"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

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 3.199. - Dai lebbrosi di Siloan e di Ben Hinnom. Pietro ottiene Margziam per mezzo di Maria.

 2.199 - Jesus Goes to the Lepers of Siloam and Ben Hinnom. The Power of Mary's Word.

 3.199 - Donde los leprosos de Siloán y Ben Hinnom. Pedro obtiene a Margziam por >medio de María.

 4.239 - Die Macht des Wortes Marias.




Lépreux de Jérusalem
d'après James Tissot.

Dimanche 26 mars 28
(13 Nissan 3788)
à
Béthanie, puis à Jérusalem.


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 Miracle des lépreux de Siloan, près de Jérusalem …

 … puis à Ben Hinnom.

 La foi ne s'impose pas. On la prêche par la paix, la douceur, la patience, la constance.

 La puissance de la parole de Marie.


LE SAINT NOM DE MARIE.



d’après W.A. Bouguereau

L'épisode ci-contre illustre la puissance du nom de Marie dans le cœur de Jésus.

La fête du "Saint Nom de Marie" a lieu le 12 septembre, en octave de sa naissance, le 8 septembre. Elle commémore deux choses :      

1 – Le nom qui, selon la coutume juive, lui fut donné après sa naissance. On attribue à Marie (Myriam) le sens de "Dame" ou "Souveraine".

2 - La victoire, le 12 septembre 1683, de Jean Sobieski contre les Turcs, victoire due à l'intercession de Marie. La commémoration fut décrétée par le Pape Innocent XI. La Fête fut supprimée en 1969 puis rétablie en 2002 par Jean-Paul II.


 

Accueil >> Plan du Site >> Sommaire du Tome.

Ancienne édition : Tome 3, chapitre 60.
Nouvelle édition : Tome 3, chapitre 199.

199
Chez les lépreux de Siloan et de Ben Hinnom. Pierre obtient Marziam grâce à Marie.

Le dimanche 24 juin 1945.
(fête de la saint Jean-Baptiste).

303>  199.1 – La splendide matinée invite vraiment à la promenade. On quitte les lits et les maisons, et les habitants de la maison du Zélote, comme autant d'abeilles au premier soleil, se lèvent en vitesse et sortent respirer l'air pur dans le verger de Lazare qui entoure le petit logis hospitalier. Les ont vite rejoints ceux qui sont logés chez Lazare, à savoir : Philippe, Barthélemy, Mathieu, Thomas, André et Jacques de Zébédée. Le soleil pénètre joyeux par toutes les fenêtres et les portes grandes ouvertes et les pièces, simples et propres, se revêtent d'une teinte dorée qui avive les couleurs des vêtements et fait briller les cheveux et les pupilles.         

Marie d'Alphée et Salomé sont occupées à servir ces hommes au vigoureux appétit. Marie, de son côté, surveille un serviteur de Lazare qui peigne les cheveux de Marziam avec plus de savoir-faire que son premier barbier : "Pour le moment, ainsi, dit le serviteur. Puis, quand tu auras offert à Dieu tes cheveux d'enfant[1], je te les raccourcirai bien[2]. 

304> La chaleur arrive et tu seras mieux sans cheveux dans le cou. Et ils reprendront de la force. Ils sont secs et cassants, négligés. Tu le vois, Marie ? Ils ont besoin de soins. Maintenant j'y mets de l'huile pour les tenir en place. Tu sens, mon enfant, quelle bonne odeur ? C'est l'huile qui sert à Marthe. Amande, palme et moelle avec les essences les plus fines et les plus rares. Cela fait très bien. Ma maîtresse m'a dit de conserver ce petit vase pour l'enfant. Oh ! voilà ! Maintenant tu sembles le fils du roi."    

Et le serviteur, qui est peut-être le barbier de la maison de Lazare, donne une tape à la joue de Marziam, salue Marie et s'en va satisfait. 

"Viens que je t'habille" dit Marie à l'enfant qui pour l'instant n'a qu'une petite tunique à manches courtes.      

Je crois que c'est la chemise ou ce qui en ce temps-là en tenait lieu. À cause de la finesse du lin, je comprends qu'elle faisait partie du trousseau de Lazare enfant. Marie enlève le linge de bain où Marziam était enveloppé et lui passe le sous-vêtement froncé au cou et aux poignets, et le vêtement de dessus rouge, de laine, au large décolleté et aux larges manches. Le lin brillant ressort très blanc au cou et aux manches de l'étoffe rouge et mate. La main de Marie a pourvu, pendant la nuit, à mettre aux mesures la longueur du vêtement et des manches, et maintenant tout va bien surtout quand Marie lui ceint la taille avec la soyeuse bande de la ceinture qui se termine avec un pompon de laine blanche et rouge. L'enfant ne semble plus le pauvre petit qu'il était il y a quelques jours.    

