Le vendredi 15 novembre 1946.
269> 531.1 – Jésus est au milieu de malades
ou de pèlerins venus vers Lui de nombreux endroits de la Palestine. Il y a jusqu'à un navigateur de Tyr qu'un
accident de mer a rendu paralysé et qui raconte son infortune : la chute d'un
fardeau provoquée par le roulis, et les lourdes marchandises lui sont tombées
dessus et ont blessé son échine. Il n'est pas mort, mais c'est pour lui pire
que la mort car, perdu comme il l'est, il oblige ses parents à laisser leur
travail pour le soigner. Il dit qu'il est allé avec eux à Capharnaüm et puis à Nazareth
et qu'il a su par Marie
que Lui était en Judée et précisément à Jérusalem.
"Elle m'a donné les noms des amis qui pouvaient te loger, et un galiléen de
Sephoris m'a dit que tu es ici. Et je suis
venu. Je sais que tu ne méprises personne, pas même les samaritains. Et
j'espère que tu m'exauceras. J'ai tant de foi."
Sa femme ne parle pas, mais se tenant accroupie près du grabat sur lequel on
a posé le malade, elle regarde Jésus avec des yeux plus suppliants que toute
parole.
"Où as-tu été touché ?"
"Au-dessous du cou. C'est justement là que j'ai eu le choc le plus fort
et que j'ai entendu dans ma tête un bruit semblable à celui du bronze que
l'on frappe. Ensuite il a fait place au continuel mugissement d'une mer en
tempête et des lumières, des lumières de toutes couleurs se sont mises à
danser devant moi... Puis je n'ai plus rien senti pendant plusieurs jours.
Nous naviguions dans les eaux de Cintium et
je me suis retrouvé à la maison, je ne sais comment. Et j'ai retrouvé le
mugissement dans la tête et les lumières dans les yeux pendant des jours et
des jours.
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270> Puis cela a passé... mais les bras
sont restés morts et de même les jambes. Un homme fini à quarante ans, et
j'ai sept enfants, Seigneur."
"Femme, soulève ton mari et découvre l'endroit qui a été frappé."
La femme obéit sans parler. Par des mouvements adroits et maternels, aidée
par celui qui est venu avec elle, je ne sais si c'est son frère ou son
beau-frère, elle passe un bras sous les épaules de son mari alors que de
l'autre main elle soutient la tête et avec la délicatesse avec laquelle on
tournerait un nouveau-né, elle soulève le corps lourd de son siège. Une
cicatrice encore rouge indique l'endroit du principal choc.
Jésus se penche. Tout le monde allonge le cou pour regarder. Jésus appuie la
pointe des doigts sur la cicatrice en disant :
"Je veux !"
L'homme a une secousse comme si un courant électrique l'avait touché et pousse un cri :
"Quel feu !"
Jésus détache les doigts des vertèbres blessées et il dit :
"Lève-toi !"
L'homme ne se le fait pas dire deux fois. Appuyer sur son siège ses bras
inertes depuis des mois, se secouer pour se dégager de ceux qui le
soutiennent, jeter ses jambes en bas du brancard, et se mettre debout, c'est
fait en beaucoup moins de temps que je n'en ai employé pour décrire les phases
du miracle.
La femme crie, le parent crie, l'homme guéri lève les bras au ciel, rendu
muet par la joie. Un instant de joie stupéfaite, puis il tourne sur lui-même,
avec l'assurance de l'homme le plus agile, et il se trouve face à Jésus. Il
retrouve alors sa voix et il crie :
"Sois béni Toi et Celui qui t'a envoyé ! Je crois au Dieu d'Israël, et à
Toi, son Messie"
Et il se jette à terre pour baiser les pieds de Jésus pendant que crient les
gens.
531.2 – Puis ce sont les autres
miracles sur des enfants, des femmes, des vieillards pour la plupart. Puis
Jésus parle.
"Vous avez vu le miracle des os fracturés qui se raffermissent et des
membres morts qui redeviennent vivants. Cela, c'est le Seigneur qui vous l'a
accordé pour fortifier la foi chez ceux qui croient et la susciter chez ceux
qui ne l'ont pas. Et le miracle a été accordé à des gens de tous les lieux,
venus ici chercher la santé, poussés par la foi en mon pouvoir de guérison.
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271> Il y a ici des juifs et des galiléens,
des libanais et des syro-phéniciens, des habitants de la Batanée
lointaine et des bords de la mer. Et tous sont venus, sans souci de la saison
et de la longueur du parcours, et les parents les ont accompagnés sans
murmurer, sans se plaindre des travaux restés en suspens ou des commerces
abandonnés, car tout sacrifice était nul en comparaison de ce qu'ils allaient
obtenir. Et comme sont tombés les égoïsmes et les incertitudes de l'homme,
ainsi sont tombées les idées politiques ou religieuses qui constituaient une
sorte de muraille empêchant de se considérer tous frères, tous égaux pour la
vie et la souffrance, pour désirer et espérer la santé et le réconfort.
Et Moi, à tous ceux qui ont su s'unir dans une espérance qui est déjà de la
foi, j'ai accordé la santé et le réconfort, car il est juste qu'il en soit
ainsi.
531.3 – Je suis le Pasteur universel
et je dois accueillir toutes les brebis qui veulent entrer dans mon troupeau.
Je ne fais pas de distinction entre les brebis saines et les malades, entre
les brebis faibles et les fortes, entre les brebis qui me connaissent, étant
déjà du troupeau de Dieu, et les brebis qui jusqu'à maintenant ne me
connaissaient pas et ne connaissaient même pas le vrai Dieu. Car je suis le
Pasteur de l'Humanité, et je prends mes brebis dans tous les lieux où elles
se trouvent et se dirigent vers Moi. Ce sont des brebis maigres, sales,
avilies, ignorantes, frappées par des pasteurs qui ne les ont pas aimées et
les ont repoussées en les disant immondes ? Il n'y a pas d'impureté qui ne
puisse être purifiée. Et il n'y a pas d'impureté qui, voulant se purifier et
demandant de l'aide pour y arriver, puisse être repoussée avec l'excuse
qu'elle est telle.
Les bons désirs,
c'est Dieu qui les suscite. S'il les suscite, c'est signe qu'il désire qu'ils
deviennent réalité. C'est le même Esprit de Dieu qui demande par des prières
ineffables cette absorption de tous les hommes de la part de l'Amour, car
l'Esprit de Dieu désire se répandre et s'enrichir. Se répandre en aimant un
nombre illimité d'êtres à peine suffisant pour donner satisfaction à son
Infinité d'Amour, et s'enrichir de l'amour d'un nombre illimité d'êtres
attirés à Lui par la douceur de ses parfums. Il n'est donc permis à personne
de mépriser et de repousser celui qui veut entrer dans le saint troupeau.
