| 
   Vision du mardi 15 août 1944. 
  (Fête de l’Assomption). 
  
  351/352>
     
   
  […]             
   
    473.1 - Je vois Jésus qui,
  entouré des apôtres et du peuple, sort de la synagogue. Je comprends que c'est
  une synagogue parce que, par la porte grande ouverte, je vois le même
  mobilier que j'ai vu dans celle de Nazareth, dans une des visions
  préparatoires à la Passion.      
   
  La synagogue se trouve sur la place centrale du village. Une place nue,
  seulement entourée de maisons, un bassin au milieu, alimenté par une fontaine
  d'où coule une belle eau limpide par une bouche unique faite d'une pierre
  creusée comme une tuile. Le bassin sert à abreuver les quadrupèdes et les
  nombreuses colombes qui volettent d'une maison à l'autre ; la fontaine
  pour remplir les brocs des femmes, de belles amphores beaucoup en cuivre
  repoussé, d'autres en cuivre uni, qui brillent au soleil. En effet il fait du
  soleil et il est chaud. La terre de la place est sèche, jaunâtre, Comme elle
  l'est lorsque un chaud soleil la dessèche. Il n'y a pas un seul arbre sur la
  place, mais des touffes de figuiers et des sarments de vignes débordent par
  dessus les murets des jardins qui s'alignent sur les quatre routes qui
  débouchent sur la place. Ce doit être la fin de l'été et la fin de la
  journée. En effet il y a du raisin mûr sur les tonnelles, et le soleil ne
  tombe pas à pic, mais il a les rayons obliques du crépuscule.  
   
  Sur la place, des malades attendent Jésus. Je ne vois pourtant pas de miracle
  parmi eux. Il passe, se penche sur eux, les bénit et les réconforte, mais ne
  les guérit pas, du moins en ce moment. Il y a aussi des femmes avec des
  enfants et des hommes de tout âge. Ils semblent connus du Sauveur car il les
  salue par leurs noms et ils se serrent autour de Lui avec familiarité. Jésus
  caresse les enfants en le penchant affectueusement sur eux.  
   
    473.2 - Dans un coin de la
  place, il y a une femme avec un petit garçon ou une petite fille (ils sont tous
  vêtus de la même tunicelle de couleur claire). Elle ne semble pas être de
  l'endroit. Je dirais qu'elle est d'une condition sociale plus élevée Que les
  autres. Son vêtement est plus ouvragé, avec des galons et des plis ; ce
  n'est pas la simple tunique des femmes du peuple qui a, à la taille, un
  cordon comme unique ornement et unique adaptation du vêtement. Cette femme a,
  au contraire, un habit plus compliqué qui, sans être le chef-d'œuvre, de
  vêtements qu'étaient ceux de Marie-Madeleine, est déjà très orné. Sur la tête
  un voile léger, beaucoup plus que celui des autres femmes qui est de lin fin,
  alors que le sien est presque de la mousseline tant il est léger. Il est fixé
  au milieu de la tête, avec grâce, et il laisse voir et entrevoir une
  chevelure châtain bien peignée ; les mèches sont tressées simplement
  mais avec plus de soins que celles des autres femmes, qui ont des tresses
  groupées sur la nuque ou enroulées sur la tête.          
   
  Haut de page.         
   
  353> Sur les épaules un véritable
  manteau, je ne sais si l'étoffe est cousue ou tissée en rond, qui a au cou un
  galon terminé par une boucle d'argent. Le manteau tombe très ample avec des
  plis jusqu'à la cheville.    
   
  La femme tient par la main le petit ou la petite dont j'ai parlé, un bel
  enfant d'environ sept ans. Il est même robuste, mais dépourvu de vivacité. Il
  reste tranquille, la tête penchée, à la main de la maman, indifférent à ce
  qui se passe.           
   
  La femme regarde, mais elle n'ose s'approcher du groupe qui s'est formé
  autour de Jésus. Elle semble indécise, se demandant si elle va y aller et
  craignant d'avancer. Mais ensuite elle prend un moyen terme : attirer
  l'attention de Jésus. Elle voit qu'il a pris dans ses bras un bébé tout rosé
  et tout riant qu'une mère Lui a présenté et que, tout en parlant avec un
  petit vieux, il le serre contre son cœur en le berçant. Elle se penche sur
  son enfant et lui dit quelque chose.            
   
  L'enfant lève la tête. Je vois alors un visage triste, aux yeux fermés. Il
  est aveugle.       
   
  "Pitié de moi, Jésus !" dit-il.      
   
  La voix enfantine fêle l'air tranquille de la place et arrive, avec sa
  plainte jusqu'au groupe.   
   
    473.3 - Jésus se retourne
  et voit. Il se déplace immédiatement avec une sollicitude affectueuse, sans
  même rendre à sa mère le bébé qu'il a dans les bras. Il va, grand et très
  beau, vers le pauvre petit aveugle qui, après avoir crié, a de nouveau baissé
  la tête, inutilement sollicité par sa mère de répéter le cri.         
   
  Jésus est en face de la femme. Il la regarde. Elle aussi le regarde puis,
  timidement, elle baisse les yeux. Jésus l'aide. Il a rendu l'enfant qu'il
  avait dans les bras à la femme qui le Lui avait donné.      
   
  "Femme, c'est ton fils ?"             
   
  "Oui, Maître, c'est mon premier-né."  
   
  Jésus caresse sa petite tète inclinée. Jésus paraît n'avoir pas vu la
  cécité du petit. Mais je pense qu'il le fait intentionnellement pour que la
  mère formule sa demande.       
   
  "Le Très-Haut a donc béni ta maison avec de nombreux enfants et en te
  donnant d'abord le garçon consacré au Seigneur."  
   
