Maria Valtorta en 1943

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La mise à l'Index.
Réponse à l’article de l’Osservatore Romano
Par Hélène THILS.

 Introduction  5.       
 Observation n° 1 : ces volumes n’ont pas le moindre «imprimatur», comme le requiert le Canon 1385, 1 n.2 C.I.C   6.  Observation n° 2 : dans cette sorte d’histoire romancée, Jésus est loquace à l’excès  9.  
Observation n° 3 : Jésus ressemble à un propagandiste, toujours prêt à se proclamer Messie et Fils de Dieu   11.  Observation n° 4 : Jésus donne des leçons de théologie dans les mêmes termes dont se servirait aujourd’hui un professeur de théologie  12.  Observation n° 5 : Marie est toujours prête à fournir des leçons de théologie mariale, parfaitement au courant des dernières études des spécialistes actuels en cette matière. 13  Observation n° 6 : La très sainte Vierge a la faconde d’une avocate moderne  15.  Observation n° 7 : La Sainte Vierge est présente partout 18.  Observation n° 8 : Le récit se déroule au rythme lent de vains bavardages; on y trouve de nouveaux faits, de nouvelles paraboles, de nouveaux personnages et tout un cortège de femmes à la suite de Jésus. 18  Observation n° 9 : Des pages scabreuses qui font penser à des descriptions et des scènes de romans modernes. L’exemple de la confession d’Aglaé  21.  Observation n° 10 : un ballet exécuté certainement d’une façon impudique devant Pilate au Prétoire (volume 4, p. 75) etc  23.  Observation n° 11 : la lecture de passages de ce genre... pourrait difficilement être faite sans danger ou dommage sur le plan spirituel. 25  Observation n° 12 : Les spécialistes des études bibliques y trouveront certainement beaucoup d’erreurs historiques, géographiques et autres. S’il ne s’agit que d’un… roman, ces inventions augmentent évidemment le pittoresque et le fantastique du livre. 26  Observation n°13 : On trouve, au sujet du péché d’Adam et Ève, une opinion plutôt extravagante et inexacte. 27  Observation n°14 : Marie est la seconde-née du Père  30.  Observation n°15 : une déclaration sur le Paradis hermétique et confuse  32  Observation n°16 : une affirmation étrange et imprécise. «Toi, pendant le temps que tu resteras sur Terre, tu seconderas Pierre «comme hiérarchie ecclésiastique». 35  Observation n°17 : L’œuvre montre de l’irrévérence  37.  Observation n°18 : On lit les mots « Jésus dit… », « Marie dit… : » (…) et Maria Valtorta prétend avoir vu tout le temps messianique  38.  Observation n°19 : cette condamnation est faite sur des souvenirs… d’environ une dizaine d’années (…) et est d’autant plus opportune qu’il s’agit de désobéissance grave  39.          
 
Conclusion   40.


L’auteure.
Hélène Thils collabore avec la Fondation héritière de Maria Valtorta. Elle est aussi vidéo-conférencière et administratrice du forum partagé.


L
Article de l’Osservatore Romano
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Dans une autre partie de notre journal, est reproduit le Décret du Saint-Office mettant à l’Index une œuvre en quatre volumes, d’un auteur anonyme (au moins dans cette édition) publié à Isola del Liri. Bien que traitant exclusivement de sujets religieux, ces volumes n’ont pas le moindre «imprimatur», comme le requiert le Canon 1385, 1 n.2 C.I.C. Les éditeurs dans une courte préface écrivent que l’auteur, «à l’image de Dante nous a donné une œuvre dans laquelle, au milieu de splendides descriptions des temps et des lieux, se présentent d’innombrables personnages qui nous adressent leur parole, soit douce, soit forte, comme admonition. Il en résulte une œuvre humble et imposante : l’hommage d’un malade qui souffre au Grand Consolateur Jésus». En réalité un lecteur attentif ne voit rien d’autre dans ces volumes qu’une longue et prolixe vie romancée de Jésus. À part le rapprochement présomptueux avec Dante et malgré les personnalités illustres (dont l’incontestable bonne foi a été surprise) qui ont apporté leur appui à la publication, le Saint-Office a cru nécessaire de la mettre dans l’Index des Livres prohibés. Les motifs sont évidents pour qui aura une patience de Chartreux, de lire ces presque quatre mille pages. 

Avant tout le lecteur est frappé par la longueur des discours attribués à Jésus et à la très sainte Vierge
; et les interminables dialogues entre de nombreux personnages qui peuplent ces pages. Les quatre Évangiles nous présentent un Jésus humble et réservé; ses discours sont brefs et incisifs, mais toujours très efficaces. Par contre dans cette espèce d’histoire romancée, Jésus est loquace à l’extrême, en véritable publicitaire, toujours prêt à se proclamer Messie et Fils de Dieu et à faire des exposés de théologie dans les termes mêmes qu’emploierait un professeur de nos jours. Dans le récit des Évangiles nous admirons l’humilité et le silence de la Mère de Jésus; par contre pour l’auteur (ou l’auteure) de cette œuvre-là très sainte Vierge a la faconde d’une propagandiste moderne; elle est présente partout, toujours prête à donner des leçons d’une théologie mariale mise à jour selon les plus récentes études des spécialistes actuels en la matière.

Le récit se déroule au rythme lent de vains bavardages
; on y trouve de nouveaux faits, de nouvelles paraboles, de nouveaux personnages et tout un cortège de femmes à la suite de Jésus. Quelques pages sont plutôt scabreuses et, par certaines descriptions et certaines scènes, rappellent des romans modernes, ainsi, pour donner seulement quelques exemples, la confession faite à Marie d’une certaine Aglaé, femme de mauvaise vie (vol. I, p.790 ss.)[1], le récit peu édifiant aux pp. 887 et ss. du vol., une danse exécutée, certainement pas d’une façon pudique, devant Pilate, dans le Prétoire (vol. IV, p.75), etc.     

Cela suscite spontanément cette remarque particulière : l’œuvre, par sa nature et conformément aux intentions de l’auteur et des éditeurs, pourrait facilement tomber entre les mains de religieuses et des étudiantes de leurs collèges. Dans ce cas, la lecture de passages de ce genre... pourrait difficilement être faite sans danger ou dommage sur le plan spirituel. Les spécialistes des études bibliques y trouveront certainement beaucoup d’erreurs historiques, géographiques et autres. S’il ne s’agit que d’un… roman, ces inventions augmentent évidemment le pittoresque et le fantastique du livre. Au milieu d’un si grand étalage de connaissances théologiques, on peut cueillir quelques …perles qui ne brillent certes pas par leur orthodoxie catholique. Ici et là s’exprime, au sujet du péché d’Adam et Ève, une opinion plutôt extravagante et inexacte. Au volume 1, page 63, on lit sous ce titre : «
Marie peut-être appelée seconde-née du Père», affirmation répétée en tête de la page suivante. Les précisions, tout en évitant une hérésie authentique, n’enlèvent pas l’impression fondée qu’on veut construire une nouvelle mariologie qui dépasse facilement les bornes de la conformité théologique. Dans le volume II, page 772, on lit : «Le Paradis est lumière, parfum et harmonie. Mais si le Père ne se délectait pas, dans la contemplation de la Toute Belle qui fait de la Terre un paradis, mais si le Paradis devait dans le futur ne pas avoir le Lis vivant dans le sein duquel sont les Trois pistils de feu de la divine Trinité, la lumière, le parfum, l’harmonie et la joie du Paradis seraient diminués de moitié».       

On présente une notion hermétique et plus confuse que jamais, ce qui est heureux, car si on devait la prendre à la lettre, elle n’échapperait pas à une censure sévère. Pour finir, signalons une autre affirmation étrange et imprécise, dans laquelle on dit de la Madone : «
Toi, pendant le temps que tu resteras sur Terre, tu seconderas Pierre «comme hiérarchie ecclésiastique». (Les italiques sont de nous. N.d.R.).        

L’œuvre aurait donc mérité une condamnation même s’il ne se fût agit que d’un roman, ne serait-ce que pour des raisons d’irrévérence. Mais en réalité l’intention de l’auteur va plus loin encore. En parcourant les volumes, çà et là on lit les mots «
Jésus dit…», «Marie dit…»; ou bien : «Je vois...» et d’autres semblables. Et, vers la fin du volume IV (pag. 839) l’auteur se révèle une femme qui déclare avoir été témoin de tout le temps messianique et se nommer Maria (Valtorta).     

Ces mots évoquent des souvenirs d’il y a environ une dizaine d’années, alors que circulaient certains textes dactylographiés volumineux, qui contenaient de prétendues visions et révélations. On sait qu’alors l’autorité ecclésiastique compétente avait défendu l’impression de ces textes dactylographiés et avait ordonné qu’ils soient retirés de la circulation. Et maintenant nous les voyons reproduits presque en entier dans la présente œuvre.

Cette condamnation publique de l’œuvre par la Suprême Sacrée Congrégation est donc d’autant plus opportune, qu’il s’agit de désobéissance grave.

Source : http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/MariaValtorta08.htm


Réponse à l’article de l’Osservatore Romano
  
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 Introduction 
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En janvier 1960, l’Osservatore Romano publie un article sur l’œuvre de Maria Valtorta. Ce texte justifie la mise à l’Index des écrits valtortiens, effectuée un mois plus tôt en décembre 1959. Cette déclaration du Saint-Office, tantôt contestée par les défenseurs de Maria Valtorta, tantôt reprise par ses détracteurs, a déjà fait couler beaucoup d’encre. Alors que penser de cette publication ? Est-ce réellement une condamnation ? Les arguments de l’Osservatore Romano sont-ils réellement valables ? Peut-on conclure que ce texte exprime la position de l’Eglise ? 

La réalité est bien plus complexe qu’il n’y paraît, mais nous pouvons déjà affirmer que ce texte est bien une condamnation du Saint-Office. Il n’y a pas besoin de s’en cacher, car leur opinion est clairement exprimée dans leur article
[2].     

Notre but sera d’analyser leurs différents arguments. Par souci de transparence, nous voulons émettre les remarques suivantes.

1) Nous sommes favorable aux écrits donnés à Maria Valtorta. Il s’agira donc de défendre son œuvre autant que possible.           

2) Notre méthodologie consistera à remettre chaque propos de l’Osservatore Romano dans leur contexte. Quand il s’agit de faits, nous les situerons dans le temps. Quand un extrait de L’Evangile tel qu’il m’a été révélé
[3] sera abordé, nous resituerons également ce passage dans l’œuvre principale. 

3) Le présent dossier ne constitue pas une réponse théologique. Nous entendons par là que nous ne nous référerons pas aux Pères de l’Eglise, aux encycliques, ou toute autre personne de référence dans l’Eglise. Nous répondons avec nos connaissances de simple fidèle et laïc.   

4) Si nous avons essayé d’être de bonne volonté, il va de soi que l’erreur est humaine et que cette réponse à l’Osservatore Romano n’est pas parfaite. Nous prions donc le lecteur d’être compréhensif s’il remarque des imprécisions ou des lacunes de notre part.           

5) Enfin, nous soulignons que nous respectons les lecteurs qui sont contre Maria Valtorta, car chaque fidèle est libre de croire ou non à l’origine surnaturelle de ces écrits. Dieu n’impose pas de croire en lui : nous n’imposerons donc à personne de croire en cette révélation privée.

Nous espérons néanmoins que ce travail permettra aux âmes d’y voir plus clair, et que cela leur permettra peut-être de lire cette si belle œuvre qui est un don pour notre temps.

 Observation n° 1 :   
Ces volumes n’ont pas le moindre «imprimatur», comme le requiert le Canon 1385, 1 n.2 C.I.C[4]
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L’argument le plus connu de l’Osservatore Romano est certainement le manque d’imprimatur (c’est-à-dire l’autorisation d’imprimer) de L’Evangile tel qu’il m’a été révélé. Cet imprimatur est imposé par le droit canonique de l’époque.

§1. Ne peuvent être édités, même par des laïques, sans être passés préalablement par la censure ecclésiastique :        

1° Les livres de la sainte Ecriture ou leurs annotations et commentaires
;        

2° Les livres qui concernent les divines Ecritures, la sainte théologie, l’histoire ecclésiastique, le droit canonique, la théologie naturelle, la morale et les autres disciplines de ce genre, religieuses et morales
; les livres et brochures de prières, de dévotion, de doctrine ou de formation religieuse, morale, ascétique, mystique, ou autres ouvrages du même genre, même s’ils paraissent devoir favoriser la piété; et plus généralement tous les écrits dont le sujet touche à la religion ou à l’honnêteté des mœurs[5].

En 1944, le Père Migliorini, confesseur de Maria Valtorta, dactylographie l’œuvre et se met à en diffuser des extraits. En 1946, vraisemblablement vers mars, on lui demande de cesser ces diffusions. Désormais à Rome, il rencontre le Père Berti et ils cherchent à promouvoir l’œuvre. C’est en 1947 que le Père Berti envisage de soumettre les écrits valtortiens au Saint-Père et il arrive à lui transmettre les volumes dactylographiés de l’œuvre. Pie XII recevra alors le Père Migliorini, le Père Berti et le Père Andrea Cecchin au cours d’une audience le 26 février 1948. Il leur déclarera :

« Publiez l’œuvre tel quelle. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui liront comprendront. »

Cet imprimatur oral est donné. Le Pape veut cependant qu’un imprimatur d’usage soit accordé à l’œuvre, notamment par un évêque italien pour éviter les réactions de «certains prélats hostiles». On suggère que Mgr Michele Fontevecchia s’en occupe mais on lui arrache l’œuvre des mains, selon une lettre qui est envoyée à Mgr Carinci[6]. Enfin, le 29 novembre 1948, le Père Cecchin, Supérieur des Servites de Marie, reçoit un appel du Saint-Office : on lui intime de ne plus s’occuper de l’œuvre et de ne pas la diffuser, auquel cas ils recevront des sanctions. 

