


7.445 - Due parabole durante una tempesta a Tiberiade. Arrivo di Maria Ss.
e impenitenza di Giuda Iscariota.
4.443 - Arrival
at Tiberias. Parable of the Rain on the Vine.
4.445 - Dos parábolas durante una tormenta en Tiberíades. Llegada de Maria Stma., e impenitencia de Judas Iscariote.
8.494 - Jesus in
Tiberias.
Jeudi 2 août 29
(6 Ab 3789)
Tibériade.

Judas demande
pardon à Jésus, mais il ne se repent pas.
Simon dit une
parabole sur l'invitation de Jésus.
La mère est pour
l'âme et pour le corps ce que Dieu est pour eux.
L'amour éloigne
tout ce qui est de la terre et donne tout ce qui est du Ciel.
Marie intercède pour
Samuel de Nazareth, délivré de ce fait de son tourment, mais non de sa faute.
La Communion des
saints.

-
Arrivée par une matinée orageuse......................
370
- Dialogue de
Jésus avec Judas : Jésus lui souhaite la paix ............................... 371
- Lui demande
des nouvelles ........................................ 372
- Lui propose en
exemple l'humilité de Pierre.....
373
- Judas n'avoue pas ses fautes ........................................ 373
-
Décision d'aller chez Joseph ........................................ 374
- Arrivée chez le batelier 374
-
Pierre jouit de la tempête ........................................ 375
- Discours du Zélote (Le pied de vigne
et la pluie : L'âme et sa purification) ............ 376
-
Judas se débat contre la parabole ....................... 377
- Discours (Dieu
comme une mère pour l'âme et pour le corps) ............................ 378
- Pierre attire l'attention sur l'arc-en-ciel .................. 378
-
Arrivée de Jeanne... 379
- Puis de Marie et de Marie d'Alphée ....................... 379
- Marie implore Jésus pour un fils dénaturé ................ 379
-
Judas ira chercher Samuel ........................................ 381
- Pour la
guérison complète de Samuel ......................... 382
- Jésus va vers les pauvres avec Jeanne ................ 382

Judas Iscariote.

Jeanne, femme de Chouza.
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Tome 6, chapitre 137.
445.
Jésus à Tibériade.
Vision
du lundi 3 juin 1946
370> Jésus arrive avec les siens à
Tibériade par une matinée orageuse, Et il y arrive par un court trajet de
Tarichée à Tibériade avec les barques qui se balancent fortement sur le lac
très agité et grisâtre comme le ciel parcouru par des nuages qui n'annoncent
rien de bon.
Pierre scrute
le ciel et le lac et il ordonne aux garçons de mettre les barques en lieu sûr
: "Dans un moment, vous allez entendre quelle musique ! Je ne suis plus
Simon le pêcheur, si sous peu les averses et les vagues du lac ne font pas de
dégâts. il n'y a personne sur le lac ?" se demande-t-il à lui-même, en
scrutant la mer troublée de Galilée. Et il la voit déserte, parcourue
seulement par des vagues de plus en plus fortes, sous la chape du ciel de
'plus en plus menaçante.
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371> Il se console en la voyant
vide et en pensant qu'elle ne fera pas de victimes humaines, et il suit plus
satisfait le Maître qui avance dans les coups de vent si forts que les hommes
ont du mal à marcher dans les nuages de poussière avec leurs habits que la
bourrasque fait claquer.
Dans Tibériade, dans cette partie de Tibériade habitée par des gens du
peuple, familles de pêcheurs ou d'artisans occupés à des travaux qui se
rapportent à la pêche, il y a beaucoup d'allées et venues pour rentrer dans
les maisons ce que l'orage pourrait détériorer. Des gens courent chargés des
filets et des rames des barques déjà mises à l'abri, d'autres traînent dans
les maisons les outils de travail, pendant que siffle le vent, que s'élèvent
des nuages de poussière et que claquent les portes. L'autre Tibériade, celle
qui est plus au nord, le quartier des palais qui s'étendent le long du lac,
des beaux parcs que l'on voit sur l'arc de la rive, dort paresseusement.
Seuls des serviteurs ou des esclaves, selon que les maisons appartiennent aux
israélites ou aux romains, s'affairent à enlever des rideaux sur le haut des
terrasses, à retirer les légères embarcations de plaisance, les sièges épars
dans les jardins...