"Maintenant va jouer sans te salir pendant que je me prépare" dit Marie en le caressant.  

Et il sort, en sautant content, pour chercher ses grands amis.       

 199.2 – Le premier qui le voit, c'est Thomas :

"Mais comme tu es beau ! Comme pour les noces ! Tu m'éclipses" dit le toujours jovial Thomas, grassouillet, tranquille.      

Et il le prend par la main en disant :   

"Viens, nous allons chez les femmes. Elles te cherchent pour te donner la becquée."  

Ils entrent dans la cuisine et Thomas fait sursauter les deux Marie penchées sur les fourneaux en criant de sa grosse voix :           

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305> "Voici un jeune homme qui vous demande" et, en riant, il présente l'enfant qui s'était caché derrière sa robuste personne.       

"Oh ! chéri ! Mais viens que je t'embrasse ! Regarde, Salomé, comme il est bien !" s'exclame Marie d'Alphée.        

"C'est vrai ! Maintenant il n'a plus qu'à devenir plus robuste. Mais moi, j'y penserai. Viens que je t'embrasse, moi aussi" répond Salomé.      

"Mais Jésus le confie aux bergers..." objecte Thomas.         

"Jamais de la vie ! En cela mon Jésus se trompe. Que voulez-vous et que savez-vous faire, vous, les hommes ? Vous disputer - car soit dit en passant, vous êtes plutôt querelleurs... comme les chevreaux qui s'aiment, mais qui se donnent des coups de cornes - manger, parler, avoir mille besoins et prétendre que le Maître ne pense qu'à vous... autrement, vous boudez... Les enfants ont besoin des mères. N'est-ce pas…, comment t'appelles-tu ?"

"
Margziam."         

"Ah ! bon ! Mais ma Marie bénie pouvait te donner un nom plus facile !"         

"C'est presque le sien !" s'exclame Salomé.    

"Oui, mais le sien est plus simple. Il n'y a pas ces trois consonnes au milieu...
[3] Trois, cela fait trop..."     

L'Iscariote est entré et dit :       

"Elle a pris le nom exact pour ce qu'il veut dire, conforme à l'ancienne langue
[4]."   

"C'est bien. Mais c'est difficile, et moi j'en enlève une et je dis Marziam. C'est plus facile et cela n'amènera pas la fin du monde. N'est-ce pas
Simon ?"

Pierre, qui passe devant la fenêtre et qui parle avec
Jean d'En-Dor, s'avance et dit : 

"Que veux-tu ?"   

"Je disais que l’enfant, moi je l'appelle Marziam, c'est plus facile."

"Tu as raison, femme. Si la Mère me le permet je l'appelle ainsi, moi aussi. Mais comme tu es bien ! Et, moi aussi. Hé ! Regardez !"   

En effet, il est bien brossé, les joues rasées, les cheveux et la barbe bien peignés, pommadés, le vêtement sans faux plis, des sandales qui semblent neuves tant elles sont propres et astiquées avec je ne sais quoi. Les femmes l'admirent et lui rit, content.     

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306> L'enfant a fini son repas et sort pour aller trouver son grand ami, qu'il appelle toujours : "Père."          

 199.3 – Voici Jésus qui arrive de la maison de Lazare, avec Lazare lui-même, et il dit à l'enfant qui accourt à sa rencontre :    

"La paix entre nous, Marziam ! Donnons-nous le baiser de paix."

Lazare, salué par l'enfant, le caresse et lui donne une douceur. Tous se réunissent autour de Jésus, et aussi Marie, habillée d'un vêtement de laine de couleur turquoise sur lequel est drapé un manteau plus foncé, vient en souriant vers son Fils.        

"Alors, nous pouvons aller, dit Jésus. Toi, Simon, avec la Mère et l'enfant, si tu tiens à faire l'achat même maintenant que Lazare y a pourvu."     

"Mais certainement ! Et puis... je pourrai dire que pour une fois j'ai pu accompagner ta Mère. Grand honneur."        

"Et alors, vas-y. Toi,
Simon, tu vas m'accompagner chez tes amis les lépreux..."[5]           

"Vraiment, Maître ? Alors, si tu le permets, je cours devant, les rassembler... Tu me rejoindras... Tu sais bien où ils se trouvent..."          

