"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

© Fondation héritière de Maria Valtorta.

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 7.487 - Al Tempio per la festa dei Tabernacoli. Discorso sulla natura del Cristo.

 4.485 - At the Temple:  “Do You Know Me and Where I Come from?”.

 4.487 - En el Templo para la fiesta de los Tabernáculos. Discurso sobre la naturaleza del Cristo.

 8.539 - Im Tempel; «Kennt ihr mich und wisst ihr, woher ich bin?»

 Évangile :
- Jean 7,25-30.


Lundi 17 septembre 29 (22 Eloul 3789)
Jérusalem, au Temple.


    Représentation schématique de Jérusalem


        Vers l'index des thématiques
 Le Christ, quand il viendra, personne ne saura d'où il vient.

 Vous me connaissez ?

 Trinité : Dieu engendre uniquement un autre Lui-même.

 Les anges, comme l'homme, ont été créés.

 La voix de Dieu ne peut se confondre avec nulle autre.

 Qui doit être le Christ ? Un Dieu ? Oui, un Dieu.


Accueil >> Plan du site >> Sommaire du Tome.

Ancienne édition : Tome 7, chapitre 182.
Nouvelle édition : Tome 7, chapitre 487.

487
Au Temple pour la fête des Tentes. Discours sur la nature du Christ.

 487.1 : L'attente fébrile d'une foule nombreuse et variée.  487.2 : Deux païens font des supputations sur le retard de Jésus.  487.3 : La foule est partagée entre des attitudes contradictoires.  487.4 : Jésus affirme clairement son origine divine.  487.5 : Le tumulte est apaisé par Gamaliel et Jésus en appelle au témoignage des Écritures.  487.6 : Le Messie doit être plus qu'un ange et qu'un homme : un Dieu.  487.7 : Dieu fait homme pour racheter les hommes.  487.8 : Prêtre selon un nouveau sacerdoce. Vous ignorez ma véritable origine.  487.9 : Père, me voici pour faire ta volonté. Admiration et malveillance.  487.10 : Gamaliel a une conversation privée avec Jésus.  487.11 : Scribes et pharisiens se précipitent vers Gamaliel : est-il convaincu que c’est un imposteur ?

Le mercredi 4 septembre 1946.

458>  487.1 - Le Temple est encore plus bondé que la veille. Et dans la foule qui l'emplit et s'agite dans la première cour, je vois beaucoup de gentils (=païens), beaucoup plus qu'hier. Ils sont tous dans une attente anxieuse, tant les Israélites que les gentils. Et ils parlent, les gentils avec les gentils, les hébreux avec les hébreux, en groupes disséminés ça et là, sans perdre de vue les portes.        

Les docteurs, sous les portiques, se fatiguent à élever la voix pour attirer et faire étalage d'éloquence. Mais les gens sont distraits, et ils parlent à des élèves peu nombreux.
Gamaliel est là, à sa place. Mais il ne parle pas. Il va et vient sur son somptueux tapis, les bras croisés, la tête inclinée, méditant, et son long vêtement, son manteau encore plus long qu'il a ouvert et qui pend retenu aux épaules par deux agrafes d'argent, lui font par derrière une traîne qu'il repousse du pied quand il revient sur ses pas. Ses disciples, les plus fidèles, adossés au mur, le regardent en silence, craintifs, et ils respectent la méditation de leur maître.        

Des pharisiens, des prêtres, font semblant d'avoir beaucoup à faire et ils vont et viennent... Les gens, qui comprennent leurs véritables intentions, se les montrent du doigt, et quelque commentaire part comme une fusée allumée pour brûler leur hypocrisie. Mais ils font semblant de ne pas entendre. Ils sont peu nombreux par rapport au grand nombre de ceux qui ne haïssent pas
Jésus et qui par contre les haïssent eux. Aussi ils trouvent prudent de ne pas réagir.        

 487.2 - "Le voilà ! Le voilà ! Il vient par la Porte Dorée aujourd'hui !"      

"Courons !"          

"Je reste ici. C'est ici qu'il viendra parler. Je garde ma place."       

"Et moi de même, et même ceux qui s'en vont font place à nous qui restons."        

"Mais le laisseront-ils parler ?"