Jésus, qui a avancé de ce côté, dit à Simon le Zélote et au cousin Jude : "Allez demander au portier de Jeanne de Chouza si
aucun des nôtres ne nous a cherchés. Moi, j'attends ici."
"Bien. Et Jeanne ?"
"Nous la verrons ensuite. Allez et faites ce que je dis."
Les deux partent rapidement et pendant que les autres attendent, Jésus les
envoie ici et là afin de se procurer la nourriture "pour eux et les
femmes, parce qu'il n'est pas juste d'imposer des frais à la famille du
disciple" dit Jésus. Et il reste seul, adossé au mur d'un jardin d'où
vient une rumeur d'ouragan tant est forte la lutte du vent contre les grands
arbres.
Jésus est tout ramassé sur Lui-même, dans ses vêtements qu'il tient bien serrés
dans le manteau qu'il a ramené sur sa tête où il fait office de capuchon pour
se protéger du vent qui rejette les cheveux dans les yeux. Et ainsi, couvert
de poussière, le visage à demi-caché par les pans du manteau, adossé à un mur
presque au coin de la rue qui croise une belle artère qui va du lac au centre
de la ville, il a l'air d'un mendiant qui attend l'obole. Quelques passants
le regardent, mais comme il ne dit rien, ne demande rien et reste ainsi, la
tête penchée, personne ne s'arrête pour Lui donner ou Lui dire quelque chose.
Pendant ce temps la bourrasque redouble, et le bruit du lac se fait plus
violent, remplissant la ville toute entière de son mugissement.
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372> Un homme de grande taille qui
avance courbé pour se défendre du vent, tout enveloppé dans son manteau qu'il
tient serré sous le cou avec la main, vient du chemin qui va de l'intérieur
vers la rive. Pour éviter une file d'ânes de maraîchers qui, après avoir
déchargé leurs légumes aux marchés reviennent chez eux, il relève la tête et
voit Jésus (et je vois que ce jeune homme est Judas de Kériot).
"Oh ! Maître !" dit-il de l'autre côté de la file des ânes.
"Je venais justement chez Jeanne pour te chercher. Je suis allé à
Capharnaüm pour te chercher, mais..." Le dernier âne est passé et Judas se
hâte de rejoindre le Maître en terminant son discours : "...mais à
Capharnaüm il n'y avait personne. J'ai attendu plusieurs jours et puis je
suis revenu ici, et tous les jours j'allais chez Joseph et
chez Jeanne pour te chercher..."
Jésus le regarde de son regard pénétrant et il arrête cette avalanche de
paroles en disant seulement : "La paix soit avec toi."
"C'est vrai ! Je ne t'ai même pas salué ! La paix soit avec Toi, Maître.
Mais Toi, tu l'as toujours cette paix !"
"Et toi, non ?"
"Je suis un homme, Maître."
"L'homme juste a
la paix. Seul l'homme coupable est troublé. Es-tu tel ?"
"Moi ?... Non, non, Maître. Du moins... Certainement, pour dire vrai,
d'être loin de Toi ne me rendait pas heureux... Mais ce n'était pas encore
être privé de paix. C'était la nostalgie de Toi, à cause de l'affection que
j'ai pour Toi... Mais la paix, c'est autre chose, n'est-ce pas ?..."
"Oui. C'est autre chose. Les séparations ne peuvent porter atteinte à la
paix du cœur, si le cœur de celui qui est séparé ne fait pas de choses que sa
conscience lui indique comme capables d'affliger l'aimé, s'il les
savait"
"Mais ceux qui sont absents ne savent pas... À moins qu'il n'y ait
quelqu'un qui les informe."
Jésus le regarde et se tait.
"Tu es seul, Maître ?" demande Judas en cherchant à détourner la
conversation vers des sujets plus banals.
"J'attends ceux que j'ai envoyé chez Jeanne pour savoir si ma Mère est
venue de Nazareth."
"Ta Mère ? Tu fais venir ta Mère ici ?"
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373> "Oui. Je resterai avec
elle à Capharnaüm pendant toute la lune, en me rendant en barque dans les
villages de la rive, mais en revenant chaque jour à Capharnaüm. Il doit y
avoir beaucoup de disciples..."
"Oui... Beaucoup..." Judas a perdu sa faconde. Il est pensif...
"Tu n'as rien à me dire, Judas ? Nous sommes tous les deux seuls... Rien
ne t'est arrivé, pendant ce temps de séparation, aucun fait sur lequel tu
sentes nécessaire d'avoir la parole de ton Jésus ?" dit doucement Jésus
comme pour aider le disciple à avouer en lui faisant sentir tout son
miséricordieux amour.