"C'est bien, vas-y. Que les autres fassent ce qui leur plaît. Vous êtes tous libres jusqu'à mercredi matin. À l'heure de tierce, tout le monde à la Porte Dorée."
[6]        

"Moi, je viens avec Toi, Maître" dit
Jean.       

"Moi aussi" dit son frère
Jacques.        

"Et nous aussi" disent les deux cousins.         

"Moi aussi, je viens" dit Matthieu et avec lui André.

"Et moi, je voudrais bien venir moi aussi... mais si je vais faire l'achat... je ne puis venir" dit Pierre, pris entre deux désirs.

"Oui, cela peut s'arranger. D'abord on va vers les lépreux. Pendant ce temps-là, ma Mère et l'enfant vont dans une maison amie d'Ophel
[7]. Après cela, nous la rejoignons et tu vas avec elle pendant que Moi et les autres, nous allons chez Jeanne. Nous nous retrouverons à Gethsémani pour le repas et vers le crépuscule nous reviendrons ici."        

"Moi, si tu le permets, je vais trouver quelques amis..." dit
Judas Iscariote.         

"Mais, je l'ai dit. Faites ce que vous voulez."  

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307> "Alors, moi j'irai chez des parents. Peut-être mon père est-il déjà venu. Dans ce cas, je te l'amène" dit Thomas.          

"Nous deux, qu'en dis-tu Philippe ? On pourrait aller chez Samuel."
[8]    

"D'accord" répond Philippe à Barthélemy.    

"Et toi, Jean ?" demande Jésus à l'homme d'En-Dor. "Préfères-tu rester ici pour ranger tes livres ou venir avec Moi ?"    

"Vraiment je préférerais venir avec Toi... Les livres... me plaisent déjà moins. Je préfère te lire, Toi, Livre Vivant."   

"Alors, viens. Adieu, Lazare, à..."         

"Mais, je viens moi aussi. Mes jambes vont un peu mieux, et après les lépreux, je te laisserai pour aller à Gethsémani t'attendre."   

"Allons. Paix à vous, femmes." 

Jusqu'aux environs de Jérusalem, ils sont tous ensemble. Puis ils se séparent. L'Iscariote s'en va seul de son côté et il entre dans la ville probablement par la Porte qui se trouve vers la Tour Antonia
[9]. Thomas, Philippe et Nathanaël font encore quelques dizaines de mètres avec Jésus et leurs compagnons, et entrent ensuite dans la ville, dans le faubourg d'Ophel, en même temps que Marie et l'enfant.     

 199.4 – "Et maintenant, allons voir ces malheureux !" dit Jésus.   

Et, tournant le dos à Jérusalem, il se dirige vers un lieu désolé situé sur les pentes d'une colline rocheuse qui se trouve entre les deux routes qui vont de Jéricho à Jérusalem. C'est un lieu étrange où on accède par des sortes de gradins. Après la première marche, on grimpe un sentier et le premier palier est surélevé d'au moins trois mètres au-dessus du sentier et de même pour le second. Lieu aride, mort... très triste.

"Maître, crie Simon le Zélote, je suis ici. Arrête-toi pour que je te montre le chemin..." 

Et le Zélote, qui s'était adossé à la roche pour avoir un peu d'ombre, s'avance et conduit Jésus par un sentier à gradins qui va vers Gethsémani mais séparé de celui-ci par la route qui du mont des Oliviers va à Béthanie.    

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308>


Suit le dessin de Maria Valtorta que nous reproduisons ici. Elle y a mis au centre le “petit mont”, sur le sommet duquel elle a écrit à trois reprises “lépreux”. Au nord se trouve “Gethsémani”, dont elle fait partir “La route la plus courte pour Béthanie et Jéricho”. De l’autre côté, elle a écrit au crayon : “Le mont des Oliviers est ici”. À l’ouest elle fait couler le “Cédron” au
-delà duquel elle a tracé “La route la plus longue pour Béthanie et Jéricho”.

"Nous y voilà. J'ai vécu au milieu des tombeaux de Siloan et ici se trouvent mes amis. Une partie d'entre eux. Les autres sont à Ben Hinnom, mais ne peuvent venir... Ils devraient traverser la route, et on les verrait."   

"Nous irons aussi les trouver."

"Merci ! Pour eux et pour moi."           

"Ils sont nombreux ?"    

"L'hiver a tué le plus grand nombre, mais ici, il y en a encore cinq de ceux auxquels j'avais parlé. Ils t'attendent. Les voilà sur le bord de leur bagne..."         