"S'ils l'ont laissé entrer !"          

"Oui, mais c'est autre chose. Comme fils de la Loi, ils ne peuvent l'empêcher d'entrer, mais en tant que rabbi, ils peuvent le chasser, s'ils le veulent." 

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459> "Que de différences ! S'ils le laissent aller pour parler à Dieu, pourquoi ne devraient-ils pas le laisser parler à des hommes ?" (c'est un gentil (=païen) qui parle). 

"C'est vrai, dit un autre gentil. Nous, parce que nous sommes impurs, ils ne nous laissent pas aller là, mais ici, oui, dans l'espoir qu'on devienne circoncis..."           

"Tais-toi,
Quintus. C'est pour cela qu'ils le laissent nous parler, espérant nous tailler comme si nous étions des arbres. Au contraire, nous venons prendre ses idées comme des greffes pour les sauvageons que nous sommes."

"Tu dis bien. Le seul qui ne nous dédaigne pas !"     

"Oh ! pour cela ! Quand on va faire des achats avec une bourse pleine, les autres non plus ne nous dédaignent pas."      

"Regarde ! Nous gentils, nous sommes restés maîtres de la place. Nous entendrons bien ! Et nous verrons mieux ! Il me plaît de voir le visage de ses ennemis. Par Jupiter ! Un combat de visages..."       

"Tais-toi ! Qu'on ne t'entende pas nommer Jupiter. C'est défendu ici."   

"Oh ! entre Jupiter et
Jéhovah, il n'y a que peu de différence. Et entre dieux, on ne s'en offense pas... Je suis venu avec un vrai désir de l'entendre, pas pour me moquer. On en parle tant partout de ce Nazaréen ! J'ai dit : la saison est bonne, et je vais l'entendre. Il y en a qui vont plus loin pour entendre les oracles..."  

"D'où viens-tu ?" 

"De
Pergé"

"Et toi ?"    

"De
Tarse"

"Je suis presque juif. Mon père était un helléniste
d'Iconium. Mais il épousa une romaine à Antioche de Cilicie, et il mourut avant ma naissance. Mais la semence est hébraïque."

"Il tarde à venir... L'auraient-ils pris ?"          

"Ne crains pas. Les cris de la foule nous le diraient. Ces hébreux crient comme des pies inquiètes, toujours..." 

"Oh ! le voilà justement. Va-t-il venir vraiment ici ?"          

"Tu ne vois pas qu'ils ont occupé exprès tous les endroits sauf ce coin ? Entends-tu toutes ces grenouilles qui coassent pour faire croire qu'elles sont les maîtresses ?"  

"Celui-là se tait, cependant. Est-il vrai que c'est le plus grand docteur d'Israël ?"    

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460> "Oui, mais... quel pédant ! Je l'ai écouté un jour, et pour digérer sa science, j'ai dû boire plusieurs coupes de Falerne[1] de Tito à Bézéta."      

Ils rient entre eux.          

 487.3 - Jésus approche lentement. Il passe devant Gamaliel, qui ne lève même pas la tête, et puis il va à sa place de la veille.

Les gens, maintenant un mélange d'Israélites, de prosélytes et de gentils, comprennent qu'il va parler et ils murmurent :        

"Voilà qu'il parle en public, et ils ne Lui disent rien."          

"Peut-être que les Princes et les Chefs ont reconnu en Lui le Christ. Hier, Gamaliel, après le départ du Galiléen, a parlé longuement avec des Anciens."        

"Est-ce possible ? Comment ont-ils fait pour le reconnaître tout d'un coup, alors qu'il y a peu de temps, ils le considéraient comme méritant la mort ?"        

"Peut-être Gamaliel possédait-il des preuves..."       

"Et quelles preuves ? Quelles preuves voulez-vous qu'il ait en faveur de cet homme ?" réplique quelqu'un. 

"Tais-toi, chacal. Tu n'es que le dernier des copistes. Qui t'a questionné ?"        

Et ils se moquent de lui. Il s'en va.       

 Mais d'autres surviennent, qui n'appartiennent pas au Temple, mais qui sont certainement des juifs incrédules :         

"Les preuves, nous les avons, nous. Nous savons d'où il vient, Lui. Mais le Christ, quand il viendra, personne ne saura d'où il vient. Nous n'en connaîtrons pas l'origine. Mais de Lui !!! C'est le fils d'un menuisier de Nazareth, et tout son village peut apporter ici son témoignage contre nous, si nous mentons..."        