"Et Toi, tu ne sais rien qui en moi demande ta parole ? Si tu le sais - moi en vérité je ne connais pas ce qui mérite cette
parole - parle. Cela pèse à un homme de devoir se rappeler ses fautes et ses
défauts et de les avouer à un autre..."
"Moi qui te parle, je ne suis pas un autre homme, mais..."
"Non. Tu es Dieu. Je le sais. Mais à cause de cela, il n'est pas
nécessaire que ce soit moi qui parle. Toi, tu sais..."
"Moi, je ne suis pas un autre homme, disais-je, mais je suis ton Ami le
plus affectueux. Je ne te dis pas le Maître, le supérieur, mais je te dis :
l'Ami..."
"C'est toujours la même chose. C'est toujours l'ennuyeuse recherche de
ce qui s'est fait dans le passé, et dont l'aveu pourrait provoquer des
reproches. Mais, plus que les reproches, c'est de déchoir dans l'estime de
l'ami qui afflige..."
"À Nazareth, le dernier sabbat que je m'y trouvai, Simon Pierre dit par
inadvertance à un compagnon une chose qu'il devait taire. Ce n'était pas une
désobéissance volontaire, ce n'était pas une médisance, ce n'était pas une
chose susceptible de faire du tort au prochain. Simon Pierre l'avait dite à
un cœur honnête et à un homme sérieux. Ce dernier, se voyant amené à
connaître une chose secrète sans que lui-même ou Pierre l'eussent voulu, jura
qu'il ne répéterait pas le secret à d'autres. Simon pouvait être
tranquille... Mais il ne le devint que lorsqu'il m'eut fait l'aveu de la
faute. Tout de suite... Pauvre Simon ! Il appelait cela une faute ! Mais si
dans le cœur de mes disciples il n'y avait que des fautes comme celle-là, et
autant, autant d'humilité, autant de confiance, autant d'amour que Pierre, oh
! je devrais me proclamer Maître d'une troupe de saints !..."
"Et ainsi tu veux me dire que Pierre est saint et que je ne le suis pas.
C'est vrai. Je ne suis pas un saint. Chasse-moi, alors..."
"Tu n'es pas humble, Judas. L'orgueil te ruine. Et tu ne me connais pas
encore..." termine Jésus avec une immense tristesse.
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374> Judas se rend compte de cette
peine, et il murmure : "Pardonne-moi, Maître !..."
"Toujours. Mais sois bon, fils ! Sois bon ! Pourquoi veux-tu te faire du
mal à toi-même ?"
Judas a des larmes sur les cils, vraies ou fausses
je ne sais, et il se réfugie dans les bras de Jésus en pleurant sur son
épaule. Et Jésus lui caresse les cheveux en murmurant : "Pauvre Judas !
Pauvre, pauvre Judas qui va chercher ailleurs, où il ne peut la trouver, sa
paix, et quelqu'un qui puisse le comprendre..."
"Oui, c'est vrai. Tu as raison, Maître. La paix est ici... Dans tes
bras... Je suis un malheureux... Toi seul me comprends et m'aimes... Toi
seul... Je suis un sot... Pardonne-moi, Maître."
"Oui, sois bon, sois humble. Si tu tombes, viens vers Moi et je te
relèverai. Si tu es tenté, accours vers Moi. Je te défendrai de toi-même, de
ceux qui te haïssent, de tout... Mais relève-toi. Les autres
arrivent..."
"Un baiser, Maître... Un baiser..."
Et Jésus l'embrasse... et Judas se remet... Oui, mais en attendant, il n'a
nullement avoué ses fautes, je pense moi...
"Nous avons tardé un peu, car Jeanne était déjà levée et le portier a
voulu l'avertir. Elle viendra dans la journée chez Joseph, pour te
vénérer" dit le
Thaddée.
"Chez Joseph ? S'il arrive la masse d'eau que le ciel promet, ces rues
seront des marécages. Jeanne ne viendra certainement pas dans ce taudis et
par ces rues. Il vaudrait mieux que nous allions chez elle..." dit Judas
qui a déjà repris son assurance.
Jésus ne lui répond pas, mais il demande à son cousin : "Est-ce qu'aucun
des nôtres ne nous a cherchés chez Jeanne ?"
"Personne encore."
