| Le jeudi 23 août
  1945. 258>  261.1 – Ce n'est pas encore tout à fait l'aurore. Jésus est
  debout au milieu du verger dévasté de Doras. Des
  lignes d'arbres morts ou mourants dont beaucoup ont été déjà abattus et arrachés.
  Autour de Lui, les paysans de Doras et de Yokhanan et les apôtres, en partie debout, en partie assis sur
  des troncs renversés. 
 Jésus commence à parler :
 
 "Une nouvelle journée et un nouveau départ. Et ce n'est pas Moi seul qui
  pars, mais vous aussi vous partez, moralement sinon matériellement, en passant
  sous un autre maître. Vous serez donc unis à d'autres paysans bons et pieux
  et vous formerez une seule famille où vous pourrez parler de Dieu et de son
  Verbe sans user de subterfuges pour le faire. Soutenez-vous les uns les
  autres dans la foi. Aidez-vous réciproquement. Soyez indulgents pour les
  défauts des autres. Soyez les uns les autres une cause d'édification.
 
 C'est cela l'amour. Et, bien
  que de façons différentes, vous avez entendu hier soir des apôtres que le
  salut est dans l'amour. Simon Pierre, par sa
  parole simple et bonne, vous a fait remarquer comment l'amour change la
  lourde nature en une nature surnaturelle, comment un individu qui sans
  l'amour peut devenir corrompu et corrupteur, comme un animal abattu qu'on n'a
  pas cuit, ou du moins être inutile comme le bois qui pourrit dans l'eau sans
  être bon pour faire du feu, comment l'amour peut faire de cet individu un
  homme qui vit déjà dans l'atmosphère de Dieu et par conséquent un être qui
  échappe à la corruption et devient utile à son prochain.
 
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 259>
  Parce que
  croyez-le, fils, la grande force de l'Univers c'est l'amour. Je ne me
  lasserai jamais de le dire. Tous les malheurs de la terre viennent du
  manque d'amour, en commençant par la mort et par les maladies qui sont
  nées du refus d'amour d'Adam et Ève au Seigneur Très Haut. 
 
  Car l'amour est obéissance. Celui qui
  n'obéit pas est un révolté. Celui qui est un révolté n'aime pas celui contre
  lequel il se révolte. Mais aussi les autres malheurs généraux ou
  particuliers, comme les guerres ou les ruines dans une ou deux familles dans
  leurs rivalités, d'où viennent-ils ? De l'égoïsme qui est manque
  d'amour. Et avec les ruines des familles viennent aussi les ruines
  matérielles par un châtiment de Dieu, car Dieu, tôt ou tard, frappe toujours
  celui qui vit sans amour. 
 
  261.2 – Je sais qu'ici circule la légende - et que à cause d'elle
  je suis haï par certains, regardé avec crainte par d'autres, ou cité comme un
  nouveau châtiment, ou supporté par peur d'une punition - je sais qu'ici
  circule la légende que c'est mon regard qui a apporté la malédiction sur ces
  champs. Ce n'est pas mon regard, mais la punition de l'égoïsme d'un homme
  injuste et cruel. Si mon regard devait brûler les terres de tous ceux qui me
  haïssent, en vérité combien peu de verdure il resterait en Palestine ! 
 Je ne me venge jamais des offenses qui me sont faites à Moi-même, mais je
  remets au Père ceux qui avec entêtement restent dans leur péché d'égoïsme à
  l'égard du prochain et se moquent de manière sacrilège du commandement, et
  qui plus ils entendent de paroles qui cherchent à les persuader et des
  paroles capables de les gagner à l'amour, plus ils deviennent cruels. Je suis
  toujours prêt à lever la main pour dire à celui qui se repent : "Je
  t'absous. Va en paix". Mais je n'offense pas l'Amour en consentant à des
  duretés qui ne veulent pas changer. Cela, ayez-le toujours présent à votre
  esprit pour voir les choses dans une lumière conforme à la justice et pour
  démentir les légendes qui, causées par la vénération ou par une crainte
  coléreuse, sont toujours différentes de la vérité.
 
 
  261.2 – Vous
  passez sous un autre maître, mais vous ne quittez pas ces terres dans l'état
  où elles sont, il semble que ce soit une folie de s'en occuper. Et pourtant
  je vous dis : faites en elles votre devoir.
  Vous l'avez fait jusqu'à présent par peur de punitions inhumaines. 
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 260> Faites-le encore maintenant, tout en sachant que vous ne
  serez pas traités comme vous l'avez été. Et même je vous dis : plus on
  vous traitera avec humanité, et plus il vous faut travailler avec un joyeux
  zèle pour rendre, par le travail, humanité à qui vous donne humanité.
 
 Les maîtres, il est vrai, ont le devoir d'être
  humains envers ceux qui sont sous leur dépendance - se souvenant que nous
  venons tous d'une même souche et qu'en vérité tous les hommes naissent nus de
  la même manière et deviennent après la mort de la pourriture de la même
  manière, aussi bien les pauvres que les riches, et que les richesses ne
  viennent pas du travail de ceux qui les possèdent mais de ceux qui les ont
  accumulés, honnêtement ou malhonnêtement, et qu'il ne faut pas s'en glorifier
  et opprimer à cause d'elles, mais en faire une chose bonne, même pour les
  autres en s'en servant avec amour, discrétion et justice pour être regardés
  sans sévérité par le vrai Maître qui est Dieu, car on n'achète pas Dieu et on
  ne Le séduit pas avec des joyaux et des talents d'or, mais on se Le fait ami
  grâce à nos bonnes actions - car si cela est vrai, il est vrai d'autre part
  que les serviteurs ont le devoir d'être bons avec leurs maîtres.
 