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272> Ceci dit pour ceux d'entre vous qui
peuvent cultiver dans leur cœur les idées d'une grande partie d'Israël, des
idées de distinction et de jugement qui ne sont pas aimées de Dieu car elles
sont contraires à son dessein de faire de tous les peuples un Peuple unique
qui porte le Nom du Messie envoyé par Lui.
Cependant, en ce moment, je parle aussi à toutes celles venues du dehors, aux
brebis jusqu'à présent sauvages et qui éprouvent le désir d'entrer dans le
troupeau unique de l'Unique Pasteur. Et je dis : que rien ne les décourage,
que rien ne les avilisse. Il n'y a pas de paganisme, il n'y a pas
d'idolâtrie, il n'y a pas de vie différente de celle que j'enseigne, qu'on ne
puisse renier et repousser pour permettre à l'esprit de se refaire à neuf,
délivré de toute plante mauvaise pour être capable de recevoir de nouvelles
semences et de revêtir un nouveau vêtement. Et
c'est cela, plus encore que la santé des membres, qui devrait pousser les
peuples vers Moi.
531.4 – De la même façon — et cela
sert pour les hébreux de Palestine comme pour les hébreux et les prosélytes
de la Diaspora et comme pour les gentils — de même que vous savez venir à Moi
pour que soit enlevé à vos
chairs malades, le joug de l'infirmité, ainsi
sachez venir pour que soit enlevé à votre esprit le joug du péché ou du paganisme.
Tous, vous devriez me demander en premier lieu, et désirer de toutes vos
forces, d'être délivrés de ce qui rend votre esprit esclave de forces
mauvaises qui le dominent. Vous devriez vouloir d'abord cette libération,
vouloir comme premier miracle le Royaume de Dieu en vous. Parce que, une fois
ce Royaume de Dieu venu en vous, toute autre chose vous sera donnée, et
donnée de manière que le don ne pèse pas comme un châtiment dans l'autre vie.
Vous n'avez pas réfléchi aux intempéries, aux fatigues, aux pertes d'argent
pour obtenir la santé des membres, qui même s'ils sont guéris aujourd'hui,
dans un proche avenir périront de mort physique. C'est du même cœur que vous
devriez savoir tout affronter pour obtenir la santé de l'esprit, et la Vie
éternelle, et la possession du Royaume de Dieu.
Les mépris ou les menaces des parents ou des concitoyens ou des puissances,
que sont-ils en comparaison de ce que vous aurez tous, de quelque endroit que
vous veniez, si vous savez venir à la Vérité et à la Vie ? Qui hésiterait à
aller en un lieu où il saurait que l'attend une vie heureuse, pour rester une
journée à une fête qui finit au coucher du soleil ? Et pourtant c'est ce que
font beaucoup.
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273> Pour se rassasier, pendant une
fraction de temps, des insipides et inutiles joies du monde, ils évitent
d'accourir au lieu où ils trouveraient pour toujours une vraie nourriture,
une vraie santé, une vraie joie et sans peur de se la voir arracher par une
haine ennemie.
Dans le royaume de Dieu,
il n'y a pas de haine, pas de guerre, pas d'injustices. Celui qui sait y
entrer ne connaît plus la douleur, l'angoisse, les vexations, mais il possède
la paix joyeuse qui émane de mon Père.
Je vous congédie. Allez. Retournez dans vos villages. Désormais mes disciples
sont nombreux et répandus dans toutes les régions de la Palestine,
Écoutez-les, si vous voulez connaître ma Doctrine et être prêts pour le jour
de la décision de laquelle dépendra la vie éternelle d'un grand nombre. Je
vous donne ma paix pour qu'elle vienne avec vous."
Et Jésus, après avoir béni la foule, rentre dans la maison...
531.5 – Les apôtres restent encore
dehors pendant quelque temps, puis ils rentrent pour le repas car le soleil,
déjà haut dans le ciel, indique que C'est midi.
Ils s'assoient à la table rustique pour prendre la nourriture composée de
fromages, de chicorée cuite à l'eau et assaisonnée avec de l'huile, et après
la bénédiction des mets, ils parlent des événements de la matinée. Ils se
félicitent que le nombre des disciples qui évangélisent soit désormais tel
que le Maître soit soulagé de la fatigue de parler continuellement dans les
conditions de fatigue où il se trouve. En effet Jésus, ces derniers temps, est
devenu encore plus maigre. Sa couleur, qui est naturellement d'un blanc
d'ivoire foncé avec à peine une teinte de rosé sous la couleur brune de la
peau, au sommet des joues, est maintenant tout à fait blanche, semblable à un
pétale de magnolia qui a perdu sa fraîcheur.
À moi, qui ayant vécu longtemps à Milan connais la couleur délicate du marbre
de Candoglia qui a servi à la construction du
magnifique Dôme, le visage du Seigneur, en ces derniers mois douloureux de sa
vie terrestre, me paraît vraiment de la couleur de ce marbre qui n'est pas
blanc, qui n'est pas rosé, qui n'est pas jaune, mais rappelle avec les
nuances les plus délicates ces trois couleurs. Les yeux sont plus profonds et
semblent donc plus sombres, peut-être aussi une ombre de lassitude offusque
les paupières et les orbites.
Des yeux de quelqu'un qui dort peu, pleure beaucoup et souffre. Et la main
semble plus longue, parce qu'elle est décharnée et pâlie, douce main de mon
Seigneur qui montre déjà le relief des tendons et les veines, qui a des creux
par suite de la maigreur sous laquelle transparaît l'ossature sous-jacente,
sainte main martyre, déjà prête pour le clou qui la transpercera et où il
sera facile aux bourreaux de trouver le point où mettre le clou car il n'y a
pas de voile de graisse sur la main ascétique de mon Seigneur.
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274> Maintenant elle s'abandonne comme par
lassitude sur le bois sombre de la table, alors que Lui secoue sa tête en
souriant péniblement à ses apôtres qui s'aperçoivent de l'infinie
lassitude de ses membres, de sa voix, et
surtout de son cœur, trop affligé, trop épuisé par l'effort de devoir tenir
unis tant de cœurs différents, de devoir supporter et tenir caché le
déshonneur du disciple incorrigible...
531.6 – Pierre décrète :
"Toi, jusqu'à la Fête de la Dédicace, il faut absolument que tu te
reposes. À ceux qui viennent, c'est nous qui y penserons. Toi, tu iras...
Mais, oui ! Chez Thomas.
Tu seras tout près et en paix."
Thomas appuie la proposition de Pierre, mais Jésus secoue la tête. Non. Il ne
veut pas y aller.
"Eh bien, alors, tu ne parleras pas ces jours-ci. Nous pouvons le faire.
Ce ne seront pas des paroles élevées : nous nous en tiendrons à ce que nous
savons et Toi, tu t'occuperas seulement des malades."
"Cela, nous aussi pouvons le faire" dit Judas Iscariote.
"Hum ! Moi, j'y renonce" dit Pierre.
"Et pourtant, tu l'as déjà fait !"
