L
’Article de l’Osservatore Romano
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Dans une autre partie de notre
journal, est reproduit le Décret du Saint-Office mettant à l’Index une œuvre
en quatre volumes, d’un auteur anonyme (au moins dans cette édition) publié à
Isola del Liri. Bien que
traitant exclusivement de sujets religieux, ces volumes n’ont pas le moindre
« imprimatur », comme le requiert le Canon 1385,
1 n.2 C.I.C. Les éditeurs dans une courte préface écrivent que l’auteur,
« à l’image de Dante nous a
donné une œuvre dans laquelle, au milieu de splendides descriptions des temps
et des lieux, se présentent d’innombrables personnages qui nous adressent
leur parole, soit douce, soit forte, comme admonition. Il en résulte une œuvre
humble et imposante : l’hommage d’un malade qui souffre au Grand
Consolateur Jésus ». En réalité un lecteur attentif ne voit rien d’autre dans ces
volumes qu’une longue et prolixe vie romancée de Jésus. À part le
rapprochement présomptueux avec Dante et malgré les personnalités illustres
(dont l’incontestable bonne foi a été surprise) qui ont apporté leur appui à
la publication, le Saint-Office a cru nécessaire de la mettre dans l’Index
des Livres prohibés. Les motifs sont évidents pour qui aura une patience de
Chartreux, de lire ces presque quatre mille pages.
Avant tout le lecteur est frappé par la longueur des discours attribués à
Jésus et à la très sainte Vierge ; et les interminables dialogues entre de nombreux personnages
qui peuplent ces pages. Les quatre Évangiles nous présentent un Jésus humble
et réservé ; ses discours sont brefs et
incisifs, mais toujours très efficaces. Par contre dans cette espèce
d’histoire romancée, Jésus est loquace à l’extrême, en véritable
publicitaire, toujours prêt à se proclamer Messie et Fils de Dieu et à faire
des exposés de théologie dans les termes mêmes qu’emploierait un professeur
de nos jours. Dans le récit des Évangiles nous admirons l’humilité et le
silence de la Mère de Jésus ; par contre pour l’auteur (ou l’auteure) de cette œuvre-là
très sainte Vierge a la faconde d’une propagandiste moderne ; elle est présente partout,
toujours prête à donner des leçons d’une théologie mariale mise à jour selon
les plus récentes études des spécialistes actuels en la matière.
Le récit se déroule au rythme lent de vains bavardages ; on y trouve de nouveaux
faits, de nouvelles paraboles, de nouveaux personnages et tout un cortège de
femmes à la suite de Jésus. Quelques pages sont plutôt scabreuses et, par
certaines descriptions et certaines scènes, rappellent des romans modernes,
ainsi, pour donner seulement quelques exemples, la confession faite à Marie
d’une certaine Aglaé, femme de mauvaise vie (vol. I, p.790 ss.), le récit peu édifiant aux
pp. 887 et ss. du vol., une danse exécutée,
certainement pas d’une façon pudique, devant Pilate, dans le Prétoire (vol.
IV, p.75), etc.
Cela suscite spontanément cette remarque particulière : l’œuvre, par sa
nature et conformément aux intentions de l’auteur et des éditeurs, pourrait
facilement tomber entre les mains de religieuses et des étudiantes de leurs
collèges. Dans ce cas, la lecture de passages de ce genre... pourrait
difficilement être faite sans danger ou dommage sur le plan spirituel. Les
spécialistes des études bibliques y trouveront certainement beaucoup
d’erreurs historiques, géographiques et autres. S’il ne s’agit que d’un…
roman, ces inventions augmentent évidemment le pittoresque et le fantastique
du livre. Au milieu d’un si grand étalage de connaissances théologiques, on
peut cueillir quelques …perles qui ne brillent certes pas par leur orthodoxie
catholique. Ici et là s’exprime, au sujet du péché d’Adam et Ève, une opinion
plutôt extravagante et inexacte. Au volume 1, page 63, on lit sous
ce titre : « Marie peut-être appelée seconde-née du Père », affirmation répétée en
tête de la page suivante. Les précisions, tout en évitant une hérésie
authentique, n’enlèvent pas l’impression fondée qu’on veut construire une nouvelle
mariologie qui dépasse facilement les bornes de la conformité théologique.
Dans le volume II, page 772, on lit : « Le Paradis est lumière,
parfum et harmonie. Mais si le Père ne se délectait pas, dans la
contemplation de la Toute Belle qui fait de la Terre un paradis, mais si le
Paradis devait dans le futur ne pas avoir le Lis vivant dans le sein duquel
sont les Trois pistils de feu de la divine Trinité, la lumière, le parfum,
l’harmonie et la joie du Paradis seraient diminués de moitié ».
On présente une notion hermétique et plus confuse que jamais, ce qui est
heureux, car si on devait la prendre à la lettre, elle n’échapperait pas à
une censure sévère. Pour finir, signalons une autre affirmation étrange et
imprécise, dans laquelle on dit de la Madone : « Toi, pendant le temps que tu
resteras sur Terre, tu seconderas Pierre « comme hiérarchie ecclésiastique ». (Les italiques sont de
nous. N.d.R.).
L’œuvre aurait donc mérité une condamnation même s’il ne se fût agit que d’un
roman, ne serait-ce que pour des raisons d’irrévérence. Mais en réalité
l’intention de l’auteur va plus loin encore. En parcourant les volumes, çà et
là on lit les mots « Jésus dit… », « Marie dit… » ; ou bien : « Je vois... » et d’autres semblables. Et, vers la fin du volume IV (pag. 839) l’auteur se révèle une femme qui déclare avoir
été témoin de tout le temps messianique et se nommer Maria (Valtorta).
