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L'œuvre de Maria Valtorta
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Texte original


Vision de saint François d’Assise et de ses premiers compagnons.

Enseignements donnés à Maria Valtorta et à Emma Federici.

 






 










 

7> Dès mon réveil, une étrange vision se présente à moi.           

 Je vois une grande salle; elle est longue, étroite, basse et sombre, avec une seule petite fenêtre sur l’une des parois étroites. Tout au fond, près du côté opposé, une petite porte à demi-ouverte laisse entrevoir un bien pauvre couloir à peine éclairé par un peu de lumière qui pénètre par quelque embrasure que je ne vois pas. Dans cette pièce, qui ressemble davantage à un couloir qu’à une salle, se trouve une longue table rustique : elle est faite d’un axe haut et raboté, sans autre couleur que celle du bois naturel qu’un long usage a assombri, soutenu par quatre paires de pieds, des pieux ronds disposés comme ceci aux deux extrémités :

et au quart de la longueur de la table, un grand crucifix est accroché au mur.        

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8> Sept franciscains sont assis autour de la table: saint François, émacié et pâle comme toujours ; frère Élie, beau, jeune, les yeux noirs impérieux, les cheveux noirs abondants... ah, je lui trouve une mauvaise ressemblance avec Judas, tant dans les traits que, surtout, dans les manières [1]. De plus, il est grand. Puis vient frère Léon : jeune, pas bien grand, le visage bon et joyeux. Ils sont à côté de François. Après Léon vient Masseo (Massée), un peu corpulent, déjà d’un certain âge, paisible. Ensuite trois petits frères que je crois être novices ou convers : ils restent en silence, ils sont humbles, ont l’air emprunté, et sont vêtus encore plus pauvrement que les quatre autres frères puisqu’ils n’ont pas de manteau. Ils mangent dans des plats d’étain des légumes bouillis et du pain bis. À ce qu’il me semble, ce doit être des brocolis [2] ou du chou rouge.   

Frère Élie dit:      

"Qu’il est bon, ce pain! Il a un goût spécial. On dirait un gâteau. Je ne sais pas... "        

Frère Masseo :    

"Un gâteau, et il est juteux comme de la viande. Il nourrit, il restaure. Il est aussi complet qu’un repas tout entier."        

Frère Léon:          

"Et la sainte hostie? Je n’y ai jamais trouvé une telle saveur. Une légèreté incorporelle qui s’est dissoute en douceur... Oh, une délicatesse de paradis !"        

 "Je vous ferai connaître la femme qui fait ce pain et ces hosties. Ne faites pas attention à son aspect : elle est plantureuse et joyeuse, mais dissimule son austérité sous son sourire simple. Sœur converse, elle fait le pain et veille aux repas de ses sœurs. Mais je sais de connaissance sûre qu’elle ne s’alimente que fort peu, ne prenant que le plus répugnant et le plus méprisé par les autres. En outre, sa nourriture a beau être insuffisante, elle la laisse aux plus faibles physiquement et spirituellement, et n’accorde à sa faim et à sa fatigue que ce qui est répugnant pour l’homme. Elle mériterait d’être appelée Jean-Baptiste ! Dans son désert de vraie clôture — c’est un désert en elle-même, car la clôture est un désert uniquement si on le veut, autrement dit si l’on sait vivre avec l’Unique —, elle se nourrit de sauterelles et d’escargots pris dans les légumes du potager et rôtis à la flamme du four. Et elle rit, elle chante, elle est joyeuse comme une alouette libre. La voici. "      

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9> Avec curiosité, tous les frères se retournent vers la porte entrouverte. Entre une belle sœur, jeune (trente ans environ) et robuste. Tout sourire, elle pose sur la table une cruche d’eau et un bol en bois. Elle porte un habit marron tirant sur le rouille aux larges manches, rectiligne; devant et derrière, son scapulaire descend jusqu’à terre. Je ne vois pendre ni cordon ni ceinture, car elle porte un petit manteau court qui va jusqu’au côté; il est rond et serré au cou par une épingle en bois. Sur la tête, des bandes lui enserrent le front en le recouvrant jusqu’aux cils, lui entourent les joues et descendent jusqu’au scapulaire. Au-dessus, un voile noir forme une cape, comme cela :

Elle a un beau visage rose, rond, des yeux noirs riants  et vifs, de belles dents saines et robustes. De taille moyenne, elle est robuste.   

"Voici sœur Amata Diletta di Gesù
[3], dit François qui ajoute : Mes compagnons voudraient savoir ce que tu mets dans ton pain pour qu’il soit si bon et comment tu fais les hosties pour la sainte messe. Elles n’ont rien à voir avec les autres. "     

La sœur rit et répond vivement :        

" C’est mon épicier qui m’en donne l’arôme.          

— De quel arôme s’agit-il?       

— La Charité de Jésus, le Seigneur, mon Époux."  

Je n’en vois pas davantage. Tout s’arrête sur le visage de sœur Amata Diletta di Gesù, qui resplendit en disant ces mots.  


 Alors que le P. Migliorini
[4] me parle encore, avant la communion, voici que le Maître m’adresse lui aussi la parole. Il est si impérieux que je laisse le Père en plan pour m’occuper de Jésus. Il me dicte :          

"C’est moi ton supérieur. Sens-tu ma grâce en toi? Me sens-tu dans ton cœur, sais-tu que je t’approuve? Et alors? Ne suis-je pas le Supérieur des supérieurs? Ne suis-je pas, moi, ta clôture
[5]? Est-ce que ton amour pour moi, et le mien pour toi, n’en forment pas les grilles et les portes?      

