Vision
du samedi 6 octobre 1945
484> Arbela aussi est loin désormais. Dans la
compagnie de Jésus il y a maintenant Philippe d'Arbela et l'autre
disciple que j'entends appeler Marc.
La route est boueuse comme s'il avait beaucoup plu. Le ciel est gris. Un
petit fleuve, suffisamment digne de ce nom, coupe la route pour Aëra. Gonflé par les pluies qui se sont certainement
déversées sur la région, il n'est certainement pas bleu ciel mais d'un jaune
rougeâtre comme s'il charriait des eaux passées sur des terrains ferreux.
485> "Désormais le temps est maussade. Tu as bien fait
de renvoyer les femmes. Pour elles, ce n'est plus un temps pour être sur les
chemins" dit sentencieusement Jacques. Et Simon le
Zélote, toujours paisible dans son absolue
donation au Maître, proclame : "Le Maître fait bien tout ce qu'il
fait. Il n'est pas inintelligent comme nous. Lui voit et prévoit tout pour le
mieux et plutôt pour nous que pour Lui."
Jean, heureux d'être à ses côtés, le regarde par en dessous
avec son visage riant et il dit: "Tu es le plus cher, le meilleur Maître
qu'on ait eu, a et aura, outre que tu es le plus saint."
"Ces pharisiens... Quelle déception ! Et même le mauvais temps a
servi à les persuader que justement Jean d'Endor n'était pas
là. Mais pourquoi se comportent-ils ainsi avec lui ?" demande Hermastée qui a beaucoup de tendresse pour Jean d'Endor.
Jésus répond : "Leur haine n'est pas sur lui ni pour lui. Mais c'est
un instrument qu'ils manœuvrent contre Moi."
Philippe d'Arbela dit : "Eh bien, l'eau les a plus que persuadés
qu'il était inutile d'attendre et d'avoir des soupçons sur Jean d'Endor. Vive
l'eau ! Elle a servi aussi à te retenir cinq jours dans ma maison."
"Qui sait comme ils seront inquiets à Aëra !
C'est étonnant que nous ne voyons pas mon frère venir à notre rencontre"
dit André.
"À notre rencontre ? Il viendra derrière nous" dit Mathieu.
"Non. Il a suivi la route du lac, car de Gadara, il allait au lac et
avec une barque à Bethsaïda pour voir sa femme et lui dire que l'enfant est à
Nazareth et que lui sera vite de retour. De Bethsaïda pour
Méron, il prendra la route de Damas pendant quelque temps, et puis celle d'Aëra. Il est certainement à Aëra."
Il se fait un silence, puis Jean dit en souriant : "Mais cette
petite vieille, Seigneur !"
"Moi, je croyais que tu lui donnerais la joie de mourir sur ton sein
comme pour Saul de Kériot" observe Simon le Zélote.
"Je lui ai même voulu plus de bien parce que j'attends pour
l'appeler à Moi que le Christ soit sur le point d'ouvrir les portes du Ciel.
Elle ne m'attendra pas longtemps, la petite mère. Maintenant elle vit de son
souvenir et avec l'aide de ton père, Philippe, sa vie sera moins triste. Je
te bénis encore toi et tes parents."
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486> La joie de Jean s'est voilée d'un nuage plus épais que
celui qui couvre
le ciel. Jésus le voit et dit : "Tu n'es pas content que la petite
vieille vienne vite au Paradis ?"
"Si… mais je ne le suis pas parce que cela voudra dire que tu t'en
vas... Pourquoi mourir, Seigneur ?"
"Qui est né de la femme meurt."
"Tu n'auras qu'elle seule, Seigneur ?"
"Oh ! non ! Et comme elle sera joyeuse la marche de ceux que
je sauve comme Dieu et que j'ai aimés comme homme..."
Deux cours d'eau, très voisins l'un de l'autre, sont franchis. Il commence à
pleuvoir sur la région plate qui s'étend devant les voyageurs après qu'ils
ont franchi les collines à leur croisement avec la route qui profite d'une
vallée pour continuer vers le nord.