Ces mots évoquent des souvenirs d’il y a environ une dizaine d’années, alors
que circulaient certains textes dactylographiés volumineux, qui contenaient
de prétendues visions et révélations. On sait qu’alors l’autorité
ecclésiastique compétente avait défendu l’impression de ces textes
dactylographiés et avait ordonné qu’ils soient retirés de la circulation. Et
maintenant nous les voyons reproduits presque en entier dans la présente
œuvre.
Cette
condamnation publique de l’œuvre par la Suprême Sacrée Congrégation est donc
d’autant plus opportune, qu’il s’agit de désobéissance grave.
Source : http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/MariaValtorta08.htm
Réponse à l’article de l’Osservatore Romano
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Introduction
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En janvier
1960, l’Osservatore Romano publie un article sur l’œuvre de Maria Valtorta.
Ce texte justifie la mise à l’Index des écrits valtortiens, effectuée un mois
plus tôt en décembre 1959. Cette déclaration du Saint-Office, tantôt
contestée par les défenseurs de Maria Valtorta, tantôt reprise par ses
détracteurs, a déjà fait couler beaucoup d’encre. Alors que penser de cette
publication ? Est-ce réellement une condamnation ? Les arguments de
l’Osservatore Romano sont-ils réellement valables ? Peut-on conclure que
ce texte exprime la position de l’Eglise ?
La réalité est bien plus complexe qu’il n’y paraît, mais nous pouvons déjà
affirmer que ce texte est bien une condamnation du Saint-Office. Il n’y a pas
besoin de s’en cacher, car leur opinion est clairement exprimée dans leur
article.
Notre but sera d’analyser leurs différents arguments. Par souci de
transparence, nous voulons émettre les remarques suivantes.
1) Nous
sommes favorable aux écrits donnés à Maria Valtorta. Il s’agira donc de
défendre son œuvre autant que possible.
2) Notre méthodologie consistera à remettre chaque propos de l’Osservatore
Romano dans leur contexte. Quand il s’agit de faits, nous les situerons dans
le temps. Quand un extrait de L’Evangile tel qu’il m’a été révélé sera
abordé, nous resituerons également ce passage dans l’œuvre principale.
3) Le présent dossier ne constitue pas une réponse théologique. Nous
entendons par là que nous ne nous référerons pas aux Pères de l’Eglise, aux
encycliques, ou toute autre personne de référence dans l’Eglise. Nous
répondons avec nos connaissances de simple fidèle et laïc.
4) Si nous avons essayé d’être de bonne volonté, il va de soi que l’erreur
est humaine et que cette réponse à l’Osservatore Romano n’est pas parfaite.
Nous prions donc le lecteur d’être compréhensif s’il remarque des
imprécisions ou des lacunes de notre part.
5) Enfin, nous soulignons que nous respectons les lecteurs qui sont contre
Maria Valtorta, car chaque fidèle est libre de croire ou non à l’origine
surnaturelle de ces écrits. Dieu n’impose pas de croire en lui : nous
n’imposerons donc à personne de croire en cette révélation privée.
Nous espérons
néanmoins que ce travail permettra aux âmes d’y voir plus clair, et que cela
leur permettra peut-être de lire cette si belle œuvre qui est un don pour
notre temps.
Observation
n° 1 :
Ces volumes n’ont pas le moindre « imprimatur », comme
le requiert le Canon 1385, 1 n.2 C.I.C
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L’argument le
plus connu de l’Osservatore Romano est certainement le manque d’imprimatur
(c’est-à-dire l’autorisation d’imprimer) de L’Evangile tel qu’il m’a été
révélé. Cet imprimatur est imposé par le droit canonique de l’époque.
§1. Ne peuvent
être édités, même par des laïques, sans être
passés préalablement par la censure ecclésiastique :
1° Les livres de la sainte Ecriture ou leurs annotations et commentaires ;
2° Les livres qui concernent les divines Ecritures, la sainte théologie,
l’histoire ecclésiastique, le droit canonique, la théologie naturelle, la
morale et les autres disciplines de ce genre, religieuses et morales ; les livres et
brochures de prières, de dévotion, de doctrine ou de formation religieuse,
morale, ascétique, mystique, ou autres ouvrages du même genre, même s’ils
paraissent devoir favoriser la piété ; et plus généralement tous
les écrits dont le sujet touche à la religion ou à l’honnêteté des mœurs.
En 1944, le
Père Migliorini, confesseur de Maria Valtorta, dactylographie l’œuvre et se met
à en diffuser des extraits. En 1946, vraisemblablement vers mars, on lui
demande de cesser ces diffusions. Désormais à Rome, il rencontre le Père
Berti et ils cherchent à promouvoir l’œuvre. C’est en 1947 que le Père Berti
envisage de soumettre les écrits valtortiens au Saint-Père et il arrive à lui
transmettre les volumes dactylographiés de l’œuvre. Pie XII recevra
alors le Père Migliorini, le Père Berti et le Père Andrea Cecchin au cours
d’une audience le 26 février 1948. Il leur déclarera :
« Publiez
l’œuvre tel quelle. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son
origine, qu’elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui liront
comprendront. »
Cet
imprimatur oral est donné. Le Pape veut cependant qu’un imprimatur d’usage
soit accordé à l’œuvre, notamment par un évêque italien pour éviter les
réactions de « certains
prélats hostiles ». On suggère que Mgr Michele Fontevecchia
s’en occupe mais on lui arrache l’œuvre des mains, selon une lettre qui est
envoyée à Mgr Carinci. Enfin, le 29 novembre 1948, le Père Cecchin, Supérieur des
Servites de Marie, reçoit un appel du Saint-Office : on lui intime de ne
plus s’occuper de l’œuvre et de ne pas la diffuser, auquel cas ils recevront
des sanctions.
