Vision
du jeudi 23 août 1945
239> Ce n'est pas encore
tout à fait l'aurore. Jésus est debout au milieu du verger dévasté de Doras. Des lignes d'arbres
morts Ou
mourants dont beaucoup ont été déjà abattus et arrachés. Autour de Lui, les
paysans de Doras et de
Giocana et
les apôtres, en partie debout, en partie assis sur des troncs renversés.
Jésus commence à parler : "Une nouvelle journée et un nouveau
départ. Et ce n'est pas Moi seul qui pars, mais vous aussi vous partez,
moralement sinon matériellement, en passant sous un autre maître. Vous serez
donc unis à d'autres paysans bons et pieux et vous formerez une seule famille
où vous pourrez parler de Dieu et de son Verbe sans user de subterfuges pour
le faire. Soutenez-vous les uns les autres dans la foi. Aidez-vous
réciproquement. Soyez indulgents pour les défauts des autres. Soyez les uns
les autres une cause d'édification. C'est cela l'amour. Et, bien que de façons
différentes, vous avez entendu hier soir des apôtres que le salut est dans
l'amour. Simon Pierre, par sa parole simple et
bonne, vous a fait remarquer comment l'amour change la lourde nature en une
nature surnaturelle, comment un individu qui sans l'amour peut devenir
corrompu et corrupteur, comme un animal abattu qu'on n'a pas cuit, ou du
moins être inutile comme le bois qui pourrit dans l'eau sans être bon pour
faire du feu, comment l'amour peut faire de cet individu un homme qui vit
déjà dans l'atmosphère de Dieu et par conséquent un être qui échappe à la
corruption et devient utile à son prochain.
Parce que croyez-le, fils, la grande force
de l'Univers c'est l'amour. Je ne me lasserai jamais de le dire. Tous les
malheurs de la terre viennent du manque d'amour, en commençant par la mort et
par les maladies qui sont nées du refus d'amour d'Adam et Ève au Seigneur
Très Haut.
Car l'amour est obéissance. Celui qui
n'obéit pas est un révolté. Celui qui est un révolté n'aime pas celui contre
lequel il se révolte. Mais aussi les autres malheurs généraux ou
particuliers, comme les guerres ou les ruines dans une ou deux familles dans
leurs rivalités, d'où viennent-ils ? De l'égoïsme qui est manque
d'amour. Et avec les ruines des familles viennent aussi les ruines
matérielles par un châtiment de Dieu, car Dieu, tôt ou tard, frappe toujours
celui qui vit sans amour.
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240> Je sais qu'ici circule la légende - et que à cause d'elle je suis
haï par certains, regardé avec crainte par d'autres, ou cité comme un nouveau
châtiment, ou supporté par peur d'une punition - je sais qu'ici circule la
légende que c'est mon regard qui a apporté la malédiction sur ces champs. Ce
n'est pas mon regard, mais la punition de l'égoïsme d'un homme injuste et
cruel. Si mon regard devait brûler les terres de tous ceux qui me haïssent,
en vérité combien peu de verdure il resterait en Palestine !
Je ne me venge jamais des offenses qui me sont faites à Moi-même, mais je
remets au Père ceux qui avec entêtement restent dans leur péché d'égoïsme à
l'égard du prochain et se moquent de manière sacrilège du commandement, et
qui plus ils entendent de paroles qui cherchent à les persuader et des
paroles capables de les gagner à l'amour, plus ils deviennent cruels. Je suis
toujours prêt à lever la main pour dire à celui qui se repent : "Je
t'absous. Va en paix". Mais je n'offense pas l'Amour en consentant à des
duretés qui ne veulent pas changer. Cela, ayez-le toujours présent à votre
esprit pour voir les choses dans une lumière conforme à la justice et pour
démentir les légendes qui, causées par la vénération ou par une crainte
coléreuse, sont toujours différentes de la vérité. Vous passez sous un autre maître, mais vous ne
quittez pas ces terres dans l'état où elles sont, il semble que ce soit une
folie de s'en occuper. Et pourtant je vous dis : faites en elles votre
devoir. Vous l'avez fait jusqu'à présent par peur de punitions inhumaines.
Faites-le encore maintenant, tout en sachant que vous ne serez pas traités
comme vous l'avez été. Et même je vous dis : plus on vous traitera avec
humanité, et plus il vous faut travailler avec un joyeux zèle pour rendre,
par le travail, humanité à qui vous donne humanité. Les maîtres, il est vrai,
ont le devoir d'être humains envers ceux qui sont
sous leur dépendance - se souvenant que nous venons tous d'une même souche et
qu'en vérité tous les hommes naissent nus de la même manière et deviennent
après la mort de la pourriture de la même manière, aussi bien les pauvres que
les riches, et que les richesses ne viennent pas du travail de ceux qui les
possèdent mais de ceux qui les ont accumulés, honnêtement ou malhonnêtement,
et qu'il ne faut pas s'en glorifier et opprimer à cause d'elles, mais en
faire une chose bonne, même pour les autres en s'en servant avec amour,
discrétion et justice pour être regardés sans sévérité par le vrai Maître qui
est Dieu, car on n'achète pas Dieu et on ne Le séduit pas avec des joyaux et
des talents d'or, mais on se Le fait ami grâce à nos bonnes actions - car si
cela est vrai, il est vrai d'autre part que les serviteurs ont le devoir
d'être bons avec leurs maîtres.
