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   Le lundi 17 mars
  1947. 
  254>   580.1 – C'est une aube qui nuance à peine sa candeur d'un premier
  rosé d'aurore. Le frais silence de la campagne disparaît de plus en plus en
  s'embellissant des trilles des oiseaux réveillés.           
   
  Jésus sort le premier de la maison de Nikê, pousse
  silencieusement la porte et se dirige vers le verger tout vert où s'égrènent
  les notes limpides des mésanges et où les merles flûtent leur chant.        
   
  Mais il n'y est pas encore arrivé, quand il en sort quatre personnes qui
  s'avancent vers Lui. Quatre de ceux qui étaient hier dans le groupe inconnu
  et qui n'avaient pas du tout découvert leurs visages. Ils se prosternent
  jusqu'à terre, et au commandement et à la question que Jésus leur fait, après
  les avoir salués de son salut de paix :        
   
  "Levez-vous ! Que voulez-vous de Moi ?", ils se lèvent et rejettent
  leurs manteaux et leurs couvre-chefs de lin dans lesquels ils avaient gardé
  caché leurs visages comme autant de bédouins.      
   
  Je reconnais le visage pâle et maigre du scribe Joël d'Abia,
  vu dans la vision de Sabéa. Les autres me sont inconnus jusqu'à ce qu'ils se
  nomment :           
   
  "Moi, Judas de Béteron, le dernier des
  vrais assidéens, amis de Matthatias l'Asmonéen."       
   
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  255>
  "Moi, Éliel, et mon
  frère Elcana de Bethléem de Juda, frères de Jeanne, ta disciple, et il
  n'y a pas pour nous de titre plus grand. Absents quand tu étais fort,
  présents maintenant que tu es persécuté."      
   
  "Moi, Joël d'Abia, aux yeux si longtemps aveugles, mais maintenant ouverts
  à la Lumière."           
   
  "Je vous avais déjà congédiés. Que voulez-vous de Moi ?"   
   
  "Te dire que... si nous sommes restés couverts, ce n'est pas à cause de
  Toi, mais..." dit Éliel.    
   
  "Allons, parlez !"    
   
  "Mais... Parle toi, Joël, car tu es le plus au courant..."           
   
    580.2 – "Seigneur...
  Ce que je sais est tellement...
  horrible... Je voudrais que même les mottes ne le sachent pas, n'entendent
  pas ce que je vais dire..."            
   
  "Les mottes en vérité tressailliront. Pas Moi, car je sais ce que tu
  veux dire. Mais parle quand même..."       
   
  "Si tu le sais... permets que mes lèvres ne frémissent pas en disant
  cette horrible chose. Ce n'est pas que je pense que tu mens en disant que tu
  sais et que tu veux que je le dise pour savoir, mais vraiment parce
  que..."          
   
  "Oui, parce que c'est une chose qui crie vers le Seigneur. Mais je vais
  la dire pour persuader tout le monde que je connais le cœur des hommes. Toi,
  membre du Sanhédrin et conquis à la Vérité, tu as découvert une chose que tu
  n'as pas su porter par toi-même, car elle est trop grande. Et tu es allé les
  trouver eux, vrais juifs en lesquels se trouve un esprit uniquement bon, pour
  leur demander conseil. Tu as bien fait, même si ce que tu as fait ne sert à
  rien. Le dernier des assidéens serait prêt à répéter le geste de ses pères
  pour servir le vrai Libérateur, et il n'est pas le seul. Son parent Barzelaï (Barzillaï) le ferait aussi, et beaucoup avec lui. Et les frères de
  Jeanne, par amour pour Moi et pour leur sœur, en plus que pour la Patrie,
  seraient avec lui. Mais ce n'est pas avec les lances et les épées que je
  triompherai. Entrez complètement dans la Vérité. Mon triomphe sera céleste.        
   
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  256>   580.3 – Toi
  (Joël), voilà que tu deviens encore plus pâle et plus hâve qu'à l'ordinaire,
  tu sais qui a présenté les charges contre Moi. Ces charges, si elles sont fausses dans leur esprit,
  sont vraies dans la matérialité des mots; en vérité j'ai violé le sabbat
  quand j'ai dû m'enfuir, mon heure n'étant pas encore venue, et quand j'ai
  arraché des innocents aux voleurs. Je pourrais dire que la nécessité justifie
  l'acte comme la nécessité justifia David de s'être nourri des pains de
  proposition. En vérité je me suis réfugié en Samarie, même si, mon heure
  étant venue et ayant reçu la proposition des samaritains de rester près d'eux
  comme Pontife, j'ai refusé les honneurs et la sécurité pour rester fidèle à
  la Loi, même quand cela voulait dire me livrer aux ennemis. Il est vrai que
  j'aime les pécheurs et les pécheresses au point de les arracher au péché. Il
  est vrai que j'annonce la ruine du Temple, même si mes paroles ne sont que la
  confirmation du Messie aux paroles de ses prophètes. Celui qui fournit ces
  accusations et d'autres, et fait, même des miracles, un motif d'accusation,
  et s'est servi de toutes les choses de la Terre pour essayer de m'entraîner
  dans le péché et pour pouvoir ajouter d'autres accusations aux premières, celui-là est un de mes amis.   
   