On s’étonne déjà de l’attitude du Saint-Office :
il s’oppose à l’imprimatur oral du Pape. On pourrait leur laisser le bénéfice
du doute et supposer qu’ils n’en ont pas encore eu connaissance (nous sommes
ne 1948 et internet n’existe pas encore). Mais en 1949, les censeurs ne
cachent même plus leur attitude hostile envers l’œuvre, puisque le Père Berti
est convoqué. Mgr Giovanni Pepe, qui a en charge la censure des livres, et le
Père Girolamo Berutti lui interdisent de parler et
lui commandent de signer la lettre du Saint-Office ainsi que de leur donner
tous les manuscrits en sa possession. « Ici, ils
resteront comme dans une tombe » déclare
Mgr Pepe. Ces manuscrits sont cependant chez Maria Valtorta. Cette procédure
est bien entendu illicite et on ne retrouve pas la moindre trace de cette
condamnation dans les Actes du Saint-Siège ni dans aucun document officiel du
Saint-Office.
En 1950, le Père Cordovani, l’un des plus grands
opposants de l’œuvre, meurt sans préavis. Mais l’opposition du Saint-Office
demeure. En 1952, une supplique est adressée au Saint-Père : une dizaine
de personnalités illustres lui demande de désigner une personne pour qu’elle
s’occupe de l’imprimatur. Mais leur lettre n’arrive jamais au bureau du Saint-Père,
elle atterrit plutôt au Saint-Office…
Mgr Biagio Musto souhaite
quand même accorder l’imprimatur, mais il subit beaucoup de pression et
déclare :
Oh, comme
j’aurais volontiers donné l’imprimatur, s’il n’y avait pas eu quelqu’un qui
vint l’arracher de ma main ! S’il te plaît, prie Maria (Valtorta) pour moi, confie-t-il
plus tard à Marta Diciotti, l’aide de Maria Valtorta.
En 1956, le
cardinal Giuseppe Siri atteste son opinion favorable envers l’œuvre mais refuse
d’assigner son imprimatur, car ce serait une entreprise périlleuse, vu que le
Saint-Office a pris l’affaire en main. C’est cette même année que L’Évangile
tel qu’il m’a été révélé est publié sous le titre de Poème de
l’Homme-Dieu. Les trois premiers volumes sortes et le Saint-Office ne
réagit pas tant que le Pape Pie XII est vivant. Le Saint-Père est en
effet favorable aux écrits valtortiens et a par ailleurs sanctionné Mgr Pepe,
qui avait condamné sans son accord les écrits de Padre Pio. Le Pontife meurt
néanmoins deux ans plus tard, en 1958.
En 1959, le quatrième volume du Poème est édité et en décembre, le
décret de mise à l’Index de l’œuvre de Maria Valtorta sort définitivement.
C’est au mois suivant que l’article de l’Osservatore Romano est publié.
Ce petit résumé a permis de remettre la situation dans son contexte. On peut
voir que bon nombre de prêtres ont voulu accorder l’imprimatur et qu’ils
étaient au moins favorables à cette révélation privée ; de plus,
le Pape lui-même s’est prononcé en faveur de la publication de l’œuvre. Onze
ans séparent la déclaration du Pontife et la condamnation du
Saint-Office : on ne peut penser que les censeurs n’aient pas eu
connaissance de l’avis du Saint-Père. Se prononcer contre l’avis du chef de
l’Église, qui est clairement énoncé, c’est déjà un manque d’humilité, un
manque de confiance, et un manque d’intégrité.
De plus, les pressions qui sont exercées afin qu’aucun imprimatur ne soit
accordé montrent une attitude immorale, fallacieuse, et illicite, de sorte
que les propos de l’Osservatore Romano perdent tout leur crédit. Il n’y a pas
d’imprimatur, certes, à cause des manigances du Saint-Office et de leur
pouvoir qu’ils ont exercé à mauvais escient. Il s’agit donc d’une accusation
sournoise, qui est de mauvaise foi puisqu’ils ont tout fait pour que
l’imprimatur ne soit pas accordé à L’Evangile tel qu’il m’a été révélé.
L’œuvre de Maria Valtorta comporte-t-elle des erreurs sur le fond ? Est-elle
un danger pour la foi ? L’Osservatore semble le penser. C’est ce que nous allons
voir.
Observation
n° 2 :
Dans cette sorte d’histoire romancée, Jésus
est loquace à l’excès.
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Jésus est loquace.
C’est vrai, mais ce n’est pas un fait nouveau. L’Évangile souligne depuis
longtemps les longs discours du Christ. Ainsi, Marc déclare : « Il se mit à
les enseigner longuement » (Marc 6, 34).
Ailleurs, il souligne : « Jésus se
mit de nouveau à enseigner au bord de la mer de Galilée. Une foule très
nombreuse se rassembla auprès de lui (…). Il leur enseignait beaucoup de
choses en paraboles » (Marc 4, 1-2). N’oublions pas non plus le sermon sur la
montagne (Matthieu, chapitre 5 à 7) ou encore les longs développements
du Christ dans l’Évangile de Jean (chapitre 13-14).
Il ne faut pas s’étonner de ces longs enseignements du Christ. Jésus est un
rabbi, il conseille donc tout le peuple d’Israël. On vient le trouver ou on
l’invite à parler dans les synagogues et les places publiques. Non seulement
il est un rabbi, mais il est aussi le Messie et le Fils de Dieu : son
but est donc d’annoncer la Bonne Nouvelle et l’Évangile au peuple hébreu qui
l’attend depuis des siècles. Il n’y a dès lors rien d’étonnant à ce que le
Christ enseigne le peuple juif autant qu’il le peut. ll
sait que son aurore sera court et que son crépuscule viendra bientôt. Aussi,
Jésus parle, il transmet sa Sagesse éternelle, et est heureux, profondément
heureux, quand sa Parole est accueillie dans des cœurs remplis de bonne
volonté.