À ce moment on entend la voix d'un gentil qui dit : 

"Maître, parle-nous un peu, aujourd'hui. On a dit que tu affirmes que tous les hommes sont venus d'un seul Dieu, le tien. Au point que tu les appelles fils du Père. Des poètes stoïques de chez nous ont eu aussi cette même idée. Ils ont dit : "Nous sommes de la race de Dieu". Tes compatriotes nous disent plus impurs que des bêtes. Comment concilies-tu les deux tendances ?"        

La question est posée conformément aux coutumes des discussions philosophiques, du moins je le crois. Et Jésus va répondre, quand s'élève avec plus de force la discussion entre les juifs incrédules et ceux qui croient, et une voix perçante répète :     

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461> "Lui est un homme ordinaire. Le Christ ne sera pas comme cela. Tout sera exceptionnel en Lui : forme, nature, origine..."

 487.4 - Jésus se tourne dans cette direction et il dit à haute voix : 

"Vous me connaissez donc et vous savez d'où je viens ? En êtes-vous bien sûrs ? Et même ce peu que vous savez ne vous dit rien ? Il ne vous confirme pas les prophéties ? Mais vous ne connaissez pas tout de Moi. En vérité, en vérité je vous dis que je ne suis pas venu de Moi, et d'où vous croyez que je suis venu. C'est la Vérité elle-même, que vous ne connaissez pas, qui m'a envoyé."

Un cri d'indignation s'élève du côté des ennemis.    

"La Vérité elle-même. Mais vous ne connaissez pas ses œuvres, vous ne connaissez pas ses chemins, les chemins par lesquels je suis venu. La Haine ne peut connaître les voies et les œuvres de l'Amour. Les Ténèbres ne peuvent supporter la vue de la Lumière
[2]. Mais Moi je connais Celui qui m'a envoyé parce que je suis sien, je fais partie de Lui, et je suis un Tout avec Lui. Et Il m'a envoyé, pour que j'accomplisse ce que veut sa Pensée."      

Un tumulte se produit. Les ennemis se précipitent pour mettre la main sur Lui, s'emparer de Lui, le frapper. Les apôtres, les disciples, le peuple, les gentils, les prosélytes, réagissent pour le défendre D'autres assaillants accourent au secours des premiers et peut-être réussiraient, mais Gamaliel, qui jusqu'à ce moment paraissait étranger à tout, quitte son tapis et vient vers Jésus, poussé sous le portique par ceux qui veulent le défendre.   

Il crie :       

"Laissez-le tranquille. Je veux entendre ce qu'il dit."          

Plus que le détachement des légionnaires qui accourent de l'Antonia pour apaiser le tumulte, agit la voix de Gamaliel. Le tumulte tombe comme un tourbillon qui se brise, et les cris s'apaisent pour devenir un simple bourdonnement. Les légionnaires, par prudence, restent près de l'enceinte extérieure, mais sont désormais inutiles.       

 487.5 - "Parle, ordonne Gamaliel à Jésus. Réponds à ceux qui t'accusent."        

Le ton est impérieux mais pas méprisant.      

Jésus s'avance vers la cour. Tranquille, il recommence à parler. Gamaliel reste où il est, et ses disciples s'affairent à lui apporter son tapis et son siège pour qu'il soit plus à l'aise, mais il reste debout, les bras croisés, la tête penchée, les yeux fermés, tout concentré pour écouter.     