  Cela aussi a été dit par le roi prophète, dont je descends par ma Mère; "Celui qui mangeait
  mon pain a levé contre Moi son talon". Je le sais. Je ne puis empêcher que lui
  accomplisse le crime — désormais... sa volonté s'est donnée à la Mort, et
  Dieu ne violente pas la liberté de l'homme — mais qu'au moins... oh ! qu'au
  moins le déchirement de l'horreur accomplie le jette repenti aux pieds de
  Dieu... Pour cela je mourrais deux fois. C'est pour cela que toi, Judas de
  Béteron, tu as averti hier Manahen de se taire, car le serpent était présent
  et pouvait faire du tort au disciple en même temps qu'au Maître. Non. Seul le
  Maître sera frappé. Ne craignez pas. Ce ne sera pas à cause de Moi que vous
  aurez peines et malheurs. Mais c'est à cause du crime de tout un peuple, que
  vous aurez tous ce qui a été dit par les prophètes.      
   
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  257>   580.4 – Ma
  malheureuse, malheureuse Patrie ! Malheureuse terre qui connaîtra le
  châtiment de Dieu ! Malheureux habitants et enfants que maintenant je bénis
  et que je voudrais sauver et qui, bien qu'innocents, connaîtront, une fois
  adultes, la morsure du plus grand malheur. Regardez-la votre terre
  florissante, belle, verte et fleurie comme un merveilleux tapis, fertile
  comme un Eden... Imprimez-vous-en la beauté dans le cœur, et puis... quand je
  serai retourné là d'où je suis venu... fuyez. Fuyez tant qu'il vous sera
  possible de le faire, avant que, comme un rapace d'enfer, la désolation de la
  ruine se répande ici et abatte et détruise et rende stérile et brûle, plus
  qu'à Gomorrhe, plus qu'à Sodome... Oui, plus que là où il n'y eut qu'une mort
  rapide. Ici... Joël, te rappelles-tu Sabéa  ? Elle a prophétisé une dernière fois l'avenir du Peuple
  de Dieu qui n'a pas voulu du Fils de Dieu."     
   
  Les quatre sont tout abasourdis. La peur de l'avenir les rend muets. Enfin
  Éliel parle             
   
  "Tu nous conseilles ?..."   
   
  "Oui. Partez. Il n'y aura plus rien ici qui vaille la peine de retenir
  les fils du peuple d'Abraham. Et d'ailleurs, vous spécialement, les notables,
  on ne vous laissera pas sur place... Les puissants, faits prisonniers,
  embellissent le triomphe du vainqueur. Le Temple nouveau et immortel emplira
  de lui-même la Terre et tout homme qui me cherche me possédera car je serai
  partout où un cœur m'aime. Allez. Éloignez vos femmes, vos enfants, les
  vieux... Vous m'offrez salut et aide. Je vous conseille de vous sauver, et je
  vous aide par ce conseil... Ne le méprisez pas."    
   
  "Mais désormais... en quoi Rome peut-elle nous nuire davantage ? Ils
  sont nos maîtres. Et si sa loi est dure, il est vrai aussi que Rome a
  reconstruit les maisons et les villes et..."     
   
    "En vérité, sachez-le,
  en vérité pas une seule pierre de Jérusalem ne demeurera intacte. Le feu, les
  béliers, les frondes et les javelots mettront par terre, saccageront,
  bouleverseront toutes les maisons, et la Cité sacrée deviendra une caverne,
  et pas elle seule... Une caverne, cette Patrie qui est la nôtre .        
   
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  258>
  Pâturages d'onagres et de lamies, comme disent les prophètes , et non pas pour une ou plusieurs années, ou pour des
  siècles, mais pour toujours. Désert, terres brûlées, stérilité... Voilà le
  sort de ces terres ! Champ de querelles, lieu de torture, rêve de
  reconstruction toujours détruit par une condamnation inexorable, tentatives
  de résurrection éteintes à leur naissance. Le sort de la Terre qui a repoussé
  le Sauveur et a voulu une rosée qui est feu sur les coupables."             
   