"Certainement. Quand le Maître n'était pas avec nous et que nous devions
le représenter et le faire aimer. Mais à présent il est là et c'est Lui qui
fait le miracle. Lui seul en est digne. Le miracle, nous ! Mais si nous avons
besoin de recevoir celui de notre rénovation, parce que, de nous-mêmes, je
m'en aperçois bien, nous ne ferons jamais rien de bien. Nous sommes des
misérables, pécheurs et ignorants."
"Parle pour toi, je t'en prie. Moi je ne me sens pas du tout misérable
!" réplique Judas de Kérioth.
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275> "Le Maître est las. Sa
lassitude est plutôt morale que physique. S'il est vrai que nous l'aimons,
évitons les disputes. C'est ce qui l'épuisé le plus" dit sévèrement le Zélote.
Jésus lève les yeux pour regarder l'apôtre âgé, toujours si sage, et il lui
tend la main par dessus la table pour le caresser.
Le Zélote prend dans ses mains brunes cette main blanche et il la baise.
"Tu as raison. Mais moi aussi, si je dis qu'il doit absolument se
reposer. Il semble malade !..." insiste Pierre.
Tous sont d'accord, y compris le vieux Jean et Élise
qui dit :
"Il y a si longtemps que je le dis. Pour cela, je voudrais..."
531.7 – Un coup à la porte.
André,
qui en est le plus proche, va ouvrir et il sort en refermant la porte
derrière lui.
Il rentre :
"Maître, il y a une femme. Elle insiste pour te voir. Elle a une
fillette avec elle. Elle doit être de haute condition, malgré la simplicité
de son vêtement. Elles ne sont pas malades, ni elle ni sa fille, dirais-je.
Mais je ne sais pourquoi elle a un voile si épais. La fillette a des fleurs
splendides dans les bras."
"Renvoie-la. Nous étions en train de dire qu'il doit se reposer, et tu
ne le laisses même pas finir de manger !" bougonne Pierre.
"Je le lui ai dit. Mais elle m'a répondu qu'elle ne fatiguera pas le
Maître, et que Lui aura certainement de la joie de la voir."
"Dis-lui qu'elle revienne demain à l'heure de tout le monde. Maintenant
le Maître va se reposer."
"André, accompagne-la dans la chambre du haut. J'arrive tout de
suite" dit Jésus.
"Voilà ! Je le savais ! C'est ainsi qu'il se ménage ! Exactement comme
nous disions de le faire !" Pierre est fâché.
Jésus se lève et avant de sortir il passe derrière Pierre, lui met les mains
sur les épaules, se penche un peu pour déposer un baiser sur ses cheveux en
disant :
"Bon, Simon ! Celui qui m'aime soulage ma lassitude plus que le repos
sur un lit."
"Sais-tu si c'est quelqu'une qui t'aime ?"
"Oh ! Simon ! L'inquiétude te fait dire des paroles dont tu t'es déjà
repenti car tu te rends compte qu'elles sont sottes !
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276> Bon ! Bon ! Une femme qui vient
avec une enfant innocente, qui m'amène son enfant innocente les bras chargés
de fleurs, ne peut être que quelqu'une qui m'aime et qui voit mon besoin de
trouver un peu d'amour et de pureté au milieu de tant de haine et de souillure."
Et il s'en va ensuite en montant l'escalier de la terrasse, alors qu'André,
une fois sa mission accomplie, rentre dans la cuisine.
531.8 – La femme
est sur la porte de la pièce supérieure. Grande, élancée sous un lourd
manteau gris, le visage voilé par une toile de soie ivoire qui descend de la
capuche fermée autour de son visage. La fillette, une enfant encore
car elle peut avoir au maximum trois ans, a un petit vêtement de laine
blanche et une cape blanche aussi, avec la capuche. Mais la capuche a glissé
en arrière de ses boucles d'une délicate couleur châtain clair, car la petite
regarde la femme en levant son petit visage qui émerge des fleurs qu'elle
serre étroitement dans ses bras. Des fleurs splendides qu'on ne peut trouver
que dans ces pays pendant le froid décembre : des roses carnées mélangées
avec de délicates fleurs blanches que je ne connais pas : je ne suis pas
très forte en floriculture.
Jésus a à peine posé le pied sur la terrasse qu'il s'entend saluer par la
petite voix de l'enfant qui court à sa rencontre, poussée par la femme, en
disant :
"Ave, Domine Jesu !"
Jésus penche sa haute personne sur sa minuscule dévote, et en posant une main
sur ses cheveux, lui dit :
"La paix soit avec toi"
Puis il se relève et suit la fillette qui, avec un gazouillement joyeux,
revient vers la femme qui s'est inclinée profondément, en se déplaçant de
devant la porte pour laisser passer le Maître.
Jésus la salue d'un signe de tête, et entre dans la pièce pour aller
s'asseoir sur le premier siège qu'il trouve, silencieux comme s'il attendait,
Il est très roi. Assis sur son pauvre siège de bois sans dossier, il paraît
assis sur un trône tant est austère sa dignité. Sans manteau, avec son seul
vêtement de laine d'un bleu très foncé, sans ornements, un peu déteint sur
les épaules où la pluie, le soleil, la poussière et la sueur ont attaqué la
couleur, vêtement propre, mais pauvre, il paraît vêtu de pourpre tant est
majestueux son comportement.
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277> Très rigide, presque hiératique la
pose de sa tête sur son cou, avec ses mains sur les genoux, les paumes
ouvertes, les pieds nus sur le pavé nu de vieilles briques, avec comme fond
le mur nu et à peine blanchi à la chaux avec, suspendu derrière sa tête non
pas un drap ni un baldaquin mais un tamis pour la farine et une corde où sont
suspendus des paquets d'ails et d'oignons, il est plus imposant que s'il
avait sous ses pieds un pavage précieux, un mur d'or derrière Lui et un voile
de pourpre orné de gemmes sur la tête.
Il attend. Sa majesté paralyse la femme en une stupeur de vénération. La
fillette même se tait et reste immobile près de la femme, un peu effrayée
peut-être. Mais Jésus sourit en disant :
"Je suis ici pour vous. Ne craignez pas."
Et alors toute crainte tombe. La femme murmure quelque chose à la fillette et
la fillette s'avance, suivie par la femme, et elle va contre les genoux de
Jésus et elle dépose sur ses genoux toutes ses fleurs en disant :
"Les roses de Faustina à son
Sauveur."
Elle le dit lentement comme quelqu'un qui ne connaît pas une langue qui n'est
pas la sienne. Pendant ce temps la femme s'est agenouillée derrière la
fillette, en rejetant son voile en arrière. C'est Valéria, la mère de la petite, qui salue
Jésus de son salut romain :
"Salut,
ô Maître."
"Que Dieu vienne à toi, femme. Comment donc es-tu ici ? Et seule ainsi
?" dit Jésus tout en caressant la petite qui n'a plus peur, et qui non
contente d'avoir mis les fleurs sur les genoux de Jésus, fouille avec ses
menottes dans le bouquet parfumé et choisit celles qui, selon elle, sont les
plus belles en disant :
"Prends ! Prends ! C'est pour Toi, sais-tu ?"
