"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

© Fondation héritière de Maria Valtorta.

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 6.410 - Provocazioni di Giuda Iscariota nel gruppo apostolico.

 3.408 - The Apostles Speak.

 4.410 - Provocaciones de Judas Iscariote en el grupo apostólico.

 7.456 - Die Apostel sprechen miteinander.


Dimanche 6 mai 29
(6 Lyar ou Ziv 3789)
vers
Jérusalem.


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 Judas, rejeté, se croit persécuté.

 Les apôtres expriment ouvertement leur lassitude physique.


 

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Ancienne édition : Tome 6, chapitre 99.
Nouvelle édition : Tome 6, chapitre 410.

410
Provocations de Judas dans le groupe des apôtres.

Le vendredi 5 avril 1946.

368>  410.1 – "J'ai hâte d'arriver sur les montagnes !" s'écrie Pierre haletant et essuyant la sueur qui coule le long des joues et du cou.      

"Comment ? Toi qui haïssais les montagnes, tu les désires maintenant ?" demande, sarcastique, Judas l'Iscariote.        

Voyant s'évanouir la peur d'être découvert
[1], il est redevenu prétentieux et insolent.    

"Oui, vraiment, maintenant je les désire. En cette saison, elles sont favorables. Jamais comme ma mer... Elle, ah !... Mais d'ailleurs... je ne sais pas pourquoi les champs sont plus chauds après la moisson. C'est toujours le même soleil, pourtant..."           

"Ce n'est pas qu'ils soient plus chauds. C'est qu'ils sont plus tristes et que l'on se lasse de les voir ainsi plus que quand ils ont les blés" répond avec bon sens Matthieu.  

"Non, Simon a raison. Ils sont chauds de manière insupportable après la moisson. On n'a jamais eu pareille chaleur" dit Jacques de Zébédée.      

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369> "Jamais ? Et que fais-tu de celle que nous avons ressentie en allant chez Nikê[2] ?" réplique Judas.

"Jamais comme celle-ci" lui répond André.   

"Bien sûr ! L'été est en avance de quarante jours et le soleil tape en conséquence" insiste Judas.     

"C'est un fait que les chaumes dégagent plus de chaleur que les champs couverts d'épis, et cela aussi s'explique. Le soleil, qui auparavant s'arrêtait sur la surface des épis, échauffe maintenant directement le sol dénudé et brûlé. Ce dernier réverbère sa chaleur vers le haut, au contraire du soleil dont les rayons descendent vers le bas et l'homme se trouve entre deux feux" dit sentencieusement Barthélemy.

L'Iscariote rit ironiquement et il fait un grand salut à son compagnon en disant :        

"Rabbi Nathanaël, je te salue et je te remercie de ta docte leçon."

Il est insolent comme jamais. Barthélemy le regarde... et se tait. Mais
Philippe le défend : 

"Il n'y a pas de quoi ironiser ! Son explication est juste ! Tu ne voudrais sûrement pas nier une vérité que des millions de cerveaux de bon sens ont jugée vraie, logique, facile à constater."        

 Mais oui, mais oui ! Je le sais, je le sais que vous êtes doctes, expérimentés, pleins de bon sens, bons, parfaits... Vous êtes tout ! Tout ! Moi seul suis la brebis noire du blanc troupeau !... Moi seul suis l'agneau bâtard, l'opprobre qui se révèle et prend des cornes de bélier... Moi seul suis le pécheur, l'imparfait, la cause de tout le mal parmi nous, en Israël, dans le monde... peut-être aussi dans les étoiles... Je n'en puis plus ! Je n'en puis plus de voir que je suis le dernier, de voir que des nullités comme ces deux imbéciles qui parlent avec le Maître sont admirés comme deux oracles saints, je suis las de..."          

"Écoute, mon garçon..." se met à dire Pierre qui est rouge plus par l'effort qu'il fait pour se contenir que par la chaleur.         

Mais Jude Thaddée l'interrompt :       

"Tu mesures les autres avec ta mesure ? Toi, cherche à être une "nullité" comme le sont mon frère
Jacques et Jean de Zébédée, et il n'y aura plus d'imperfections dans le groupe apostolique."    

