"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

© Fondation héritière de Maria Valtorta.

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 5.320 - Prodigi sulla nave nel mare in tempesta.

 3.319 - Storm and Miracles on the Ship.

 4.320 - Prodigios en la nave en medio de una tempestad.

 6.365  Sturm und Wunder auf dem Schiff.



D'après un tableau d'Ivan Aïvazovski (1817-1900)


Dimanche 17 déc. 28
(14 Tébeth 3789)
Au large de Beyrouth.


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 Guérison d’un marin avec l’onguent de Marie.

 Miracle de la tempête apaisée.

 La place du culte marial.


 Les commentaires de bas de page sont de Jean-François Lavère.

 Voir aussi l'infographie de Carlos Martinez.

Accueil >> Plan du Site >> Sommaire du Tome.

Ancienne édition : Tome 5, chapitre 8.
Nouvelle édition : Tome 5, chapitre 320.

320
Prodiges sur le navire en proie à une mer en furie.

Le lundi 5 novembre 1945

159>  320.1 – La Méditerranée est une immense étendue d'eaux d'un bleu vert qui se heurtent furieusement sous la forme de vagues élevées, toutes crêtées d'écume. Pas de brume, aujourd'hui. Mais l'eau de mer pulvérisée par les chocs continuels des vagues entre elles, se transforme en une poussière salée, brûlante, qui pénètre jusque sous le vêtements, rougit les yeux, brûle la gorge, et semble se répandre partout comme un voile de poudre saline, aussi bien dans l'air qu'elle rend opaque comme par l'effet d'une fine brume, que sur les objets qui semblent saupoudrés d'une farine brillante : les fins cristaux salins. Cela, cependant, là où n'arrivent pas les claques des vagues ou bien leurs rinçages énergiques qui lavent le pont d'un bord à l'autre, en se précipitant à l'intérieur, en franchissant le bordage, pour ensuite retomber à la mer avec un bruit de cascade par les ouvertures du bordage opposé.     

Et le navire s'élève et s'enfonce comme un fétu à la merci de l'océan, c'est un rien en face de l'autre. Il grince et se lamente depuis la sentine jusqu'aux mâts... La mer est réellement maîtresse et le navire est pour elle un jouet...        

Hormis ceux qui sont aux manœuvres, il n'y a plus personne sur le pont, et plus de marchandises. Seulement les chaloupes de sauvetage. Et les hommes de l'équipage, avec en tête Nicomède, absolument nus, entraînés par le roulis du navire, courent çà et là aux abris et aux manœuvres rendues difficiles sur le pont toujours inondé et glissant. Les écoutilles bâchées ne permettent pas de voir ce qui se passe sous le pont. Mais je ne crois pas qu'ils soient tranquilles à l'intérieur !        

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160> Je n'arrive pas à comprendre où l'on est, car il n'y a que la mer tout autour et au loin une côte qui paraît très montueuse, de vraies montagnes, pas des collines. Je dirais qu'il y a déjà plus d'un jour que l'on navigue car l'on voit clairement que ce sont des heures du matin puisque le soleil, qui apparaît et disparaît sous des nuages très épais, vient encore de l'orient. Je crois que le navire avance bien peu malgré le mouvement qui l'agite, et la mer semble devenir de plus en plus déchaînée.      

Avec un bruit terrible un morceau du mât s'en va, je ne connais pas le nom de cette partie de la mâture et, en tombant, entraîné maintenant par une avalanche d'eau qui se précipite sur le pont en même temps qu'un vrai tourbillon de vent, abat un morceau du bordage.     

 320.2 – Ceux qui sont à l'intérieur doivent avoir l'impression de naufrager... Et, pour le montrer, après un moment on voit s'entrouvrir une porte d'écoutille et se pencher la tête grisonnante de Pierre. Il regarde, se rend compte, et referme à temps pour empêcher un torrent d'eau de descendre par l'écoutille entrouverte, mais ensuite, après une pause des vagues, il rouvre et saute dehors. Il s'agrippe à des appuis, observe cet enfer qu'est la mer et, pour tout commentaire, siffle et gémit.    

Nicomède le voit :

"Va-t'en ! crie-t-il. Ferme cette porte. Si le navire s'alourdit, on coule à fond. C'est déjà bien si je ne dois pas jeter la cargaison à la mer... Jamais vu une pareille tempête
[1] ! Va-t'en, te dis-je ! Je ne veux pas avoir de terriens dans les jambes. Ce n'est pas une place pour les jardiniers, ici, et..."

Il ne peut continuer parce qu'une autre lame balaie le pont en recouvrant tout ce qui s'y trouve. 

"Tu vois ?" crie-t-il à Pierre qui est inondé.   

