Le vendredi 10 novembre 1944.
(édition de 1985)
431> 65.1 – La vision reprend
sur ces paroles de Jésus
:
"Quand, au printemps tout est en fleurs, l'homme des champs dit,
content : "il y aura beaucoup de fruits". Cet espoir met son
cœur dans la jubilation. Mais, du printemps à l'automne, du mois des fleurs à
celui des fruits, que de jours, que de vent, que de pluie et de soleil et de
bourrasques doivent passer. Et puis, la guerre, ou la cruauté des puissants,
les maladies des plantes, et puis les maladies de l'homme des champs. Alors
les plantes ne sont plus déchaussées ou buttées, arrosées, tuteurées, sarclées.
Les arbres qui promettaient beaucoup de fruits se rabougrissent et meurent
tout à fait ou perdent leur récolte !
Vous me
suivez. Vous m'aimez. Vous, comme les
plantes au printemps, vous vous parez de bonnes intentions, d'affectueux
sentiments. Vraiment Israël dans cette aube de mon apostolat ressemble à nos
douces campagnes au lumineux mois de Nisan. Mais, écoutez, comme brûlés par
la sécheresse, vous verrez venir Satan qui vous desséchera de son souffle envieux. Puis le monde dont le vent glacial gèlera vos fleurs. Viendront les
bourrasques des passions et le dégoût comme une pluie persistante. Tous mes
ennemis et les vôtres viendront faire périr tous les fruits des désirs qui
avaient fleuri en Dieu. Je vous en avertis, parce que je sais.
Haut
de page.
432> Mais tout sera-t-il alors perdu, quand Moi, comme
l'agriculteur malade, plus que malade : mort, je ne pourrai plus vous
donner paroles et miracles ? Non. Je sème et cultive, tant que c'est mon
temps, puis sur vous, ce sera la croissance et la maturation; si vous faites
bonne garde.
Regardez ce figuier de la maison de Simon de Jonas,
celui qui l'a planté n'a pas trouvé la place juste et favorable. Planté près
d'un mur humide au nord, il serait mort, si de lui-même, il n'avait pas voulu
se protéger pour vivre. Et il a cherché le soleil et la lumière. Le voilà
tout courbé, mais solide et fier qui, dès l'aurore boit le soleil et s'en
fabrique un suc pour ses cent et cent et cent fruits si doux. Il s'est
défendu tout seul. Il a dit : "Le Créateur m'a voulu pour donner à
l'homme, joie et nourriture. Je veux qu'à son vouloir s'associe le mien !"
Un figuier ! Une plante muette ! Sans âme ! Et vous, fils de
Dieu, fils de l'homme serez-vous inférieurs à cet arbre ?
Faites bonne garde pour donner des fruits de vie
éternelle. Je vous cultive, et pour finir je vous donnerai un suc tel, qu'un plus puissant ne peut exister. Ne faites pas
en sorte, non, que Satan ricane sur les ruines de mon travail, de mon
sacrifice et de votre âme. Cherchez la lumière. Cherchez le soleil. Cherchez
la force. Cherchez la vie. Je suis la Vie, la Force, le Soleil, la Lumière de
celui qui aime. Je suis ici pour vous conduire là d'où Je suis venu. Je parle
ici pour vous appeler tous et vous montrer la Loi des dix commandements qui
donnent la vie éternelle. Je vous donne cette consigne d'amour :
"Aimez Dieu et le prochain". C'est la condition première pour
accomplir tout autre bien. Le plus saint des dix commandements.
Aimez. Ceux qui aimeront en Dieu, qui aimeront Dieu et dont Dieu sera le
Seigneur, auront sur terre et au Ciel la paix qui sera pour eux une tente et
une couronne."
Les gens s'éloignent, à regret, après la bénédiction de Jésus. Il n'y a pas
de malades, ni de pauvres.
65.2 – Jésus dit à Simon :
"Appelle les deux autres. Nous allons sur le lac jeter le filet."
"Maître, j'ai les bras rompus d'avoir jeté et relevé le filet toute la
nuit, et pour rien. Le poisson est au fond et qui sait où."
"Fais ce que je te dis, Pierre. Écoute toujours Celui qui t'aime."
"Je ferai ce que tu dis par respect pour ta parole"
Il appelle à haute voix les commis et aussi Jacques et Jean.
Haut de page.
433> "Nous allons à la pêche. Le Maître le veut."
Et pendant qu'ils s'éloignent, il dit Jésus :
"Pourtant, Maître, je t'assure que ce n'est pas l'heure favorable. A
cette heure les poissons, qui sait où ils sont à se reposer !..."
Jésus assis à la proue sourit et se tait.
Ils font un arc de cercle sur le lac, et
puis, jettent le filet. Quelques minutes d'attente et puis la barque est
secouée étrangement, attendu que sous le soleil déjà haut sur l'horizon le
lac est lisse comme du verre fondu.
"Mais ce sont les poissons, Maître !" dit Pierre, les yeux
écarquillés.
Jésus sourit et se tait.
"Hissez ! hissez !" ordonne Pierre aux commis.
Mais la barque penche du côté du filet.
"Ohé ! Jacques ! Jean ! Vite ! Venez ! Avec les
rames ! Vite !"
Ils accourent et les efforts des mariniers réussissent à hisser le filet sans
abîmer la proie.
Les barques accostent. Elles sont exactement l'une contre l'autre. Un panier,
deux, cinq, dix. Ils sont tous remplis d'une proie stupéfiante et il y a
encore tant de poissons qui frétillent dans le filet : argent et bronze
vivants qui s'agitent pour échapper à la mort. Alors il n'y a plus qu'une
solution: renverser dans le fond de la barque ce qui reste dans le filet. On
le fait et alors c'est tout un frémissement de vies qui agonisent. Les
pécheurs ont les pieds dans cette surabondance, jusqu'au-dessus de la
cheville et les barques s'enfoncent au-delà de la ligne de flottaison à cause
de la charge excessive.
"À terre ! Virez ! Faites force de voiles ! Attention au
fond ! Préparez les perches pour empêcher le heurt. Il y a trop de
poids !"
65.3 – Tant que dure la manœuvre,
Pierre ne réfléchit pas. Mais un fois débarqué, il ouvre les yeux et
comprend. Il est tout effrayé.
"Maître Seigneur ! Éloigne-toi de moi ! Je suis un homme
pécheur Je ne suis pas digne d'être auprès de Toi !"
Il est à genoux sur la grève humide.
Jésus le regarde et sourit.
"Lève-toi ! Suis-moi ! Je ne te lâche plus. Désormais tu seras
pêcheur d'hommes et avec toi, tes compagnons que
voici. Ne craignez plus rien, je vous appelle. Venez !"
|