


7.463. - Nella casa di campagna di Cusa, il tentativo di eleggere re Gesù.
La testimonianza del Prediletto.
4.461. - At Tarichea. Galatia, the Sinner.
4.463 - En Tariquea. Cusa, a pesar del discurso
sobre la naturaleza del reino mesiánico, invita a Jesús a su casa. Conversión de una pecadora.
8.512 - In Tarichäa.
Samedi 11 août 29
(15 Ab 3789)
Tarichée.

Dieu n'est pas
une figure irréelle.
La paternité ne cesse pas.
Jésus, Sauveur
universel et spirituel.
La loi de la vertu.
Une religion est
nécessaire à l'homme, comme est nécessaire une foi.
Guérison du
corps et de l'âme de la Galazia.
Chouza dévoile
son complot pour le couronnement de Jésus.

-
La foule nombreuse 521
- Discours :
Dieu Créateur et Père de tous ................ 522
- Son Messie,
Roi universel et spirituel ......................... 523
- Votre Olympe
et mon Royaume ..................... 524
- Je suis le
Sauveur divin 525
- Appel à la
conversion 526
- Jésus exauce
la prière secrète de la Galazia . 527
- Chouza invite Jésus chez lui ........................................ 527
-
La prostituée guérie est reconnue ...................... 528
- Colère de la
foule et conversion de Zénon . 529
- Pierre ne veut pas laisser Jésus seul....................
529
-
Jésus l'assure que son heure n'est pas venue...........
530
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Tome 6, chapitre 155.
463.
À Tarichée.
Vision
du samedi 27 juillet 1946
521> La petite péninsule de
Tarichée s'avance dans le lac en formant une anse profonde au sud-ouest,
ainsi il n'est pas inexact de dire que, plutôt qu'une péninsule, c'est un
isthme entouré d'eau sur presque tout son pourtour, et qui reste réuni à la
terre par une sorte de couloir. C'était du moins ainsi au temps de Jésus, à
l'époque où je la vois. Je ne sais pas si par la suite, au cours de vingt
siècles, les sables et les graviers charriés par un petit torrent, qui
débouche juste dans l'anse au sud-ouest, ont pu modifier l'aspect de
l'endroit en ensablant la petite baie et en élargissant par conséquent la
langue de terre de l'isthme.
La baie est tranquille, azurine, avec des bandes couleur de jade là où se
reflète les feuillages verts des arbres qui s'avancent de la côte vers le
lac. Des barques nombreuses se balancent légèrement sur les eaux presque
calmes.
Ce qui me frappe, c'est une digue bizarre : avec ses arches qui reposent
sur les graviers de la rive, elle forme une sorte de promenade, un môle, que
sais-je, qui se dirige vers l'ouest. Je ne comprends pas si on l'a faite pour
orner, ou pour quelque but utile qui m'échappe. Ce passage, digue ou môle,
est recouvert d'une épaisse couche de terre où sont plantés des arbres très
rapprochés, plutôt petits, qui forment une galerie verte au-dessus de la
route. Beaucoup de gens passent le temps sous cette galerie bruissante à laquelle la brise, les eaux et les
frondaisons apportent l'agrément appréciable de la fraîcheur.
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522> On voit nettement
l'embouchure du Jourdain et l'écoulement des eaux du lac dans le lit du
fleuve qui fait quelques tourbillons, quelques engorgements près des piles
d'un pont, je dirais romain à cause de son architecture qui repose sur des
piles robustes, construites en taille-mer (je ne sais si je m'explique bien)
contre les arêtes desquelles le courant vient se briser avec tout un jeu
nacré de lumières, sous le soleil qui les frappe à l'endroit où les eaux se
brisent et débordent pour s'écouler dans la gorge du fleuve, encaissé, après
s'être étendues à leur aise dans le lac. Presque au bout du pont, sur l'autre
rive, une petite ville toute blanche, dont les maisons sont éparses dans la
verdure d'une campagne fertile, et
plus en haut vers le nord, mais sur la côte orientale du lac, le bourg qui
précède Ippo et
les bois qui s'élèvent sur la falaise, au-delà desquels se trouve Gamala,
bien visible au sommet de sa colline.