 Ils doivent être une dizaine de monstres. Je dis "doivent être" car s'il y en a cinq qu'on distingue bien, debout, les autres à cause de la grisaille de la peau, de la difformité de leurs visages qui émergent à peine de la pierraille, on les voit si mal qu'ils pourraient être plus ou moins de cinq. Parmi eux, debout il y a une seule femme. On ne peut l'identifier qu'à cause de ses cheveux devenus blancs et qui retombent incultes, durs et sales sur les épaules jusqu'à la ceinture. Pour le reste, rien n'indique le sexe car la maladie, très avancée, en a fait presque un squelette supprimant toute courbure féminine. Ainsi en est-il des hommes dont un seul présente un reste de moustache et de barbe. Les autres ont été rasés par la maladie destructrice[10].  

Ils crient : "Jésus, notre Sauveur, aie pitié de nous !" et montrent leurs mains difformes et ulcérées.     

"Jésus, Fils de David, aie pitié !"          

"Que voulez-vous que je vous fasse ?" demande Jésus en levant son visage vers ces misères.          

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309> "Que tu nous sauves du péché et de la maladie."        

"Du péché sauve la volonté et le repentir..."  

"Mais, si tu veux, tu peux effacer nos péchés. Eux, au moins, si tu ne veux pas guérir nos corps."            

"Si je vous dis : "Choisissez entre les deux choses" laquelle voulez-vous ?"         

"Le pardon de Dieu, Seigneur, pour être moins désolés".   

Jésus fait un signe d'approbation, avec un sourire lumineux, puis il lève les bras et crie :          

"Soyez exaucés, je le veux."       

Exaucés ! Ce peut être pour le péché comme pour la maladie, ou pour les deux choses, et les cinq malheureux restent dans l'incertitude. Mais les apôtres ne sont pas incertains, et ils ne peuvent s'empêcher de crier leur hosanna en voyant la lèpre disparaître comme le flocon de neige qui tombe sur le feu. Et alors les cinq comprennent qu'ils sont exaucés complètement. Leurs cris résonnent comme une sonnerie de victoire. Ils s'embrassent entre eux et envoient des baisers à Jésus, ne pouvant se précipiter à ses pieds, et puis, ils se tournent vers leurs compagnons en disant :  

"Et vous, vous ne voulez pas encore croire ? Mais quels malheureux vous êtes ?"      

"Soyez bons ! Vos pauvres frères ont besoin de réfléchir. Ne leur dites rien.
 La foi ne s'impose pas. On la prêche par la paix, la douceur, la patience, la constance. C'est ce que vous ferez après votre purification, comme Simon l'a fait pour vous. Du reste le miracle est déjà lui-même une prédication. Vous, qui êtes guéris, allez au plus tôt trouver le prêtre. Vous, les malades, attendez-nous ce soir. Nous vous apporterons des vivres. La paix soit avec vous."

Jésus descend de nouveau sur la route, accompagné par les bénédictions de tous.           

 199.5 – "Et maintenant, allons à Ben Hinnom" dit Jésus.   

"Maître... je voudrais venir, mais je me rends compte que je ne le puis. Je vais à Gethsémani" dit Lazare.         

"Vas-y. Va, Lazare. La paix soit avec toi."       

Pendant que Lazare s'éloigne lentement, Jean l'apôtre dit :           

"Maître, je l'accompagne. Il est fatigué et le chemin n'est pas très bon. Ensuite, je te rejoins à Ben Hinnom."    

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310> "Bien, vas-y. Allons."        

 Ils passent le Cédron, côtoient le côté sud du mont Tophet et entrent dans la petite vallée, toute remplie de tombeaux et d'ordures, sans un arbre, sans rien, sur ce côté méridional, qui fasse écran au soleil. Il darde ses rayons et enflamme la pierraille de ces nouvelles terrasses d'enfer, à la base desquelles fument des feux pestilentiels qui augmentent la chaleur[11]. À l'intérieur de ces tombeaux, pareils à des fours crématoires, il y a des pauvres corps qui se consument... Siloan doit être terrible en hiver, humide comme il l'est et tourné presque vers le nord, mais il doit être affreux en été...         

Simon le Zélote pousse un cri d'appel et d'abord trois, puis deux, puis un, et un autre encore viennent comme ils peuvent jusqu'à la limite qui leur est imposée. Ici il y a deux femmes et l'une tient par la main une horreur d'enfant dont la lèpre a atteint particulièrement le visage. Il est déjà aveugle...      