"C'est bien. Allons chez Joseph. Les autres nous y rejoindront..."
"Si j'étais sûr que nos mères sont en route, j'irais bien à leur
rencontre" dit Jude d'Alphée.
"Ce serait bien, mais plusieurs routes arrivent à Tibériade, et
peut-être elles n'ont pas pris la principale..."
"C'est vrai, Jésus... Allons..."
Ils s'en vont rapidement au milieu des éclairs qui sillonnent le ciel blême
et les premiers roulements du tonnerre qui résonnent brutalement dans les
gorges des collines qui entourent le lac presque complètement. Ils entrent
dans la pauvre maison de Joseph qui, dans la tempête, paraît encore plus pauvre
et plus sombre. De lumineux, il n'y a que le visage du disciple et des siens,
bienheureux d'avoir le Maître dans leur maison.
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375> "Mais tu tombes mal,
Seigneur" s'excuse le batelier. "Je n'ai pas pu pêcher dans ce lac,
et... je n'ai que des légumes..."
"Et ton bon cœur. Mais j'y ai pensé. Les compagnons vont venir avec ce
qu'il faut. Ne te fatigue pas, femme... Nous pouvons nous asseoir même par
terre. C'est si propre. Tu es une brave femme, je le sais, mais l'ordre que
je vois ici le confirme."
"Oh ! mon épouse ! La vraie femme forte ! Ma joie, notre joie"
proclame le batelier, ravi de l'éloge du Seigneur qui s'est assis
tranquillement au bord du foyer éteint, presque par terre, en prenant sur ses
genoux un petit enfant qui le regarde étonné.
Ils entrent, au moment de la première averse, ceux qui sont allés pour les
achats et, sur le seuil, ils secouent leurs manteaux et leurs sandales pour
ne pas apporter d'eau ni de boue dans la maison.
C'est une fin du monde de tonnerre, d'éclairs, de pluie, de vent. Le
mugissement du lac accompagne les soli des éclairs et les hurlements du vent.
"Salut ! L'été se baigne les plumes et arrose le foyer... Après cela ira
mieux... Pourvu que cela n'endommage pas les vignes... Puis-je aller là-haut,
pour regarder le lac ? Je veux voir quelle humeur il a..."
"Va. va. La maison est à vous" répond le disciple à Pierre.
Et Pierre, avec sa seule tunique, sort bienheureux pour jouir de la tempête, il
monte l'escalier extérieur et reste sur la terrasse pour se rafraîchir et il
donne son avis à ceux de l'intérieur comme s'il était sur le pont de sa
barque à commander les manœuvres.
Les autres sont assis ça et là dans la cuisine où
on y voit à peine. car on doit tenir la porte à moitié fermée à cause de la
pluie et, par la fente, il entre un filet de lumière verdâtre qu'interrompt
la brève et éblouissante clarté des éclairs...
Pierre rentre, trempé comme s'il était tombé dans le lac, et il déclare :
"Maintenant il est sur notre tête. Il s'éloigne vers la Samarie. Il va
tremper là-bas..."
"Il t'a déjà bien trempé ! Tu coules comme une fontaine" remarque
Thomas.
"Oui, mais je suis si bien après une pareille chaleur."
"Rentre. Ainsi trempé, tu prendrais du mal à rester sur la porte"
lui conseille Barthélemy.
"Non ! Je suis comme du bois à l'épreuve de l'eau... J'ai commencé alors
que je ne savais pas encore dire "père" à rester à l'humidité. Ah !
comme on respire facilement !... Pourtant... la rue... est un fleuve... Si
vous voyez le lac ! Il a toutes les couleurs et il bout comme une marmite. On
ne comprend même plus dans quelle direction vont les vagues. Elles bouent sur place... Il fallait cela, pourtant..."
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376> "Oui, il fallait cela.
Les murs ne se refroidissaient plus tant ils étaient brûlés par le soleil. Ma
vigne avait les feuilles recroquevillées, poussiéreuses... Je l'arrosais au
pied... mais oui !... Que fait un peu d'eau quand tout le reste est en feu
?" dit Joseph.
"Plus de mal que de bien, ami" déclare Barthélemy. "Les
plantes ont besoin de l'eau du ciel, car elles boivent même avec les
feuilles, hein ?! Il semble que non, mais il en est ainsi. Les racines, les
racines ! C'est bien, mais les feuillages aussi y sont pour quelque chose et
ils ont leurs droits..."