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370> "Mais, n'ai-je pas raison ! L'imperfection, c'est moi. Ah ! c'en est trop ! Mais c'en est..."    

"Oui, en effet je crois que Joseph nous a fait boire trop de vin... et avec cette chaleur, cela fait mal... Cela fait tourner le sang..." dit calmement, très calmement Thomas pour faire tourner en plaisanterie la dispute qui s'enflamme.         

 410.2 – Mais Pierre a épuisé ses ressources de patience. Serrant les dents, fermant les poings, pour continuer de se dominer, il dit :  

"Écoute, mon garçon. Pour toi, il n'y a qu'un conseil à te donner : sépare-toi pour un peu de temps..."

"Moi ? Moi me séparer ? Sur ton ordre ? Seul le Maître peut me donner des ordres et c'est à Lui seul que j'obéis. Qui es-tu, toi ? Un pauvre..."

"Pêcheur, ignorant, grossier, bon à rien. Tu as raison... C'est ce que je me dis avant toi. Et devant notre
Jéhovah [3] omniprésent et qui voit tout, j'affirme que je préférerais la dernière place à la première, j'affirme que je voudrais te voir, toi, ou tout autre à ma place, mais plutôt toi, pour que tu sois délivré du monstre de la jalousie qui te rend injuste, et n'avoir qu'à obéir, à t'obéir, mon garçon... Et crois bien que cela me coûterait moins de fatigue que de devoir te parler en tant que "premier". Mais c'est Lui, le Maître, qui m'a fait le "premier" parmi vous... Et c'est à Lui que je dois obéir pour commencer, et à Lui plus qu'à tout autre... Et toi, tu dois obéir. Et avec mon bon sens de pêcheur, je te dis, non pas de te séparer, comme toi tu l'as compris en voyant du feu dans mes paroles les plus fraîches, mais de t'éloigner pour un peu de temps, de rester seul, de réfléchir... Tu te tenais bien de Béther à la vallée, derrière tout le monde[4] ? Fais de même maintenant aussi... Le Maître en tête... toi en queue... Au milieu nous autres... les nullités... Il n'y a qu'à rester seul pour comprendre et se calmer... Crois-moi... cela vaut mieux pour tous, pour toi tout le premier..."          

Et il le prend par le bras et le sort du groupe, en disant :    

"Reste ici pendant que nous rejoignons le Maître. Et puis... avance lentement, lentement... et tu verras passer... ton orage."

Et il le plante là pour rejoindre ses compagnons qui ont avancé de quelques mètres.      

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371>  410.3 – "Ouf ! J'ai plus sué en lui parlant qu'en marchant... Quel tempérament ! Mais on ne pourra jamais rien obtenir de lui ?"    

"Jamais, Simon. Mon Frère s'obstine à le garder. Mais... il n'en fera jamais rien de bon" lui répond Jude Thaddée.       

"C'est un vrai fléau que nous avons parmi nous !" murmure André et il dit pour finir : "Jean et moi, nous en avons presque peur et nous nous taisons toujours par crainte d'autres disputes." 

"C'est la meilleure façon de faire" dit
Barthélemy.   

"Moi, je n'arrive pas à me taire" avoue le Thaddée.  

"J'y arrive mal moi aussi... Mais j'ai trouvé le secret pour le faire" dit Pierre.    

"Lequel ? Lequel ? Apprends-nous..." disent-ils tous.         

"En travaillant comme un bœuf à la charrue. Un travail inutile, sûrement... Mais qui me sert à me faire déverser ce qui bout en mon intérieur sur... quelque chose qui ne soit pas Judas."    

"Ah ! J'ai compris ! C'est pour cela que tu as fait cette hécatombe d'arbustes à la descente de la vallée ! C'est pour cela, hein
[5] ?" lui demande Jacques de Zébédée.        

"Oui, c'est pour cela... Mais aujourd'hui... ici... je n'avais rien à briser sans faire de dégâts. Il n'y a que des arbres fruitiers et c'était dommage de les saccager... J'ai eu trois fois plus de fatigue à… me briser moi-même... pour ne pas être le vieux Simon de Capharnaüm... J'en ai les os endoloris..."  

