460> "Paix à Toi, Maître !" c'est le
salut des disciples bergers qui
sont allés en avant les jours précédents et qui attendent au-delà du gué,
avec les malades qu'ils ont rassemblés et d'autres personnes désireuses d'entendre
le Maître.
"Paix à vous. Il y a longtemps que vous m'attendez ?"
"Trois jours."
"J'ai été retenu en route. Allons vers les malades."
"Nous avons fait dresser des tentes pour les abriter sans faire la
navette des villages voisins. Du lait, ils en ont donné pour eux nos amis
bergers, qui maintenant sont ici avec leurs troupeaux et t'attendent"
disent les disciples tout en conduisant Jésus sous
un bosquet touffu qui pourrait servir de toit à qui s'y réfugierait.
Il y a là une vingtaine de petites tentes dressées sur des pieux, ou d'un
tronc à un autre, et dessous se trouve le triste petit peuple des malades qui
attendent et, dès qu'ils comprennent quel est celui qui vient, ils poussent
le cri habituel : "Jésus, Fils de David, aie pitié de nous."
Jésus ne veut pas les faire attendre
longtemps et en se montrant, ou plutôt en se penchant d'une tente à l'autre,
sa grande taille ne Lui permettant pas de se tenir debout à l'intérieur, il
met dans chacune son visage et son sourire qui est déjà une grâce. Le soleil
qu'il a derrière Lui projette son ombre sur les grabats et sur les visages
émaciés ou les membres inertes. Il ne dit qu'une courte phrase : "Paix à
vous qui croyez" et puis il passe à la tente suivante.
Et un cri le suit. Un cri qui se répète comme se répète sa phrase, un cri qui
se répète dans la tente qu'il vient de quitter comme si c'était l'écho de
celui qui est sorti de la tente précédente : "Je suis guéri.
Hosanna au Fils de David !"
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461> Et le petit peuple des
malades, d'abord étendu sous les tentes sombres, sort et se groupe derrière
les pas du Maître, un petit peuple tout en fête, qui jette les bâtons et les
béquilles, qui s'enveloppe dans les couvertures du brancard abandonné, qui
enlève les pansements désormais inutiles et qui surtout exulte dans la joie
de la guérison.
Ils sont tous guéris maintenant et Jésus se retourne avec son sourire le plus
doux pour dire : "Le Seigneur a récompensé votre foi. Bénissons ensemble
sa bonté" et il entonne le psaume : "Acclamez joyeusement Dieu par
toute la Terre, servez le Seigneur avec allégresse. Venez en sa présence dans
la jubilation. Reconnaissez que le Seigneur est Dieu, que Lui nous a faits...
"
Les gens le suivent comme ils peuvent. Certains, qui ne sont peut-être pas
d'Israël, suivent le chant en le fredonnant, mais leur cœur chante et la
lumière de leurs visages le montre. Dieu certainement accueillera ce pauvre
fredon, mieux que le chant parfait et aride de quelques pharisiens.
Matthias dit à
Jésus : "O Seigneur, en parlant à ceux qui attendent ta parole,
rappelle-leur notre Jean."
"Je pensais le faire, car cet endroit me ramène encore plus vivement au
cœur, la figure du Baptiste" et entouré par les gens, il monte sur une
bande de terre surélevée, couverte d'une herbe fine, et il commence à parler.
"Qu'êtes-vous venus chercher en ce lieu ? La santé du corps, Ô malades,
et elle vous a été donnée. La parole qui évangélise, et vous l'avez trouvée.
Mais la santé du corps doit être la préparation à la recherche de la santé de
l'esprit, de même que la parole qui évangélise doit être la préparation à
votre volonté de justice. Malheur si la santé du corps se bornait à la joie
de la chair et du sang en restant inerte pour ce qui est de l'esprit !
Je vous ai fait louer le Seigneur qui vous a donné le bienfait avec la santé.
Mais une fois passé le moment de la jubilation, il ne faut pas cesser de
montrer votre reconnaissance au Seigneur, et elle se manifeste dans la
volonté sincère de l'aimer.
Tout don de Dieu n'est rien, bien qu'il soit chargé de forces
actives, si l'homme n'a pas la volonté de faire par compensation le don de
son propre esprit à Dieu.
Ce lieu a entendu la prédication de Jean. Plusieurs de vous certainement
l'ont entendue. Tant de gens, en Israël, l'ont entendue, mais elle n'a pas
produit en tous les mêmes résultats bien que le Baptiste ait dit à tous les mêmes paroles.
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462> Comment donc tant de différence ? D'où vient-elle ? De
la volonté différente des hommes qui ont recueilli ces paroles. Pour
certains, elles les ont réellement préparés à Moi, et par conséquent à leur
sainteté. Pour d'autres, au contraire, elles les ont préparés contre Moi, et
par conséquent à leur injustice. Comme le cri d'une sentinelle, elles ont
résonné, et l'armée des esprits s'est divisée bien qu'il n'y ait eu qu'un
seul cri. Une partie d'entre eux se sont préparés pour suivre leur Chef, une
partie d'entre eux se sont armés et ont étudié des plans pour le combattre,
Moi et ceux qui me suivent. Et c'est pour cela qu'Israël sera vaincu, car un
royaume divisé en lui-même ne peut être fort et les étrangers en profitent
pour le subjuguer.
