LE CONTEXTE.
Je vais
tenter de répondre au P. Guillaume Chevallier (P.G.C) par là où il veut
guider son lecteur, « les aspects psychologiques des personnages de
l’œuvre et de leurs relations avec les problèmes spirituels qui en
découlent ».
J’ai une formation de psychiatre psychanalyste et je vais donc suivre le
P.G.C avec les lunettes de ma formation professionnelle.
Notons donc dès à présent, la méthode employée par le P.G.C.
I – LE TON
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1- Le ton employé est celui d’un procureur qui dresse les
accusations, les preuves à charge par un réquisitoire qui est binaire, sans
nuances, en s’appuyant sur le verdict de mise à l’index posé par un groupe
d’ecclésiastiques le mardi 5 janvier 1960.
Cette affaire avait débuté 12 années auparavant, le 26 février 1948. À ce
moment, le pape Pie XII avait dit de « publier l’œuvre tel
quelle…ceux qui liront comprendront ». Il
s’agissait donc d’une imprimatur orale donnée par le pape Pie XII. L’évêque
sollicité, Mgr Costantino Barneschi avait donné son imprimatur sur la version
écourtée en 1948. Mais le groupe du Saint Office est violemment opposé et il
va dresser un réquisitoire avec passage à l’acte que l’on s’attendrait à
trouver dans les films mafieux, mais pas au Vatican. Je parle de passage à
l’acte car des admonestations d’ordre physique ont été adressées à madame
Luigina Sinapi, une mystique italienne proche du pape Pie XII. Du reste, le
décret de mise à l’index n’a jamais été retrouvé dans les Actes du
Saint-Siège. Je ne m’étends pas sur le sujet très bien documenté dans l’œuvre
de François Michel Debroise, le tome I : à la rencontre de Maria
Valtorta.
Il faut ajouter que ce petit groupe d’ecclésiastiques a aussi condamné le
Padre Pio avec mise à l’index de ses livres ou de livres parlant de lui, la
petite Faustine également mise à l’index, et enfin Yvonne-Aimée de Malestroit
dont le procès en béatification fut arrêté, car mise à l’index également. Ce
groupe de religieux avait l’intention d’excommunier le Padre Pio !
Le P.G.C choisit de créditer ce petit groupe de religieux dans une démarche
de croyance absolue dans la critique qu’a livré ce groupe, traitant les
écrits de Maria Valtorta de « roman ».
Tous ces faits auraient pu amener le P.G.C à un ton un peu moins impérieux
dans sa fureur de jugement, de condamnation et sa quérulence insatiable.
2- Le ton du P.G.C pose la question de ses affirmations qui sont
brandies sans que naisse le moindre doute. Il est très inhabituel que le
doute ne trouve aucune place. On peut donc à bon droit poser ce manque du
doute comme un symptôme.
II LA MÉTHODE
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A - Une clinique à l’envers
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Le texte
accusatoire est dressé ab initio à l’opposé de tout ce que l’on trouve dans
la littérature clinique qu’elle soit d’ordre psychologique ou
psychanalytique. En effet, la première des choses que l’on apprend dans nos
études psy, est de se mettre à l’écoute du patient. Freud par exemple, pour
comprendre la structure de personnalité d’un paranoïaque a tout simplement lu
son livre en analysant au plus près son texte. Freud a ainsi posé les bases
d’une meilleure compréhension de la paranoïa.
Ici, rien de tel. Le texte de Maria Valtorta n’est pas lu, pas discuté, pas
interprété afin de relever les signes cliniques qui vont servir à poser le
diagnostic. Le texte est pris dans son ensemble et pas dans le détail. Le
diagnostic est posé en premier lieu sans étayage sur les points précis du
texte, il est donné d’emblée puis on va chercher des preuves dans le texte
dans un deuxième temps mais de manière générale sans appui précis, à la
va-vite. On est donc à l’opposé d’une démarche de clinique classique. Si je
devais juger ce travail, je mettrais donc une note proche de zéro, car la
méthode n’est pas la bonne.
B - Le diagnostic est posé avant la
recherche clinique
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Contrairement
à la démarche clinique habituelle les signes cliniques ne viennent pas du
texte provoquant les interprétations amenant aux signes répertoriés puis
rassemblés dans des faisceaux constituant des tableaux cliniques répertoriés,
classés au sein d’une nosographie. Ici, le diagnostic existe de novo,
d’emblée. Il est en fait un acte d’accusation.
C - L’acte d’accusation
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1- Pour ce qui
concerne la personne de Jésus, voici les faits :
Jésus qui est décrit comme :
- narcissique
- autoritaire
- suscitant des relations toxiques
- enchaînant les esprits
- supprimant le libre arbitre des proches par la création d’une dépendance
affective
- pouvant être menaçant à l’égard des déviants
- utilisant l’image d’un Dieu vengeur
- ayant un despotisme sans appel afin de maintenir ses disciples dans une
dépendance psychologique
- prenant des décisions irrationnelles dans un cadre communautaire de nature
sectaire
- entretenant une cour à l’atmosphère hystérique
- ayant parmi ses disciples des préférences personnelles marquées
- témoignant de son égocentrisme absolu
- manipulateur à la manière d’une araignée ou d’un marionnettiste.
2- L’acte
d’accusation va ensuite s’étendre à Marie et donc toucher leur relation
montrant :
- une relation mère-fils d’une étouffante possessivité
- Marie se montre maternelle, protectrice, infantilisante, avec un amour
captateur
- Câlinant son Jésus sur ses genoux
- le couple se souriant comme deux amoureux
- Cela gêne le lecteur
- ils se cachent pour se retrouver.
Le diagnostic est posé avant la recherche clinique.
L’acte accusatoire précède la recherche clinique.
Il est affirmé avant même d’en avoir trouvé les traces.
D- Psychopathologie : projection et
métonymie
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La
difficulté pour le P.G.C est que son acte accusatoire a une telle charge de
violence haineuse qu’il va lui être très difficile de trouver les preuves de
ce qu’il avance. Il va donc utiliser une méthode que l’on peut qualifier de
perverse au plan clinique.
Cette méthode se distribue selon deux plans.
Le premier plan est une projection. Cela consiste à projeter sur le texte des
choses qui n’y sont pas mais que le P.G.C aimerait y voir.
Le deuxième plan s’apparente au processus de la métonymie. Cela consiste à
couper le texte de son sens général, de le désarticuler pour ne prendre que
les mots qui vont donc être ramenés à leur littéralité, puisque coupée de la
métaphore dans laquelle ils s’inscrivent. Ce procédé s’appelle la métonymie.
Dans la réalité clinique classique le processus pervers consiste à cacher,
voir à dénier la réalité anatomique des sexes en fabriquant un voile sur
lequel des images de ce qui est et de ce qui n’est pas vont se projeter, ce
qui crée une zone de turbulence qui s’appelle l’ambivalence. Le voile vient
donc projeter une réalité cachée par une autre qui lui est contigüe. Nous
sommes là dans la métonymie. Cela nous sort de la métaphore qui installe des
rapports de continuité entre des réalités d’où le sens peut sortir. Il y a là
au contraire de la métonymie une création de sens.
Dans la métonymie, Il y a donc un transfert de sens d’une réalité à une
autre, inventée, artificielle. Cette autre réalité est appelée en psychanalyse
un fétiche. C’est au
plan théologique une idole.
Le fétiche est un symbole érigé comme ombre projetée sur un rideau qui est
posé comme faisant un écran à ce que l’on ne veut pas voir. Idole d’une
absence imaginée. La coupure de la chaîne symbolique introduit un arrêt.
C’est exactement ce que fait le P.G.C qui refoule une partie du texte, celle
qui justement apporte le cadre symbolique. Le fétiche est présenté à la
place. Il ne peut avoir qu’un statut d’idole, parfaitement imaginaire.
Ainsi, le P.G.C peut affirmer une chose, par exemple que Jésus est
narcissique et autoritaire. Puis il
va, en coupant le texte de son sens originel montrer le texte dans la
littéralité du mot. C’est cela le fétiche. La citation est tronquée. Le texte
subit une ablation dont le silence va servir l’idole constituée par la
coupure.
Par exemple, quand Maria Valtorta parle de Jésus qui a l’air « d’un
archange punisseur », le P.G.C va tout de suite s’en saisir
pour affirmer l’autorité, l’emprise d’un gourou !
Le contexte du drame que vit la petite communauté prise dans l’étau de la
première trahison de Judas est refoulé, dénié, passé sous silence. À la
place, une autre réalité est montrée qui n’a qu’un rapport de contiguïté.
La vérité de ce qui est refoulé est bien le « Nom du Père » déployé
dans le récit auquel Jésus est pleinement obéissant.
La méthode est projective dans le sens que le P.G.C projette sur le texte son
propre désir qui veut absolument trouver un sens malfaisant à partir du mot
pris dans sa texture. Mais on sent
bien le décalage. Le texte du P.G.C a l’air de planer au-dessus du texte de
Maria Valtorta sans pouvoir vraiment le rejoindre. La métonymie nous met face
à une histoire parfaitement imaginaire.
III – LA CLINIQUE
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Au final,
le Jésus décrit par le P.G.C correspond à ce que l’on nomme un « pervers
narcissique » fonctionnant avec une emprise liée à son charisme
personnel émanant justement de son narcissisme. Lacan en parlait en évoquant un
tigre dont la puissance ramassée pouvait assez bien représenter le
narcissisme.
On ne trouve aucunement ce trait de caractère dans le Jésus de Maria
Valtorta.
Et le P.G.C ne peut pas s’appuyer sur des choses précises, il ne fait que le
suggérer dans des allusions, ce qui correspond tout à fait à la structure que
l’on retrouve dans le fétichisme.
De même, le P.G.C évoque une emprise de type sectaire qui dans la clinique
traditionnelle se traduit par des ruptures familiales, des mauvais
traitements, des dons financiers, des atteintes corporelles.
Ici, pas de rupture familiale bien au contraire, les disciples sont tous pris
dans leur famille jamais oubliée. Pas de don financier esclavagisant comme on
le voit dans les sectes. Pas de privation alimentaire, ou de mauvais
traitements. Pas d’atteinte à l’intégrité physique. Pas de discours de
révolte contre l’ordre établi des Romains. Pas d’embrigadement des enfants ou
des parents. La liberté et le libre arbitre sont respectés à un haut degré.
Jésus est tout entier charité.
Ainsi, le P.G.C ne peut aucunement à partir du texte de Maria Valtorta sortir
des éléments cliniques qu’il souhaiterait y trouver.
Voyons donc maintenant concrètement comment le P.G.C se trouve à chaque fois
en échec dans sa tentative de nous embarquer dans ses affirmations.