Au nord, ou plutôt au nord-ouest, se dessine une haute et
puissante chaîne de montagnes sur lesquelles chevauchent des masses énormes
de nuages qui forment des cimes illusoires de nuages sur les cimes réelles
de roches couvertes de bois sur leurs flancs et de neige sur leurs cimes.
Mais c'est une chaîne très lointaine.
"Ici de l'eau. Là-haut de la neige. C'est la chaîne de l'Hermon. Elle
s'est mise un plus grand manteau de neige sur le
sommet. Si nous avons le soleil à Aëra, vous
verrez comme le grand pic est beau quand le soleil le rosit" dit Timon que l'amour de sa
patrie pousse à louer les beautés de son pays.
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"Mais en attendant, il pleut. Aëra
est-elle encore loin ?" demande Mathieu.
"Oui. Nous n'y serons qu'à la fin de la soirée."
"Que Dieu alors nous épargne les ennuis de santé" termine Mathieu,
peu enthousiaste de cheminer par ce temps.
Ils sont emmitouflés dans leurs manteaux et par-dessous ils ont les sacs de
voyage pour les mettre à l'abri de l'humidité et ainsi épargner leurs
vêtements pour pouvoir les changer dès leur arrivée, car ceux qu'ils portent
ruissellent d'eau et au bas sont alourdis par la boue.
Jésus est en tête, absorbé dans ses pensées. Les autres grignotent leur pain
et Jean plaisante en disant : "Pas besoin de chercher de fontaine
pour la soif. Il suffit de rester la tête en arrière et la bouche ouverte et
les anges nous donnent l'eau."
Hermastée, qui à cause de sa jeunesse a avec Philippe d'Arbela et Jean le
sort enviable de tout prendre gaiement, dit : "Simon de Jonas se
plaignait des chameaux mais je préférerais être sur cette tour secouée par un
tremblement de terre que dans cette boue. Qu'en dis-tu ?"
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487> Et Jean : "Je dis que je suis bien partout,
pourvu qu'il y ait Jésus..."
Les trois jeunes se mettent à parler sans arrêt entre eux.
Les quatre, plus âgés hâtent le pas pour rejoindre Jésus. Le groupe qui reste
de Timon et Marc se met en queue en parlant.
"Maître, à Aëra, il y aura Judas de Simon..." dit André,
"Certainement. Et avec lui, Thomas, Nathanaël et Philippe."
"Maître... je regrette ces jours de paix" soupire Jacques.
"Tu ne dois pas parler ainsi, Jacques."
"Je le sais... Mais je ne puis m'en empêcher..." et il pousse un
autre soupir.
"Il y aura aussi Simon Pierre avec mes frères. N'en es-tu pas
content ?"
"Moi, tellement ! Maître, pourquoi Judas de Simon est-il si
différent de nous ?"
"Pourquoi l'eau alterne-t-elle avec le soleil, Je chaud avec le froid,
la lumière avec les ténèbres ?"
"Mais parce qu’on ne pourrait toujours avoir une même chose. Ce serait
la fin de la vie sur la terre."
"Bien dit, Jacques."
"Oui, mais cela n'a pas de rapport avec Judas."
"Réponds. Pourquoi les étoiles ne sont-elles pas toutes comme le soleil,
grandes, chaudes, belles, puissantes ?"
"Parce que.,. la terre brûlerait sous tant de
feu."
"Pourquoi les plantes ne sont-elles pas toutes comme ce noyer ? Par
plante, j'entends tout végétal."
"Parce que... les bêtes ne pourraient en manger."
"Et alors pourquoi ne sont-elles pas toutes comme l'herbe ?"
"Parce que... nous n'aurions pas de bois pour brûler, pour les maisons,
les outils, les chars, les barques, les meubles."
"Pourquoi les oiseaux ne sont-ils pas tous des aigles, et les animaux
tous des éléphants ou des chameaux ?"
"Nous serions frais, s'il en était ainsi !"