  "Je n'ai qu'un garçon : lui, et trois fillettes, et je n'en aurai
  pas d'autres..."          
   
  Haut de page.         
   
  354> Elle sanglote.           
   
  "Pourquoi pleures-tu, femme ?"          
   
  "Parce que mon garçon est aveugle, Maître !"          
   
  "Et tu voudrais qu'il voie. Peux-tu croire ?" 
  "Je crois, Maître. On m'a dit
  que tu as ouvert des yeux qui étaient fermés. Mais mon petit est né avec des
  yeux desséchés. Regarde-le, Jésus. Sous les paupières, il n'y a rien..."            
   
  Jésus lève vers Lui le petit visage précocement sérieux et le regarde en
  soulevant les paupières avec le pouce. Dessous, c'est le vide. Il recommence
  à parler en tenant d'une main le petit visage levé vers Lui.           
   
  "Pourquoi es-tu venue, alors, femme ?"        
   
  "Parce que... je sais que c'est plus difficile pour mon enfant... mais
  s'il est vrai que tu es l'Attendu, tu peux le faire. Ton Père a fait les
  mondes... Ne pourrais-tu faire, Toi, deux pupilles à mon enfant ?"          
   
  "Tu crois que je viens du Père, le Seigneur Très-Haut ?"   
   
  "Je le crois et que Toi, tu peux tout."  
   
    473.4 - Jésus la regarde
  comme pour apprécier la foi qui est en elle et la pureté de cette foi. Il
  sourit, puis il dit :          
   
  "Enfant, viens vers Moi"             
   
  Et il le conduit par la main sur un muret haut d'un demi-mètre qui s'élève Le
  long de la route devant une maison, une sorte de parapet pour la protéger de
  la route qui a un tournant en cet endroit.       
   
    Quand l'enfant est bien en place sur le muret,
  Jésus devient sérieux, imposant. La foule se presse autour de Lui, de
  l'enfant et de sa mère anxieuse. Je vois Jésus de côté, de profil, tout
  enveloppé dans son manteau bleu très foncé sur son vêtement un peu plus
  clair. Son visage est inspiré. Il paraît plus grand et même plus robuste,
  comme toujours quand il libère uni puissance miraculeuse. Et c'est une des
  fois qu'il me paraît le plus imposant. Il pose ses mains sur la tête de
  l'enfant, ses mains ouvertes, mais avec les deux pouces sur les orbites
  vides. Il lève la tête et prie intensément mais sans remuer les lèvres. Un
  colloque, certainement, avec son Père. Puis il dit :  
   
  "Vois ! Je le veux ! Et loue le Seigneur !"        
   
  Et à la femme :      
   
  "Que ta foi soit récompensée. Voici ton fils qui sera ton honneur et ta
  paix. Montre-le à ton mari et il reviendra à ton amour, et ta maison
  connaîtra de nouveaux jours de bonheur."    
   
  Haut de page.         
   
  355>   473.5 - La femme a poussé
  un cri aigu de joie en voyant qu'une fois enlevés les pouces divins, à la
  place des orbites vides, deux yeux magnifiques bleu foncé, comme ceux du
  Maître, la fixent étonnes et heureux sous la frange des cheveux noir foncé.       
   
  Mais elle pousse un autre cri et, tout en tenant son fils serré contre son
  cœur, elle s'agenouille aux pieds du Maître en disant :       
   
  "Cela aussi, tu le sais ? Ah ! Tu es vraiment le Fils de
  Dieu"         
   
  Et elle baise son vêtement et ses sandales et puis elle se lève transfigurée
  par la joie. Elle dit :          
   
  "Écoutez tous. Je viens de la terre lointaine de Sidon. Je suis venue
  parce qu'une autre mère m'a parlé du Rabbi de Nazareth. Mon mari, juif et
  marchand, a dans cette ville ses comptoirs pour le commerce avec Rome. Riche
  et fidèle à la Loi, il cessa de m'aimer quand, après lui avoir donné un
  garçon malheureux, je lui ai enfanté trois filles et qu'ensuite je suis
  devenue stérile. Lui s'est éloigné de sa maison et, sans être répudiée,
  j'étais dans la même situation que si je l'avais été. Je savais déjà qu'il
  voulait se libérer de moi pour avoir, d'une autre femme, un héritier capable
  de continuer le commerce et jouir des richesses paternelles. Avant de partir,
  je suis allée trouver mon époux et je lui ai dit : "Attends,
  seigneur. Attends que je revienne. Si je reviens avec un fils encore aveugle,
  répudie-moi. Mais autrement ne blesse pas à mort mon cœur et ne refuse pas un
  père à tes enfants". Et lui m'a juré : "Pour la gloire du
  Seigneur, femme, je te jure que si tu me ramènes l'enfant sain - je ne sais
  pas comment tu pourras faire puisque ton ventre n'a pas su lui donner des
  yeux - je reviendrai à toi comme aux jours de notre premier amour". Le
  Maître ne pouvait rien savoir de mon chagrin d'épouse et pourtant il m'a
  consolée même pour cela. Gloire à Dieu et à Toi, Maître et Roi."    
   
  La femme est de nouveau à genoux, et elle pleure de joie.            
   
    473.6 - "Va !
  Dis à Daniel, ton mari, que Celui qui a créé les mondes, a donné deux claires
  étoiles pour pupilles au petit consacré au Seigneur. Car Dieu est fidèle à
  ses promesses et Il a juré que celui qui croit en Lui
  verra toutes sortes de prodiges. Qu'il soit maintenant fidèle au serment
  qu'il a fait et qu'il ne commette pas de péché d'adultère. Dis cela à Daniel.
  Va ! Sois heureuse. Je te bénis toi et cet enfant et avec toi, ceux qui
  te sont chers." 
   |