"Je vois, mais cela ne m'émeut pas. Je ne suis pas seulement capable de garder des jardins. Je suis né sur l'eau, du lac c'est vrai... Mais même le lac !... Avant d'être... cultivateur j'ai été pêcheur et je sais..."        

Pierre est très calme et il sait suivre le roulis à la perfection avec ses jambes écartées et musclées. Le crétois l'observe pendant qu'il se déplace pour l'approcher.          

"Tu n'as pas peur ?" lui demande-t-il.

"Pas le moins du monde !"        

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161> "Et les autres ?"     

"Trois sont pêcheurs comme moi, ou plutôt l'étaient... Le autres, sauf le malade, sont forts."        

"Même la femme ? ...Attention ! Attention ! Tiens-toi !"    

Une autre avalanche prend possession du pont. Pierre attend qu'elle soit passée, puis il dit :           

"Cette douche aurait été la bienvenue cet été... Patience ! Tu me demandais ce que fait la femme ? Elle prie… et tu ferais bien de le faire, toi aussi. Mais où sommes-nous maintenant, exactement ? Dans le canal de Chypre ?"      

"S'il pouvait en être ainsi
[2] ! Je m'accosterais à l'île en attendant que les éléments se calment. Nous sommes à peine à la hauteur de la Colonie Julia, ou Béritus, [3] si tu préfères. Et c'est maintenant que vient le pire... Ces montagnes sont celles du Liban."        

"Et tu ne pourrais pas entrer là, dans ce pays ?"       

"Le port n'est pas bon, et il y a des écueils dangereux
[4]. Impossible ! Attention !..."       

 320.3 – C'est un autre tourbillon, et un autre morceau de mât s'en va après avoir blessé un homme, qui n'est pas emporté seulement parce que la vague le jette contre un obstacle.

"Va dessous ! Va dessous ! Tu vois ?"  

"Je vois, je vois… Mais
cet homme ?…"          

"S'il n'est pas mort, il reviendra à lui. Je ne puis le soigner... Tu le vois !..."        

En effet le crétois doit avoir l’œil à tout pour la vie de tous.

"Donne-le-moi, la femme le soignera..."        

"Tout ce que tu veux, mais va-t'en !…"

Pierre se glisse jusqu'à l'homme immobile, le saisit par un pied et l'amène à lui. Il le regarde, il siffle... Il murmure :         

"Il a la tête ouverte comme une grenade mûre. Il faudrait le Seigneur ici... Oh ! s'il y était ! Seigneur Jésus ! Mon Maître, pourquoi nous as-tu quittés ?" Sa voix tremble de douleur...         

Il charge le mourant sur ses épaules en se couvrant de sang, et revient à l'écoutille. Le crétois lui crie :   

"Fatigue inutile. Rien à faire. Tu le vois !..."   

Mais Pierre, chargé comme il l'est, lui fait un signe comme pour dire : "Nous allons voir" et il se serre contre un mât pour résister à une nouvelle vague, puis il ouvre l'écoutille et il crie :      

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162> "Jacques, Jean, ici !"         

Et avec leur aide il descend le blessé et descend lui aussi en barrant l'écoutille.        

À la lumière fumeuse des lampes suspendues ils voient que Pierre est couvert de sang :    

"Es-tu blessé ?" demandent-ils.

"Moi, non. C'est le sang de celui-là...   
 320.4 – Mais... priez pour que... Syntica, regarde un peu ici. Tu m'as dit une fois que tu sais soigner les blessés. Regarde cette tête, alors..."     

Syntica cesse de soutenir Jean d'En-Dor, très souffrant, pour venir à la table sur laquelle est étendu le malheureux et elle regarde...       

"Mauvaise blessure ! Je l'ai vue deux fois, chez deux esclaves blessés, l'un par son maître, l'autre par un rocher à Caprarola
[5]. Il faudrait de l'eau, beaucoup d'eau pour nettoyer et arrêter le sang..."        

"Si tu ne veux que de l'eau !... Il n'y en a que trop ! Viens,
Jacques, avec le baquet. À deux, nous ferons mieux."  

Ils vont et reviennent ruisselants. Et Syntica, avec des linges trempés, lave et applique des compresses à la nuque... Mais c'est une mauvaise blessure. De la tempe à la nuque, l'os est découvert. Cependant, l'homme rouvre les yeux, des yeux vagues, et bafouille en râlant. Il est pris par la peur instinctive de la mort.        

 "Du calme ! Allons ! Maintenant tu vas guérir" lui dit maternellement la grecque pour le réconforter.     

Elle le lui dit en grec, parce que lui parle grec.          

