"L'Évangile tel
qu'il m'a été révélé" |
aucun accent |
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Vendredi 21
septembre 29 (24 Tisri)
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Accueil empressé et chaleureux du vieillard 230 -
Margziam remplacera le petit d'Ananias 232 -
Ils ont cherché Jésus et Jean d'Endor 232 -
Pourquoi l'homme est-il si méchant ? 233 -
Parler de mort, de haine et de trahison énerve Judas 233 -
Discours (Mon sang se changera en lumière) 233 -
Réaction vive de Judas 234 -
La parole du Seigneur fait ici son chemin 234 |
Accueil >> Plan du site >> Sommaire du Tome 7 7. 192. |
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230> Pour n'être pas vus par les gens, ils entrent dans le village
où se trouve la maisonnette de Salomon en remontant la berge du fleuve. Précaution,
dirais-je inutile, parce que tombe la précoce soirée de novembre ou de fin d'octobre
et les gens sont déjà dans les maisons. Le chemin est vide, absolument vide,
et s'il n'y avait pas quelques bêlements, on dirait un lieu désert. Ils secouent le
portillon. Il est fermé, bien fermé sur le petit jardin que dans la pénombre on
voit en bon ordre. "Appelez ! Il
est dans la cuisine. Un filet de lumière passe à travers les volets" dit
Jésus. 231> Thomas, de sa voix
puissante, se charge d'appeler le vieillard, qui tout de suite
ouvre la porte en regardant du côté de la route. Il distingue mal, à cause du
peu de lumière qu'il y a à l'extérieur, lui qui vient de la cuisine où le feu
éclaire et où une lampe est allumée. Mais quand Jésus dit
: "C'est nous", le vieil homme reconnaît tout de suite la voix et
il crie: "Le Maître !" et il descend le rustique perron pour courir
ouvrir. "Mon Seigneur !
Entre, entre dans ta maison et que béni soit le jour qui se termine par ta
venue !" dit-il en travaillant autour de la fermeture du portail et il
explique : "Je suis seul et je ferme soigneusement... Les voleurs sont
capables de tout. Il y en a qui font des dégâts ici ou là, en descendant dans
la vallée des monts de Galaad. Ce n'est pas que je craigne pour ma vie, mais
j'avais fait des préparatifs pour Toi et... Voilà, Maître, viens. La soirée
est humide et tes cheveux sont trempés de rosée..." "Et tu es plus
empressé que l'épouse du Cantique, père. Cela ne te pèse pas de te déranger
pour accueillir le Pèlerin" dit Jésus en souriant. "Me déranger ?
Comme il était long le temps ! Un jour après l'autre, un après l'autre.
J'avais semé vos graines et je voyais les légumes pousser. Je disais :
"S'il venait, certainement cela Lui plairait". Mais ils sont
arrivés à maturation et tu n'es pas venu... Et je voyais les fruits qui se
coloraient sur les arbres et j'en mangeais à regret puisque tu n'en mangeais
pas. Cette brebis m'a donné un agneau, tout blanc. Je l'ai gardé longtemps
pour le manger avec Toi. J'espérais te voir avant les Tabernacles. Puis... Un
agneau tout entier pour moi... C'était trop ! Je l'ai échangé contre une
petite brebis, et ils ont été bons avec moi, ne voulant pas la différence.
Mais des fruits et des fromages, j'en ai gardés le plus que j'ai pu pour Toi,
et du poisson sec et des légumes et j'ai encore quelques melons. Et un peu de
vin... moi, je n'en bois pas, mais je l'ai préparé pour Toi, pour
l'hiver." Il parle tout en
essuyant la table, il y pose la vaisselle, et attise le feu, ajoute de l'eau
dans le chaudron et il s'affaire, tout heureux. On ne dirait plus le pauvre
vieux d'il y a quelques mois [1]. Il sort, revient avec
du lait, s'excuse : "Il y en a peu car il n'y a qu'une brebis qui donne
du lait, mais bientôt il y en aura deux. Pour Toi, pourtant, cela
suffit." Il est paternel, à la
fois dévoué et paternel. Il a pris les manteaux humides, les sandales
boueuses et il les a portés ailleurs. Il est revenu avec des pommes et des
grenades et du raisin, et quelques figues à moitié sèches, et il explique:
"Je les ai séchées ainsi pour te les faire goûter.
