Vision du jeudi 15 février 1945.
212> 109.1 – Je revois la plaine
d'Esdrelon, pendant le jour, un jour demi couvert de fin d'automne. Il a dû
pleuvoir pendant la nuit, un de ces premières pluies des tristes mois
d'hiver, car la terre est humide, sans être boueuse, Et il y a aussi du vent,
un vent humide qui arrache les feuilles jaunies et vous pénètre jusqu'aux os,
de son souffle imprégné d'humidité.
Dans les champs quelques rares couples de bœufs au labour. Ils retournent,
péniblement, la terre grasse de cette plaine fertile pour la préparer aux
semailles, Et, un spectacle qui me fait peine à voir, en certains endroits,
ce sont les hommes eux-mêmes qui font le travail des bœufs, tirant la charrue
de toute la force de leurs bras et même de leur poitrine, s'arc-boutant sur
le sol déjà remué, s'épuisant comme des esclaves en ce travail pénible même
pour de robustes bouvillons.
Jésus
aussi regarde et arrête ses yeux sur ce spectacle. Son visage devient triste
jusqu'aux larmes.
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213>
Les disciples : onze, car Judas est
encore absent et les bergers ne sont plus là, parlent entre eux et Pierre
dit :
"Petite, pauvre, et fatigante la barque... Mais cent fois mieux que ce
travail de bêtes de somme !"
Puis il demande :
"Maître, est-ce que ce sera déjà les serviteurs de Doras ?"
C'est Simon
le Zélote qui répond :
"Je ne pense pas. Ses champs sont au-delà de ce verger, me semble-t-il.
Et nous ne les voyons pas encore."
109.2 – Mais Pierre, toujours curieux,
quitte la route et va le long d'un talus entre deux champs. Sur le bord sont
assis pour un moment quatre laboureurs maigres et en sueur. La fatigue les
fait haleter. Pierre les interroge
"Vous êtes à Doras ?"
"Non. Nous appartenons pourtant à un de ses parents. Nous sommes à Yokhanan. Et toi, qui es-tu ?"
"Je suis Simon de Jonas, pêcheur de Galilée jusqu'à la lune de Ziv . Maintenant, Pierre de Jésus de Nazareth, le Messie de
la Bonne Nouvelle." Pierre le dit avec le respect et la fierté de
quelqu'un qui dirait : "J'appartiens au haut et divin César de
Rome" et plus encore. Son honnête visage s'illumine vraiment dans la
joie de proclamer son appartenance à Jésus.
"Oh ! le Messie ! Où, où est-il ?" disent les quatre
malheureux.
"C’est Celui-ci, ce grand blond, vêtu de rouge foncé. Celui qui regarde
ici, maintenant, et sourit en m'attendant."
"Oh ! ...Si nous allions... Il nous chasserait ?"
"Vous chasser ? ... Pourquoi ! C'est l'ami des malheureux, des
pauvres, de ceux qu'on opprime, et il me semble que vous... vous êtes
vraiment de ceux-là..."
"Oh ! si nous le sommes ! Jamais comme ceux de Doras. Au
moins, nous avons du pain à discrétion et on ne nous fouette que si nous
laissons tomber le travail, mais..."
"De sorte que si maintenant le beau monsieur Yokhanan vous trouvait ici,
à parler, vous... "
"Il nous fouetterait comme il ne fouette pas ses chiens..."
Pierre sifflote d'une façon significative, Puis il dit :
"alors, il vaut mieux faire ainsi..."
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214> Il met les mains en entonnoir à sa
bouche et crie fort :
"Maître, viens ici. Ce sont des cœurs qui souffrent et qui te
désirent."
"Mais, que dis-tu ?! Lui ?! Vers nous ?! Mais nous sommes
des ignobles serviteurs !" Les quatre sont effrayés d'une pareille
hardiesse.
"Mais les coups de fouet ne sont pas agréables. Et si ce beau pharisien
nous tombe dessus, je ne voudrais pas en avoir une part, moi aussi..."
dit Pierre en riant et en secouant de sa grosse main le plus effrayé des
quatre.
109.3 – Jésus, qui est en arrière,
arrive à longues enjambées. Les quatre ne savent que faire. Ils voudraient
courir à sa rencontre, mais le respect les paralyse. Pauvres êtres que la
méchanceté humaine a rendus tout à fait craintifs. Ils tombent à plat ventre
sur le sol adorant en cette position le Messie qui vient à eux.
"La paix à tous ceux qui me désirent. Qui me désire a le désir du bien
et Moi, je J'aime comme un ami. Levez-vous. Qui êtes-vous ?"
Mais les quatre lèvent à peine le visage et ils restent à genoux et muets.