On s’étonne déjà de l’attitude du Saint-Office : il s’oppose à l’imprimatur oral du Pape. On pourrait leur laisser le bénéfice du doute et supposer qu’ils n’en ont pas encore eu connaissance (nous sommes ne 1948 et internet n’existe pas encore). Mais en 1949, les censeurs ne cachent même plus leur attitude hostile envers l’œuvre, puisque le Père Berti est convoqué. Mgr Giovanni Pepe, qui a en charge la censure des livres, et le Père Girolamo Berutti lui interdisent de parler et lui commandent de signer la lettre du Saint-Office ainsi que de leur donner tous les manuscrits en sa possession. «
Ici, ils resteront comme dans une tombe» déclare Mgr Pepe. Ces manuscrits sont cependant chez Maria Valtorta. Cette procédure est bien entendu illicite et on ne retrouve pas la moindre trace de cette condamnation dans les Actes du Saint-Siège ni dans aucun document officiel du Saint-Office.        

En 1950, le Père Cordovani, l’un des plus grands opposants de l’œuvre, meurt sans préavis. Mais l’opposition du Saint-Office demeure. En 1952, une supplique est adressée au Saint-Père : une dizaine de personnalités illustres lui demande de désigner une personne pour qu’elle s’occupe de l’imprimatur
[7]. Mais leur lettre n’arrive jamais au bureau du Saint-Père, elle atterrit plutôt au Saint-Office…       

Mgr Biagio Musto souhaite quand même accorder l’imprimatur, mais il subit beaucoup de pression et déclare :

Oh, comme j’aurais volontiers donné l’imprimatur, s’il n’y avait pas eu quelqu’un qui vint l’arracher de ma main! S’il te plaît, prie Maria (Valtorta) pour moi, confie-t-il plus tard à Marta Diciotti, l’aide de Maria Valtorta[8].

En 1956, le cardinal Giuseppe Siri atteste son opinion favorable envers l’œuvre mais refuse d’assigner son imprimatur, car ce serait une entreprise périlleuse, vu que le Saint-Office a pris l’affaire en main. C’est cette même année que L’Évangile tel qu’il m’a été révélé est publié sous le titre de Poème de l’Homme-Dieu. Les trois premiers volumes sortes et le Saint-Office ne réagit pas tant que le Pape Pie XII est vivant. Le Saint-Père est en effet favorable aux écrits valtortiens et a par ailleurs sanctionné Mgr Pepe, qui avait condamné sans son accord les écrits de Padre Pio. Le Pontife meurt néanmoins deux ans plus tard, en 1958.        

En 1959, le quatrième volume du Poème est édité et en décembre, le décret de mise à l’Index de l’œuvre de Maria Valtorta sort définitivement. C’est au mois suivant que l’article de l’Osservatore Romano est publié.

Ce petit résumé a permis de remettre la situation dans son contexte. On peut voir que bon nombre de prêtres ont voulu accorder l’imprimatur et qu’ils étaient au moins favorables à cette révélation privée
[9] ; de plus, le Pape lui-même s’est prononcé en faveur de la publication de l’œuvre. Onze ans séparent la déclaration du Pontife et la condamnation du Saint-Office : on ne peut penser que les censeurs n’aient pas eu connaissance de l’avis du Saint-Père. Se prononcer contre l’avis du chef de l’Église, qui est clairement énoncé, c’est déjà un manque d’humilité, un manque de confiance, et un manque d’intégrité.  

De plus, les pressions qui sont exercées afin qu’aucun imprimatur ne soit accordé montrent une attitude immorale, fallacieuse, et illicite, de sorte que les propos de l’Osservatore Romano perdent tout leur crédit. Il n’y a pas d’imprimatur, certes, à cause des manigances du Saint-Office et de leur pouvoir qu’ils ont exercé à mauvais escient. Il s’agit donc d’une accusation sournoise, qui est de mauvaise foi puisqu’ils ont tout fait pour que l’imprimatur ne soit pas accordé à L’Evangile tel qu’il m’a été révélé. 

L’œuvre de Maria Valtorta comporte-t-elle des erreurs sur le fond
? Est-elle un danger pour la foi? L’Osservatore semble le penser. C’est ce que nous allons voir.

 Observation n° 2 :   
Dans cette sorte d’histoire romancée, Jésus est loquace à l’excès.
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Jésus est loquace. C’est vrai, mais ce n’est pas un fait nouveau. L’Évangile souligne depuis longtemps les longs discours du Christ. Ainsi, Marc déclare : «Il se mit à les enseigner longuement» (Marc 6, 34). Ailleurs, il souligne : «Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer de Galilée. Une foule très nombreuse se rassembla auprès de lui (…). Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles» (Marc 4, 1-2). N’oublions pas non plus le sermon sur la montagne (Matthieu, chapitre 5 à 7) ou encore les longs développements du Christ dans l’Évangile de Jean (chapitre 13-14).     

Il ne faut pas s’étonner de ces longs enseignements du Christ. Jésus est un rabbi, il conseille donc tout le peuple d’Israël. On vient le trouver ou on l’invite à parler dans les synagogues et les places publiques. Non seulement il est un rabbi, mais il est aussi le Messie et le Fils de Dieu : son but est donc d’annoncer la Bonne Nouvelle et l’Évangile au peuple hébreu qui l’attend depuis des siècles. Il n’y a dès lors rien d’étonnant à ce que le Christ enseigne le peuple juif autant qu’il le peut. ll sait que son aurore sera court et que son crépuscule viendra bientôt. Aussi, Jésus parle, il transmet sa Sagesse éternelle, et est heureux, profondément heureux, quand sa Parole est accueillie dans des cœurs remplis de bonne volonté.     

Celui qui lit l’œuvre de Maria Valtorta découvre aussi que Jésus parle longuement, mais il se rend également compte que Jésus sait être silencieux. En effet, bien souvent, le Christ se tait, médite et prie. Il n’est pas rare que ses regards valent plus qu’un long discours : ne citons que l’épisode où Jésus se trouve chez Simon le pharisien (
EMV 236), l’épisode où son regard caresse toutes les terres de Palestine (EMV 474), ou encore, la guérison lumineuse d’une enfant pour laquelle il ne prononce qu’une parole : «Oui» (EMV 331).

Jésus s’isole souvent dans l’Œuvre. Cela lui est nécessaire pour prier, se ressourcer dans le Père et affronter le monde (EMV 62, EMV 274, EMV 538). Même durant ses pérégrinations, Jésus s’absorbe souvent dans ses pensées (EMV 291) et n’en sort qu’à l’intervention de ses apôtres, qui ont des questions à lui poser.        

Maria Valtorta elle-même le remarque :

« Jésus était la «Parole», mais il n’était certainement pas le «bavardage»! Patient et gentil comme nul autre, sans jamais montrer d’être ennuyé de devoir répéter une idée, une, deux, dix, cent fois, pour la faire entrer dans les têtes cuirassées par les préceptes pharisaïques et rabbiniques, sans se soucier de sa fatigue, qui parfois est si grande qu’elle devient une souffrance, pour enlever la souffrance physique ou morale à une créature. Mais il est visible qu’il préfère, se taire, s’isoler dans un silence méditatif qui peut durer plusieurs heures s’il n’y est pas arraché par quelqu’un qui l’interroge » (EMV 474.1).

Du reste, pourquoi s’étonner que Jésus enseigne si profondément Ie peuple d’Israël et les âmes qui sont ouvertes à son enseignement? Jésus est le Verbe de Dieu, la Parole fait chair. Il est venu dans le monde pour faire connaître la Pensée du Père. Doit-on croire que tout ce qu’il a dit est contenu dans l’Évangile? L’essentiel y est contenu, oui. L’Esprit Saint y a veillé et la Providence divine a toujours guidé l’Eglise pour ce qui a trait à l’Écriture Sainte et son Magistère. Mais l’Évangile ne contient certainement pas tout ce que le Seigneur a dit ou a fait; il s’agit là des paroles essentielles qu’il a transmises par le biais de ses évangélistes. Le Christ affirme d’ailleurs au petit Jean[10] :

«Les évangélistes rapportent des versions de mes paroles très réduites, jusqu’à en être squelettiques : une allusion plus qu’une version. Cela les prive du style littéraire que je leur avais donné.» (30 septembre 1947).

Notons par ailleurs que l’œuvre de Maria Valtorta ne nous a pas tout révélé sur la vie du Christ. En effet, Jésus déclare : «Même après avoir lu et accepté cette illustration de ma vie publique, vous ne connaissez pas tout de moi. J’aurais fait mourir mon petit Jean d’épuisement, si je lui avais demandé d’être le chroniqueur de toutes les journées de mon ministère, et de toutes les actions accomplies en chacune de ces journées, si je lui avais fait connaître tout pour qu’il vous transmette tout!» (EMV 652). Pour le reste, le Seigneur est en droit de se révéler à qui il veut, quand il le veut, cela pour nous faire découvrir les trésors de sa Parole.       

Maria Valtorta n’est ni la première, ni la dernière à qui il se manifeste pour éclairer les âmes qui sont dans les ténèbres. L’œuvre de cette auteure italienne nous fait découvrir un Jésus bien vivant, qui nous explique l’Évangile comme si nous étions à ses côtés. Et nous aurions tort de nous en priver
!

 Observation n° 3 :   
Jésus ressemble à un propagandiste, toujours prêt à se proclamer Messie et Fils de Dieu.
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Quand sa vie publique commence, Jésus n’a pas pour mission de cacher sa nature. Verbe divin, Fils de Dieu, il est le Messie et il vient réconcilier les hommes avec son Père. Les Écritures l’annoncent depuis des siècles et le Christ explique d’ailleurs les paroles des prophètes à Israël. Il ne dissimule donc pas son identité et Jésus proclame bien qu’il est le Messie et le Fils de Dieu. Cependant, et c’est un détail qui a toute son importance, le Christ le proclame avec parcimonie : il révèle donc qui il est uniquement pour ne pas laisser le doute planer sur sa mission et sa nature (EMV 59 ou 67). Il est la Vérité, il ne peut donc pas dissimuler qui il est quand on le questionne ouvertement.

«Ne trouves-tu pas que tu es audacieux en te posant comme représentant de Dieu? Aucun des prophètes n’a eu cette audace, et Toi... qui es-tu, Toi qui parles et sur l’ordre de qui parles-tu?»

«Les prophètes ne pouvaient dire d’eux-mêmes ce que Je dis de Moi. Qui suis-je? L’Attendu, le Promis, le Rédempteur. Déjà vous avez entendu celui qui m’a précédé dire : “Préparez les voies du Seigneur... Voici que vient le Seigneur Dieu... Comme un berger il paîtra son troupeau, tout en étant l’Agneau de la vraie Pâque!”   (…) Je suis Jésus de Joseph, de la race de David, né à Bethléem Ephrata, selon la promesse, appelé Nazaréen parce que j’ai la maison à Nazareth. Cela, du point de vue du monde. Selon Dieu je suis son Messie.» (EMV 59).

Le Christ ne se cache pas. Peut-on dire pour autant que Jésus est un propagandiste? Non. S’il révèle sa nature, c’est soit parce qu’on lui demande de le confirmer, soit parce que cela est nécessaire pour la formation des cœurs. Ainsi en va-t-il au tout début de sa vie publique, quand Jésus révèle ce qu’il est à ses apôtres (EMV 54). À d’autres reprises, le Seigneur dévoile son identité spirituelle parce qu’on lui somme de répondre au nom du Dieu Vivant (EMV 604). Enfin, il prend aussi la parole quand il s’agit d’être fidèle à la Vérité qu’il représente (EMV 225).      

Le Christ ne cherche néanmoins jamais à se glorifier pour lui-même, et quand Judas lui demande pourquoi il ne dit pas qu’il est le Messie, il répond simplement que ses paroles le diront (EMV 68). Ses propos et ses actes confirmeront en effet qu’il est envoyé par le Père pour guérir et sauver tous les hommes.

D’un côté, Jésus affirme donc qui il est lors de sa vie publique, spécialement aux pharisiens, aux scribes et aux érudits qui l’interrogent. Il ne peut agir autrement car il est le Chemin, la Vérité et la Vie (Jean 14, 6). D’un autre côté, le Seigneur reste humble et ne s’en glorifie pas, il n’en tire jamais orgueil et il affirme qu’il est le Messie seulement quand cela est nécessaire. Bien souvent, c’est autrui qui veut proclamer qu’il est l’Envoyé de Dieu, en se targuant de le suivre et d’être son disciple.      

Jésus n’est donc pas un homme qui cherche à tout prix à imposer sa doctrine. D’ailleurs, quand on cherche à le faire roi, il refuse la couronne et cherche uniquement à accomplir la Volonté du Père (EMV 464). Un propagandiste aurait-il vraiment refusé le sacre royal
?