Et elle lève tantôt une rose, tantôt une des larges ombrelles blanches à
petites étoiles odorantes, près du visage de Jésus qui les prend et les remet
sur le tas parfumé.
531.9 – Pendant ce temps, Valéria
parle :
"J'étais à Tibériade car ma fille était un peu malade et notre médecin
l'avait conseillé..."
Valéria fait une longue pause, change de couleur et puis dit à la hâte :
"et j'avais une si grande souffrance au cœur et je te désirais. Car pour
ma souffrance, un seul médecin pouvait trouver la guérison : Toi, Maître qui
en toutes choses as des paroles de justice... Je serais donc venue de toutes
façons. Par l'égoïsme d'avoir ton réconfort, et aussi pour savoir ce que je
dois faire pour... Oui, pour montrer ma reconnaissance envers Toi et ton Dieu
qui m'avez accordé d'avoir mon enfant... Mais nous savons tant de choses,
Maître.
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278> Les rapports des plus petits faits
de la Colonie sont journellement déposés sur la table de travail de Ponce Pilate.
Il en prend connaissance, mais pour prendre des décisions à leur sujet il
s'en rapporte beaucoup à Claudia...
Beaucoup de rapports parlent de Toi et des hébreux qui entretiennent
l'agitation dans le pays, en faisant de Toi en même temps une enseigne de
réveil national et une cause de haine civile. Claudia voit juste quand elle
dit à son mari que dans toute la Palestine, il n'y en a qu'un seul dont il ne
doit pas craindre qu'il soit pour lui une cause de malheur : Toi. Et Pilate
l'écoute jour après jour... Jusqu'à présent la plus forte c'est Claudia. Mais
si demain une autre force dominait Pilate... J'ai donc su et senti que mon
innocente t'aurait consolé..."
"Tu as eu un cœur plein de pitié et éclairé, femme. Que Dieu t'éclaire
totalement et veille sur ton enfant, maintenant et toujours."
"Merci, Seigneur. J'ai besoin de
Dieu..."
Des larmes tombent des yeux de Valéria.
"Oui, tu en as besoin. En Dieu tu trouveras tout réconfort,
et tu sauras trouver un guide pour être juste en jugeant, pardonnant, en
aimant encore, et surtout pour éduquer cette petite, afin qu'elle ait la vie
heureuse de ceux qui sont les enfants du vrai Dieu.
531.10 – Tu vois : le Dieu que tu ne connaissais
pas, dont peut-être tu t'étais moquée, de Lui et de sa Loi, si différent de
vos dieux et de vos lois et pratiques religieuses; que tu avais certainement
offensé par une manière de vivre où la vertu n'était pas respectée en tant de
choses, légères encore, si tu veux, mais qui conduisaient à blesser plus
grièvement la vertu et à offenser la Divinité qui t'a créée, toi aussi; ce
Dieu t'a tant aimée que par une douleur que tu ressentais avec ton humanité
de mère, et de mère qui ne connaît pas la vie future et par conséquent le
caractère temporaire de la séparation de la chair de sa chair, t'a tant aimée
qu'il t'a amenée à Moi. Il t'a aimée au point de me conduire à Césarée quand
tu agonisais pour ainsi dire sur la chair de ton enfant qui se refroidissait
déjà dans l'agonie.
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279> Il t'a tant aimée qu'il te l'a
rendue
afin que tu aies toujours présentes à ton esprit la bonté et la puissance du
Dieu vrai, et que tu possèdes un frein contre la licence païenne et un
réconfort dans toutes tes douleurs de femme mariée. Il t'a tant aimée que,
par une autre douleur, Il a renforcé en toi la volonté de venir à la Voie, à
la Vérité, à la Vie, et de t'y fixer avec ton enfant, pour qu'elle au moins,
dès sa prime enfance, possède ce qui est réconfort et paix, salut et lumière
dans les tristes journées de la Terre, et les ait pour être préservée de tout
ce qui te fait souffrir dans la meilleure partie de ton être, et dans la
partie affective. La première, instinctivement bonne et incapable de
supporter la sombre boue où elle est obligée de vivre. La seconde,
désordonnée dans sa bonté.
C'est que dans tes affections,
tu es païenne, ô femme. Ce n'est pas ta faute. C'est la faute du siècle où tu
vis et de la gentilité dans laquelle tu as grandi. Seul celui qui est dans la
vraie religion sait donner aux affections leur valeur, leur mesure et leurs
justes manifestations. Toi, mère ignorante de la vie éternelle, tu as aimé ta
petite d'une manière désordonnée, et en la voyant mourir, tu te révoltais
désespérément contre cette perte, rendue folle par la mort qui allait
survenir. Comme quelqu'un qui voit saisi par un fou l'être qui lui est le
plus cher et le voit suspendu au-dessus d'un abîme du fond duquel il ne
pourrait revenir s'il y tombait, et ne pourrait pas même être rapporté comme
froide dépouille au baiser de son amour, ainsi tu voyais ta Fausta déjà
suspendue au-dessus de l'abîme du néant... Pauvre mère qui n'aurait plus eu
sa fille ! Ni dans sa chair ni dans son esprit. Le néant. La fin, la fin
inexorable qu'est la mort pour ceux qui ne croient pas à la Vie spirituelle.
Toi, épouse païenne, aimante, fidèle, tu as aimé dans ton époux le dieu
terrestre d'un amour charnel, ton beau dieu qui se faisait adorer par toi, en
abaissant ta dignité d'égale à une servilité d'esclave. Que la femme soit
soumise à son mari, humble, fidèle, chaste. Oui. Lui, l'homme, est le chef de
la famille, mais chef ne veut pas dire despote. Chef ne veut pas dire maître
capricieux auquel est permis tout caprice non seulement sur la chair mais sur
la meilleure partie de l'épouse. Vous dites : "Où toi, Caïus, là moi, Caïa".
Pauvres femmes d'un lieu où la licence se trouve jusque dans les histoires de
vos dieux, celles d'entre vous qui ne sont pas d'une impudicité effrénée,
comment pouvez-vous être là où sont vos époux ?
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280> Il est inévitable qu'une femme, qui
n'est pas licencieuse et corrompue, se détache avec dégoût et éprouve une
douleur vraiment atroce comme si des fibres se déchiraient, un effroi, un
écroulement de tout le culte envers le mari contemplé jusque-là comme un
dieu, quand elle découvre que celui qu'elle adorait comme un dieu est un être
misérable, dominé par une animalité brutale, licencieux, adultère, distrait,
indifférent, qui se moque des sentiments et de la dignité de son épouse.
Ne pleure pas. Moi aussi je sais tout et même sans avoir besoin des rapports
des centurions. Ne pleure pas, femme. Apprends, au contraire, à aimer ton
mari dans l'ordre."