Une foule de gens ont suivi Jésus depuis Emmaüs et elle s'est augmentée de
ceux qui déjà l'attendaient à Tarichée. Parmi eux, Jeanne venue avec sa
barque. Jésus se dirige justement vers la digue plantée d'arbres et il
s'arrête au milieu, sur la droite les eaux du lac, sur la gauche la plage.
Les gens qui le peuvent se placent sur la route ombragée, ceux qui n'y
trouvent pas place descendent sur la plage, encore un peu humide à cause de
la forte marée nocturne ou pour quelque autre raison, et ombragée en partie
par les arbres de la digue. D'autres font accoster les barques et y prennent
place à l'ombre des voiles.
Jésus fait signe qu'il va parler, et tout le monde se tait.
"Il est dit : "Tu t'es mû pour sauver ton peuple, pour le
sauver grâce à ton Christ".
Il est dit : "Et je me réjouirai dans le Seigneur et j'exulterai en
Dieu, mon Sauveur".
Le peuple d'Israël a pris pour lui cette parole et lui a donné un sens
national, personnel, égoïste, qui ne correspond pas à la vérité sur la
personne du Messie. Il lui a donné un sens étroit qui abaisse la grandeur de
l'idée messianique au niveau d'une manifestation de puissance humaine et d'un
écrasement des conquérants trouvés en Israël, par le Christ.
Mais la vérité est différente. Elle est grande, illimitée. Elle vient du Dieu
vrai, du Créateur et Seigneur du Ciel et de la Terre, du Créateur de
l'Humanité, de Celui qui a multiplié les astres dans le firmament et a
couvert la Terre de plantes de toutes espèces, et l'a peuplée d'animaux;
comme Il a mis les poissons dans les eaux, et les oiseaux dans l'air, de la
même façon Il a multiplié les enfants des hommes, de l'homme créé par Lui,
pour être le roi de la création et sa créature de prédilection. Maintenant,
comment pourrait-il, le Seigneur, Père du genre humain tout entier, être
injuste pour ses enfants, de ses enfants, des enfants de ceux qui sont nés de
l'Homme et de la Femme, formés par Lui avec comme matière la terre, et avec
l'âme, son divin souffle ?
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523> Et comment traiter les uns
d'une manière différente des autres, comme s'ils ne venaient pas d'une source
unique, comme si non pas de Lui, mais de quelque autre être surnaturel et
antagoniste, il avait été créé d'autres branches, et par conséquent seraient
étrangers, bâtards, méprisables ?
Le vrai Dieu n'est pas un pauvre dieu de tel
ou tel peuple, une idole, une figure irréelle. Il est la Réalité sublime, Il
est la Réalité universelle, Il est l'Être Unique, Suprême, Créateur de toutes
les choses et de tous les hommes. Il est donc le Dieu de tous les hommes. Il
les connaît, même si eux ne le connaissent pas. Il les aime, même si eux,
faute de le connaître ne l'aiment pas, ou si le connaissant mal ils l'aiment
mal, ou si le connaissant ils ne savent pas l'aimer.
La paternité ne cesse pas quand un enfant
est ignorant, sot ou mauvais. Le père s'efforce d'instruire son enfant, car
l'instruire c'est de l'amour. Le père peine pour rendre moins sot son enfant
déficient. Le père, par ses larmes, par son indulgence, par des châtiments
salutaires, par des pardons miséricordieux, essaie de corriger son enfant
mauvais et de le rendre bon. C'est ce que fait l'homme-père. Et le Dieu-Père
serait-il par hasard inférieur à l'homme-père ? Voilà alors que le
Dieu-Père aime tous les hommes et veut leur salut. Lui, Roi d'un Royaume
infini, Roi éternel, regarde son peuple, formé de tous les peuples répandus
sur la Terre et Il dit : "Voilà le peuple de ceux que J'ai créés,
le peuple qui doit être sauvé par mon Christ. Voilà le peuple pour lequel a
été créé le Royaume des Cieux. Et voici l'heure de le sauver par le
Sauveur".