Pierre parle :
"Ce sont quatre serviteurs du pharisien Yokhanan parent de Doras. Ils
voudraient te parler, mais... si lui survient, ils seront frappés à coups de
bâtons et alors, je t'ai dit : "Viens". Debout, garçons. Il ne
va pas vous manger ! Ayez confiance ! Pensez que c'est pour vous un
ami."
"Nous... nous avons entendu parler de Toi... Jonas nous
disait..."
"Je viens pour lui. Je sais qu'il m'a annoncé. Que savez-vous de Moi ?"
"Que tu es le Messie, qu'il t'a vu tout petit : que les Anges ont chanté
la paix aux bons à ton arrivée, que tu as été persécuté... mais que tu t'es
sauvé et que maintenant tu as cherché tes bergers et ...et que tu les aimes.
C'est là, ces dernières choses qu'il disait maintenant. Et nous
pensions : s'il est assez bon pour aimer et chercher des bergers, il
voudrait sûrement nous faire à nous aussi un peu de bien... Nous avons tant
besoin que quelqu'un nous aime..."
"Moi je vous aime.
109.4 – Vous souffrez
beaucoup ?"
"Oh ! … Mais ceux de Doras plus encore. Si Yokhanan nous trouvait
ici à parler !... Mais aujourd'hui, il est à Guerguesa.
Il n'est pas encore revenu des Tabernacles .
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215> Cependant, ce soir, son intendant nous donnera la nourriture après avoir mesuré le
travail. Mais n'importe. Nous rattraperons le temps perdu, en nous passant de
repos pour le repas de la sixième heure."
"Dis, garçon, ne serai-je pas capable de faire avancer ce boulot ?
Est-ce un travail difficile ?" demande Pierre.
"Difficile, non. Mais fatigant. C'est un travail de force."
"Je l'ai. Montre-moi. Si j'y arrive, tu parles, et moi je fais le bœuf.
Toi Jean et puis André et Jacques regardez la leçon. Nous passons des
poissons de l'eau aux vers de la terre. Allons !"
Pierre prend en mains la traverse du timon. À chaque charrue, il y a deux
hommes, un de chaque côté du timon. Il regarde et imite tous les mouvements
du paysan. Fort comme il est, et reposé, il fait un bon travail et l'homme le
félicite.
"Je suis un maître laboureur." s'exclame, content, le bon Pierre.
"Allons, Jean !
Viens ici. Un bœuf et un bouvillon par charrue. À l'autre, Jacques et ce veau muet qu'est mon frère.
Allons ! Ah !... hissez !"
Et les deux charrues ainsi équipées s'en vont, retournant la terre et traçant
les sillons le long du champ. À l'extrémité, ils retournent la charrue et
commencent un nouveau sillon. Ils semblent avoir toujours fait ce travail de
paysan.
109.5 – "Comme ils sont bons,
tes amis ! dit le plus hardi des serviteurs de Yokhanan. C'est Toi qui
les as rendus tels ?"
"J'ai donné une direction à leur bonté, comme tu fais avec la serpe de
l'émondeur. Mais la bonté était en eux. Maintenant elle s'épanouit, parce
qu'il y a quelqu'un pour la soigner."
"Ils sont humbles, aussi, tes amis, de rendre ainsi service à de pauvres
serviteurs !"
"Avec Moi, il ne peut y avoir que ceux qui aiment
l'humilité, la douceur, la continence, l'honnêteté et l'amour, par-dessus tout l'amour, parce que celui qui aime Dieu
et le prochain possède par suite toutes les vertus et gagne le Ciel."
"Nous aussi, nous pourrons l'avoir,
nous qui n'avons le temps ni de prier, ni d'aller au Temple, pas même de
lever la tête au-dessus du sillon ?"
"Répondez : y a-t-il en vous de la haine pour qui vous traite si
durement ? Y a-t-il en vous de la révolte et des reproches à Dieu de
vous avoir placés parmi les derniers de la terre ?"
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216> "Oh ! non, Maître !
C'est notre sort. Mais, quand recrus de fatigue nous nous jetons sur le
grabat, nous disons : "Eh bien, le Dieu d'Abraham sait que nous
n'en pouvons plus et que nous ne pouvons que Lui dire : Sois béni,
Seigneur !" et nous disons encore : "Aujourd'hui encore,
nous avons vécu sans pécher"... Tu sais... Nous pourrions encore frauder
un petit peu, et avec le pain manger un fruit, et verser de l'huile sur les légumes
cuits à l'eau. Mais le maître a dit : "Les serviteurs ont assez
avec le pain et les légumes cuits et, au temps de la moisson, un peu de
vinaigre dans l'eau pour étancher la soif et donner des forces". Et nous
obéissons. Enfin... ça pourrait être pire."