Il y a un homme de noble allure malgré sa misérable condition. Il prend la parole au nom de tous : 

"Que soit béni le Messie du Seigneur qui est descendu dans notre Géhenne pour en tirer ceux qui espèrent en Lui. Sauve-nous, Seigneur, que nous ne périssions pas ! Sauve-nous, Sauveur ! Roi de la souche de David, Roi d'Israël, aie pitié de tes sujets. Oh ! Bourgeon de la tige de Jessé, dont il est dit que quand tu viendras il n'y aura plus de mal, étends ta main pour recueillir ces restes de ton peuple. Fais disparaître de nous cette mort, essuie nos larmes, puisque c'est ce qu'on à dit de Toi. Appelle-nous, Seigneur, à tes excellents pâturages, à tes douces eaux car nous sommes assoiffés. Emmène-nous sur les collines éternelles où il n'y a plus de faute ni de souffrance. Aie pitié, Seigneur..."           

"Qui es-tu ?"         

"Jean, du Temple. Contaminé peut-être par un lépreux. Depuis peu, et tu le vois, la maladie est sur moi. Mais eux !... Il y en a qui attendent la mort depuis des années et cette petite est ici depuis le temps où elle ne savait pas encore marcher. Elle ne connaît pas la création de Dieu. Tout ce qu'elle connaît ou dont elle se souvient des merveilles de Dieu, ce sont ces tombeaux, ce soleil impitoyable et les étoiles de la nuit. Pitié pour les coupables et pour les innocents, Seigneur, notre Sauveur."  

Ils se sont tous agenouillés en tendant les mains.    

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311> Jésus pleure sur tant de misère et puis il ouvre les bras en criant : 

"Père, je le veux : le salut, la vie, la vue et la santé pour eux."        

Il reste, les bras ouverts, dans une prière intense de tout son esprit. Il semble s'affiner et s'élever en priant, flamme d'amour, blanche et puissante dans la puissante lumière dorée du soleil.       

"Maman, je vois !"           

C'est le premier cri, auquel répond le cri de la mère qui presse contre son cœur l'enfant guérie, et puis le cri des autres et celui des apôtres... Le miracle est accompli.   

"Toi, Jean, qui es prêtre, tu conduiras tes compagnons pour le rite. La paix soit avec vous. À vous aussi nous apporterons des vivres dans la soirée."       

Il bénit et se dispose à s'éloigner.         

Mais Jean le lépreux crie :         

"Je veux venir sur tes pas. Dis-moi ce que je dois faire, où je dois aller pour parler de Toi !"     

"Sur cette terre désolée et nue qui a besoin de se convertir au Seigneur. Que la cité de Jérusalem soit ton champ d'action. Adieu."  

 199.6 – "Et maintenant allons trouver la Mère" dit-il ensuite aux apôtres.        

"Mais où est-elle ?" demandent plusieurs.     

"Dans une maison que Jean connaît. Dans la maison de la jeune fille guérie l'an dernier."
[12]    

Ils entrent dans la ville, parcourent une bonne partie du faubourg populeux d'Ophel jusqu'à une petite maison blanche.  

Jésus entre avec son doux salut dans la maison dont la porte est entrouverte. Il en sort la douce voix de Marie et la voix argentine d'
Annalia  et celle plus rude de sa mère. La jeune fille se prosterne en adorant, la mère s'agenouille, Marie se lève.       

Elles voudraient retenir le Maître avec sa Mère. Mais Jésus, en promettant de revenir un autre jour, les bénit et prend congé. Pierre s'en va heureux avec Marie. Ils tiennent tous les deux l'enfant par la main et ressemblent à une famille heureuse. Beaucoup de gens se retournent pour les regarder. Jésus observe leur démarche avec un sourire.         

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312> "Simon est heureux !" s'exclame le Zélote.       

"Pourquoi souris-tu, Maître ?" demande Jacques de Zébédée.      

"Parce que je vois dans ce groupe une grande promesse."  

"Quelle promesse, Frère ? Que vois-tu ?" demande le Thaddée.    

"Voici ce que je vois : je pourrai m'en aller tranquille quand ce sera l'heure. Je ne dois pas craindre pour mon Église. Alors elle sera petite et chétive comme Marziam. Mais il y aura ma Mère, pour la tenir comme cela par la main et lui servir de Mère ; et il y aura Pierre pour lui servir de père. Dans sa main honnête et calleuse, je puis, sans me préoccuper, mettre la main de mon Église naissante. Pierre lui donnera la force de sa protection, ma Mère la force de son amour. Et l'Église grandira... comme Marziam... C'est vraiment l'enfant-symbole ! Que Dieu bénisse ma Mère, mon Pierre et leur enfant, notre enfant ! Allons maintenant chez Jeanne..."      

