
Pendant que ceux qui sont assis se lèvent, que ceux qui sont appuyés au mur
prennent une position respectueuse en quittant leur appui, Jésus entonne la
prière de David (1Paralipomènes, chap. 29, v. 10 à 19).
Ensuite Jésus reprend sur son ton habituel :
"Il faut toujours se souvenir que toute
chose est dans les mains de Dieu, toute entreprise, toute victoire. La
magnificence, la puissance, la gloire, la victoire appartiennent au Seigneur.
C'est Lui qui accorde à l'homme telle ou telle chose, s'il juge que c'est
l'heure de l'accorder pour un bien certain. Mais l'homme ne peut y prétendre.
À David, pardonné, mais qui avait encore besoin de victoires sur lui-même
après les erreurs passées, Dieu n'accorde pas la construction du
Temple : "Tu as répandu trop de sang et fait trop de guerres, tu ne
pourras donc pas élever une maison à mon Nom après avoir versé tant de sang
en ma présence. Il te naîtra un fils qui sera un homme de paix... et pour
cela on l'appellera le Pacifique... c'est lui qui édifiera une maison à mon
Nom". Ainsi parla le Très-Haut à son serviteur David.
De même je vous dis. Voulez-vous, à cause de votre colère, ne pas mériter
d'ériger en vos cœurs la maison au Seigneur votre Dieu ? Loin de vous
donc tout sentiment qui n'est pas un sentiment d'amour. Ayez un cœur parfait
comme David le demandait pour son fils, constructeur du Temple afin que,
gardant mes commandements et exécutant toute chose selon ce que je vous ai
enseigné, vous arriviez à élever en vous la maison de votre Dieu en attendant
que vous alliez dans la sienne, éternelle et pleine de joie.
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107> 447.3 - Donne-moi un rouleau, Jaïre, je leur expliquerai ce que
Dieu veut."
Jaïre va à l'endroit où sont rangés les rouleaux et il en prend un au hasard
au milieu du tas. Il le dépoussière et le présente à Jésus qui le déroule et
lit :
"Jérémie, chapitre 5. Allez par les rues de Jérusalem, regardez,
observez, cherchez sur les places un homme qui pratique la justice et cherche
à être fidèle et Moi, J'userai de miséricorde envers lui." (Le Seigneur
me dit : "Ne continue pas. Je lis tout le chapitre.")
Jésus, après avoir tout lu, rend le rouleau à Jaïre et il parle.
"Mes enfants, vous avez entendu quels châtiments terribles sont réservés
à Jérusalem, à l'Israël qui n'est pas juste, mais ne vous réjouissez pas.
C'est notre Patrie. Ne vous réjouissez pas en pensant : "Nous n'y
serons peut-être plus". Elle est toujours pleine de vos frères. Ne dites pas : "C'est bien fait puisqu'elle est
cruelle envers le Seigneur". Les malheurs de la
Patrie, les douleurs des concitoyens, doivent toujours affliger ceux qui sont
des justes. Ne jugez pas comme les autres jugent, mais comme Dieu juge,
c'est-à-dire avec miséricorde.
Que devez-vous faire alors envers cette Patrie, envers ces compatriotes, soit
que sous ces noms il s'agisse de la grande Patrie et de ses habitants, de
toute la Palestine, ou de cette petite patrie qu'est Capharnaüm, votre ville,
soit qu'il s'agisse de tous les hébreux, ou de ces quelques-uns, qui me sont
hostiles, de cette petite ville de Galilée ? Vous devez faire des œuvres
d'amour. Tâchez de sauver la Patrie et les compatriotes. Comment ? Par
la violence, peut-être ? Par le mépris ? Non. Par l'amour, par un
patient amour pour les convertir à Dieu.