"Et Moi, je vous dis qu'en vérité le Dieu d'Abraham sourit à vos cœurs,
alors qu'il tourne un visage sévère vers ceux qui l'insultent au Temple, avec
des prières menteuses, alors qu'ils n'aiment pas leurs semblables."
"Oh ! mais entre eux ils s'aiment ! Au moins... il semble
qu'il en soit ainsi, car ils se témoignent leur respect par des inclinations
et des cadeaux. Ce n'est qu'avec nous qu'ils sont sans amour. Mais nous
sommes différents d'eux. C'est juste."
"Non, dans le Royaume de mon Père ce
n'est pas juste et la manière de juger sera différente. Ce ne sont pas
les riches et les puissants, en tant que tels, qui auront des honneurs, mais
seulement ceux qui auront toujours aimé Dieu en L'aimant plus qu'eux-mêmes et plus que toute autre chose comme
l'argent, le pouvoir, la femme, la table; et en aimant leurs semblables que
sont tous les hommes, riches comme pauvres, connus comme inconnus,
savants ou sans culture, bons ou mauvais. Oui, même les mauvais il faut les
aimer. Non pour leur méchanceté, mais par pitié pour leurs âmes qu'ils
blessent à mort. Il faut les aimer d’un amour qui supplie le Père céleste de
les guérir et de les racheter.
Dans le Royaume des Cieux seront bienheureux ceux qui auront honoré le Seigneur avec vérité et justice, et
témoigné leur amour par le respect envers ceux qui les ont mis au monde et
aussi leurs parents; ceux qui n'auront volé d'aucune façon et en rien,
c'est à dire ceux qui auront donné et prétendu ce qui est juste, même pour le
travail des serviteurs; ceux qui n'auront pas tué la réputation ou la
personne et n'auront pas eu le désir de tuer, même si d'autres sont cruels au
point de pousser le cœur au mépris et à la révolte;
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217> ceux qui n'auront pas fait de faux
serments, faisant tort au prochain ou offensant la vérité; ceux qui n'auront
pas commis d'adultères ni de péchés de la chair, quels qu'ils soient; ceux
qui, doux et résignés, auront toujours accepté leur sort sans envier les
autres, C'est à ceux-là qu’appartient le Royaume des Cieux, et le mendiant
lui-même peut-être là-haut un roi bienheureux, pendant que le Tétrarque sera,
en fait de pouvoir, réduit à moins que rien, à un sort pire que le
néant : il sera une proie pour Mammon s’il a agi contre la loi éternelle
du Décalogue."
109.6 – Les hommes l'écoutent bouche
bée.
Près de Jésus se trouvent : Barthélemy, Matthieu, Simon, Philippe, Thomas, Jacques et Jude d'Alphée.
Les quatre autres continuent leur travail, rouges, en sueur, mais joyeux.
Pierre suffit pour maintenir la gaieté.
"Oh ! Comme il avait raison, Jonas, de te dire :
‘’Saint !’’ Tout en Toi est saint. Les paroles, le regard, le sourire.
Nous n'avons jamais eu conscience de notre âme comme à présent !…"
"Il y a longtemps que vous n'avez vu Jonas ?"
"Depuis qu'il est malade."
"Malade ?"
"Oui, Maître. Il n'en peut plus. Il se traînait déjà : Mais depuis les
travaux de l'été et la vendange, il ne tient plus debout. Et pourtant... il
le fait travailler ce... Oh ! Tu dis qu'il faut aimer tout le monde.
Mais il est bien difficile d'aimer une hyène ! Et Doras est pire qu'une
hyène."
"Jonas l'aime..."
"Oui, Maître. Et je dis que c'est un saint, comme ceux qui, par fidélité
au Seigneur notre Dieu, ont été tués martyrisés."
"Tu as bien parlé. Comment t'appelles-tu ?
"Michée, et celui-ci Saül et cet autre Joël, et ce dernier Isaïe."
"Je rappellerai vos noms au Père, Et vous dites que Jonas est très
malade ?"
"Oui. Sitôt le travail fini, il se jette sur sa litière et nous ne le
voyons pas. C’est ce que nous disent les autres serviteurs de Doras."
"Il est au travail à cette heure ?"
"S'il tient debout, oui. Il devrait se trouver au-delà de cette
pommeraie."
"La récolte de Doras a été bonne ?"
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218> "Oh ! célèbre dans tout
le pays. On a dû étayer les arbres à cause des fruits d'une grosseur
miraculeuse, et Doras a dû faire fabriquer de nouvelles cuves, car le raisin
ne pouvait trouver place dans celles qu'il avait déjà, tellement il y en
avait."
