"L'Évangile tel qu'il m'a été
révélé" |
aucun accent |
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Mercredi 31 octobre 29 (5 Kisleu)
- Le lieu de travail de Eli-Anna 410 - Discours (Malgré les trompeurs, restez
fidèles à ma doctrine) 411 - Eli-Anna est un martyr de la justice
413 - Jésus distrait Pierre de ses questions
sur Judas 414 |
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411> L'arrière de la maison de Simon de Tecua est simplement une place bordée par les deux
ailes de la maison. Je dis place, car les jours de marché,
comme celui que je vois, on ouvre en trois endroits la solide grille qui la
sépare d'une place publique plus grande et de nombreux vendeurs envahissent,
avec leurs étalages, les portiques qui se trouvent sur les trois côtés de la
maison et dont je comprends maintenant l'intérêt... financier, car Simon, en
bon hébreu, perçoit de chaque marchand le prix de la place qu'il occupe. Il
se fait suivre du petit vieux revêtu d'un habit convenable et il le présente
à tous les vendeurs en disant : "Voilà, dorénavant, c'est à lui que vous
payerez le prix convenu." Puis, une fois fait le tour des portiques, il
dit à Éli-Anna : "Voilà ton travail. Ici, et à
l'intérieur, avec l'auberge et les écuries. Il n'est ni difficile ni
fatigant, mais il te montre l'estime que j'ai pour toi. J'ai chassé, l'un
après l'autre, trois employés parce qu'ils n'étaient pas honnêtes. Mais tu me
plais et puis c'est Lui qui t'a amené. Et le Maître sait connaître les cœurs.
Allons le trouver maintenant pour Lui dire que, s'il veut, c'est le bon
moment pour parler." Et il s'en va, suivi du petit vieux... Les gens envahissent
de plus en plus la place et le bruit ne cesse d'augmenter. Des femmes qui
viennent faire leurs emplettes; des marchands de bestiaux; des acquéreurs de
bœufs de labour ou d'autres animaux; des paysans courbés sous le poids de
paniers de fruits et qui vantent leur marchandise; des couteliers avec leurs
étalages d'instruments tranchants et qui, avec un bruit infernal, frappent
les haches sur des souches pour montrer la solidité de la lame, ou bien qui
avec un marteau frappent sur des faux suspendues à des chevalets pour faire
voir la trempe parfaite de la lame, ou qui soulèvent des socs et à deux mains
les piquent dans la terre, qui s'ouvre blessée, pour donner une preuve de la
solidité du soc auquel aucun terrain ne résiste; et des chaudronniers avec
des amphores et des seaux, des poêles et des lampes, dont ils frappent le
métal en faisant un bruit assourdissant pour montrer qu'il est massif et ils
crient à pleins gosiers pour offrir des lampes à un ou plusieurs becs pour
les fêtes prochaines de Casleu [1]; et par dessus tous
ces bruits, monotone et perçant comme le cri plaintif de la chouette durant
la nuit, le cri des mendiants, disséminés aux points stratégiques du marché. Jésus vient de la maison
avec Pierre et Jacques de Zébédée. Je ne vois pas les
autres. Je pense qu'ils font un tour dans la ville pour annoncer le Maître,
car je vois que la foule le reconnaît tout de suite et que beaucoup de gens
accourent alors que s'affaiblissent les voix et le bruit du marché. 412> Jésus fait donner
l'obole à quelques mendiants et il s'arrête pour saluer deux
hommes qui, suivis de leurs serviteurs, allaient quitter le marché après
leurs achats. Mais maintenant ils s'arrêtent, eux aussi, pour écouter le
Maître. Et Jésus commence à parler en tirant son sujet de ce qu'il voit :
Et pourtant ne
voyons-nous pas, nous en Israël, le peuple trompé par des gens qui vendent
des marchandises avariées pour des bonnes et dénigrent celui qui vend de
bonnes marchandises, puisqu'il est le Juste du Seigneur ? Oui, nous les
voyons tous. Hier soir plusieurs d'entre vous sont venus raconter les menées
des mauvais vendeurs, et Moi, j'ai dit : "Laissez faire. Gardez vos
cœurs fermes, et Dieu pourvoira".