Vous avez entendu. "Si je trouve un homme qui pratique la justice,
j'userai envers lui de miséricorde". Travaillez donc pour que les cœurs
viennent à la justice et se rendent justes. Vraiment, dans leur injustice,
ils disent de Moi : "Ce n'est pas Lui", et pour cette raison,
ils croient qu'en me persécutant, il ne leur arrivera pas de mal. Vraiment
ils disent : "Ces choses n'arriveront jamais. Les prophètes ont
parlé au hasard".
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108> Et ils chercheront
à vous amener vous aussi à dire comme eux. Vous, présents ici, vous êtes
fidèles. Mais où est Capharnaüm ? Est-ce là toute Capharnaüm ? Où
sont ceux que les autres fois je voyais se presser autour de Moi ? C'est
donc que le levain qui a fermenté depuis la dernière fois que j'ai été ici a
fait des ruines dans beaucoup de cœurs ? Où est Alphée ? Josué avec
ses trois fils ? Aggée de Malachie ? Joseph et Noémi ? Lévi,
Abel, Saül et Zacharie ? Ont-ils oublié les bienfaits visiblement reçus
parce que des paroles mensongères les ont trompés ? Mais les paroles
peuvent-elles détruire les faits ?
Vous voyez ! Ce n'est qu'une petite localité. Dans cet endroit, où les
bénéficiaires sont les plus nombreux, la rancœur a pu dévaster la foi en Moi.
Il n'y a que ceux qui sont parfaits dans la foi que je vois. Et pourriez-vous
prétendre que des faits lointains, des paroles lointaines peuvent maintenir
fidèle à Dieu Israël tout entier ? Cela devrait être, car la foi devrait
être telle même sans être soutenue par les faits. Mais cela n'est pas. Et plus grande est la science et plus petite
est la foi, parce que les savants se croient dispensés de la foi simple et
franche qui croit à force d'amour et non grâce à l'aide de la science.
C'est l'amour qu'il faut transmettre et allumer. Et pour le faire, il faut
brûler. Être convaincu, héroïquement convaincu, pour convaincre. Au lieu des
grossièretés, pour répondre aux insultes, l'humilité et l'amour. Et aller
avec eux en rappelant les paroles du Seigneur à ceux qui ne s'en souviennent
plus : "Craignons le Seigneur qui nous donne la pluie de la
première et de la dernière saison".
"Ils ne nous comprendraient pas ! Au contraire ils nous
offenseraient en disant que nous sommes des sacrilèges puisque nous
enseignons sans en avoir le droit. Tu n'ignores pas ce que sont les scribes
et les pharisiens… !"
"Non. Je ne l'ignore pas. Même si je l'avais ignoré, maintenant je le
saurais. Mais peu importe ce qu'ils sont eux. Ce qui importe c'est ce que
nous sommes, nous. Eux et les prêtres peuvent applaudir les faux
prophètes qui prophétisent ce qui leur est avantageux, oubliant que ce sont
seulement les œuvres bonnes commandées par la Loi qu'il faut applaudir. Ce
n'est pas une raison pour que mes fidèles les imitent, ni non plus qu'ils se
découragent et se mettent à se regarder comme des vaincus.
447.4 - Vous, vous devez travailler autant que le Mal
travaille..."
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109>
"Nous ne sommes pas le Mal" crie du seuil, sur la route, la voix
éraillée d'Élie le pharisien, qui cherche à entrer sans cesser de crier :
"Nous ne sommes pas le Mal, nous, ô fauteur de troubles. "
"Homme, c'est toi le perturbateur. Sors d'ici !" dit tout de
suite le centurion qui devait être de garde près de la synagogue, tant son
intervention est rapide.
"Toi, toi, païen, tu oses m'imposer..."
"Moi, romain, oui. Sors ! Le Rabbi ne te trouble pas. C'est toi qui
le troubles. Tu n'as pas le droit."
"C'est nous qui sommes les rabbis et pas le menuisier galiléen"
crie le vieillard qui ressemble plutôt à une marchande de légumes qu'à un
maître.
"Un de plus, un de moins... Vous en avez des centaines et tous donnent
un mauvais enseignement. Le seul vertueux, c'est Lui. Je t'ordonne de
sortir."
