"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

© Fondation héritière de Maria Valtorta.

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 3.195. - Una lezione di Giovanni di En-Dor all'Iscariota e l'arrivo a Gerusalemme.

 2.195. - From Beeroth to Jerusalem.

 3.195 - Una lección de Juan de Endor a Judas Iscariote. Llegada a Jerusalén.

 4.235 - Von Beeroth nach Jerusalem.


Vendredi 24 mars 28
(11 Nissan 3788)
vers
Jérusalem.

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 Arrivée à Jérusalem en chantant le psaume 121/122.


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Ancienne édition : Tome 3, chapitre 56.
Nouvelle édition : Tome 3, chapitre 195.

195
Une leçon de Jean d’En-Dor à Judas. L’entrée à Jérusalem.

Le mercredi 20 juin 1945.

274>  195.1 - Le temps est à la pluie et Pierre me paraît un Énée retourné, car au lieu d'emmener son père, il a sur ses épaules le petit Yabeç (Jabé) tout recouvert du manteau de Pierre. Sa petite tête émerge au-dessus de la tête grisonnante de Pierre qui a les bras du petit autour de son cou et qui rit en pataugeant dans les mares.       

"On pouvait nous épargner celle-là" bougonne
l'Iscariote énervé par l'eau qui tombe du ciel et qui du sol gicle sur les vêtements.  

"Hé ! Il y a tant de choses qu'on pourrait s'épargner !" répond
Jean d'En-Dor en fixant de son œil unique, qui je crois voit comme deux, le beau Judas.        

"Que veux-tu dire ?"       

"Je veux dire qu'il est inutile de prétendre que les éléments aient des égards pour nous quand nous n'en avons pas pour nos semblables, et en des matières bien plus graves que ne le sont deux gouttes d'eau ou une éclaboussure."        

"C'est vrai, mais j'aime entrer dans la ville en tenue et propre. J'ai beaucoup d'amis, moi, et haut placés."     

"Attention, alors, à ne pas tomber..."  

"Tu me taquines ?"         

"Non ! Mais je suis un vieux maître et... un vieil écolier. Depuis que je vis, j'apprends. D'abord, j'ai appris à végéter, puis j'ai observé la vie, puis j'ai Connu l'amertume de la vie, j'ai exercé une justice inutile : celle de celui qui est "seul " contre Dieu et contre la société. Dieu m'a châtié par le remords, la société par les chaînes, par conséquent au fond c'est moi qui suis tombé sous les coups de la justice. Enfin, maintenant j'ai appris, je suis en train d'apprendre, à "vivre". Maintenant, étant maître et écolier, tu comprends qu'il m'est... naturel de répéter les leçons."         

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275> "Mais moi, je suis l'apôtre..."      

"Et moi, je suis un malheureux, je le sais et je ne devrais pas me permettre de te faire la leçon. Mais, vois-tu, on ne sait jamais ce qu'on peut devenir. Je croyais mourir à Chypre, pédagogue honnête et respecté, et je suis devenu un homicide et un forçat. Mais quand je levais le couteau pour me venger, et quand je traînais mes chaînes en haïssant l'univers, si on m'avait dit que je deviendrais un disciple du Saint, j'aurais douté de la raison de celui qui me l'aurait dit. Et pourtant... tu le vois ! Qui sait donc si même à toi, apôtre, je ne peux donner quelque bonne leçon ? À cause de mon expérience, non à cause de ma sainteté. Je n'y pense même pas."        

"Il a raison ce romain de t'appeler Diogène."

"Bien sûr. Mais Diogène cherchait l'homme et ne le trouva pas. Moi, plus heureux que lui, j'ai trouvé un serpent où je croyais qu'il y avait une femme et un coucou dans l'homme que je regardais comme un ami, mais après avoir erré pendant tant d'années rendu fou par cette connaissance, j'ai trouvé l'Homme, le Saint."   

"Moi, je ne connais d'autre sagesse que celle d'Israël."       

"S'il en est ainsi, tu as déjà de quoi te sauver. Maintenant, cependant tu as aussi la science, ou plutôt la sagesse de Dieu."        

"C'est la même chose."   

"Oh ! non ! C'est comme un jour brumeux, par rapport à un jour ensoleillé."        

"En somme, tu veux me donner des leçons ? Moi, je n'en veux pas."        

"Laisse-moi parler ! D'abord je parlais aux enfants : ils étaient distraits. Ensuite aux ombres : elles me maudissaient. Après cela, aux poulets : ils étaient meilleurs que les deux premiers, bien meilleurs. Maintenant je parle avec moi-même, ne pouvant encore parler avec Dieu. Pourquoi veux-tu m'en empêcher ? Je n'ai que la moitié de la vue, ma vie est brisée par les mines, j'ai le cœur malade depuis tant d'années. Permets au moins que ma pensée ne devienne pas stérile."     