IV – LA DÉMONSTRATION
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Le texte du
P.G.C est d’emblée donné comme un texte à charge, et entièrement à charge
comme je l’ai déjà formulé. Il s’agit d’un réquisitoire, d’un procès. À aucun
moment on ne trouve de choses un peu positives, sources d’un débat, d’une
réflexion, d’une mise en tension sur différents points de vue selon un apport
original de l’œuvre.
Le but du P.G.C n’est pas d’entrer dans un débat, il est d’invalider la
prétention du texte de Maria Valtorta à l’inspiration divine.
Il est donc inutile de chercher des arguments en demi-teinte.
Non, les arguments sont apportés avec des outils tranchés, rugueux qui ne
font à aucun moment dans la nuance. Les vérités perçues par le P.G.C sont
assenées avec force et conviction dans un registre binaire. C’est tout ou rien. Maria Valtorta est une
fabulatrice qui a inventé un Jésus lié à son imagination. Le texte de Maria
Valtorta, l’Évangile tel qu’il m’a été révélé est « narratif
et descriptif », ce serait la raison de son attrait. L’affirmation
d’annonce ouvre le procès :
Les comportements du personnage de Jésus sont problématiques.
1- Jésus a une personnalité narcissique qui est celle d’un
gourou
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a. Le P.G.C
affirme que le Jésus de Maria Valtorta est narcissique, il
suscite des relations toxiques, son enseignement prolixe et
autoritaire enchaîne les esprits, ne laissant pas de place à la
réflexion et à la liberté. D’où une dépendance des disciples et
des lecteurs.
Le P.G.C appuie ces affirmations sur un premier texte.
Ce texte relate un événement qui se déroule le mercredi 4 août 27.
C’est donc la première année, les disciples à cette date ont tous été
choisis, les derniers étant Jacques et Matthieu. Jésus va faire un
enseignement dans les environs immédiats de Nazareth.
Le texte choisi par le P.G.C ne mentionne pas le début que je remets pour
apporter plus de compréhension puisque justement il institue le cadre fixé
par Jésus de son intervention.
Je commence
par vous dire qu’il est absolument nécessaire que vous vous aimiez et que
vous ne fassiez qu’un. Qui êtes-vous ? Des hommes de toutes classes
sociales, de tout âge, et de toutes régions. TII.91.2.
Le P.G.C
omet donc ce point qui pose le cadre de la charité :
J’ai
préféré prendre des esprits encore vierges en matière de doctrine et de
connaissances, car je les pénétrerai plus facilement de mon enseignement.
Le P.G.C a
écarté un bout de texte que je redonne :
Je sens
s’élever en vous une objection : « Nous ne sommes pas païens, même
si nous n’avons pas de culture intellectuelle ». Non, vous ne l’êtes
pas. Cependant, non seulement vous, mais même ceux qui parmi vous
représentent les savants et les riches, vous vous êtes laissés prendre par
une religion qui, dénaturée par trop de raisons, n’a de religion que le nom.
En vérité, je vous déclare que nombreux sont ceux qui se glorifient d’être
les fils de la Loi. Mais 80% d’entre eux ne sont que des idolâtres qui ont
embrouillé dans les nuées de mille petites religions humaines la Loi vraie
sainte, éternelle du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. TII, 91.2.
Le texte de
Jésus est limpide. Il commence par donner le cœur de son enseignement sur la
nécessité d’un amour réciproque dans le groupe de ses disciples afin de créer
un corps uni. Puis Jésus décrit les petites idolâtries qui sont si répandues
dans la religion pratiquée du temps de Jésus, mais que nous pouvons aussi
bien lire pour notre temps.
Sur un plan strictement clinique, qu’est-ce qui dans ce texte peut servir les
accusations de « narcissisme, d’enseignement autoritaire qui enchaîne
les esprits, ne laissant pas de place à la réflexion et à la
liberté ? »
Très honnêtement, nous ne pouvons pas sur ces bases apporter la moindre
caution à ces premières accusations. Rien ne vient décrire le narcissisme de
Jésus et son enseignement autoritaire.
L’affirmation du P.G.C ne trouve donc aucun soutien du côté de la clinique
dans le passage choisi. Du reste, le P.G.C ne donne pas plus de précisions à
ses accusations. C’est à nous de vérifier si ce que dit le P.G.C est juste.
b. À l’égard
des déviants, le ton et les attitudes se font menaçants.
Mon titre : la charité de Jésus rencontre la dureté de
cœur d’Israël.
2- textes sont choisis pour soutenir cette hypothèse :
- Le premier texte se situe dans le protévangile, peu après l’annonciation.
Jésus porte un éclairage sur Ève. Il relate la
séduction dans laquelle Ève a été entraînée par la concupiscence satanique.
Présentement
les 90% d’entre vous sont semblables à Ève, empoisonnés par le
souffle et la parole de Satan. TI. 17(16-21)
Cette
phrase fait partie d’un enseignement de l’Église très classique qui se trouve
je crois dans le catéchisme. Est-ce menaçant ?
- Le deuxième texte se situe au début de la troisième année. Jésus, mais
aussi l’ensemble des disciples viennent de subir une épreuve dont l’origine
se trouve dans la délation de Judas. C’est la première grande trahison de
Judas. Deux personnes sont concernées, Jean d’Endor et Syntica que la charité
de Jésus a mis sous la protection du groupe des apôtres. Face à la menace
engendrée par la trahison de Judas, Jésus a pris la décision de les éloigner.
Ils vont créer la première communauté chrétienne à Antioche en Syrie qui
servira de base en particulier à Paul. Mais, en ce début de troisième année,
cette séparation est très douloureuse. Et Jésus évoque l’entrée dans cette
année comme une nouvelle étape après l’année de la miséricorde, de l’Ami
Sauveur qui a succédé à l’année de l’Homme-Maître, de la Sagesse. Et cette
troisième étape est celle du Dieu rédempteur et Roi, le Juste. Voici donc une
petite partie de ce texte que le P.G.C a coupé de façon particulière. Je vais
donc restituer toute la partie.
Je marche
sur ma route toujours plus âpre et baignée de pleurs. Je marche…mais aucune
de mes larmes ne tombera inutilement. Elles crient vers mon Père. …Qui m’aime
me suive et se virilise, car l’heure de la sévérité arrive…Malheur à ceux
pour qui l’Amour devient Justice…313.9.
Nous
arrivons au texte choisi par le P.G.C. :
Jésus a
l’air d’un archange punisseur. Je dirais qu’il flamboie contre le mur de
fumée tant ses yeux resplendissent…on dirait que sa voix elle-même
resplendit, tant elle prend les tons aigus du bronze et de l’argent quand on
les frappe violemment.313.9.
Le P.G.C a
retiré la partie suivante qui fait état du regard d’amour et de pitié de
Jésus a à l’égard de ceux qu’il appelle ses amis.
Les huit apôtres
sont pâles et recroquevillés par la crainte. Jésus les regarde avec pitié et
amour. Il dit : je ne dis pas cela pour vous, mes amis. Ces menaces ne
s’adressent pas à vous. Vous êtes mes apôtres, et c’est moi qui vous ai
choisis. TV. 313.9 et 313.10.
Rappelons
que le P.G.C a évoqué « des déviants envers qui les propos de Jésus
seraient menaçants ». De nouveau, nous ne trouvons rien qui
puisse soutenir les signes cliniques d’un ton menaçant envers des
apôtres qui seraient déviants.
De fait, la sévérité va à Judas que Jésus ne nomme pas, mais qui se fait là
le porte-parole d’un Israël qui se manifeste par une dureté de cœur. Car
Judas a été porté des informations concernant l’intimité du groupe premier
constitué par Jésus et ses apôtres au Sanhédrin, dénonçant en particulier la
présence de Jean d’Endor et de la petite esclave Syntica. Judas a en effet
des idées bien arrêtées sur ce que devrait être le groupe.
Nous sommes donc à mille lieues d’un « Jésus narcissique, menaçant,
autoritaire et voulant enchaîner les esprits ».
Ces signes cliniques trouvés par le P.G.C n’existent pas.
Comme à l’habitude, ils ne les nomment pas avec précision à partir du texte
avec des exemples précis. Il est dans
la suggestion, l’allusion que ces signes pourraient être là. Où ?
Ils sont dans sa tête à l’état de fantasmes.
La méthode employée consiste à couper une partie du texte afin de le
désarticuler par rapport à sa signification portée par l’ensemble. Il y a là
création de la métonymie. Des réalités sont juxtaposées et l’une est choisie
pour cacher l’autre. Il y a de la part du P.G.C un véritable travail
d’illusionniste capable de modifier la réalité métaphorique du texte au
profit d’un autre texte, projeté selon une règle de contiguïté.
c. La vengeance au nom de Dieu est garantie avec
solennité.
Mon
titre : ne pas abuser de la miséricorde de Dieu.
Le P.G.C
choisit un bout de texte d’une importance capitale :
Souvenez-vous
tous, qu’après avoir usé de toute sa miséricorde, Dieu, pour son honneur,
sait aussi dire « cela suffit », à ceux qui, à cause de sa bonté,
se croient permis d’abuser de sa longanimité et de l’éprouver. On ne se moque
pas de Dieu. C’est une parole ancienne et sage.T.X.612. p.552.
Cette
citation est prise dans les 7 propositions que Jésus
adresse à la fin de l’œuvre dictée à celle qu’il appelle « Petit
Jean ».
À la vérité, le P.G.C devrait lire ce passage avec sérieux et non pas se
moquer. Mais les propos du P.G.C ne sont pas vraiment sérieux mais plutôt
fantaisistes.
Nous arrivons au terme de ce premier chapitre qui était censé apporter la
preuve de signes cliniques que nous n’avons trouvée sur aucun des textes
appelés par le P.G.C comme preuves de ce qu’il avance.
Nous sommes donc en présence de deux discours distincts qui ne se rejoignent
jamais. L’un est celui du P.G.C et l’autre est celui de Maria Valtorta.
Il y a contiguïté, mais pas continuité.
Nous sommes bien dans la métonymie.
Dans le système soviétique, en 1948, un homme a parfaitement illustré cette
méthode consistant à tordre la réalité pour assurer la stabilité de cette
métonymie. Trophim Denissovitch Lyssenko niait en effet toute hérédité
possible chromosomique en affirmant que la seule hérédité était acquise. La
nocivité de cet homme a été très importante puisque son système de pensée a
conduit des milliers de personnes à perdre leur emploi et à rejoindre le
goulag, car ils étaient considérés comme des ennemis de l’État. Le mensonge
de Lyssenko promu comme la Pravda (la vérité) s’est écroulé en 1960. Depuis
lors, toute promotion d’une pseudoscience dictée par une idéologie prend le
nom de lyssenkisme.