En est-il qui butent sur la dureté des besoins? Pourquoi cela? Par orgueil et égoïsme. Oh, la sainte pauvreté qui fut la mienne! Oh, la sainte pauvreté qui fut la mienne! Oh, sainte Charité que je suis!         

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10> Je viens de te donner une lumière, à toi qui souffres. Sœur Amata Diletta di Gesù qui t’appartient, à toi plus qu’aux franciscains. "           


 Hier soir, Jésus m’a dicté pour sœur Gabriella
[6] :         

" Je te salue, Maria Gabriella de ma Mère. Je ne connais pas de salut plus doux.         

La "parole d’or" ? Oui. Je la mets là où quelque chose souffre, quelque chose d’encore humain... que je veux abolir. Je le brûle donc par l’or enflammé de ma charité. Ne pas être aimés, mais aussi être craints et incompris, voilà le sort que j'assigne à ceux que je privilégie, afin qu’ils me ressemblent davantage et n’aiment que moi. Toute affection donnée ou reçue — humainement parlant — est comme une molécule d’impureté dans l’amalgame d’une barre d’or.  

 L’or, me diras-tu, n’est jamais pur. Il est toujours mêlé à d’autres métaux pour pouvoir le travailler. Je le sais bien. Mets-y de l’argent : des larmes. Du platine : de la souffrance. Mais n’y ajoute jamais de cuivre : de la rancune, jamais d’étain : la fatigue. Jamais, au grand jamais, du fer ou du carbone : le désir d’être aimée et celui d’être comprise. Tu souillerais ton or.         

Quand tu ne seras plus qu’or, platine et argent, tu attireras tout le monde à toi. Car tu crois, Gabriella di Maria, que c’est seulement lorsque l’on n’est plus qu’une flamme qui brûle pour brûler, sans se soucier de qui brûle ni pourquoi, alors tout se tourne pour regarder la lumière. Pourquoi? Car cette lumière qui brûle ainsi, — comme ton François disait : "Sans désir d’être aimé" — reflète le ciel et la Face de Dieu, se fond dans le Feu qu’est Dieu, aime toute chose en lui et par là devient lumineux de Dieu. Ce n’est plus une âme qui aime, c’est Dieu qui aime dans une âme. Je peux te le dire: tout alors converge vers nous, le bon "tout", un peu moins le moins bon, moins encore le mauvais.         

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11> Mais l’on en revient toujours avec étonnement.        

Es-tu lasse? Me voici. Je dis toujours : "Me voici" quand il y a quelqu’un qui me veut. Or moi seul, même lorsque je garde le silence, sais et peux alléger les fatigues et atténuer la souffrance.

Quel est le guide pour agir, et bien agir? L’amour. Mon Jean était jeune et ignorant, même quelque peu cabochard comme tu dis et paresseux comme généralement les Orientaux. Mais il comprenait en un clin d’œil parce qu’il aimait tellement que l’amour suppléait à tout ce qui lui faisait défaut. Ne te demande jamais: "Mais serai-je capable de faire telle chose?" Si c’est moi qui te l’inspire, c’est signe que tu peux le faire.  

Le reste, c’est l’Amour qui te le dira.



Reste dans ma paix. Je continuerai à te parler plus tard. Voudrais‑tu que je te dise: "Viens" ? Mais j'ai marché aujourd’hui, demain et après-demain, des années durant... j’ai fait un pas après l’autre, la croix sur le dos, toujours plus haut... Vois comme les traces de mes pas sont nombreuses... Mais ensuite... ensuite ton âme viendra se reposer dans les mains de ton Jésus."  

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Fiche mise à jour le 16/11/2019.

 



[1] Élie Bombarone (1180-1253), ou Élie de Cortone, succéda à François d’Assise à la mort de celui-ci en 1226. Autocrate, il finit par être destitué à la demande des frères, par le Pape en 1239. Il fut même excommunié, mais la sanction levée peu avant sa mort.

[2] Les brocolis, fruit des choux sauvages, étaient des mets très populaires dans l’Italie du moyen-âge. Ils furent introduit en France par Catherine de Médicis, au début des années 1500, sous le nom "d’asperges italiennes".

[3] Amata Diletta di Gésù n’a pas été traduit en français car les deux prénoms se traduisent par Bien-aimée avec une notion de délices pour le second.

[4] Le Père Romualdo M. Migliorini, de l’ordre des servites de Marie, direc teur spirituel de l’écrivain de 1942 à 1946. En ce qui concerne sa biographie, voir la note 2 du 21 avril dans "Les cahiers de 1943".

[5] Clôture : Il s’agit du "cloître divin" que constitue la chambre où Maria Valtorta est grabataire. Elle s’y trouve en effet coupée du monde pour être entièrement à Dieu. Elle en parle dans son autobiographie, page 391.

[6] Sœur Gabriella de Marie Immaculée, dont le nom séculier est Emma Federici, est plusieurs fois mentionnée au cours de ce volume. Elle était la supérieure des sœurs stigmatines de Camalore et aurait dû fonder un Institut ouvert pour accueillir les vocations de femmes de naissance illégitime. Sortie de la congrégation à laquelle elle appartenait, elle ne parvint pas à réaliser ce qui devait être sa mission et resta une figure discutable. Voir aussi dans les "Les cahiers de 1944", les 22 juin et 30 décembre.