"Cette variété te paraît donc une bonne chose ?"
"Sans aucun doute."
"Tu juges donc que… Pourquoi, selon toi, Dieu les a-t-il
faites ?"
"Pour nous donner toute l'aide possible."
"Donc dans une bonne intention? En es-tu sûr ?"
"Comme de vivre en ce moment,"
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488>
"Et alors si tu trouves juste qu'il y
ait de la diversité dans les espèces animales, végétales et astrales,
pourquoi prétends-tu que tous les hommes soient pareils ? Chacun a sa
mission et ses dispositions. L'infinie diversité des espèces te paraît-elle
signe de puissance ou d'impuissance du Créateur ?"
"De puissance. L'un fait ressortir l'autre."
"Très bien. Judas aussi sert à la même chose, et toi tu sers auprès de
tes compagnons et tes compagnons auprès de toi. Nous avons trente-deux dents
dans la bouche et, si tu les regardes bien, elles sont bien différentes entre
elles. Non seulement dans les trois catégories, mais entre les individus
d'une même catégorie. Et pourtant, puisque tu es en train de manger, observe
leur office. Tu verras que celles qui semblent peu utiles, qui travaillent
peu, ce sont précisément celles qui font le premier travail de couper le pain
et de l'amener aux autres qui le mettent en miettes pour le passer aux autres
qui le réduisent en bouillie. N'est-ce pas ainsi ? Judas à toi. semble
ne rien faire ou mal agir. Je te rappelle qu'il a évangélisé, et bien, la
Judée méridionale et que, tu l'as dit, il sait avoir du tact avec les
pharisiens."
"C'est vrai." Mathieu observe : "Et il est encore très
capable de trouver de l'argent pour les pauvres. Il demande, il sait demander
comme moi je ne sais pas le faire... Peut-être parce qu'à moi, maintenant,
l'argent me dégoûte."
Simon le Zélote baisse son visage qui devient cramoisi à force d'être rouge.
André, qui le voit, lui demande : "Tu te sens mal ?"
"Non, non... La fatigue... je ne sais pas."
Jésus le regarde fixement, et il devient toujours plus rouge. Mais Jésus ne
dit rien. Timon court en avant : "Maître, voici que l'on voit le
pays qui précède Aëra. Nous pourrons nous y arrêter
et demander des ânes."
"Mais voilà que la pluie cesse. Il vaut mieux continuer."
"Comme tu veux, Maître. Cependant, si tu le permets, je vais en
avant"
"Vas-y."
Timon part en courant avec Marc, et Jésus en souriant observe : "Il
veut que nous ayons une entrée triomphale."
Tous sont de nouveau en groupe. Jésus les laisse s'échauffer à parler de la
diversité des régions et puis s'en va en arrière en prenant avec Lui le
Zélote. Quand ils sont seuls, Jésus lui demande : "Pourquoi as-tu
rougi, Simon ?"
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489> Son visage devient comme de la braise et il ne parle
pas. Jésus répète la question et il devient plus rouge et plus silencieux.
Jésus renouvelle la question.
"Seigneur, tu le sais ! Pourquoi me le fais-tu dire ?"
crie le Zélote qui souffre comme si on le torturait.
"En as-tu la certitude ?"
"Il ne l'a pas nié. Pourtant il a dit: "J'agis ainsi par
prévoyance. J'ai du bon sens. Le Maître ne pense jamais au lendemain". Si l'on veut c'est vrai. Mais cependant... c'est
toujours... c'est toujours... Maître, Toi, mets le mot exact."
"C'est toujours une preuve que Judas est seulement un "homme".
Il ne sait pas s'élever pour être seulement un esprit. Mais, plus ou moins,
vous êtes tous pareils. Vous craignez des choses sottes. Vous vous tourmentez
pour des prévoyances inutiles. Vous ne savez pas croire que la Providence est
puissante et présente. Eh bien, que cela reste entre nous deux. N'est-ce
pas ?"
"Oui, Maître."
Un silence. Puis Jésus dit : "Nous allons bientôt revenir au lac...
