Vision du jeudi
30 mai 1946 (Ascension)
362> Où as-tu laissé les barques, Simon, quand tu es venu à
Nazareth ?" demande Jésus pendant qu'il s'en va dans la direction
nord-est en tournant le dos à la plaine d'Esdrelon et en avançant dans la
direction du Thabor.
363> "Je les ai
renvoyées pour la pêche, Maître. Mais j'ai dit qu'elles se trouvent à Tarichée tous
les trois jours... Je ne savais pas combien de temps je serais resté avec
Toi."
"Très bien. Qui d'entre vous veut aller avertir ma Mère et Marie d'Alphée de nous rejoindre à Tibériade ? Le rendez-vous est à
la maison de Joseph."
"Maître... nous le voudrions tous. Mais Toi, dis qui doit y aller. Cela
vaudra mieux."
"Alors Mathieu, Philippe, André et Jacques de Zébédée. Que les autres viennent avec
Moi à Tarichée. Vous direz aux femmes le motif du retard, et de fermer la
maison et de venir, Nous resterons ensemble pendant toute une lune. Allez.
Voici la bifurcation, et que la paix soit avec vous." Il embrasse les
quatre qui se séparent et il reprend la marche avec les autres.
Mais après quelques pas, il s'arrête et remarque Margziam qui, la tête
penchée, marche un peu en arrière. Quand le jeune homme le rejoint, il lui
met la main sous le menton pour le forcer à lever le visage. Deux traces de
larmes se voient sur le visage un peu brun.
"Tu irais toi aussi volontiers à Nazareth ?"
"Oui, Maître... Mais fais ce que tu veux."
"Je veux que tu aies du réconfort, fils... Va, cours après eux. La Mère
te consolera." Il l'embrasse et le laisse aller. Margziam se met à
courir pour rejoindre rapidement les quatre.
"C'est encore un enfant..." remarque Pierre.
"Et il souffre beaucoup... Il me disait hier soir, quand je l'ai trouvé
en larmes dans un coin de la maison : "C'est comme si mon père et
ma mère étaient morts hier... La mort du vieux père m'a rouvert le
cœur..." dit Jean.
"Pauvre enfant !... Mais cela a été une bonne chose qu'il soit
présent à cette mort..." dit le Zélote.
"Il s'était tellement bercé de l'idée de pouvoir aider le vieillard !..."
dit Pierre. "Porphyrée me disait qu'il faisait des sacrifices de toutes
sortes pour pouvoir mettre de l'argent de côté. Il a travaillé dans les
champs, il a fait des fagots pour les fours, il a pêché, il s'est privé des
fromages pour les vendre; du miel pour le vendre... Il avait ce clou dans le
cœur et il voulait avoir le vieux père avec lui. ..Hélas !"
"C'est un homme de bonnes résolutions. Il ne recule pas devant le
sacrifice et le travail. Bonnes qualités" dit Barthélemy.
"Oui, c'est un bon fils et ce sera un disciple des meilleurs. Voyez avec
quelle maîtrise il se gouverne même dans les moments les plus troublés... Son
cœur affligé désirait Marie, mais il n'a pas demandé d'y aller. Il a si bien compris dans la prière ce que c'est que la force, qu'il
surpasse beaucoup d'adultes" dit Jésus.
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364> "Crois-tu qu'il fasse
des sacrifices dans un but fixé d'avance?" demande Thomas.
"J'en suis certain."
"C'est vrai" dit Jacques d'Alphée.
"Hier, il a donné ses fruits à un vieillard en lui disant :
"Prie pour le père de mon père que j'ai perdu depuis peu", et moi,
je lui ai fait l'observation : "Il est en paix, Margziam. Ne
crois-tu pas valide l'absolution de Jésus ?" Il m'a répondu :
"Je la crois valide mais, je pense, en offrant des suffrages, aux âmes
pour lesquelles personne ne prie et je dis : s'il n'en est plus besoin
pour mon père, que ces sacrifices aillent à ceux à qui personne ne
pense". Et j'en suis resté édifié."