 199.7 – ... Et de nouveau nous sommes, au soir, dans la petite maison de Béthanie. Plusieurs, fatigués, se sont déjà retirés. Mais Pierre fait les cent pas dans le sentier, levant très souvent la tête vers la terrasse où sont assis, parlant ensemble, Jésus et Marie. Jean d'En-Dor, de son côté, parle avec le Zélote assis avec lui sous un grenadier tout en fleurs.       

Marie a déjà beaucoup parlé, car j'entends Jésus lui dire : 

"Tout ce que tu m'as dit est très juste et j'en garderai présente à mon esprit la justesse. Et, pour Annalia aussi, je dis que ton conseil est juste. Que l'homme l'ait accueilli avec tant de promptitude, c'est bon signe.
Vraiment la haute société de Jérusalem est fermée et rancunière, je pourrais même dire remplie d'ordure. Mais dans son petit peuple, il y a des perles dont on ignore le prix. Je suis content qu'Annalia soit heureuse... C'est une créature qui appartient davantage au Ciel qu'à la terre, et peut-être l'homme[13], maintenant qu'il juge selon l'esprit, s'en rend compte et en a un respect révérenciel. Son idée d'aller ailleurs pour ne pas troubler par un sentiment humain le vœu candide de sa promise le prouve."         

"Oui, mon Fils. L'homme perçoit le parfum virginal... Je me souviens de Joseph. Je ne savais de quels mots me servir. Lui ne con- naissait pas mon secret... Et pourtant il m'aida à le dire parce que sa sainteté le lui avait fait percevoir.  

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313> Il avait perçu l'odeur de mon âme... Vois aussi Jean ? ...Quelle paix !... Et tout le monde le recherche... Judas de Kérioth, lui-même, bien que... Non, Fils, Judas n'est pas changé. Je le sais et tu le sais. Nous n'en parlons pas pour ne pas commencer la guerre. Mais sans en parler, nous savons... et même si nous n'en parlons pas les autres en ont l'intuition... Oh ! mon Jésus ! Les jeunes m'ont raconté aujourd'hui, à Gethsémani, l'épisode de Magdala et celui de la matinée du sabbat[14]... L'innocence parle... parce qu'elle voit par les yeux de son ange. Mais les plus âgés aussi se rendent compte... Ils n'ont pas tort. C'est un être fuyant... Tout en lui est fuyant... et j'ai peur de lui. J'ai sur les lèvres les mêmes paroles que Benjamin à Magdala et que Marziam à Gethsémani, car j'ai pour Judas la même répulsion que les enfants."      

"Ils ne peuvent tous être Jean… !"       

"Mais je ne le prétends pas ! Ce serait le paradis sur terre, alors. Mais vois, tu m'as parlé de l'autre Jean... Un homme qui a tué... mais il me fait seulement pitié. Judas me fait peur."         

"Aime-le, Mère ! Aime-le par amour pour Moi !"     

"Oui, Fils. Mais mon amour ne servira pas non plus. Il sera seulement une souffrance pour moi, et pour lui une faute. Oh ! pourquoi est-il entré ? Il trouble tout le monde, offense Pierre qui est digne de tout respect."        

 199.9 – "Oui, Pierre est très bon. Pour lui, je ferais n'importe quoi parce qu'il le mérite."     

"S'il t'entendait, il dirait avec son bon sourire franc : "Ah ! Seigneur, ce n'est pas vrai !" Et il aurait raison."  

"Pourquoi, Mère ?" mais Jésus sourit déjà car il a compris.           

"Parce que tu ne lui fais pas plaisir en lui donnant un fils. Il m'a dit toutes ses espérances, tous ses désirs... et tous tes refus."         

"Et il ne t'a pas dit la raison qui les justifie ?"

"Si. Il me l'a dite, et il a ajouté : "C'est vrai... mais je suis un homme, un pauvre homme. Jésus s'obstine à voir en moi un grand homme. Mais je sais que je suis très mesquin et, à cause de cela... il pourrait me donner un enfant. Je me suis marié pour cela... je vais mourir sans en avoir". Pierre me montrait l'enfant qui, heureux du beau vêtement que Pierre lui avait acheté, l'avait embrassé en disant : "Père aimé" et il m'a dit : "Tu vois, quand ce petit être qu’il y a dix jours je ne connaissais pas encore, me parle ainsi, je me sens devenir plus moelleux que le beurre et plus doux que le miel et je pleure, car... chaque jour qui passe éloigne de moi cet enfant..."      