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462> "Vous m'avez accusé sans raison, comme si j'avais blasphémé au lieu de dire la vérité. Moi, ce n'est pas pour me défendre mais pour vous donner la Lumière, afin que vous puissiez connaître la Vérité, que je parle. Et ce n'est pas pour Moi-même que je parle, mais je parle pour vous rappeler les paroles auxquelles vous croyez et sur lesquelles vous jurez. Elles témoignent de Moi. Vous, je le sais, vous ne voyez en Moi qu'un homme qui vous ressemble, qui vous est inférieur. Et il vous paraît impossible qu'un homme puisse être le Messie. Vous pensez du moins qu'il devrait être un ange, ce Messie, d'une origine tellement mystérieuse qu'il ne pourrait être roi qu'à cause de l'autorité que le mystère de son origine suscite. Mais quand donc dans l'histoire de notre peuple, dans les livres qui renferment cette histoire - et qui seront des livres éternels autant que le monde car c'est à eux que les docteurs de tous les pays et de tous les temps s'adresseront pour fortifier leur science et leurs recherches sur le passé à l'aide des lumières de la vérité - quand donc est-il dit dans ces livres que Dieu ait parlé à un de ses anges pour lui dire : "Tu seras dorénavant pour Moi un Fils, parce que Je t'ai engendré ?" [3]     

Je vois Gamaliel qui se fait donner une petite table et des parchemins et qui s'assoit pour écrire...       

 487.6 - "Les anges, créatures spirituelles, servantes du Très-Haut et ses messagères, ont été créées par Lui comme l'homme, comme les animaux, comme tout ce qui fut créé. Mais elles n'ont pas été engendrées par Lui. Car Dieu engendre uniquement un autre Lui-même[4], car le Parfait ne peut engendrer qu'un Parfait, un autre Être semblable à Lui-même, pour ne pas avilir sa perfection par la génération d'une créature inférieure à Lui-même.        

Si donc Dieu ne peut engendrer les anges, ni non plus les élever à la dignité d'être ses fils, quel sera le Fils auquel Il dit : "Tu es mon Fils. Aujourd'hui Je t'ai engendré ?" Et de quelle nature sera-t-il si, en l'engendrant, Il dit à ses anges en le montrant : "Et que l'adorent tous les anges de Dieu
[5]" ?" Et comment sera ce Fils, pour mériter de s'entendre dire par le Père, par Celui par la grâce duquel les hommes peuvent le nommer avec un cœur qui s'anéantit dans l'adoration : "Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds[6]" ?    

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463> Ce Fils ne pourra être que Dieu comme le Père, dont Il partage les attributs et la puissance, et avec qui II jouit de la Charité qui les réjouit dans les ineffables et inconnaissables amours de la Perfection pour Elle-même.        

 Mais si Dieu n'a pas jugé convenable d'élever un ange au rang de Fils, aurait-Il jamais pu dire d'un homme ce qu'il a dit de Celui qui ici vous parle — et plusieurs d'entre vous qui me combattez, étiez présent quand Il l'a dit — là-bas, au gué de Béthabara à la fin des deux années qui ont précédé celle-ci[7] ? Vous l'avez entendu et avez tremblé. Car la voix de Dieu ne peut se confondre avec nulle autre, et sans une grâce spéciale de Lui, elle terrasse celui qui l'entend et ébranle son cœur.   

Qu'est donc l'Homme qui vous parle ? Serait-il né de la semence et du vouloir de l'homme comme vous tous ? Et le Très-Haut pourrait-Il avoir placé son Esprit pour habiter une chair, privée de la grâce comme l'est celle des hommes nés d'un vouloir charnel ? Et le Très-Haut pourrait-Il, pour payer la grande Faute, être satisfait du sacrifice d'un homme ? Réfléchissez. Il n'a pas choisi un ange pour être Messie et Rédempteur, pourrait-Il alors choisir un homme pour l'être ? Et le Rédempteur pouvait-il être seulement Fils du Père sans assumer la Nature humaine, mais avec des moyens et des pouvoirs qui surpassent les raisonnements humains ? Et le Premier-né de Dieu pouvait-il avoir des parents, s'il est le Premier-né éternel ?

Ne se bouleverse-t-elle pas la pensée orgueilleuse devant ces interrogations qui montent vers les royaumes de la Vérité, toujours plus proches d'elle, et qui ne trouvent une réponse que dans un cœur humble et plein de foi ?  