"Ne te paraît-il pas, Maître, que Barthélemy propose le sujet d'une
belle parabole ?" dit le Zélote pour l'encourager à parler.
Mais Jésus, qui est en train de bercer le petit enfant qui a peur des
éclairs, ne dit pas la parabole, mais il donne son accord en disant :
"Et toi, comment la proposerais-tu ?"
"Mal assurément, Maître. Moi, je ne suis pas Toi..."
"Dis-la comme tu sais. Il vous sera très utile de prêcher en paraboles.
Habituez-vous. Je t'écoute, Simon..."
"Oh !... Toi, Maître, moi... sot...
Mais j'obéis. Je dirais ainsi : "Un homme avait un beau pied de vigne.
Mais comme il n'était pas propriétaire d'un vignoble, il avait planté sa
vigne dans le petit jardin de la maison, pour la faire monter sur la terrasse
où elle donnerait de l'ombre et des grappes de raisin et il donnait beaucoup
de soins à sa vigne. Mais elle poussait au milieu des maisons, près de la
rue, et alors la fumée des cuisines et des fours, et la poussière de la route
montaient pour abîmer la vigne. Et encore, tant que tombaient du ciel les
pluies du mois de Nisan, les feuilles de la vigne se débarrassaient des
impuretés et elles jouissaient du soleil et de l'air sans avoir à leur
surface une couche d'ordures pour l'en empêcher. Mais quand vint l'été et que
l'eau ne descendit plus du ciel, la fumée, la poussière, les excréments des
oiseaux se déposèrent en couches épaisses sur les feuilles pendant que le
soleil trop brûlant les desséchait. Le maître de la vigne donnait de l'eau
aux racines enfouies dans le sol, ainsi la vigne ne mourait pas mais végétait
péniblement, car l'eau absorbée par les racines ne montait que par
l'intérieur, et le pauvre feuillage n'en profitait pas. Au contraire, du sol
desséché, mouillé par un peu d'eau, montaient des fermentations et des
exhalaisons qui abîmaient les feuilles en les tachant de sortes de pustules
malignes.
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377> Enfin il arriva du ciel une
grande pluie qui descendit sur les feuillages, courut le long des branches,
des grappes, du tronc, éteignit la chaleur des murs et du sol. La tempête une
fois passée, le maître de la vigne la vit nettoyée, fraîche, toute réjouie et
réjouissante sous le ciel serein". Voilà la parabole."
"C'est bien. Mais l'application à l'homme ?..."
"Maître, fais-la, Toi."
"Non. Toi. Nous sommes entre frères. Tu ne dois pas craindre de faire
piètre figure."
"De faire piètre figure, je ne le crains pas comme une chose pénible. Au
contraire, je l'aime, car cela sert à me garder humble, mais c'est que je ne
voudrais pas dire des choses inexactes..."
"Moi, je te les corrigerai."
"Oh ! alors ! Voilà. Je dirais : "C'est ce qui arrive à l'homme qui
ne vit pas isolé dans les jardins de Dieu, mais qui
vit au milieu de la poussière et de la fumée des choses du monde. Elles le
couvrent lentement de tartre, presque sans qu'il s'en aperçoive, et il trouve
son esprit stérilisé sous une croûte d'humanité si épaisse que la brise de
Dieu et le soleil de la Sagesse ne peuvent lui être utiles. Et c'est
inutilement qu'il cherche à y suppléer avec un peu d'eau qu'il puise dans les
pratiques et qu'il donne avec tant d'humanité à la partie inférieure de sorte
que la partie supérieure n'en jouit pas... Malheur à l'homme qui ne se
purifie pas avec l'eau du Ciel qui débarrasse de l'impureté, qui éteint
l'ardeur des passions, qui nourrit vraiment le moi tout entier". J'ai
parlé."
"Tu as bien parlé. Moi je dirais aussi qu'à la différence de l'arbre,
créature privée du libre arbitre et attachée à la terre, et qui par
conséquent n'est pas libre d'aller à la recherche de ce qui lui est utile et
de fuir ce qui lui nuit, l'homme peut aller à la recherche de l'eau du Ciel,
et fuir la poussière, la fumée, et l'ardeur de la chair, du monde et du
démon. L'enseignement serait plus complet."
"Merci, Maître. Je m'en souviendrai" dit le Zélote.
"On n'est pas solitaire... Nous vivons dans le monde... Par
conséquent..." dit Judas de Kériot.