Celui qui lit l’œuvre de Maria Valtorta découvre aussi que Jésus parle
longuement, mais il se rend également compte que Jésus sait être silencieux.
En effet, bien souvent, le Christ se tait, médite et prie. Il n’est pas rare
que ses regards valent plus qu’un long discours : ne citons que
l’épisode où Jésus se trouve chez Simon le pharisien (EMV
236), l’épisode où son regard caresse toutes les terres de
Palestine (EMV
474), ou encore, la guérison lumineuse d’une enfant pour laquelle
il ne prononce qu’une parole : « Oui » (EMV
331).
Jésus s’isole souvent dans l’Œuvre. Cela lui est nécessaire pour prier, se
ressourcer dans le Père et affronter le monde (EMV 62, EMV 274,
EMV 538). Même durant ses pérégrinations, Jésus s’absorbe souvent dans
ses pensées (EMV 291) et n’en sort qu’à l’intervention de ses apôtres,
qui ont des questions à lui poser.
Maria Valtorta elle-même le remarque :
« Jésus
était la « Parole », mais il n’était certainement pas le « bavardage » ! Patient et
gentil comme nul autre, sans jamais montrer d’être ennuyé de devoir répéter
une idée, une, deux, dix, cent fois, pour la faire entrer dans les têtes
cuirassées par les préceptes pharisaïques et rabbiniques, sans se soucier de
sa fatigue, qui parfois est si grande qu’elle devient une souffrance, pour
enlever la souffrance physique ou morale à une créature. Mais il est visible
qu’il préfère, se taire, s’isoler dans un silence méditatif qui peut durer
plusieurs heures s’il n’y est pas arraché par quelqu’un qui
l’interroge » (EMV 474.1).
Du reste,
pourquoi s’étonner que Jésus enseigne si profondément Ie
peuple d’Israël et les âmes qui sont ouvertes à son enseignement ? Jésus est
le Verbe de Dieu, la Parole fait chair. Il est venu dans le monde pour faire
connaître la Pensée du Père. Doit-on croire que tout ce qu’il a dit est
contenu dans l’Évangile ? L’essentiel y est contenu, oui. L’Esprit Saint y a veillé et
la Providence divine a toujours guidé l’Eglise pour ce qui a trait à
l’Écriture Sainte et son Magistère. Mais l’Évangile ne contient certainement
pas tout ce que le Seigneur a dit ou a fait ; il s’agit
là des paroles essentielles qu’il a transmises par le biais de ses
évangélistes. Le Christ affirme d’ailleurs au petit Jean :
« Les évangélistes rapportent
des versions de mes paroles très réduites, jusqu’à en être
squelettiques : une allusion plus qu’une version. Cela les prive du
style littéraire que je leur avais donné. » (30 septembre 1947).
Notons par
ailleurs que l’œuvre de Maria Valtorta ne nous a pas tout révélé sur la vie
du Christ. En effet, Jésus déclare : « Même après
avoir lu et accepté cette illustration de ma vie publique, vous ne connaissez
pas tout de moi. J’aurais fait mourir mon petit Jean d’épuisement, si je lui
avais demandé d’être le chroniqueur de toutes les journées de mon ministère,
et de toutes les actions accomplies en chacune de ces journées, si je lui
avais fait connaître tout pour qu’il vous transmette tout ! »
(EMV 652). Pour le reste, le Seigneur est en droit de se révéler à qui
il veut, quand il le veut, cela pour nous faire découvrir les trésors de sa
Parole.
Maria Valtorta n’est ni la première, ni la dernière à qui il se manifeste
pour éclairer les âmes qui sont dans les ténèbres. L’œuvre de cette auteure
italienne nous fait découvrir un Jésus bien vivant, qui nous explique
l’Évangile comme si nous étions à ses côtés. Et nous aurions tort de nous en
priver !
Observation
n° 3 :
Jésus ressemble à un propagandiste, toujours prêt
à se proclamer Messie et Fils de Dieu.
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Quand sa
vie publique commence, Jésus n’a pas pour mission de cacher sa nature. Verbe
divin, Fils de Dieu, il est le Messie et il vient réconcilier les hommes avec
son Père. Les Écritures l’annoncent depuis des siècles et le Christ explique
d’ailleurs les paroles des prophètes à Israël. Il ne dissimule donc pas son
identité et Jésus proclame bien qu’il est le Messie et le Fils de Dieu.
Cependant, et c’est un détail qui a toute son importance, le Christ le
proclame avec parcimonie : il révèle donc qui il est uniquement pour ne
pas laisser le doute planer sur sa mission et sa nature (EMV 59 ou 67).
Il est la Vérité, il ne peut donc pas dissimuler qui il est quand on le
questionne ouvertement.
« Ne trouves-tu pas
que tu es audacieux en te posant comme représentant de Dieu ? Aucun des
prophètes n’a eu cette audace, et Toi... qui es-tu, Toi qui parles et sur
l’ordre de qui parles-tu ? »
« Les prophètes ne
pouvaient dire d’eux-mêmes ce que Je dis de Moi. Qui suis-je ? L’Attendu, le
Promis, le Rédempteur. Déjà vous avez entendu celui qui m’a précédé
dire : “Préparez les voies du Seigneur... Voici que vient le Seigneur
Dieu... Comme un berger il paîtra son troupeau, tout en étant l’Agneau de la
vraie Pâque !” (…) Je suis Jésus de
Joseph, de la race de David, né à Bethléem Ephrata, selon la promesse, appelé
Nazaréen parce que j’ai la maison à Nazareth. Cela, du point de vue du monde.
