87> 605.14 – Jésus
dit :
"Horrible, mais pas inutile. Trop de gens croient que Judas a commis une
chose de peu d'importance. Certains arrivent même à dire qu'il a eu du mérite
car sans lui la Rédemption ne serait pas venue et par conséquent il est
justifié devant Dieu.
En vérité je vous dis que si l'Enfer n'avait
pas déjà existé, et existé parfait en ses tourments, il aurait été créé pour
Judas encore plus horrible et éternel, parce que de tous les pécheurs et de
tous les damnés il est le plus damné et le plus pécheur, et pour lui
éternellement il n'y aura pas d'adoucissement de sa condamnation.
Le remords aurait pu aussi le sauver,
s'il avait fait du remords un repentir. Mais lui n'a pas voulu se
repentir. Au premier crime de trahison, encore pardonnable à cause de la
grande miséricorde qu'est mon affectueuse faiblesse, il a joint les
blasphèmes, les résistances aux voix de la Grâce qui voulaient encore lui
parler à travers les souvenirs, à travers les terreurs, à travers mon Sang et
mon manteau, à travers mon regard, à travers les traces de l'institution de
l'Eucharistie, à travers les paroles de ma Mère.
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88> Il a résisté à tout. Il a voulu résister
comme il avait voulu trahir. Comme il a voulu maudire. Comme il
a voulu se suicider.
605.15 – C'est
la volonté qui compte dans les choses, dans le bien comme dans le mal.
Quand quelqu'un tombe sans la volonté de tomber, je
pardonne. Tu vois Pierre. Il m'a renié. Pourquoi ? Il ne le savait même pas
lui exactement. Un lâche, Pierre ? Non. Mon Pierre n'était pas un lâche.
Contre la cohorte et les gardes du Temple il avait osé frapper Malchus pour
me défendre et risqué d'être tué de ce fait. Ensuite, il s'était enfui, sans
avoir la volonté de le faire. Ensuite, il avait renié, sans avoir la volonté
de le faire. Par la suite, il a bien su rester et avancer sur le chemin sanglant
de la Croix, sur mon Chemin, jusqu'à arriver à la mort de la croix. Il a su
par la suite donner de Moi un excellent témoignage au point d'être tué à
cause de sa foi intrépide. Je le défends, mon Pierre. Sa défaillance a été la
dernière de son humanité, mais sa volonté spirituelle n'était pas présente à
ce moment. Elle dormait, émoussée par le poids de son humanité. Quand elle
s'éveilla, elle ne voulut pas rester dans le péché et voulut être
parfaite. Je lui ai pardonné tout de suite.
605.16 – Judas
n'as pas voulu. Tu dis qu'il paraissait fou et enragé. Il l'était
d'une rage satanique.
Sa terreur à la vue du chien, animal rare, en particulier à Jérusalem, venait
du fait qu'on l'attribuait à Satan, depuis un temps immémorial, cette forme
pour apparaître aux mortels. Dans les livres de magie, on dit encore qu'une
des formes préférées de Satan pour apparaître est celle d'un chien mystérieux
ou d'un chat ou d'un bouc. Judas, déjà en proie à la terreur qui lui venait
de son crime, convaincu qu'il appartenait à Satan à cause de ce crime, vit
Satan en cette bête errante.
Celui qui
est coupable voit, en tout, des ombres de peur. C'est sa conscience qui les crée.
Ensuite Satan excite ces ombres qui pourraient encore donner le repentir à un
cœur, et en fait des larves horribles qui amènent au désespoir. Et le
désespoir porte au dernier crime, au suicide.
À quoi bon jeter le prix de la
trahison, quand ce dépouillement n'est le fruit que de la colère et n'est pas
fortifié par une volonté droite de se repentir ? Dans ce cas, se dépouiller
des fruits du mal devient méritoire, mais comme il l'a fait. non. Sacrifice
inutile.
Haut de page.
89/90> 605.17 – Ma
Mère, et c'était la Grâce qui parlait et la Trésorière qui donnait le pardon
en mon nom ,
lui dit : "Repens-toi, Judas. Il pardonne..." Oh ! si je lui aurais
pardonné ! S'il s'était jeté aux pieds de la Mère en disant: "Pitié
!", elle, la Mère de Pitié, l'aurait recueilli comme un blessé et sur
ses blessures sataniques, par lesquelles l'Ennemi lui avait inoculé le Crime,
aurait répandu ses larmes qui sauvent et me l'aurait amené, au pied de la
Croix, en le tenant par la main pour que Satan ne pût le saisir et les
disciples le frapper, amené pour que mon Sang tombât d'abord sur lui, le plus
grand des pécheurs. Et elle aurait été, elle, la Prêtresse
admirable sur son autel, entre la Pureté et la Faute, parce qu'elle est la
Mère des vierges et des saints, mais aussi la Mère des pécheurs.
605.18 – Mais lui n'a pas voulu. Méditez le pouvoir de la volonté dont vous
êtes les arbitres absolus. Par elle vous pouvez avoir le Ciel ou
l'Enfer. Méditez ce que veut dire
persister dans la faute.
Le Crucifié, Celui qui se tient les bras ouverts et attachés pour vous dire
qu'il vous aime, et qu'il ne veut pas vous frapper, qu'il ne peut vous
frapper parce qu'il vous aime et préfère se refuser de pouvoir vous
embrasser, unique douleur de son état de crucifié, plutôt que d'avoir la
liberté de vous punir, le Crucifié, objet de divine espérance pour ceux qui
se repentent et veulent quitter la faute, devient pour les impénitents
un objet d'une telle horreur qu'elle les fait
blasphémer et user de violence envers eux-mêmes.
Meurtriers de leur esprit et de leur corps à cause de leur persistance
dans la faute. Et la vue de Celui qui est doux, qui s'est laissé immoler dans
l'espoir de les sauver, prend l'apparence d'un spectre horrifiant.
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