"Pourquoi ce : par conséquent ? Veux-tu dire que Simon a parlé comme un
sot ?" lui demande Jude d'Alphée.
"Je ne dis pas cela. Je dis que ne pouvant nous isoler... nous devons
être forcément couverts par ce qui est du monde."
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378> "Le Maître et Simon
disent justement que l'on doit chercher l'eau du Ciel pour se conserver
propre malgré le monde qui nous entoure" dit Jacques d'Alphée.
"Bon ! Mais l'eau du Ciel est-elle toujours à notre disposition, pour
nous nettoyer ?"
"Oui" dit Jean avec assurance.
"Oui ? Et où la trouves-tu ?"
"Dans l'amour."
"L'amour, c'est du feu. Il te brûle
davantage."
"C'est du feu, oui, mais c'est aussi l'eau qui lave. Car il éloigne tout
ce qui est de la terre et donne tout ce qui est du Ciel."
"...Opérations que je ne comprends pas : il éloigne, il apporte..."
"Oui, je ne suis pas fou. Je dis qu'il t'enlève ce qui est humanité et
qu'il te donne ce qui vient de Dieu et qui par conséquent est divin. Et une
chose divine ne peut que nourrir et sanctifier. Jour après jour l'amour te
nettoie de ce que le monde t'a donné."
Judas va répliquer, mais le petit qui est sur le sein de Jésus, dit :
"Une autre parabole, belle, belle... pour moi..." et cela apporte
une diversion à la discussion.
"Sur quoi, petit ?" demande Jésus condescendant.
L'enfant regarde autour de lui, et puis il trouve. Il dirige un doigt vers sa
mère, et il dit : "Sur la mère."
"La mère est pour l'âme et pour le
corps ce que Dieu est pour eux. La mère que fait-elle pour toi ? Elle veille
sur toi, elle te soigne, elle t'éduque, elle t'aime, elle fait attention pour
que tu ne te fasses pas mal, elle te protège, comme fait la colombe avec ses
petits, sous les ailes de son amour. Et la mère doit être obéie et aimée,
parce que tout ce qu'elle fait, elle le fait pour notre bien. Le bon Dieu
aussi, et bien plus parfaitement que la plus parfaite des mères, garde ses
enfants sous les ailes de son amour, les protège, les éduque, les aide, pense
à eux nuit et jour. Mais le bon Dieu, aussi et beaucoup plus que la mère - en
effet la mère est le plus grand amour de la Terre, mais Dieu est le plus
grand et l'éternel amour de la Terre et du Ciel - doit être obéi et aimé, car
tout ce qu'il fait, Il le fait pour notre bien..."
"Même les éclairs ?" interrompt l'enfant qui en a une grande peur.
"Eux aussi."
"Pourquoi ?"
"Parce qu'ils nettoient le ciel et l'air et..."
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379> "Et après arrive
l'arc-en-ciel !..." s'écrie Pierre qui, moitié dehors et moitié dedans,
a écouté et s'est tu. Et il ajoute: "Viens, tourtereau, je te le fais
voir. Regarde comme c'est beau!…"
Et, en effet, la lune éclaire le ciel car la tempête est passée, et un
immense arc-en-ciel, qui part des rives de Ippo, jette le ruban de son arc par dessus le lac pour aller se perdre au-delà des
montagnes en arrière de Magdala.
Tout le monde se rend sur le seuil, mais pour voir le lac il faut se
déchausser car la cour est une mare d'eau jaunâtre qui s'écoule lentement.
Comme souvenir de la tempête, il reste le lac devenu jaunâtre avec des vagues
qui tendent à se calmer. Mais le ciel est serein, mais l'air est léger, mais
les feuillages ont repris leur couleur.
Et Tibériade reprend vie... Et bientôt on voit, par la rue encore pleine
d'eau et de boue, arriver Jeanne avec Jonathas. Elle lève les yeux pour
saluer le Maître qui est sur la terrasse et elle monte vivement pour se
prosterner, heureuse... Les apôtres parlent entre eux et Judas seul, à
mi-chemin entre Jésus et Jeanne d'une part et les apôtres de l'autre, reste à
part, tout pensif. Je parie qu'il écoute avec la plus grande attention les
paroles de Jeanne dont la pensée en ce qui concerne Judas a été
indéchiffrable, car elle a salué tous les apôtres d'un unique : "Paix à
vous."
