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"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
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Annexe au chapitre 10.


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Annexe au chapitre 10.

L'attente du Messie.
Extraits de "L'hypothèse Jésus" de Vittorio Messori[1].

 Au temps de la Vierge, tout Israël attend Celui qui doit venir.        

Lorsqu’elle était petite enfant, la Vierge Marie attendait au cœur de son peuple Israël la venue du Messie, qui n’a pas été annoncé par un seul prophète, mais par une longue série d’hommes, prédisant et complétant, au fur et à mesure, leur prédiction, pendant des siècles. Elle attendait au cœur d’un petit peuple, ballotté par l’histoire, qui a survécu à toutes les confrontations avec les Empires voisins et qui sera finalement dans l’avenir le seul peuple résistant à la dissolution du monde antique, en conservant intacte son identité, et en gardant toujours la certitude inébranlable d’être l’instrument d’un destin éternel, aux dimensions du monde.   

Tous cherchaient dans l’Écriture le moment de la venue du Messie annoncé précisément mais mystérieusement par les prophètes. Et l’attente de l’accomplissement des temps était devenue tellement forte et précise, en cette période particulière de l’histoire, qu’il y eut plus de 100 candidats Messie recensés par les historiens. "Comme le peuple était dans l’attente" (Luc 3,15) quand Jean-Baptiste paru, tous lui demandaient : "Es-tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?" (Luc 7,19).       

C’était une situation absolument unique et cet aspect caractéristique du christianisme, à lui seul, est suffisant - c’est l’avis de maints spécialistes - pour le situer tout à fait à part dans l’histoire religieuse du monde.    

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 "Le sceptre ne l’éloignera pas de Juda, avant que vienne Celui à qui il appartient".      

La première des prophéties évoquant le moment de la venue du Messie se trouve dans la Genèse, (Genèse 49,1-10), quand Jacob, né d’Isaac, bénit ses fils avant de mourir. "Rassemblez-vous pour que je vous annonce ce qui vous arrivera dans l’avenir". Et il poursuit : "Le sceptre ne s’écartera pas de Juda, ni le bâton de commandement d’entre ses pieds jusqu’à ce que vienne Celui auquel il appartient et à qui les peuples doivent obéissance." Ce passage, qui a toujours été entendu par les exégètes d’Israël en un sens messianique, prend une actualité nouvelle au temps de la Vierge, après qu’Hérode Ier ait été nommé roi de Judée en mettant fin à la dynastie hasmonéenne juive.      

Les juifs d’Israël seront désormais régis par un roi édomite, fils d’une nabatéenne, issue d’une tribu arabe, et ami des romains, même s’il est officiellement converti au judaïsme. La Judée devient alors une province vassale de Rome et elle le restera jusqu'à la destruction de Jérusalem en 70 après Jésus-Christ. Quand Octave confirme à Hérode Ier le titre de roi de Judée, de Samarie, d’Idumée et de Galilée, en lui offrant aussi le plateau du Golan et les villes côtières de la méditerranée qu’il avait dû rendre à Cléopâtre précédemment, Jérusalem est secouée par un tremblement de terre qui cause 10.000 victimes. Avec l’avènement d’Hérode Ier l’autorité passe aux romains, et le signe messianique s’accomplit puisque le sceptre s’éloigne définitivement de Juda. À tel point que les juifs pourront maintenant répondre très justement à Pilate, lors du procès du Christ : "Nous n’avons pas d’autre roi que César" (Jean 19,15).     

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 "Au temps de ces rois, le Dieu du Ciel suscitera un royaume qui jamais ne sera détruit".       

La seconde importante prophétie évoquant le moment de la venue du Messie se trouve dans le dernier livre de l’Ancien Testament, celui de Daniel, qui, au temps de la Vierge était composé et lu dans sa forme actuelle depuis déjà deux siècles.       

Le livre rapporte au chapitre 2 le songe de Nabuchondonosor, dans lequel le roi voit une pierre qui brise une grande statue d’or, d’argent, de bronze, de fer et d’argile mêlés. Le roi est troublé et empêché de dormir jusqu’à ce que Daniel puisse lui donne la juste interprétation : "Après toi se dressera un autre royaume, inférieur à toi, et un troisième royaume ensuite, de bronze, qui dominera la terre entière. Et il y aura un quatrième royaume, dur comme le fer, (…) il réduira en poudre et brisera tous ceux-là. (…) Il sera divisé, partie fer, partie argile. (…) Au temps de ces rois, le Dieu du Ciel dressera un royaume qui jamais ne sera détruit, et ce royaume ne passera pas à un autre peuple. Il écrasera et anéantira tous ces royaumes, et lui-même subsistera à jamais (…). Le Grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver. Tel est véritablement le songe, et sûre en est l'interprétation." (Daniel 2,39-45). 

