"L'Évangile tel qu'il m'a été
révélé" |
aucun accent |
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Dimanche 22 octobre 28 (14 Boul)
- Départ de la caravane 447 - Une géraséenne va chercher son mari malade
447 - L'homme aux yeux répugnants est guéri 448 - Misace réfléchit sur la conversion 449 - Jean d'Endor revit sa conversion 450 - Il sera le maître de Sintica et de
Margziam 451 - Halte à la Fontaine des Chameliers 451 - Pierre trouve les femmes bien courageuses 452 - Un enseignement de Jésus à éclaircir 453 - Le souvenir que l'âme a de Dieu 454 |
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447> La caravane sort de la cour d'Alexandre, rangée comme pour une
parade militaire. En queue, Jésus avec tous les siens. Les chameaux, avec leur
lourde charge, s'avancent en se dodelinant d'un pas rythmé, et leurs têtes
semblent demander à chaque pas : "Pourquoi ?
Pourquoi ?" en un mouvement muet mais typique comme celui des
colombes qui à chaque instant semblent dire : "Oui, oui" à
tout ce qu'elles voient. La caravane doit traverser la ville. Elle défile
dans la claire atmosphère du matin. Tous les hommes sont emmitouflés parce
qu'il fait froid. Les sonnailles des chameaux, les crrr,
crrr des chameliers, la plainte d'un chameau
qui regrette l'étable tranquille, préviennent les géraséniens
du départ de Jésus. La nouvelle se
répand, rapide comme l'éclair, et des géraséniens
viennent le saluer et Lui apporter des cadeaux de fruits et autres
nourritures. Voici qu'un homme accourt avec un petit malade :
"Bénis-le pour qu'il guérisse. Aie pitié !" Jésus lève la main et
bénit en ajoutant : "Va tranquille. Aie foi." Et l'homme
répond un oui si plein de confiance qu'une femme demande : "Mon
homme malade d'ulcères aux yeux, le guérirais-tu ?" "Si vous êtes
capables de croire, oui." "Alors, je vais
le chercher. Attends-moi, Seigneur" et elle vole, rapide comme une
hirondelle. Attendre, c'est vite
dit ! Les chameaux avancent. Alexandre, en tête de la colonne, ne sait
ce qui se passe en queue. Il n'y a qu'à prévenir l'homme. "Cours,
Margziam. Va dire au marchand qu'il s'arrête avant de sortir des murs"
dit Jésus. Et Margziam file pour accomplir sa mission. La caravane s'arrête
pendant que le marchand vient vers Jésus. "Qu'est-ce qui
arrive ?" 448> "Reste et tu verras." La femme de Gerasa est vite de
retour avec son mari qui a les yeux malades. C'est autre chose que des
ulcères ! Ce sont deux trous pleins de pourriture qui s'ouvrent au
milieu du visage. L’œil est là au milieu, embué, rougi, à moitié aveugle, et
il en sort un liquide répugnant. A peine l'homme enlève-t-il le bandeau
sombre qui lui cache la lumière, que sa plainte augmente parce que la lumière
avive la douleur de l’œil malade. L'homme gémit :
"Pitié ! Je souffre tant !" "Tu as aussi
beaucoup péché. De cela, tu ne te lamentes pas ? Tu ne t'affliges que de
pouvoir perdre cette pauvre vue du monde ? Ne sais-tu rien de
Dieu ? N'as-tu pas peur des ténèbres éternelles ? Pourquoi as-tu
péché ?" L'homme pleure et se baisse
sans parler. Sa femme aussi pleure et gémit : "Moi, j'ai
pardonné…" "Et Moi, je lui
pardonnerai s'il me jure ici qu'il ne retombera plus dans son péché." "Oui, oui !
Pardonne-moi. Je sais maintenant ce qu'amène le péché avec lui. Pardonne-moi.