    580.5 – "Il
  n'y aura donc plus... jamais plus un royaume d'Israël ? Nous ne serons jamais
  plus ce que nous rêvions ?" demandent d'une voix angoissée les trois
  notables juifs.           
   
  Le scribe Joël pleure...      
   
  "Avez-vous jamais observé un vieil arbre dont la moelle est détruite par
  la maladie ? Pendant des années, il végète péniblement, si péniblement qu'il
  ne donne ni fleurs ni fruits. Seulement quelques rares feuilles sur les
  branches épuisées indiquent qu'il monte un peu de sève... Puis, un mois
  d'avril, le voilà qui fleurit miraculeusement et se couvre de feuilles
  nombreuses. Le maître s'en réjouit, lui qui pendant tant d'années l'a soigné
  sans avoir de fruits. Il se réjouit en pensant que l'arbre est guéri et
  redevient luxuriant après tant d'épuisement... Oh ! tromperie ! Après une
  explosion si exubérante de vie, voilà la mort subite. Les fleurs tombent et
  les feuilles et les petits fruits qui semblaient déjà se nouer sur les
  branches et promettre une récolte copieuse, et avec un bruit inattendu,
  l'arbre, pourri à la base, s'effondre sur le sol. Ainsi fera Israël.   Après avoir pendant des siècles végété sans
  donner de fruits, dispersé, il se rassemblera sur le vieux tronc et aura une
  apparence de reconstruction. Finalement réuni le Peuple dispersé. Réuni et
  pardonné. Oui. Dieu attendra cette heure pour arrêter le cours des
  siècles. Il n'y aura plus de siècles alors, mais l'éternité. Bienheureux ceux
  qui, pardonnes, formeront la floraison fugace du dernier Israël, devenu,
  après tant de siècles, le domaine du Christ, et qui mourront rachetés, en
  même temps que tous les peuples de la Terre, bienheureux avec eux ceux qui,
  parmi eux, auront non seulement connu mon existence, mais embrassé ma Loi,
  comme une loi de salut et de vie.   
   
    580.6 – J'entends
  les voix de mes apôtres. Partez avant qu'ils n'arrivent..."         
   
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  259>
  "Ce n'est pas par lâcheté, Seigneur, que nous cherchons à rester
  inconnus, mais pour te servir, afin de pouvoir te servir.
  Si on savait que nous, moi surtout, nous sommes venus te trouver, nous
  serions exclus des délibérations..." dit Joël.          
   
  "Je comprends. Mais faites attention que le serpent est rusé. Toi,
  spécialement, Joël, sois prudent..."         
   
  "Oh ! Ils me tueraient ! Je préférerais ma mort à la tienne ! Et ne pas
  voir les jours dont tu parles ! Bénis-moi, Seigneur, pour me fortifier... "     
   
  "Je vous bénis tous au nom du Dieu Un et Trin et au nom du Verbe qui
  s'est Incarné afin d'être le salut pour les hommes de bonne volonté."    
   
  Il les bénit collectivement d'un large geste et puis, pour chacun d'eux, il
  pose sa main sur la tête inclinée de ceux qui sont à ses pieds.            
   
  Ensuite eux se lèvent, se couvrent de nouveau le visage, et se cachent parmi
  les arbres du verger et les haies de mûres qui séparent les poiriers des
  pommiers et ceux-ci des autres arbres. Juste à temps, car les douze apôtres
  sortent en groupe de la maison afin de chercher le Maître pour se mettre en
  route.   
   
    580.7 – Et
  Pierre dit :        
   
  "Par devant la maison, du côté de la ville, il y a une foule de gens que
  nous avons eu du mal à retenir pour te laisser prier. Ils veulent te suivre.
  Personne n'est parti de ceux que tu avais congédiés. Au contraire, beaucoup
  sont revenus sur leurs pas, et beaucoup d'autres sont survenus. Nous les
  avons grondés..."           
   
  "Pourquoi ? Laissez-les me suivre ! Qu'il en fût ainsi de tous ! Partons
  !"  
   
  Et Jésus, après s'être ajusté le manteau que Jean Lui présente, se met à la
  tête des siens, rejoint la maison, la côtoie, met le pied sur la route qui va
  à Béthanie et entonne à haute voix un psaume.      
   
  Les gens, une vraie foule, avec en tête les hommes, puis les femmes et les
  enfants, le suivent, chantant avec Lui...            
   