413> Je sais que j'ai été
précédé par mes disciples, et je vous laisse deux de mes apôtres. De plus,
hier soir, par mes actions plus que par mes paroles, j'ai témoigné d'où je
viens et avec quelle mission. Il n'est donc pas besoin de longs discours pour
vous attirer à ma voie. Réfléchissez et ayez la volonté d'y rester. Imitez
les fondateurs de cette ville à la limite de l'aride désert [2]. Ne cessez pas de
penser qu'en dehors de ma doctrine, c'est l'aridité du désert, alors que dans
ma doctrine se trouvent les sources de la Vie. Et si nombreux que soient les
événements qui peuvent survenir, ne vous troublez pas, ne vous scandalisez
pas. Rappelez-vous les paroles du Seigneur dans Isaïe. Elle ne sera jamais
raccourcie ni devenue petite ma main pour combler de bienfaits ceux qui
suivent mes voies [3], de même qu'elle ne
sera jamais réduite à rien la main du Très-Haut pour frapper ceux qui me
donnent — à Moi qui suis venu et qui en ai trouvé bien peu pour m'accueillir,
à Moi qui ai appelé, et bien peu m'ont répondu — l'offense et la douleur.
Car, de même que celui qui me fait honneur honore le Père qui m'a envoyé,
ainsi celui qui me méprise, méprise Celui qui m'a envoyé. Et d'après
l'antique loi du talion celui qui me repousse sera repoussé.
Je vous bénis,
habitants de Tecua, ville à la lisière du désert
mais oasis de paix pour le Fils de l'homme persécuté, et que ma bénédiction
soit dans vos cœurs et dans vos maisons, maintenant et toujours." "Reste, Maître !
Reste avec nous. Le désert a toujours été bon pour les saints d'Israël ! [4]" "Je ne puis.
J'en ai d'autres qui m'attendent. Vous êtes en Moi, Moi en vous, puisque
nous nous aimons." 414> Jésus a du mal à
passer à travers les gens qui le suivent, oubliant le commerce et toute autre
chose. Malades guéris qui le bénissent encore, cœurs consolés qui le
remercient, mendiants qui le saluent : "Vivante Manne de Dieu"...
Le petit vieux est à ses côtés, il y reste jusqu'aux limites de la ville. Et
c'est seulement quand Jésus bénit Matthieu et Philippe qui restent à Tecua,
qu'il se décide à quitter son Sauveur et il le fait avec des baisers sur les
pieds nus du Maître, des pleurs et des paroles de reconnaissance. "Lève-toi, Éli-Anna, et viens que je te
donne un baiser. Un baiser d'un fils à un père, et que cela te récompense de
tout. Je t'applique les paroles du prophète : "Toi qui pleures, tu ne pleureras
plus, car le Miséricordieux a eu pitié de toi" [5]. Le Seigneur t'a
donné un peu de pain et un peu d'eau. Je n'ai pu faire davantage. Si tu as
été chassé par un seul, j'ai pour me chasser tous les puissants d'un peuple,
et c'est beaucoup si je trouve pour Moi et mes apôtres un peu de nourriture
et un abri. Mais tes yeux ont vu Celui que tu désirais, et tes oreilles ont
entendu mes paroles, de même que ton cœur doit sentir mon amour. Va, et sois
en paix car tu es un martyr de la justice, un des précurseurs de tous ceux
qui seront persécutés à cause de Moi. Ne pleure pas, père !" et il
dépose un baiser sur sa tête chenue. Le vieillard Lui rend
son baiser sur la joue et Lui murmure à l'oreille : "Défie-toi de
l'autre Judas, mon Seigneur, je ne veux pas souiller ma
langue... Mais défie-toi. Ce n'est pas avec de bonnes pensées qu'il vient
chez mon fils..." "Oui. Mais ne
pense plus au passé. Tout sera bientôt fini et personne ne pourra plus me
nuire. Adieu, Éli-Anna. Le Seigneur est avec
toi." Ils se séparent... "Maître, que t'a
dit le vieillard tout bas ?" demande Pierre qui marche à côté de
Jésus et avec peine, car Jésus fait de grands pas avec ses longues jambes,
chose interdite à Pierre de si petite taille. "Pauvre
vieillard ! Que veux-tu qu'il me dise que je ne sache déjà ?" répond
Jésus en évitant une réponse précise. "Il parlait de
son fils, hein ? Il t'a dit qui c'est ?" "Non, Pierre. Je
te l'assure. Il a gardé ce nom dans son cœur." "Mais tu le
connais pourtant ?" "Je le connais,
mais je ne te le dirai pas." 415> Un silence prolongé.