"Alors, Doras aura récompensé son serviteur !"
"Récompensé ! Oh ! Seigneur, comme tu le connais
mal !"
"Mais Jonas m'a dit, qu'il y a quelques années, il fut frappé à mort
pour la perte de quelques grappes et qu'il devint esclave pour dettes, le
maître l'ayant accusé de la perte d'un peu de moisson. Cette année, qu'il a
eu cette miraculeuse abondance ,
il aurait donc dû le récompenser."
"Non. Il l'a fouetté avec férocité, l'accusant de n'avoir pas, les
années précédentes, obtenu la même abondance, parce qu'il n'avait pas soigné
la terre comme il le fallait."
"Mais cet homme est une bête fauve !" s'exclame Matthieu.
"Non. Il n'a plus d'âme." dit Jésus.
109.7 – "Je vous laisse, fils,
avec ma bénédiction. Avez-vous du pain et de la nourriture pour
aujourd'hui ?"
"Nous avons ce pain." et il montre une miche de pain noir qu'il
tire d'un sac jeté par terre.
"Prenez ma nourriture. Je n'ai que cela, mais je suis chez Doras,
aujourd'hui et..."
"Toi, chez Doras ?"
"Oui, pour racheter Jonas. Vous ne le saviez pas ?"
"Personne ne sait rien, ici. Mais... méfie-toi, Maître. Tu es comme une
brebis dans l'antre du loup."
"Il ne pourra me faire rien du tout. Prenez ma nourriture. Jacques,
donne ce que nous avons, même votre vin. Réjouissez-vous un peu, vous aussi,
pauvres amis. C'est pour l'âme et pour le corps. Pierre ! Allons."
"J'arrive, Maître. Il n'y a plus que ce sillon à finir."
Et il court vers Jésus, congestionné par la fatigue. Il s'essuie avec son
manteau qu'il avait quitté. Il le reprend et rit, heureux.
Les quatre n'en finissent plus de remercier.
"Tu passeras par ici, Maître ?"
"Oui. Attendez-moi. Vous saluerez Jonas. Pouvez-vous le
faire ?"
"Oh ! oui. Le champ devait être labouré pour ce soir. Il y a plus
des deux tiers de faits. Si bien et si vite faits ! Ils sont forts, tes
amis ! Dieu vous bénisse. Aujourd’hui, pour nous, c'est beaucoup plus
que la fête des Azymes. Oh ! que Dieu vous bénisse tous !
Tous ! Tous !"
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219> 109.8 – Jésus s'en va tout droit à la
pommeraie. Ils la traversent, arrivent aux champs de Doras. D'autres paysans
sont à la charrue ou courbés pour débarrasser les sillons des herbes
arrachées. Mais Jonas n'y est pas. On reconnaît Jésus et, sans quitter le
travail, les hommes le saluent.
"Où est Jonas ?"
"Après deux heures il est tombé sur le sillon et on l'a transporté à la
maison. Pauvre Jonas. Il n'a plus que peu de temps à souffrir. Il est
vraiment à bout. Jamais plus nous n'aurons un ami meilleur."
"Vous m'avez sur terre et lui dans le sein d'Abraham. Les morts aiment
les vivants d'un double amour : le leur et celui
qu'ils reçoivent se trouvant avec Dieu, amour parfait par conséquent."
"Oh ! va tout de suite vers lui. Qu'il te voie en sa souffrance
!"
Jésus bénit et s'en va.
"Et maintenant, que vas-tu faire ? Que diras-tu à
Doras ?" demandent les disciples.
"J'irai comme si je ne savais rien. Si lui se voit surpris, il est
capable de s'acharner sur Jonas et sur ses serviteurs."
"Ton ami a raison: c'est un chacal." dit Pierre à Simon.
"Lazare ne dit jamais que la vérité et ce n'est pas un médisant. Tu le
connaîtras et l'aimeras." répond celui-ci.
109.9 – On voit la maison du
pharisien. Large, basse, mais bien bâtie, au milieu d'un verger actuellement
dégarni. Maison de campagne, mais riche et pratique. Pierre et Simon vont en
avant pour avertir.
Doras sort. C'est un vieux au profil dur de vieux rapace. Un regard ironique,
une bouche de serpent qui esquisse un sourire faux dans sa barbe plutôt
blanche que noire.
"Salut, Jésus" dit-il en un salut familier et visiblement
dédaigneux.
Jésus ne dit pas : "Paix" mais répond :
"Que ton salut te revienne."
"Entre. La maison t'accueille. Tu es ponctuel comme un roi."
"Comme un homme honnête." réplique Jésus.
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220> Doras rit comme si c'était une
plaisanterie.