Ce sera beau un peu de recueillement après tant de marches. Nous deux nous
irons à Nazareth pour quelque temps, vers les Encénies. Toi, tu es seul...
Les autres seront en famille. Toi, tu resteras avec Moi."
"Seigneur, Judas et Thomas, et même Mathieu sont seuls."
"N'y penses pas : Chacun fera les fêtes en famille. Mathieu a sa
sœur. Toi, tu es seul. À moins que tu ne veuilles aller chez Lazare..."
"Non, Seigneur" éclate Simon. "Non. J'aime Lazare, mais être
avec Toi, c'est être au Paradis. Merci, Seigneur" et il Lui baise la
main.
Le petit pays est dépassé de peu quand, sous une nouvelle averse,
réapparaissent sur le chemin inondé Timon et Marc qui crient :
"Arrêtez-vous ! Voilà Simon Pierre avec des bourricots. Je l'ai
rencontré qui venait. Cela fait trois jours qu'il vient vers cet endroit avec
les animaux, sous l'eau."
Ils s'arrêtent sous le couvert de rouvres qui abritent un peu de l'averse. Et
voici, venir à califourchon sur un âne en tête d'une file de montures, Pierre
qui ressemble à un moine sous la couverture qui lui cache la tête et les
épaules.
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490> "Dieu te bénisse, Maître ! Mais je l'avais
bien dit qu'il serait trempé comme quelqu'un tombé dans le lac ! Allons,
vite, tout le monde en selle. Aëra depuis trois
jours est en feu à force de tenir les cheminées allumées pour te sécher ! Vite;
vite... En quel état ! Mais regardez donc ! Mais vous n'étiez pas
capables de le retenir ? Ah ! quand je n'y suis pas ! Regardez
donc ? Il a les cheveux plaqués comme si c'était un noyé. Tu dois être
gelé. Sous cette eau ! Quelle imprudence ! Et vous ? Et
vous ? Oh ! malheureux ! Toi le premier, imbécile de frère, et
puis tous les autres ! Que vous êtes beaux ! Vous ressemblez à des
sacs tombés dans un étang. Allons, vite ! Ah ! je ne me fie plus à
vous le confier. J'en suis noyé d'horreur..."
"Et de parler, Simon" dit calmement Jésus pendant que son âne
trotte à côté de celui de Pierre, en tête de la caravane. Jésus répète :
"Et de parler et de parler inutilement. Tu ne m'as pas dit si les autres
sont arrivés... Si les femmes sont parties, si ta femme va bien. Tu ne m'as
rien dit."
"Je te dirai tout, mais pourquoi es-tu parti sous cette
pluie ?"
"Et toi, pourquoi es-tu venu ?"
"Parce que j'avais hâte de te voir, mon Maître."
"Parce que j'avais hâte de te retrouver, mon Simon."
"Oh ! mon cher Maître ! Comme je t'aime ! Epouse, enfant,
maison ? Rien, rien ! Tout est laid si Toi tu n'y es pas. Tu le
crois que je t'aime ainsi ?"
"Je le crois, Je sais qui tu es, Simon."
"Qui ?"
"Un grand enfant plein de petits défauts et sous ceux-ci sont ensevelies
tant de belles qualités. Mais il y en a une qui n'est pas ensevelie. C'est
ton honnêteté en tout. Eh bien, qui y a-t-il à Aëra ?"
"Jude, ton frère avec Jacques, et puis Judas de Kériot avec les autres.
Il paraît avoir fait beaucoup de bien, Judas. Tous le louent..."
"Il t'a posé des questions ?"
"Oh ! Tant ! Je n'ai répondu à aucune, disant que je ne savais
rien. En effet que sais-je, sinon que j'ai accompagné les femmes jusque près
de Gadara ? Tu sais... je ne lui ai rien dit de Jean d'Endor. Il croit
qu'il est avec Toi. Tu devrais le dire aux autres."
