"L'Évangile
tel qu'il m'a été révélé" |
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mardi 7 novembre 28
- Dialogue de Jésus avec Pierre - Je suis dur pour te rendre dur
522 - Il lui confie son plan d'action
523 - Mission donnée à Thomas et à
Judas 525 - Marie-Magdeleine
a vendu les bijoux 526 - Elle n'aime pas la compagnie de
Judas 527 |
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Sommaire
du Tome. Ancienne édition : Tome 4, chapitre 168. 302 En cours de mise à jour. |
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522> De l'eau, de l'eau, de l'eau... Les
apôtres, peu satisfaits de cette marche sous la pluie, insinuent à Jésus
qu'il vaudrait mieux s'abriter à Nazareth qui n'est pas loin... et Pierre
dit : "Puis on pourrait en partir avec l'enfant..." Le
"non" de Jésus est tellement tranchant que personne n'ose insister.
Jésus va en avant tout seul... Les autres derrière, en deux groupes,
renfrognés. 523> Puis Pierre ne peut y résister et
va près de Jésus. "Maître, tu me veux ?" demande-t-il un peu
mortifié. "Tu
m'es toujours cher, Simon. Viens." Pierre
se rassérène. Il trottine aux côtés de Jésus qui, avec ses longs pas, fait
aisément beaucoup de chemin. Après un moment, il dit : "Maître...
ce serait beau d'avoir l'enfant pour la fête..." Jésus
ne répond pas. "Maître,
pourquoi ne me fais-tu pas plaisir ?" "Simon,
tu cours le risque que je t'enlève l'enfant." "Non !
Seigneur ! Pourquoi ?" Pierre est épouvanté par la menace et
désolé. "Parce
que je ne veux pas que tu sois retenu par aucune chose. Je te l'ai dit quand
je t'ai accordé Margziam. Toi, au contraire, tu t'enlise dans cette
affection." "Ce
n'est pas un péché d'aimer, et d'aimer Margziam. Tu l'aimes, Toi,
aussi…"
La
voix de Pierre est devenue rauque par les larmes quand il répond :
"Non, Seigneur. Je me rappelle tout, et je ne suis pas lassé. Mais j'ai
l'impression que c'est le contraire... Que c'est Toi qui es lassé de moi, du
pauvre Simon qui a tout quitté pour te suivre..." "Qui
a tout trouvé en me suivant, veux-tu dire." "Non...
Oui... Maître... Je suis un pauvre homme, moi..." "Je
le sais. C'est précisément pour cela que je te travaille. C'est pour faire
d'un pauvre homme un homme, et de celui-ci un saint, mon Apôtre, ma Pierre.
Je suis dur pour te rendre dur. Je ne veux pas que tu sois mou comme cette
boue. Je veux que tu sois un bloc taillé, parfait : la Pierre de base.
Ne comprends-tu pas que cela c'est de l'amour ? Tu ne te souviens pas du
Sage ? Lui dit que celui qui aime est sévère. Mais comprends-moi ! Comprends-moi, toi, au moins ! Ne vois-tu pas comme
je suis accablé, désolé par tant d'incompréhensions, par trop de feintes, par
de nombreux manques d'amour et par des déceptions encore plus
nombreuses ?" "Tu
es... tu es ainsi, Maître ? Oh ! Miséricorde divine ! Et moi,
je ne m'en apercevais pas ! La grande bête que je suis !... Mais
depuis quand ? Mais par qui ? Dis-le moi..." 524> "Inutile. Tu
n'y pourrais rien faire. Je n'y puis rien Moi non plus…" "Je
ne pourrais réellement rien faire pour te soulager ?" "Je
te l’ai dit: comprendre que ma sévérité est de l'amour. Voir dans toute ma
conduite à ton égard l'amour." "Oui,
oui. Je ne parle plus, mon Maître bien cher ! Je ne parle plus. Et Toi,
pardonne à cette grande bête que je suis. Donne-moi la preuve que tu me
pardonnes..." "La
preuve ! Vraiment ma parole devrait te suffire, mais je te la donne.
Écoute : je ne puis aller à Nazareth, car à Nazareth il y a Jean d'Endor
et Sintica, en plus de Margziam. Et cela ne doit pas être connu." "Même
de nous ? Pourquoi ?… Ah !… Maître ?! Maître ?! tu
te méfies de quelqu’un de nous ?" "La
prudence enseigne que quand une chose doit être tenue secrète, c'est déjà
trop que deux en soient au courant. On peut faire du mal même avec une parole
qui échappe. Et ce n'est pas tous, ni toujours, que vous êtes
réfléchis." "Vraiment...
je ne le suis pas moi non plus. Mais quand je veux, je sais garder le
silence. Et maintenant, je me tairai. Oh ! oui, je me tairai. Je ne
serais plus Simon de Jonas si je ne sais pas me taire. Merci, Maître, de ton
estime. C'est une grande preuve d'amour... Alors maintenant on va à
Tarichée ?" "Oui.