La démarche de ce prêtre est proche et peut s’apparenter à une position
fanatique idéologique.
d. Un
despotisme sans appel maintient ses disciples dans une dépendance psychologique
surtout affective.
Mon
titre : la question de l’expiation dans le cheminement spirituel.
Ce signe clinique est celui de l’emprise dont témoigne la dépendance
affective. Le P.G.C
prend un exemple qu’il extrait de son contexte comme il le fait depuis le
début, cette désarticulation étant censée renforcer la démonstration en
coupant la chaîne symbolique ce qui a pour effet de renforcer la position
imaginaire.
Resituons donc le contexte de la citation. Le groupe des apôtres est là avec
Marie-Madeleine, Marthe, Marie Salomé mère de Jacque et Jude, et la Sainte
Vierge. Le groupe se dirige vers Césarée maritime et nous sommes le 22 juin
28. Contrairement à ce qu’affirme le P.G.C, il règne dans le groupe une
ambiance bon enfant, chaleureuse avec beaucoup de tendresse échangée entre
les uns et les autres. (On peut noter du reste que l’on est loin d’une
ambiance de secte !).
Dans la conversation se glisse le thème de l’amour maternel que Marie
d’Alphée mère de Jacques et Jude défend en se disant très préoccupé par la
question de la souffrance et de la mort dont Jésus a parlé au travers de
l’évocation des prophètes. Tout à coup, une angoisse saisit cette mère qui
pense à la mort de Jude. C’est alors qu’elle traverse tout le groupe sans
aucune inhibition pour s’élancer vers Jésus, bien décider à avoir une
explication. Et Jésus regarde sa tante avec beaucoup de tendresse. « Jésus
a passé son bras sur l’épaule de sa tante et l’a attirée tout contre
lui. »
Jésus resitue au début le partage. Tu vois que tu as tous les
droits comme mère et moi, je les ai comme Maître et Seigneur.
Magnifique parole de Jésus différenciant les espaces
d’incarnation.
Je passe sur le détail de la conversation. La mère de Jude n’arrive pas à se
détacher de l’angoisse qui l’envahit. Et cette angoisse gagne de proche en
proche tout le groupe et en particulier Marie de Magdala (M-M) dont les
souvenirs de Césarée maritime, dont ils s’approchent, reviennent dans sa
mémoire. M-M se met donc à pleurer en pensant à la douleur qu’elle a provoquée
chez sa mère du fait de son inconduite. C’est donc bien le lien mère-enfant
qui se trouve évoquée par les deux femmes. Les apôtres se mettent donc à
parler librement de la maternité. Mais M-M pleure à la vision de ses péchés
dont elle s’est rendue coupable dans la ville de Césarée. « Maintenant,
je les vois tous. J’aurai beaucoup à souffrir dans mon humanité. »
M-M vient d’ouvrir la question de l’expiation.
Qu’est-ce que l’expiation ? Je la comprends avec M-M comme un chemin
vers l’Amour, un chemin qui croise les souvenirs inscrits dans la chair. Ce
croisement provoque une douleur vive. En effet, lorsque l’Amour rencontre le
péché, la souffrance naît aussitôt de ce qui a été le refus de l’Amour.
Et Jésus se saisit de l’ouverture proposée par M-M pour tendre la main à
celle qu’il aime particulièrement.
Et voilà le texte que le P.G.C donne pour illustrer « le
despotisme qui maintient l’autre dans une dépendance affective ».
Cela me
fait plaisir. Plus tu souffriras et mieux cela vaudra. Car, ensuite, tu ne
souffriras plus de ces peines inutiles. (Marie, fille de Théophile, je te
rappelle que tu es la fille d’un homme fort, que tu es une âme forte, et que
je veux te rendre très forte.)
Ce passage
entre parenthèse a été gommé par le P.G.C. Il est pourtant essentiel puisque
Jésus reprend le point d’étayage de M-M qui est son amour pour son père, un
homme fort qui a été gouverneur de la ville d’Antioche, grand ami des
Romains, ayant réussi à établir une immense fortune qu’il laisse en
héritage à ses enfants, Marie-Madeleine, Lazare et Marthe. Le P.G.C reprend
alors la citation :
Je suis
indulgent pour les faiblesses chez les autres, parce qu’elles ont toujours
été des femmes douces et timides, y compris ta sœur. Chez toi, je ne le
supporte pas. Je te travaillerai par le feu et sur l’enclume. Car tu as un
tempérament qu’il faut travailler ainsi pour ne pas gâter le miracle de ta
volonté et de la mienne. Sache cela, toi et ceux qui, parmi les personnes
présentes ou absentes, pourraient croire que de t’avoir tant aimée pourrait
me rendre faible avec toi. Je te permets de pleurer par repentir et par
amour, pas pour autre chose. Tu as compris ? Jésus est suggestif et
sévère. M De Magdala s’efforce de ravaler ses larmes et ses sanglots et tombe
à genoux. Elle baise les pieds de Jésus et, s’appliquant à affermir sa voix,
elle dit : oui, mon Seigneur. Je ferai ce que tu veux. Alors, lève-toi
et sois sereine.
Jésus dans
cet accompagnement spirituel n’est pas dans une conduite
« sadique » ou « despotique », mais dans une intelligence
de la personne de Marie Madeleine. Il lui parle en évoquant sa filiation.
Marie, fille de Théophile. M-M a un rapport privilégié à son père, un homme
fort dans tous les sens du terme, laissant à ses enfants une fortune
considérable en plus d’une renommée tant auprès du milieu juif qu’auprès des
Romains. Jésus valorise cette filiation.
Ici, pas de sadisme et pas d’emprise.
Jésus va poursuivre sur la valorisation de la force intérieure de Marie
Madeleine. Chez toi, il y a une force qu’il n’y a pas même chez ta sœur.
Jésus a un amour pour M-M qui est « viril » comme un père sur
lequel on peut trouver un appui solide.
On n’est pas dans l’ordre de « l’éducation sentimentale et
dominatrice », mais bien dans un accompagnement qui mesure exactement
les forces en présence. La suite des événements va amplement donner raison à
Jésus puisque les apôtres qui ont pu suivre Jésus pendant trois années n’ont
pas cru à la résurrection ! seule, Marie Madeleine croyait avec la
Sainte Vierge. Et c’est elle qui a bénéficié la première de la rencontre avec
Jésus ressuscité.
Encore une fois, le discours du P.G.C passe à côté. Il n’y a pas de « despotisme
sans appel ni de dépendance psychologique affective dans le sens d’une
emprise d’un gourou ».
La dépendance psychologique relève d’un lien à quelqu’un qui est Dieu
avec une autorité qui dépasse l’autorité humaine habituelle. Or, on voit que
Jésus l’utilise pour faire grandir l’amour chez l’autre. Il n’y a pas de
volonté d’infantilisation perverse qui cherche à mettre l’autre dans la
soumission à une pulsionnalité d’ordre sexuelle, animale même si celle-ci
n’est pas exprimée. Au contraire, un respect de la liberté de l’autre est
toujours au premier plan.
Alors où se trouve le despotisme ?
Le despotisme ne se trouve que dans la tête de ce prêtre qui projette sur le
texte de Maria Valtorta des choses qui n’existent pas.
e. Des
décisions irrationnelles et une communauté sectaire :
Un certain nombre de signes cliniques sont contemporains de
l’emprise sectaire dans des groupes religieux. Parmi ces signes, on
compte :
-Une déstabilisation mentale avec une perte du libre arbitre.
-Une rupture d’avec le milieu familial de manière à couper tout lien qui
pourrait s’opposer à l’emprise du groupe sectaire.
-Cette rupture s’accompagne le plus souvent d’une exigence de don financier
qui va jusqu’au don total aboutissant à une sorte d’esclavage.
-L’atteinte à l’intégrité physique en est une des conséquences. Les
châtiments corporels sont souvent présents d’une manière ou d’une autre. Que
ce soit sous la forme d’une privation d’ordre alimentaire ou du sommeil ou de
traitements médicamenteux ou d’enfermements ou encore de châtiments
corporels.
-Le discours de la secte est souvent un discours de révolte contre la société.
Le discours anti romain du temps de Jésus en était une des formes. De ce
fait, des troubles à l’ordre public pouvaient en résulter.
-Enfin, un langage typé selon des codes particuliers peut en être une des
marques.
-L’embrigadement des enfants fait partie de l’emprise que le meneur utilise
afin d’augmenter le chantage destiné à briser le libre arbitre.
Le P.G.C prend donc un nouvel exemple qui tombe à point puisqu’il s’agit de
la question de l’adoption d’un enfant. Le P.G.C qui se montre avide de
montrer les « décisions irrationnelles » prises par Jésus
choisit donc un passage qui a servi aux dominicains d’Avrillé
qui ont le même appétit vorace pour discréditer l’œuvre de Maria Valtorta.
Une nouvelle fois, le texte se trouve édulcoré, car coupé de son contexte
signe de la métonymie.
Nous sommes le 20 mars 28. Jésus se trouve parmi les paysans travaillant pour
Doras, un pharisien particulièrement cruel. Alors que Jésus partage un repas
avec ces pauvres gens, un grand-père se détache avec son petit fils en
expliquant que les parents sont morts après un accident dû à un éboulement.
Le grand-père garde donc son petit-fils avec lui afin qu’il ne tombe pas dans
les griffes de Doras qui le ferait travailler comme une bête de somme. Ce
vieux grand-père n’en peut visiblement plus et il formule une demande que
Jésus puisse recueillir l’enfant. Et Jésus accepte dans un élan de charité et
à la plus grande joie de ce grand-père.
Pierre est témoin de toute la scène et son cœur est empli d’amour pour cet
enfant. Maria Valtorta ajoute : « le visage de Pierre paraît
maigrir sous l’effet du désir ». Pierre formule alors à Jésus son
désir d’enfant.
C’est donc là que le P.G.C trouve le texte afin qu’il s’accorde avec la
suspicion d’irrationalité sectaire.
Simon, je
te l’ai dit : tu dois être le père de tous les enfants que je te
laisserai en héritage, mais tu ne dois pas avoir la chaîne d’un fils à toi.
N’en sois pas blessé. Tu es trop nécessaire au Maître pour que le Maître
puisse te séparer de lui à cause d’une affection. Je suis exigeant, Simon. Je
suis exigeant plus que l’époux le plus jaloux. Je t’aime d’un amour de
prédilection et je te veux tout entier pour moi et à moi. C’est bon,
Seigneur…c’est bon…qu’il soit fait comme tu le veux. Cette adhésion à la
volonté de Jésus est héroïque pour le pauvre Pierre. Ce sera l’enfant de mon
Église naissante. D’accord ? Il sera à tous et à personne. Ce sera notre
petit enfant. TIII, 191.4.