Or, après Nabuchondonosor sont venus les perses aidés par les mèdes, puis les grecs, qui ont dominé toute la terre avec Alexandre, puis les romains qui, par le fer, ont réduit en poussière tous leurs adversaires, avant qu’Israël ne soit au 1er siècle divisé entre le fer de Rome et l’argile d’Hérode. La pierre qui brise la statue doit devenir une grande montagne qui remplira toute la terre. L’humble Vierge du Seigneur pouvait peut-être imaginer la modestie des débuts du règne messianique qui "jamais ne sera détruit et subsistera éternellement" en méditant comme Blaise Pascal qui écrivait, en considérant la prophétie de la petite pierre qui devient montagne : "Il est prédit que Jésus-Christ serait petit en son commencement et qu’il croîtrait ensuite".  

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 L’étonnante prophétie des Soixante-dix septénaires.   

Le prophète Daniel précisa ensuite de manière très étonnante le temps de l’avènement du Messie par la prophétie des soixante-dix septénaires. Ce fameux passage du chapitre 9 de Daniel commence ainsi : "Sont fixés 70 septénaires pour ton peuple et ta ville sainte, pour faire cesser la perversité et mettre un terme au péché, absoudre la faute et amener la justice éternelle, pour sceller vision et prophétie et pour oindre le Saint des Saints." Le monde nouveau (l’iniquité qui cesse et est expiée, le péché qui est "mis sous scellés", la justice éternelle qui règne) adviendra donc quand le Christ aura "reçu l’onction". Et alors prendront fin les visions des prophètes mêmes. Et tout cela se produira après "70 septénaires".

Cette indication temporelle, la seule de tout l’Ancien Testament, n’a jamais suscité de polémiques excessives parmi les interprètes. Il est clair qu’il s’agit de septénaires, c’est-à-dire de périodes de sept ans, et qu’elle désigne la venue du Messie au bout de 490 années. Mais à partir de quoi doit-on commencer à les compter ? "Depuis le surgissement d’une parole en vue de la reconstruction de Jérusalem" après l’exil à Babylone, selon le texte biblique. Certains calculaient à partir du décret d’Artaxerxès, en 458 avant Jésus-Christ, d’autres à partir de Cyrus, en 538, dès la libération d’Israël, certains en années solaires, d’autres en années lunaires.

La découverte de parchemins du 1er siècle avant notre ère retrouvés à Qûmran montrent que la communauté qui vivait là-bas se préoccupait beaucoup des signes des temps et qu’ils s’appuyaient aussi sur la prophétie des "70 septénaires". Ils avaient calculé que les temps du Messie devaient commencer en 26 avant Jésus-Christ et c’est à cause de cette attente qu’ils se retiraient au désert. Il y avait encore une petite "erreur" de 20 ans dans leur calcul, mais comme le dit Hugh Schonfield, "nous voyons bien aujourd’hui à quel point - presque à la lettre - Jésus pouvait proclamer en inaugurant sa mission : "Les temps sont accomplis et le royaume de Dieu est proche" (Marc 1,15). 

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 L’attente des romains.     

Au temps de la Vierge, les juifs attendaient donc leur mystérieux Christ précisément en ces années-là. Mais ce qui est plus surprenant encore, c’est de découvrir que, en ce temps-là précisément, les autres peuples aussi vivaient dans l’attente. Nous avons des témoignages indubitables et des plus précis sur cette attente universelle de Quelqu’un qui devait venir de Judée.        

C’est de deux des plus grands historiens latins, Tacite et Suétone, que nous apprenons aussi comment les romains étaient en effervescence à l’approche du siècle que nous, désormais, appelons "le premier après Jésus-Christ". Tacite écrit dans les "Historiae" : "La plupart étaient persuadés qu’il se trouvait écrit dans les anciens livres des prêtres, que, vers ces temps, l’Orient grandirait en puissance. Et que de Judée viendraient les dominateurs du monde." Et de même Suétone, dans la "Vie de Vespasien" : "Par tout l’Orient, une idée gagnait les esprits : l’opinion constante et fort ancienne selon laquelle il devait être écrit dans le destin du monde que de la Judée viendraient en ce temps-là les dominateurs du monde". Ces deux historiens écrivaient à la fin du premier siècle et au début du second, sans pouvoir connaître le triomphe, encore à venir, de Celui qui serait effectivement un jour le "dominateur" du monde occidental.   

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 L’enfant merveilleux annoncé par la Sibylle de Cumes.          

Au temps de la Vierge, l’attente des romains pouvait aussi venir du grand oracle rapporté par Virgile dans la 4ème Eglogue de ses "Buccoliques" : "Voici les derniers temps marqués par l’oracle de la Sibylle de Cumes : la longue série des siècles recommence. Voici venir la Vierge, et le règne de Saturne. Voici descendre du ciel une race nouvelle. Un enfant nouveau-né sous le règne de l’Empereur Auguste éliminera la génération de fer et suscitera par tout le monde une génération d’or".

La Vierge Marie en qui descendra le Fils de Dieu ne devait certainement pas connaître cet oracle, mais Jésus, qui est bien né sous le règne de l’Empereur Auguste a effectivement transformé le fer de l’oppression, dans l’amour que l’or symbolise. Et en plusieurs sanctuaires du monde (comme Longpont, Nogent sous Coucy, Chartres), on vénérait de manière très étonnante, dès avant le Christ, la "Virgini Pariturae" : la Vierge qui devait enfanter.   