232> Je pensais... je pensais que mon Ananias les aimait tant,
préparées de cette façon !..." La voix, d'abord sereine, s'abaisse en un
ton de tristesse pendant qu'il dit ces paroles, et il dit pour finir :
"et... et je pensais qu'elles te feraient plaisir et il me semblait, en
les préparant... les préparer encore pour le fils de mon fils." Il
secoue la tête, s'efforce de sourire avec dans ses yeux des larmes qui
brillent. Jésus, qui s'était
assis à table, se lève et il passe un bras au cou du petit vieux en
l'attirant à Lui : "Elles me plaisent beaucoup. C'est une chose qui me
rappelle mon enfance... et mon père. Mais il ne fallait pas te priver de tant
de choses pour Moi. Elles font du bien aux vieillards. Tu dois être sain et
fort pour m'accueillir ainsi toujours. C'est si doux de trouver une maison
ainsi, avec un père qui nous attend. N'est-ce pas mes amis ?" "Bien sûr que
c'est vrai ! Et c'est si beau qu'on paresse sans aider Ananias"
dit Pierre qui se lève en
disant : "Eh bien, allons préparer nos lits pendant que Jésus parle avec
l'homme." "Oh ! c'est
inutile, ils sont toujours prêts et tout est propre... Seulement... il n'y en
a pas assez. Vous êtes plus de douze. Mais moi, j'irai sur le foin
et..." "Cela non, père.
Je vais y aller moi, alors" dit Jean. "Non, moi"
disent André et les autres. "Non, ce n'est
pas nécessaire. Moi je dors ici, sur cette table. Elle n'est certainement pas
plus dure que le fond de ma barque, et Margziam..." dit Pierre. "Il dort avec
Moi..." interrompt Jésus. "Ou avec moi, si
tu veux... comme le faisait le petit Ananias"
dit le vieillard, et son œil est une imploration. "Oui, Maître.
Toi, tu m'as encore. Lui... Je vais avec lui" dit Margziam. Jésus le caresse,
comprenant son geste. "Ils sont venus
plusieurs fois te chercher après la Pentecôte. Puis ils ne sont plus
venus" dit ensuite le petit vieux. "Qui le
cherchait ?" "Des pharisiens,
hein ! Et d'autres comme eux. Ils voulaient t'interroger. Mais moi, j'ai dit
: "Allez à son village. Il n'est pas ici, et je ne sais pas quand il
viendra..." C'était vrai, et ils se sont lassés de venir. Et ils
cherchaient un autre, un certain Jean, qu'ils disaient être avec Toi et que
peut-être ils pensaient caché ici. J'ai dit : "Mais c'est son apôtre, et
il est avec Lui". Ils ont dit : "Il est peut-être borgne son apôtre
? Vieux, malade, mourant ?" 233> J'ai compris que ce n'était pas toi, et j'ai répondu : "Je ne connais que
l'apôtre Jean, un jeune homme bon presque un enfant et qui est sain de cœur
et de chair". Ils m'ont menacé. Mais que pouvais-je dire d'autre ? C'est
la vérité..." "Oui, c'est la
vérité. Et sois toujours véridique, même si tu devais me nuire, ne mens
jamais, père." "Seigneur, mes
cheveux ont blanchi en cherchant toujours à obéir au Seigneur. Et parmi les
obéissances, il y a aussi celle de ne pas dire des choses fausses. Mais...
pourquoi te cherchent-ils ainsi, Seigneur ? Moi, j'étais aveugle. À
Jérusalem, je n'y allais donc pas. J'y suis retourné maintenant... Rien que
pour le rite, car je voulais être ici à t'attendre... Et j'ai senti haine et
amour autour de Toi... Et j'ai jugé qu'il y a plus de haine que d'amour chez
les chefs du peuple. J'étais au Temple, ce matin où ils voulaient
t'offenser... et je m'en suis enfui, désolé, pour t'attendre et pleurer ici.