 Qui doit être le Christ ? Un ange ? Plus qu'un ange. Un homme ? Plus qu'un homme. Un Dieu ? Oui, un Dieu. Mais avec une chair qui Lui est unie, pour pouvoir accomplir l'expiation de la chair coupable. Toute chose doit être rachetée par la matière avec laquelle elle a péché. Dieu aurait dû par conséquent envoyer un ange pour expier les fautes des anges tombés, et qui expiât pour Lucifer et pour ses disciples angéliques. Car, vous le savez, Lucifer aussi a péché. Mais Dieu n'envoie pas un esprit angélique pour racheter les anges ténébreux. Ils n'ont pas adoré le Fils de Dieu, et Dieu ne pardonne pas le péché contre son Verbe engendré par son Amour. Pourtant Dieu aime l'homme et Il envoie l'Homme, l'Unique parfait, pour racheter l'homme et obtenir la paix avec Dieu. Et il est juste que seul un Homme-Dieu puisse accomplir la rédemption de l'homme et apaiser Dieu.        

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464>  487.7 - Le Père et le Fils se sont aimés et compris. Le Père a dit : "Je veux". Et le Fils a dit : "Je veux". Et puis le Fils a dit : "Donne-moi". Et le Père a dit : "Prends", et le Verbe eut une chair dont la formation est mystérieuse, et cette chair s'appela Jésus Christ, Messie, Celui qui doit racheter les hommes, les amener au Royaume, vaincre le démon, briser l'esclavage.

Vaincre le démon ! Un ange ne le pouvait pas, ne peut pas, accomplir ce que le Fils de l'homme peut accomplir. Et pour cela, voilà que Dieu appelle pour la grande œuvre non pas les anges, mais l'Homme. Voici l'Homme de l'origine duquel vous êtes incertains, ou négateurs, ou pensifs. Voici l'Homme. L'Homme que Dieu accepte. L'Homme qui représente tous ses frères. L'Homme comme vous pour la ressemblance, l'Homme supérieur et différent de vous pour la provenance, qui non d'homme, mais de Dieu engendré et consacré pour son ministère, se tient devant l'autel élevé, afin d'être Prêtre et Victime pour les péchés du monde, Pontife éternel et suprême, Souverain Prêtre selon l'ordre de Melchisédech. 

Ne tremblez pas ! Je ne tends pas les mains vers la tiare pontificale. Un autre diadème m'attend. Ne tremblez pas ! Je ne vous enlèverai pas le Rational. Un autre est déjà prêt pour Moi. Mais tremblez seulement que pour vous ne serve pas le Sacrifice de l'Homme et la Miséricorde du Christ. Je vous ai tant aimés, je vous aime tant que j'ai obtenu du Père de m'anéantir Moi-même
[8]. Je vous ai tant aimés, je vous aime tant que j'ai demandé de consumer toute la Douleur du monde pour vous donner le salut éternel.

 487.8 - Pourquoi ne voulez-vous pas me croire ? Ne pouvez-vous croire encore ?      

N'est-il pas dit du Christ : "Tu es
Prêtre éternellement selon l'ordre de Melchisédech[9]" ? Mais quand a commencé le sacerdoce ? Peut-être au temps d'Abraham ? Non. Et vous le savez. Le Roi de Justice et de Paix qui apparaît pour m'annoncer, par une figure prophétique, à l'aurore de notre peuple, ne vous avertit-il pas qu'il y a un sacerdoce plus parfait, qui vient directement de Dieu, de même que Melchisédech[10] dont personne n'a jamais pu donner l'origine et que l'on appelle "le prêtre" et qui demeurera prêtre éternellement ?      

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465> Ne croyez-vous plus aux paroles inspirées ? Et si vous y croyez, comment donc, Ô docteurs, ne savez-vous pas donner une explication acceptable aux paroles qui disent, et elles parlent de Moi : "Tu es prêtre éternellement selon l'ordre de Melchisédech" ?        

Il y a donc un autre sacerdoce, en outre, avant celui d'Aaron. Et de ce sacerdoce il est dit "tu es", non pas "tu as été", non pas "tu seras". Tu es prêtre pour l'éternité. Voilà alors que cette phrase annonce que l'éternel Prêtre ne sera pas de la souche connue d'Aaron, ne sera d'aucune souche sacerdotale, mais sera d'une provenance nouvelle, mystérieuse comme Melchisédech. Il appartient à cette provenance. Et si la Puissance de Dieu l'envoie, c'est le signe qu'il veut rénover le Sacerdoce et le Rite pour qu'il devienne utile à l'Humanité.   