Comme la femme, pardonne-moi. Tu es le Bon." "Moi, je te
pardonne. Va à ce ruisseau et lave-toile visage dans l'eau et tu
guériras." "L'eau froide
lui est nuisible, Seigneur" gémit la femme. Mais l'homme ne pense qu'à y
aller et s'y rend à tâtons jusqu'à ce que l'apôtre Jean, pris de pitié, le
prenne par la main et le conduise seul, mais ensuite la femme le prend par
l'autre main. L'homme descend jusqu'au bord de l'eau glacée qui barbote sur
les cailloux, il se penche, prend de l'eau dans le creux de ses mains, se
lave et se relave le visage. Il ne donne pas de signe de souffrance et paraît
au contraire éprouver du soulagement. Puis, le visage
encore mouillé, il remonte la berge, revient vers Jésus qui lui
demande : "Eh ! bien ? Tu es guéri ?" "Non Seigneur,
pas pour l'instant. Mais tu l'as dit et je guérirai." "Alors garde ton
espérance. Adieu." La femme s'affaisse
en pleurant... Elle est déçue. Jésus fait signe au marchand qu'il peut
repartir, et le marchand, déçu lui aussi, fait passer l'ordre. Les chameaux
se remettent en marche avec leur mouvement de barque qui tangue, et ils
sortent des murs, Ils prennent la route des caravanes qui s'en va, large et
poussiéreuse, vers le sud-ouest. 449> Les deux derniers du
groupe apostolique, c'est-à-dire Jean d'Endor et Simon le Zélote, ont dépassé
les murs d'une vingtaine de mètres quand un cri retentit dans l'air
silencieux. Il paraît remplir le monde, il se répète toujours plus haut, plus
joyeux, plus triomphal : "Je vois ! Jésus ! Jésus
béni ! Je vois ! Je vois ! J'ai cru ! Je vois !
Jésus, Jésus ! Jésus béni !" et l'homme, dont le visage est
redevenu complètement sain, les yeux redevenus beaux, deux escarboucles
lumineuses et vivantes, fend les rangs des apôtres et tombe aux pieds de
Jésus presque sous les pieds du chameau du marchand qu'il a juste le temps
d'écarter de l'homme prosterné. L'homme baise le
vêtement de Jésus en répétant : "J'ai cru ! J'ai cru et je
vois. Jésus béni !" "Lève-toi et
sois heureux, et surtout bon. Dis à ta femme qu'elle sache croire complètement.
Adieu." Et Jésus se dégage de l'étreinte du miraculé et reprend sa
marche. Le marchand caresse
sa barbe pensif... Finalement il demande : "Et s'il n'avait pas su
continuer de croire après la déception du lavage ?" "Il serait resté
tel qu'il était avant."
"Parce que la
foi témoigne de la présence de l'espérance et de l'amour pour Dieu." "Et pourquoi
as-tu voulu d'abord le repentir ?" "Parce que le
repentir rend ami de Dieu." "Moi, qui n'ai
pas de maladies, que devrais-je faire pour témoigner que j'ai la
foi ?" "Et pourrais-je
venir sans l'amitié de Dieu ?" "Tu ne pourrais
y venir sans la bonté de Dieu. Le Seigneur permet que celui qui, encore sans
repentir, le cherche, arrive à le trouver. Car le repentir vient généralement
lorsque l'homme, consciemment ou avec un peu de conscience de ce que veut son
âme, connaît Dieu. Auparavant il est comme hébété, guidé par son seul
instinct. Tu n'as jamais éprouvé le besoin de croire ?" «Bien des fois. Je
n'étais pas satisfait, voilà, de ce que j'avais. Je sentais qu'il y avait
autre chose de plus fort que l'argent, que mes enfants, mes espérances...
Mais je ne me donnais pas ensuite la peine de chercher à savoir ce que
inconsciemment je cherchais." "Ton âme
cherchait Dieu. La bonté de Dieu a permis que tu trouves Dieu. Le repentir
pour ton stérile passé loin de Dieu te donnera l'amitié de Dieu." "Alors, pour...
pour avoir le miracle de voir par l'âme la Vérité, je devrais me
repentir du passé ?" 450> "Certainement. Te
repentir et te décider à un complet changement de vie..." L'homme se remet à
caresser sa barbe et il semble être en train d'étudier et de compter les
poils du cou du chameau tant il reste le regard fixe. Sans le vouloir, il
heurte la bête avec le talon et celle-ci y voit une invitation à accélérer le
pas et elle le fait en amenant le marchand en tête de la caravane. Jésus ne
le retient pas. Au contraire, il s'arrête en se laissant dépasser par les
femmes et les apôtres jusqu'à ce que le rejoignent Simon le Zélote et Jean
d'Endor. Jésus s'unit à eux. "De quoi
parlez-vous ?" demande-t-il.