 Observation n° 4 :   
Jésus donne des leçons de théologie dans les mêmes termes dont se servirait aujourd’hui un professeur de théologie.
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Est-ce que les leçons viendraient de Dieu ou uniquement de Maria Valtorta, qui reprendrait les grands discours de son temps? En effet, l’Osservatore Romano semble penser que l’Œuvre a été écrite par quelques théologiens de renom, et non pas par une jeune femme alitée, ignorante et grabataire, qui n’a reçu sa première Bible qu’au tout début de ses visions, c’est-à-dire à 46 ans.       

Il est humainement impossible que Maria Valtorta ait pu acquérir autant de connaissances théologiques et scientifiques. Rappelons d’abord qu’elle est isolée et rédige ses écrits durant la Seconde Guerre mondiale. Elle n’a aucune documentation sous la main, si ce n’est l’Écriture Sainte, et elle n’est pas non plus entourée de spécialistes qui auraient pu l’assister durant la rédaction de ses écrits. Mgr Maurizio Raffa lui-même (1906-1957), qui est le directeur d’un organisme de recherche scientifique, conclut la chose suivante :

Pour écrire une seule partie de l’œuvre (de Maria Valtorta), il faudrait être un auteur (qui n’existe pas aujourd’hui) tout à la fois grand poète, bibliste talentueux, théologien confirmé, expert en archéologie et en topographie, et profond connaisseur de la psychologie humaine[11].

Maria Valtorta n’est ni bibliste, ni théologienne, ni archéologue, psychologue et topographe. Aucun spécialiste ne la conseille également sur ces sujets. Cette Œuvre ne peut donc venir des gens de son époque.     

Si Maria n’était pas capable d’être une scientifique et théologienne de renom, il faut croire qu’elle a décrit simplement tout ce qu’elle a vu, en le reportant dans ses cahiers avec une grande simplicité.

 Observation n° 5 :   
Marie est toujours prête à fournir des leçons de théologie mariale, parfaitement au courant des dernières études des spécialistes actuels en cette matière.
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L’Osservatore Romano continue sa réflexion et s’intéresse à la théologie mariale développée dans l’œuvre de Maria Valtorta. Là encore, dit-il, Marie est toujours prête à fournir des «leçons de théologie mariale, parfaitement au courant des dernières études des spécialistes actuels en cette matière».         

Le Père Roschini écrit que :

« les commissaires reconnaissaient par-là que l’œuvre contient de fait, une doctrine tout à fait à la pointe en cette matière. C’est indéniable ! affirme cet éminent mariologue, mais il est tout aussi indéniable que Maria Valtorta n’a jamais lu un livre ni suivi de cours qui traitent du sujet, comme il n’y a jamais eu de savant théologien pour lui suggérer ce qu’elle a écrit sur la Sainte Vierge »[12].

Nous estimons ainsi que Maria Valtorta n’ait pas pu être aidée par des mariologues éminents. Comme expliqué dans l’observation n°3, elle est isolée, grabataire, elle n’a pas suivi de cursus universitaire et Maria n’a pas les moyens de sortir de chez elle pour s’informer en vue de rédiger son œuvre. Quant aux savants docteurs en mariologie, elle n’en connaissait pas et ne pouvait donc se faire épauler en recevant leurs conseils. Nous pensons donc que les suppositions de l’Osservatore Romano ne sont pas crédibles.

Poussons cependant notre réflexion plus loin : est-ce que Marie est vraiment prête à donner des leçons de théologie, elle qui est si humble et cachée dans l’Évangile
? C’est la question que nous avons envie d’étudier et voici la réponse que nous voulons proposer.   

Rappelons tout d’abord que Marie ne parle jamais pour se mettre en avant, ni pour se glorifier de son élection exceptionnelle. Quand Marie parle à Maria Valtorta, il s’agit simplement de nous expliquer des vérités de foi ou de souligner certains détails qui éclairent l’Evangile de manière étonnante. Ces dictées permettent donc de comprendre davantage la profondeur des personnages (par exemple la douleur de saint Joseph quand il découvrit la grossesse de son épouse). Elles permettent aussi mettre en lumière certains événements que Marie a vécu. Il s’agit donc d’une explication spirituelle et non d’une glorification orgueilleuse des principaux événements de sa vie.     

Ensuite, dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, Marie est toujours humble et cachée. Elle révèle bien à Élisabeth sa maternité divine, parce que l’Esprit Saint a daigné éclairer sa cousine, mais elle dissimule à tous les autres le fait qu’elle est la Bien-Aimée de Dieu. Zacharie et Joseph ignorent tout d’elle, jusqu’à ce que le Seigneur leur dévoile qui elle est vraiment (EMV 24 et 26). Les apôtres eux-mêmes ne découvrent Marie que sur l’initiative de Jésus, qui leur racontent l’Annonciation (EMV 348). Quand ils vont à Bethléem, c’est sur l’instance de son Fils que la Vierge leur raconte la Nativité (EMV 207). Marie s’efface donc et ne révèle jamais tous les trésors que Dieu a mis en elle. Lorsqu’elle prend la parole, pour parler à son Fils ou aux apôtres, ce n’est jamais dans un esprit de prétention. Elle reste modeste et donne son avis puisqu’on le lui demande. C’est tout.      

Enfin, toutes les dictées données par Marie – comme par Jésus – sont accessibles à tous. En effet, même un lecteur qui ignore tout de la doctrine catholique peut facilement lire les explications de notre Mère du Ciel ou de notre Seigneur. Ils s’expriment en de termes simples, mais clairs, de sorte que chaque lecteur peut suivre la leçon qui leur est donnée. On ne peut donc pas les classifier les paroles de Marie et de Jésus comme des «
leçons de théologie» si on entend par-là des discours compliqués, savants, que peuvent comprendre uniquement des érudits diplômés en théologie. Non, tout est simple avec le Ciel, et les vérités de foi y sont expliquées sans prétention, tout en étant fidèle aux enseignements de l’Église catholique.

Ces explications sont aussi tellement claires que, lorsqu’on ferme l’Œuvre, nous avons une vision renouvelée de notre Mère du Ciel. Rappelons à cet effet les propos du Père Roschini :

Cela fait un demi-siècle que je m’occupe de mariologie : par l’étude, l’enseignement, la prédication et l’écriture. […] Mais je me sens obligé d’avouer candidement que la mariologie qui se dégage des écrits publiés et inédits de Maria Valtorta a été pour moi une vraie découverte. Aucun autre écrit marial, pas même la somme de tous ceux que j’ai lus et étudiés, n’avait été en mesure de me donner sur Marie, chef-d’œuvre de Dieu, une idée aussi claire, aussi vive, aussi complète, aussi lumineuse et aussi fascinante, à la fois simple et sublime, que les écrits de Maria Valtorta.

Du reste, pourquoi s’étonner que le Christ et Marie viennent nous expliquer des vérités de foi? À l’époque de la Seconde Guerre mondiale, le monde se meurt et est déchiré par la haine et les conflits. Aujourd’hui, le monde ne connaît plus l’Évangile et ne croit même plus en Dieu. Le Ciel savait donc qu’il fallait nous donner des phares pour nous guider dans cette nuit spirituelle et il nous en a donné à foison lors du XXe siècle. Maria Valtorta en est l’une d’elles, mais nous pourrions également citer Luisa Piccaretta, sainte Faustine, Padre Pio, Gemma Galgani, Thérèse de Lisieux et bien d’autres encore.

 Observation n° 6 :   
La très sainte Vierge a la faconde d’une avocate moderne.
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L’Osservatore Romano considère que la Sainte Vierge a l’éloquence d’une avocate moderne.

Marie prend parfois la parole quand on lui demande son avis. Par exemple, elle dialogue avec Judas quand celui-ci pense que Jésus devrait penser à sa Mère et ne pas la faire souffrir (EMV 249). De la même manière, elle conseille Pierre d’être toujours charitable envers son prochain, sans se moquer des fautes d’autrui (EMV 285). Elle parle néanmoins toujours avec douceur et simplicité, et nous sommes donc bien loin des discours d’une avocate moderne.

À d’autres moments, Marie intercède pour les apôtres. Ainsi, quand Judas lui demande de l’accompagner à Nazareth, elle va en parler à Jésus, qui lui accorde ce qu’elle demande (EMV 262). Plus tard, elle conseille l’Iscariote avec prudence et diplomatie, sans lui faire de grand discours (EMV 264).       

Plus grande est son intercession pour Pierre, quand celui-ci veut adopter Marziam, un petit orphelin qui a perdu sa famille. Jésus refuse de le lui confier, car il est destiné à être son Vicaire, et le Christ ne veut pas que son apôtre soit retenu par un attachement humain (EMV 191). Simon de Jonas en parle plus tard à Marie et celle-ci vient alors trouver son Fils. Nous pensons que c’est peut-être ce passage qui a retenu l’attention de l’Osservatore Romano, donc nous nous permettons de le citer ci-dessous. Marie discute alors avec Jésus et parle de sa discussion avec Pierre.

«Simon a ce grand désir… Pendant que je marchais avec lui, il n’a pas cessé de m’en parler, et avec des raisons si justes que… je n’ai rien pu dire pour le faire taire. C’étaient les mêmes raisons que nous invoquons toutes, nous les femmes et les mères. L’enfant n’est pas robuste. S’il avait été comme toi… ah! Alors il aurait pu s’avancer sans crainte vers la vie de disciple. Mais qu’il est chétif!… Très intelligent, très bon… mais rien de plus. Quand un tourtereau est délicat, il ne peut prendre son envol tout de suite, comme le font les forts. Les bergers sont bons… mais ce sont toujours des hommes. Les enfants ont besoin des femmes. Pourquoi ne le laisses-tu pas à Simon? Tant que tu lui refuses un enfant vraiment né de lui, j’en comprends la raison. Un petit, pour nous, c’est comme une ancre. Et Simon, destiné à un si grand rôle, ne peut avoir d’ancres qui le retiennent. Néanmoins, tu dois convenir qu’il lui faut être le “père” de tous les enfants que tu lui laisseras. Comment peut-il être père s’il n’a pas été à l’école d’un enfant? Un père doit être doux. Simon est bon, mais pas doux. C’est un impulsif et un intransigeant. Il n’y a qu’un enfant qui puisse lui enseigner l’art subtil de la compassion pour les faibles… Considère le sort de Simon… C’est bien ton successeur! Oh! Je dois pourtant le dire, ce mot atroce! Mais, pour toute la souffrance qu’il m’en coûte pour le dire, écoute-moi. Jamais je ne te conseillerais quelque chose qui ne serait pas bon. Marziam… Tu veux en faire un parfait disciple… or c’est encore un enfant. Toi… tu t’en iras avant qu’il ne devienne un homme. Alors, à qui le confier plutôt qu’à Simon pour compléter sa formation? Enfin, tu sais quelles tribulations ce pauvre Simon a subies, même à cause de toi, de la part de sa belle-mère; et pourtant il n’a pas repris la plus petite parcelle de son passé, de sa liberté depuis un an, pour que sa belle-mère – que même toi n’as pu changer – le laisse en paix. Et sa pauvre épouse? Ah! Elle a un tel désir d’aimer et d’être aimée! Sa mère? Ah!… son mari? Un cher autoritaire… Jamais la moindre affection qui lui soit donnée sans trop exiger… Pauvre femme!… Laisse-lui l’enfant. Ecoute, mon Fils : pour le moment, nous l’emmenons avec nous. Je viendrai, moi aussi, en Judée. (…) Après cela, à notre retour en Galilée, nous le confierons à Porphyrée. Quand nous serons dans les environs de Bethsaïde, Pierre le prendra. Quand nous viendrons ici, au loin, l’enfant restera avec elle. Ah! Mais tu souris maintenant! Alors tu vas faire plaisir à ta Maman. Merci, mon Jésus» (EMV 199).

Pierre a bien compris que Marie était la faiblesse de Jésus et c’est par son intercession qu’il obtient finalement la garde de l’enfant. 

Au regard de cet extrait, Marie a-t-elle une grande éloquence
? Elle sait en tout cas parler et exprimer correctement ses idées. Humainement, il n’y a pas de quoi s’en étonner : elle a grandi au Temple de Jérusalem et on peut croire qu’elle a reçu une bonne éducation. Spirituellement, ensuite, on s’aperçoit que son intelligence est très vive dès son plus jeune âge. Elle n’a pas en elle la marque du péché originel, et son amour pour Dieu ne cesse de grandir au fil du temps. Lorsqu’elle accueille le Verbe de Dieu en son sein, on peut croire que cette communion d’amour avec son Fils lui permit d’accueillir les plus grandes vérités célestes. Jésus lui-même parle de l’intelligence de sa Mère qui apparaît dès son enfance :

Marie n’était pas seulement la femme pure, la nouvelle Ève recréée pour faire la joie de Dieu : elle était plus qu’Ève, elle était le chef-d’œuvre du Très-Haut, elle était la Pleine de grâce, elle était la Mère du Verbe dans l’esprit de Dieu.         

«
Le Verbe est la source de la Sagesse», dit Jésus ben Sirach. Le Fils n’aurait-il donc pas mis sa propre sagesse sur les lèvres de sa Mère?