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 L’attente des astrologues babyloniens.        

Il semble désormais scientifiquement prouvé que les astrologues babyloniens aussi attendaient la naissance du "dominateur du monde" à partir de l’an 7 avant Jésus-Christ. Kepler, un des pères de l’astronomie moderne, observa en décembre 1603 la conjonction très lumineuse (c’est-à-dire la rencontre sur une ligne droite) de Jupiter et de Saturne dans la constellation des Poissons. Il établit grâce à ses calculs que le même phénomène (qui provoque une lumière intense et éclatante dans le ciel étoilé) devait s’être produit également en 7 avant Jésus-Christ, puis découvrit ensuite un ancien commentaire de l’Écriture, du rabbin Abarbanel, rappelant que, selon une croyance des juifs, le Messie devait apparaître précisément lorsque, dans la constellation des Poissons, la lumière de Jupiter et de Saturne ne ferait plus qu’une.   

Mais on n’attacha guère d’importance à la découverte de Kepler notamment parce que la critique n’avait pas encore établi avec certitude que Jésus était né avant la date traditionnelle, suite à l’erreur de Denys le Petit. Plus de deux siècles après, la savant danois Münter découvre et déchiffre un commentaire hébraïque médiéval des "soixante-dix septénaires" du livre de Daniel qui indique la croyance rappelée par Kepler. En 1902, est publiée ce qu’on appelle la Table planétaire, aujourd’hui conservée à Berlin : un papyrus égyptien qui porte avec exactitude les mouvements des planètes de 17 avant J-C à 10 après J-C, qui rappelle qu’en 7 avant J-C ont avait remarqué la conjonction entre Jupiter et Saturne, visible dans son plus bel éclat sur toute l’étendue de la Méditerranée.

En 1925 enfin, on publie une description du Calendrier stellaire de Sippar : une tablette en terre cuite avec des inscriptions cunéiformes provenant de l’antique cité de Sippar, sur l’Euphrate, qui était le siège d’une importante école d’astrologie babylonienne. Sur ce "calendrier" sont portés tous les mouvements et conjonctions célestes de l’an 7 avant Jésus-Christ justement. Pourquoi ? Parce que selon les astrologues babyloniens, cette conjonction qui ne s’observe une seule fois que tous les 794 ans s’était produite 3 fois en 7 avant J-C : le 29 mai, le 1er octobre et le 5 décembre. Et ils considéraient Jupiter comme la planète des dominateurs du monde, Saturne comme la planète des protecteurs d’Israël, et la constellation des Poissons comme le signe de la fin des temps, c’est-à-dire du commencement de l’ère messianique. (…)  

Il est désormais certain, en effet, qu’entre le Tigre et l’Euphrate, non seulement on attendait comme dans tout l’Orient, un Messie qui devait venir d’Israël, mais que l’on avait également établi avec une sûreté stupéfiante qu’il devait naître en un temps et un moment déterminés.

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 Tous les temps sont désormais échus.         

"Le temps de la venue du Messie a été prédit par l’état du peuple juif, par l’état du peuple païen, par l’état du Temple, par le nombre des années : il fallait que les quatre monarchies, le sceptre ôté de Juda et les soixante-dix semaines arrivassent en même temps, et le tout avant que le deuxième Temple ne fut détruit" (Blaise Pascal - Pensée 708 et 709).        

Les païens bénéficiant aussi d’annonces complémentaires, il y a comme une polarisation de l’attention, le sommet d’une attente jamais vue dans l’histoire du monde, aux alentours précisément des années où Jésus apparut. C’est un fait historique prouvé : tout inexplicable qu’elle semble, l’attention du monde se concentre, au premier siècle, sur un seul point, cette lointaine province romaine.      

Cette attente unique est celle que Marie porte plus que tout autre en son cœur, dans sa prière auprès du Saint des saints. Elle s’accomplira pour elle et pour tous les chrétiens dans la venue du Sauveur, à la plénitude des temps fixés. Mais pour ceux qui ne l’ont pas reconnu, le rendez-vous manqué posera longtemps question. Comme l’observe le Talmud lui-même, "toutes les dates qui ont été calculée pour la venue du Messie sont désormais passées" (Traité Sanhédrin 97). Et sous le coup de la déception, les docteurs d’Israël en viendront à tenter de réinterpréter l’attente du Messie.

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En attendant, "les temps sont accomplis, et le règne de Dieu s’est approché" (Marc 1,14). Le cours des vicissitudes humaines semble comme un instant suspendu et s’immobiliser quand Auguste offre au monde une des très rares périodes de paix de l’Histoire, avec 25 années d’une pax romana totale, au moment où sur la Palestine brille l’étoile annonçant la venue Prince de la Paix.

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Fiche mise à jour le 08/01/2020.

 



[1] Mame 1978, pages 47 à 95.