"Vertueux, hein ?! Vertueux celui qui achète à Rome sa
sauvegarde ! Sacrilège ! Immonde !"
Le centurion pousse un cri et le pas pesant de quelques soldats se mêle aux
cris injurieux d'Élie.
"Saisissez cet homme et chassez-le" commande le centurion.
"Moi ? Les mains des païens sur moi ? Les pieds des païens
dans une de nos synagogues ! Anathème ! À l'aide ! Ils me
profanent ! Ils me..."
"Je vous en prie, soldats, laissez-le ! N'entrez
pas. Respectez ce lieu, et ses cheveux blancs" dit Jésus de sa place.
"Comme tu veux, ô Rabbi."
"Ah ! ah ! Intrigant ! Mais le Sanhédrin le saura. J'ai
la preuve ! J'ai la preuve ! Maintenant je crois aux paroles qui
m'ont été dites. J'ai la preuve, et anathème sur Toi !"
"Et le glaive sur toi, si tu dis encore un mot. Rome défend le droit.
Elle n'intrigue, vieille hyène, avec personne. Le Sanhédrin saura tes
mensonges. Le Proconsul aura mon rapport. Je vais l'écrire. Va chez toi et
tiens-toi à la disposition de Rome"
Et le centurion après un demi-tour parfait, s'en va, suivi des quatre
soldats, laissant en plan Élie, interdit et tremblant, lâchement tremblant...
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110> 447.5 - Jésus reprend son discours, comme si rien ne l'avait
interrompu :
"Vous devez travailler, autant que le Mal travaille, pour édifier en
vous et autour de vous, la maison du Seigneur comme je vous le disais en
commençant. Agir avec une grande sainteté, pour que Dieu puisse encore
descendre dans les cœurs et sur la chère Patrie qui nous a vus naître et qui
est déjà tellement punie et qui ne sait pas quelle nuée de malheur se forme
pour elle au septentrion, dans la nation forte qui déjà nous domine et qui
nous dominera de plus en plus car les actions des citoyens sont de nature à
dégoûter le Très Bon et à exciter le fort. Et avec le courroux de Dieu et de
celui qui vous domine vous voulez peut-être avoir la paix et la
prospérité ? Soyez, soyez bons, ô fils de Dieu. Faites que ce ne soit
pas un seul, mais des centaines et des centaines qui soient bons en Israël,
pour détourner les redoutables châtiments du Ciel. Je vous
ai dit au commencement que là où il n'y a pas de paix, il ne peut y avoir de
parole de Dieu qui, entendue paisiblement, donne des fruits dans les cœurs.
Et vous voyez que cette réunion n'a pas été tranquille et qu'elle ne sera pas
fructueuse. Trop d'agitation dans les cœurs... Allez. Nous aurons encore des
heures pour rester unis. Et priez comme Moi je prie pour que qui nous trouble
se ravise... Allons, Mère."
Et, fendant la foule, il sort dans la rue.
447.6 - Élie est encore là et, le teint terreux comme celui d'un mort,
il se jette aux pieds de Jésus :
"Pitié ! Tu as une fois sauvé mon petit-fils. Sauve-moi pour que j'aie le temps de me repentir. J'ai
péché ! Je l'avoue. Mais tu es bon. Rome... Oh ! que va me faire
Rome ?"
"Elle te dépoussiérera de la poussière de l'été avec de bons coups de
fouet" crie quelqu'un, et les gens rient alors qu'Élie pousse un cri de douleur, comme si déjà il sentait le fouet, et il
gémit :
"Je suis vieux... Perclus de douleurs... Hélas !"
"Les soins vont te les faire passer, vieux chacal !"
"Tu vas redevenir jeune et danser..."
"Silence !" impose Jésus aux moqueurs. Et au pharisien :
"Lève-toi, sois digne. Tu sais bien que je ne complote pas avec Rome.
Que veux-tu donc que je te fasse ?"