531.11 – "Je
ne peux plus l'aimer, il ne le mérite plus. Je le méprise. Je ne m'avilirai
pas moi-même en l'imitant, mais je ne peux plus l'aimer. Tout est fini entre
nous. Je l'ai laissé
partir... sans essayer de le retenir... Au fond, je lui ai été
reconnaissante, une dernière fois, pour son éloignement... Je ne le
rechercherai pas. Du reste, quand donc a-t-il été pour moi un compagnon ? Une
fois tombé le bandeau de mon adoration, je me rappelle maintenant et je juge
ses actions. Était-il peut-être avec mon cœur, quand je pleurais de devoir le
suivre ici, en quittant ma mère malade et ma patrie, alors que j'étais
nouvelle épouse et près d'enfanter ? Lui, avec ses amis, riait fat de mes
larmes et de mes nausées, m'avertissant seulement de ne pas salir son
vêtement. Était-il peut-être à côté de moi, dans la nostalgie de mon
dépaysement ? Non, dehors, avec ses amis, aux festins où mon état ne me
permettait pas d'aller... Était-il peut-être penché
avec moi sur le berceau du bébé ? Quand on lui montra la fille, il se mit à
rire en disant : "J'aurais bien envie de la faire mettre par terre. Ce
n'est pas pour avoir des filles que j'ai pris le joug matrimonial". Il
n'assista pas à la purification en disant que c'était une pantomime inutile.
Et parce que la petite pleurait, il dit en sortant : "Qu'on lui donne le
nom de Libitina,
et qu'elle soit consacrée à la déesse". Et quand Fausta fut mourante,
partagea-t-il mon angoisse ? Où était-il la nuit qui précéda ta venue ? Dans
la maison de Valérien
à un banquet. Mais je l'aimais : c'était, tu as dit juste, mon dieu. Tout me
paraissait bon, juste en lui. Il me permettait de l'aimer... et j'étais
l'esclave la plus esclave de ses volontés. Sais-tu pourquoi il m'a écartée de
lui ?"
"Je le sais. Parce que dans ta chair, l'âme s'était réveillée et que tu
n'étais plus une femelle, mais une femme."
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281> "C'est ainsi. J'ai voulu faire
de ma maison une maison vertueuse... et lui s'est fait envoyer à Antioche
près du Consul, en m'imposant de ne pas le suivre et il a emmené avec lui ses
esclaves favorites. Oh ! je ne le suivrai pas ! J'ai ma fille, j'ai
tout."
"Non. Tu n'as pas tout. Tu as une partie, une petite partie du Tout, ce
qui te sert à être vertueuse. Le Tout, c'est Dieu. Ta fille ne doit pas être
une raison d'injustice envers le Tout, mais de justice. Pour elle et avec
elle, tu as le devoir d'être vertueuse."
"Je suis venue pour te consoler, et c'est Toi qui me consoles. Mais je
suis venue aussi pour te demander comment éduquer cette petite pour la rendre
digne de son Sauveur. J'avais pensé me faire votre prosélyte et de la faire
telle, elle aussi..."
"Et ton mari ?"
"Oh ! tout est fini avec lui."
"Non. Tout commence. Tu es toujours son épouse. Le devoir d'une bonne
épouse est de rendre bon son conjoint."
"Il dit qu'il veut divorcer, et il le fera certainement. Pour
cela..."
"Et il le fera. Mais il ne l'a pas encore fait et tant qu'il ne Ta pas
fait, tu es son épouse, même d'après votre loi. Et comme telle, tu as le
devoir de rester comme épouse à ta place. Ta place est celle de seconde pour
ton mari dans la maison, près de ta fille, en présence des serviteurs et du
monde. Tu penses : lui a donné le mauvais exemple. C'est vrai. Mais cela ne
te dispense pas de donner, toi, un exemple de vertu. Lui s'en est allé, c'est
vrai. Toi, prends sa place auprès de ta fille et
des serviteurs.
531.12 – Tout ne mérite pas des
reproches dans vos coutumes. Quand Rome était moins corrompue, ses femmes
étaient chastes, laborieuses, et elles servaient la divinité par une vie de
vertu et de foi. Même si leur condition misérable de païennes les faisait servir
des faux dieux, l'idée était bonne. Elles donnaient leur vertu à l'Idée de la
religion, au besoin d'un respect pour une religion, pour une Divinité dont le
vrai nom leur était inconnu, mais dont elles sentaient l'existence et qui
était plus grand que l'Olympe licencieux, que les divinités avilies qui le
peuplaient selon les légendes mythologiques. Inexistant votre Olympe,
inexistants vos dieux. Mais vos vertus antiques étaient le fruit de la
conviction vraie qu'il fallait être vertueux pour pouvoir être regardé avec
amour par les dieux. Elles étaient le fruit du devoir que vous aviez le
sentiment d'avoir envers les divinités que vous adoriez.
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282> Aux yeux du monde, particulièrement
de notre monde judaïque, vous paraissiez sots pour cet honneur que vous
donniez à ce qui n'existe pas. Mais pour la Justice éternelle et vraie, pour
le Dieu Très-Haut, Unique et Tout Puissant Créateur de toutes les créatures
et de toutes choses, ces vertus, ce respect, ce devoir n'étaient pas vains.
Le bien est toujours le bien, la foi a toujours valeur de foi, la religion a
toujours valeur de religion si celui qui les suit et les pratique est
convaincu d'être dans le vrai.
Je t'exhorte à imiter vos antiques femmes, chastes, laborieuses et fidèles,
en restant à ta place, colonne et lumière dans ta maison et de ta maison. Ne
crois pas que les serviteurs aient pour toi moins de respect parce que tu es
restée seule. Jusqu'à présent ils t'ont servie par crainte et parfois avec un
sentiment caché de haine et de révolte. Dorénavant ils te serviront avec
amour. Les malheureux aiment ceux qui sont malheureux. Tes esclaves
connaissent la douleur. Ta joie était pour eux un aiguillon
amer. Tes peines, en te dépouillant du froid éclat de maîtresse, au
sens le plus odieux du mot, te revêtiront d'une lumière chaude de pitié. Tu
seras aimée, Valéria, et par Dieu et par ta fille et par tes serviteurs. Et
même si tu n'étais plus l'épouse, mais la divorcée, rappelle-toi (Jésus se
lève) que la séparation légale ne supprime pas le devoir de la femme d'être
fidèle à son serment d'épouse.
531.13 – Tu voudrais entrer dans notre
religion. Un de ses préceptes divins c'est que la femme est la chair de la
chair de l'époux et que rien ni personne ne peut séparer ce que Dieu a fait
une seule chair. Nous aussi, nous avons le divorce. Il est venu comme un
fruit mauvais de la luxure humaine, du péché d'origine, de la corruption des
hommes. Mais il n'est pas venu spontanément de Dieu. Dieu ne change pas sa
parole. Et Dieu avait dit, en inspirant à Adam, innocent encore, et parlant
par conséquent avec une intelligence que la faute n'avait pas offusquée, les
paroles : que les époux, une fois unis, devaient être une seule chair .