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314> Marie se tait, observant Jésus, étudiant sa physionomie, attendant une parole. ..Mais Jésus a mis son coude sur son genou, sa tête appuyée sur sa main et il regarde l'étendue verte du verger.           

Marie Lui prend la main et la caresse et dit : 

"Simon a ce grand désir... Pendant que j'allais avec lui, il n'a pas arrêté de m'en parler, et avec des raisons si justes que... je n'ai rien pu dire pour le faire taire. C'étaient les mêmes raisons que nous pensons nous toutes, femmes et mères. L'enfant n'est pas robuste. S'il avait été comme Toi... oh ! alors il aurait pu aller sans peur à la rencontre de la vie de disciple. Mais, comme il est chétif !... Très intelligent, très bon... mais rien de plus. Quand un tourtereau est délicat il ne peut prendre son vol tout de suite, comme font ceux qui sont forts. Les bergers sont bons... mais ce sont toujours des hommes. Les enfants ont besoin des femmes. Pourquoi ne le laisses-tu pas à Simon ? Tant que tu lui refuses un enfant vraiment né de lui, je comprends le motif. Un petit, pour nous, c'est comme une ancre. Et Simon, destiné à un si grand rôle, ne peut avoir d'ancres qui le retiennent. Mais pourtant tu dois convenir que lui doit être le "père" de tous les enfants que tu lui laisseras. Comment peut-il être père s'il n'a pas été à l'école d'un petit ? Un père doit être doux. Simon est bon, mais pas doux. C'est un impulsif et un intransigeant. Il n'y a qu'un enfant qui puisse lui enseigner l'art subtil de la compassion pour les faibles... Considère le sort de Simon... C'est bien ton successeur ! Oh ! je dois pourtant la dire, cette atroce parole ! Mais pour toute la souffrance qu'il m'en coûte pour la dire, écoute-moi. Jamais je ne te conseillerais une chose qui ne serait pas bonne. Marziam... Tu veux en faire un parfait disciple... mais, c'est encore un enfant. Toi... tu t'en iras avant que lui ne soit homme. À qui alors le donner plutôt qu'à Simon pour compléter sa formation ? Enfin, le pauvre Simon, tu sais quelles tribulations il a subies, même à cause de Toi de la part de sa belle-mère ; et pourtant il n'a pas repris la plus petite parcelle de son passé, de sa liberté depuis un an, pour que le laisse en paix sa belle-mère que même Toi n'as pu changer.
Et sa pauvre créature d'épouse ? Oh ! Elle a un tel désir d'aimer et d’être aimée. La mère ? oh ! … le mari ? un cher autoritaire …Jamais une affection qui lui soit donnée sans trop exiger...

Haut de page.       

315> Pauvre femme !... Laisse-lui l'enfant. Écoute, Fils. Pour le moment, nous l'emmenons avec nous. Je viendrai, moi aussi en Judée. Tu m'y conduiras avec Toi chez une de mes compagnes du Temple et presque une parente parce qu'elle descend de David. Elle réside à Bet-Çur[15]. Je la reverrai volontiers si elle vit encore. Ensuite, au retour en Galilée, nous le donnerons à Porphyrée. Quand nous serons dans les environs de Bethsaïda, Pierre le prendra. Quand nous viendrons ici, au loin, l’enfant restera avec elle. Ah ! mais tu souris maintenant ! Alors tu vas faire plaisir à ta Maman. Merci, mon Jésus."  

 "Oui, qu'il soit fait comme tu veux."

Jésus se lève et appelle à haute voix :  

"Simon de Jonas, viens ici."      

Pierre sursaute et monte en vitesse l'escalier :          

"Que veux-tu, Maître ?"

"Viens ici, usurpateur et corrupteur !"

"Moi ? Pourquoi ? Qu'ai-je fait Seigneur ?"    

"Tu as corrompu ma Mère. C'est pour cela que tu voulais être seul. Qu'est-ce que je dois te faire ?
[16]". 

Mais Jésus sourit et Pierre se rassure.

"Oh ! dit-il, tu m'as réellement fait peur ! Mais maintenant tu ris... Que veux-tu de moi, Maître ? Ma vie ? Je n'ai plus qu'elle puisque tu m'as tout pris... mais, si tu la veux, je te la donne."       