Selon Dieu je suis son Messie. » (EMV 59).
Le Christ
ne se cache pas. Peut-on dire pour autant que Jésus est un propagandiste ? Non. S’il
révèle sa nature, c’est soit parce qu’on lui demande de le confirmer, soit
parce que cela est nécessaire pour la formation des cœurs. Ainsi en va-t-il
au tout début de sa vie publique, quand Jésus révèle ce qu’il est à ses
apôtres (EMV 54). À d’autres reprises, le Seigneur dévoile son identité
spirituelle parce qu’on lui somme de répondre au nom du Dieu Vivant (EMV
604). Enfin, il prend aussi la parole quand il s’agit d’être fidèle à la
Vérité qu’il représente (EMV 225).
Le Christ ne cherche néanmoins jamais à se glorifier pour lui-même, et quand
Judas lui demande pourquoi il ne dit pas qu’il est le Messie, il répond
simplement que ses paroles le diront (EMV 68). Ses propos et
ses actes confirmeront en effet qu’il est envoyé par le Père pour guérir et
sauver tous les hommes.
D’un côté, Jésus affirme donc qui il est lors de sa vie publique,
spécialement aux pharisiens, aux scribes et aux érudits qui l’interrogent. Il
ne peut agir autrement car il est le Chemin, la Vérité et la Vie
(Jean 14, 6). D’un autre côté, le Seigneur reste humble et ne s’en
glorifie pas, il n’en tire jamais orgueil et il affirme qu’il est le Messie
seulement quand cela est nécessaire. Bien souvent, c’est autrui qui veut
proclamer qu’il est l’Envoyé de Dieu, en se targuant de le suivre et d’être
son disciple.
Jésus n’est donc pas un homme qui cherche à tout prix à imposer sa doctrine.
D’ailleurs, quand on cherche à le faire roi, il refuse la couronne et cherche
uniquement à accomplir la Volonté du Père (EMV 464). Un propagandiste
aurait-il vraiment refusé le sacre royal ?
Observation
n° 4 :
Jésus donne des leçons de théologie dans les
mêmes termes dont se servirait aujourd’hui un professeur de théologie.
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Est-ce que les
leçons viendraient de Dieu ou uniquement de Maria Valtorta, qui reprendrait
les grands discours de son temps ? En effet,
l’Osservatore Romano semble penser que l’Œuvre a été écrite par quelques
théologiens de renom, et non pas par une jeune femme alitée, ignorante et
grabataire, qui n’a reçu sa première Bible qu’au tout début de ses visions,
c’est-à-dire à 46 ans.
Il est humainement impossible que Maria Valtorta ait pu acquérir autant de
connaissances théologiques et scientifiques. Rappelons d’abord qu’elle est
isolée et rédige ses écrits durant la Seconde Guerre mondiale. Elle n’a
aucune documentation sous la main, si ce n’est l’Écriture Sainte, et elle
n’est pas non plus entourée de spécialistes qui auraient pu l’assister durant
la rédaction de ses écrits. Mgr Maurizio Raffa
lui-même (1906-1957), qui est le directeur d’un organisme de recherche
scientifique, conclut la chose suivante :
Pour écrire une
seule partie de l’œuvre (de Maria Valtorta), il faudrait être un auteur (qui
n’existe pas aujourd’hui) tout à la fois grand poète, bibliste
talentueux, théologien confirmé, expert en archéologie et en topographie, et
profond connaisseur de la psychologie humaine.
Maria Valtorta
n’est ni bibliste, ni théologienne, ni archéologue, psychologue et
topographe. Aucun spécialiste ne la conseille également sur ces sujets. Cette
Œuvre ne peut donc venir des gens de son époque.
Si Maria n’était pas capable d’être une scientifique et théologienne de
renom, il faut croire qu’elle a décrit simplement tout ce qu’elle a vu, en le
reportant dans ses cahiers avec une grande simplicité.
Observation
n° 5 :
Marie est toujours prête à
fournir des leçons de théologie mariale, parfaitement au courant des dernières études des spécialistes actuels en cette
matière.
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L’Osservatore
Romano continue sa réflexion et s’intéresse à la théologie mariale développée
dans l’œuvre de Maria Valtorta. Là encore, dit-il, Marie est toujours prête à
fournir des « leçons de théologie mariale, parfaitement au courant des dernières
études des spécialistes actuels en cette matière ».
Le Père Roschini écrit que :
« les
commissaires reconnaissaient par-là que l’œuvre contient de fait, une
doctrine tout à fait à la pointe en cette matière. C’est indéniable !
affirme cet éminent mariologue, mais il est tout aussi indéniable que Maria
Valtorta n’a jamais lu un livre ni suivi de cours qui traitent du sujet,
comme il n’y a jamais eu de savant théologien pour lui suggérer ce qu’elle a
écrit sur la Sainte Vierge ».
Nous
estimons ainsi que Maria Valtorta n’ait pas pu être aidée par des mariologues
éminents. Comme expliqué dans l’observation n°3, elle est isolée, grabataire,
elle n’a pas suivi de cursus universitaire et Maria n’a pas les moyens de
sortir de chez elle pour s’informer en vue de rédiger son œuvre. Quant aux
savants docteurs en mariologie, elle n’en connaissait pas et ne pouvait donc
se faire épauler en recevant leurs conseils. Nous pensons donc que les
suppositions de l’Osservatore Romano ne sont pas crédibles.
