"L'Évangile tel qu'il m'a été
révélé" |
aucun accent |
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Mercredi 7
novembre 29 (12 Kisleu)
- Le problème que pose Lazare aux
apôtres 464 - Le zèle de Jésus pour les pécheurs 464
- Jésus, que sait-il de Judas ? 465 - Jésus, sa science divine et humaine
466 - Les sentiments et les tentations de
Jésus 467 - Prière de Jésus pour tenir caché le
Crime 468 |
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464> Ils sont déjà sur les pentes de l'Oliveraie et les trois
couples d'apôtres, laissés à Jéricho, à Tecua, et à Béthanie sont de nouveau
réunis au Maître [1]. Mais Judas de Kériot est toujours absent
et les apôtres en parlent à voix basse... Jésus est d'une tristesse
infinie. Les apôtres, qui le
remarquent, disent entre eux : "C'est certainement à cause de Lazare. C'est vraiment un homme fini... Et les sœurs font peine à voir... Le Maître ne peut même
pas s'arrêter dans cette maison, avec tant de rancœur qui le poursuit. Cela
aurait été un réconfort pour le malade et les sœurs, et aussi pour le
Maître." "Moi, je ne puis
comprendre pourquoi il ne le guérit pas !" s'exclame Thomas. "Ce serait juste
même. Un ami... qui l'aide tant... Un juste..." murmure Barthélemy. "Ah ! pour être
juste, c'est vraiment un juste. Je crois qu'en ces jours, tu t'en es
persuadé..." dit le Zélote à Barthélemy. "Oui, c'est
vrai. Et c'est vrai aussi ce que tu sous-entends. Je n'étais pas bien
convaincu de sa justice... Avec ces relations qu'ils avaient avec les
gentils, avec l'éducation reçue du père qui était très, très... je dirais
condescendant à de nouvelles formes de vie différentes des nôtres..." "La mère était un ange"
dit Simon le Zélote d'un air décidé. "C'est peut-être
pour cela qu'ils sont des justes... Survolons le passé de Marie. Maintenant
elle s'est rachetée..." dit Philippe. "Oui. Mais tout
cela me rendait méfiant. Maintenant je suis vraiment convaincu et je m'étonne
que le Maître..."
"C'est vrai, dit
André. Pourtant...
qu'aura-t-il voulu dire par son dernier salut ? Vous l'avez entendu :
"L'amour du Seigneur pour vous se manifestera en proportion de votre
amour. Et souvenez-vous que l'amour a deux ailes pour être parfait, deux
ailes d'autant plus démesurées qu'il est plus parfait : la foi et
l'espérance"." "Oui !
Qu'aura-t-il voulu dire ?" se demandent plusieurs. Un silence. Puis Thomas, avec un grand
soupir conclut son discours intérieur : "...Pourtant ce n'est pas
toujours que sa bonne patience obtient la rédemption. Moi aussi, j'ai
souffert parfois pour la préférence qu'il montre à Judas de Kériot..." "Préférence ? Il
ne me semble pas. Il le reprend comme tout autre d'entre nous..." dit André. "Par justice, oui.
Mais considère combien plus de rigueur mériterait cet homme..." "C'est
vrai." "Eh bien, j'en
ai souffert parfois. Mais maintenant je comprends qu'il le fait certainement
parce que... c'est le plus informe de nous." "Le plus
malheureux, dois-tu dire, Thomas ! dit le Thaddée. Le plus malheureux.
Vous croyez que cette tristesse (et il montre Jésus qui marche en avant,
seul, absorbé en sa peine) Lui vient de la maladie de Lazare et des larmes de
ses sœurs. 466> Moi, je vous dis qu'elle vient de
l'absence de Judas. Il espérait qu'il le rejoindrait en allant à Bethabara. Il espérait au
moins le retrouver à Jéricho, Tecua ou à Béthanie au retour. À présent
il n'espère plus. Il a la certitude que Judas agit mal. Je n'ai pas cessé de
l'observer... et j'ai vu que son visage a pris cet aspect de déréliction
absolue quand toi, Barthélemy, tu as dit : 'Judas
n'est pas venu" "Mais il connaît
les choses avant qu'elles soient, j'en suis certain !" s'exclame Jean. "Beaucoup, pas
toutes. Je pense que son Père Lui en tient quelques-unes cachées par
pitié" dit le Zélote. Les onze se divisent
en deux groupes : ceux qui acceptent une version et ceux qui sont pour
l'autre, et chacun apporte ses raisons pour soutenir la sienne. Jean s'écrie :
"Oh ! moi, je ne veux écouter ni l'un ni l'autre, ni non plus moi-même !