"Jésus est Dieu." 

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276> "Je le sais, je le crois. Plus que toi, car je suis revenu à la vie grâce à Lui, toi non. Mais bien que Lui soit le Bien, c'est toujours Lui : Dieu, et le pauvre malheureux que je suis n'ose pas le traiter familièrement comme tu le fais. Mon âme Lui parle... mais les lèvres n'osent pas. L'âme, et je pense que Lui la sent au milieu de ses pleurs de reconnaissance et d'amour repentant."

 195.2 - "C'est vrai, Jean. Je sens ton âme"      

Jésus entre dans la conversation. Judas rougit de honte, l'homme d'En-Dor, de joie.       

"Je sens ton âme, c'est vrai. Et je sens aussi le travail de ton esprit. Tu as bien dit. Quand tu te seras formé en Moi, cela te servira d'avoir été un maître et un écolier attentif. Parle, parle, même avec toi-même..."         

"Une fois, Maître, et il n'y a pas longtemps, tu m'as dit que c'était mal de parler avec son propre moi" observe Judas avec impertinence.    

"C'est vrai, je l'ai dit
[1]. Mais c'est parce que tu médisais avec ton propre moi. Cet homme ne médit pas : il médite et dans un but excellent. Il n'agit pas mal."        

"En somme, j'ai tort !"    

Judas est agressif.

"Non. Il pleut dans ton cœur. Mais le temps ne peut pas toujours être serein. Les paysans désirent la pluie et c'est charité de prier pour qu'elle vienne. La pluie aussi c'est charité. Mais regarde, voici un bel arc-en-ciel qui d'
Atarot se courbe sur Rama. Nous avons déjà dépassé Atarot. Le triste vallon est franchi, Ici tout est cultivé et riant sous le soleil qui disloque les nuages, Quand nous serons à Rama, nous serons à trente-six stades[2] de Jérusalem. Nous la reverrons après cette colline qui marque le lieu de l'horrible débauche à laquelle se sont livrés les habitants de Guibéa[3]. C'est une chose redoutable que la morsure de la chair, Judas..."

Judas ne répond pas et s'éloigne en pataugeant avec colère dans les flaques d'eau.         

 195.3 - "Mais qu'est-ce qu'il a, aujourd'hui ?" demande Barthélemy.       

"Tais-toi, que
Simon de Jonas n'entende pas. Évitons les discussions et... et n'empoisonnons pas Simon. Il est si heureux avec son enfant !"   

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277> "Oui, Maître. Mais ce n'est pas bien. Je le lui dirai."  

"Il est jeune, Nathanaël. Toi aussi tu l'as été..."        

"Oui... mais... il ne doit pas te manquer de respect !" Sans le vouloir, il élève la voix. Pierre accourt :      

"Qu'est-ce qu'il y a ? Qui manque de respect ? Le nouveau disciple ?"     

Et il regarde Jean d'En-Dor qui s'est discrètement effacé quand il a compris que Jésus corrigeait l'apôtre, et qui est en train de parler avec
Jacques d'Alphée et Simon le Zélote.          

"Pas du tout. Il est respectueux comme une fillette."

"Ah ! bien ! Autrement... hein ! son œil était en danger. Alors... alors c'est Judas… !"  

"Écoute, Simon, ne pourrais-tu pas t'occuper de ton petit ? Tu me l'as pris, et puis tu veux te mêler d'une conversation amicale entre Nathanaël et Moi. Ne te semble-t-il pas que tu veuilles faire trop de choses ?"     

Jésus sourit si tranquillement que Pierre reste indécis sur son jugement. Il regarde Barthélemy... mais il a levé son visage aquilin pour regarder le ciel... Pierre sent s'évanouir son soupçon. L'apparition de la Cité finit de le distraire de tout. Elle est désormais voisine, visible dans toute sa beauté de collines, d'oliveraies, de maisons, du Temple en particulier. Cette vue devait être toujours une source d'émotion et d'orgueil pour les israélites.      

Le soleil très chaud de l'avril de Judée a vite essuyé les pierres de la route
consulaire. Maintenant les flaques d'eau il faudrait vraiment les chercher. Les apôtres se mettent en tenue sur le bord de la route, ils laissent retomber leurs vêtements qu'ils avaient relevés. Ils lavent leurs pieds boueux dans un clair ruisseau, mettent en ordre leurs chevelures, se drapent dans leurs manteaux. Et ainsi fait Jésus. Je vois que tout le monde fait la même chose. 