Mais Jeanne parle uniquement des enfants et de la permission que Chouza lui a
donnée d'aller en barque à Capharnaüm pendant que le Maître y est. Alors les
soupçons de Judas se calment, et il rejoint ses compagnons...
Avec de la boue au bas des vêtements, mais sèches par ailleurs, voici que
s'avancent Marie très Sainte et Marie d'Alphée avec les cinq qui sont allés
les prendre. Le sourire de Marie, pendant qu'elle monte le court escalier,
est plus merveilleux que l'arc-en-ciel resté dans le ciel.
"Ta Mère, Maître !" annonce Thomas.
Jésus va à sa rencontre et tous les autres avec Lui. Et ils se félicitent de
ce que les femmes n'aient pas eu d'autre ennui qu'un peu de boue en bas de
leurs vêtements.
"Nous nous sommes arrêtés aux premières gouttes chez un maraîcher"
explique Mathieu, et il demande : "Vous nous attendiez depuis longtemps
?"
"Non. Nous sommes arrivés à l'aurore."
"Nous avons tardé à cause d'un malheureux..." dit André.
"Bien. Maintenant que vous êtes tous ici et que le beau temps est
revenu, je serais d'avis de partir ce soir pour Capharnaüm" dit Pierre.
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380> Marie, qui consent toujours,
dit cette fois : "Non, Simon. Nous ne pouvons pas partir si d'abord...
Mon Fils, une mère s'est recommandée à moi pour que Toi, Toi seul, qui peux
le faire, tu convertisses l'âme de son unique garçon. Je t'en prie, écoute-moi,
car je l'ai promis... Pardonne-lui... Ton pardon..."
"Il est déjà donné, Marie. Moi, j'ai déjà parlé au Maître..."
interrompt l'Iscariote, croyant que Marie parle de lui.
"Je ne parle pas de toi, Judas de
Simon. Je parle d'Esther de Lévi, nazaréenne, une mère tuée par le
comportement de son fils. Jésus, elle est morte dans la nuit où tu es parti.
Les appels qu'elle faisait vers Toi, n'étaient pas pour elle, pauvre mère
martyre d'un fils infâme, mais pour son fils... car nous mères de vous les
fils, ce n'est pas de nous que nous nous inquiétons... Elle le veut sauvé, son Samuel... Mais
maintenant, maintenant qu'elle est morte, Samuel, en proie aux remords,
paraît fou et il ne veut absolument pas entendre raison... Mais Toi, Fils, tu
peux sauver son intelligence et son esprit..."
"Est-il repenti ?"
"Comment veux-tu qu'il le soit s'il est désespéré ?"
"En effet le fait d'avoir tué sa mère en lui donnant des douleurs
continuelles doit le rendre désespéré. On ne viole pas impunément le premier
des commandements de l'amour envers le prochain. Mère, comment veux-tu que
Moi je pardonne et que Dieu donne la paix au matricide impénitent ?"
"Mon Fils, cette mère demande la paix de l'autre vie... Elle était
bonne... elle a tant souffert..."
"Elle aura la paix pour elle..."
"Non, Jésus. Il ne peut avoir la paix l'esprit d'une mère si elle voit
son enfant privé de Dieu..."
"Il est juste qu'il en soit privé."
"Oui, Fils, oui. Mais pour la pauvre Esther... Sa dernière parole a été
une prière pour son fils... Et elle m'a dit de te le dire. Jésus, Esther
pendant sa vie n'a jamais eu une joie, tu le sais. Donne-lui celle-là,
maintenant qu'elle est morte, donne-la à son esprit qui souffre à cause de
son fils."
"Mère, j'ai cherché à convertir Samuel pendant mes séjours à Nazareth.
Mais inutilement, car en lui était éteint l'amour..."
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381> "Je le sais. Mais Esther a offert son
pardon, ses souffrances, pour que l'amour renaisse en Samuel. Et qui sait ?
Ce tourment qu'il souffre maintenant ne pourrait-il pas être un amour qui revit
? Un douloureux amour, et quelqu'un
pourrait dire : un inutile amour, puisque la mère ne peut en jouir. Mais Toi,
mais moi, nous savons que la charité des trépassés est attentive et toute
proche. Nous le savons, moi, par la foi, Toi, directement. Les trépassés ne
se désintéressent pas de nous, et ils n'ignorent pas ce qui arrive aux êtres
aimés qu'ils ont quittés... Et Esther peut encore
jouir de ce tardif amour de son fils ingrat, et maintenant bouleversé par le
remords. O mon Jésus, je le sais, cet homme t'inspire du dégoût à cause de
l'énormité de sa faute. Un fils qui hait sa mère ! Un monstre pour Toi qui es
tout amour pour la tienne. Mais justement parce que tu es tout amour pour
moi, écoute-moi. Retournons ensemble à Nazareth, tout de suite. La route ne
me pèse pas, rien ne me pèse, si cela sert à sauver une âme..."