Le
commentaire du P.G.C note que ce texte confirme que les disciples ont perdu
l’usage de leur liberté, et qu’ils se trouvent totalement infantilisés par
cette emprise du gourou.
Mais dans ce texte nous ne voyons que la charité de Jésus et le désir de
Pierre recadré par Jésus qui lui signifient que sa véritable mission est
d’être un père pour tous les enfants. Il doit être un père spirituel. Tu
ne dois pas avoir la chaîne d’un fils à toi. Et Jésus prend soin de dire
à Pierre : n’en sois pas blessé. Jésus est bien évidemment habité
par la naissance de son Église. C’est pourquoi cet enfant sera le tout premier
enfant de cette nouvelle Église. Et quand Jésus dit à Pierre de ne pas en
être blessé, il a beaucoup d’égard vis-à-vis du narcissisme de son apôtre. Il
n’y a donc encore une fois aucune emprise ni maltraitance sur un plan
psychologique.
Jésus formule ici la mission des prêtres qui s’inscrira dans un célibat.
Comment se fait-il que le P.G.C ne puisse comprendre cela, lui qui a donné sa
vie affective à Jésus pour justement ne pas avoir la chaîne d’un fils dans la
chair ?
Encore une fois, le texte accusateur du P.G.C fait cavalier seul. L’exemple
qu’il donne n’apporte aucun élément justifiant l’accusation.
J’ajoute que cet enfant selon la tradition est probablement l’évêque appelé
« apôtre de l’Aquitaine ».
Quant à l’accusation d’irrationalité sectaire, on cherche vainement ce qui
soutient dans les textes proposés ces affirmations.
f. Les
disciples ont perdu l’usage de leur liberté, et Jésus est au centre d’une
cour à l’atmosphère hystérique.
Cinq exemples sont donnés, censés apporter des preuves que nous
n’avons jusqu’à présent pas trouvées.
On retrouve la méthode habituelle qui est de désarticuler le texte de manière
à l’extraire du sens pour ne donner à voir, sans du reste y parvenir, que
l’affirmation de ce que le P.G.C avance.
Le premier exemple relate un événement repris par les évangiles
canoniques. Jésus fait ici l’annonce de sa passion en expliquant le sens du
mot « rédemption ». Il n’y a pas de rédemption sans souffrance.
346.5.
Mais Jésus va plus loin cette fois en l’illustrant par un contenu qui
prend en compte la face hideuse du martyr.
Ma
souffrance atteindra le corps, la chair et le sang, pour réparer les péchés
de la chair et du sang. Elle sera morale pour réparer les péchés de l’âme et
des passions. Elle sera spirituelle pour réparer les fautes de l’esprit. Elle
sera complète. Aussi, à l’heure fixée, je serai pris dans Jérusalem et après
avoir beaucoup souffert de la part des anciens et des grands
prêtres, des scribes et des pharisiens, je serai condamné à une mort
infamante. Et Dieu laissera faire parce qu’il doit en être ainsi, car je suis
l’Agneau qui expie pour les péchés du monde entier. 346.5.
Après cette
annonce qui bouleverse tout le groupe des apôtres, Pierre se rebiffe et
saisit Jésus par le bras pour l’emmener à part et il dit : oh !
Seigneur, ne dis pas ça, ce n’est pas bien.
Jésus reprend donc son disciple fermement en le traitant de Satan.
C’est donc après ce passage bouleversant que le P.G.C prend son
exemple !
Dans cet exemple assez banal, on voit donc André se lever et prendre
doucement la défense de son frère qui est anéanti et qui pleure.
Maître mon
frère est affligé…il pleure…il l’a mérité. Jésus fait venir Pierre ;
viens ici, grand enfant irréfléchi, que je te serve de père en essuyant ces
larmes dites Jésus. 346.5.
Isolé de
son contexte que le P.G.C ne veut pas voir et qui concerne le cœur de la
mission de Jésus, l’exemple est censé amener la preuve des preuves sur la
perte de liberté de Pierre !
On reste stupéfait devant cette absence d’écoute du P.G.C qui s’apparente à
un déni. La manipulation exercée par le P.G.C est tout à fait exceptionnelle.
Il reproche à Maria Valtorta ce que lui-même fait avec une absence totale de
scrupules, en tentant de vendre son texte en le présentant comme une preuve
qui n’est en fait qu’un fétiche. L’illusionniste c’est lui.
Le deuxième exemple est tout aussi central dans la théologie
chrétienne puisqu’il s’agit de la reconnaissance par Pierre de l’identité du
Christ. Les évangiles canoniques de Matthieu (16-17), Marc 9, 2-10 et Luc 9,
28-16 rapportent cette reconnaissance du Christ par Pierre. « Tu es
le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »
Nous sommes au début de février 29 à la sortie de la ville de Cèdes, dans
le nord d’Israël. Jésus vient d’être blessé à la main par le jet d’une pierre
alors que le groupe apostolique se trouvait près de la tombe d’Hillel. La
pierre a été lancée par un étudiant d’une yeshiva. Et Jésus demande à ses
apôtres :
Et vous,
qui dites-vous que je suis ? Répondez franchement selon votre jugement,
sans tenir compte de mes paroles ou de celles d’autrui. Si vous étiez obligé
de me juger, qui diriez-vous que je suis ? 343.5.
Est-ce une
parole d’un pervers narcissique comme l’affirme le P.G.C ?
La parole de Pierre vient immédiatement dans une reconnaissance
fulgurante :
Tu es le
Christ, le Fils du Dieu vivant s’écrie Pierre en s’agenouillant, les bras
tendus vers le haut, vers Jésus qui le regarde avec un visage tout lumineux
et qui se penche afin de le relever pour l’embrasser en disant :
bienheureux es-tu Simon, fils de Jonas ! car ce n’est pas la chair ni le
sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les Cieux. 343.5.
Jésus
ensuite explique longuement la valeur du choix de Pierre simple et honnête,
sans parti pris, sans appui sur un quelconque miracle, sans être subjugué. La
liberté de choix est totale. Et Jésus de conclure :
C’est à toi
que je donnerai les clefs du Royaume des Cieux. Et tout ce que tu auras lié
sur terre sera lié dans les cieux et tout ce que tu auras délié sur la terre
sera délié dans les cieux, ô homme fidèle et prudent dont j’ai pu éprouver le
cœur. 343.5.
Mais ce
passage si important est refoulé par le P.G.C. La citation ne concerne que
l’effet de sidération et de surprise de Pierre qui
« Lève
son visage, timide, confus, il ne sait faire qu’un geste pour dire tout, pour
promettre tout, pour se donner tout entier à son nouveau ministère :
celui de jeter ses bras courts et musclés au cou de Jésus et de l’obliger à
se pencher pour l’embrasser… » 343.6.
Il est très
surprenant de voir le P.G.C prendre quasiment au hasard un petit texte qui a
l’air de coller à son obstination, son obsession, celui de montrer la « cour
autour de Jésus avec l’atmosphère hystérique ».
La démonstration tombe à plat. Le propos de P.G.C a l’air de flotter
au-dessus du texte de Maria Valtorta en état d’apesanteur, n’étant relié que
par ses fantasmes.
En psychologie ou en psychanalyse, la clinique doit toujours coller à la
réalité des échanges. Le diagnostic sort alors des propos, mais pas l’inverse
comme ici. On est donc loin d’une démarche authentiquement clinique.
Le troisième exemple suit la même méthode qui est de refouler le sujet
principal. La chaîne historique se trouve rompue et la présentation va donc
se faire à partir de l’arrêt de l’histoire. Freud appelait ce moment :
un souvenir écran. Il constitue un aspect de la structure du fétiche qui se
fige dans un moment d’avant suspendu.
Celui-ci est un discours à la synagogue de Capharnaüm qui se tient à la fin
du mois de février 29. Nous sommes donc dans la troisième année de mission.
Et ce discours a une haute valeur symbolique et spirituelle puisqu’il s’agit
de répondre à des questions essentielles au nombre de 7. Mais ce discours est
aussi l’annonce du pain de vie, le pain de la Vie éternelle.
Moi, je
peux me donner, je peux me transsubstantier par amour pour les hommes, de
sorte que le pain devienne Chair et que la Chair devienne pain, pour la faim
spirituelle des hommes qui, sans cette nourriture, mourraient de faim et de
maladies spirituelles. Mais si quelqu’un mange de ce pain avec justice, il
vivra éternellement. Le pain que je donnerai sera ma Chair immolée pour la
vie du monde ; ce sera mon amour répandu dans les maisons de Dieu pour
que viennent à la table du Seigneur ceux qui sont aimants ou malheureux et
qu’ils trouvent un réconfort pour leur besoin de se fondre en Dieu et un
soulagement pour leurs peines. 354.13.
Ce discours
se trouve dans l’évangile canonique de St Jean. 6.22-72.
Il est inaudible pour la plupart des auditeurs qui s’éloignent et s’en vont
dans un mouvement de séparation qui pour la plupart est radical. Une fracture
se produit qui va enraciner ceux qui persistent dans leur fidélité au Messie.
Et Jésus se tourne vers ceux qu’il a choisis :
Voulez-vous
vous en aller, vous aussi ? 354.16.
Jésus est
accablé.
Les disciples sont saisis par la douleur de Jésus et ils se mettent à
pleurer.
Tous font acte de fidélité à Jésus. Pierre dit :
Seigneur,
où veux-tu que nous allions ? Vers qui ? Tu es notre vie, et notre
amour. Toi seul as les paroles de la vie éternelle. Nous savons que tu es le
Christ, le Fils du Dieu. 354.16.
Au moment
où une telle tristesse s’abat sur le groupe, Jésus dit :
Et
pourtant, l’un de vous est un démon. 354.16.
C’est à ce
moment-là que le P.G.C décide du choix du texte censé illustrer l’hystérie de
la cour autour de Jésus.
Alors Jean
s’avance rapidement et lui passe les bras autour du cou en disant : dans
ce cas, j’ai la lèpre avec toi, mon seul amour. Avec toi dans la
condamnation. Avec toi dans la mort, si tu crois que c’est cela qui t’attend…
Pierre rampe à ses pieds et les lui prend pour les poser sur ses épaules…
Les autres s’avancent et lui donnent des baisers sur ses vêtements, sur ses
mains, sur ses cheveux…
Seul Judas ose lui embrasser le visage. Jésus se lève tout à coup et semble
le repousser brusquement tant son mouvement est imprévu et il dit :
allons à la maison. Demain soir, à la nuit, nous partirons en barque pour
Hippos. 354.16.
Cette scène
est criante de vérité, d’authenticité. D’autant qu’elle vient après un
enseignement d’une haute valeur spirituelle.
Mais ce temps a été arrêté, interrompu afin de pouvoir installer le fétiche
dont les emblèmes sont ici l’hystérie et la perte de liberté.