Un prophète chargé de dire les paroles que le Verbe – la Sagesse – lui inspirait de transmettre aux hommes, eut les lèvres purifiées par un chardon ardent : et l’Amour n’aurait pas donné netteté et élévation de langage à son Epouse encore enfant qui devait porter la Parole en son sein
? Elle ne devait plus parler d’abord en enfant puis en femme, mais uniquement et toujours en créature céleste en qui la grande lumière et la sagesse de Dieu étaient infuses.        

Le miracle ne réside pas dans l’intelligence supérieure manifestée dès l’enfance par Marie, puis par moi. Le miracle, c’est de pouvoir contenir l’Intelligence infinie qui habitait en nous, dans des limites qui permettent de ne pas frapper d’émerveillement les foules et de ne pas éveiller l’attention de Satan (EMV 7).

Marie sait donc parler et être sage selon Dieu. De plus, on voit que Marie sait tout obtenir de son Fils. Elle lui donne en effet le motif de ses demandes, et les raisons qu’elle invoque sont toujours bonnes. Agit-elle cependant comme une avocate au tribunal? Non. Elle reste la Mère de Jésus, humble et douce comme une colombe, et elle lui présente son point de vue en toute simplicité. Dans le cas de Marziam, elle évoque à Jésus la réalité de sa vie évangélisatrice, qui serait actuellement trop éprouvante pour l’enfant. Puis elle s’arrête sur la vie spirituelle de Pierre et de son épouse, Porphyrée. Son seul souci est le bien des âmes, et c’est bien à cause de cela que Jésus se rend à ses raisons. Car le Christ ne voit pas en elle une avocate qui intercède pour ses clients, mais une Mère qui intervient pour le bien de ses enfants.     

Soulignons également que Marie ne cherche pas à outrepasser l’autorité de Jésus ou à lui imposer ses désirs : c’est lui qui décide s’il accède à ses demandes ou non. Ses discours sont aussi très rares, et si elle livre ses impressions à son Fils quand il le lui demande, ces dernières sont toujours posées et réalistes. Quand enfin elle prie son Fils pour se voir accorder quelque chose, c’est toujours pour le bien des âmes, et son discours est loin d’avoir la froideur des plaidoyers ou des réquisitoires.

 Observation n° 7 :   
La Sainte Vierge est présente partout.
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Voilà un argument bien général : la Sainte Vierge est présente partout! Nous supposons que l’Osservatore Romano soutenait par-là que Marie était très présente dans l’Œuvre.         

La Mère de Jésus est l’un des personnages centraux du Protévangile et de la vie cachée. Dans cette partie, on va plus ou moins de la naissance de Marie à la mort de saint Joseph. Il est donc évident qu’elle y apparaît beaucoup.        

Cependant, une fois que Jésus commence sa vie publique, Marie reste longtemps à Nazareth et n’accompagne pas directement son Fils. C’est plus tard qu’elle cheminera à ses côtés. Elle participe ainsi à cinq voyages apostoliques environ
[13]. De plus, Jésus séjourne trois fois à Nazareth[14] lors de sa vie publique. Le Christ voit ainsi régulièrement sa Mère, mais elle ne le suit pas à chaque instant de sa prédication évangélique. 

On ne peut donc pas dire qu’elle est présente partout, comme le suppose l’Osservatore Romano. C’est faire une généralisation mal venue, car on dépeint le personnage de Marie sous un mauvais jour.    

Il faut bien sûr noter que Jésus parle de sa Mère aux apôtres, mais il le fait avec un amour et un respect divin. Ses leçons ont pour but de faire comprendre la place de Marie dans la Rédemption et le Cœur de Dieu. Il apprend ainsi aux disciples à respecter sa Mère, mais le Christ ne parle pas de la Vierge tous les jours, loin s’en faut. Au contraire, il nous donne des enseignements très équilibrés, en ponctuant le tout par la prédication de l’Evangile.  

Marie n’est donc pas omniprésente dans l’EMV, mais elle rayonne dans le Cœur de Jésus et est un repère pour tous les disciples, surtout pour ceux qui n’osent pas aller vers le Christ.

 Observation n° 8 :  
Le récit se déroule au rythme lent de vains bavardages; on y trouve de nouveaux faits, de nouvelles paraboles, de nouveaux personnages et tout un cortège de femmes à la suite de Jésus.
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Répondons point par point.      

Le récit se déroule au rythme lent de vains bavardages ?     

Le récit se déroule-t-il au rythme lent de vains bavardages
? Il est difficile d’en juger car il s’agit-là d’une opinion subjective. Pour certains lecteurs, les nombreux dialogues de l’EMV seront lents et inutiles, pour d’autres, il s’agira de conversations édifiantes qui les porteront à réfléchir aux côtés des disciples et des apôtres.          

Il est cependant certain qu’on trouve de nombreux dialogues dans les dix tomes de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé. On peut postuler qu’ils sont utiles pour trois raisons :

- Ces discussions nous plongent dans le quotidien du Christ et du groupe apostolique. Qu’on considère que ces révélations soient authentiques ou non, elles peuvent toujours nous servir de méditations spirituelles, car les apôtres, les disciples et le peuple d’Israël sont humains, comme nous. On peut donc s’identifier à leurs doutes, à leur foi, à leur cheminement, et progresser avec eux au fil de notre lecture. Rappelons que saint Ignace préconisait d’imaginer l’Évangile comme si on y était dans ses Exercices spirituels. On peut donc très bien méditer à partir de n’importe quel texte spirituel pour entrer dans l’Evangile, tant qu’on exerce notre discernement et notre réflexion pour voir si ça ne contredit pas la doctrine catholique.       

- Ces conversations peuvent nous révéler des détails anecdotiques, qui sont d’une grande richesse pour les chercheurs de notre époque. C’est le cas de Jean-François Lavère qui a pu confronter bon nombre d’affirmations des personnages valtortiens avec nos connaissances actuelles. Dans l’immense majorité des cas, il a conclu que ces affirmations étaient exactes, cohérentes, décisives ou possibles. Nous renvoyons à L’Enigme Valtorta pour découvrir ses résultats et sa méthodologie.        

- Enfin, ces dialogues sont intéressants car elles contiennent bien souvent une pépite spirituelle. Ne citons que deux exemples pris au hasard :
l’EMV 47 ou l’EMV 124. Le premier reprend Jean 1, 37-39 : il reste fidèle à l’écrit canonique, mais le développe. Le second aborde les difficultés du groupe apostolique durant un séjour à la Belle-Eau. La conversation aboutit entre autres à un commentaire édifiant de Jésus. Nous pensons que l’âme peut donc abondamment se nourrir de ces dialogues pour réfléchir et se fortifier dans la foi.

On y trouve de nouveaux faits, de nouvelles paraboles, de nouveaux personnages et tout un cortège de femmes à la suite de Jésus.

Comme nous l’avions dit dans l’observation n° 2, l’Évangile rapporte une version très réduite de la vie de Jésus. Cela peut s’expliquer par leur date de rédaction. Si on en croit la dictée de Jésus à Maria Valtorta, Matthieu a écrit l’Évangile quinze ans après la vie publique du Christ. Quant aux autres, à savoir Marc et Luc, «
ils l’ont fait encore plus tard, et après en avoir entendu le récit de ma Mère, de Pierre, ainsi que des autres apôtres et disciples». Jean, enfin, est le dernier à avoir écrit son Évangile, mais «en vrai fils de la Lumière, [il] s’est occupé et préoccupé de faire briller la Lumière à travers son vêtement de chair aux yeux des hérétiques qui attaquaient la réalité de la Divinité enfermée dans une chair humaine. Le sublime évangile de Jean a atteint son but surnaturel, mais la chronique de ma vie publique n’en a pas été aidée» (EMV 468).        

L’Evangile a donc été écrit des années plus tard, mais même si les évangélistes ont été soutenus par l’Esprit Saint, ils restent des hommes, «
élus mais pas encore glorifiés» (28 juin 1943). Ils ne pouvaient donc pas tout retransmettre humainement parlant et devaient avant tout se préoccuper des âmes qu’ils devaient amener à la Lumière. Chaque Évangile a donc eu un but particulier. Matthieu a tenu à décrire le Fils de l’Homme, Marc a mis en avant la figure du divin Thaumaturge, pour conquérir les païens, et Luc a complété l’Évangile de l’Enfance, en mettant en avant Marie. Jean a quant à lui mis en avant la Divinité du Christ (Commentaires de l’Apocalypse, p. 610 à 619). Dès lors, «chaque évangéliste a servi à composer la mosaïque qui nous révèle Jésus Christ Homme-Dieu, sauveur, maître, rédempteur, vainqueur de la mort et du démon, juge éternel et Roi des rois pour l’éternité».  

Néanmoins, comme nous l’avions souligné au début de l’article, les évangélistes ne rapportent que partiellement les paroles du Christ. Il s’agit d’une allusion plutôt que d’une version. Maria Valtorta, elle, suit le Christ au jour le jour. Il ne faut donc pas s’étonner qu’elle nous fasse découvrir de nouveaux faits, de nouvelles paraboles et de nouveaux personnages. Tous les faits ne peuvent être vérifiés en eux-mêmes : il est difficile de savoir si le Christ a bien rencontré des paysans et fait tel ou tel miracle. Mais les déplacements de Jésus aux quatre coins de la Palestine a fait l’objet d’une analyse par Jean-François Lavère, et il en est arrivé à la conclusion qu’ils étaient parfaitement plausibles (cf. L’énigme Valtorta, p. 122-138). Les paraboles aussi sont nouvelles, mais elles respectent totalement l’esprit de l’Evangile : aucune ne nous a semblé heurter la vérité catholique. Quant aux personnages, leurs existences ont pour la plupart été vérifiées et attestées. Comment une femme grabataire en plein milieu du XXe siècle pouvait savoir que de tels individus avaient vécu il y a 2000 ans
? Là encore, nous renvoyons à l’étude de Jean-François Lavère, dans son livre L’énigme Valtorta.

 Observation n° 9 :   
Des pages scabreuses qui font penser à des descriptions et des scènes de romans modernes. L’exemple de la confession d’Aglaé.
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Nous ne savons pas exactement à quelles pages scabreuses fait référence l’Osservatore Romano, aussi nous arrêterons-nous à l’exemple qu’il cite dans son texte, c’est-à-dire à la confession d’Aglaé.  

L’Osservatore Romano s’en afflige et s’en offusque. Nous nous en étonnons grandement car ce chapitre fait preuve d’une grande contrition et pureté de cœur.    

Qui est Aglaé
? Une femme que Jésus rencontre à Hébron, alors qu’il se rend à la maison d’Élisabeth et de Zacharie. Elle est une prostituée. Le Christ éprouve du dégoût pour son péché, mais il lui donne quand même des paroles de miséricorde. Contrite, elle en vient à se repentir intérieurement. Elle cherche alors quelqu’un qui pourra l’aider dans son élévation vers Dieu et elle va trouver Marie, qui réside à Nazareth (EMV 168).      

On est au soir. Marie coud paisiblement lorsqu’on vient frapper à la porte. Elle se lève alors et demande :

«Qui frappe?»         

Une voix faible répond :       

«
Une femme. Au nom de Jésus, ouvre-moi.»           

Marie ouvre aussitôt, en tenant haut la lampe pour distinguer qui est cette pèlerine. Elle voit un amas d’étoffe, un enchevêtrement dont rien ne transparaît, un pauvre enchevêtrement qui s’incline profondément en disant :     

«
Salut, Maîtresse.» 

Et elle répète :

«
Au nom de Jésus, aie pitié de moi.

- Entre et dis-moi ce que tu veux. Je ne te connais pas.  

– Personne ne me connaît et beaucoup me connaissent, Maîtresse. Le vice me connaît. La Sainteté elle aussi me connaît. Mais j’ai besoin que la miséricorde m’ouvre les bras. Or la miséricorde, c’est toi…
»   

Elle pleure.

«Mais entre donc… et dis-moi… Tu en as assez dit pour que je comprenne que tu es malheureuse… Mais qui tu es, je ne le sais toujours pas. Quel est ton nom, ma sœur? 

– Ah non
! Pas “ma sœur”! Je ne puis être ta sœur… Tu es la Mère du Bien… moi… moi je suis le mal…»

Elle redouble de larmes sous son manteau qui la cache entièrement.

Marie pose la lampe sur un siège, prend la main de l’inconnue agenouillée sur le seuil, et l’oblige à se lever.     

(…) Elle se lève, humble, tremblante, secouée de sanglots, mais hésite encore à entrer :    

«
Je suis païenne, Maîtresse. Pour vous, les juifs, autant dire une ordure, même si j’étais sainte. Mais une ordure à double titre, parce que je suis une prostituée.    

– Si tu viens à moi, si tu cherches mon Fils à travers moi, tu ne peux plus être qu’un cœur qui se repent. Cette maison accueille tout ce qui s’appelle douleur.
»        

Et elle l’attire à l’intérieur, referme la porte, remet la lampe sur la table et lui offre un siège en disant :     

«
Parle» (EMV 168).

Marie accueille une femme accablée par la douleur et le poids de sa faute. Aglaé pleure : elle a besoin de s’exprimer, de raconter sa vie, et d’avoir la caresse d’une Mère qui lui permettra de redresser sa tige brisée par son péché.        