Jésus se retourne et dit aux disciples qui ne sont pas invités :
"Entrez: Ce sont mes amis."
"Qu'ils viennent... mais... celui-ci n'est-ce pas le gabelou fils
d'Alphée ?"
"C'est Matthieu, disciple du Christ." dit Jésus sur un ton que...
l'autre comprend et il se met à rire jaune, plus qu'auparavant.
Doras voudrait écraser le "pauvre" maître galiléen sous l'opulence
de sa maison dont l'intérieur est vraiment fastueux. Fastueux et glacial. Les
serviteurs semblent des esclaves. Ils vont penchés, s'éclipsant rapidement,
redoutant toujours d'être punis. On sent que c'est une maison où règnent la
froideur et la haine.
Mais Jésus ne se laisse pas impressionner par la vue des richesses ni par
l'évocation de la fortune et de la parenté... et Doras qui se rend compte de
l'indifférence du Maître, l'emmène avec lui au jardin fruitier. Il montre les
arbres rares et en offre les fruits que des serviteurs apportent sur des
plateaux et dans des coupes d'or. Jésus les goûte et loue leur goût exquis. Il y en a qui sont conservés dans un sirop et il y a des pêches magnifiques,
au naturel et il y a des poires d'une grosseur inaccoutumée.
"Je suis seul à les avoir dans toute la Palestine et je crois qu'il n'y
en a pas dans toute la péninsule. Je les ai fait venir de Perse et de plus
loin encore. La caravane m'a bien coûté un talent. Les Tétrarques eux-mêmes
n'ont pas ces fruits. Peut-être pas même César. J'en compte les fruits et
j'exige tous les noyaux. Les poires ne sont consommées qu'à ma table, car je
ne veux pas qu'on en prenne un pépin. À Hanne je lui en envoie, mais cuites
pour que les pépins soient stériles."
"Ce sont des arbres de Dieu, pourtant.
Et tous les hommes sont égaux."
"Égaux ? Oh ! Moi égal à... à tes Galiléens ?"
"L'âme vient de Dieu, et Lui les crée égales."
"Mais moi, je suis Doras, le fidèle pharisien !..."
On dirait un dindon qui fait la roue lorsqu'il le dit.
Jésus le transperce de ses yeux de saphir qui se font toujours plus
étincelants. C'est un signe qui annonce en Lui un débordement de pitié ou de
sévérité.
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221> Jésus est beaucoup plus grand que
Doras et le domine, imposant dans son habit pourpre près du pharisien, petit,
un peu voûté, parcheminé, dans son habit d'une ampleur et d'une abondance de
franges impressionnante.
Doras, après quelques instants d'auto-admiration de sa personne,
s'écrie :
"Cependant, Jésus, pourquoi envoyer dans la maison de Doras, le pur
pharisien, Lazare, le frère d'une prostituée ? Il est ton ami
Lazare ? Mais tu ne dois pas ! Ne sais-tu pas qu'il est anathème
parce que sa sœur Marie est prostituée ?"
"Je ne connais que Lazare, et sa conduite qui est honnête."
"Mais le monde se souvient du péché de cette maison, et considère que la
tache en rejaillit sur les amis... N'y va pas. Pourquoi n'es-tu pas
pharisien ? Si tu veux... je suis puissant... je te fais accueillir
comme tel, bien que tu sois galiléen. J'ai tout pouvoir au Sanhédrin. Anna est
en ma main comme ce morceau de mon manteau. On te craindrait davantage."
"Je veux seulement qu'on m'aime."
"Je t'aimerai.
109.10 – Tu vois que déjà je t'aime en
accédant à ton désir et en te donnant Jonas."
"Je l'ai payé."
"C'est vrai et je me suis étonné que tu puisses verser une telle
somme."
"Non pas Moi, mais un ami pour Moi."
"Bien, bien. Je ne fais pas d'enquête. Je dis : tu vois que je
t'aime et que je veux te faire plaisir. Tu auras Jonas après le repas. Il
faut que ce soit Toi, pour que je fasse ce sacrifice..."
Et il rit de son rire cruel.
Jésus, les bras croisés, le transperce de son regard de plus en plus sévère.
Ils sont encore dans le jardin fruitier en attendant le repas.
"Cependant, tu dois me faire plaisir. Joie pour joie. Je te donne mon
meilleur serviteur. Je me prive pour cela d'un revenu intéressant. Cette
année, ta bénédiction, je sais que tu es venu au début des grandes chaleurs,
m'a procuré des récoltes qui ont rendu célèbre mon domaine. Maintenant, bénis
mes troupeaux et mes champs. L'année prochaine, je ne regretterai pas
Jonas... et, en attendant, je lui trouverai un bon remplaçant. Viens, bénis.