"Oui" dit Pierre. "Hier il est venu à moi et en me jetant les
bras autour du cou, car il est encore enfant, il m'a dit :
"Maintenant tu es vraiment pour moi un père... et je te rends ce que ta
bonté m'avait fait économiser. Il ne sert plus, cet argent, au vieux père...
et toi et Porphyrée, vous faites tant pour moi..." Moi, et j'avais du
mal à rester sans pleurer, je lui ai répondu : "Non, fils. Nous
ferons avec cet argent des aumônes pour des vieillards dans la misère ou pour
des orphelins pauvres, et Dieu emploiera tes aumônes pour accroître la paix
du pauvre vieux". Et Margziam m'a donné deux baisers si forts que...
voilà... je n'ai pas pu retenir mes larmes. Et comme il t'est reconnaissant,
Barthélemy, d'avoir réglé les dépenses. Il me disait : "Pour moi,
l'honneur donné au vieux père n'a pas de prix. Je vais dire à Barthélemy de
me prendre pour serviteur".
"Oh ! pauvre enfant ! Pas même pour une heure ! Lui sert
le Seigneur et il nous édifie tous. J'ai honoré un juste. Je pouvais le faire
car mon nom est connu et il m'était facile de trouver quelqu'un qui me fasse
une avance d'argent. De Bethsaïda, je m'occuperai du remboursement de la
petite dette, insignifiante au fond..." répond Barthélemy.
"Oui, comme argent c'est peu, puisque ceux de Jezraël
ont été généreux, mais ton amour pour un condisciple n'est pas une chose
insignifiante, car tout acte d'amour a une grande valeur" dit Jésus et
il continue : "Vous êtes en train de vous former à
cet amour du prochain, qui est la seconde partie du précepte base de la Loi
de Dieu, mais qui en vérité était bien tombé en désuétude en Israël. Les
préceptes nombreux, les minuties qui ont succédé à la Loi du Sinaï, droite et
complète dans sa brièveté, ont défiguré la première partie du précepte base
en le réduisant à un amas de rites extérieurs auxquels il manque ce
qui leur donne la valeur, le nerf, la vérité : c'est-à-dire qu'il manque
aux formes du culte extérieur l'adhésion active de l'intérieur, avec
les œuvres qu'elle accomplit, avec les tentations qu'elle surmonte.
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365> Quelle valeur peut avoir aux
yeux de Dieu la parade d'un culte quand ensuite, en son intérieur, le cœur
n'aime pas Dieu, ne s'anéantit pas dans un respectueux amour pour Dieu, quand
il ne le loue pas, et ne l'admire pas en aimant les choses qu'il a faites, et
pour commencer l'homme qui est le chef d’œuvre de la Création
terrestre ? Vous voyez où en est arrivée l'erreur en Israël ?
D'avoir en un premier temps fait d'un précepte unique deux préceptes et, par
la suite, avec la décadence des esprits; d'avoir coupé nettement le second du
premier comme si c'était une branche inutile.
Ce n'était pas une branche inutile, il n'y avait même pas deux branches.
C'était un tronc unique qui, dès la base, s'était orné des vertus
particulières des deux amours. Regardez ce gros figuier qui a poussé au sommet
du coteau. il est né spontanément, et presque dès la racine, c'est-à-dire au
sortir du sol, il s'est divisé en deux branches tellement unies que les deux
écorces se sont soudées. Mais chaque branche a produit sa propre frondaison
des deux côtés, d'une manière tellement bizarre que l'on a donné le nom de
"Maison du figuier jumeau" à ce petit village situé sur la petite
colline. Eh bien, si maintenant on voulait séparer les deux troncs, qui au
fond sont un seul tronc, il faudrait employer la hache ou la scie.
Mais que ferait-on ? On ferait mourir la plante, ou si on était assez
adroit pour faire passer la hache ou la scie de façon à ne blesser qu'un seul
des deux troncs, on en sauverait un, mais l'autre serait inexorablement
condamné à mourir et celui qui resterait, bien qu'encore vivant, serait
chétif et probablement s'étiolerait sans plus donner de fruit ou en en
donnant très peu.
La même chose est arrivée en Israël. Ils ont voulu diviser, séparer les deux
parties urnes au point d'être une seule chose. Ils ont voulu remailler ce qui
était parfait, car toute œuvre de Dieu est parfaite, toute pensée, toute
parole. En effet si Dieu sur le Sinaï a donné le
commandement d'aimer le Dieu très Saint et le prochain en un unique précepte,
il est clair qu'il n'y a pas deux préceptes que l'on puisse pratiquer indépendamment
l'un de l'autre, mais qu'ils sont un seul précepte.