L’Osservatore Romano s’offusque sans doute du récit d’Aglaé. En effet, celle-ci n’épargne rien : elle raconte son enfance, son désir de faire du théâtre, la manière dont elle dansa sous les yeux impudiques d’un homme, sa sensualité, sa fuite de la maison paternelle et la fin de sa pureté. Elle alla à Rome et fut «
une vraie loque» piétinée par la bestialité des hommes. Quand le patricien romain qui l’avait prise sous son aile la jeta, elle fut accueillie par un maître de danse qui exploita ses dons au profit du patriciat romain. Des années plus tard, elle vint en Palestine et eut un nouveau maître, à Hébron. Là, elle rencontra Jésus qui lui donna des paroles de vie.     

Le récit d’Aglaé est long, mais elle ne le dit pas pour se mettre vainement en valeur. Son unique but est de montrer à quel point elle revient de loin et à quel point elle a besoin de la bonté du Seigneur. Décrire sa vie à Marie permet également à celle-ci de comprendre tout le cheminement de cette pauvre âme, et quels soins Aglaé doit avoir pour renaître à l’Amour et à la Grâce.     

Cette vie est scabreuse
? Assurément. La jeune femme a blessé ses parents, jeté sa pureté aux orties, et a vécu au milieu de la sensualité des hommes. On ne peut être que dégoûté de son récit et du comportement qu’elle a adopté tout au long de sa vie. Mais son témoignage permet de comprendre la bassesse humaine qui a également régné à Rome. De plus, ce récit montre à quel point Aglaé s’est repentie.       

En effet, la vie de la jeune femme est marquée par le vice, mais on perçoit également son vif désir de renaître au Bien. Si Aglaé vient trouver Marie, ce n’est pas uniquement pour lui raconter sa vie, c’est pour avoir la force de se relever et d’être guidée par une âme qui saura la guider jusqu’au Fils de Dieu. L’Osservatore Romano remarque sa vie débridée, mais il est étonnant qu’il ne remarque pas la force du repentir d’Aglaé. Il voit son impureté, mais il ne voit pas la brebis blessée qui recherche son Sauveur. Il voit son comportement infâme – et son attitude a vraiment été dégoûtante – mais il ne voit pas à quel point elle boit les paroles du Christ ni à quel point elle reconnaît sa misère. Elle n’est rien. Lui est tout. Et pourtant, l’Osservatore Romano ne voit pas son humilité ni sa contrition et son appel au secours.     

Lorsqu’on se confesse, on est obligé de dire tous les péchés qu’on a commis – au moins tous ceux dont on se souvient – pour s’en repentir et les offrir au Christ. Aglaé se sent trop indigne d’approcher le Seigneur, mais, comme beaucoup d’âmes après elle, elle vient trouver Marie qui est la voie royale pour atteindre Jésus. Pourquoi donc s’étonner de son long récit à la Vierge
? Au mieux, cela renforce la crédibilité de l’ouvrage valtortien, car Maria Valtorta était une ignorante qui n’aurait jamais su écrire un tel récit. La Mère de Dieu ne donne pas à Aglaé l’absolution de ses péchés, car elle n’en a pas le pouvoir, mais elle lui donne le courage de continuer dans son chemin de conversion. Et Dieu seul saura à quel point il sera long.    

Il s’agit d’une vie scabreuse, mais il faut savoir lire l’ouvrage dans son ensemble, voir le vice et le repentir, le mal et le bien, et alors la force de telles confessions nourrira les âmes et les encouragera à se jeter dans la Miséricorde divine, qui est toujours prête à nous accueillir.

 Observation n° 10 :
Un ballet exécuté certainement d’une façon impudique devant Pilate au Prétoire (volume 4, p. 75) etc.
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L’œuvre de Maria Valtorta nous fait rencontrer des Romains tout au long de l’œuvre. Ainsi en va-t-il pour Pilate, bien sûr, mais aussi pour Claudia Procula, Valeria et Lydia, des femmes qui suivent et approuvent la Sagesse du Christ. Par leur entremise, on apprend la vie souvent déréglée des Romains (par exemple dans l’EMV 425 et 426). Orgies, plaisirs en tout genre, vie facile, ils ne s’interdisent rien et il n’est donc pas étonnant que des danses ou des ballets romains scandalisent les Hébreux.    

Deux danses de ce type ont lieu dans l’Œuvre.        

La première a lieu lorsque le Sanhédrin obtient une audience de Pilate (EMV 549). Les pharisiens sont présents, mais le Proconsul les laisse attendre longtemps sans leur accorder une once d’attention. En effet, une fête a lieu chez lui, et il a envie de tout, sauf de s’occuper des Israélites. Il arrive finalement avec ses invités.

Les Romains rient entre eux et plaisantent, en lançant de temps à autre un coup d’œil sur le groupe qui attend tout au fond. L’un d’eux murmure quelque chose à Pilate, qui ne s’est jamais retourné pour regarder; mais celui-ci hausse les épaules avec un geste d’ennui et bat des mains pour appeler un esclave, auquel il ordonne à haute voix d’apporter des friandises et de faire entrer les danseuses. Les Hébreux, scandalisés, frémissent de colère. Pensez à un Elchias obligé de voir des danseuses! Son visage est un poème de souffrance et de haine.         

Les esclaves arrivent avec toutes sortes de douceurs dans des coupes précieuses, suivis de danseuses couronnées de fleurs et à peine couvertes de voiles si aériens qu’elles semblent être dénudées. Leur corps très blanc transparaît à travers les vêtements vaporeux, teintés de rosé et de bleu clair, quand elles passent devant les brasiers allumés et les nombreuses lampes posées au fond. Les Romains admirent la grâce des corps et des mouvements, et Pilate redemande un pas de danse qui lui a particulièrement plu. Indigné, Elchias, imité par ses compagnons, se tourne vers le mur pour ne pas voir les danseuses voleter comme des papillons dans un balancement de parures inconvenantes.     

Une fois finie cette courte danse, Pilate les congédie en mettant dans la main de chacune une coupe remplie de friandises où il jette nonchalamment un bracelet. Finalement, il daigne se tourner pour regarder les Hébreux et dit à ses amis d’un air ennuyé :    

«
Et maintenant… je vais devoir passer du rêve à la réalité… de la poésie à… l’hypocrisie… de la grâce aux ordures de la vie. Quelle misère d’être Proconsul!… Salut, mes amis, et ayez pitié de moi.» (EMV 549).

La danse est assurément scandaleuse et est contraire aux mœurs. Mais Maria Valtorta en fait-elle une description détaillée? Non. Elle va à l’essentiel. Puisqu’elle est la chroniqueuse de la vie de l’Homme-Dieu, elle doit noter ce détail, mais nous sommes loin d’une description balzacienne qui s’étend sur plusieurs pages. Nous avons le contexte et c’est tout : l’esprit du lecteur ne sait pas fantasmer sur cette scène, et s’il le fait, c’est uniquement de sa propre volonté.      

Venons-en maintenant à l’autre danse, effectuée cette fois lors de la Passion de Jésus, lorsqu’il est chez Hérode. Là aussi, sa description sera courte.

Pendant qu’on libère Jésus de ses liens, des serviteurs en grand nombre apportent des amphores et des coupes, des danseuses entrent… couvertes de rien. Une frange multicolore de lin ceint pour unique vêtement leur mince personne de la taille aux hanches. Rien d’autre. Bronzées parce qu’africaines, souples comme de jeunes gazelles, elles commencent une danse silencieuse et lascive.           

Jésus repousse les coupes et ferme les yeux sans mot dire. La cour d’Hérode rit de son indignation.   

«
Prends celle que tu veux. Vis donc! Apprends à vivre!… » insinue Hérode.       

Jésus est une vraie statue. Les bras croisés, les yeux fermés, il ne bouge pas même quand les danseuses impudiques le frôlent de leurs corps nus.      

«
Cela suffit. Je t’ai traité en Dieu, et tu n’as pas agi en Dieu. Je t’ai traité en homme, et tu n’as pas agi en homme. Tu es fou. Un vêtement blanc! Revêtez-le de celui-ci pour que Ponce Pilate sache que le Tétrarque a jugé son sujet fou. Centurion, tu diras au Proconsul qu’Hérode lui présente humblement son respect et vénère Rome. Allez» (EMV 604.27).

Que dire sinon que le comportement des personnages, aussi bien celui de Pilate que d’Hérode sont inconvenants? Des danses lascives ont bien lieu, mais on ne devrait pas s’en étonner puisque leurs deux palais sont un lieu de jouissance, et l’un d’eux a même connu l’exécution de Jean-Baptiste. La Haine et la concupiscence règnent dans le palais du Tétrarque; quant au domicile de Pilate, il reflète l’esprit de son propriétaire, qui n’a certainement pas brillé par ses vertus.

Qu’on se scandalise de ces scènes, oui. Qu’on dise que l’œuvre de Maria Valtorta ne doit pas être lue pour quelques danses scabreuses qui sont, du reste, très synthétiques, non.

Notons du reste que les censeurs s’offusquent de tels passages, mais ne semblent pas relever l’attitude de certains personnages. Le comportement de Jésus face à Hérode est à lui seul un enseignement face à l’impureté et la tentation. Mais il est peut-être plus facile de relever quelques extraits qui font apparemment défaut, plutôt que de souligner les vertus du Christ au moment amer de sa Passion…


 Observation n° 11 : 
La lecture de passages de ce genre... pourrait difficilement être faite sans danger ou dommage sur le plan spirituel.
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L’Osservatore Romano conclut que de tels passages, à savoir la confession d’Aglaé et les danses chez Pilate, peuvent être un danger spirituel pour les âmes.  

À cela nous répondons par les paroles de l’Évangile : «
La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres» (Matthieu 6, 22-23).

Une âme qui est sincère, ouverte d’esprit, et bonne, ne se laisse pas troubler vainement par la description d’une vie marquée par le péché. Elle ne se laisse pas troubler par une Marie-Madeleine provocante ni par l’attitude païenne de Pilate. Elle ne se laisse pas troubler par la haine des pharisiens ni par les tentations que tentent certains personnages à Jésus. L’âme voit, elle constate, mais elle garde sa paix et tournée vers la Lumière, elle ne voit que la Lumière. Elle ne se préoccupe donc que d’une chose : la nourriture spirituelle que lui offre le Christ. Que lui montre Aglaé
? Le fruit d’un vrai repentir. Que lui montre Pilate? La décadence de sa vie et la décadence de Rome. Si l’âme est bonne, elle a pitié de ces hommes qui sont habités par le vice et elle est dégoûtée par leur humanité corrompue. Mais elle ne se laisse pas atteindre par ces descriptions, car elle se nourrit de Dieu et uniquement de Dieu. C’est lui son centre et son pivot et elle ne veut pas autre chose.   

Seules la malice et la volonté de pécher peuvent amener le trouble en nous. Cela seulement. Mais celui qui est sincère, juste et droit, sait que sa bonne conscience le laisse tranquille : il peut donc cheminer vers le Seigneur le cœur léger, et porté vers la Lumière, il monte vers la lumière.      

Ajoutons enfin ces paroles du Christ. Il commente à Maria Valtorta l’épisode de sa tentation au désert, qui était alors vivement critiqué.

Savoir lire! Tout le monde n’en est pas capable, encore moins avec exactitude. Pour savoir lire avec exactitude, il importe d’avoir un regard pur de tout désir intérieur et de tout obscurcissement extérieur. Si votre œil spirituel — c’est-à-dire votre pensée — est limpide et pur, vous voyez les choses telles qu’elles sont. Dans ce cas, vous reconnaissez la glorification du Christ. Mais si votre pensée est obscurcie ou enveloppée des fumées des connaissances humaines et de l’orgueil de vous croire les seuls à savoir, ou — pire — par quelque feu impur, alors c’est votre propre reflet qui teint ce que vous contemplez de couleurs opposées à la réalité, et vous transformez un épisode chaste, innocent, en quelque chose de sensuel et de peccamineux. Mais éloignez cet épisode de vos propres lumières, remettez-le dans sa véritable lumière, et il redeviendra ce qu’il est : le témoignage d’un héroïsme de chasteté et d’innocence face à un vain piège.

Les épisodes d’Aglaé et de Pilate ne sont pas innocents, mais la pureté intérieure protège l’âme mieux qu’aucun bouclier. Une âme qui suit sa conscience sait bien que de telles attitudes sont immorales et elle ne les suivra donc pas, elle ne se laissera même pas toucher par cette boue spirituelle et morale. Elle sera jetée sur le cristal de son cœur mais elle n’y pénétrera pas. Au contraire, l’âme prendra compte de leur vie pour essayer de se détacher encore plus de tels péchés afin de voler vers Dieu et son beau Paradis.

 Observation n° 12 : 
Les spécialistes des études bibliques y trouveront certainement beaucoup d’erreurs historiques, géographiques et autres. S’il ne s’agit que d’un… roman, ces inventions augmentent évidemment le pittoresque et le fantastique du livre.
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Il n’est nul besoin de répondre à cette affirmation. L’énigme Valtorta de Jean-François Lavère a largement étudié les aspects historiques, géographiques, archéologiques, architecturaux de l’Œuvre, sans compter les us et coutumes, la faune et la flore, ainsi que la chronologie mise en place dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé. Son étude prouve et démontre qu’il n’y a aucune erreur et aucune contradiction. Au contraire, chaque point étudié renforce la cohérence des écrits valtortiens et prouve que ceux-ci ne sont pas issus de l’imagination fantasque d’une auteur malade et grabataire.