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241> Faites avec simplicité et bonne volonté la volonté de
Dieu qui vous veut dans cette humble condition. Vous connaissez la parabole
du mauvais riche. Vous voyez qu'au Ciel ce n'est pas l'or, mais la vertu qui
est récompensée. Les vertus et la soumission à la volonté de Dieu rendent Dieu
ami de l'homme. Je sais qu'il est très difficile d'être capable de voir Dieu
à travers les œuvres des hommes. Dans la prospérité c'est facile. Dans une
situation mauvaise c'est difficile parce qu'elle peut amener l'esprit à
penser que Dieu n'est pas bon. Mais vous, triomphez du mal qui vous est fait
par l'homme tenté par Satan et, au-delà de cette barrière qui vous coûte des
larmes, voyez la vérité de la douleur et sa beauté. La douleur vient du Mal.
Mais Dieu ne pouvant l'abolir, car cette force existe et c'est un essai de
l'or spirituel des fils de Dieu, le contraint à extraire de son venin le suc
d'un remède qui donne la vie éternelle. Car la douleur, par son mordant,
provoque chez les bons des réactions telles qu'elles les spiritualisent
toujours davantage en faisant d'eux des saints.
Vous, donc, soyez bons, respectueux, soumis. Ne jugez pas les maîtres. Ils
ont déjà leur Juge. Je voudrais que celui qui vous commande devienne un juste
pour vous rendre la route plus facile et pour lui donner la vie éternelle.
Mais rappelez-vous que plus le devoir est pénible à accomplir, et plus grand
est le mérite aux yeux de Dieu. Ne cherchez pas à tromper le maître. L'argent
et les denrées prises frauduleusement, ni n'enrichissent ni ne rassasient.
Gardez purs vos mains, vos lèvres et vos cœurs. Et alors vous ferez vos
sabbats, vos fêtes de précepte avec grâce aux yeux de Dieu, même si l'on vous
tient attachés à la glèbe.
En vérité, votre fatigue aura plus de valeur que la prière hypocrite de ceux
qui vont accomplir le précepte pour avoir les louanges du monde, en
contrevenant en réalité au précepte par leur désobéissance à la Loi qui dit
d'obéir pour soi-même et pour ceux qui sont de la maison au précepte du
sabbat et des solennités d'Israël. Car la prière n'est pas dans l'acte mais
dans le sentiment. Et si votre cœur aime Dieu saintement, et toutes
circonstances, il accomplira les rites du sabbat et des fêtes mieux que les
autres qui vous empêchent d'y participer.
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242> Je vous bénis et je vous quitte parce que le soleil se
lève et que je veux arriver aux collines avant que la chaleur ne soit trop
forte. Nous nous reverrons bientôt car l'automne n'est plus très loin. La
paix soit avec vous tous, nouveaux et anciens serviteurs de Giocana et qu'elle vous rende le cœur tranquille."
Et Jésus s'éloigne en passant au milieu des paysans et en les bénissant un
par un.
Derrière un grand pommier sec, il y a un homme à moitié caché. Mais quand
Jésus va passer, en feignant de ne pas le voir, lui surgit et dit :
"Je suis l'intendant
de Giocana. Il m'a dit : "Si le Rabbi
d'Israël vient, laisse-le s'arrêter sur mes terres et laisse-le parler aux
serviteurs. J'en tirerai un meilleur travail, car Lui n'enseigne que de
bonnes choses". Et hier, en me faisant connaître qu'à partir
d'aujourd'hui eux (et il indique ceux de Doras) sont avec moi, et ces terres
appartiennent à Giocana, il m'a écrit :
"Si le Rabbi vient, écoute ce qu'il dit et agis en conséquence. Qu'il ne
nous arrive pas malheur. Couvre-le d'honneurs, mais
vois s'il va révoquer la malédiction des terres", Car sache que Giocana s'est fait un point d'honneur de les acheter.
Mais je crois qu'il l'a déjà regretté. Ce sera bien si nous en faisons des
pâturages..."
"Tu m'as entendu parler ?"
"Oui, Maître."
"Alors vous saurez comment vous comporter, toi et ton maître, pour avoir
les bénédictions de Dieu. Rapporte cela à ton maître et, pour ton compte,
modère aussi ses ordres, toi qui vois pratiquement ce qu'est la fatigue de l'homme
des champs et qui es bien vu du maître. Il vaut mieux pourtant perdre sa
bienveillance et ta place que de perdre ton âme. Adieu."
"Mais je dois te faire honneur."
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