Et, comme il ne me suffit jamais de vous former à cette sublime vertu, la
plus grande de toutes, celle qui s'élève avec l'esprit au Ciel, car elle est
la seule qui subsiste au Ciel, j'insiste sur cette vertu; âme de toute
la vie de l'esprit qui perd la vie s'il perd la Charité parce qu'il perd
Dieu.
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366> Comprenez-moi. Supposez qu'un
jour à votre porte viennent frapper deux époux très riches pour demander
l'hospitalité pour toute leur vie. Pourriez-vous dire : "Nous
acceptons l'époux, mais nous ne voulons pas de l'épouse" sans vous
entendre répondre par l'époux : "Cela ne peut être, car je ne puis
me séparer de la chair de ma chair. Si vous ne voulez pas l'accueillir, moi
non plus, je ne puis m'arrêter chez vous, et je m'en vais avec tous les
trésors auxquels je vous aurais fait participer" ?
Dieu est uni à la Charité. Celle-ci est
vraiment, et plus intimement et vraiment encore que deux époux qui s'aiment
intensément, l'esprit de son Esprit. Dieu Lui-même est la Charité. La Charité
n'est que l'aspect le plus manifeste de Dieu, celui qui le met davantage en
lumière. Entre tous ses attributs, elle est l'attribut roi et l'attribut
origine, car tous les autres attributs de Dieu naissent encore de la charité.
Qu'est la Puissance, sinon la charité qui œuvre ? Qu'est la Sagesse,
sinon la charité qui enseigne ? Qu'est la Miséricorde, sinon la charité
qui pardonne ? Qu'est la Justice, sinon la charité qui gouverne ?
Et je pourrais continuer ainsi pour tous les innombrables attributs de Dieu.
Maintenant, d'après ce que je dis,
pouvez-vous penser que celui qui ne possède pas la charité possède
Dieu ? Il ne le possède pas, Pouvez-vous penser qu'il puisse accueillir
Dieu et non la Charité ? La Charité qui est unique et qui embrasse le
Créateur et les créatures et dont on ne peut avoir une seule moitié, celle
donnée au Créateur, sans avoir l'autre moitié, celle donnée au prochain. Dieu
est dans les créatures. Il y est avec son signe ineffaçable, avec ses droits
de Père, d'Époux, de Roi, L'âme est son trône, le corps est son temple.
Alors, celui qui n'aime pas son frère et le méprise, méprise, afflige,
méconnaît le Maître de la maison de son frère , le
Roi, le Père, l'Époux de son frère, et il est naturel que ce Grand Être qui
est Tout et qui est présent dans un frère, dans tous les frères, fasse
sienne l'offense faite à l'être plus petit, à la partie du Tout, c'est-à-dire
à chaque homme en particulier .
C'est pour cela que je vous ai enseigné les œuvres corporelles et
spirituelles de miséricorde, c'est pour cela que je vous ai enseigné à ne pas
scandaliser vos frères, c'est pour cela que je vous ai enseigné à ne pas
juger, à ne pas mépriser, à ne pas repousser vos frères, qu'ils soient bons
ou non, fidèles ou gentils, amis ou ennemis, riches ou pauvres.
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367> Quand sur une couche s'accomplit une
conception, elle se forme par le même acte, qu'elle arrive sur un lit d'or ou
sur la litière d'une étable. Et la créature qui se forme dans un sein royal
n'est pas différente de celle qui se forme dans le sein d'une mendiante. La
conception, la formation d'un nouvel être est la même en tous les points de
la Terre quelle que soit la religion des habitants. Toutes les créatures
naissent comme sont nés du sein d'Ève Abel et Caïn.
Et à l'égalité de la conception, formation et manière de naître des enfants
d'un homme et d'une femme sur la Terre, correspond une autre égalité dans le
Ciel : la création d'une âme à infuser dans
l'embryon pour qu'il soit celui d'un homme et non d'un animal, et
qu'elle l'accompagne du moment qu'elle est créée jusqu'à la mort, et qu'elle
survive en attendant la résurrection générale pour s'unir alors de nouveau au
corps ressuscité et avoir avec lui la récompense ou le châtiment. La
récompense ou le châtiment selon les actions accomplies pendant la vie
terrestre. En effet ne vous imaginez pas que la Charité
puisse être injuste, que seulement parce que beaucoup n'auront pas appartenu
à Israël ou au Christ, tout en pratiquant la vertu dans la religion qu'ils
suivent, convaincus que c'est la vraie, ils doivent rester
éternellement sans récompense. Après la fin du monde, il ne survivra pas
d'autre vertu que la Charité, c'est-à-dire
l'Union avec le Créateur de toutes les créatures qui auront vécu avec
justice. Il n'y aura pas autant de Ciels : un pour Israël, un pour les
chrétiens, un pour les catholiques, un pour les gentils, un pour les païens.