"Moi, je disais
à Simon que s'il est pénible de passer du Bien au Mal il est déconcertant
aussi de passer du Mal au Bien. Dans le premier cas, on est torturé par la
conscience qui vous réprimande. Dans le second, on est... déchiré... Comme doit l'être quelqu'un qui se trouve
amené dans un pays étranger absolument inconnu... Ou bien c'est l'effroi d'un
homme misérable et inculte qui se trouve amené au milieu d'une cour de roi,
parmi des savants et des riches. C'est une souffrance... Moi, je la
connais... Une si grande souffrance... On ne peut croire que ce soit
vrai, que cela puisse durer... qu'on puisse le mériter... surtout quand on a
l'âme souillée... comme l'était la mienne..." "Et maintenant,
Jean ?" demande Jésus. Le visage exténué de
Jean d'Endor, exténué et triste, s'illumine d'un sourire qui le fait paraître
moins émacié. Il dit : "Maintenant cela n'est plus. Il reste la
reconnaissance, et même elle croît, pour le Seigneur qui a voulu cela. Il
reste le souvenir du passé pour me garder humble. Mais il y a la sécurité. Je
me sens acclimaté, non plus étranger dans ce monde de douceur qu'est le tien,
de pardon et d'amour. Et je suis pacifié, serein, heureux." "Juges-tu bonne
ton expérience ?" "Oui. S'il n'y
avait pas ma souffrance d'avoir péché, parce que par ce péché j'ai affligé
Dieu, je dirais qu'il a été un bien, ce passé, qui est le mien. Il peut me
servir beaucoup à soutenir les âmes de bonne volonté mais égarées dans les
premiers moments de leur nouvelle croyance." 451> "Simon, va dire au garçon de ne pas tant sauter. Ce soir
il sera épuisé." Simon regarde Jésus,
mais comprend la vérité du commandement. Il a un sourire d'intelligence et il
laisse les deux seuls. "Maintenant que
nous sommes seuls, Jean, écoute mon désir. Toi, pour beaucoup de raisons, tu
as la largeur de jugement et de pensée qu'aucun autre ne possède parmi ceux
qui me suivent. Et tu as une culture plus vaste que le commun des
israélites : Aussi je te prie de m'aider..." "Moi,
t'aider ? En quoi ?" "Pour Sintica. Tu es un si brave pédagogue ! Margziam apprend
vite et bien avec toi. Si bien que je compte vous laisser ensemble pour
quelques mois, parce que je veux pour Margziam une connaissance plus vaste
que celle du petit monde d'Israël. Pour toi c'est une joie de t'occuper de
lui. Pour Moi aussi c'est une joie de vous voir unis, toi pour l'instruire,
lui pour apprendre; toi pour rajeunir, lui pour mûrir en s'occupant. Mais tu
devrais t'occuper aussi de Sintica. Comme une sœur
égarée. Tu l'as dit : c'est un égarement... Aide-la à s'acclimater dans
mon atmosphère. Me fais-tu cette faveur ?" "Mais c'est une
grâce pour moi de le faire, mon Seigneur ! Je ne l'approchais pas parce
que cela me paraissait superflu. Mais si tu veux. Elle lit mes rouleaux; il y
en a de sacrés et d'autres qui sont uniquement pour la culture : de Rome
et d'Athènes. Je vois qu'elle réfléchit et les compulse, mais je ne m'étais
jamais entremis pour l'aider. Si tu le veux..." "Oui, je le
veux, je veux vous voir amis. Elle aussi, comme Margziam et comme toi, vous
resterez quelque temps à Nazareth. Ce sera beau. Ma Mère et toi, maîtres de
deux âmes qui s'ouvrent à Dieu. Ma Mère : l'angélique Maîtresse de la
science de Dieu; toi : le maître expert du savoir humain que pourtant
maintenant tu peux expliquer avec des applications surnaturelles. Ce sera
beau et bon." "Oui, mon béni
Seigneur ! Trop beau pour le pauvre Jean !..." et l 'homme
sourit à la pensée de ces jours prochains de paix auprès de Marie, dans la
maison de Jésus... Et la route se déroule
dans une tiédeur du soleil de plus en plus sensible, dans une campagne
charmante désormais toute plane, après avoir côtoyé ces petites hauteurs qui
se trouvent après Gerasa. Une route en bon état aussi sur laquelle la marche
est facile, Et on reprend la marche après la pause du midi. 452> C'est presque le
soir quand j'entends pour la première fois Sintica
rire de bon cœur lorsque Margziam lui a raconté, je ne sais quoi, qui fait
rire toutes les femmes. Je vois la grecque se pencher pour caresser l'enfant
et effleurer son front par un baiser, après quoi l'enfant se remet à sauter
comme s'il ne sentait pas la fatigue. Mais tous les autres
sont fatigués, et c'est avec joie qu'ils apprennent la décision de passer la
nuit à la "Fontaine des Chameliers". Le marchand dit :
"J'y passe toujours la nuit. Trop longue est l'étape de Gerasa à Bozra pour les hommes et pour les bêtes." "Il est humain
ce marchand" observent entre eux les apôtres, en le comparant à Doras...