Qui est le Christ ? Qui est le
Sauveur ? Qui est le Messie ? Nombreux sont les grecs présents ici,
et nombreux sont ceux, même s'ils ne sont pas grecs, qui savent ce que veut
dire le mot "Christ". Le Christ est le consacré, celui qui a été
oint de l'huile royale pour accomplir sa mission. Consacré pour quoi ?
Serait-ce pour la gloire mesquine d'un trône ? Serait-ce pour celle plus
grande d'un sacerdoce ? Non. Consacré pour réunir sous un sceptre
unique, en un peuple unique, sous une doctrine unique, tous les hommes, pour
qu'ils soient frères entre eux, et enfants d'un unique Père, des enfants qui
connaissent le Père, et qui suivent sa Loi pour prendre part à son Royaume.
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524> Roi, au nom du Père qui l'a
envoyé, le Christ règne comme il convient à sa nature, c'est-à-dire
divinement, parce que de Dieu. Dieu a mis toute chose pour servir de
marchepied à son Christ, mais non pour accabler, mais bien pour sauver tous
les hommes. En fait, son nom est Jésus, qui en langue hébraïque signifie
Sauveur. Quand le Sauveur aura sauvé des embûches et de la blessure la plus
cruelle, il aura sous ses pieds une montagne et une multitude de toutes races
couvrira la montagne, pour symboliser que Lui règne et s'élève au-dessus de
la Terre entière et au-dessus de tous les peuples. Mais le Roi sera nu, sans
autre richesse que son Sacrifice, pour symboliser que Lui ne tend qu'aux
choses de l'esprit et que les choses de l'esprit se conquièrent et se
rachètent avec les valeurs de l'esprit et l'héroïsme du sacrifice et non par
la violence et l'or. Il le sera pour répondre - à ceux qui le craignent,
comme à ceux qui par un amour faux l'exaltent ou le rabaissent en voulant en
faire un roi selon le monde, comme à ceux qui le haïssent sans autre raison
que la crainte d'être dépouillés de ce qui leur est cher - qu'il est un Roi
spirituel, cela seulement, envoyé pour enseigner aux esprits le moyen de
conquérir le Royaume, l'unique Royaume que je suis venu fonder.
Moi, je ne donne pas de lois nouvelles. Pour
les Israélites, je confirme la Loi du Sinaï. Je dis aux gentils : la loi
pour posséder le Royaume n'est autre chose que la loi de la vertu que toute
créature morale s'impose en s'élevant par elle-même et qui, grâce à la foi au
Dieu vrai, devient de loi morale et de vertu humaine, une loi de morale
surhumaine.
O gentils ! Vous avez l'habitude de proclamer dieux les grands hommes de
vos nations et vous les rangez parmi les troupes des dieux nombreux et
irréels dont vous peuplez l'Olympe. Vous vous êtes créés tous ces dieux pour
avoir quelque chose à quoi vous puissiez croire, car la religion, une religion est nécessaire à l'homme, comme
est nécessaire une foi, la foi étant l'état permanent de l'homme, et
l'incrédulité un accident anormal. Et ce n'est pas toujours que ces hommes
élevés au rang de dieux ont une valeur même simplement humaine, car leur
grandeur vient ou de la force brutale, ou de leurs astuces puissantes, ou
bien encore d'une puissance acquise d'une façon quelconque. De sorte qu'ils
emmènent avec eux, comme qualités surhumaines, des misères que l'homme sage
voit pour ce qu'elles sont : pourritures de passions déchaînées. Que je
dise la vérité, cela le prouve le fait que dans votre Olympe chimérique vous
n'avez pas su mettre un seul de ces grands esprits qui ont réussi à avoir
l'intuition de l'Être suprême et ont été des intermédiaires actifs entre
l'homme animal et la Divinité, qu'ils ont senti instinctivement par leur
esprit méditatif et vertueux.