De là, avec les barques, à Magdala. Je dois retirer l'or des joyaux." [2] "Tu
vois si je sais me taire. Je n'ai jamais rien dit à Judas, tu
sais ?" Jésus
ne commente pas l'interruption. Il poursuit : "Une fois que j'aurai
l'or, je vous mets tous en liberté jusqu'au lendemain des Encénies. Si je
veux quelqu’un de vous, je l'appellerai à Nazareth. Les juifs, sauf Simon le
Zélote, accompagneront les sœurs de Lazare et leurs servantes, et en plus
Élise de Béthsur, à la maison de Béthanie. Puis ils
iront dans leurs foyers pour les Encénies. Il me suffira qu'ils soient de
retour pour la fin de Scebat [3]
quand nous reprendrons les voyages. Cela, tu es seul à le savoir, n'est-ce
pas, Simon Pierre ?" "Moi
seul le sais. Mais... tu devras pourtant le dire..." "Je
le dirai au moment voulu. Maintenant, va vers tes compagnons et sois assuré
de mon amour." Pierre
obéit, content, et Jésus s'enfonce de nouveau dans ses pensées. 525> Les vagues se brisent sur la petite
plage de Magdala quand les deux barques y abordent à la fin d'un après-midi
de novembre. Ce ne sont pas de fortes vagues, mais elles sont toujours
désagréables pour ceux qui débarquent, car les vêtements se mouillent. Mais
la perspective de se trouver bientôt dans la maison de Marie de Magdala fait
supporter sans murmurer le bain indésirable. "Mettez
à l'abri les barques et rejoignez-nous" dit Jésus aux mousses. Et il se
met tout de suite en chemin le long de la côte, car ils ont débarqué dans une
petite cale en dehors de la ville, là où se trouvent d'autres barques de
pêcheurs de Magdala. "Judas
de Simon et Thomas, venez ici, avec Moi" appelle Jésus. Les deux
accourent. "J'ai
décidé de vous confier une charge de confiance qui sera aussi une joie. La
charge sera d'accompagner les sœurs de Lazare à Béthanie et, avec elles,
Élise. Je vous estime assez pour vous confier les disciples. En même temps,
vous porterez une lettre de Moi à Lazare. Puis, après vous être acquittés de
cette charge, vous irez chez vous pour les Encénies... Ne m'interromps pas,
Judas. Nous ferons tous les Encénies dans nos maisons, cette année.
C'est un hiver trop pluvieux pour pouvoir voyager. Vous voyez aussi que les
malades se font rares. Nous en profiterons donc pour nous reposer et faire
plaisir à nos familles. Je vous attends à Capharnaüm pour la fin de Scebat." "Mais
Toi, tu restes à Capharnaüm ?" demande Thomas. "Je
ne suis pas encore sûr où je resterai. Ici ou là, pour Moi, c'est égal. Il
suffit que ma Mère soit proche." "Je
préférerais faire les Encénies avec Toi" dit l'Iscariote. "Je
le crois. Mais obéis, si tu veux me faire plaisir. D'autant plus que votre
obéissance vous donnera la possibilité d'aider les disciples revenus
s'éparpiller un peu partout. Il faut bien que vous m'aidiez en cela !
Dans les familles, ce sont les aînés qui aident les parents à former les fils
plus jeunes. Vous êtes les frères aînés des disciples qui sont vos cadets, et
vous devez être heureux que je me fie à vous. Cela prouve que je suis content
de votre récent travail." Thomas
dit simplement : "Tu es trop bon, Maître. Mais quant à moi, je
chercherai à faire encore mieux maintenant. Il me déplaît pourtant de te
quitter... Mais cela passera vite... Et mon vieux père sera content de
m'avoir pour la fête... et aussi mes sœurs... Et ma jumelle !... Elle
doit avoir eu, ou est sur le point d'avoir, un enfant... Mon premier neveu...
Si c'est un garçon et s'il naît pendant que je serai là, quel nom lui
donner ?" 526> "Joseph." "Et
si c'est une fille ?" "Marie.