Donne-moi la joie d'être célèbre par toute la Palestine et d'avoir des
bercails et des greniers qui regorgent de tout bien. Viens."
Il le saisit et cherche à l'entraîner, pris par la fièvre de l'or.
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222> Mais Jésus résiste :
|
"Où est Jonas ?"
demande-t-il sévèrement.
"Au labour. Il a encore voulu faire ce travail pour son bon maître.
Mais il viendra avant la fin du repas. En attendant, viens bénir les
troupeaux, les champs, les vergers, les vignes, les pressoirs. Tout,
tout... Oh ! quelle fertilité l'année prochaine ! Viens
donc."
"Où est Jonas ?" demande Jésus d'une voix de tonnerre.
"Mais, je te l'ai dit : il dirige le labour. C'est le premier
serviteur et il ne travaille pas : il dirige."
|
|
"Menteur !"
"Menteur, moi ? Je le jure sur Jahvé !"
"Parjure !"
"Moi, moi parjure ? Moi qui suis le plus fidèle parmi les
fidèles ? Attention à tes paroles !"
"Assassin !" Jésus a élevé toujours plus la voix et la
dernière parole est un vrai tonnerre.
|
Les
disciples se serrent autour de Jésus, les serviteurs se montrent craintifs
sur les portes. Le visage de Jésus est insoutenable par sa sévérité. Des yeux
semblent émaner des rayons phosphorescents.
Doras, un instant est pris de peur. Il se fait plus petit, paquet d'étoffes
très fines, devant la personne altière de Jésus vêtu d'un lourd habit de
laine rouge sombre. Mais ensuite, l'orgueil le ressaisit et il crie de sa
voix glapissante de renard :
"Chez moi, je suis seul à commander. Sors, vil galiléen."
"Je sortirai après t'avoir maudit avec
tes champs, tes troupeaux, tes vignes pour cette année et celles qui
viennent."
"Non, cela non ! Oui, c'est vrai. Jonas est malade, mais il est
soigné, bien soigné. Retire ta malédiction !"
109.11 – "Où est Jonas ?
Qu'un serviteur me conduise à lui, tout de suite Je l'ai payé, et
puisque pour toi, c'est une marchandise, une machine, je le regarde comme
tel. Puisque je l'ai payé, je l'exige."
Doras tire un sifflet d'or de son sein et siffle par trois fois. Une nuée de
serviteurs de la maison et des champs débouchent de tous côtés, accourent,
tellement penchés qu'ils semblent ramper jusqu'à côté du terrible maître.
"Amenez Jonas à Celui-ci et le Lui remettez. Où vas-tu ?"
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223> Jésus ne répond même pas. Il suit
les serviteurs qui se sont précipités au-delà du jardin vers les maisons des
paysans, les lugubres tanières des pauvres paysans. Ils entrent dans le
taudis de Jonas.
Celui-ci est devenu un squelette. Il halète, demi nu, harcelé par la fièvre
sur un grabat de roseaux, sur lequel fait office de matelas un vêtement
rapetassé avec, comme couverture, un manteau en lambeaux. La jeune
femme de l'autre fois le soigne comme elle peut.
"Jonas ! Mon ami ! Je suis venu te chercher !"
"Toi ? Mon Seigneur ! Je me meurs... mais suis heureux de t'avoir
ici !"
"Ami fidèle, tu es libre maintenant et tu ne mourras pas ici. Je te
conduis à ma maison."
"Libre ? Pourquoi ? À ta maison ? Ah ! Oui ! Tu m'avais promis que je verrais ta Mère."
Jésus est tout amour, penché sur le misérable lit du malheureux et la joie
paraît ranimer Jonas.
"Pierre : tu es fort. Soulève Jonas, et vous, donnez votre manteau.
Ce lit est trop dur pour qui est dans son état."
Les disciples enlèvent promptement leurs manteaux. Ils les plient et les
doublent, les étendent, et avec quelques-uns font un oreiller. Pierre dépose
sa charge décharnée et Jésus le couvre de son propre manteau.
"Pierre, as-tu de l'argent ?"
"Oui, Maître, j'ai quarante deniers .
"
"C'est bien, allons. Courage, Jonas. Encore un peu de fatigue, puis une
grande paix, dans ma maison, près de Marie..."
"Marie... oui.., oh ! ta maison !" Dans son épuisement il
pleure, le pauvre Jonas. Il ne sait que pleurer.
"Adieu, femme. Le Seigneur te bénira pour ta miséricorde."
"Adieu, Seigneur, adieu Jonas. Prie, priez pour moi."
La jeune femme pleure...