Barthélemy et le Zélote ont le même mouvement et les mêmes paroles : ils embrassent Pierre en s'écriant :

"Et tu t'étonnes que Lui t'ait fait le premier parmi nous ? Tu es pour nous un maître..."   

"Moi ? Pour cela ?... Cette bagatelle !... Je suis un pauvre homme... Mais je vous demande seulement de m'aimer en me donnant de doctes conseils, des conseils affectueux et simples. De l'amour et de la simplicité pour que je devienne comme vous... Et uniquement par amour pour Lui qui a déjà tant de peines..." 

"Tu as raison. Faisons en sorte, nous au moins, de ne pas lui en causer !" s'exclame Matthieu.       

"J'ai eu une grande peur quand Jeanne l'a appelé. Vous ne savez vraiment rien, vous deux qui étiez allés en avant ?" demande Thomas.     

"Non, certainement pas. Mais nous avons pensé intérieurement que c'était celui qui est derrière qui... en a fait une belle" répond Pierre.     

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372> "Tais-toi ! J'ai eu la même pensée en entendant le Maître parler le jour du sabbat" avoue Jude Thaddée.   

"Moi aussi" ajoute Jacques de Zébédée.         

"Tiens !... Je n'y avais pas pensé... pas même en voyant Judas si sombre, ce soir-là, et aussi grossier, il faut le dire" dit Thomas.        

"Bon ! N'en parlons plus. Et cherchons à... le rendre meilleur par tant d'amour, tant de sacrifices, comme nous l'a appris
Marziam..." dit Pierre.  

 410.4 – "Que peut bien faire Marziam ?" demande André en souriant.    

"Mais !... Nous serons bientôt avec lui. Je meurs d'impatience... Elles me coûtent vraiment ces séparations."     

"Qui sait pourquoi le Maître les veut. Désormais... Marziam pourrait rester avec nous. Ce n'est plus un enfant et il n'est pas délicat" observe Jacques de Zébédée.        

"Et puis... s'il a fait tant de chemin l'an passé alors qu'il était si grêle, à plus forte raison pourrait-il maintenant" dit Philippe.  

"Moi, je pense que c'est pour lui éviter d'être présent à certaines choses déplaisantes..." dit Matthieu.   

"Ou pour lui éviter certains contacts..." murmure le Thaddée qui ne supporte vraiment pas l'Iscariote.

"Peut-être avez-vous raison tous les deux" dit Pierre.         

"Mais non ! Il doit le faire pour qu'il achève de devenir robuste ! Vous verrez que l'an prochain il va être avec nous" affirme Thomas.     

"L'an prochain ! Le Maître sera-t-il encore avec nous, l'an prochain ? demande Barthélemy pensif. Ses discours me semblent à moi si... suggestifs..."     

"N'en parle pas !" supplient les autres.

"Je ne voudrais pas en parler, mais s'en abstenir n'éloigne pas ce qui est marqué."   

"Eh bien... Raison de plus pour nous de devenir bien meilleurs en ces mois... Pour ne pas Lui donner de douleurs et pour être prêts. Je veux Lui dire que maintenant, que nous allons être au repos en Galilée, il nous instruise beaucoup, beaucoup, spécialement nous les douze... Nous allons y être bientôt..."  

"Oui, et il me tarde d'y être. Je suis âgé, et ces marches, par cette chaleur me donnent beaucoup d'ennuis secrets" avoue Barthélemy.    

"À moi aussi. J'ai été un débauché et je suis plus vieux que l'on ne pense en comptant les années. Les débauches... hein ! Maintenant je les ressens toutes dans mes os... Et puis nous, fils de Lévi, nous souffrons de douleurs, vraiment par nature
[6]..."     

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373>  410.5 – "Et moi, j'ai été malade pendant des années... et cette vie, dans les cavernes, avec une nourriture peu abondante et misérable. Tout cela se ressent..." dit le Zélote.  

"Mais si tu as toujours dit que depuis que tu as été guéri, tu t'es senti toujours fort ?" demande derrière lui Judas qui les a rejoints. "L'effet du miracle est peut-être fini pour toi ?"         