Connaissez-vous mon origine ? Non. Connaissez-vous mes œuvres ? Non. Voyez-vous leurs fruits ? Non. Vous ne connaissez rien de Moi. Vous voyez donc qu'en cela aussi, je suis le "Christ" dont l'Origine, la Nature et la Mission doivent être inconnues jusqu'au moment où il plaira à Dieu de les révéler aux hommes. Bienheureux ceux qui sauront, qui savent croire avant que la Révélation terrible de Dieu ne les écrase de son poids contre le sol et ne les y cloue et ne les brise sous la fulgurante, puissante vérité tonnée par les Cieux, criée par la Terre : "Lui était le Christ de Dieu
[11]".   

Vous dites : "Lui est de Nazareth. Son père, c'était Joseph. Sa Mère, c'est Marie". Non, je n'ai pas de père qui m'ait engendré comme homme. Je n'ai pas de mère qui m'ait engendré comme Dieu. Et pourtant j'ai une chair et je l'ai assumée par l'œuvre mystérieuse de l'Esprit, et je suis venu parmi vous en passant par un tabernacle saint. Et je vous sauverai, après m'être formé Moi-même par la volonté de Dieu, je vous sauverai, en faisant sortir mon véritable Moi-même du Tabernacle de mon Corps pour consommer le grand Sacrifice d'un Dieu qui s'immole pour le salut de l'homme.   

 487.9 - Père, mon Père ! Je te l'ai dit au commencement des jours : "Me voici pour faire ta Volonté[12]". Je te l'ai dit à l'heure de grâce avant de te quitter pour me revêtir de la chair pour pouvoir souffrir : "Me voici pour faire ta Volonté". Je te le dis encore une fois pour sanctifier ceux pour lesquels je suis venu : "Me voici pour faire ta Volonté". Et je te le dirai encore, toujours, jusqu'à ce que ta Volonté soit accomplie..."         

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466> Jésus, qui a levé les bras vers le ciel pour prier, les abaisse maintenant, les croise sur sa poitrine et incline la tête, ferme les yeux et s'abîme dans une prière secrète.      

Les gens chuchotent. Pas tous ont compris, même la plupart (et je suis du nombre
[13]) n'ont pas compris. Nous sommes trop ignorants. Mais nous avons l'intuition qu'il a énoncé de grandes choses, et nous nous taisons pleins d'admiration.       

Les malveillants, qui n'ont pas compris ou n'ont pas voulu comprendre, raillent :    

"Il délire !"

Mais ils n'osent pas en dire davantage et ils s'écartent ou bien se dirigent vers les portes en secouant la tête. Tant de prudence je crois qu'elle vient des lances et des dagues romaines qui brillent au soleil au bout du mur.       

 487.10 - Gamaliel se fraie un passage parmi ceux qui sont restés. Il arrive près de Jésus qui prie encore, absorbé, loin de la foule et de cet endroit, et il l'appelle :      

"Rabbi Jésus !"     

"Que veux-tu, rabbi Gamaliel ?" demande Jésus en levant la tête, les yeux encore absorbés dans une vision intérieure.  

"Une explication de Toi."           

"Parle."      

"Retirez-vous tous !" commande Gamaliel, et sur un tel ton que les apôtres, les disciples, les partisans, les curieux et les disciples eux-mêmes de Gamaliel, s'écartent en vitesse.      

Ils restent, seuls l'un en face de l'autre, et ils se regardent. Jésus toujours plein d'une suave douceur, l'autre autoritaire sans le vouloir, et l'air involontairement orgueilleux. Expression qui lui est certainement venue d'années d'obséquiosité exagérée.       

"Maître... on m'a rapporté certaines de tes paroles dites à un banquet... que j'ai désapprouvé parce qu'il manquait de sincérité
[14]. Moi, je combats ou je ne combats pas, mais c'est toujours ouvertement... J'ai médité ces paroles. Je les ai confrontées avec celles qui sont dans mon souvenir[15] … Et je t'ai attendu, ici, pour t'interroger sur elles... Et auparavant, j'ai voulu t'écouter parler... Eux n'ont pas compris. Moi, j'espère pouvoir comprendre. J'ai écrit tes paroles pendant que tu les disais. Pour les méditer, non pas pour te nuire. Me crois-tu ?"    