L'homme la regarde et, bien qu'étourdi, il la regarde étonné et en esquissant un sourire quand il entend parler sa langue maternelle. Il cherche la main de Syntica... l'homme qui devient un enfant quand il souffre et cherche la femme qui est toujours mère dans ce cas.        

"Je vais essayer l'onguent de Marie" dit Syntica quand la blessure saigne moins.       

"Mais c'est pour les douleurs" objecte
Matthieu qui est pâle comme un mort, je ne sais si c'est l'effet de la mer ou à cause du sang, ou pour les deux à la fois. [6]     

"Oh ! c'est Marie qui l'a fait de ses mains ! Et je l'applique en priant... Priez, vous aussi. Il ne peut faire de mal. L'huile est toujours un remède..."      

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163> Elle va au sac de Pierre, y prend un récipient, de bronze je dirais, elle l'ouvre, prend un peu d'onguent et le réchauffe à une lampe dans le couvercle même du vase. Elle l'étend sur un linge replié et l'applique sur la blessure de la tête. Puis elle le bande bien serré avec du lin qu'elle a coupé par bandes. Elle met un manteau roulé sous la tête du blessé qui paraît s'assoupir, et elle s'assoit près de lui en priant. Les autres prient aussi.          

 320.5 – Sur le pont, c'est toujours le roulis : le navire ne cesse de se cabrer et de s'enfoncer. Après un moment l'écoutille s'ouvre et un matelot se précipite à l'intérieur.

"Qu'y a-t-il ?" demande Pierre.

"On va sombrer. Je viens prendre l'encens et les offrandes pour un sacrifice..."        

"Laisse tomber ces histoires !" 

"Mais Nicomède veut sacrifier à Vénus ! Nous sommes dans sa mer..."
[7]

"Qui est frénétique comme elle" murmure doucement Pierre.      

Puis, plus fort :     

"Vous, venez. Allons sur le pont. Peut-être il y a quelque chose à faire... Tu as peur, toi, de rester avec le blessé et ces deux ?"         

Les deux sont Matthieu et Jean d'En-Dor que le mal de mer a rendu deux loques.       

"Non, non. Allez-y" répond Syntica.    

Alors qu'ils sortent sur le pont ils rencontrent le crétois qui essaie d'allumer l'encens, et qui les aborde furieux pour les renvoyer à l'intérieur en criant :        

"Mais vous ne voyez pas que sans un miracle on va faire naufrage ? La première fois ! La première fois depuis que je navigue !"    

"Fais attention il va dire maintenant que c'est de nous que vient le maléfice !" murmure
Jude d'Alphée.

Et, en effet, l'homme crie plus fort : "Maudits israélites, qu'avez- vous sur vous ? Sales hébreux, vous m'avez apporté le maléfice ! Hors d'ici ! Que maintenant je sacrifie à Vénus naissante..."  

"Non, pas du tout. C'est nous qui allons sacrifier..."

"Hors d'ici ! Vous êtes des païens, vous êtes des démons, vous êtes..."    

"Écoute-le ! Je te jure que si tu nous laisses faire tu verras le prodige."   

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164> "Non ! Hors d'ici !" et il allume l'encens pour le jeter dans la mer, comme il peut, avec des liquides qu'il a d'abord offerts et goûtés et des poudres que je ne connais pas. Mais les vagues éteignent l'encens et, au lieu de se calmer, la mer devient plus furieuse, en balayant tout l'attirail du rite et pour un peu, Nicomède lui- même...   

"C'est une belle réponse que te donne ta déesse !     
 320.6 – Maintenant, à nous. Nous aussi, nous en avons Une qui est plus pure que celle-ci faite d’écume[8], et puis... Chante, Jean, comme hier et nous t'appuierons, et nous allons voir un peu !"     

"Oui, voyons un peu ! Mais si cela empire, je vous jette à la mer comme victimes propitiatoires."

"C'est bien. Vas-y, Jean !"          

Et Jean entonne son chant, aidé par tous les autres, même par Pierre qui d'ordinaire ne chante jamais, parce qu'il détonne. Le crétois, les bras croisés et, un sourire moitié fâché, moitié ironique sur le visage, les regarde. Puis, après le chant, ils prient les bras ouverts. Ce doit être le Pater noster, mais dit en langue hébraïque, et je ne comprends rien. Puis ils chantent plus fort. Et ils alternent ainsi, sans peur, sans s'interrompre, malgré les vagues qui les giflent. Ils ne se tiennent même plus aux poteaux, et pourtant ils sont pleins d'assurance comme s'ils ne faisaient qu'un avec le plancher du pont. Et les flots réellement perdent de leur violence, tout doucement. Ils ne s'arrêtent pas tout à fait, comme le vent ne tombe pas tout à fait. Mais ce n'est plus la furie d'avant et les flots n'atteignent plus le pont.    