Poussons cependant notre réflexion plus loin : est-ce que Marie est vraiment
prête à donner des leçons de théologie, elle qui est si humble et cachée dans
l’Évangile ? C’est la question que nous avons envie d’étudier et voici la
réponse que nous voulons proposer.
Rappelons tout d’abord que Marie ne parle jamais pour se mettre en avant, ni
pour se glorifier de son élection exceptionnelle. Quand Marie parle à Maria
Valtorta, il s’agit simplement de nous expliquer des vérités de foi ou de
souligner certains détails qui éclairent l’Evangile de manière étonnante. Ces
dictées permettent donc de comprendre davantage la profondeur des personnages
(par exemple la douleur de saint Joseph quand il découvrit la grossesse de
son épouse). Elles permettent aussi mettre en lumière certains événements que
Marie a vécu. Il s’agit donc d’une explication spirituelle et non d’une
glorification orgueilleuse des principaux événements de sa vie.
Ensuite, dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, Marie est toujours
humble et cachée. Elle révèle bien à Élisabeth sa maternité divine, parce que
l’Esprit Saint a daigné éclairer sa cousine, mais elle dissimule à tous les
autres le fait qu’elle est la Bien-Aimée de Dieu. Zacharie et Joseph ignorent
tout d’elle, jusqu’à ce que le Seigneur leur dévoile qui elle est vraiment
(EMV 24 et 26). Les apôtres eux-mêmes ne découvrent Marie que sur
l’initiative de Jésus, qui leur racontent l’Annonciation (EMV 348).
Quand ils vont à Bethléem, c’est sur l’instance de son Fils que la Vierge
leur raconte la Nativité (EMV 207). Marie s’efface donc et ne révèle
jamais tous les trésors que Dieu a mis en elle. Lorsqu’elle prend la parole,
pour parler à son Fils ou aux apôtres, ce n’est jamais dans un esprit de
prétention. Elle reste modeste et donne son avis puisqu’on le lui demande.
C’est tout.
Enfin, toutes les dictées données par Marie – comme par Jésus – sont
accessibles à tous. En effet, même un lecteur qui ignore tout de la doctrine
catholique peut facilement lire les explications de notre Mère du Ciel ou de
notre Seigneur. Ils s’expriment en de termes simples, mais clairs, de sorte
que chaque lecteur peut suivre la leçon qui leur est donnée. On ne peut donc
pas les classifier les paroles de Marie et de Jésus comme des « leçons de théologie » si on entend par-là des discours compliqués, savants, que peuvent comprendre
uniquement des érudits diplômés en théologie. Non, tout est simple avec le
Ciel, et les vérités de foi y sont expliquées sans prétention, tout en étant
fidèle aux enseignements de l’Église catholique.
Ces explications sont aussi tellement claires que, lorsqu’on ferme l’Œuvre,
nous avons une vision renouvelée de notre Mère du Ciel. Rappelons à cet effet
les propos du Père Roschini :
Cela fait un
demi-siècle que je m’occupe de mariologie : par l’étude, l’enseignement,
la prédication et l’écriture. […] Mais je me sens obligé d’avouer candidement
que la mariologie qui se dégage des écrits publiés et inédits de Maria
Valtorta a été pour moi une vraie découverte. Aucun autre écrit marial, pas
même la somme de tous ceux que j’ai lus et étudiés, n’avait été en mesure de
me donner sur Marie, chef-d’œuvre de Dieu, une idée aussi claire, aussi vive,
aussi complète, aussi lumineuse et aussi fascinante, à la fois simple et
sublime, que les écrits de Maria Valtorta.
Du reste,
pourquoi s’étonner que le Christ et Marie viennent nous expliquer des vérités
de foi ? À l’époque de la Seconde Guerre mondiale, le monde se meurt
et est déchiré par la haine et les conflits. Aujourd’hui, le monde ne connaît
plus l’Évangile et ne croit même plus en Dieu. Le Ciel savait donc qu’il
fallait nous donner des phares pour nous guider dans cette nuit
spirituelle et il nous en a donné à foison lors du XXe siècle. Maria
Valtorta en est l’une d’elles, mais nous pourrions également citer Luisa Piccaretta, sainte Faustine, Padre Pio, Gemma Galgani,
Thérèse de Lisieux et bien d’autres encore.
Observation
n° 6 :
La très sainte Vierge a la faconde d’une avocate
moderne.
Haut de page.
L’Osservatore
Romano considère que la Sainte Vierge a l’éloquence
d’une avocate moderne.
Marie prend parfois la parole quand on lui demande son avis. Par exemple,
elle dialogue avec Judas quand celui-ci pense que Jésus devrait penser à sa
Mère et ne pas la faire souffrir (EMV 249). De la même manière, elle
conseille Pierre d’être toujours charitable envers son prochain, sans se
moquer des fautes d’autrui (EMV 285). Elle parle néanmoins toujours avec
douceur et simplicité, et nous sommes donc bien loin des discours d’une
avocate moderne.
À d’autres moments, Marie intercède pour les apôtres. Ainsi, quand Judas lui
demande de l’accompagner à Nazareth, elle va en parler à Jésus, qui lui
accorde ce qu’elle demande (EMV 262). Plus tard, elle conseille
l’Iscariote avec prudence et diplomatie, sans lui faire de grand discours
(EMV 264).
Plus grande est son intercession pour Pierre, quand celui-ci veut adopter
Marziam, un petit orphelin qui a perdu sa famille. Jésus refuse de le lui
confier, car il est destiné à être son Vicaire, et le Christ ne veut pas que
son apôtre soit retenu par un attachement humain (EMV 191). Simon de
Jonas en parle plus tard à Marie et celle-ci vient alors trouver son Fils.