Il n'y aura pas autant de Ciels, mais un seul Ciel, et de même une
seule récompense : Dieu, le Créateur qui se réunit à ses créatures qui
auront vécu dans la justice, dans lesquelles, à cause de la beauté des
esprits et des corps des saints, il s'admirera Lui-même avec sa joie de Père
et de Dieu. Il y aura un seul Seigneur, pas un Seigneur pour Israël, un pour
le Catholicisme, un pour chacune des autres religions.
Maintenant je vous révèle une grande vérité. Souvenez-vous-en. Transmettez-la
à vos successeurs. N'attendez pas toujours que l'Esprit Saint éclaire à
nouveau les vérités, après des années ou des siècles d'obscurité. Écoutez.
Vous direz peut-être : "Mais alors quelle justice y a-t-il à
appartenir à la religion sainte si à la fin du monde nous sommes traités de
la même manière que les gentils ?" Je vous réponds : la même
justice qu'il y a, et c'est la vraie justice, pour ceux qui, tout en
appartenant à la religion sainte, ne seront pas bienheureux parce qu'ils
n'auront pas vécu en saints.
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368> Un païen vertueux, pour la seule raison qu'il aura pratiqué une vertu
authentique, convaincu que sa religion était bonne, aura le Ciel à la fin.
Mais quand ? À la fin du monde, quand des quatre séjours des trépassés deux seulement
subsisteront : à savoir le Paradis et l'Enfer. Car la Justice, à ce
moment-là, ne pourra que conserver et donner les deux royaumes éternels à
ceux qui de l'arbre du libre arbitre auront choisi les bons fruits ou voulu
les fruits mauvais. Mais quelle attente avant qu'un païen vertueux arrive à
cette récompense ! ...Vous n'y pensez pas ? Et cette attente,
spécialement du moment où la Rédemption avec tous les prodiges consécutifs se
sera produite et où l'Évangile sera annoncé au monde, sera la purification
des âmes qui auront vécu en justes dans d'autres religions mais n'auront pas
pu entrer dans la vraie Foi ayant connu son existence et la preuve de sa
réalité. Pour eux, les Limbes pendant des siècles et des siècles jusqu'à la
fin du monde. Pour ceux qui auront cru au Dieu vrai et n'auront pas su être
héroïquement saints, le long Purgatoire; et pour certains, il pourra se
terminer à la fin du monde.
Mais après l'expiation et l'attente, les bons, quelle que soit leur
provenance, seront tous à la droite de Dieu; les mauvais, quelle que soit
leur provenance, à la gauche et puis dans l'Enfer horrible, alors que le
Sauveur entrera avec les bons dans le Royaume éternel."
"Seigneur, pardonne-moi si je ne te comprends pas. Ce que tu dis est
très difficile... au moins pour moi... Tu dis toujours que tu es le Sauveur
et que tu rachèteras ceux qui croient en Toi, Et alors ceux qui ne croient
pas, ou parce qu'ils ne t'ont pas connu ayant vécu auparavant, ou bien parce
que - le monde est si grand ! - ils n'ont pas eu connaissance de Toi,
comment peuvent-ils être sauvés ?" demande Barthélemy.
"Je te l'ai dit : à cause de leur vie de justes, de leurs œuvres
bonnes, de leur foi qu'ils croient vraie."
"Mais ils n'ont pas eu recours au Sauveur..."
"Mais le Sauveur souffrira pour eux, pour eux aussi. Tu n'imagines pas,
Barthélemy, quelle étendue de valeur auront mes mérites
d'Homme-Dieu ?"
"Mon Seigneur, ils sont toujours inférieurs à ceux de Dieu, à ceux que
tu as par conséquent depuis toujours."