"C'est bien. Tu as gagné, Mère... Judas de Simon, prends avec toi Joseph
et va à Nazareth. Tu m'amèneras Samuel à Capharnaüm."
"Moi ? Pourquoi moi ?"
"Parce que tu n'es pas fatigué. Les autres, oui. Ils ont tant marché
pendant que tu te reposais..."
"J'ai marché, moi aussi. Je suis allé à Nazareth te chercher. Ta Mère
peut le dire."
"Tes compagnons sont allés à Nazareth tous les sabbats et maintenant ils
reviennent d'un long voyage. Va et ne discute pas..."
"C'est que... À Nazareth ils ne m'aiment pas... Pourquoi m'envoies-tu
justement moi ?"
"Moi aussi, ils ne m'aiment pas, et pourtant je vais à Nazareth. Il
n'est pas nécessaire d'être aimé dans un lieu pour aller à ce lieu. Va et ne
discute pas, je te le répète."
"Maître... moi, j'ai peur des déments..."
"L'homme est bouleversé par le remords, mais il n'est pas dément."
"Ta Mère l'a dit..."
"Et Moi, je te dis pour la troisième fois : va et ne discute pas. Cela
ne peut te faire que du bien de méditer à quoi cela peut amener de faire
souffrir une mère..."
"Tu me compares à Samuel ? Ma mère est reine dans sa maison. Moi, je ne
suis même pas près d'elle pour la surveiller et lui être une charge à cause
de mon entretien..."
"Ce ne sont pas ces choses qui sont une charge pour les mères. Mais
c'est un lourd fardeau qui les écrase que le manque d'amour de leurs fils,
leur conduite imparfaite aux yeux de Dieu et des hommes. Va, te dis-je."
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de page
382> "Je pars. Et que vais-je
dire à l'homme ?"
"Qu'il vienne à Capharnaüm, chez Moi."
"S'il n'a jamais obéi, pas même à sa mère, veux-tu qu'il m'obéisse à
moi, maintenant, puisqu'il est ainsi désespéré ?"
"Et tu n'as pas encore compris que si je t'envoie c'est signe que j'ai
déjà travaillé l'esprit de Samuel en le faisant sortir du délire du remords
désespéré ?"
"J'y vais. Adieu, Maître. Adieu, Mère. Adieu, amis." Et il s'en va
tout autre qu'enthousiaste, suivi de Joseph qui, au contraire, est tout
heureux d'être choisi pour cette mission.
Pierre chantonne quelque chose...
Jésus lui demande : "Que dis-tu, Simon de Jonas ?"
"Je disais une vieille chanson du lac..."
"Laquelle ?"
"C'est : "Il en est toujours ainsi ! La pêche plaît au cultivateur,
mais le pêcheur n'aime pas pêcher !" Et en vérité, ici on a vu que
c'était plutôt le disciple qui avait le désir de pêcher que l'apôtre..."
Plusieurs rient. Jésus ne rit pas, il soupire.
"Je t'ai affligé, Maître ?" demande Pierre.
"Non. Mais ne critique pas toujours."
"C'est pour Judas que mon Frère est affligé" dit Jude d'Alphée.
"Toi aussi tais-toi et surtout au fond de ton cœur."
"Mais, vraiment Samuel a-t-il eu déjà le miracle ?" demande Thomas
curieux et un peu incrédule.
"Oui."
"Alors il est inutile qu'il vienne à Capharnaüm."
"C'est nécessaire. Je n'ai pas guéri complètement son cœur. C'est à lui,
de lui-même, de chercher la guérison, c'est-à-dire le pardon par un saint
repentir. Mais j'ai fait en sorte qu'il puisse raisonner de nouveau. À lui,
maintenant, d'obtenir le reste par sa libre volonté. Descendons. Nous allons
parmi les humbles..."
"Pas chez moi, Maître ?"
"Non, Jeanne. Toi tu pourras venir quand tu voudras chez Moi, mais eux
sont retenus par leurs travaux, et c'est Moi qui vais à eux..."
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