"Je ne veux pas t'enlever, mais te donner. Cependant n'abuse pas de ta victoire et ne donne pas le secret à d'autres, homme rempli de fourberie qui triomphes du Maître avec l'arme de la parole maternelle. Tu auras l'enfant mais..."         

Jésus ne peut plus parler car Pierre qui était à genoux se redresse vivement et baise Jésus avec une telle impétuosité qu'il Lui coupe la parole.   

"Remercie-la, elle, pas Moi. Mais cependant rappelle-toi que cela doit t'aider et ne pas être pour toi un obstacle..."  

"Seigneur, tu n'auras pas à regretter ton don... Oh ! Marie ! Que tu sois toujours bénie, sainte et bonne..."

Et Pierre, qui est retombé à genoux, pleure réellement en baisant la main de Marie...      

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Fiche mise à jour le 12/01/2024.

 



[1] EXAMEN DE MAJORITÉ (BAR-MITSVA) : Certains rituels de la bar-mitsva, à laquelle se prépare le jeune Marziam, procèdent en effet à la purification du futur fils de la Loi par un bain rituel et par la coupe de ses cheveux. Cette offrande prolongeait le rite de la circoncision. Après cela, "l'enfant était religieusement prêt à rejoindre les officiants de la synagogue, où il récitait la prière du jeudi matin, en ensuite celle du sabbat" (Joëlle Balhoul, La maison de mémoire : ethnologie d'une demeure judéo-arabe en Algérie, 1937-1961, page 179). Il s'agit donc d'un rite ancien selon Maria Valtorta.         

[2] Selon Maria Valtorta, les galiléens (ex. Jésus, Jean, …) portent les cheveux plutôt longs et les judéens, plutôt courts (ex. Judas). La chaleur à laquelle fait allusion le serviteur juste après explique peut-être cela.     

[3] MaRGZiam, simplifié en Marziam dans la nouvelle traduction conformément à ce qu’expriment Marie d’Alphée et Pierre dans la suite du texte.   

[4] L'hébreu sans doute puisque l'araméen (une langue proche) était devenue la langue usuelle au temps de Jésus. Cette proximité est parfaitement rendue par la réflexion de Salomé. Nous connaissons aussi cette proximité avec la prière de Jésus sur la croix : Elôi, elôi, lama sabachthani, citation araméenne légèrement différente dans Matthieu 27,46 et dans Marc 15,34. Cette proximité n'exclut pas les différences cependant puisque le chapitre 8 du livre de Néhémie rapporte que les exilés de retour à Jérusalem, entendirent la lecture de la Torah "dans l'ancienne langue", mais ne la comprirent pas : il fallut la traduire.

[5] Simon le zélote est un ancien lépreux, guéri par Jésus.          

[6] Porte est donnant directement sur le Temple quand on vient de Béthanie et de Gethsémani.        

[7] Quartier au sud du Temple et donc à l’est de la ville.  

[8] Probablement Samuel, le fiancé d'Annalia.       

[9] La Porte des Poissons.    

[10] Zacharie le lépreux. Cf. EMV 417.2.    

[11] C'est dans la vallée de Hinnom, autrement appelée la Géhenne, qu'on brûle les ordures de Jérusalem.  

[12] Cf. EMV 86.4/5, la guérison d’Annalia.          

[13] Samuel son fiancé. Annalia a fait vœu de virginité, première des Vierges consacrées. Cf. EMV 156.3/5.      

[14] Deux paroles d’enfant qui disent que Judas "leur fait peur" : Benjamin de Magdala en EMV 184.7 et Marziam en EMV 196.6. 

[15] Élise.      

[16] JÉSUS PLAISANTE : Ce passage a fait polémique auprès de certains :        
- les uns ne pouvant imaginer que Jésus plaisante de la manière dont on le fait avec les meilleurs amis (semblant les accuser de l’antithèse de ce qu’ils sont, à l’évidence).         
- Les autres effectuant une lecture partielle qui interprète la corruption dans l’isolement comme une pratique indigne et choquante.         

MARIE MÉDIATRICE DE TOUTES’GRÂCES :      
Sur le premier point, la plaisanterie, il faut noter que Jésus n’utilise pas la vulgarité généralement associée à ce type de plaisanterie, mais en tire une leçon sainte : Marie médiatrice de Toutes-Grâces. Il "évangélise" notre humanité.          
Pour l’autre, la lecture du contexte ôte tout doute sur l’intention de Pierre qui, trouvant une fin de non-recevoir à son désir le plus profond, demande le secours et la médiation de Marie.