 Observation n°13 :  
On trouve, au sujet du péché d’Adam et Ève, une opinion plutôt extravagante et inexacte.
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On regrette le manque de précision des censeurs. Si nous avions eu l’extrait qu’ils dénoncent, cela aurait facilité notre recherche et notre contre-argumentation. On peut néanmoins supposer, sans en être certain, qu’ils parlent de l’EMV 17. Dans cette dictée, Jésus parle d’Adam et d’Ève.

Dieu avait dit à l’homme et à la femme : “Vous connaissez toutes les lois et tous les mystères de la création. Mais n’essayez pas de m’usurper le droit d’être le Créateur de l’homme. Mon amour, qui circule en vous, suffira à la propagation de la race humaine, sans luxure ; le seul mouvement de la charité suscitera les nouveaux Adam de la race humaine. Je vous donne tout. Je me réserve uniquement ce mystère de la formation de l’homme. ”     

Satan a voulu retirer à l’homme cette virginité intellectuelle ; de sa langue de vipère, il a flatté et caressé les membres et les yeux d’Ève, provoquant en elle des réflexes et une excitation qu’ils n’avaient pas avant, quand la malice ne les avait pas encore intoxiqués.   

Elle “ vit ”. Elle voulut essayer. C’était l’éveil de la chair. Ah, si elle avait appelé Dieu ! Si elle avait couru lui dire : “ Père ! Je suis malade. Le Serpent m’a caressée et le trouble est en moi. ” Le Père l’aurait purifiée et guérie par son souffle : de même qu’il lui avait infusé la vie, il aurait pu lui infuser une nouvelle innocence en lui faisant oublier le poison du serpent et même en suscitant en elle de la répulsion pour le Serpent, comme cela arrive chez ceux qui, attaqués par une maladie, en gardent une instinctive répugnance. Mais Ève ne va pas vers le Père. Elle revient vers le Serpent. Cette sensation lui est douce. “ La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir… Elle prit de son fruit et mangea. ”      

Alors elle “ comprit ”. Désormais la morsure du mal était descendue en elle. Elle vit avec des yeux neufs et entendit avec des oreilles nouvelles les mœurs et les voix des brutes. Et elle les désira d’un désir fou.

Elle a commencé seule à pécher, mais elle termina avec son compagnon. Voilà pourquoi une condamnation plus lourde pèse sur la femme. Si l’homme est devenu rebelle à Dieu, s’il a connu la luxure et la mort, c’est à cause d’elle. C’est à cause d’elle qu’il n’a plus su dominer ses trois règnes : celui de l’esprit, puisqu’il a permis que l’esprit désobéisse à Dieu ; celui de la conduite morale, parce qu’il a permis que les passions le dominent ; celui de la chair, parce qu’il l’a rabaissée aux lois instinctives des bêtes. “ C’est le serpent qui m’a séduite ”, dit Ève. “ C’est la femme que tu as mise auprès de moi qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé ”, dit Adam. Depuis lors, la triple convoitise s’attache aux trois règnes de l’homme.  

Seule la grâce peut desserrer l’étreinte de ce monstre impitoyable. Si elle est vivante, très vivante, si la volonté d’un enfant de Dieu fidèle la maintient toujours plus vivante, elle parvient à étrangler le monstre et à n’avoir plus rien à craindre : ni les tyrans intérieurs – ceux de la chair et des passions –, ni les tyrans extérieurs – ceux du monde et des puissants de ce monde –, ni les persécutions, ni la mort. Et, comme dit l’apôtre Paul : “ Mais je n’attache aucun prix à ma propre vie, pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l’Evangile de la grâce de Dieu. ” (EMV 17.4-6).

Face à cette lecture, l’Osservatore Romano semble conclure – selon nous – que le péché originel est vu de la sorte :        

- Il y avait une virginité intellectuelle de nos premiers parents, sans aucune luxure d’aucune sorte (spirituelle ou charnelle) ;

- Satan tente Ève, il flatte et caresse « les membres et les yeux d’Ève, provoquant en elle des réflexes et une excitation qu’ils n’avaient pas avant ». L’Osservatore Romano semble en conclure que la chair est éveillée. D’ailleurs, c’est ce que dit ensuite le texte.

- « Elle “ vit ”. Elle voulut essayer. C’était l’éveil de la chair. »         

- « Elle comprit » et elle va faire pécher son compagnon. Non contente de sa faute, elle l’entraine dans sa chute : on arrive donc à la luxure.      

Selon l’Osservatore Romano, ce passage dit donc que seule la chair est au centre du péché originel. Mais il faut savoir bien lire le texte. Et bien comprendre le passage suivant : « Satan a voulu retirer à l’homme cette virginité intellectuelle ; de sa langue de vipère, il a flatté et caressé les membres et les yeux d’Ève, provoquant en elle des réflexes et une excitation qu’ils n’avaient pas avant ».

Ce trouble ne concerne pas seulement aussi la chair, mais aussi l’esprit.

Lisons donc le texte de la Genèse pour développer notre propos.

Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit à la femme : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : “Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ? » La femme répondit au serpent : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.” » Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (Genèse 3, 1-5).

Que se passe-t-il en Ève ? Elle se laisse bercer par les paroles de Satan. L’orgueil fermente en elle, puisqu’elle croit pouvoir désobéir en toute impunité ; de plus, elle se laisse convaincre par l’argument du Serpent, qui lui déclare que quand ils mangeront de ce fruit, ils seront « comme des dieux ». Ève est ainsi touchée par l’orgueil et la vanité de connaître plus que ce qui ne lui est permis. Elle croit pouvoir tout faire par elle-même, sans plus se référer au Seigneur. Consumée par l’orgueil, elle désobéit. En désobéissant, elle manque d’amour envers Dieu, qui lui a donné ce commandement pour son bien. Dès lors, sa descente spirituelle est entamée. Si l’orgueil supprime l’amour, l’amour, lui, supprime la confiance et Ève ne se confie plus en la Bonté paternelle de Dieu.         

L’épouse d’Adam est donc troublée dans son esprit. Or, une fois que Satan l’a tentée spirituellement, elle peut être également troublée au niveau de ses sens. En effet, si un esprit est fort et bonne santé, il sait garder son corps des passions et lutter efficacement contre elles. Dès lors que l’âme se laisse toucher volontairement par la tentation, et se complait en cette dernière, l’âme peut connaître des passions difficiles à contrôler si elle n’a pas une ferme volonté. 

Ève n’a pas le désir de résister aux insinuations de Satan. Il est doux de l’écouter. Il flatte ses yeux, c’est-à-dire son esprit, car rappelons-le, l’œil est le miroir du cœur de l’homme. « Si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres ». Ève se laisse tenter et est enivrée par l’orgueil, qui lui fait croire que tout lui est permis. Elle voit que « le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable, cet arbre, puisqu’il donnait l’intelligence » (Genèse 3, 6).  Son regard a donc changé. Il n’est plus innocent et pur puisque son esprit est troublé par les paroles de Satan. Elle voit et c’est seulement alors qu’elle connaît la tentation de la chair. Sa dégradation spirituelle a en effet permis qu’elle connaisse les passions et elle ne fait rien pour y résister. Satan caresse ainsi ses yeux et ses membres, ce qui comprend et la chair et l’esprit.      

Dès lors, elle mange le fruit, et elle en donne à son mari. Ils accomplissent alors un acte de luxure, qui est la gourmandise portée à l’excès, en désirant connaître des choses qui ne leur étaient pas permises. La chair vient dès lors en dernier pour ce qui est du péché originel. Dans une dictée ultérieure, l’Esprit Saint l’explique très clairement :

Le premier acte contre l'amour a été commis par l'orgueil, la désobéissance, la méfiance, le doute, la rébellion et la concupiscence spirituelle. En dernier, il a été achevé par la concupiscence de la chair. J'ai bien dit : en dernier. Plusieurs pensent le contraire : que l'acte de concupiscence de la chair ait été le premier. Non. Dieu est ordre en toutes choses.

Même dans ses rapports avec la loi divine, l'homme a péché premièrement contre Dieu. Il a voulu être semblable à Dieu. Il a voulu être "dieu" dans la connaissance du Bien et du Mal. Il a voulu une liberté d'agir absolue, donc illicite. Il a voulu la liberté d'agir selon son bon vouloir et plaisir, contre tout conseil ou prescription divine. Deuxièmement, il a péché contre l'amour. Il s'est aimé de façon abusive, en niant à Dieu l'amour révérenciel qui lui revient, en mettant son propre moi à la place de Dieu, et en témoignant de la haine pour son prochain à venir: à sa propre race il a transmis l'héritage de la faute et de la condamnation. En dernier lieu, il a péché contre sa dignité de créature royale, créature qui avait reçu le don de la parfaite maîtrise sur ses propres sens.

Le péché de la chair ne pouvait pas avoir lieu tant que l'état de Grâce et les autres états conséquents étaient encore présents et actifs. Tant que persistait l'innocence, et donc la domination de la raison sur les sens, la tentation sensuelle aurait pu survenir, mais l'homme n'aurait pas consommé la faute sensuelle (Leçons sur l'Épitre de Saint-Paul aux Romains no. 23, p. 144).

Cet extrait de l’EMV 17 ne contiennent donc pas d’erreur sur la doctrine catholique.


 Observation n°14 :  
Marie est la seconde-née du Père.
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Dans l’article de l’Osservatore Romano, on peut lire le paragraphe suivant.

Au volume 1, page 63, on lit sous ce titre : "Marie peut être appelée seconde-née du Père", affirmation répétée en tête de la page suivante. Les précisions, tout en évitant une hérésie authentique, n’enlèvent pas l’impression fondée qu’on veut construire une nouvelle mariologie qui dépasse facilement les bornes de la conformité théologique.

Voici le texte de l’EMV.

Le Père, en tant que Créateur, renouvela son œuvre du sixième jour et eut une vraie “ fille ”, digne de lui, à sa parfaite ressemblance. L’empreinte de Dieu s’était imprimée en Marie avec une telle netteté que seul le Premier-né du Père lui était supérieur. Marie peut être appelée la “ puînée ” du Père, en raison de la perfection qu’elle reçut et sut conserver, de sa dignité d’Épouse de Dieu, de Mère de Dieu, et de Reine du Ciel : elle vient au second rang après le Fils du Père et dans sa Pensée éternelle, parce qu’il se complaît en elle de toute éternité (EMV 1).

« Puiné » veut dire « cadet » : dans ce contexte, ce terme veut dire « seconde-née du Père » comme le souligne l’Osservatore Romano.   

Est-ce quelque chose d’inexact ? Premièrement, ce n’est pas une hérésie, les censeurs de l’article de 1960 le disent eux-mêmes. Deuxièmement, ce que déclare Jésus n’a rien d’infondé et on peut le comprendre en lisant une dictée du
16 août 1943. Jésus explique à Maria pourquoi il est le « le Premier-né d’entre les morts »(Colossiens 1, 18 ; Apocalypse 1, 5)  selon l’ordre humain et l’ordre divin.

Je suis le ‘Premier-né d’entre les morts’ selon l’ordre humain et l’ordre divin.        

Premier-né selon l’ordre humain parce que je suis, du côté de ma Mère, fils d’Adam, le premier engendré, de la lignée d’Adam, qui naquis comme auraient dû naître tous les enfants de ceux qui furent créés par mon Père.        

N’écarquille pas les yeux. Marie est née sans tache par la volonté de Dieu et sa préservation a été justement voulue pour préparer ma venue. Mais sans une volonté spéciale, Marie, qui était née d’un homme et d’une femme unis selon la loi de la nature, n’aurait pas été différente de toutes les autres créatures issues de la racine contaminée d’Adam. Elle aurait été une grande ‘juste’ comme beaucoup d’autres hommes et femmes de l’antiquité, mais rien de plus. La Grâce, Vie de l’âme, aurait été tuée en Elle par le péché originel.          

C’est moi qui ai vaincu la mort et la Mort. Moi qui ai rappelé à la Vie les morts des Limbes. Ils dormaient. Tels que Lazare, dont la résurrection voile celle-ci, plus vraie. Je les ai appelés. Et ils sont ressuscités. Moi, qui suis né d’une femme fille d’Adam, mais sans tache originelle, c’est-à-dire comme auraient dû être tous les enfants d’Adam, je suis donc, dans l’ordre naturel, le premier-né d’Adam, né vivant au milieu de ceux qu’Adam a engendrés morts.       

Si nous nous arrêtons déjà sur ce passage, on peut comprendre que Marie est bien la seconde-née du Père, parce qu’elle est née d’un fils d’Adam et d’une fille d’Ève (Anne et Joachim) en étant préservée du péché originel. Elle naît donc en ayant l’innocence de nos premiers parents. Cela a été une grâce qui lui a été accordée, dont elle ne peut se prévaloir : elle est Immaculée Conception par prodige de Dieu, et seconde-née du Père, parce que le Fils est de toute éternité, avant même son Incarnation.         