Nous sommes tous de pauvres hommes, et nous ne pouvons voir juste. Je vais
trouver Jésus et Lui demander." "Non. Il
pourrait penser à autre chose et avec cette question penser à Judas et
souffrir davantage" dit André. "Mais non.
Certes je ne Lui dirai pas que nous parlions de Judas. Je lui parlerai
ainsi... sans allusion." "Va, va ! dit Pierre en poussant Jean. Cela servira à le
distraire. Vous ne voyez pas comme il est affligé ?" "J'y vais. Qui
vient avec moi ?" "Va, va seul.
Avec toi, il parle sans retenue. Et ensuite tu nous diras..." Jean y va. "Maître !" "Jean ! Que
veux-tu ?" et Jésus, avec un sourire lumineux sur le visage, entoure de
son bras son préféré, en le tenant près de Lui tout en marchant. "Nous parlions
entre nous et nous avions des doutes sur une chose. Celle-ci : connais-tu
tout l'avenir, ou bien t'est-il caché en partie ? Les uns disaient une chose,
les autres une autre." "Et toi, que
disais-tu ?" "Je disais qu'il
valait bien mieux te le demander." "Et ainsi tu es
venu. Tu as bien fait. Cela au moins nous sert, à toi et à Moi, à jouir d'un
moment d'amour... C'est si rare, désormais, de pouvoir avoir un peu de paix
!..." "C'est vrai !
Comme ils étaient beaux les premiers temps !..."
Jean réfléchit et se
tait. Jésus le laisse un
moment, puis il dit : "Par exemple, je vois en toi cette pensée :
"Mais alors mon Maître connaît exactement l'état de Judas de Kériot
!" "Oh ! Maître
!" "Oui, je le
connais. Je le connais et je continue d'être son Maître, et je
voudrais que vous continuiez d'être ses frères." "Maître saint
!... Mais vraiment tu connais toujours tout ? Nous disons parfois que cela
n'est pas, car tu vas dans des endroits où tu trouves des ennemis. Avant d'y
aller, tu sais que tu vas les y trouver, et tu y vas pour les combattre par
ton amour, pour les soumettre à l'amour, ou bien... tu ne le sais pas et tu
ne vois les ennemis que quand tu les as en face et tu lis leurs cœurs ? Une
fois tu m'as dit — tu étais si triste aussi alors, et toujours pour la même
raison — que tu étais comme quelqu'un qui ne voit pas..."
"Des tentations,
Toi !... Cela me paraît presque impossible..." 468> "Parce que tu
en souffres peu. Tu es pur, et tu penses que Moi l’étant plus que toi,
je ne dois pas connaître la tentation. De fait la tentation charnelle est si
faible pour ma chasteté, qu'elle n'est jamais sensible au moi. C'est comme si
un pétale frappait un bloc de granit sans fissures. Il s'en va plus loin...
Le démon lui-même s'est lassé d'envoyer contre Moi ce dard. Mais, ô Jean, tu
ne sais pas combien d'autres tentations m'entourent ?" "Toi ? Tu n'es
pas avide de richesses ni d'honneurs... Quoi donc ?..."
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Et resté seul de nouveau, il lève les
yeux vers le ciel que l'on voit à travers le feuillage des oliviers et il
gémit : "Mon Père ! Fais qu'au moins
jusqu'à la dernière heure je puisse tenir caché le Crime, pour empêcher que
mes bien-aimés se souillent de sang. Aie pitié d'eux, mon Père ! Ils sont trop
faibles pour ne pas réagir à l'offense ! Qu'ils n'aient pas la haine au cœur
à l'heure de la Charité parfaite !" et il essuie les larmes que Dieu
seul voit... |
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