Il en est de même en chaque esprit. En tout homme, il y a des forces bonnes
et des forces qui ne le sont pas. La Sagesse parle à l'homme tout entier, mais ils sont peu nombreux les hommes qui savent vouloir faire régner une seule partie, celle qui est bonne. Pour la volonté de choisir une
seule partie et de la faire reine, les fils du siècle ont plus de capacités. Eux savent être complètement mauvais quand ils veulent
l'être, et ils rejettent comme des vêtements inutiles les parties bonnes qui
pourraient résister en eux.
Au contraire les hommes qui n'appartiennent pas au siècle, et qui sont
poussés vers la Lumière, ne savent que difficilement imiter les fils du
siècle et rejeter loin d'eux les vêtements qu'ils répudient, les parties mauvaises qui essaient de résister en eux. J'ai dit que si un œil
est un scandale il faut l'arracher, que si une main est un scandale, il faut
la couper, car il vaut mieux entrer mutilé dans la Lumière éternelle, que
dans les Ténèbres éternelles avec les deux yeux ou les deux mains.
Le Baptiste était un homme de notre temps. Plusieurs d'entre vous l'ont
connu. Imitez son exemple héroïque. Lui, par amour pour le Seigneur et pour
son âme, a jeté bien plus qu'un œil ou une main, mais sa vie même pour être
fidèle à la Justice.
Plusieurs de vous auront peut-être été ses disciples et diront encore qu'ils
l'aiment. Mais souvenez-vous que l'amour pour Dieu et pour les maîtres qui
conduisent à Dieu se montre en faisant ce qu'ils ont enseigné, en imitant
leurs œuvres de justice, et en aimant Dieu avec tout soi-même, jusqu'à
l'héroïsme. Voici alors qu'en agissant ainsi, les dons de santé et de sagesse
que Dieu a accordés ne restent pas inactifs et ne deviennent pas
condamnation, mais sont au contraire une échelle pour monter à la demeure de
mon Père et du vôtre, qui nous attend tous dans son Royaume.
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463> Faites, pour votre bien, faites que le sacrifice du
Baptiste : toute une vie de sacrifice terminée par le martyre; et mon
sacrifice; toute une vie de sacrifice et qui se termine en un
martyre cent et cent fois plus grand que celui de mon Précurseur, ne restent
pas inactifs pour vous.
Soyez justes, ayez la foi, ayez l'obéissance à la parole du Ciel,
renouvelez-vous dans la Loi Nouvelle. Que la Bonne Nouvelle soit pour vous
vraiment bonne, en vous rendant bons et dignes de jouir de la Bonté,
c'est-à-dire du Seigneur Très-Haut dans un Jour éternel. Sachez distinguer
les vrais bergers des faux et suivez ceux qui vous donnent les paroles de Vie
qu'ils ont apprises de Moi.
Elle est proche la fête des Lumières, la célébration de la Dédicace du
Temple. Rappelez-vous qu'elles ne sont rien les lampes nombreuses en
l'honneur de la fête et du Seigneur, si
votre cœur reste sans lumière. La
lumière c'est la charité, et la douille la volonté d'aimer le Seigneur par
les œuvres bonnes. Rappeler la Dédicace du Temple est une bonne chose,
mais il est beaucoup plus grand et meilleur et plus agréable au
Seigneur de dédier à Dieu son propre esprit et de le reconsacrer par l'amour.
Des esprits justes dans des
corps justes, car le corps ressemble aux murs qui entourent l'autel et l'esprit c'est l'autel sur lequel descend la
gloire du Seigneur. Dieu ne peut descendre sur des autels profanés par les
propres péchés ou par des contacts avec des chairs mordues par la
luxure ou des pensées mauvaises.
Soyez bons. La peine de l'être dans les continuelles épreuves de la vie est
compensée avec usure par la récompense future et, dès maintenant, par la paix
qui console le cœur des justes à la fin de chacune de leurs journées, quand
ils s'étendent pour le repos et trouvent leur oreiller exempt de remords,
cauchemar de ceux qui veulent des jouissances illicites et n'arrivent qu'à se
donner une agitation sans paix.
N'enviez pas les riches. Ne haïssez personne. Ne désirez pas ce que vous
voyez aux autres. Soyez contents de votre état en pensant que de faire la
Volonté de Dieu en toute chose, c'est la clef qui ouvre les portes de la
Jérusalem éternelle.
Je vous quitte. Beaucoup d'entre vous ne me verront plus, car je vais aller
préparer les places de mes disciples... Je bénis spécialement vos enfants,
vos femmes que je ne verrai plus. Et puis vous, les hommes... Oui. Je veux
vous bénir... Ma bénédiction servira à ne pas faire tomber les plus forts et
à relever les plus faibles. Seuls pour ceux qui me trahiront en me haïssant
ma bénédiction sera sans valeur."
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