  La ville s'éloigne avec son enceinte de verdure. La route est parcourue par
  de nombreux pèlerins. Sur le bord de la route des mendiants nombreux élèvent
  leurs plaintes pour émouvoir la foule et faire ainsi une quête fructueuse.
  Estropiés, manchots, aveugles... La misère habituelle qui, en tout temps et
  en tout pays, a coutume de se réunir là où une festivité appelle les foules.     
   
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  260>
  Et si les aveugles ne voient pas Celui qui passe, les autres voient, et
  connaissant la bonté du Maître pour les pauvres, jettent leur cri plus fort
  qu'à l'ordinaire pour attirer l'attention de Jésus. Pourtant, ils ne
  demandent pas de miracle, seulement une obole, et c'est Judas qui la donne.   
   
    580.8 – Une femme, de condition aisée, arrête l'âne, sur
  lequel elle était en selle, près d'un arbre robuste qui ombrage une
  bifurcation et elle attend Jésus. Quand il est proche, elle glisse de sa
  monture et elle se prosterne, non sans mal, car elle a dans ses bras un petit
  enfant absolument inerte. Elle le soulève sans dire un mot. Ses yeux prient
  dans son visage affligé. Mais Jésus est entouré de gens qui forment une haie
  et il ne voit pas la pauvre mère agenouillée au bord de la route. Un homme et
  une femme, qui semblent accompagner la mère affligée, lui parlent :       
   
  "Il n'y a rien pour nous" dit l'homme en secouant la tête.    
   
  Et la femme :          
   
  "Maîtresse, il ne t'a pas vu. Appelle-le avec foi et il
  t'exaucera."      
   
  La mère l'écoute et elle crie à haute voix pour vaincre le bruit des chants
  et des pas :  
   
  "Seigneur, pitié pour moi !"        
   
  Jésus, qui est déjà en avant de quelques mètres, s'arrête et se tourne pour
  chercher qui a crié, et la servante dit :   
   
  "Maîtresse, il te cherche. Lève-toi donc et va le trouver et Fabia va être guérie"  
   
  Et elle l'aide à se lever pour la conduire vers le Seigneur qui dit :   
   
  "Que celui qui m'a appelé vienne à Moi. C'est un temps de miséricorde
  pour qui sait espérer en elle."         
   
  Les deux femmes se fraient un passage, avec la servante devant pour ouvrir le
  chemin à la mère, puis la mère elle-même, et elles vont rejoindre Jésus quand
  une voix crie :         
   
    "Mon bras
  perdu ! Regardez ! Béni le Fils de David, notre vrai Messie, toujours
  puissant et saint !"            
   
  Il se produit un remue-ménage car plusieurs se tournent et la foule subit un
  brassage, un mouvement de îlots contraires autour de Jésus, Tout le monde
  veut savoir et voir... On interroge un vieillard qui agite son bras droit
  comme si c'était un drapeau et qui répond :          
   
  Haut de page.         
   
  261>
  "Il s'était arrêté. J'ai réussi à saisir un pan de son manteau et à m'en
  couvrir, et il m'est couru comme un feu et une vie à travers le bras mort, et
  voilà : le droit est comme le gauche rien que pour avoir touché son
  vêtement."            
   
    580.9 – Jésus, pendant ce temps, demande à la femme :      
   
  "Que veux-tu ?"     
   
  La femme tend son enfant et elle dit :   
   
  "Elle aussi a droit à la vie. Elle est innocente. Elle n'a pas demandé
  d'être d'un lieu ou d'un autre, d'un sang ou d'un autre. C'est moi la
  coupable. Pour moi la punition, pas pour elle."  
   
  "Espères-tu que la miséricorde de Dieu soit plus grande que celle des
  hommes ?"      
   
  "Je l'espère, Seigneur. Je crois. Pour mon enfant et
  pour moi, à laquelle j'espère que tu rendes la pensée et
  le mouvement. On dit que tu es
  la Vie..."          
   
  Et elle pleure.         
   
  "Je suis la Vie, et celui qui croit en Moi aura la vie de l'esprit et
  des membres. Je veux !"         
   
  Jésus a crié ces mots d'une voix forte et maintenant il abaisse sa main sur
  l'enfant inerte qui a un frémissement, un sourire, un mot :  
   
  "Maman !"  
   
  "Elle bouge ! Elle sourit ! Elle a parlé ! Fabius ! Maîtresse !"            
   
  Les deux femmes ont suivi les phases du miracle et les ont annoncées à haute
  voix, et elles ont appelé le père qui s'est fait un passage à travers les
  gens et arrive aux femmes quand déjà elles sont aux pieds de Jésus en larmes,
  et pendant que la servante dit :      
   
  "Je te l'avais dit que Lui a pitié de tous !".        
   