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525> De l'esprit qui raisonne du
philosophe, du vrai grand philosophe, à l'esprit du vrai croyant qui adore le
vrai Dieu, il n'y a qu'un pas, alors que de l'esprit du croyant au moi de
l'astucieux, du tyran ou de celui dont l'héroïsme n'est que matériel, il y a
un abîme. Et pourtant, dans votre Olympe, vous n'avez pas placés ceux qui par
la vertu de leur vie se sont tellement élevés au-dessus de la masse humaine
qu'ils se sont approchés des royaumes de l'esprit, mais ceux que vous avez
craints comme des maîtres cruels, ou que vous avez adulés avec une servilité
d'esclaves, ou bien que vous avez admirés comme des modèles vivants de cette
liberté des instincts animaux qui, pour vos appétits anormaux, paraissent le
but et la fin de la vie.
Et vous avez envié ceux qui ont été admis parmi les dieux, laissant de côté
ceux qui se sont approchés davantage de la divinité par la pratique et la
doctrine enseignée et vécue d'une vie vertueuse. Maintenant en vérité je vous
donne le moyen de devenir des dieux. Celui qui fait ce que je dis, et croit
ce que j'enseigne, montera vers l'Olympe véritable et sera dieu, dieu, fils
de Dieu dans un Ciel où il n'y a pas de corruption d'aucune sorte et où
l'Amour est l'unique loi. Dans un Ciel où l'on s'aime spirituellement sans l'obtusité et les pièges des sens pour rendre ennemis l'un
de l'autre les habitants, ainsi qu'il arrive dans vos religions.
Je ne viens pas vous demander des actes bruyamment héroïques. Je viens vous
dire : vivez comme des créatures douées d'une âme et de la raison, et
non comme des brutes. Vivez de manière à mériter de vivre, de vivre
réellement, par la partie immortelle qui est en vous dans le Royaume de Celui
qui vous a créés. Moi, je suis la Vie. Je viens vous enseigner la route pour
aller à la Vie. Je viens pour vous donner la Vie à vous tous, et vous la
donner pour vous ressusciter de votre mort, de votre tombeau de péché et
d'idolâtrie. Je suis la Miséricorde. Je viens vous appeler, vous réunir tous.
Je suis le Christ Sauveur. Mon Royaume n'est pas de ce monde. Et pourtant,
pour celui qui croit en Moi et en ma parole, un royaume naît dans son cœur,
dès les jours de ce monde, et c'est le Royaume de Dieu, le Royaume de Dieu en
vous.
Il est dit de Moi que je suis Celui qui amènera la justice entre les nations.
C'est vrai. car si les citoyens de toutes les nations faisaient ce que
j'enseigne, haines, guerres, vexations, prendraient fin. Il est dit de Moi
que je n'élèverai pas la voix pour maudire les pécheurs, ni la main pour
détruire ceux qui sont comme des roseaux brisés et des mèches fumantes à
cause de leur manière inconvenante de vivre.
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526> C'est vrai. Je suis le
Sauveur, et je viens pour fortifier ceux qui sont croulants, pour donner de
l'huile à ceux dont la mèche est fumeuse faute de combustible. Il est dit de
Moi que je suis Celui qui ouvre les yeux aux aveugles et qui tire de prison
les prisonniers, et amène à la lumière ceux qui étaient dans les ténèbres de
la prison. C'est vrai. Les aveugles les plus aveugles ce sont ceux qui même
avec la vue de l'âme ne voient pas la Lumière, c'est-à-dire le vrai Dieu. Moi
qui suis la Lumière du monde, je viens pour qu'ils voient. Les prisonniers
les plus prisonniers sont ceux qui ont pour prisons leurs passions mauvaises.
