Le
mercredi 4 avril 1945.
(Mercredi de Pâques).
269> 623.1 - Manahen marche vivement
avec les bergers par les pentes qui conduisent de Béthanie à Jérusalem. Une
belle route va directement en direction de l’oliveraie. C’est vers elle que
tourne Manahen, après avoir quitté les bergers qui veulent entrer dans la
ville, par petits groupes, pour aller au Cénacle.
Un peu avant, je le remarque par leurs conversations, ils doivent avoir
rencontré Jean qui venait vers Béthanie apporter la nouvelle de la
Résurrection et l’ordre d’être tous en Galilée dans quelques jours. Ils se
quittent justement parce que les bergers veulent répéter personnellement à
Pierre ce qu’ils ont déjà dit à Jean, à savoir que le Seigneur, en
apparaissant à Lazare, a dit de se réunir au Cénacle.
Manahen monte par un chemin secondaire vers une maison au milieu d’une
oliveraie. Une belle maison, entourée par des cèdres du Liban qui dominent
par leurs masses imposantes les nombreux oliviers de la montagne. Il entre,
sûr de lui, et dit au serviteur qui est accouru :
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270> "Où est ton maître ?"
"De ce côté avec Joseph qui est venu depuis peu."
"Dis-lui que je suis ici."
Le serviteur va et revient avec Nicodème et Joseph. Les voix des trois se
mêlent en un seul même cri : "Il est ressuscité !"
Ils se regardent, étonnés de le savoir tous.
623.2 - Puis Nicodème prend son
ami et l’entraîne dans une pièce intérieure. Joseph les suit.
"Tu as osé revenir ?"
"Oui. Lui a dit : “Au Cénacle”. Je désire vivement le voir maintenant,
glorieux, pour m’enlever la douleur du souvenir que j’ai de Lui, attaché et
couvert d’immondices comme un malfaiteur frappé par l’indignation du
monde."
"Oh ! nous aussi, nous voudrions le voir... Et pour nous enlever
l’horreur du souvenir de son supplice, de ses blessures sans nombre... Mais
Lui ne s’est montré qu’aux femmes" murmure Joseph.
"C’est juste. Elles Lui ont été toujours fidèles, ces années-ci. Nous
avions peur. La Mère l’a dit : "Un bien pauvre amour que le vôtre s’il a
attendu cette heure pour se montrer ! " objecte Nicodème.
"Mais pour défier Israël qui Lui est plus opposé que jamais, nous aurions
bien besoin de le voir !....
623.3 - Si tu savais ! Les gardes
ont parlé... Maintenant les Chefs du Sanhédrin et les pharisiens, pas encore
convertis par une telle colère du Ciel, s’en vont chercher qui peut être
informé de sa Résurrection pour l’emprisonner. J’ai envoyé le petit Martial —
un enfant s’échappe plus facilement — pour prévenir ceux de la maison de se
tenir sur leurs gardes. Du Trésor du Temple ils ont tiré des deniers sacrés
pour payer les gardes, afin qu’ils disent que les disciples l’ont enlevé et
que ce qu’ils ont dit avant de la Résurrection n’était qu’un mensonge, parce
qu’ils craignaient d’être punis. La ville bout comme un chaudron, et il y a
des disciples qui la quittent déjà par peur... Je veux parler des disciples
qui n’étaient pas à Béthanie…"
"Oui, nous aurions besoin de sa bénédiction pour avoir du courage."
"Il est apparu à Lazare... C’était environ l’heure de tierce. Lazare
nous est apparu transfiguré."
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271> "Oh ! Lazare le mérite ! Nous..." dit
Joseph.
"Oui. Nous sommes encore incrustés de doute et de pensées humaines,
comme d’une lèpre mal guérie... Et il n’y a que Lui qui peut dire : “Je veux
que vous en soyez purifiés !” Il ne parlera donc plus maintenant qu’il est
ressuscité, à nous qui sommes les moins parfaits ?" demande Nicodème.
"Et il ne fera plus de miracles, pour châtier le monde, maintenant qu’il
est sorti de la mort et des misères de la chair ?" demande de nouveau
Joseph.
Mais ce qu’ils demandent ne peut avoir qu’une réponse. La Sienne. Et la
Sienne ne vient pas. Les trois restent accablés.
623.4 - Puis Manahen dit :
"Eh bien, je vais au Cénacle. S’ils me tuent, Lui absoudra mon âme et je
le verrai au Ciel. Si je ne le vois pas ici, sur la Terre. Manahen est une
chose tellement inutile dans ses troupes que s’il tombe il laissera le même
vide que laisse une fleur cueillie dans un pré qui fourmille de corolles.
Cela ne se verra même pas..." et il se lève pour partir.
Mais pendant qu’il se tourne vers la porte,
celle-ci s’illumine du Divin Crucifié qui, les mains ouvertes, faisant le
geste d’embrasser, l’arrête en disant : "Paix à toi ! Paix à vous !
Mais restez où vous êtes, toi et Nicodème. Joseph peut encore aller s’il le
juge bon. Mais vous m’avez ici et je dis la parole que vous demandiez :
"Je veux que vous soyez purifiés de ce qu’il reste d’impur dans votre
croyance." Demain vous descendrez en ville. Vous irez trouver les
frères. Ce soir, je dois parler aux apôtres seuls. Adieu. Et que Dieu soit
toujours avec vous. Manahen, merci. Tu as cru plus qu’eux. Merci donc aussi à
ton esprit. Pour vous, je vous remercie de votre pitié. Faites qu’elle se
change en une chose plus élevée avec une vie de foi intrépide."
Jésus disparaît dans une incandescence éblouissante. Les trois sont heureux
et troublés.
"Mais c'était Lui ? demande Joseph.
Et tu n'as pas entendu sa voix ?" répond Nicodème.
"La voix... un esprit aussi peut l'avoir... Toi, Manahen, qui étais près
de Lui, que t'en semble-t-il ?"
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"Un vrai corps, très beau. Il
respirait. Je sentais son haleine. Et il dégageait de la chaleur. Et puis...
les plaies, je les ai vues. Elles paraissaient ouvertes à ce moment.
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272> Elles ne donnaient pas de sang, mais c'était une chair
vivante. Oh ! Ne doutez plus ! Que Lui ne vous châtie pas. Nous avons vu le
Seigneur. Je veux dire Jésus, redevenu glorieux comme sa Nature le veut !
Et... il nous aime encore... En vérité si maintenant Hérode m'offrait son
royaume, je lui dirais : "C'est pour moi poussière et ordure que ton
trône et ta couronne. Ce que je possède, rien ne le dépasse. J'ai la
connaissance bienheureuse du Visage de Dieu "
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Fiche mise à jour le 12/04/2020.
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