Il n'y a pas de noms plus doux." Mais
Judas, fier de la charge, déjà se pavane et fait projets sur projets... Il a absolument
oublié qu'il s'éloignait de Jésus et que peu de temps avant, vers les
Tabernacles, si je m'en souviens bien, il avait renâclé comme un poulain
sauvage, à l'ordre de Jésus de se séparer de Lui pendant quelque temps et
perd aussi absolument de vue le soupçon, qu'il avait eu alors, que c'était un
désir de Jésus de l'éloigner. Il oublie tout... et il est heureux d'être
considéré comme quelqu'un à qui on puisse confier des charges délicates. Il
promet : "Je t'apporterai beaucoup d'argent pour les pauvres"
et il sort sa bourse et dit : "Voilà, prends. C'est tout ce que
nous avons. Je n'ai rien d'autre. Donne-moi le viatique pour notre voyage de
Béthanie à la maison." "Mais,
nous ne partons pas ce soir" objecte Thomas. "Peu
importe. Il n'est plus besoin d'argent dans la maison de Marie et donc...
Bienheureux de ne plus avoir à en manier... A mon retour, j'apporterai à ta
Mère des graines de fleurs. Je me les ferai donner par ma mère. Je veux
apporter aussi un cadeau à Margziam..." Il est exalté. Jésus
le regarde... Ils sont maintenant à la maison de Marie de Magdala. Ils se
font reconnaître et ils entrent tous. Les femmes accourent joyeuses à la
rencontre du Maître, venu s'abriter à leur foyer... Et
c'est après le souper, quand les apôtres fatigués se sont retirés que Jésus,
assis au milieu d'une salle dans le cercle des femmes disciples, leur fait
part de son désir qu'elles partent au plus tôt. Aucune d'elles ne proteste,
au contraire des apôtres. Elles inclinent la tête pour marquer leur assentiment,
et puis elles sortent pour préparer leurs bagages. Mais Jésus rappelle Marie-Magdeleine qui est déjà sur le seuil. "Eh
bien, Marie, pourquoi m'as-tu dit tout bas à mon arrivée : "Je dois
te parler en secret" ?" "Maître,
j'ai vendu les pierres précieuses. A Tibériade. C'est Marcelle qui les a
vendues avec l'aide d'Isaac. J'ai la somme dans ma chambre. J'ai voulu que
Judas n'en vît rien…" et elle rougit vivement. Jésus
la regarde fixement, mais ne dit pas un mot. Marie-Magdeleine
sort pour revenir avec une lourde bourse qu'elle donne à Jésus :
"Voici" dit-elle. "Elles ont été bien payées." 527> "Merci,
Marie." "Merci,
Rabboni, de m'avoir demandé ce service. As-tu autre chose à me
demander ? ..." "Non,
Marie. Et toi, as-tu autre chose à me dire ?" "Non,
Seigneur. Bénis-moi, mon Maître." "Oui.
Je te bénis... Marie... Es-tu contente de retourner vers Lazare ? Pense
que je ne suis plus en Palestine. Tu retournerais volontiers à la maison,
alors ?" "Oui,
Seigneur. Mais..." "Achève,
Marie. N'aie pas peur de me dire ta pensée." "Mais
j'y serais retournée plus volontiers si à la place de Judas de Kériot il y
avait Simon le Zélote, grand ami de notre famille." "J'en
ai besoin pour une mission importante." "Tes
frères, alors, ou bien Jean au cœur de colombe. Tous, voilà, sauf lui...
Seigneur, ne me regarde pas sévèrement... Qui a goûté à la luxure en sent le
voisinage... Je ne la crains pas. Je sais mettre en place quelqu'un qui est
bien plus que Judas. Et c'est ma terreur de n'être pas pardonnée, et c'est
mon moi, et c'est Satan qui certainement me tourne autour, et c'est le
monde... Mais si Marie de Théophile n'a peur de personne, Marie de Jésus a le
dégoût du vice qui l'avait subjuguée, et la... Seigneur... L'homme qui se
livre aux sens me dégoûte..." "Tu
n'es pas seule dans le voyage, Marie. Et avec toi, je suis certain que lui ne
reviendra pas en arrière... Rappelle-toi que je dois faire partir Sintica et
Jean pour Antioche, et qu'il ne faut pas que la chose soit connue par un
imprudent..." "C'est
vrai. Alors, j'irai... Maître, quand nous reverrons-nous ?" "Je
ne sais pas, Marie. Peut-être seulement à Pâque. Va en paix, maintenant. Je
te bénis ce soir et chaque soir et avec toi, ta sœur et le bon Lazare." Marie
se penche pour baiser les pieds de Jésus et sort, laissant Jésus seul, dans
la pièce silencieuse. |
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