Toute autre chaîne disparaît avec la mort du prisonnier, mais les chaînes des
vices durent et enchaînent même après la mort de la chair. Moi, je viens les
défaire.
Je viens pour faire sortir des ténèbres de la prison souterraine de
l'ignorance de Dieu, tous ceux que le paganisme étouffe sous l'amas de ses
idolâtries. Venez à la Lumière et au Salut. Venez à Moi car mon Royaume est
le vrai Royaume et ma Loi est bonne. Elle ne vous demande que d'aimer le Dieu
Unique et votre prochain, et par conséquent de répudier les idoles et les
passions qui vous rendent durs de cœur, arides, sensuels, voleurs, homicides.
Le monde dit : "Accablons celui qui est pauvre, faible, seul. Que
la force soit notre droit, la dureté le fond de notre être, que
l'intransigeance, la haine, la férocité soient nos armes. Puisqu'il ne réagit
pas, que le juste soit foulé aux pieds; opprimons la veuve et l'orphelin dont
la voix est faible". Moi, je dis : soyez pleins de douceur et de
mansuétude, pardonnez à vos ennemis, secourez les faibles; soyez justes dans
les ventes et les achats; soyez magnanimes même quand vous avez le droit de
votre côté. Ne profitez pas de votre puissance pour accabler ceux qui déjà
ont de la peine. Ne vous vengez pas. Laissez à Dieu le soin de votre
sauvegarde. Soyez modérés en toutes vos tendances, car la tempérance est la
preuve de la force morale, alors que la concupiscence est la preuve de la
faiblesse. Soyez des hommes et non pas des brutes, et ne craignez pas d'être
descendus trop bas et de ne pouvoir vous relever.
En vérité je vous le dis : une eau bourbeuse peut redevenir une eau pure
en s'évaporant au soleil, elle se purifie en se laissant chauffer et élever
vers le ciel pour retomber en une pluie pure et une rosée salutaire, pourvu
qu'elle sache se laisser frapper par le soleil, de la même façon les esprits
qui s'approcheront de la grande Lumière qu'est Dieu, et qui crieront vers
Lui : "J'ai péché, je suis fange mais j'aspire à Toi, Lumière"
deviendront des esprits qui montent purifiés vers leur Créateur.
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527> Enlevez à la mort son horreur
en faisant de votre vie une monnaie pour acquérir la Vie. Dépouillez-vous du
passé comme d'un vêtement souillé et revêtez-vous de la vertu.
Je suis la Parole de Dieu. et je vous dis en son Nom que celui qui aura foi
en Lui et bonne volonté, et qui aura le regret du passé et une droite
intention pour l'avenir, qu'il soit hébreu ou gentil, deviendra fils de Dieu
et possesseur du Royaume des Cieux. Je vous ai dit au commencement :
"Qui est le Messie ?" Je vous dis maintenant : c'est Moi
qui vous parle et mon Royaume est dans vos cœurs si vous l'accueillez, et
ensuite il sera au Ciel que je vous ouvrirai si vous savez persévérer dans ma
Doctrine. Le Messie c'est cela et rien de plus. C'est le Roi d'un royaume
spirituel dont, par son Sacrifice, il ouvrira les portes à tous les hommes de
bonne volonté"
Jésus a fini de parler et il va s'éloigner en prenant un petit escalier qui
va de la digue à la rive. Il veut peut-être rejoindre la barque de Pierre qui
tangue près d'un quai rudimentaire. Mais il se retourne tout à coup et
regardant dans la foule il crie : "Qui m'a appelé pour son esprit
et sa chair ?"
Personne ne répond.
Il répète la question et tourne ses yeux magnifiques sur la foule qui
l'entoure par derrière, non seulement sur la route, mais aussi en bas sur la
grève. Encore le silence.