"Non. Eux aussi, comme toi, ne savent pas où est Jean. Inutile d'en dire
davantage. Mais ces ânes !... pendant trois jours !... Quelle
dépense ! Et les pauvres ?"
"Les pauvres... Judas est garni de deniers et il s'en occupe. Ces ânes
ne me coûtent rien. Ceux d'Aëra m'en auraient donné
mille sans payer pour Toi. J'ai dû faire la grosse voix pour les empêcher de
venir à ta rencontre avec une armée d'ânes. Timon a raison. Ici tout le monde
croit en Toi. Ils valent mieux que nous..." et il soupire.
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491> "Simon, Simon ! Dans l'au-delà du Jourdain,
nous avons été honorés : un galérien, des païennes, des pécheresses, des
femmes, vous ont donné une leçon de perfection. Gardes-en le souvenir, Simon
de Jonas. Toujours."
"J'essaierai, Seigneur. Voilà, voilà les premiers d'Aëra.
Regarde combien de gens ! Voici la mère de Timon, Voici tes frères, dans
la foule. Voici les disciples que tu avais envoyés avant ceux qui sont venus
avec Judas de Kériot. Voici le plus riche d'Aëra
avec ses serviteurs. Il voulait que tu sois son hôte, mais la mère de Timon a
fait valoir ses droits et tu es chez elle. Regarde, regarde ! Ils sont
ennuyés parce que l'eau éteint les torches. Il y a beaucoup de malades, tu
sais ? Ils sont restés dans la ville près des portes pour te voir tout
de suite. Quelqu'un qui a un entrepôt de bois les a accueillis sous les
hangars. Cela fait trois jours qu'ils sont là, les pauvres gens; depuis que
nous sommes arrivés, nous étonnant que tu n'y étais pas."
Les cris de la foule empêchent Pierre de continuer et il se tait, restant aux
côtés de Jésus comme un écuyer. La foule, que l'on a rejoint,
s'ouvre, et Jésus passe sur son ânon ne cessant de bénir pendant qu'il passe.
Ils entrent dans la ville.
"Vers les malades, tout de suite" dit Jésus sans se soucier des
protestations de ceux qui voudraient le mettre à l'abri sous un toit et Lui
procurer de la nourriture et du feu, de crainte qu'il ne souffre trop.
"Eux souffrent plus que Moi" répond-il.
Ils tournent à droite. Voici la rustique enceinte de l'entrepôt de bois, La
porte est grande ouverte et un cri plaintif en sort : "Jésus, Fils
de David, aie pitié de nous !"
Un chœur suppliant, insistant comme une
litanie. Voix d'enfants, voix de femmes, voix d'hommes, voix de vieillards.
Tristes comme les bêlements d'agneaux qui souffrent, affligées comme des
mères qui meurent, découragées comme celles de gens qui n'ont plus qu'une
seule espérance, tremblantes comme celles de gens qui ne savent plus que
pleurer…
Jésus met le pied dans l'enceinte. Il se redresse le plus qu'il peut sur les
étriers et, levant sa main droite, dit de sa voix puissante: "À tous
ceux qui croient en Moi, salut et bénédiction."
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492> Il s'appuie de nouveau sur la
selle et essaie de revenir sur le chemin, mais la foule le presse, ceux qui
ont été guéris se serrent autour de Lui. Et à la lumière des torches, qui à
l'abri des portiques brûlent et éclairent le crépuscule, on voit la foule qui
manifeste en un délire de joie acclamant le Seigneur. Le Seigneur qui, pour
ainsi dire, disparaît au milieu d'un bouquet d'enfants guéris que les mères
Lui ont mis dans les bras, sur son sein et jusque
sur le cou de l'âne, en les tenant pour qu'ils ne tombent pas. Jésus en a
plein les bras comme si c'étaient des fleurs et il sourit bienheureux, les
baisant car il ne peut les bénir, les tenant ainsi dans ses bras. Enfin les
enfants Lui sont enlevés et ce sont les vieux qu'il a guéris qui pleurent de
joie et qui baisent son vêtement, puis les hommes et les femmes...
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