Le Zélote a une moue typique sur son visage laid et expressif. Il semble dire :   

"Il est ici ! Seigneur, donne-moi la patience !" Mais il répond avec la plus grande politesse :  

"Non. L'effet du miracle n'est pas fini. Et cela se voit. Je n'ai plus été malade, je suis fort, résistant. Mais les années sont les années et les fatigues sont les fatigues. Et ces chaleurs qui nous mettent en sueur comme si nous étions tombés dans un fossé, et puis ces nuits, je dirais glaciales en comparaison de la chaleur du jour, et qui gèlent la sueur sur nous, alors que la rosée finit d'humidifier les vêtements déjà trempés de sueur, tout cela ne me fait sûrement pas de bien. Et il me tarde d'être au repos pour m'occuper un peu de moi. Le matin, surtout si on dort à la belle étoile, je suis tout endolori. Si je deviens complètement malade, à quoi puis-je servir ?"         

"À souffrir. Lui dit que la souffrance vaut le travail et la prière" lui répond André.        

"Cela va bien, mais je préférerais le servir apostoliquement et..." 

"Et tu es las, toi aussi. Avoue-le. Tu es las de continuer cette vie sans la perspective d'heures agréables, mais au contraire avec la perspective de persécutions et... de défaites. Tu commences à réfléchir que tu risques de redevenir le proscrit" dit Judas de Kérioth.   

"Je ne réfléchis à rien. Je dis que je me sens devenir malade."      

"Oh ! comme il t'a guéri une fois… !"   

Judas a un rire ironique.

 410.6 – Barthélemy sent l'imminence d'une autre discussion et il la détourne en appelant Jésus.    

"Maître ! Il n'y a rien pour nous ? Tu es toujours en avant… !"      

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374> "Tu as raison, Barthélemy. Mais nous allons nous arrêter. Tu vois cette maisonnette ? Allons-y car le soleil est trop fort. Ce soir nous reprendrons la marche. Il faut se hâter pour le retour à Jérusalem car la Pentecôte est toute proche."     

"De quoi parliez-vous entre vous ?" demande Jude Thaddée à son frère.

"Mais figure-toi ! Nous avions commencé à parler de Joseph d'Arimathie et nous en sommes arrivés à parler de l'ancien domaine de Joachim à Nazareth et de son habitude, tant que cela lui fut possible, de garder pour lui la moitié des récoltes et de donner le reste aux pauvres, chose dont les anciens de Nazareth se souviennent si bien. Que de privations pour les deux justes Anne et Joachim ! Forcément, ils ont obtenu le miracle de la Fille, de cette Fille !... Et avec Jésus, j'évoquais nos années d'enfance..."



La conversation continue alors qu'ils avancent vers la maison au milieu des champs ensoleillés.        

 410.7 – Jésus dit :
"Vous placerez ici la vision du miracle du glanage pour la petite vieille (dans la plaine d’Emmaüs et les monts qui mènent à Jérusalem) que tu as eu le 27 septembre 1944.  

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Fiche mise à jour le 28/11/2023.

 



[1] Découvert dans les tractations secrètes avec les romains pour la prise de pouvoir. Voir la référence de la note 4 ci-dessous. 

[2] Une marche harassante dans une chaleur torride. Cf. EMV 382.1.    

[3] Jeovè dans le texte original. Pierre prononce le nom de Jéhovah avec l’accent galiléen. Voir, à ce sujet, la note n°2 du chapitre précédent.        

[4] Judas en effet se croyait découvert dans ses tractations avec les romaines pour la prise de pouvoir. Cf. EMV 402.4.    

[5] Cf. EMV 403.3.    

[6] Peut-être Matthieu, de son vrai nom Lévi, fait-il allusion à la malédiction de Jacob : (Genèse 49,5-7) Siméon et Lévi sont frères : ils s’accordent pour agir avec violence, mais je ne participerai pas à leur complot, Je maudis leur ardente colère et leur fureur impitoyable. Je disperserai leurs descendants en Israël, je les éparpillerai dans tout le pays.