La chair ne se sépare pas de la chair autrement que par le malheur de la mort
ou de la maladie.
Le divorce mosaïque, accordé pour éviter des péchés atroces, n'accorde à la
femme qu'une liberté bien mesquine. La divorcée est toujours une femme
diminuée dans la pensée des hommes, soit qu'elle reste telle, soit qu'elle
passe à des secondes noces. Dans le jugement de Dieu, c'est une malheureuse
si elle devient divorcée par suite de la malveillance de l'époux et reste
divorcée, mais elle n'est qu'une pécheresse, une adultère,
si elle le devient par ses abjectes propres fautes et se remarie.
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283> Mais toi, si tu veux entrer dans
notre religion, tu le fais pour Me suivre, et alors Moi, Verbe de Dieu, le
temps de la religion parfaite étant venu, je te dis ce que je dis à beaucoup.
Il n'est pas permis à l'homme de séparer ce que Dieu a uni et est toujours
adultère celui ou celle qui du vivant de son conjoint passe à d'autres noces.
Le divorce
est une prostitution légale, qui met l'homme et la femme en situation de
commettre des péchés de luxure. La femme divorcée reste difficilement veuve
d'un homme vivant, et veuve fidèle. L'homme divorcé ne reste jamais fidèle au
premier mariage. Aussi bien l'un que l'autre, en passant à d'autres unions,
descendent du niveau des hommes à celui des brutes, auxquelles il est permis
de changer de femelle à tout appel des sens. La fornication légale,
dangereuse pour la famille et la Patrie, est criminelle à l'égard des
innocents. Les enfants des divorcés doivent juger leurs parents. Jugement
sévère que celui des enfants ! Les enfants doivent condamner au moins un des
deux parents. Et les enfants, à cause de l'égoïsme des parents, sont
condamnés à une vie affective mutilée. Que si ensuite, aux conséquences
familiales du divorce, qui prive du père ou de la mère des enfants innocents,
s'ajoute le nouveau mariage du conjoint auquel ont été confiés les enfants, à
la condamnation d'une vie affective mutilée de l'un des deux membres,
s'ajoute l'autre mutilation : celle de la perte, plus ou moins totale, de
l'affection de l'autre membre, séparé, ou totalement absorbé, par le nouvel
amour et les enfants du nouveau mariage.
Parler de noces, de mariage, dans le cas d'une nouvelle union d'un divorcé ou
d'une divorcée, c'est profaner le sens et la chose de ce qu'est le mariage.
Seule la mort de l'un des conjoints et le veuvage qui en résulte pour
l'autre, peut justifier les secondes noces, bien que je juge qu'il serait
meilleur de s'incliner devant le verdict toujours juste de Celui qui règle
les destinées des hommes, et de se renfermer dans la chasteté quand la mort a
mis fin à l'état matrimonial, en se consacrant tout entier aux enfants et en
aimant dans ses enfants le conjoint passé à l'autre vie. C'est un amour
dépouillé de toute matérialité, saint et vrai.
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284> Pauvres enfants ! Connaître après
la mort ou l'écroulement du foyer, la dureté d'un second père ou d'une
seconde mère et l'angoisse de voir les caresses partagées avec d'autres fils
qui ne sont pas des frères !
531.14 – Non. Dans ma religion le
divorce n'existera pas. Et adultère et pécheur sera celui qui contractera le
divorce civil pour contracter une nouvelle union. La loi humaine ne changera
pas mon décret. Le mariage, dans ma religion, ne sera plus un contrat civil,
une promesse morale, faite et sanctionnée par la présence de témoins préposés
pour la chose. Mais ce sera un indissoluble lien rivé, soudé, sanctifié par
la puissance sanctifiante que je donnerai au contrat, devenu Sacrement. Pour
te faire comprendre : rite sacré. Ce pouvoir aidera à pratiquer saintement
tous les devoirs matrimoniaux, mais il sera aussi l'affirmation de
l'indissolubilité du lien.
Jusqu'à présent, le mariage est un
contrat réciproque naturel et moral entre deux personnes de sexe différent, À
partir du moment où ma loi existera, il sera étendu à l'âme des conjoints. Il
deviendra par conséquent aussi un contrat spirituel, sanctionné par Dieu par
l'intermédiaire de ses ministres. Tu sais maintenant qu'il n'y a rien
au-dessus de Dieu. Donc ce que Lui aura uni, aucune autorité, aucune loi ou
caprice humain ne pourra le séparer.
Le "où tu es Caïus, je serai moi Caïa" de votre rite se perpétue dans l'au-delà, dans
notre rite, dans mon rite, car la mort n'est pas la fin, mais la séparation
temporaire de l'époux et de l'épouse, et le devoir d'aimer dure aussi au-delà
de la mort. C'est pour cela que je dis que je voudrais la chasteté chez les
veufs. Mais l'homme ne sait pas être chaste. Et c'est aussi pour cela que je
dis que les conjoints ont le devoir de s'améliorer l'un l'autre.
Ne hoche pas la tête. Tel est le devoir, et il faut accomplir ce devoir si on
veut vraiment Me suivre."
531.15 – "Tu es dur, aujourd'hui,
Maître."
"Non. Je suis Maître et j'ai en face de Moi une créature qui peut
grandir dans la vie de la Grâce. Si tu n'étais pas ce que tu es, je
t'imposerais moins. Mais tu as une bonne trempe et la souffrance purifie et
trempe toujours plus ton métal. Un jour tu te souviendras de Moi et tu me
béniras d'avoir été ce que je suis."
"Mon mari ne reviendra pas en arrière..."
"Et toi, tu iras de l'avant. En tenant par la main ton innocente, tu
marcheras sur le chemin de la Justice sans haine, sans vengeance, et aussi
pourtant sans attente inutile et sans regret pour ce qui est perdu."
"Tu le sais alors que je l'ai perdu !"
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285> "Je le sais, mais ce n'est pas
toi qui l'as perdu, c'est lui qui t'a perdue. Il ne te méritait pas.
Maintenant écoute... C'est dur. Oui. Tu m'as apporté des roses et des
sourires innocents pour me consoler … Moi... Je ne puis que te préparer à
porter la couronne d'épines des épouses abandonnées... Mais, réfléchis :
si le temps pouvait revenir en arrière et te ramener à ce matin où Fausta
était mourante, et si ton cœur était mis dans l'alternative de choisir entre
ta fille et ton mari, devant nécessairement perdre l'un des deux, toi, que
choisirais-tu ?,,."
La femme réfléchit, pâle mais courageuse dans sa souffrance après les
quelques larmes qu'elle a versées au début du dialogue... Puis elle se penche
sur sa petite qui est assise sur le pavé et s'amuse à mettre des fleurettes
blanches autour des pieds de Jésus. Elle la prend, l'embrasse et crie :
"C'est elle que je choisirais, car à elle je puis donner mon cœur même
et la faire grandir comme j'ai appris que l'on doit vivre. Mon enfant ! Et
être unies aussi au-delà de la vie. Moi toujours sa mère, elle toujours ma
fille !"