Un peu plus loin, Jésus déclare encore :

Enfin, je suis le ‘Premier-né’ parmi les morts, car ma Chair entra la première dans le Ciel où entreront, à la dernière résurrection, les chairs des saints dont les esprits attendent dans la Lumière la glorification de leur moi complet, comme il est juste que ce soit, puisqu’ils se sanctifièrent en dominant leur chair et en la martyrisant pour la mener à la victoire; comme il est juste que ce soit parce que les disciples sont semblables au maître, par la volonté aimante du maître, et moi, votre Maître, je suis entré dans la Gloire avec ma chair qui fut martyrisée pour la gloire de Dieu.  (…)

Marie est la seconde-née du Père parce qu’elle est également la deuxième à pénétrer dans le Ciel avec son corps glorifié, comme nous le croyons au travers du dogme de l’Assomption.        

Reprenons maintenant la déclaration du Seigneur et relisons-la à la lumière de la dictée précédente. Est-ce que cela semble incohérent ? Non. Est-ce que cette déclaration supplante la Tradition, le Magistère, et la Révélation ? Non. Marie est bien préservée du péché originel, elle a bien l’innocence de nos premiers parents, et aucune créature ne peut l’égaler en termes de grâce, d’amour de Dieu et du prochain. En effet, elle a aimé avec une intensité telle que seul Dieu la surpasse au Paradis. On peut donc l’appeler la fille cadette du Père, car comme son Fils, elle était une créature semblable à ce que pensa le Père à l’origine. De plus, elle vécut une vie sainte, propre à sa dignité « d’Épouse de Dieu, de Mère de Dieu, et de Reine du Ciel » jusqu’à ce qu’elle atteigne le Ciel.

 Observation n°15 :  
Une déclaration sur le Paradis hermétique et confuse.
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L’Osservatore Romano déclare :

Dans le volume II, page 772, on lit : "Le Paradis est lumière, parfum et harmonie. Mais si le Père ne se délectait pas, dans la contemplation de la Toute Belle qui fait de la Terre un paradis, mais si le Paradis devait dans le futur ne pas avoir le Lis vivant dans le sein duquel sont les Trois pistils de feu de la divine Trinité, la lumière, le parfum, l'harmonie et la joie du Paradis seraient diminués de moitié".  On présente une notion hermétique et plus confuse que jamais, ce qui est heureux, car si on devait la prendre à la lettre, elle n’échapperait pas à une censure sévère.

Nous avons retrouvé cet extrait, et nous proposons au lecteur de lire le contexte qui entoure cette déclaration. Jésus est alors avec Marie-Madeleine, la sœur de Lazare et celle-ci regrette de ne pas avoir une âme aussi pure qu’elle le voudrait, compte tenu de sa vie passée.       

Jésus remarque le soupir qu'elle étouffe, et il lit le regret que voile un sourire. Il guérit tout de suite la peine de Marie.

"Les âmes pures, où y en a-t-il, Marie ? Il est plus facile à une montagne de se déplacer qu'à une créature de savoir se maintenir pure des trois impuretés. Trop de choses s'agitent et fermentent autour d'un adulte. Et il ne peut toujours empêcher qu'elles pénètrent à l'intérieur.  Il n'y a que les enfants qui ont l'âme angélique, l'âme préservée par leur innocence des connaissances qui peuvent se changer en fange. C'est pour cela que je les aime tant. Je vois en eux un reflet de la Pureté infinie. Ce sont les seuls qui portent avec eux ce souvenir du Ciel.  

Ma Mère est la femme à l'âme d'enfant. Plus encore. Elle est la Femme à l'âme angélique. Telle Ève sortie des mains du Père. Imagines-tu, Marie, ce qu'aura été le premier lys fleuri dans le jardin terrestre ? Ils sont si beaux aussi ceux qui conduisent à cette eau. Mais le premier sorti des mains du Créateur ! Était-ce une fleur ou un diamant ? Était-ce des pétales ou des feuilles d'argent très pur ? Eh bien, ma Mère est plus pure que ce premier lys qui a parfumé les vents. Et son parfum de Vierge inviolée emplit le Ciel et la Terre, et c'est derrière elle que marcheront ceux qui seront bons dans les siècles des siècles.      

Le Paradis est lumière, parfum et harmonie. Mais si en lui le Père ne se délectait pas dans la contemplation de la Toute Belle qui fait de la Terre un paradis, mais si le Paradis devait dans l'avenir ne pas posséder le Lys vivant dans lequel se trouvent les trois pistils de feu de la Divine Trinité, lumière, parfum et harmonie, la joie du Paradis seraient amoindris de moitié. La pureté de la Mère sera la gemme du Paradis.   

Mais le Paradis est sans limites ! Que dirais-tu d'un roi qui n'aurait qu'une gemme dans son trésor ? Même si c'était la gemme par excellence ?   

Quand j'aurai ouvert les portes du Royaume des Cieux... - ne soupire pas, Marie, c'est pour cela que je suis venu - beaucoup de justes et de petits entreront, troupe candide derrière la pourpre du Rédempteur. Mais ce sera encore peu pour peupler les Cieux de gemmes et former les citoyens de la Jérusalem éternelle. Et ensuite... lorsque la Doctrine de Vérité et de Sanctification sera connue par les hommes, lorsque ma Mort aura redonné la Grâce aux hommes, comment les adultes pourraient-ils conquérir les Cieux, si la pauvre vie humaine est une fange continuelle qui rend impur ? Alors donc est-ce que mon Paradis appartiendra aux seuls petits ? Oh ! non ! Il faut savoir devenir des enfants, mais c'est aussi aux adultes qu'est ouvert le Royaume. Comme des petits... Voilà la pureté.           

Tu vois cette eau ? Elle paraît si limpide, mais observe : il suffit qu'avec un jonc j'en remue le fond pour qu'elle se trouble. Des détritus et de la boue affleurent. Son cristal devient jaunâtre et personne n'en boirait plus. Mais si j'enlève le jonc, la paix revient et l'eau revient peu à peu à sa limpidité et à sa beauté. Le jonc c'est le péché. Il en est ainsi des âmes. Le repentir, crois-le, est ce qui purifie les âmes..." (EMV 377).

Jésus parle de sa Mère en parlant auparavant du Paradis terrestre et de la pureté des âmes, notamment celle des enfants et des innocents. Concentrons-nous maintenant sur la partie qui a posé problème à l’Osservatore Romano :

Le Paradis est lumière, parfum et harmonie. Mais si en lui le Père ne se délectait pas dans la contemplation de la Toute Belle qui fait de la Terre un paradis, mais si le Paradis devait dans l'avenir ne pas posséder le Lys vivant dans lequel se trouvent les trois pistils de feu de la Divine Trinité, lumière, parfum et harmonie, la joie du Paradis seraient amoindris de moitié. La pureté de la Mère sera la gemme du Paradis.

Prenons deux choses en considération :        

- Le Paradis est, par essence, un lieu parfait, un lieu béatifique, puisque c’est là que réside le Seigneur et la Trinité Sainte.    

- Le Père se délecte dans la Toute-Belle, parce que Marie a un cœur, un esprit et une âme virginale, une âme d’une telle pureté qu’il peut poser son regard sur la Terre sans être dégoûté par le péché qui a inondé tous ses enfants. Il se complaît en sa Bien-Aimée, parce qu’il l’aime et qu’elle lui rend son amour, en se préservant volontairement de tout mal qui pourrait blesser le Seigneur ou son âme.

La joie du Paradis serait-elle amoindrie de moitié si Marie n’avait pas été élevée au Ciel ? Il ne faut pas le comprendre en termes de degrés de béatitude, comme une première interprétation pourrait le croire. Un lieu parfait est un lieu inaltérable : la joie qu’on y trouve ne peut donc diminuer. Par contre, on sait que chaque saint et bienheureux qui entre au Ciel est comme une gemme du Paradis, un joyau qui augmente la joie du Seigneur et la nôtre, car notre âme est sauvée, et la Trinité Sainte peut enfin déverser sur nous son amour et sa tendresse, sans plus se retenir comme lorsque nous sommes sur la Terre
[15].  

Si Marie n’entrait donc pas au Ciel, Dieu serait privé de sa présence et ne pourrait se complaire en elle et elle en Lui ; sa gloire n’augmenterait pas
[16] car il ne pourrait pas accueillir son Enfant en son sein ni déverser sur lui ses trésors de grâce. Le Seigneur – et le Paradis – serait donc privé de sa présence, et la joie du Ciel ne pourrait pas augmenter en contemplant la Mère de Dieu. La joie du Paradis serait donc amoindrie de moitié car Marie a, à elle seule, autant de gloire que tous les saints du Paradis.      

Pour l’expliquer autrement, nous pouvons diviser la gloire du Paradis en deux moitiés :

- L’une reprend toute la gloire des saints et des bienheureux réunis.       

- L’autre reprend la gloire de Marie qui est aussi grande que celle de tous ses enfants réunis.       

Si on enlève Marie, il ne nous reste qu’une demie, la joie du Paradis serait donc amoindrie de moitié en son absence.  La joie parfaite du Ciel n’augmenterait donc pas si elle ne devait jamais y entrer.   

Nous pensons donc qu’il faut comprendre ce texte par rapport aux bienheureux, qui rajoutent toujours un éclat de gloire au Sauveur lorsqu’ils sont sauvés.

 Observation n°16 :  
Une affirmation étrange et imprécise. «Toi, pendant le temps que tu resteras sur Terre, tu seconderas Pierre «comme hiérarchie ecclésiastique».
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Marie n’est pas destinée à seconder Pierre dans la hiérarchie ecclésiastique d’alors.     

Marie est la Mère de l’Église naissante et elle est respectée et vénérée par tous les apôtres. Elle ne prétend toutefois jamais s’insérer dans la hiérarchie de l’Église. De même, aucun des apôtres n’insinue quelque chose de tel, mais ils savent qu’elle est toujours là pour eux et pour leur apporter des conseils. Après le départ du Christ, ils avaient besoin de sa présence toute maternelle. Il est d’ailleurs probable qu’elle ait non seulement aidé les apôtres, mais aussi d’autres disciples qui avaient besoin de son soutien.     

Cela ne veut cependant pas dire qu’elle a une autorité ecclésiastique. Elle est certes l’un des piliers sur lequel se construit l’Église, mais sa présence est toujours très humble et discrète. Elle n’équivaut donc pas Pierre, ne le remplace pas, et ne sabote pas son autorité. De même, elle n’apparaît jamais comme une cheffe qui conduit l’Église. Ce n’est pas le tempérament de Marie, quand bien même elle est la Mère du Christ.       

Jésus lui-même évoque la naissance de l’Église à ses apôtres, en évoquant les rôles de Pierre et de Marie :

Je pourrai m’en aller tranquille quand viendra l’heure. Je ne dois pas craindre pour mon Église. À ce moment-là, elle sera petite et chétive comme Marziam. Mais ma Mère sera là pour la tenir comme cela par la main et lui servir de mère; et il y aura Pierre pour lui servir de père. Dans sa main honnête et calleuse, je peux, sans aucun souci, mettre la main de mon Église naissante. Pierre lui donnera la force de sa protection, ma Mère la force de son amour (EMV 199.6).

Leurs rôles sont bien distincts : Marie fera grandir l’Église par son amour, Pierre par sa force, sa fermeté et sa protection paternelle. Ils n’empièteront pas sur l’autre, et seul le pécheur de Galilée aura le rôle de chef. Cela est maintes fois répété dans l’œuvre (EMV 132, EMV 313, EMV 343, EMV 596…). On ne peut donc avoir de doutes sur la primauté de Pierre. Marie, quant à elle, montre bien son désir d’avoir une vie de prières après l’Ascension, tout en étant à la disposition de l’Église et des apôtres. Elle vivra ainsi à Gethsémani après la mort de Jésus, aux côtés de Jean et sera toujours là pour l’Épouse de son Fils. 

Durant sa vie publique, Jésus lui-même lui confie son héritage alors qu’il se retrouve seul avec sa Mère. Il lui parle d’abord de ses apôtres et il déclare :

Dès maintenant je te les confie, Mère. Souviens-toi de ces mots : je te les confie. Je te donne mon héritage. Je n’ai rien d’autre sur terre qu’une Mère : elle, je l’offre à Dieu, Hostie avec l’Hostie ; et mon Église : c'est à toi que je la confie. Sois pour elle une nourrice. Il y a peu de temps, je pensais aux nombreux hommes en qui, au cours des siècles, revivrait l’homme de Kérioth avec toutes ses tares. Et je pensais que tout autre que Jésus repousserait cet être taré. Mais moi, je ne le repousserai pas. Je suis Jésus. Toi, pendant le temps que tu resteras sur la terre, sois soumise à Pierre pour ce qui tient à la hiérarchie ecclésiastique, lui comme Chef et toi comme fidèle, mais la première avant tous comme Mère de l’Église puisque tu m’as enfanté, moi, le Chef de ce Corps mystique ; toi, ne repousse pas les nombreux Judas. Mais secours-les et apprends à Pierre, à mes frères, à Jean, Jacques, Simon, Philippe, Barthélemy, André, Thomas et Matthieu à ne pas repousser, mais à secourir. Défends-moi dans ceux qui me suivent, et défends-moi contre ceux qui voudront disperser et démembrer l’Église naissante. Et au cours des siècles, Mère, sois toujours celle qui intercède et protège, défend, aide mon Église, mes prêtres et mes fidèles, contre le Mal, contre le châtiment, contre eux-mêmes… Que de Judas, Mère, au cours des siècles ! Et combien qui ressemblent à des déficients incapables de comprendre, à des aveugles qui ne savent pas voir, à des sourds qui ne savent pas entendre, ou à des estropiés et des paralytiques qui ne savent pas marcher… Mère, prends-les tous sous ton manteau ! Toi seule peux et pourras changer les décrets de châtiment de l’Eternel pour un ou pour plusieurs. Car la Trinité ne pourra jamais rien refuser à sa Fleur (EMV 455.5).