Nous pensons que c’est peut-être ce passage qui a retenu l’attention de
l’Osservatore Romano, donc nous nous permettons de le citer ci-dessous. Marie
discute alors avec Jésus et parle de sa discussion avec Pierre.
« Simon a ce grand
désir… Pendant que je marchais avec lui, il n’a pas cessé de m’en parler, et
avec des raisons si justes que… je n’ai rien pu dire pour le faire taire.
C’étaient les mêmes raisons que nous invoquons toutes, nous les femmes et les
mères. L’enfant n’est pas robuste. S’il avait été comme toi… ah ! Alors il aurait
pu s’avancer sans crainte vers la vie de disciple. Mais qu’il est chétif !… Très intelligent, très bon… mais rien de plus. Quand un
tourtereau est délicat, il ne peut prendre son envol tout de suite, comme le
font les forts. Les bergers sont bons… mais ce sont toujours des hommes. Les
enfants ont besoin des femmes. Pourquoi ne le laisses-tu pas à Simon ? Tant que tu lui
refuses un enfant vraiment né de lui, j’en comprends la raison. Un petit,
pour nous, c’est comme une ancre. Et Simon, destiné à un si grand rôle, ne
peut avoir d’ancres qui le retiennent. Néanmoins, tu dois convenir qu’il lui
faut être le “père” de tous les enfants que tu lui laisseras. Comment peut-il
être père s’il n’a pas été à l’école d’un enfant ? Un père doit
être doux. Simon est bon, mais pas doux. C’est un impulsif et un
intransigeant. Il n’y a qu’un enfant qui puisse lui enseigner l’art subtil de
la compassion pour les faibles… Considère le sort de Simon… C’est bien ton
successeur ! Oh ! Je dois pourtant le dire, ce mot atroce ! Mais, pour
toute la souffrance qu’il m’en coûte pour le dire, écoute-moi. Jamais je ne
te conseillerais quelque chose qui ne serait pas bon. Marziam… Tu veux en
faire un parfait disciple… or c’est encore un enfant. Toi… tu t’en iras avant
qu’il ne devienne un homme. Alors, à qui le confier plutôt qu’à Simon pour
compléter sa formation ? Enfin, tu sais quelles tribulations ce pauvre Simon a subies, même à cause de toi, de la part de sa belle-mère ; et pourtant il
n’a pas repris la plus petite parcelle de son passé, de sa liberté depuis un
an, pour que sa belle-mère – que même toi n’as pu changer – le laisse en
paix. Et sa pauvre épouse ? Ah ! Elle a un tel désir d’aimer et d’être aimée ! Sa mère ? Ah !… son mari ? Un cher
autoritaire… Jamais la moindre affection qui lui soit donnée sans trop
exiger… Pauvre femme !… Laisse-lui
l’enfant. Ecoute, mon Fils : pour le moment, nous l’emmenons avec nous.
Je viendrai, moi aussi, en Judée. (…) Après cela, à notre retour en Galilée,
nous le confierons à Porphyrée. Quand nous serons dans les environs de
Bethsaïde, Pierre le prendra. Quand nous viendrons ici, au loin, l’enfant
restera avec elle. Ah ! Mais tu souris maintenant ! Alors tu vas
faire plaisir à ta Maman. Merci, mon Jésus » (EMV 199).
Pierre a
bien compris que Marie était la faiblesse de Jésus et c’est par son
intercession qu’il obtient finalement la garde de l’enfant.
Au regard de cet extrait, Marie a-t-elle une grande éloquence ? Elle sait
en tout cas parler et exprimer correctement ses idées. Humainement, il n’y a
pas de quoi s’en étonner : elle a grandi au Temple de Jérusalem et on
peut croire qu’elle a reçu une bonne éducation. Spirituellement, ensuite, on
s’aperçoit que son intelligence est très vive dès son plus jeune âge. Elle
n’a pas en elle la marque du péché originel, et son amour pour Dieu ne cesse
de grandir au fil du temps. Lorsqu’elle accueille le Verbe de Dieu en son
sein, on peut croire que cette communion d’amour avec son Fils lui permit
d’accueillir les plus grandes vérités célestes. Jésus lui-même parle de
l’intelligence de sa Mère qui apparaît dès son enfance :
Marie n’était pas
seulement la femme pure, la nouvelle Ève recréée pour faire la joie de
Dieu : elle était plus qu’Ève, elle était le chef-d’œuvre du Très-Haut,
elle était la Pleine de grâce, elle était la Mère du Verbe dans l’esprit de
Dieu.
« Le Verbe est la source de la Sagesse », dit Jésus ben
Sirach. Le Fils n’aurait-il donc pas mis sa propre sagesse sur les lèvres de
sa Mère ?
Un prophète chargé de dire les paroles que le Verbe – la Sagesse – lui
inspirait de transmettre aux hommes, eut les lèvres purifiées par un chardon
ardent : et l’Amour n’aurait pas donné netteté et élévation de langage à
son Epouse encore enfant qui devait porter la Parole en son sein ? Elle ne devait
plus parler d’abord en enfant puis en femme, mais uniquement et toujours en
créature céleste en qui la grande lumière et la sagesse de Dieu étaient
infuses.
Le miracle ne réside pas dans l’intelligence supérieure manifestée dès
l’enfance par Marie, puis par moi. Le miracle, c’est de pouvoir contenir
l’Intelligence infinie qui habitait en nous, dans des limites qui permettent
de ne pas frapper d’émerveillement les foules et de ne pas éveiller
l’attention de Satan (EMV 7).