 
  261.4 – Faites avec simplicité et bonne volonté la volonté de
  Dieu qui vous veut dans cette humble condition. Vous connaissez la parabole
  du mauvais riche.
  Vous voyez qu'au Ciel ce n'est pas l'or, mais la vertu qui est récompensée.
  Les vertus et la soumission à la volonté de Dieu rendent Dieu ami de l'homme.
  Je sais qu'il est très difficile d'être capable de voir Dieu à travers les
  œuvres des hommes. Dans la prospérité c'est facile. Dans une situation
  mauvaise c'est difficile parce qu'elle peut amener l'esprit à penser que Dieu
  n'est pas bon. Mais vous, triomphez du mal qui vous est fait par l'homme
  tenté par Satan et, au-delà de cette barrière qui vous coûte des larmes,
  voyez la vérité de la douleur et sa beauté. La douleur vient du Mal. Mais
  Dieu ne pouvant l'abolir, car cette force existe et c'est un essai de l'or
  spirituel des fils de Dieu, le contraint à extraire de son venin le suc d'un
  remède qui donne la vie éternelle. Car la douleur, par son mordant, provoque
  chez les bons des réactions telles qu'elles les spiritualisent toujours
  davantage en faisant d'eux des saints. 
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 261>
  261.5 – Vous,
  donc, soyez bons, respectueux, soumis. Ne jugez pas les maîtres. Ils ont déjà
  leur Juge. Je voudrais que celui qui vous commande devienne un juste pour
  vous rendre la route plus facile et pour lui donner la vie éternelle. Mais
  rappelez-vous que plus le devoir est pénible à accomplir, et plus grand est
  le mérite aux yeux de Dieu. Ne cherchez pas à tromper le maître. L'argent et
  les denrées prises frauduleusement, ni n'enrichissent ni ne rassasient.
  Gardez purs vos mains, vos lèvres et vos cœurs. Et alors vous ferez vos
  sabbats, vos fêtes de précepte avec grâce aux yeux de Dieu, même si l'on vous
  tient attachés à la glèbe. 
 En vérité, votre fatigue aura plus de valeur que la prière hypocrite de ceux
  qui vont accomplir le précepte pour avoir les louanges du monde, en
  contrevenant en réalité au précepte par leur désobéissance à la Loi qui dit
  d'obéir pour soi-même et pour ceux qui sont de la maison au précepte du
  sabbat et des solennités d'Israël.
  Car la prière n'est pas dans l'acte mais
  dans le sentiment. Et si votre cœur aime Dieu saintement, et toutes
  circonstances, il accomplira les rites du sabbat et des fêtes mieux que les
  autres qui vous empêchent d'y participer. 
 Je vous bénis et je vous quitte parce que le soleil se lève
  et que je veux arriver aux collines avant que la chaleur ne soit trop forte.
  Nous nous reverrons bientôt car l'automne n'est plus très loin. La paix soit
  avec vous tous, nouveaux et anciens serviteurs de Yokhanan et qu'elle vous
  rende le cœur tranquille."
 
 Et Jésus s'éloigne en passant au milieu des paysans et en les bénissant un
  par un.
 
 
  261.6 – Derrière
  un grand pommier sec, il y a un homme à moitié caché. Mais quand Jésus va
  passer, en feignant de ne pas le voir, lui surgit et dit : 
 "Je suis l'intendant
  de Yokhanan. Il m'a dit : "Si le Rabbi d'Israël vient, laisse-le s'arrêter sur mes terres
  et laisse-le parler aux serviteurs. J'en tirerai un meilleur travail, car Lui
  n'enseigne que de bonnes choses". Et hier, en me faisant connaître qu'à
  partir d'aujourd'hui eux (et il indique ceux de Doras) sont avec moi, et ces
  terres appartiennent à Yokhanan, il m'a écrit : "Si le Rabbi vient,
  écoute ce qu'il dit et agis en conséquence. Qu'il ne nous arrive pas malheur.
  Couvre-le d'honneurs, mais vois s'il va révoquer la malédiction des
  terres", Car sache que Yokhanan s'est fait un point d'honneur de les
  acheter. Mais je crois qu'il l'a déjà regretté. Ce sera bien si nous en
  faisons des pâturages..."
 
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 262> "Tu m'as entendu parler ?"
 
 "Oui, Maître."
 
 "Alors vous saurez comment vous comporter, toi et ton maître, pour avoir
  les bénédictions de Dieu. Rapporte cela à ton maître et, pour ton compte,
  modère aussi ses ordres, toi qui vois pratiquement ce qu'est la fatigue de
  l'homme des champs et qui es bien vu du maître. Il vaut mieux pourtant perdre
  sa bienveillance et ta place que de perdre ton âme. Adieu."
 
 "Mais je dois te faire honneur."
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