D’une part, Marie est la première avant tous, car elle a cru dès l’instant de l’Annonciation et a donné son Fils au monde : elle a enfanté le « Chef de ce Corps mystique » et est de ce fait Mère de l’Église. D’autre part, Jésus lui demande bien d’être soumise à Pierre en tant que fidèle : lui seul sera chef de l’Église, comme elle seule en sera la Mère pour les siècles des siècles.       

Nulle part Marie n’est seconde après Pierre. Elle est la Mère du Christ et la Mère de l’Église naissante : en cela, son rôle est unique. Elle aidera ainsi toujours les apôtres à façonner l’Église, mais dans une belle harmonie, telle que voulue par son Fils.

 Observation n°17 :  
L’œuvre montre de l’irrévérence.
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Eu égard à tout ce que nous avons écrit jusqu’à présent, l’œuvre ne nous semble pas montrer d’irrévérence, ni envers Dieu, ni envers l’enseignement de l’Église, ni envers son prochain. Il y a bien la vie d’innombrables pécheurs, mais doit-on réellement s’en étonner ? Le Christ déclare bien aux pharisiens : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Marc 2, 17). Et Luc précise encore (5, 32) : « Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent. » Aglaé, Jean d’En-dor et Marie-Madeleine en sont des magnifiques exemples. Tous ces personnages essaient de grandir dans la sainteté, et nous ne voyons donc pas où peut se trouver l’irrévérence citée par l’Osservatore Romano.

 Observation n°18 : 
On lit les mots « Jésus dit… », « Marie dit… : » (…) et Maria Valtorta prétend avoir vu tout le temps messianique
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On lit les mots « Jésus dit » et « Marie dit ». Encore heureux ! Imaginez l’Œuvre sans ces précisions. On aurait alors pu croire que Maria Valtorta était un véritable génie, une théologienne de renom. Et ç’aurait été très grave, car elle se serait attribuée par là-même des paroles qui n’étaient pas les siennes.       

Par ces ajouts et ces notes supplémentaires (elle précise par exemple quand elle reçoit des visions), Maria a l’humilité de dire qu’elle n’invente rien et surtout que ça ne vient pas d’elle. A l’époque, on aurait peut-être pu prendre cela pour de la présomption. Mais on ne peut plus faire la même conclusion aujourd’hui. D’innombrables études ont été faites sur Maria Valtorta et beaucoup de chercheurs (Jean-François Lavère, Maurizio Raffa, Fernando La Greca…) ont conclu qu’une seule personne, alitée et grabataire, n’aurait pas pu écrire tout cela.   

Nous avons donc l’impression que l’Osservatore Romano doute ici de la crédibilité de ces ajouts : en fait, ils lui donnent plutôt du crédit, puisque L’Evangile tel qu’il m’a été révélé et les œuvres annexes présentent tant de connaissances qu’il n’aurait pas été possible à Maria Valtorta de tous les connaitre. 

Nous tenons aussi à souligner que Maria Valtorta désirait être anonyme jusqu’à sa mort, c’était d’ailleurs un désir de Jésus lui-même. Elle ne cherchait donc pas à avoir du succès de son vivant, or, c’est ce que souhaitent généralement les faux prophètes qui prétendent recevoir des visions. Maria ne désire ni succès, ni reconnaissance, elle veut juste accomplir la mission que Dieu lui a donnée. Les hommes qui l’entourèrent ne se montrèrent pas prudents et ne suivirent pas les recommandations divines, ce qui est regrettable. Néanmoins, cela n’a pas altéré le succès de l’œuvre, qui s’est vendu aujourd’hui à des millions d’exemplaires. C’est Jésus qui en est l’Auteur, et Maria n’est que la plume que son Sauveur a utilisé pour le salut de ses frères.

 Observation n°19 :  
Cette condamnation est faite sur des souvenirs… d’environ une dizaine d’années (…) et est d’autant plus opportune qu’il s’agit de désobéissance grave.
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La boucle est bouclée. Nous revenons à la question de l’imprimatur et de la condamnation effectuée par le Saint-Office. Pour rappel, nous sommes en janvier 1960 : les censeurs qui écrivent rappellent donc des faits qui se sont déroulés aux alentours de 1950. En 1946, on demande au Père Migliorini de cesser de diffuser les extraits de l’œuvre. Ensuite, en 1948, vient la déclaration du Pape Pie XII. Enfin, en 1949, Mgr Giovanni Pepe et le Père Girolamo Berutti essaient d’enterrer l’œuvre en ordonnant que le Père Berti leur remette les écrits de Maria Valtorta. Evidemment, cela n’a pas lieu.    

On s’interroge néanmoins : depuis quand une condamnation est basée sur des souvenirs qui datent d’une dizaine d’années ? On ne peut pas faire plus imprécis, d’autant que les censeurs ne précisent pas exactement à quels souvenirs ils se réfèrent.  On ne les évoque tout simplement pas. Or, quand on condamne une œuvre, ne doit-on pas se baser sur des faits bien établis ?        

De plus, rappelons que dans les années 1945-1950, aucune condamnation officielle n’a été écrite. On a bien demandé au Père Migliorini de cesser la diffusion d’extraits de l’EMV, mais il s’agit d’une demande. Quant à la convocation du Père Berti en 1949, elle est illégale et illicite et il n’y a pas de traces officielles de cette entrevue. Cette condamnation basée sur des souvenirs n’est donc pas crédible.       

L’Osservatore Romano va toutefois plus loin et dit que la publication de l’œuvre (à partir de 1956) constitue une désobéissance grave. Rappelons quand même que le Pape lui-même a encouragé cette même publication en 1948. Or cet imprimatur oral est juridiquement valable, si on en croit l’avis de Mgr Edouard Gagnon
[17]. L’éditeur et l’auteure n’étaient donc pas en faute en publiant l’œuvre. Quant à l’absence d’imprimatur d’usage, accordé par un évêque italien, comme le voulait le Pape, soulignons que le Saint-Office a tout fait pour que ce dernier ne soit pas accordé. Les censeurs font preuve d’une mauvaise foi absolue en accusant l’EMV de ne pas en avoir reçu, parce qu’ils ont précisément fait en sorte que l’œuvre n’en ait pas.

L’Osservatore a donc un parti pris bien énoncé, et n’est pas impartial dans sa condamnation. Celle-ci perd dès lors de sa force et de sa cohérence, puisque les censeurs se basent sur des souvenirs confus, imprécis, et méprisent l’avis du Pape et des autres personnalités de l’Eglise.



Conclusion.
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Dans notre préambule, nous nous étions notamment demandé si les arguments de l’Osservatore Romano étaient crédibles. Après notre analyse, nous pensons qu’on peut diviser leurs propos en plusieurs catégories. On trouve donc :         

- Les arguments basés sur les faits : cela concerne l’imprimatur. Cependant, cette sanction disciplinaire est biaisée, car nous avons vu que le Saint-Office avait fait pression pour que l’imprimatur ne soit pas accordé.    

- Les arguments subjectifs : quand l’Osservatore pense que Jésus est un propagandiste, que le récit se déroule au rythme de lents et vains bavardages, ou que l
es spécialistes des études bibliques trouveront certainement beaucoup d’erreurs dans cet ouvrage, il s’agit d’un avis personnel, arbitraire, issu de leur lecture de l’œuvre. Un autre lecteur ne pourra pas du tout avoir le même ressenti. Dès lors que ces arguments sont subjectifs, ils perdent leur puissance ; ils peuvent même être totalement démontés par l’analyse des chercheurs, comme le travail de Jean-François Lavère. Une recontextualisation peut également faire comprendre que leur interprétation est fausse et erronée.   

- Les arguments doctrinaux, qui mettent en avant des propos imprécis, confus, hermétiques. Nous avons essayé de mettre en lumière ces derniers pour prouver que tout est conforme à la doctrine catholique dans les récits donnés à Maria Valtorta.

- Les généralisations : quand l’Osservatore Romano dit que la Sainte Vierge est présente partout ou que Marie est toujours prête à donner des leçons de théologie, sans citer de passages pour appuyer ses arguments, nous considérons que le Saint-Office énonce des prétendues vérités générales. Or, celles-ci induisent en erreur le lecteur, puisque de telles choses ne se retrouvent dans l’EMV. Ces observations du Saint-Office déforment donc les écrits valtortiens.      

Nous ne sommes donc pas d’accord avec les propos de l’Osservatore Romano et nous avons essayé de démontrer au mieux pourquoi nous pensions différemment.

Encore une fois, nous respectons le point de vue de chaque lecteur. Nous avons défendu cette Œuvre, car cette dernière est source de grâces pour énormément de fidèles : elle éclaire l’Evangile canonique et nous fait toujours plus aimer le Seigneur. Nous estimons donc qu’il faut la défendre et la diffuser pour que les âmes puissent toujours plus avancer vers Dieu et s’attacher à sa Lumière.   

Nous invitons donc le lecteur à se faire sa propre opinion sur le sujet, car on n’est jamais mieux éclairé que par sa conscience et par son cœur. Lisez l’œuvre, ne serait-ce qu’en commençant à lire le début de la vie publique
[18], et voyez si elle fait fructifier en vous les douze fruits de l’Esprit. C’est le meilleur signe pour voir si Dieu est avec nous ou non. Si cela vous plait et vous élève vers le Seigneur, continuez à la découvrir. Et si vous n’accrochez pas à cette révélation privée, l’Eglise a encore d’innombrables trésors à vous proposer.   

Que le Seigneur vous garde et vous bénisse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




[1] Ici, et dans tout l’article, il s’agit de références à la première édition en 4 volumes.


[2] S’il le désire, le lecteur peut lire l’article de l’Osservatore Romano ici : http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/MariaValtorta08.htm


[3] Dans ce dossier, nous abrégerons nos références à L’Evangile tel qu’il m’a été révélé par EMV.


[4] Pour répondre à cet argument, nous nous sommes beaucoup appuyée sur le lien suivant : http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/MariaValtorta09.htm. Nous invitons le lecteur à s’y référer s’il désire connaître davantage l’historique de publication de l’EMV et quelles sont les sources qui attestent les propos des différents intervenants.


[5] https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1917-15/c-1385-cic-1917-3149


[6] Lettere a Carinci {it}, lettre du 24 août 1950.


[7] L’Osservatore Romano fait référence à ces personnes illustres dans son article. Il s’agit entre autres de Mgr Carinci, du Père Augustin Bea, de Mgr Ugo Emilio Lattanzi, de Mgr Maurizio Raffa, de Maître Camillo Corsanego.


[8] Une vita con Maria Valtorta, testimonianze di Marta Diciotti {it}, page 388.


[9] Nous en avons cité au moins six, et il va de soi que ce n’est pas une liste exhaustive. Parmi les faits que nous avons exposés, le Père Migliorini, le Père Berti, le Père Cecchin, Mgr Michele Fontevecchia, Biago Musto, et le cardinal Siri étaient favorables à la publication de l’œuvre. Sans compter d’autres personnages qui voulurent écrire une supplique au Saint-Père afin qu’il prenne l’affaire en main. Cf. la note n°6.


[10] Surnom donné à Maria Valtorta par le Christ.


[11] Pro e contro Maria Valtorta, CEV, 7ème édition, 2017, Gli attesti del 1952 e une petizione a Pio XII, page 89.


[12] Cf. Debroise François-Michel, Maria Valtorta et l’Eglise, p. 14.


[13] Marie accompagne son Fils lors des périodes suivantes : EMV 198 à 209 – EMV 238 à 262 – EMV 280 à 294 – EMV 445 à 462 – EMV 566 à 579 (voyage jusque Jérusalem). Il s’agit de périodes approximatives et la Vierge n’intervient pas à tous les chapitres. De plus, ces voyages reprennent également les voyages pascals, que tout Juif devait accomplir, Marie y compris.


[14] EMV 100 et 108 – EMV 303 à 314 – EMV 433 à 442.

 

[15] Si on voyait Dieu sur la Terre, comme on le voit au Paradis, nous mourrions de joie, car notre corps n’est pas capable de résister à la béatitude du Ciel.


[16] Tout est infini en Dieu, sa gloire n’a donc aucune limite. Mais chaque âme sauvée augmente la gloire du Rédempteur et la joie du Seigneur : il n’est donc pas injuste de dire que le Paradis exulte d’une joie toujours plus grande quand les âmes se sauvent et atteignent le Ciel.


[17] Edouard Gagnon est le président du conseil pontifical pour la Famille jusqu’en 1990 et a écrit La censure des livres, édition Fides, Montréal, 1945.


[18] La vie publique de Jésus commence au chapitre 44 et peut être lue en ligne sur les sites
www.maria-valtorta.org et www.valtorta.fr.