"Je te crois. Et veuille le Très-Haut les faire flamboyer à ton esprit."       

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467> "Qu'il en soit ainsi. Écoute. Les pierres qui doivent frémir, sont peut-être celles de nos cœurs ?"    

"Non, rabbi. Celles-ci (et dans un geste circulaire, il indique les murailles du Temple). Pourquoi le demandes-tu ?"

"Parce que mon cœur a frémi quand m'ont été rapportées tes paroles du banquet et tes réponses aux tentateurs. Je croyais que ce frémissement était le signe..."     

"Non, rabbi. C'est trop peu que le frémissement de ton cœur et celui de quelques autres pour être le signe qui ne laisse pas de doutes... Même si toi, grâce à un rare jugement d'humble connaissance de toi-même, tu donnes à ton cœur le nom de pierre. Oh ! Rabbi Gamaliel, ne peux-tu pas vraiment faire de ton cœur de pierre un lumineux autel pour accueillir Dieu ? Non dans mon intérêt, rabbi, mais pour que ta justice soit complète..."     

Et Jésus regarde avec douceur l'ancien maître qui tourmente sa barbe et passe ses doigts sous son couvre-chef en serrant son front et en murmurant, et il baisse la tête pour le dire :         

* Je ne puis... Je ne puis encore... Mais j'espère... Ce signe, est-ce que tu le donneras toujours ?"      

"Je le donnerai." 

"Adieu, rabbi Jésus."      

"Que le Seigneur vienne à toi, rabbi Gamaliel."        

Ils se séparent. Jésus fait signe aux siens et avec eux il se dirige hors du Temple.        

 487.11 - Scribes, pharisiens, prêtres, disciples de rabbis, se précipitent comme autant de vautours autour de Gamaliel, qui est en train de passer dans sa large ceinture les feuilles qu'il a écrites.       

"Eh bien ? Qu'en penses-tu ? Un fou ? Tu as bien fait d'écrire ces divagations. Elles nous serviront. As-tu décidé ? Es-tu convaincu ? Hier... aujourd'hui... Plus qu'il n'en faut pour te convaincre."         

Ils parlent tumultueusement et Gamaliel se tait pendant qu'il rajuste sa ceinture, renferme l'encrier qu'il y a suspendu, rend à son disciple la petite table sur laquelle il s'est appuyé pour écrire sur les parchemins.  

"Tu ne réponds pas ? Depuis hier, tu ne parles pas..." lui dit pour le décider un de ses collègues.  

"J'écoute. Pas vous. Lui. Et je cherche à reconnaître dans les paroles de maintenant la parole qui m'a parlé un jour. Ici."      

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468> "Et tu y réussis, peut-être ?" disent plusieurs en riant.         

"C'est comme le tonnerre dont la voix est différente selon que l'on est plus proche ou plus loin. Mais c'est toujours le bruit du tonnerre."      

"Un bruit qui ne permet pas de conclure, alors" plaisante quelqu'un.     

"Ne ris pas, Lévi. Dans le bruit peut se trouver aussi la voix de Dieu et nous pouvons être assez sots pour croire que c'est le bruit de nuages qui se déchirent... Ne ris pas non plus toi,
Elchias, et toi, Simon, de peur que le tonnerre ne vienne à se changer en foudre et ne vous réduise en cendres..."        

"Alors... toi... tu dis quasi que le Galiléen c'est cet enfant qu'avec
Hillel vous croyiez prophète, et que cet enfant et cet homme soit le Messie..." demande des railleurs, bien qu'en sourdine car Gamaliel se fait respecter.         

"Je ne dis rien. Je dis que le bruit du tonnerre est toujours le bruit du tonnerre."        

"Plus proche ou plus lointain ?"

"Hélas ! Les paroles sont plus fortes comme l'âge le comporte. Mais les vingt années écoulées ont rendu mon intelligence vingt fois plus fermée sur le trésor qu'elle possède. Et le son pénètre plus faiblement..."          

Et Gamaliel laisse retomber sa tête sur sa poitrine, pensif.

"Ha ! Ha ! Ha ! Tu vieillis et tu deviens sot, Gamaliel ! Tu prends des fantômes pour des réalités. Ha ! Ha ! Ha !"         