De plus, le terme d’hystérie employé par le P.G.C n’est pas le bon terme.
L’hystérie se caractérise par des paroles et des gestes exprimés dans une
forme théâtrale du fait d’une émotivité excessive, avec des relents
d’inauthenticité, en se donnant en spectacle puisque l’une des conditions de
l’hystérie est souvent cet aspect de comédie dont l’exposition au groupe est
un des éléments fondateurs. Sur le plan purement clinique, on ne trouve donc
aucun élément d’hystérie au sens propre, mais bien plutôt une gravité du
moment dont tous prennent conscience.
Où se trouve la théâtralité hystérique ?
Le culot du P.G.C est incroyable car il affirme de manière péremptoire des
notions qu’il ne connait pas ou mal. Oui, le P.G.C est un illusionniste qui
joue au jeu de bonneteau afin de faire passer d’un cornet à l’autre des
objets en laissant entendre qu’ils étaient là alors que c’est lui qui les a
mis. Le tableau de Jérôme Bosch est
une illustration vivante du travail de prestidigitateur du prêtre qui a le
culot de se présenter comme psychologue en faisant des erreurs grossières sur
la méthode clinique.
Le quatrième exemple se passe sur le lac de Tibériade dans la première
semaine d’août 27. Tous les apôtres sont là. Le bateau de Pierre vient de
croiser la barque de Marie Madeleine qui se prélassait avec des gigolos
romains et palestiniens dans une ambiance sensuelle. Cela a donné lieu à une
altercation entre Pierre et Judas. C’est donc après ce conflit que Jésus
propose un enseignement.
Cet enseignement est un préambule à la parabole sur le sel de la terre. Car
Jésus en appelle à ses apôtres pour qu’ils deviennent le sel de la terre.
C’est avec
vous que je veux saler le monde pour lui donner une saveur céleste. 98.7.
Mais avant
d’en venir là, Jésus donne un préambule que le P.G.C a choisi pour illustrer
son idée qui est « le rôle manipulateur de Jésus avec une image qui
associe l’araignée et le marionnettiste ».
Jésus donne l’exemple d’un médecin qui observe son patient, ne le
quittant pas des yeux afin de comprendre le symptôme et déceler le mal caché.
Et Jésus se compare à ce médecin :
J’en fais
autant avec vous. Vous m’êtes reliés par des fils invisibles, mais très
sensibles, qui me sont rattachés et me transmettent jusqu’aux plus légères
vibrations de votre être. Je vous laisse croire à votre liberté, pour que
vous manifestiez toujours plus ce que vous êtes. 98.6.
Voilà
l’exemple donné par le P.G.C.
Tiré du contexte et de l’explication de Jésus il est facile de tirer le texte
du côté de la manipulation.
Encore une fois, le P.G.C désarticule le texte en le coupant de la racine
dont il est né. L’interprétation de Jésus comme marionnettiste est plutôt
risible. Le texte devrait plutôt poser la question des liens invisibles qu’il
noue avec ses proches, des liens que nous percevons mal car notre
connaissance mystique est rudimentaire, voire inexistante. Pour se défiler,
on peut toujours en appeler au marionnettiste !
Un cinquième exemple est donné afin d’illustrer « les
préférences personnelles marquées de Jésus » qui viennent
témoigner de « son égocentrisme absolu ». Nous ne suivrons
pas les multiples exemples donnés par P.G.C, car ils sont posés là sans que
nous puissions faire de lien avec ce qu’il veut démontrer puisque justement
il ne donne aucun exemple précis. C’est à nous à faire ce travail qu’il
suggère !
On a le sentiment depuis le début que le texte du P.G.C n’arrive jamais à se
connecter avec les exemples censés en apporter les preuves.
Nous nous arrêterons donc sur la relation privilégiée de Jésus et de Jean,
relation reconnue puisqu’elle est inscrite dans les évangiles canoniques.
La scène se déroule au moment de l’appel des apôtres en ce début d’année 27
dans la première moitié de Mars. Jean est sans doute celui qui a
« reconnu » Jésus le plus vite, comme une fulgurance, une évidence
avec une particularité que sans doute les autres n’avaient pas. En effet,
Jean avait une pureté intérieure qui a participé de cette reconnaissance.
Voici donc le texte choisi par le P.G.C :
« Jean
est mon préféré ? Oui, mais justement, ne me ressemble-t-il pas en cela
aussi ? Il est pur, aimant, obéissant, mais humble aussi. Je me mirais
en lui et en lui je voyais mes vertus. C’est pourquoi je l’aimais comme un
second moi-même. Je voyais sur lui le regard du Père qui le reconnaissait
pour un petit Christ. Et ma Mère me disait : « En lui, j’ai le
sentiment d’avoir un second fils. Il me semble te voir, toi, reproduit en lui
qui n’est qu’un homme. » 49.11.
Le P.G.C lit
ce texte en l’interprétant comme une preuve de l’égocentrisme de Jésus qui
recherche dans l’autre un autre lui-même, signe et preuve de cet
égocentrisme.
Et pourtant, Jean a bien été au regard du Père un « petit
Christ » qui est devenu le fils de Marie au pied de la Croix. En
lui, Jésus a pu trouver un endroit où se reposer, car Jean avait une pureté
intérieure qui abaissait les défenses que Jésus n’a jamais cessé de mettre
face à l’hostilité contenue dans les impuretés de chacun. On ressent ces défenses
qui fatiguent Jésus, particulièrement avec Judas qui n’arrive à baisser la
garde que dans des moments fugitifs.
Ainsi oui, Jésus avait clairement une préférence envers ce disciple, car il
représentait un des rares endroits où il pouvait se reposer.
Il faudra que le P.G.C nous explique pourquoi Jésus avait cette préférence
reconnue dans les évangiles canoniques et reprises dans tous les tableaux de
peinture, on pense évidemment à la Cène peinte par Léonard de Vinci. Il
faudra aussi qu’il nous explique cette préférence avec d’autres mots qu’un
égocentrisme et une relation de miroir narcissique dont l’ombre serait dans
ce cas une homosexualité pour aller au bout de ce que le P.G.C peut suggérer
sans le formuler.
2- Jésus et sa mère : des relations mère-fils d’une
étouffante possessivité.
Haut de page.
a- débat
autour du « désormais » que Jésus inscrit dans les évangiles
canoniques :
Le P.G.C inaugure son étude de la relation de Jésus à sa mère par l’épisode
de Cana. Avec raison, car Cana est la porte d’entrée de Jésus dans sa
mission. Le P.G.C discute le fait que Jésus modifie le texte canonique de
l’évangile. Rappelons donc le texte de l’évangile de St Jean :
1-Trois
jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là,
2-et Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples.
3-Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit : ils n’ont plus de vin.
4-Jésus lui répondit : Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon
heure n’est pas encore venue.
5-Sa mère dit aux serviteurs : faites tout ce qu’il vous dira.
La critique
du P.G.C porte sur la traduction nouvelle que propose Jésus dans le texte de
Maria Valtorta. Jésus ajoute un « désormais » à la
traduction :
Femme, qu’y
a-t-il désormais entre toi et moi ?
Ce désormais
est, de fait absent du texte canonique comme le dit le P.G.C qui cite alors
le texte de Maria Valtorta afin de critiquer la proposition de Jésus.
Je fus un
fils soumis à sa mère, jusqu’au moment où la volonté de mon Père m’a indiqué
que l’heure était venue d’être le Maître. À partir du moment où ma mission a
commencé, je ne fus plus le fils soumis à sa mère, mais le serviteur de Dieu.
Les liens moraux qui m’unissaient à celle qui m’avait engendré étaient
rompus. Ils s’étaient transformés en liens plus élevés. Ils s’étaient tous
réfugiés au niveau spirituel. Mon âme appelait toujours « Maman »
Marie, ma Sainte. L’amour n’a pas connu d’arrêt, ne s’est pas attiédi ;
bien au contraire, il n’a jamais été aussi parfait que lorsque séparé d’elle
pour une seconde naissance, elle m’a donné au monde, pour le monde, comme
Messie, comme Évangélisateur. 52.7.
Le P.G.C
est étonné par l’opposition entre ces deux moments de la vie de Jésus avant
et après Cana. Ce que Jésus explique qu’il redira à Nicodème est cette
seconde naissance, cette seconde maternité pour Marie, qui à ce moment, ouvre
la porte de l’appartenance de Jésus au Père.
Les psychanalystes ont très bien compris cet avènement puisqu’ils évoquent la
naissance véritable d’un sujet par le Nom du Père. Quitter sa mère afin de
naître au monde se fait par le père et au-delà de lui par le Nom du Père.
Mais ici, Jésus qualifie cette affiliation nouvelle au Nom du Père, cette
deuxième naissance, comme une appartenance au Père des Cieux. Ainsi, ce petit
« désormais » que Jésus rajoute au texte ajoute un lien de
continuité, une rupture, entre un avant et un après. Le lien à Marie acquiert
alors un surcroît de spiritualité, une densité spirituelle tandis que Jésus
par cette nouvelle naissance peut dire « j’appartiens alors à tous les
hommes par le Père qui m’a envoyé vers eux ».
De Fils, Jésus devient le Maître. Il peut entrer dans sa mission.
Il semble que le P.G.C a bien compris ce passage, mais il veut démontrer
qu’en fait, il n’en est rien et que la relation de Jésus à sa mère ne s’est
pas « réfugiée dans l’esprit » qu’ils ne sont pas
« rompus », mais que bien au contraire ils sont « fréquents,
concrets, charnels ». Le P.G.C ajoute que Marie se montre maternelle,
protectrice, infantilisante, avec un amour captateur. Bref, il s’agit
d’une mère dévorante, qui va jusqu’à câliner son Jésus sur ses genoux,
le couple de Jésus et sa mère se souriant comme deux amoureux.
Ainsi, ce « désormais » qui est déjà en trop ne représente
rien, c’est du baratin puisque le couple que le P.G.C voit se rapproche
plutôt de l’inceste, bien que le P.G.C ne prononce pas le mot.
Plusieurs exemples sont donnés pour illustrer cette affirmation.
Les textes choisis sont comme d’habitude tirés de leur contexte qui n’est
jamais relaté.
b- nouvelles
preuves administrées pour illustrer la possessivité de Marie
Ce premier
texte relate la rencontre de Jésus avec sa mère à Nazareth en juillet 27. Il
n’y a pas eu de rencontre depuis le vendredi 23 avril. Entre ces deux
moments, Jésus a constitué un premier noyau autour de Jean, André, Pierre,
Philippe, Nathanaël, Simon, Thomas, Jude et Judas, finalement accepté après
un délai de réflexion. Il manque donc Jacques et Matthieu. Jésus est donc
déjà entré pleinement dans sa mission. Ce sont donc de véritables
retrouvailles entre Jésus et sa mère :
Oh, mon
Fils chéri ! Tu as soif ? Oui, bien sûr. Je vais te préparer…
Soif de tes baisers, Maman, de tes caresses. Laisse-moi rester ainsi, la tête
sur ton épaule, comme quand j’étais tout petit…Oh Maman ! Comme tu me
manques !