Le visage du crétois est un poème de stupeur... Pierre le regarde du coin de l’œil et ne cesse pas de prier. Jean sourit et chante plus fort... Les autres l'aident en dominant toujours plus nettement le fracas alors que la mer s'apaise en prenant un mouvement normal et le vent un souffle proportionné.        

"Et maintenant, qu'en dis-tu ?.."         

"Mais qu'est-ce que vous avez dit ? Quelle formule est-elle ?"       

"Celle du Dieu Vrai et de sa sainte Servante. Dresse donc les voiles et ajuste-les, ici... Mais n'est-ce pas une île ?"    

"Oui. C'est Chypre...
[9] Et la mer est encore plus tranquille dans son canal... Étrange ! Mais cette étoile que vous adorez, qui est-ce ? Toujours Vénus, non ?"      

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165> "On dit : que vous vénérez. On n'adore que Dieu. Ce n'est pas Vénus. C'est Marie, Marie de Nazareth, Marie israélite, la Mère de Jésus, Messie d'Israël."    

"Et cette autre chose, qu'est-ce que c'était ? Ce n'était pas de l'hébreu ..."        

"Non, c'était notre dialecte
[10], de notre lac, de notre patrie. Mais on ne peut le dire à toi, païen. C'est un discours fait à Jéhovah et seuls les croyants peuvent le connaître [11].     
 320.7 – Adieu, Nicomède. Et ne regrette pas ce qui est allé au fond. Un... sortilège de moins pour te porter malheur. Adieu, hé ? Es-tu de sel ?"    

"Non... Mais... Excusez-moi... Je vous ai d'abord insultés !"          

"Oh ! Cela ne fait rien ! C'est un effet du... du culte de Vénus. Garçons, allons voir les autres..." 

Et riant joyeusement Pierre se dirige vers l'écoutille.          

Le crétois les suit :          

"Écoutez ! Et l'homme ? Mort ?"          

"Mais non ! Peut-être nous allons te le rendre tout de suite en bonne santé... C'est une autre plaisanterie de nos... maléfices..."    

"Oh ! excusez-moi, excusez-moi ! Mais dites, où peut-on les apprendre, pour en avoir de l'aide ? Moi, je paierais bien pour cela..."           

"Adieu, Nicomède ! C'est une longue affaire et... qui n'est pas permise. Qu'on ne donne pas les choses sacrées aux païens ! Adieu Porte-toi bien, ami ! Porte-toi bien !"



Et Pierre, suivi de tous, descend sous le pont, en riant pendant que rit aussi la mer apaisée sous un mistral modéré qui favorise la navigation [12] pendant que le soleil descend, et que vers l'orient se dessine un premier quartier qui tend vers la pleine lune... [13]   

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Fiche mise à jour le 11/11/2023.

 



[1] En EMV 332.5 Barthélemy évoque "la grêle du milieu tébeth, quand vous n'étiez pas là". Exactement ce jour de tempête !  

[2] Un navire pouvait parcourir au mieux 800 à 1000 stades par jour, soit 150 à 180 km, mais le vent contraire a freiné leur course.           

[3] Beyrouth. Colonia Julia, car fondée par Jules César. Le nom latin de Beritus provient de l'araméen Biryt (puits).      

[4] Le port de Beyrouth était petit et peu profond. 

[5] Caprarola : Ville située à 50km au nord-ouest de Rome et à 16 km au sud de Viterbe.       

[6] En EMV 424.1, Matthieu se remémore son mal de mer.         

[7] Vénus-Aphrodite. Son culte est originaire de Chypre, juste à proximité.        

[8] Selon la Théogonie d'Hésiode (poète grec du VIIIème siècle avant JC), quelques gouttes du sang d'Uranus fécondèrent une écume blanchâtre qui flottait à la surface de la mer. De cette écume sortit Aphrodite. La Théogonie d'Hésiode a fondé la mythologie grecque.          

[9] Ils ont donc parcouru 80 ou 90 km depuis Beyrouth, et sont certainement au niveau de Tripoli du Liban. De là on peut apercevoir Chypre.        

[10] De l'araméen donc.       

[11] Cf. Matthieu 7,6 "Ce qui est sacré, ne le donnez pas aux chiens; vos perles, ne les jetez pas aux cochons"           

[12] ...Pour favoriser la dernière journée de navigation : il leur reste 170 km à parcourir en 24 h, ce qui est "dans la norme".

[13] La lune se lève (à l'orient) alors que le soleil va se coucher, c'est donc juste la pleine lune. Ceci correspond très exactement au 21/12/28 (calendrier Julien), vers 17h30 ! Les jours suivants, la lune se lève après le coucher du soleil !