Et tous se mettent à rire.



Gamaliel hausse dédaigneusement les épaules. Puis relève son manteau qui pendait de ses épaules, s'en enveloppe à plusieurs tours tant il est ample, et tourne le dos à tout le monde sans répliquer un mot, plein de mépris dans son silence.      

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Fiche mise à jour le 07/02/2024.

 



[1] Le Falerne est un vin de Campanie réputé dès l'antiquité. Bézeta est un quartier au nord de Jérusalem.  

[2] Cf. le prologue de Jean : Jean 1,1-11.   

[3] Psaume 2,7.        

[4] Cf. Le Symbole de Nicée (Credo) : Il est Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière … engendré mais non pas créé. Voir aussi EMV 89.3 et la note explicative. 

[5] Psaume 96 (Hébreu 97),7. Dans la nouvelle Vulgate ceci est traduit par : "les dieux", mais dans la Vulgate, il s’agissait des "anges", ce que confirme Hébreu 1,6 citant ce Psaume : "Que se prosternent devant lui tous les anges de Dieu" et que reprend ici Maria Valtorta.  

[6] Psaume 109 (Hébreu 110),1.      

[7] Au Baptême de Jésus les cieux s'ouvrirent et on vit l'Esprit de Dieu sous forme d'une colombe (Matthieu 3,17), se poser sur la tête de Jésus pendant qu'une voix "de tonnerre" disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je mets ma complaisance". Le fait n’est pas rapporté dans la scène du Baptême lui-même, mais dans les commentaires de Jésus (EMV 45.7) ainsi que dans le témoignage d’André, témoin oculaire (EMV 324.4).     

[8] Cf. Jean 3,16-17.

[9] Psaume 109 (Hébreu 110),4.      

[10] MELCHISÉDECH : Son nom veut dire roi de justice. En Genèse 14,18-20, il est présenté comme roi de Salem (Shalom = paix) et prêtre du Très-Haut. Le Psaume 109 (Hébreu 110),4, déjà cité, proclame que le Christ est prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. L’épître aux Hébreux, citant ce Psaume, l’applique à la Passion de Jésus-Christ (Hébreux 5,6-10) et confirme que c’est l’attribut du Rédempteur (Hébreux 6,19-20).   

[11] Cf. La proclamation du soldat romain sur le Calvaire : "Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu !" (Cf. Matthieu 27,54 et EMV 609.30).     

[12] Psaume 39 (Hébreu 40),8-9 que reprend la Lettre aux Hébreux 10,7-9. Le Christ est de toute éternité : Jean1,1-3.          

[13] Cf. la dictée de Jésus écrite plusieurs après cet épisode : "Je ne prétends pas que l’Œuvre soit un livre canonique, et encore moins mon porte-parole, que son ignorance absolue dans ce domaine empêche même de distinguer les théologies dogmatique, mystique ou ascétique ; s’il ignore les subtilités des définitions et les conclusions des conciles, il sait aimer et obéir — et cela me suffit, je n’attends rien d’autre de lui —. Néanmoins, je vous déclare, en vérité, que c’est un livre inspiré, car l’instrument est incapable d’écrire des pages qu’il ne comprend même pas si je ne les lui explique moi-même pour lui ôter toute crainte." (Dictée du 28 janvier 1947, extraite des "Cahiers de 1945 à 1950", page 317). Voir aussi, a contrario, l’avis des censeurs sur la haute valeur théologiques de l’Œuvre : "Au milieu d’un si grand étalage de connaissances théologiques… ésus est loquace à l’extrême, en véritable publicitaire, toujours prêt à se proclamer Messie et Fils de Dieu et à faire des exposés de théologie dans les termes mêmes qu’emploierait un professeur de nos jours… [La Vierge Marie] est toujours prête à donner des leçons d’une théologie mariale mise à jour selon les plus récentes études des spécialistes actuels en la matière".        

[14] Banquet offert par Elchias le pharisien à la Pentecôte. C'est à ce banquet que Jésus profère les malédictions contre les pharisiens Cf. EMV 414.4/11.         

[15] La prophétie donnée par le jeune Jésus lors de sa confrontation avec les docteurs du Temple : EMV 41.9.