Mais dis-moi de venir, mon Fils, et je viendrai. Qu’est-ce qui t’a manqué
pendant mon absence ? Un plat que tu aimes particulièrement ? Des vêtements
frais ? Un lit bien fait ? Ah ! dis-moi, ma Joie ce qui t’a
manqué. Ta servante, ô, mon Seigneur, essaiera d’y pourvoir.
Rien d’autre que toi…89.6.
Marie avant
même que son Fils lui parle a senti tout ce que Jésus a traversé comme
épreuves durant tout ce temps. En bonne mère, elle devine ces choses banales
qui touchent au confort de base, les vêtements frais, le lit bien fait, les
bons plats. C’est une vraie maman accueillant un fils qu’elle n’a pas vu
depuis plusieurs mois.
Jésus retrouve ainsi sa mère sur le mode d’une rencontre basique qui rejoint
le souvenir d’enfance avec son lot de caresses prodiguées sur l’épaule de sa
mère.
S’ajoute la rencontre entre eux au niveau plus spirituel. Ce lien spirituel a
connu une rupture à Cana, nous l’avons vu. Marie a un lien privilégié qui la
met en communion d’âme. Elle est passée d’un état de mère à celui d’épouse
mystique.
Alors oui, Jésus peut enfin se reposer dans un endroit qui est toute pureté
et humilité. Et le repos de Jésus est total, car il n’y a aucune personne
autour de lui qui ait en elle autant de pureté. Cet aspect est probablement
très réconfortant pour Jésus, car l’impureté chez les hommes est le signe du
péché. Et le péché est l’indice d’une hostilité.
On comprend donc que Jésus et sa mère puissent se retrouver dans un amour
très pur. Il n’y a pas de péché ni en Jésus ni en Marie. La relation entre
eux est donc exempte de tout ce qui caractérise la relation humaine simple
blessée par le péché originel.
c- La relation
de Jésus à Marie est si pathologique qu’ils sont obligés de se cacher quand
ils se voient. (Ça gêne le lecteur) !!
Le P.G.C est obsédé par une idée fixe qui est de démontrer que cette relation
entre Jésus et sa mère ne correspond en rien à ce qu’il avait annoncé à Cana.
Non, il n’y a aucunement de relation spirituelle entre les deux. Les textes
sont là pour prouver que cette relation est remplie d’un amour purement
humain où dominent la captation narcissique de part et d’autre,
l’infantilisation comme en témoigne le vocabulaire des échanges, et les
câlins ou caresses qui « gênent le lecteur ». Dans cette
gêne des rapports, le P.G.C suggère, sous-entend quelque chose que nous
appelons inceste. Il ne le dit pas nettement. Cette relation oblige donc Jésus et Marie
à « se cacher pour se retrouver ».
Je ne suis personnellement gêné en rien, car la pureté de la relation est
évidente pour moi et pour les millions de lecteurs de Maria Valtorta.
Mais pas pour le P.G.C qui tente une nouvelle fois de transformer une
rencontre entre Jésus et sa mère en un aparté à l’intérieur duquel des
éléments impurs se sont glissés et pourquoi pas un soupçon de sexualisation.
Dans le deuxième texte cité, le retour à Nazareth se fait avec quatre
disciples :
Nous sommes à la mi-juin 29, la dernière année de mission est donc bien
avancée. Jésus revient vers Nazareth avec quatre de ses disciples :
Thomas, Jude, Jacques, Simon le Zélote. L’arrivée vers la maison de Marie se
trouve constellée de réflexions qui sont autant de prières de louanges. C’est
ainsi qu’au moment où ils approchent de la haie qui borde le jardin, Jude s’écrie :
son jardin clos ! et Thomas : oui, elle en est la rose.
Jacques ajoute : le lys parmi les épines. Et enfin, Simon : la
fontaine scellée.
Tandis que Jésus vient compléter :
Mieux, la
source d’eau vive qui, jaillissant impétueusement du beau mont ;
donne l’Eau de Vie à la Terre et s’élance avec sa beauté parfumée vers le
ciel. 433.2.
Voilà les propos
pleins de poésie des uns et des autres devant celle qui suscite autour d’elle
un respect immense.
Vient ensuite la rencontre et les échanges autour de la petite Auréa, une
fillette à peine pubère qui a échappé à la voracité lubrique d’un riche romain.
Elle est fiévreuse et se repose dans une chambre.
Marie propose alors à son fils d’aller trouver l’une des Romaines à qui
appartient la fillette, car il s’agit d’une esclave.
Je restitue donc le véritable échange que le P.G.C a réduit pour sa cause.
Tu fais
beaucoup, Maman. Merci pour ton soutien…
Oh ! je suis une aide bien pauvre, mon Fils ! Car je ne réussis pas
à te faire aimer, à te donner…de la joie…tant qu’il t’est accordé d’en avoir
un peu…que suis-je donc alors ? Une bien pauvre disciple…433.5.
Voilà
maintenant le texte choisi par le P.G.C :
Maman ;
Maman ! Ne parle pas ainsi ! Ma force me vient de tes prières. Mon
esprit trouve le repos en pensant à toi, et maintenant, de rester ainsi, la
tête contre ton cœur béni, réconforte mon cœur… Maman ! Jésus a attiré
près de lui sa Mère, debout à ses côtés. Il est assis sur un coffre contre le
mur, et appuie son front contre la poitrine de Marie, qui caresse doucement
ses cheveux… C’est une attitude pleine d’amour.
Puis Jésus relève la tête et se met debout. 433.5.
La
relation, le cadre symbolique que Jésus a posé à partir du
« désormais » trouve ici son axe principal. Le lien de Jésus à sa
mère est un lien mystiquement d’époux dans lequel nous avons nous-même peine
à entrer. Mais je suis persuadé que les anges sont autour d’eux, nombreux,
discrets, adorant. Le fonds de cette relation d’amour est le désastre qui
pointe à l’horizon, apportant une étreinte insupportable.
Le P.G.C fait une réflexion en bas de page sur le fait que Jésus dit : ma
force vient de tes prières. Le P.G.C pense qu’il y a une
impossibilité logique dans cette déclaration. Je vais laisser aux
théologiens le soin de répondre.
Un dernier exemple est apporté par le P.G.C qui reste dans un discours de
certitudes sans que le moindre doute puisse émerger. Nous avons déjà évoqué
ce fait en émettant l’hypothèse d’un fait symptomatique.
d- L
’annonciation est décrite par Jésus à ses apôtres.
Nous arrivons à un moment qui suit la première annonce de la passion au cours
de laquelle Pierre s’est fait vertement et justement rabroué par le Seigneur
du fait de sa position si défensive qu’il était proche du déni. Et ce moment
précède la transfiguration au Mont Thabor. Nous sommes le 18 février 29.
Et Jésus s’adresse à ses apôtres et à des proches nombreux comme les
bergers ; les sœurs disciples, Menahem, Margziam et beaucoup de
personnes. En tout, le nombre peut avoisiner les 40 personnes comme le
signale Maria Valtorta. (P. 278.)
Jésus découvre alors le secret intime de Marie qui est sa virginité.
L’annonciation est décrite par le Seigneur dans une délicatesse extrême.
Jésus dévoile la femme que tous ont rencontrée afin de la montrer
« transfigurée ».
Voilà ce qu’en dit le P.G.C : C’est auprès d’elle qu’il vient puiser
la consolation. La visionnaire notre à la fin qu’ils se sourient comme deux
amoureux.
Viens ici
ma Mère. Ne rougis pas, ne te retire pas, intimidée, douce colombe de Dieu.
Ton Fils est la parole de Dieu, et il peut parler de toi et de ton mystère, ô
sublime Mystère de Dieu. Asseyons-nous ici, à l’ombre légère des arbres en
fleurs, près de la maison, près de ta sainte demeure. Voilà ! Levons
cette tenture ondoyante et qu’il sorte des flots de sainteté et de paradis de
cette demeure virginale, pour nous combler tous de toi…
Oui, moi aussi. Que je me parfume de toi, Vierge parfaite, pour que je puisse
supporter les puanteurs du monde, pour que je puisse voir la pureté, de mes
yeux débordants de ta pureté. Venez ici…348.9.
Jésus nous
fait entrer dans un monde étranger à l’homme.
Il est le point d’appui fondamental de Jésus.
Pourquoi ?
Parce qu’il est d’une pureté absolue.
Loin de la puanteur du monde.
Le P.G.C n’arrive pas à sortir de la puanteur du monde. Il en est friand et
se plaît à chercher, à trouver cette puanteur en la créant de toute pièce.
Voilà un autre aspect du fétiche.
Il y a quelque chose d’indécent dans les remarques de ce prêtre qui suggère
par une allusion la « gêne occasionnée par le lecteur » :
« Maria Valtorta parle d’eux comme d’un couple parfait. Si la
remarque gêne le lecteur, le fait gêne aussi les personnages, si bien que les
protagonistes doivent se cacher pour se retrouver ».
Il va donc chercher un passage qui va dans le sens de cette puanteur. Il
ne parle donc pas de l’annonciation, de la rencontre pleine de délicatesse de
Marie avec l’ange.
Son âme
tissait un tapis d’amour en passant, agile comme la navette sur le métier, de
la terre au ciel, des besoins de la maison et de son époux à ceux de l’âme,
de Dieu. Elle chantait, elle priait. Et le tapis se formait sur le métier
mystique, il se déroulait de la terre au Ciel, il s’élevait jusqu’à se perdre
là-haut…
Et le tapis s’ornait des fleurs de l’amour, de la pureté, des palmes de la
paix, des lauriers de la gloire, des humbles violettes, des jasmins
odorants…toutes les vertus fleurissaient sur le tapis de l’amour que la
Vierge déroulait de la terre au Ciel comme une invitation.
Puis vient
l’annonciation proprement dite. Le Mystère.
C’est donc ce moment que le P.G.C choisit pour en faire une puanteur : « marie
se montre maternelle, protectrice, infantilisante parfois, et son amour
captateur. Son Jésus à sa maman. Il arrive à Marie de câliner son Jésus sur
ses genoux. Puis le P.G.C choisit le texte de l’annonciation en
montrant le côté indécent de Jésus. Jésus se plait à la donner en exemple
et dévoile devant tous, en sa présence, ses secrets les plus intimes comme
ceux qui concernent l’Annonciation.