Mathieu remarque : "Maître, qui sait combien, en ce moment, ont
soupiré vers Toi sous l'émotion de tes paroles..."
"Non Une âme a crié : "Pitié" et je l'ai entendue. Et
pour vous dire que c'est vrai, je lui réponds : "Qu'il te soit fait
selon ta demande car il est juste le mouvement de ton cœur"." Et
grand, magnifique, il tend impérieusement la main vers le rivage.
Il essaie encore d'aller vers le petit escalier, mais il trouve en face de
Lui Chouza,
descendu, on le comprend, de quelque barque, et qui le salue profondément.
"Je te cherche depuis plusieurs jours.
J'ai fait le tour du lac, toujours à ta poursuite, Maître. Il est urgent que
je te parle. Sois mon hôte. J'ai beaucoup d'amis avec moi."
"Hier, j'étais à Tibériade."
"On me l'a dit, mais je ne suis pas seul. Tu vois ces barques qui s'en
vont vers l'autre rive. Il y en a là plusieurs qui veulent te voir.
Parmi eux aussi, de tes disciples. Viens, je t'en prie, dans ma maison,
au-delà du Jourdain."
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528> "C'est inutile, Chouza. Je sais ce que tu veux me
dire."
"Viens, Seigneur."
"Des malades et des pécheurs m'attendent. Laisse-moi..."
"Nous aussi nous t'attendons, malades d'angoisse pour ton bien. Et il y
a aussi des gens qui souffrent dans leur chair, même..."
"Tu as entendu mes paroles ? Pourquoi donc insistes-tu ?"
"Seigneur, ne nous repousse pas, nous..."
Une femme s'est frayé un passage dans la
foule. Je suis maintenant suffisamment au courant des vêtements des hébreux
pour comprendre qu'elle ne l'est pas, et que ses vêtements ne sont pas ceux
d'une femme honnête. Mais pour voiler ses traits et ses grâces, peut-être
trop provocantes, elle a mis un long voile qui l'enveloppe toute entière,
bleu clair comme son ample vêtement et pourtant provocant à cause de sa forme
qui laisse découverts ses bras très beaux. Elle se jette à terre et rampe
dans la poussière jusqu'à ce qu'elle arrive à toucher le vêtement de Jésus
qu'elle prend entre ses doigts et dont elle baise la frange. Elle pleure et
éclate en sanglots.
Jésus, qui était sur le point de répondre à Chouza : "Vous êtes
dans l'erreur et...", abaisse les yeux et il dit : "Était-ce
toi qui m'appelais ?"
"Oui... et je ne suis pas digne de la grâce que tu m'as faite. Je
n'aurais pas dû même t'appeler avec mon esprit. Mais ta parole... Seigneur...
je suis une pécheresse. Si je découvrais mon visage, plusieurs te diraient
mon nom. Je suis... une courtisane... et une infanticide... et le vice
m'avait rendue malade... J'étais à Emmaüs, je t'ai donné un bijou... tu me
l'as rendu... et un de tes regards... m'est descendu dans le cœur... Je t'ai
suivi... Tu as parlé. J'ai en moi tes paroles : "Je suis fange,
mais j'aspire vers Toi, Lumière". J'ai dit : "Guéris mon âme
et après, si tu le veux, ma chair". Seigneur, ma chair est guérie... et
mon âme ?"
"Ton âme est guérie à cause de ton repentir. Va et ne pèche jamais plus.
Tes péchés te sont remis."
La femme baise de nouveau le bord du vêtement et elle se relève. En le
faisant, son voile glisse.
"La Galazia !
La Galazia !" crient plusieurs et ils l'injurient, prennent du
gravier et du sable et en jettent sur la femme qui se penche et reste
apeurée.
Jésus, le regard sévère, lève la main. Il impose le silence. "Pourquoi
l'insultez-vous ? Vous ne le faisiez pas quand elle était pécheresse.