La "Fontaine des
Chameliers" n'est qu'une poignée de maisons autour de puits nombreux.
Une sorte d'oasis, non pas dans le désert aride, parce qu'ici il n'y a pas
d'aridité, mais c'est une oasis dans l'immensité inhabitée des champs et des
vergers qui se succèdent sur des milles et des milles et qui, dans l'arrivée
de la soirée d'octobre, exhalent la même tristesse que la mer au crépuscule.
Aussi, de voir les maisons, d'entendre le bruit des voix, les pleurs des
bébés, de sentir l'odeur des cheminées qui fument et de voir les premières
lampes allumées, c'est doux comme d'arriver à son propre foyer. Alors que les
chameliers s'arrêtent pour abreuver une première fois les chameaux, les
apôtres et les femmes suivent Jésus qui, avec le marchand, entre dans... la
très préhistorique hôtellerie qui les abritera pour la nuit... ...Dans la pièce
enfumée où ils ont pris le repas, où dormiront les hommes et, pendant que
déjà les serviteurs préparent les couchettes de foin amoncelé sur des
treillis, tout le monde se réunit près d'un large foyer qui occupe tout le
fond étroit de la pièce. On a allumé le feu, car le soir a amené l'humidité
et le froid. "Pourvu que le
temps ne se mette pas à l'eau" soupire Pierre. Le marchand le
rassure : "Il faut encore attendre la fin de cette lune pour que le
mauvais temps arrive. C'est le temps qu'il fait ici le soir, mais demain nous
aurons le soleil." "C'est pour les
femmes, tu sais ? Ce n'est pas pour moi. Je suis pêcheur et je vis dans
l'eau. Et je t'assure que je préfère l'eau à la montagne et à la
poussière." Jésus parle avec les
femmes et avec ses deux cousins. Jean d'Endor et le Zélote l'écoutent aussi.
De leur côté Timon et Hermastée et Mathieu lisent
un des rouleaux de Jean et les deux israélites expliquent à Hermastée les passages bibliques les plus obscurs pour
lui. 453> Margziam les écoute, enchanté, mais avec un visage somnolent.
Marie d'Alphée le voit et dit : "Cet enfant est fatigué. Viens, mon
chéri, nous allons dormir nous. Viens, Élise. Viens, Salomé. Les vieillards
et les enfants sont mieux au lit. Et vous feriez bien d'y aller tous. Vous
êtes fatigués." Mais en dehors des
femmes âgées, à l'exception de Marcelle et de Jeanne de Chouza,
personne ne bouge. Quand après avoir été
bénies, elles s'en sont allées, Mathieu murmure : "Qui aurait dit à
ces femmes qu’il leur faudrait dormir sur la paille loin de leurs maisons, il
y a seulement peu de temps !" "Je n'ai jamais
aussi bien dormi" affirme avec décision Marie de Magdala, et Marthe
affirme la même chose. Cependant Pierre
donne raison à son compagnon : "Mathieu a raison. Et je me demande,
sans comprendre, pourquoi le Maître vous a amenées ici." "Mais parce que
nous sommes les femmes disciples !" "Alors s'il
allait. où il y a des lions, vous y iriez ?" "Mais bien sûr,
Simon Pierre ! La belle affaire de faire quelques pas ! Et avec Lui
tout près !" "Voilà :
cela fait vraiment beaucoup de pas, et pour des femmes qui n'y sont pas
habituées..." Mais les femmes
protestent tant que Pierre hausse les épaules et se tait. Jacques d'Alphée, en
levant la tête, voit un sourire si lumineux sur le visage de Jésus qu'il Lui
demande : "Veux-tu nous dire le vrai but de ce voyage, entre nous,
avec les femmes et... avec si peu de fruit par rapport à la
fatigue ?" "Pourrais-tu
prétendre voir maintenant le fruit des semences ensevelies dans les champs
que nous avons traversés ?" "Moi, non. Je le
verrai au printemps" "Moi aussi, je
te le dis : "Tu le verras en son temps"." Les apôtres ne
répliquent rien. Voici que s'élève la voix argentine de Marie : «Mon
Fils, aujourd'hui nous parlions entre nous de ce que tu as dit à Ramot. Et chacune de nous avait des impressions et des
réflexions différentes. Voudrais-tu nous dire ta pensée ? Moi, je disais
qu'il valait mieux t'appeler tout de suite, mais tu parlais avec Jean
d'Endor." "Vraiment, c’était
moi qui avais provoqué la question. Car je suis une pauvre païenne, moi, et
je n'ai pas les lumières splendides de votre foi. Il faut me plaindre." 454> "Mais moi, je voudrais avoir ton âme, ma sœur !"