Et une
femme pudique, la plus pudique de toutes les femmes, celle qui ne connaissait
même pas la poussée instinctive de la chair, fut bouleversée devant l’Ange du
Seigneur, parce que même un ange trouble l’humilité et la pudeur de la
Vierge. Elle ne se tranquillisa qu’en entendant parler. Elle crut, et elle
dit la parole par laquelle « leur » amour devint chair et vaincra
la mort ; et il n’existe pas d’eau qui puisse l’éteindre ni de
perversion qui puisse le submerger. Jésus se penche doucement
vers Marie qui a glissé à ses pieds, comme en extase, à ce rappel d’une heure
lointaine, lumineuse d’une lumière spéciale que son âme paraît exhaler, et il
lui demande doucement : quelle fut ta réponse, ô vierge très pure, à
celui qui t’assurait qu’en devenant la Mère de Dieu tu n’allais pas perdre ta
parfaite virginité ?
Et Marie, comme dans un rêve, lentement en souriant, les yeux dilatés par des
larmes de joie : voici la Servante du Seigneur ! Qu’il me soit fait
selon ta Parole. 348.11. et 348.12.
Puis, elle repose sa tête sur les genoux de son fils, en adoration.
Le P.G.C ne
peut à aucun moment lever les yeux au-dessus de sa besogne. Il reprend alors
les incantations accusatoires contre la Sainte Vierge !
Néanmoins, comme il le fait depuis le début, les propos qu’il tient ne se
retrouvent jamais dans le récit qu’il cite comme s’il apportait une preuve de
ce qu’il avance. Mais, on a beau chercher en se frottant les yeux pour
trouver, rien ne vient étayer son discours. Les accusations sont libres de
toute connivence avec le texte de Maria Valtorta. Les propos sont jetés
au-dessus du texte dans un contexte allusif. La structure symbolique est
évacuée afin de livrer une version imaginaire autour du miroir, et des effets
d’image inerrants à l’amour charnel.
e- Maternelle,
protectrice, infantilisante, avec un amour captateur.
La beauté
du texte, sa poésie, la manière dont Jésus témoigne de la pudeur de cette
femme dont il dit qu’elle ne connaissait pas la poussée instinctive de la
chair, la délicatesse de ton, tout dans l’évocation que fait Jésus de la
rencontre de Marie avec l’ange témoigne d’une rencontre très loin de ce qu’évoque
le P.G.C.
Le P.G.C revient sur un autre passage, car aucun élément clinique n’est là.
Il raconte que Jésus dans ses pérégrinations évoque souvent Nazareth et sa
mère.
En fait, le P.G.C est littéralement obsédé par la contamination sexuelle de
Jésus et de sa Mère. Dès que cette relation apparaît dans une formulation qui
peut faire penser à cette contamination, il la cite.
S’il était un vrai clinicien, il partirait du texte lui-même. Ici, il y a une
représentation qui est projetée sur le texte, et cette représentation vaut
interprétation. La démarche est fausse.
Je ne vais pas suivre les deux nouveaux textes choisis par le P.G.C. Nous
allons directement à sa conclusion du chapitre qui est une longue citation de
Jésus à la toute fin de l’ouvrage.
Certains
trouvent trop affectueux l’amour de Marie pour Jésus ; je leur dis de se
souvenir de qui était Marie : la Femme sans péché et donc sans impureté
dans son amour envers Dieu, envers ses parents, envers son époux, envers son
Fils, envers le prochain. Il leur faut prendre en considération que ma Mère
voyait en moi bien davantage que le fruit de son sein. Ils doivent enfin
tenir compte de la nationalité de Marie : sa race hébraïque, race
orientale, et le temps très éloigné des temps actuels. Ces éléments expliquent
certaines amplifications verbales de l’amour qui pour vous peuvent paraître
exagérées. Le style oriental et fleuri, pompeux, même dans le langage
ordinaire. Tous les écrits de ce temps et de cette race en sont la preuve, et
le passage des siècles n’a pas beaucoup changé le style de l’Orient…
À ceux qui jugent trop affectueux l’amour de Jésus pour Marie, je dis de
considérer qu’en Jésus était Dieu, et que Dieu un et trine trouvait son
réconfort à aimer Marie, celle qui le repayait de la douleur de
l’espèce humaine, le moyen pour que Dieu puisse revenir se glorifier de sa
Création et donner des habitants à ses Cieux. Et qu’ils considèrent enfin que
tout amour devient coupable uniquement quand il enfreint l’ordre,
c’est-à-dire quand il va contre la volonté de Dieu et le devoir qu’il faut
accomplir. 652.4.
f- inconsistant,
anachronique, style embarrassé, Jésus n’arrive pas à parler à la première
personne.
Le P.G.C donne sa critique de ce passage : « il y a de
l’inconsistant et de l’anachronique dans ces arguments, le
style est embarrassé, et Jésus ne parvient pas à parler de lui-même à
la première personne du singulier ».
On ne voit toujours pas ce qu’il y a d’inconsistant dans ce passage où
Jésus discerne avec une extrême justesse ce qu’il peut y avoir de choquant
pour nos mentalités les propos pleins d’emphase contenus dans les discours
des Orientaux.
Anachronique est justement le fait de ne pas remettre un événement à sa date
ou dans son époque ce qui entraîne une confusion entre des époques
différentes. Or, Jésus justement explique le sens de certaines infatuations
du langage liées à l’époque, et à la mentalité hébraïque ou orientale.
Il n’y a donc rien d’anachronique.
Le style n’est aucunement embarrassé. Il est au contraire limpide, droit,
franc, sans arrière-pensée.
Enfin Jésus emploie la première personne du singulier dans le texte :
Je leur dis.
Ma Mère…
Je dis de considérer qu’en Jésus était Dieu…
Toutes les affirmations du P.G.C, de nouveau, sont désavouées nettement pas
le texte. Les accusations tombent les unes après les autres.
3- Jésus face à Judas :
passionnel et victimal ; amour possessif ; gestes ambigus.
Haut
de page.
Nous avons
choisi de reprendre quelques passages des dernières parties traitées par le P.G.C
sur ses obsessions données comme certitudes avancées avec le même ton
péremptoire dans lequel nul doute ne peut se glisser.
Nous ne prendrons donc que quelques exemples, car nous avons vu que la
méthode est fausse.
Tout d’abord, le P.G.C dit que Maria Valtorta a « forgé au sujet de
Judas l’incarnation même de Satan ». Je vais reprendre ce
point car dans un autre article le P.G.C tente d’accréditer que le texte de
Maria Valtorta contient des erreurs d’ordre théologique.
a- immaturité pathologique de la psychologie de Maria Valtorta.
Le P.G.C va attaquer « l’immaturité pathologique de la psychologie de
Maria Valtorta ». Cette attaque contre Maria Valtorta se fait
surtout dans l’aspect de victime, d’âme victime. La fureur du P.G.C atteint
alors un rare degré de violence en déclarant « tentatives de
reconstitution psychologiques comme morbides, suspectes ».
Qui est donc le P.G.C pour qu’il se sente autorisé à faire un diagnostic
d’immaturité pathologique à l’égard de Maria Valtorta ?
Est-il mandaté par le Vatican ? A quel titre ?
A-t-il une qualification quelconque pour porter un tel jugement ?
Qui est donc le P.G.C pour juger de la douleur de Maria Valtorta qu’il juge
déplacée face « aux évangiles si sobres sur le retentissement dans
l’âme du Christ du mystère du mal ».
Maria Valtorta qui va de « la passion quasi amoureuse à la
volonté de victimisation » ne rencontre chez le P.G.C qu’une
moue dubitative, une moquerie, une dérision.
Le P.G.C a jugé et condamné Maria Valtorta.
Dans ces derniers paragraphes, on rencontre toujours cette supercherie de
mettre des textes bout à bout avec un commentaire qui ne correspond à rien de
ce qui est dit dans les textes.
Encore une nouvelle fois, les citations sont tronquées et ne sont jamais
rapportées à l’ensemble qui fait sens. Le P.G.C ne respecte aucunement son
lecteur en ne livrant qu’une citation tronquée.
Il y a une telle dérision dans le ton de ce prêtre qu’il est difficile même
de dialoguer avec lui. Son sourire sardonique est là prêt à l’emploi.
Retenons donc l’un des exemples.
La relation de Jésus à Judas que le P.G.C ne veut pas voir :
Cette relation de Jésus à Judas est très riche. Le P.G.C n’arrive pas à
entrer dans cette relation tant sa haine le laisse au bord de la route.
Quel est le problème de Judas ?
Au fonds, les choses sont assez simples.
Judas est fixé, obnubilé par une représentation du messie précise. Le messie
doit être un messie triomphant par lequel sur terre, un royaume sera édifié,
un royaume de Dieu manifesté très concrètement dans une royauté terrestre.
Judas ne peut se départir de cette vision. Il s’agit donc d’une illusion. Et
Jésus ne cesse de reprendre son disciple : abandonne toute illusion,
Judas. Avec cette illusion, Judas a une structure psychologique dont on
peut dire que le centre de gravité est un Moi fort. Néanmoins, ce Moi est
blessé par une enfance tournée vers un père qui l’a trop tôt séparé de sa
mère pour l’inscrire dans l’école du Temple, en internat. Il évoque son
père : il m’aimait beaucoup. J’étais son orgueil…quand il me faisait
voir le bien-fondé de reproches sur ma façon d’agir, il le faisait si
doucement…on aurait dit un grand frère.71.2.
Il y a donc une blessure sérieuse chez Judas marqué par une séparation
précoce de l’amour maternel et un père qui manque singulièrement d’autorité
en étant comme un grand frère. De ce fait, l’ordre généalogique semble avoir
été perturbé. Judas en arrive à tenir
tête à Jésus au point de renverser complètement l’ordre des places de chacun.
C’est ainsi qu’au cours d’une visite du Temple, Jésus s’arrête et reprend son
disciple :
Judas,
crois-tu que le disciple soit au-dessus du Maître ? Qui es-tu ? Qui
suis-je ? Et Judas avoue : tu es le maître, je suis le disciple. 68.1.
Ces
blessures ont été orientées sur un mode de guérison qui n’en est pas
véritablement un. Ce sont les « passages à l’acte » de type sexuel,
de défi, de combat, d’assaut viril, d’alcoolisation. Tous ces modes d’action
ne sont que des anesthésiants qui ne résolvent rien.
Judas a le plus grand mal à entrer dans sa vie intérieure. Pour cela, il
faudrait qu’il lâche son Moi et se tourne vers Jésus.
La visite au temple avec Jésus est particulièrement éclairante, car il parle
à Jésus comme s’il faisait visiter le temple à un étranger sans jamais parler
de lui. Au point que Jésus s’arrête, excédé par cette logorrhée verbale :
je ne suis pas un désœuvré venu ici pour passer le temps.