Pourquoi maintenant qu'elle se rachète ?"
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529> "Elle le fait parce qu'elle est vieille et
malade" crient plusieurs avec mépris.
En réalité la femme, bien qu'elle ne soit plus très jeune, est encore bien
loin d'être vieillie et laide comme ils le disent. Mais la foule est ainsi.
"Passe devant Moi, et descend dans cette barque. Je t'accompagnerai à la
maison par une autre route" ordonne Jésus et il dit aux siens :
"Mettez-la au milieu de vous et accompagnez-la."
Mais la colère de la foule, excitée par quelque Israélite intransigeant, se
retourne tout entière contre Jésus et ils disent en criant :
"Anathème ! Faux Christ ! Protecteur des prostituées !
Qui les protège les approuve. Bien plus ! Il les approuve parce qu'il en
jouit" et d'autres phrases du même genre que les gens crient ou plutôt
aboient, elles viennent surtout d'un petit groupe d'énergumènes Israélites,
je ne sais pas de quelle caste, et tout en criant ils lancent des poignées de
sable humide qui atteignent le visage de Jésus avec violence.
Il lève son bras et essuie sa joue sans protester. Non seulement cela, mais
d'un geste il arrête Chouza et quelques autres qui voudraient réagir en sa
faveur, et il dit : "Laissez-les faire. Pour sauver une âme, je
souffrirais bien davantage ! Je pardonne !"
Zénon, celui d'Antioche, qui ne s'était jamais éloigné du Maître,
s'écrie : "Maintenant, vraiment, je sais qui tu es ! Un vrai
Dieu et non pas un faux rhéteur ! La grecque a dit la vérité ! Tes
paroles aux Thermes m'avaient déçu. Celles-ci m'ont conquis. Le miracle m'a
étonné. Ton pardon des offenses m'a conquis. Adieu, Seigneur ! Je
penserai à Toi et je réfléchirai à tes paroles."
"Adieu, homme. Que la Lumière éclaire ton cœur."
Chouza insiste de nouveau pendant qu'ils
vont vers le quai et que sur la digue se produit une bagarre entre romains et
grecs d'un côté et Israélites de l'autre.
"Viens, pour quelques heures seulement. C'est nécessaire. Je te
reconduirai moi-même. Tu es bienveillant pour les prostituées, et tu veux
être inexorable avec nous ?"
"C'est bien. Je viendrai. En fait, c'est nécessaire..." Il se
retourne vers les apôtres qui sont déjà dans les barques : "Allez
en avant, je vous rejoindrai..."
"Tu vas seul ?" demande Pierre peu content.
"Je suis avec Chouza..."
"Hum ! Et nous, on ne peut pas venir ? Pourquoi veut-il t'avoir avec ses amis ? Pourquoi n'est-il
pas venu à Capharnaüm ?"
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530> "Nous y sommes venus. Vous n'y étiez pas."
"Vous n'aviez qu'à nous attendre. Voilà tout !"
"Au contraire, nous sommes venus sur vos traces."
"Venez maintenant à Capharnaüm. Est-ce le Maître qui doit aller chez
vous ?"
"Simon a raison" disent les autres apôtres.
"Mais pourquoi ne voulez-vous pas qu'il vienne avec moi ? Est-ce
par hasard la première fois qu'il vient dans ma maison ? Est-ce que par
hasard vous ne me connaissez pas ?"
"Bien sûr que nous te connaissons. Mais nous ne connaissons pas les
autres, voilà."
"Et que craignez-vous ? Que je sois ami des ennemis du
Maître ?"
"Je ne sais rien, moi ! Je me souviens de la fin du prophète Jean,
moi !"
"Simon ! Tu m'offenses. Je suis un homme d'honneur. Je te jure
qu'avant qu'on enlève un cheveu au Maître, je me ferais transpercer. Tu dois
me croire ! Mon épée est à ton service..."