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111>
"C'est vrai. Oui, c'est vrai. Tu ne complotes pas. Au contraire, tu
méprises les romains, tu les hais, tu les mau..."
"Rien de cela. Ne mens pas en me louant, comme auparavant tu mentais en
m'accusant. Et sache que ce ne serait pas une louange de dire de Moi que je
hais tel ou tel, que je maudis tel ou tel. Je suis le Sauveur de tous les
esprits et, à mes yeux, il n'y a pas de races, pas de visages, mais des
esprits."
"C'est vrai ! C'est vrai ! Mais tu es juste et Rome le sait et
c'est pour cela qu'elle te défend. Tu calmes les foules, tu enseignes le
respect aux lois et..."
"C'est peut-être une faute à tes yeux ?"
"Oh ! non ! Non ! C'est justice ! Tu sais faire ce
que tous nous devrions faire, parce que tu es juste, parce que..."
Les gens ricanent et murmurent. Nombreuses sont les épithètes de
"Menteur ! Lâche ! Ce matin même, tu disais le
contraire !" qu'on entend, même si on parle en sourdine.
"Eh bien, que dois-je faire ?"
"Aller ! Aller trouver le centurion. Vite ! Avant que parte le
courrier. Tu vois ? Ils préparent déjà les chevaux ! Oh !
pitié !"
447.7 - Jésus le regarde : petit, tremblant, livide de peur,
misérable... Il le considère, et avec compassion. Il n'y a que quatre
pupilles qui le regardent avec compassion : celles du Fils et de la
Mère. Toute autre est ironique, ou sévère, ou fâchée... Même Jean, même André
ont le regard dur d'une sévérité méprisante.
"J'ai pitié. Mais ce n'est pas à Moi d'aller trouver le
centurion..."
"C'est un ami, pour Toi..."
"Non."
"Il t'est reconnaissant, veux-je dire, à cause... à cause du serviteur
que tu lui as guéri."
"Toi aussi, tu as eu ton petit-fils guéri et tu ne m'as pas été
reconnaissant bien que tu sois un Israélite comme Moi. Un bienfait ne crée
pas d'obligation."
"Si, il la crée. Malheur à celui qui n'est pas reconnaissant
pour..."
Élie comprend qu'il se condamne lui-même et, s'embrouillant, il se tait. La foule le raille.
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112>
"Vite, ô Rabbi. Grand Rabbi ! Saint Rabbi ! Il donne des
ordres, tu le vois ?! Ils vont partir ! Veux-tu qu'on me
méprise ? Veux-tu que je meure ?"
"Non. Moi, je ne vais pas rappeler un bienfait. Va toi, et
dis-lui : "Le Maître te dit d'user de pitié". Va !"
Élie s'en va en courant et Jésus se dirige en sens opposé vers sa maison.
Le centurion doit avoir accepté, car on voit les soldats déjà en selle
descendre de cheval, rendre une tablette couverte de cire au centurion et
ramener leurs chevaux.
447.8 - "Dommage ! C'était bien fait pour
lui !" s'écrie Pierre.
Et Matthieu lui répond :
"Oui, le Maître devait le laisser punir ! Autant de coups que
d'insultes qu'il a pour nous. Odieux vieillard !"
"Et ainsi il est tout prêt à recommencer" s'exclame Thomas.
Jésus se retourne sévère :
"Ai-je des disciples ou des démons ? Allez, vous dont le cœur est
sans miséricorde ! Votre présence m'est pénible."
Les trois restent sur place, pétrifiés par le reproche.
"Mon Fils, tu as déjà tant de douleur ! Et moi, j'ai déjà tant de
peine ! N'y ajoute pas celle-là... Regarde-les… !" implore
Marie.
Et Jésus se retourne pour regarder les trois... Trois visages désolés avec,
dans les yeux, toute l'espérance et toute la douleur.
"Venez !" commande Jésus.
Oh ! les hirondelles sont moins rapides que les trois !
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