109.12 – Quand ils sont sur le seuil, voilà
que Doras vient. Jonas a un mouvement de peur et se cache le visage. Mais
Jésus lui met une main sur la tête et sort à son côté, plus sévère qu'un
juge. Le cortège misérable sort dans la cour rustique, prend l'allée du
potager.
"Ce lit est à moi ! Je t'ai vendu le serviteur, pas le lit."
Sans dire un mot, Jésus jette la bourse à ses pieds. Doras la prend, la vide.
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224> "Quarante deniers et cinq
didrachmes. C'est peu !"
Jésus dévisage l'avide et répugnant argousin. C'est une scène indescriptible.
Il ne répond rien.
"Au moins dis-moi que tu retires l'anathème !"
Jésus le foudroie d'un nouveau regard et d'une brève réplique :
"Je te remets au Dieu du Sinaï."
Et très droit se retire à côté de la rustique
litière, portée avec précaution par Pierre et André.
Doras, voyant que tout est inutile, que la condamnation est certaine,
crie :
"Nous nous reverrons, Jésus ! Oh ! je t'aurai entre mes
ongles ! Je te ferai une guerre à mort. Emporte donc cette ombre
d'homme. Il ne m'est plus utile. Cela m'épargnera les frais de sépulture. Va,
va, Satan maudit ! Mais je mettrai tout le Sanhédrin contre Toi.
Satan ! Satan !"
Jésus fait semblant de ne pas entendre. Les disciples sont consternés.
109.13 – Jésus ne s'occupe que de
Jonas. Il cherche les sentiers les moins raboteux, ceux qui sont en meilleur
état, jusqu'à ce qu'ils arrivent à un carrefour près des champs de Yokhanan.
Les quatre paysans accourent pour saluer l'ami qui s'en va et Jésus qui les
bénit.
Mais le chemin est long d'Esdrelon à Nazareth, et ils ne peuvent aller bien
vite avec leur charge pitoyable. Le long de la grande route, pas un char, pas
un charreton. Rien. Ils avancent silencieux. Jonas semble dormir. Mais sa
main ne quitte pas la main de Jésus.
Vers le soir, voilà un char militaire romain qui les rejoint.
"Au nom de Dieu, arrêtez." dit Jésus en levant la main. Les deux
soldats arrêtent. De sous la capote du char qui es tirée parce qu'il commence
à pleuvoir, un gradé bien attifé sort la tête.
"Que veux-tu ?" demande-t-il à Jésus.
"J'ai un ami qui se meurt. Je demande une place pour lui sur le
char."
"On ne devrait pas... mais... monte. Nous ne sommes pas des chiens, non
plus, nous autres."
On hisse le brancard.
"Ton ami ? Qui es-tu ?"
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225> "Le rabbin Jésus de Nazareth."
"Toi ? Oh !..."
Le gradé le regarde curieusement.
"Si c'est Toi alors... montez aussi nombreux que vous le pouvez. Suffit
qu'on ne vous voie pas C'est la consigne... mais, au-dessus de la consigne,
il y a l'humanité, pas vrai ? Et Toi, tu es bon. Je le sais Eh !
nous, soldats, nous savons tout... Comment je le sais ? Même les pierres
parlent en bien ou en mal, et nous avons des oreilles pour les entendre pour
servir César. Tu n'es pas un faux Christ comme les autres d'auparavant, séditieux
et rebelles. Tu es bon. Rome le sait. Cet homme... est très malade."
"C'est pour cela que je le conduis chez ma Mère."
"Hum ! Elle n'aura pas longtemps à le soigner ! Donne-lui un
peu de vin. Il y en a dans cette gourde. Toi, Aquila,
fouette les chevaux, et toi, Quintus, donne-moi la ration de miel et
de beurre. Elle est à moi, mais elle lui fera du bien. Il tousse beaucoup, et
le miel est bon pour la toux."
"Tu es bon. "
"Non. Je suis moins mauvais que beaucoup. Et je suis heureux de t'avoir
avec moi.
109.14 – Souviens-toi de Publius
Quintilianus de la légion Italique.
Je suis à Césarée, mais maintenant, je vais à Ptolémaïs .
Inspection commandée."
"Tu ne m'es pas ennemi."
"Moi ? Ennemi des méchants, jamais des bons. Et je voudrai être
bon, moi aussi. Dis-moi : pour nous, hommes d'armes, quelle doctrine
prêches-tu ?"
"Il n'y a qu'une doctrine, pour tous. Justice, honnêteté, continence,
pitié. Exercer son métier sans abuser. Même dans la dure nécessité du métier
des armes, respecter l'humanité. Et cherche à connaître la Vérité, c'est à
dire Dieu, Unique et Éternel, car sans cette connaissance, tout acte est
privé de grâce et donc de récompense éternelle."