  La mère dit :           
   
  "Et maintenant, pardonne-moi aussi mon péché."    
   
  "Le Ciel ne te montre-t-il pas, par la grâce qu'il t'a accordée, que ton
  erreur est pardonnée ? Lève-toi et marche dans la vie nouvelle avec ta fille
  et avec l'homme que tu as choisi. Va ! Paix à toi, et à toi, fillette, et à
  toi, fidèle Israélite. Une grande paix pour toi, à cause de ta fidélité à
  Dieu et à la fille de la famille que tu as servi et qu'avec ton cœur tu as
  tenue proche de la Loi. Et paix aussi à toi, homme, qui as été plus
  respectueux pour le Fils de l'homme que beaucoup d'autres d'Israël."  
   
  Haut de page.         
   
  262>
  Il prend congé pendant que la foule, après avoir quitté le vieillard,
  s'intéresse au nouveau miracle sur la fillette paralysée et idiote, peut-être
  par suite d'une méningite, et qui maintenant saute joyeusement en disant les
  seuls mots qu'elle sait, ceux que peut-être elle savait quand elle est tombée
  malade et qu'elle retrouve intacts dans son esprit qui s'est réveillé :    
   
  "Père, mère, Élise. Le beau soleil ! Les fleurs !..."       
   
    580.10 – Jésus fait le geste de partir, mais du carrefour
  désormais dépassé, près des ânes laissés là par les miraculés, deux autres
  cris s'élèvent lamentables avec la cadence caractéristique des hébreux :          
   
  "Jésus, Seigneur ! Fils de David, aie pitié de moi !"    
   
  Et de nouveau, plus fort, pour dépasser les cris de la foule qui dit :            
   
  "Taisez-vous, laissez aller le Maître La route est longue et le soleil
  tape de plus en plus fort. Qu'il puisse être sur les collines avant la
  chaleur".      
   
  Mais ils crient de nouveau :        
   
  "Jésus, Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi."      
   
  Jésus s'arrête de nouveau pour dire :    
   
  "Allez prendre ceux qui crient et amenez-les ici."      
   
  Des volontaires s'en vont. Ils rejoignent les deux aveugles
  et leur disent :            
   
  "Venez. Il a pitié de vous. Levez-vous car il veut vous exaucer. Il nous a envoyés pour vous appeler en son nom"  
   
  Et ils cherchent à conduire les deux aveugles à travers la foule.      
   
  Mais si l'un se laisse conduire, l'autre, plus jeune et peut-être plus
  croyant, prévient le désir des volontaires et il s'avance seul, avec son
  bâton qu'il pointe en avant, le sourire et l'attitude caractéristiques des
  aveugles sur leur visage levé pour chercher la lumière, et il semble que son
  ange le conduise tant sa marche est rapide et sûre. S'il n'avait pas les yeux
  blancs, il ne semblerait pas aveugle. Il arrive le premier devant Jésus qui
  l'arrête en disant :       
   
  "Que veux-tu que je te fasse ?"   
   
  "Que je voie, Maître, Fais, Ô Seigneur, que s'ouvrent mes yeux et ceux
  de mon compagnon."          
   
  Et l'autre aveugle étant arrivé, on le fait agenouiller près de son
  compagnon.     
   
  Jésus met les mains sur leurs visages levés et il dit :  
   
  "Qu'il soit fait comme vous le demandez. Allez ! Votre foi vous a sauvés
  !"           
   
  Haut de page.         
   
  263> Il
  enlève ses mains et deux cris sortent des lèvres des aveugles :      
   
  "Je vois, Uriel !"     
   
  "Je vois, Bartimée !"         
   
  Et puis, ensemble :           
   
  "Béni Celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni Celui qui l'a envoyé !
  Gloire à Dieu ! Hosanna au Fils de David"          
   
  Et ils se jettent tous deux, le visage au sol, pour baiser les pieds de
  Jésus. Ensuite les deux aveugles se lèvent et celui qui s'appelle Uriel
  dit :   
   
  "Je vais me montrer à mes parents et puis je reviens te suivre, ô
  Seigneur."        
   
  Mais Bartimée dit de son côté :  
   
  "Je ne te quitte pas. Je vais envoyer quelqu'un pour les prévenir. Ce
  sera toujours de la joie. Mais me séparer de Toi, non. Tu m'as donné la vue,
  je te consacre ma vie. Aie pitié du désir du dernier de tes serviteurs."   
   
  "Viens et suis-moi. La bonne volonté rend égales toutes les conditions
  et seul est grand celui qui sait le mieux servir le Seigneur." 
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