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369> "Juste et pas juste ta
réponse. Les mérites de Dieu sont infinis, dis-tu. Tout est infini en Dieu. Mais Dieu n'a pas
de mérites, en ce sens qu'il n'a pas mérité. il a des attributs, des vertus
qui Lui sont propres. Lui est Celui qui est : la
Perfection, l'Infini, le Tout-Puissant. Mais pour mériter il faut accomplir, avec
effort, quelque chose qui est au-dessus de notre nature. Ce n'est pas un
mérite de manger, par exemple. Mais cela peut devenir un mérite de manger
avec parcimonie, en faisant de vrais sacrifices pour donner aux pauvres ce
que nous épargnons. Ce n'est pas un mérite de rester silencieux, mais cela le
devient quand on reste silencieux en ne répliquant pas à une offense, et
cætera.
Maintenant tu comprends que Dieu ne peut se forcer Lui-même, étant Parfait,
Infini. Mais l'Homme-Dieu peut se forcer Lui-même en humiliant l'infinie
Nature divine jusqu'aux limites humaines, en triomphant de la nature humaine
qui en Lui n'est pas absente ou métaphorique mais réelle, avec tous ses sens
et ses sentiments, avec ses possibilités de souffrance et de mort, avec sa
volonté libre.
Personne n'aime la mort, surtout si elle est douloureuse, prématurée et imméritée.
Personne ne l'aime, et pourtant tout homme doit mourir. Aussi on devrait
regarder la mort avec le même calme dont on voit finir tout ce qui a vie. Eh
bien, je force mon Humanité à aimer la mort. Non seulement cela. Moi, j'ai
choisi la vie pour pouvoir avoir la mort. Pour l'Humanité. En effet, en
qualité d'Homme-Dieu, j'acquiers ces mérites qu'en restant Dieu je ne pouvais
acquérir. Et avec eux, qui sont infinis, sous la forme où je les acquiers, à
cause de la Nature divine unie à l'humaine, à cause des vertus de Charité et
d'Obéissance par lesquelles je me suis mis en condition de les mériter, à
cause de la Force, de la Justice, de la Tempérance, de la Prudence, de toutes
les vertus que j'ai mises dans mon cœur pour qu'il soit bien accueilli de Dieu,
mon Père, j'aurai une puissance infinie non seulement comme Dieu, mais comme
l'Homme qui s'immole pour tous, c'est-à-dire qui atteint l'extrême limite de
la Charité. C'est le sacrifice qui donne le mérite. Plus grand est le
sacrifice et plus grand est le mérite. À sacrifice complet, mérite complet. À
sacrifice parfait, mérite parfait. Et il peut servir selon la sainte volonté
de la victime, à laquelle le Père dit : "Qu'il en soit comme tu
veux !" parce qu'elle l'a aimé sans mesure et qu'elle a aimé le prochain
sans mesure.
Voici, c'est Moi qui vous le dis. Le plus pauvre des hommes peut être le plus
riche et faire du bien à une quantité innombrable de frères s'il sait aimer
jusqu'au sacrifice. Moi, je vous le dis : même si vous n'avez plus une
bouchée de pain, un calice d'eau, un lambeau de vêtement, vous pouvez
toujours faire du bien. Comment ? En priant et en souffrant pour les
frères. Faire du bien à qui ? À tous. De quelle
façon ? De mille manières toutes saintes car si vous savez aimer, vous
saurez comme Dieu agir, enseigner, pardonner, gouverner, et comme
l'Homme-Dieu racheter."
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370> "O Seigneur, donne-nous
cette charité !" soupire Jean.
"Dieu vous la donne, puisqu'il se donne à vous. Mais vous vous devez
l'accueillir et la pratiquer de plus en plus parfaitement. Aucun événement
pour vous ne doit être séparé de la charité. Des matériels à ceux de
l'esprit. Que tout soit fait avec charité et pour la Charité. Sanctifiez vos
actions, vos journées, mettez le sel dans vos oraisons, la lumière dans vos
actes. La lumière; la saveur, la sanctification, c'est la Charité. Sans elle,
les rites sont sans valeur et les prières sont vaines et les offrandes
fausses. En vérité je vous dis que le sourire par lequel un pauvre vous salue
comme frères a plus de valeur qu'un sac de pièces de monnaie que quelqu'un
peut jeter à vos pieds, dans le seul but d'être remarqué. Sachez aimer et
Dieu sera avec vous, toujours."
"Enseigne-nous à aimer ainsi, Seigneur."
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