Et elle la couvre de baisers alors que la petite se serre à son cou, toute
amour et sourires.
"Dis-moi, oh ! dis-moi, Maître, Toi qui
apprends à vivre en héros, ce que, comment l'élever
pour être toutes les deux dans ton Royaume ? Quelles paroles, quelles actions
lui enseigner ?..."
"Il n'est pas besoin de paroles ni d'actes particuliers. Sois parfaite
pour qu'elle reflète ta perfection. Aime Dieu et le prochain pour qu'elle
apprenne à aimer. Vis sur la Terre avec tes affections en Dieu. Elle
t'imitera. Ainsi pour l'instant. Plus tard mon Père, qui vous a aimées d'une
manière spéciale, pourvoira à vos besoins spirituels, et vous deviendrez
sages dans la foi qui portera mon Nom. C'est tout ce qu'il y a à faire. Dans
l'amour de Dieu, tu trouveras tout frein contre le Mal. Dans l'amour du
prochain, tu auras une aide contre l'accablement de la solitude. Et enseigne
à pardonner. À toi-même... et à ton enfant. Comprends-tu ce que je veux dire
?"
"Je comprends... C'est juste...
531.16 – Maître, je te quitte. Bénis
une pauvre femme... qui est plus pauvre qu'une mendiante qui a son compagnon
fidèle..."
"Où es-tu maintenant ? À Jérusalem ?"
"Non, à Béther. Jeanne,
qui est si bonne, m'a envoyé dans son château... Je souffrais trop là-haut...
Je vais y rester jusqu'à ce que Jeanne vienne à Jérusalem, ce qui ne va pas
tarder.
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286> Elle descend en Judée avec ta Mère
et les autres disciples aux premières tiédeurs du printemps. Ensuite, je
resterai avec elle quelque temps. Puis les autres viendront et j'irai avec
elles. Mais le temps aura déjà pansé ma blessure."
"Le temps, et surtout Dieu et le sourire de ta fillette. Adieu, Valéria.
Que le Dieu vrai, que tu cherches avec un esprit qui est bon, te réconforte
et te protège."
Jésus met la main sur la tête de la petite pour la bénir. Puis il s'approche
de la porte fermée en demandant :
"Tu es venue seule ?"
"Non, avec une affranchie.
Le char m'attend dans le bois à l'entrée du village. Nous verrons-nous
encore, Maître ?"
"Pour la Dédicace, je serai à Jérusalem, au Temple."
"j'y serai, Maître. J'ai besoin de tes paroles pour ma nouvelle
vie..."
"Va tranquille. Dieu ne laisse pas sans aide celui qui le cherche."
"Je crois... Oh ! il est bien triste notre monde païen !"
"Il y a de la tristesse partout où il n'y a pas une vraie vie en Dieu.
Même en Israël, on pleure... C'est parce qu'on ne vit plus dans la Loi de
Dieu. Adieu. La paix soit avec toi."
La femme se courbe en une inclination profonde et elle suggère quelque chose
à la petite. Et la fillette lève le visage, tend ses petits bras et elle
répète de sa petite voix de pinson :
"Ave,
Domine Jesu !"
Jésus se penche pour cueillir sur sa petite bouche le baiser innocent qui
déjà s'y forme, et la bénit encore... Puis il rentre dans la pièce et
s'assoit pensif près des fleurs éparses sur le sol.
531.17 – Il se passe ainsi quelque
temps, puis quelqu'un frappe à la porte.
"Viens."
La porte s'entrouvre et dans l'entrebâillement apparaît la figure honnête de Pierre.
"C'est toi ? Viens..."
"Non. C'est Toi qui devrais venir avec nous. Il fait froid ici. Quelles
belles fleurs ! Un grand prix !" Pierre, en parlant, observe son Maître.
"Oui, un grand prix. Mais l'acte et la façon dont il a été accompli a
plus de valeur que les fleurs. Elles m'ont été apportées par la fillette de
Valéria, la romaine amie de Claudia."
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287> "Hé ! je sais ! je sais ! Et
pourquoi ?"
"Pour me consoler. Elles savent ce que je souffre, et Valéria a eu cette
pensée. Elle a pensé que les fleurs d'une innocente pourraient me
consoler..."
"Une romaine !... Et nous d'Israël, nous ne te donnons que de la
douleur... Judas
a deviné juste. Il disait qu'il avait vu un char arrêté et que la femme était
certainement une romaine... et... il était troublé, Maître..."
Pierre est tout à fait interrogateur.
Mais Jésus dit seulement :
"Où est Judas ?"
"Dehors. Je veux dire sur la route, près du bois. Il veut voir qui est
venu te trouver..."
"Descendons."
Judas est déjà dans la cuisine. Il se retourne en voyant entrer Jésus et il
dit :
"Même si tu voulais le nier, tu ne pourrais nier que cette femme est
venue pour... se plaindre de quelque chose ! Elles ont encore autre chose à
dire ? Elles n'ont pas d'autres occupations que d'épier et de rapporter et..."
"Je ne suis pas tenu de te répondre, mais je le fais pour tout le monde.
Et Simon Pierre sait déjà qui c'est, et je dis à tous pourquoi elle est
venue. Même les créatures en apparence les plus heureuses peuvent avoir
besoin de réconfort et de conseil...
531.18 – André,
monte pour prendre les fleurs apportées par la fillette et porte-les au petit Lévi."
"Pourquoi ?"
"Parce qu'il est mourant."
"Il est mourant ? Mais moi, je l'ai vu à l'heure de tierce, et il était
bien portant" dit Barthélemy
stupéfait.
"Il était en bonne santé. Avant le soir, il sera mort."
"S'il est si mal, il ne jouira pas des fleurs..."
"Non. Mais, dans la maison effarée, les fleurs envoyées par le Sauveur
diront une parole lumineuse."
Jésus s'assoit alors que tous parlent de la fragilité de la vie et Élise met
son manteau en disant :
"Je vais moi aussi avec André... Cette pauvre mère
!..."
On voit André et Élise qui s'éloignent avec les fleurs dans leurs mains...
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288> Jésus se tait. Judas aussi se tait,
indécis. Jésus est silencieux mais pas sévère... Judas lui tourne autour,
aiguillonné par le désir de savoir, par l'angoisse torturante de quelqu'un
qui n'a pas la conscience en paix. Mais il finit par attirer Pierre à part
pour l'interroger. Il se rassure après avoir parlé avec Pierre et il va
piquer Matthieu
qui écrit tranquillement sur un coin de la table.
André revient en courant. Il parle, essoufflé :
"Maître... l'enfant est vraiment mourant... À l'improviste... On dirait
des fous... Mais quand Élise a dit : "C'est le Seigneur qui les
envoie" et moi... je croyais qu'ils comprenaient : "pour le lit
funèbre", la mère et le père... en même temps, ont dit : "Oh !
c'est vrai ! Cours l'appeler. Il le guérira".