"Hé !... Qu'ils te transpercent, toi... À quoi cela
servirait-il ? Après... Oui, je le crois, je te crois... Mais toi une
fois mort, ce serait son tour. Je préfère ma rame à ton épée, ma pauvre
barque, et surtout nos simples cœurs à son service."
"Mais j'ai avec moi Manaën. As-tu confiance en Manaën ? Et le pharisien Éléazar, que tu connais, et le chef de synagogue Timon, et Nathanaël
ben Fada. Tu ne le connais pas
lui. Mais c'est un chef important, et il veut parler avec le Maître. Et il y
a Jean, surnommé l'Antipa d'Antipatride, favori d'Hérode le Grand, maintenant âgé et
puissant, propriétaire de toute la vallée de Gahas,
et..."
"Assez ! Assez ! Tu me dis des grands noms, mais qui ne me
disent rien, sauf deux... et moi, je vais venir aussi..."
"Non, c'est avec le Maître qu'ils veulent parler..."
"Ils veulent ! Et qui sont-ils ? Ils veulent ?! Et moi,
je ne veux pas. Embarque ici, Maître, et partons. Moi, je ne veux entendre
parler de personne, je ne me fie qu'à moi-même, moi. Allons, Maître. Et toi
va en paix dire à ces gens que nous ne sommes pas des vagabonds, qu'ils
savent où nous trouver" et il pousse Jésus avec peu d'égards, pendant
que Chouza proteste à haute voix.
Jésus décide définitivement : "Ne crains pas, Simon. Il ne
m'arrivera aucun mal. Je le sais, et il est bien que j'y aille. Cela est bon
pour Moi. Comprends-moi..." et il le fixe de ses yeux splendides comme
pour lui dire : "N'insiste pas, comprends-moi. Il y a des raisons
qui me conseillent d'y aller."
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531> Simon cède à contrecœur, mais il cède comme subjugué...
Cependant il murmure entre ses dents, mécontent.
"Pars tranquille, Simon. Moi-même je ramènerai mon Seigneur et le
tien" promet Chouza.
"Quand ?"
"Demain."
"Demain ?! Il faut tant de temps pour dire deux mots ? Nous
sommes entre tierce et sexte... Avant le soir, s'il n'est pas avec nous, nous
venons chez toi, ne l'oublie pas. Et pas nous seuls..." et il le dit sur
un ton qui ne laisse pas de doute sur ses intentions.
Jésus met la main sur l'épaule de Pierre. "Je te dis, Simon, qu'ils ne
me feront pas de mal. Montre que tu crois en ma vraie nature. C'est Moi qui
te le dis. Je sais. Ils ne me feront rien. Ils veulent seulement s'expliquer
avec Moi... Va... Conduis la femme à Tibériade, arrête-toi aussi chez Jeanne.
Tu pourras voir qu'ils ne m'enlèvent pas avec des barques et des
soldats..."
"Bon, mais sa maison, (et il montre Chouza) je la connais. Je sais qu'en
arrière, il y a la terre, ce n'est pas une île. En arrière il y a Galgala et
Gamala, Aëra, Arbela, Gerasa, Bozra,
et Pella et Ramot et combien d'autres
villes !..."
"Mais, ne crains pas, te dis-je ! Obéis. Donne-moi un baiser,
Simon. Va ! Et à vous aussi" il les embrasse et les bénit. Quand il
voit la barque s'éloigner, il leur crie : "Ce n'est pas mon heure.
Et tant que ce n'est pas mon heure, rien ni personne ne pourra lever la main
sur Moi. Adieu, amis."
Il se tourne vers Jeanne qui paraît visiblement troublée et pensive, et il
lui dit : "Ne crains pas. Il est bien que cela arrive. Va en
paix." Et à Chouza : "Allons. Pour te montrer que je n'ai pas
peur, et pour te guérir..."
"Je ne suis pas malade, Seigneur..."
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