 195.4 - L'entrée à Jérusalem devait être quelque chose d'important. Se présenter devant ses murs en ce temps de fête, c'était comme se présenter devant un souverain. La Cité sainte était la "vraie" reine des israélites. Je le comprends bien cette année où je puis remarquer, sur cette route consulaire, le comportement des foules. Ici les cortèges des diverses familles se mettent en ordre, les femmes toutes ensemble, les hommes dans un autre groupe, les enfants dans l'un ou l'autre groupe, mais tous sérieux et en même temps sereins.      

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278> Certains replient leur manteau usagé et en tirent un autre neuf du sac de voyage, ou bien changent de sandales. Puis la marche devient solennelle, hiératique déjà. Dans chaque groupe il y a le soliste qui donne le ton. Et on entonne les hymnes, les anciennes, les glorieuses hymnes[4] de David. Les gens se regardent avec des yeux meilleurs comme si la vue de la Maison de Dieu les avait adoucis. On regarde la Maison Sainte, énorme cube de marbre surmonté de coupoles d'or, vraie perle au milieu de l'enceinte imposante du Temple.        

Ici, la troupe apostolique se forme ainsi: devant Jésus et Pierre avec l'enfant au milieu; derrière Simon, l'Iscariote et
Jean, puis André qui a obligé Jean d'En-Dor à se mettre entre lui et Jacques de Zébédée. Au quatrième rang, les deux cousins du Seigneur avec Matthieu. Enfin Thomas avec Philippe et Barthélemy. Ici, c'est Jésus qui entonne de sa puissante et très belle voix de baryton léger qui fait ressortir les vibrations du ténor, et auquel répond Judas Iscariote, un vrai ténor, et Jean à la voix limpide et encore jeune, et les deux voix de baryton des cousins de Jésus et la voix de basse de Thomas, baryton tellement profond qu'il n'est plus guère baryton. Les autres, doués de voix moins belles, accompagnent en sourdine le chœur des virtuoses du groupe. (Les psaumes sont les psaumes connus, appelés graduels[5]). Le petit Yabeç, voix d'ange au milieu des voix robustes des hommes, chante très bien, parce qu'il le connaît peut-être mieux que les autres, le psaume 121[6] : "Je me suis réjoui parce qu'on m'a dit : "Nous irons vers la maison du Seigneur". Vraiment il est tout lumineux de joie le petit visage si triste il y a seulement quelques jours.



Voici les murailles désormais toutes proches. Voici la Porte des Poissons[7]. Voici les rues encombrées par la foule.

Tout de suite au Temple pour une première prière. Et puis la paix, dans la paix de Gethsémani, le souper, le repos.     

Le voyage vers Jérusalem est terminé.

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Fiche mise à jour le
08/01/2024.

 



[1] J’ai dit en EMV 183.1.    

[2] 36 x 185 m = 6,6 km.     

[3] GUIBÉA : Au temps des juges, un vieil homme invita un Lévite d’Éphraïm et sa concubine à loger chez lui pour la nuit. Peu après, des hommes de Guibéa, des vauriens, entourèrent la maison, réclamant que le Lévite leur soit livré pour qu’ils aient des relations avec lui. Le vieil homme leur proposa sa fille, qu’ils refusèrent. Le lévite leur donna sa concubine. Ils abusèrent d’elle toute la nuit, à tel point qu’elle mourut au matin. Des morceaux de son corps furent envoyés aux tribus d’Israël en témoignage de l’infamie (Juges 19,15–30). Comme la tribu de Benjamin prit partie pour les hommes coupables de Guibéa, les autres tribus lui firent la guerre. Par deux fois, elles subirent de lourdes pertes avant de vaincre finalement les Benjaminites et de livrer Guibéa au feu (Juges 20).           

[4] Hymne s’emploie au masculin ou au féminin. Une hymne s'emploie le plus souvent pour parler d'un chant d'église.

[5] LES 15 GRADUELS : sont les Psaumes 119 (Hébreu 120) à 133 (Hébreu 134), dits aussi CANTIQUES DES MONTÉES. Ils étaient chantés lors des trois fêtes de pèlerinage par les pèlerins ou les prêtres sur les quinze degrés ou marches qui menaient au Temple de Jérusalem.       

[6] Psaume 121 (Hébreu 122) : "Quelle joie quand on m'a dit : «Nous irons à la maison du Seigneur !" … 

[7] Au nord de Jérusalem, juste à côté du Temple.