Une autre blessure apparaît. C’est la perte du père alors que Judas est
adolescent. Sa mère lui dit alors : tu n’as plus de guide mon enfant,
et tu en as encore tellement besoin.
Enfin, il s’ajoute une troisième blessure, c’est qu’il est fils unique.
Ainsi, Judas ne supporte pas de partager l’amour de Jésus avec quiconque. Je
croyais être ton premier disciple, or tu m’as dit que tu en avais déjà un
autre…je croyais avoir été le premier choisi pour un tel destin et par
conséquent le préféré.
Cette revendication narcissique ne cessera jamais et elle viendra
alimenter tout un courant de vengeance vis-à-vis d’une supposée atteinte de
son Moi du fait de la préférence d’un autre. Car, face à cette revendication
d’être le préféré, le premier, il y a une infatuation du Moi, un
égocentrisme.
Dans les textes choisis sur Judas, on a le sentiment que le P.G.C a fait un
choix « au hasard », car le P.G.C ne peut pas et ne veut pas entrer
dans l’intelligence de cette si complexe relation entre Jésus et Judas.
Il prend donc un texte qui doit illustrer ce qu’il est en train de dire qui,
en fait, concerne Maria Valtorta !!
Comme nous l’avons vu, il n’y a pas de concordance entre les textes choisis
et les affirmations du P.G.C. Ce sont deux récits parallèles qui ne se
rejoignent que pour illustrer une prétention et une morgue étonnantes.
Nous arrêtons notre travail ici. Dans ce deuxième texte, le P.G.C descend un
peu du piédestal sur lequel il est monté et il accepte de discuter de vrais
sujets de théologie. Ce sera donc pour une autre fois.
Conclusion :
J’ai tenté dans ce travail de suivre le P.G.C en respectant les textes qu’il
avait choisis.
V – CONCLUSION
Haut de
page.
On constate
au bout de cette étude :
1-la virulence des propos du P.G.C dans laquelle nul doute ne peut
émerger.
Il a la vérité.
Le groupe de religieux qui a ordonné cette mise à l’index contre l’avis du
pape Pie XII a raison. Le P.G.C défend donc l’institution de ce groupe de
religieux en déniant le dysfonctionnement majeur qui a mis à l’index deux
personnes canonisées par la suite et d’une troisième qui était en voie de
béatification. Il s’agit du Padre Pio, de Faustine et de Yvonne Aimée de
Malestroit.
L’absence de doute amène un ton de quérulence, d’obstination dans le
jugement, de dénégation, d’attaque du lien au travers de la métonymie, du
refoulement voire de la forclusion du Nom du Père qui ne faiblit à aucun moment,
d’une affirmation d’un égo péremptoire et sûr de lui, donneur de leçons à la
terre entière. Nul n’est à l’abri des foudres du jugement du P.G.C.
Si le propos avait été moins fanatique, il aurait pu jouer avec le texte
qu’il dit « roman » en montrant les discussions possibles entre les
textes. Mais, non le système binaire n’admet pas la nuance.
2-La démarche clinique se fait à l’envers de ce qui se fait
habituellement.
Habituellement, dans les exposés cliniques, on part du texte de celui que l’on
veut analyser pour en extraire des passages qui vont servir une
interprétation nous orientant vers des énoncés placés au sein d’une clinique.
Ces énoncés peuvent alors former un faisceau de preuves nous conduisant à
telle ou telle forme clinique identifiée clairement.
Ici, tout est à l’envers.
Le diagnostic est posé avant même les citations. Et comme le ton employé est
celui d’une accusation « haineuse », un discrédit vient d’emblée
s’attacher au « diagnostic ».
Il n’y a pas de clinique véritable pour hisser des points de vue et
les faire parler. Le diagnostic est celui d’un rejet qui n’est pas loin
d’être ordurier.
3-il devient alors difficile de suivre le P.G.C, ce que nous avons tout de
même essayé de faire. L’aspect positif que j’en ai retiré étant de relire
ces textes. J’ai montré que la façon de procéder s’apparentait à un processus
métonymique. Il s’agit de prendre une citation, de la couper de la métaphore
dans laquelle elle s’inscrit, afin de la ramener à la simple littéralité du
mot. A cet instant, le fétiche se construit et il vient se projeter sur le
voile de la métonymie. Le fétiche va servir d’idole qui veut s’imposer. Ici,
le fétiche est clairement une sorte d’idéologie qui surplombe l’ensemble en
tentant de maintenir une juxtaposition entre le discours du P.G.C et les
citations tronquées.
De quoi est fait le fétiche ? Je laisse la question ouverte.
La métaphore se trouve évacuée rageusement et à travers elle le Nom du Père.
Afin de lutter contre ce processus destructeur, je me suis efforcé de
replacer la citation dans son contexte en restituant les racines dont elles
proviennent.
4-Puis, j’ai tenté tout de même de suivre le P.G.C au travers des signes
cliniques qu’il donne d’emblée comme celui de narcissique, de sectaire,
déviants…etc.
Mais même en faisant cet effort, on ne parvient pas à trouver dans le texte
de Maria Valtorta des éléments qui peuvent accréditer ce qu’avance le P.G.C.
notamment pour tout ce qui concerne l’aspect de secte, avec une emprise de
l’autre, un esclavage, une extinction du libre arbitre, bref toute la
panoplie clinique que l’on trouve habituellement dans ces situations.
Au total, c’est bien le travail du P.G.C qui nous pose un problème
d’authenticité et de vérité dans ce qu’il ose poser comme une avancée d’ordre
psychologique.
Je serai donc plus enclin à proposer au P.G.C qu’il revoie sa copie
complètement. D’autre part, le ton employé est si virulent, et pour tout dire
si haineux que l’on est contraint de voir le problème plutôt dans la personne
de ce prêtre dont l’adhésion sans nuance à son fétiche demanderait quelques
éclaircissements.
Pour conclure je voudrais citer la déclaration de guerre que fait le P.G.C au
Père Gabriele Roschini dans son article sur « l’évaluation des éléments
de doctrine de Maria Valtorta » à la page 5 de son article.
Afin de bien comprendre la portée des accusations du P.G.C, il faut resituer
le personnage du Père Gabriele Roschini.
Qui est le Père Gabriele Roschini ?
Le père Gabriele Roschini est né en 1900 avec le siècle. Prêtre très jeune,
il devient docteur en philosophie puis maître en théologie. C’est lui qui
ouvre véritablement des recherches systématiques autour de la Sainte Vierge
avec en particulier une bibliothèque qui est actuellement la plus grande
bibliothèque au monde sur Marie puis une faculté de théologie mariale,
Marianum Pontificale. Ce prêtre donne aussi des cours à l’université
pontificale du Latran.
Il est aussi membre de la Sacré Congrégation pour la doctrine de la foi,
membre de la sacrée congrégation pour la cause des saints, président de
l’académie pontificale de l’Immaculée, il reçoit du gouvernement italien la
médaille d’or du mérite culturel, littéraire et artistique.
Son œuvre est impressionnante avec 920 titres, dont 130 sont des livres de
200 pages et plus. Sa culture est immense, abordant tous les sujets,
littéraire, historique, didactique, artistique…Mais la plus grande partie de
son œuvre est consacrée à la Vierge Marie.
Sa relation avec Maria Valtorta est originale car il la connait tôt, en 1949.
Mais il n’est pas attiré par le récit de Maria Valtorta.
Il va néanmoins visiter l’écrivain à Viareggio en sous estimant Maria
Valtorta dont il dit qu’elle est « une brave fille ».
Bizarrement, il prend véritablement connaissance de l’œuvre de Maria Valtorta
en 1972 seulement. Voici ce qu’il dit de cette période entre 1949 et
1972 :
Il est bon qu’on
sache, en outre, que je n’ai pas été un admirateur spontané de Maria
Valtorta. Moi aussi, en effet, j’ai été, pour un temps, parmi ceux qui, sans
une connaissance adéquate de ses écrits, se sont contenté pour tout accueil
d’un sourire de méfiance.
Pourtant,
en 1972, il est alors saisi par une sorte de vertige car tout à coup, il
prend conscience de la valeur inestimable de la spiritualité du texte de Maria
Valtorta en particulier sur son sujet de prédilection, la Sainte Vierge.
Pris de remord et de culpabilité il court à Viareggio pour demander pardon à
Maria Valtorta au travers de la curatrice Maria Diciotti, car Maria Valtorta
était morte entre temps le jeudi 12 octobre 1961 à 10h35.
Le Père Gabriele Roschini met un mot sur le registre faisant état de son
admiration et de sa dévotion.
C’est donc tardivement qu’il est venu à Maria Valtorta. Dans la foulée de sa
prise de conscience il écrit l’un de ses derniers ouvrages : La vierge
Marie dans l’œuvre de Maria Valtorta.
Voilà ce qu’il dit dans l’introduction :
Il y a déjà
un demi-siècle que je m’occupe de mariologie, par l’étude, l’enseignement, la
prédication et mes écrits. J’ai dû lite pour cela d’innombrables ouvrages et
articles de tous genres sur Marie : une véritable bibliothèque mariale.
Je me sens cependant dans l’obligation d’avouer candidement que la mariologie
qui se dégage des écrits publiés ou inédits de Maria Valtorta, a été pour moi
une vraie découverte. Aucun autre écrit marial, pas même la somme de tous
ceux que j’ai lus et étudiés, n’avait été en mesure de me donner sur Marie,
chef d’œuvre de Dieu, une idée aussi claire, aussi vive, aussi complète,
aussi lumineuse et aussi fascinante, à la fois simple et sublime. Entre la
Sainte Vierge présentée par moi et mes collègues et la Sainte Vierge
présentée par Maria Valtorta, il me semble constater la même différence qu’il
existe entre une Madonne en carton-pâte et la Vierge Marie vivante.
Voici
maintenant comment le P.G.C attaque le Père Gabriele Roschini dans son
article : Evaluation de trois éléments de doctrine de l’Evangile tel
qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta :
« Il ne cite pas les textes les plus problématiques. Malgré
les titres universitaires de son auteur, il ne propose d’étude sérieuse qu’en
apparence et il ne mérite pas la publicité qui lui est faite »
Bigre.
Je propose à la méditation de ce prêtre le tableau de Jérôme Bosch. Comme
nous le voyons, il s’agit d’un illusionniste qui cherche à attirer le regard
avec ce qu’il montre tandis qu’un complice détrousse une personne qui est
hypnotisée par ce que montre l’illusionniste.
Sur la table, la procédure de masquage de la réalité va être lancée avec le
fétiche, un jeu de dés qui passera d’un cornet à l’autre, pris dans la
virtuosité du geste, il pourra bluffer les nigauds, les innocents, les naïfs.
L’escamoteur de Jérôme Bosch (1450-1516) – Musée de Saint-Germain-en-Laye.
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