Pourquoi l'homme est-il si méchant ?" "Parce qu'il a
tué son esprit. Et avec son esprit, la capacité de sentir le remords d'être
injuste." "C'est vrai !...
Et ils te cherchent pour te faire du mal ?" "Oui." "Oui !! Israël
veut nuire à son Roi ? Horreur ! Israël se condamne aux châtiments
prophétiques !... Oh ! je suis content, maintenant, que mon fils soit mort...
et je voudrais mourir moi aussi pour ne pas voir le péché d'Israël..." Il se fait un grand
silence. On entend seulement le crépitement du bois dans le foyer. "Mais parlons
d'autre chose ! On ne parle que de mort ! de haine ! de trahison ! Assez !
Assez ! Je ne puis en entendre parler !" dit l'Iscariote et il est
bouleversé, les yeux torves, agité, et il s'agite dans la cuisine, avec les
jambes, les bras, tout lui-même. "Judas a
raison" disent plusieurs. "Mais ne pas
vouloir entendre ne sert à rien. Ce qu'il faut, c'est ne pas consentir"
dit Jésus avec son geste résigné d'ouvrir les mains, les paumes tournées vers
le haut, au-dessus de la table rustique. "Que veux-tu dire
? Consentir ? Qui consent à cela ?" Judas agite ses mains, presque sur
le visage de Jésus, en se penchant, comme s'il se jetait sur la table pour
atteindre le Maître.
Jésus, qui s'était
levé, quand il disait "en vérité" et avait fait peur, tant il était
imposant dans la basse cuisine, aux murs sombres, auréolé par les flammes du
foyer, s'assoit et se tait. Tous se regardent
entre eux. Tous, sauf Judas que la vue du bois qui flambe semble
hypnotiser... Il est hypnotisé et épouvanté. Une épouvante qui lui donne un
masque atroce, d'une pâleur verdâtre et livide sur lequel le feu de bois met
des traces rougeâtres. Il me rappelle son visage épouvantable du Vendredi
Saint. Puis il se tourne brusquement et il crie : "Mais tais-toi !
Tais-toi ! Pourquoi nous tourmentes-tu ?!" et il sort en claquant la
porte... "A sa façon,
c'est vrai, mais il t'aime beaucoup... et il souffre d'entendre certaines
paroles, dit Thomas, et il termine : Elles nous font si mal à nous aussi !
Mais nous, nous sommes moins... étranges, oui, disons : étranges..." Personne d'autre ne
parle. Jésus Lui-même se tait... "Les légumes
sont cuits, le lait est chaud..." dit doucement le petit vieux resté
intimidé, et il n'ose dire ces paroles banales après un tel incident... "Appelez Judas
et soupons" commande Jésus. 235> Jean sort pour
appeler son compagnon. Ils rentrent... Judas a le visage tourmenté, mais
c'est un tourment sans paix... Il s'assoit cependant à table et se lève avec
les autres quand Jésus offre et bénit, et il le regarde par en dessous quand
Jésus fait les parts en gardant pour Lui la dernière. Tout le monde voudrait
dissiper la tristesse qui règne dans la pièce. Personne n'y parvient jusqu'à
ce que Jésus Lui-même s'adresse au vieillard pour lui demander si le petit
village et les alentours ont accueilli la parole du Seigneur. |
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"Oui, oui,
Maître. Et très, très bien. Je dirais mieux que sur l'autre rive. Tu sais...
il est très vif ici le souvenir du Baptiste, et ses disciples qui maintenant
sont les tiens, le gardent éveillé et te mettent en lumière au moyen de ses
paroles. Et puis... ici... En Pérée et en Décapole, il y a peu de pharisiens,
et alors..." |
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