dit vivement Marie de Magdala. Et, toujours exubérante, elle l'embrasse en la
tenant étroitement serrée contre elle par un bras. Splendide dans sa beauté,
elle semble éclairer à elle seule le misérable taudis et y apporter
l'opulence de sa demeure somptueuse. Serrée contre elle la grecque, tout à
fait différente et pourtant personnelle, apporte une note de pensée auprès du
cri d'amour qui semble toujours se dégager de Marie, la passionnée, alors
que, assise avec son doux visage levé vers son Fils, les mains jointes comme
si elle priait, son profil très pur ressortant sur le mur sombre, la Vierge
est l'Adorante perpétuelle. Suzanne se tient dans
la pénombre d'un coin et somnole, pendant que Marthe profite de la lumière du
foyer pour fixer des boucles au petit vêtement de Margziam, active elle aussi
malgré la lassitude et l'insistance d'autrui. Jésus dit à Sintica : "Mais ce n'était pas une pensée
pénible. Je t'ai entendu rire." "Oui, à cause de
l'enfant qui tranchait vivement la question en disant : "Moi, je ne
veux revenir que si Jésus revient. Mais si tu veux tout savoir, éloigne-toi
d'ici et reviens nous dire si tu te souviens"..." Toutes en rient
encore et disent que Sintica demandait à Marie
qu'on lui expliquât ce qu'elle n'avait pas bien compris à propos du souvenir
que les âmes conservent et qui explique certaines possibilités chez les
païens d'avoir des souvenirs vagues de la Vérité. "Moi, je
disais : ''Peut-être que cela confirme la théorie de la réincarnation à
laquelle croient beaucoup de païens ?" et ta Mère, Maître,
m'expliquait que ce que tu dis c'est autre chose. Maintenant, veuille
m'expliquer ceci aussi, mon Seigneur."
"Oui, tant
qu'elle est pensée, elle est parfaite. Un millième d'instant, cette pensée
créée. Puis, la pensée traduite dans le fait, le fait est sujet à la loi
causée par la Faute." "Tu as bien
répondu. L'âme s'incarne donc ainsi dans le corps humain en apportant avec
elle cette gemme secrète dans le mystère de son être spirituel, le souvenir
de l'Être Créateur, c'est-à-dire de la Vérité. Le bébé naît. il peut être
bon, excellent, aussi bien que perfide. Il peut tout devenir car il est libre
de vouloir. Sur ses ''souvenirs" le ministère des anges jette ses
lumières et le semeur de pièges ses ténèbres. A mesure que l'homme poursuit
les lumières et par conséquent aussi des vertus de plus en plus grandes en
rendant l'âme maîtresse de son être, voilà que se développe en elle la
faculté de se souvenir comme si la vertu rendait de plus en plus mince la
cloison qui s'interpose entre l'âme et Dieu. Voilà pour- quoi les hommes
vertueux de tous pays sentent la Vérité, pas parfaitement parce que obnubilés
par des doctrines contraires ou par des ignorances mortelles, mais
suffisamment pour fournir des pages de formation morale aux peuples auxquels
ils appartiennent. As-tu compris ? Es-tu convaincue ?" |
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"C'est tout à
fait cela. Et maintenant va te reposer et sois bénie. Et toi aussi, Maman, et
vous, sœurs et disciples. Que la paix de Dieu soit sur votre repos." |
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