"La parole de la foi. Allons"
Et Jésus sort presque en courant. Naturellement tout le monde le suit, même
le vieux Jean,
tout en boitant, derrière tout le monde.
531.19 – La maison est au bout du
village, mais Jésus y arrive bientôt et se fraie un passage parmi les gens
qui encombrent la porte ouverte. Il va droit à une pièce au fond de l'entrée,
car c'est une maison vaste qui a beaucoup d'habitants, peut-être frères entre
eux.
Dans la pièce, penchés sur le lit improvisé, le père, la mère et Élise... Ils
ne voient Jésus que quand il dit :
"La paix à cette maison."
Alors les malheureux parents quittent le lit et se jettent aux pieds de
Jésus. Élise seule reste où elle est, occupée à frictionner avec des
substances aromatiques les membres qui se refroidissent.
Le petit est vraiment à toute extrémité, son
corps a déjà la lourdeur et l'abandon de la mort, et son petit visage est de
cire avec des narines fuligineuses et des lèvres violacées. Le petit respire
difficilement avec des spasmes de sa petite poitrine et chaque respiration
semble la dernière tant elle est éloignée de la précédente.
La mère pleure, le visage sur les pieds de Jésus. Le père, lui aussi courbé
jusqu'à terre, dit :
"Aie pitié ! Aie pitié !"
Il ne sait dire autre chose.
Jésus dit :
"Lévi, viens
vers Moi" et il lui tend les bras.
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289> Le petit, un enfant d'environ cinq
ans, a comme une secousse, comme si quelqu'un l'avait appelé à haute voix
pendant qu'il dormait. Il s'assoit sans difficulté et de ses petits poings il
se frotte les yeux, regarde autour de lui avec étonnement, et voyant Jésus
qui lui sourit, il se jette en bas de son petit lit et va avec assurance,
dans sa petite tunique, vers le Sauveur.
Les parents, courbés comme ils sont, ne voient rien, mais les exclamations
d'Élise qui crie : "Bonté éternelle !", et des apôtres et des
curieux qui de l'entrée poussent un "Oh !" de stupéfaction, les
avertissent de ce qui arrive; ils lèvent leurs
visages de par terre et ils voient leur petit garçon là, en bonne santé,
comme s'il n'avait jamais été mourant.
La joie fait rire, fait pleurer, crier et se taire, selon les réactions de
chacun. Ici, elle produit une stupeur muette, comme effrayée... Il y a trop
de différence entre la situation précédente et l'actuelle, et les deux
pauvres parents, déjà étourdis par la douleur, hésitent à accueillir la joie.
531.20 – Quand enfin ils y réussissent,
l'enfant se trouve dans les bras de Jésus, et alors au mutisme succède un
flot de paroles mêlées à des cris de joie et de bénédiction, et il est
difficile de suivre ce déluge de paroles qui surabondent en désordre. Je
reconstruis d'après elles que vers l'heure de sexte l'enfant, qui jouait dans
le jardin, était rentré à la maison en se plaignant de douleurs abdominales.
La grand-mère l'avait pris dans ses bras et tenu près du feu, et il semblait
aller mieux. Mais ensuite, un peu avant l'heure de none, il avait été pris de
vomissements de matières fécales et était tout de suite entré en agonie. La
péritonite foudroyante classique.
Le père avait couru à Jérusalem aux premiers signes du mal et était revenu
avec un médecin. Ce dernier, après avoir vu l'enfant qui dans l'entre-temps
s'était mis à vomir, avait dit : "Il ne peut vivre" et il s'en
était allé... En effet, d'une minute à l'autre, le mal empirait et déjà
l'enfant se refroidissait. Les parents, dans l'angoisse de ce malheur
imprévu, étaient incapables de penser à son salut prochain. C'est seulement
quand André et Élise étaient entrés avec des fleurs en disant : "Jésus
les envoie à Lévi" qu'ils avaient eu une sorte de lumière intérieure et
avaient dit : "Jésus va le sauver."
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290/91> "Et tu l'as
sauvé, éternellement béni ! Tes fleurs ! L'espérance ! La foi ! Oh ! oui ! la
foi en ton amour pour nous ! Mais comment as-tu su ? Béni ! Demande de nous
ce que tu veux ! Commande comme à des esclaves ! Nous te devons tout !..."
Jésus les écoute, tenant toujours l'enfant dans ses bras. Il les laisse
parler jusqu'à ce qu'ils soient fatigués, que leurs nerfs soumis à une si
grande tension se soient détendus en se soulageant. Puis il dit doucement :
"J'aime les enfants et les cœurs fidèles. Vous tous de Nobé êtes très
bons pour Moi. Si je suis bon avec ceux qui me haïssent, que donnerai-je à
ceux qui m'aiment ? Je savais... et je savais aussi que la douleur vous
faisait oublier la Source de la Vie. J'ai voulu vous indiquer le
chemin..."
"Mais pourquoi n'es-tu pas venu de Toi-même, Seigneur ? Tu craignais
peut-être que nous ne t'accueillions pas ?"
"Non. Je savais que vous m'auriez accueilli avec amour. Mais parmi ceux
qui sont autour de nous, il y avait quelqu'un qui avait besoin de se
persuader que je n'ignore rien de ce qui concerne les hommes et l'état des
cœurs .
Et j'ai voulu aussi que d'autres comprennent que Dieu répond à ceux qui
l'invoquent avec foi.
531.21 – Maintenant
soyez en paix et grandissez toujours dans la foi en la miséricorde de Dieu.
Que la paix soit avec vous tous. Adieu, Lévi. Va trouver ta mère maintenant.
Adieu, femme. Consacre aussi au Seigneur celui que tu portes en ton sein en
souvenir de la bonté dont le Seigneur a usé envers toi. Adieu, homme.
Conserve ton esprit dans la justice."
Il se retourne pour partir en passant, non sans peine, à travers les parents
qui se pressent dans l'entrée : grands-parents, oncles, cousins du miraculé,
qui veulent tous parler à Jésus, le bénir, être bénis par Lui, baiser ses
vêtements, ses mains...
Et puis, après la nombreuse parenté, ce sont les gens du village qui veulent
faire la même chose, mais ceux-ci se déversent sur la route derrière Jésus en
laissant à leur joie ceux de la maison bénie par le miracle. Et dans les
chemins sombres désormais, avec le bruit habituel des heures de fête, Nobé
toute entière reconduit Jésus à la maisonnette de Jean, et il faut toute
l'autorité des apôtres pour persuader aux citadins de retourner à leurs
maisons pour laisser en paix le Maître, et à l'autorité ils doivent ajouter
aussi des moyens plus énergiques en les menaçant que s'ils ne le laissent pas
reposer, le lendemain ils s'en iront tous de là, pour réussir dans leur
entreprise.
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