"Mais, à ma mort, qu'en est-il du bien que j'ai fait ?"
"Celui qui vient au Dieu Vrai retrouve ce bien dans l'autre vie."
"Je nais une seconde fois ? Je deviens tribun, ou même
empereur ?"
"Non, tu deviens semblable à Dieu en t'unissant à son éternelle
béatitude dans le Ciel."
"Comment ? Dans l'Olympe, moi, parmi les dieux ?"
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226> "Il n'y a pas plusieurs dieux.
Il n'y a que le Dieu vrai. Celui que je prêche. Celui-là qui t'entend et
remarque ta bonté et ton désir de connaître le Bien."
"Cela me plaît ! Je ne savais pas que Dieu pouvait s'occuper d'un
pauvre soldat païen."
"C'est Lui qui t'a créé, Publius. Il t'aime donc et te voudrait avec
Lui."
"Eh... pourquoi pas ? Mais... personne ne nous parle de Dieu...
jamais..."
"Je viendrai à Césarée et tu m'entendras."
"Oh ! oui, je viendrai t'écouter. Voilà Nazareth. Je voudrais te
rendre encore service. Mais, si on me voit..."
"Je descends et te bénis pour ta bonté."
"Salut, Maître."
"Que le Seigneur se manifeste à vous, soldats. Adieu."
109.15 – Ils descendent. Ils reprennent
leur marche.
"D'ici peu, tu te reposeras, Jonas." dit Jésus pour le réconforter.
Jonas sourit. Il est de plus en plus calme à mesure que la soirée avance et
qu'il est sûr d'être loin de Doras.
Jean et son frère courent en avant prévenir Marie. Quand le petit cortège
arrive à Nazareth, presque déserte à la nuit tombante, Marie est déjà sur le
seuil, attendant le Fils.
"Mère, voici Jonas. Il va se réfugier en ta douceur pour commencer à
goûter son Paradis. Heureux, Jonas ?"
"Heureux ! Heureux !" murmure comme en une extase l'homme
épuisé.
On le porte dans la petite pièce où est mort Joseph.
"Tu es sur le lit de mon père. Ici, c'est la Mère et ici, c'est Moi Tu
vois ? Nazareth devient Bethléem. Toi, maintenant, tu es le petit Jésus
entre deux qui t'aiment bien, et ceux-ci sont ceux qui vénèrent en toi le
serviteur fidèle. Les anges, tu ne les vois pas, mais ils volent au-dessus de
toi avec leurs ailes de lumière et chantent les paroles du psaume de la
Naissance..."
Jésus coule sa douceur sur le pauvre Jonas qui s'affaiblit d'instant en
instant. Il semble avoir résisté jusqu'à ce moment pour mourir ici... mais il
est bienheureux. Il sourit, cherche à baiser la main de Jésus, celle de
Marie, à parler à parler... mais l'épuisement brise sa parole. Marie le
réconforte comme une mère. Et lui répète : "Oui... oui." avec
son sourire bienheureux dans son visage décharné.
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227> Les disciples, à la porte du
jardin, observent en silence, profondément émus.
"Dieu a exaucé ton long désir. L'Étoile de ta longue nuit est devenue
l'Étoile de ton Éternel Matin. Tu connais son Nom." dit Jésus.
"Jésus, le tien !
Oh ! Jésus ! Les anges... Qui est-ce qui me chante l'hymne
angélique ? Mon âme l'entend... mais mon oreille aussi voudrait
l'écouter... Oui, pour m'endormir heureux... J'ai tant sommeil ! J'ai
tant supporté ! Tant de larmes... Tant d'insultes... Doras. je le
pardonne... mais je ne veux pas entendre sa voix et je l'entends... C'est
comme la voix de Satan, près de moi qui vais mourir. Qui me couvrira cette
voix avec les paroles venues du Paradis ?"
Et Marie, sur le même air que sa berceuse, chante doucement :
"Gloire à Dieu,
au plus haut des Cieux et paix aux hommes ici-bas."
Elle le répète deux ou trois fois parce qu'elle voit que Jonas se calme en
l'entendant.
"Doras ne parle plus, dit-il après quelques temps. Seuls les anges... Il
y avait un Bébé... dans une mangeoire... entre un bœuf et un âne... et
c'était le Messie... Et je l'ai adoré... et avec Lui il y avait Joseph et
Marie..."
La voix s'éteint en un bref gargouillis et le silence lui succède.
"Paix au Ciel à l'homme de bonne volonté ! Il est mort. Nous le
mettrons dans notre pauvre tombeau. Il mérite d'attendre la résurrection des
morts près du juste ! mon père." dit Jésus.
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