Puis, tourmentée, la question de Pierre et son aveu. "Mais pourquoi, Maître,
dans quel but l'Iscariote va-t-il dans la maison d'un
homme très mauvais tel que le fils d'Éli-Anna ?
J'ai peur, Maître ! Il n'a pas de bons amis. Il n'y va pas ouvertement. Il
n'a pas en lui la force de résister au mal. J'ai peur, Maître. Pourquoi ?
Pourquoi Judas va-t-il chez ces gens et en cachette ?" Le visage de
Pierre exprime une interrogation anxieuse. Jésus le regarde et
ne répond pas. Que doit-il répondre en effet ? Quoi, pour ne pas mentir et
lancer le fidèle Pierre contre l'infidèle Judas ? Il préfère laisser parler
Pierre. "Tu ne réponds
pas ? Moi, depuis hier, depuis le moment où le vieillard a cru reconnaître
Judas parmi nous, je n'ai pas de paix. C'est comme le jour où tu as parlé
avec l'épouse du sadducéen. Tu te souviens ? Tu te
rappelles mon soupçon ?" "Je me le
rappelle. Et toi, tu te rappelles les paroles que je t'ai dites alors ?" "Oui,
Maître." "Il n'y a pas autre
chose à dire Simon. Les actions de l'homme ont une apparence différente de la
réalité. Mais je suis content d'avoir pourvu aux besoins de cet homme. C'est
comme si Ananias était revenu. Et
vraiment, si Simon de Tecua ne l'avait pas accueilli, je l'aurais
conduit dans la maisonnette de Salomon, pour y avoir
toujours un père pour nous attendre. Mais pour Éli,
c'est mieux ainsi. Simon est bon, il a de nombreux petits-enfants. Éli aime les enfants... Et les enfants font oublier tant
de choses douloureuses..." Avec son habituel
savoir faire pour distraire l'interlocuteur et l'amener à d'autres sujets,
quand il trouve qu'il ne convient pas de répondre à des questions
dangereuses, Jésus a distrait Pierre de sa pensée. Et il continue de lui
parler des enfants qu'il a connus ça et là, pour arriver à lui rappeler Margziam qui peut-être à
cette heure retire les filets après avoir péché dans le beau lac de
Génésareth. Pierre est loin
maintenant de la pensée d'Éli et de Judas, et il
sourit en demandant : "Mais, après la Pâque, nous y allons, n'est-ce pas
? C'est si beau ! Oh ! beaucoup plus qu'ici. Nous, galiléens, nous sommes des
pécheurs pour ceux de Judée... Mais pour vivre ici ! Oh ! Miséricorde
éternelle ! Si nous nous serons châtiés, certainement dans cette région il
n'y aura pas de récompense." |
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Jésus appelle les autres restés en
arrière et il s'éloigne avec eux sur la route réchauffée par le soleil de
décembre. |
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[1] Les Encénies (Fête de la
Lumière ou de la Dédicace du Temple), au cours desquelles Jésus est né.
[2] Teqoa
a été fondée par Achhour, un fils de Caleb et d'Éphrata. Caleb avait fait partie du commando des douze
explorateurs de la terre promise. Achhour, sous le
nom de Hour, est aussi le fondateur de Bethléem (1Chroniques
4,4-5)
[3] Isaïe 58,13 et suivants
[4] Amos était originaire de
Tecua. C'est un bouvier de condition modeste. Pour
lui, Dieu est le tout-puissant et providentiel créateur, souverain maître des
individus et des nations.
[5] La citation exacte n'a
pas été trouvée. Possibilités approchantes : Isaïe 25,8 – Isaïe 40,1 – Isaïe
49,13-15 – Isaïe 61,1-2