Marie sait
donc parler et être sage selon Dieu. De plus, on voit que Marie sait tout
obtenir de son Fils. Elle lui donne en effet le motif de ses demandes, et les
raisons qu’elle invoque sont toujours bonnes. Agit-elle cependant comme une
avocate au tribunal ? Non. Elle reste la Mère de Jésus, humble et douce comme une
colombe, et elle lui présente son point de vue en toute simplicité. Dans le
cas de Marziam, elle évoque à Jésus la réalité de sa vie évangélisatrice, qui
serait actuellement trop éprouvante pour l’enfant. Puis elle s’arrête sur la
vie spirituelle de Pierre et de son épouse, Porphyrée. Son seul souci est le
bien des âmes, et c’est bien à cause de cela que Jésus se rend à ses raisons.
Car le Christ ne voit pas en elle une avocate qui intercède pour ses clients,
mais une Mère qui intervient pour le bien de ses enfants.
Soulignons également que Marie ne cherche pas à outrepasser l’autorité de
Jésus ou à lui imposer ses désirs : c’est lui qui décide s’il accède à
ses demandes ou non. Ses discours sont aussi très rares, et si elle livre ses
impressions à son Fils quand il le lui demande, ces dernières sont toujours
posées et réalistes. Quand enfin elle prie son Fils pour se voir accorder
quelque chose, c’est toujours pour le bien des âmes, et son discours est loin
d’avoir la froideur des plaidoyers ou des réquisitoires.
Observation
n° 7 :
La Sainte Vierge est présente partout.
Haut de page.
Voilà un
argument bien général : la Sainte Vierge est présente partout ! Nous
supposons que l’Osservatore Romano soutenait par-là que Marie était très
présente dans l’Œuvre.
La Mère de Jésus est l’un des personnages centraux du Protévangile et de la
vie cachée. Dans cette partie, on va plus ou moins de la naissance de Marie à
la mort de saint Joseph. Il est donc évident qu’elle y apparaît beaucoup.
Cependant, une fois que Jésus commence sa vie publique, Marie reste longtemps
à Nazareth et n’accompagne pas directement son Fils. C’est plus tard qu’elle
cheminera à ses côtés. Elle participe ainsi à cinq voyages apostoliques
environ. De plus,
Jésus séjourne trois fois à Nazareth lors de sa vie
publique. Le Christ voit ainsi régulièrement sa Mère, mais elle ne le suit pas
à chaque instant de sa prédication évangélique.
On ne peut donc pas dire qu’elle est présente partout, comme le suppose
l’Osservatore Romano. C’est faire une généralisation mal venue, car on
dépeint le personnage de Marie sous un mauvais jour.
Il faut bien sûr noter que Jésus parle de sa Mère aux apôtres, mais il le
fait avec un amour et un respect divin. Ses leçons ont pour but de faire
comprendre la place de Marie dans la Rédemption et le Cœur de Dieu. Il
apprend ainsi aux disciples à respecter sa Mère, mais le Christ ne parle pas
de la Vierge tous les jours, loin s’en faut. Au contraire, il nous donne des
enseignements très équilibrés, en ponctuant le tout par la prédication de
l’Evangile.
Marie n’est donc pas omniprésente dans l’EMV, mais elle rayonne dans
le Cœur de Jésus et est un repère pour tous les disciples, surtout pour ceux
qui n’osent pas aller vers le Christ.
Observation
n° 8 :
Le récit se déroule au rythme lent de vains
bavardages ; on y
trouve de nouveaux faits, de nouvelles paraboles, de nouveaux personnages et
tout un cortège de femmes à la suite de Jésus.
Haut de page.
Répondons
point par point.
Le récit se déroule au rythme lent de vains bavardages ?
Le récit se déroule-t-il au rythme lent de vains bavardages ? Il est
difficile d’en juger car il s’agit-là d’une opinion subjective. Pour certains
lecteurs, les nombreux dialogues de l’EMV seront lents et inutiles, pour
d’autres, il s’agira de conversations édifiantes qui les porteront à
réfléchir aux côtés des disciples et des apôtres.
Il est cependant certain qu’on trouve de nombreux dialogues dans les dix
tomes de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé. On peut postuler qu’ils
sont utiles pour trois raisons :
- Ces discussions nous plongent dans le quotidien du Christ et du groupe
apostolique. Qu’on considère que ces révélations soient authentiques ou non,
elles peuvent toujours nous servir de méditations spirituelles, car les
apôtres, les disciples et le peuple d’Israël sont humains, comme nous. On
peut donc s’identifier à leurs doutes, à leur foi, à leur cheminement, et
progresser avec eux au fil de notre lecture. Rappelons que saint Ignace
préconisait d’imaginer l’Évangile comme si on y était dans ses Exercices
spirituels. On peut donc très bien méditer à partir de n’importe quel
texte spirituel pour entrer dans l’Evangile, tant qu’on exerce notre
discernement et notre réflexion pour voir si ça ne contredit pas la doctrine
catholique.
- Ces conversations peuvent nous révéler des détails anecdotiques, qui sont
d’une grande richesse pour les chercheurs de notre époque. C’est le cas de
Jean-François Lavère qui a pu confronter bon nombre d’affirmations des
personnages valtortiens avec nos connaissances actuelles. Dans l’immense
majorité des cas, il a conclu que ces affirmations étaient exactes,
cohérentes, décisives ou possibles. Nous renvoyons à L’Enigme Valtorta pour
découvrir ses résultats et sa méthodologie.
- Enfin, ces dialogues sont intéressants car elles contiennent bien souvent
une pépite spirituelle. Ne citons que deux exemples pris au hasard : l’EMV 47 ou l’EMV 124. Le
premier reprend Jean 1, 37-39 : il reste fidèle à l’écrit
canonique, mais le développe. Le second aborde les difficultés du groupe
apostolique durant un séjour à la Belle-Eau. La conversation aboutit entre
autres à un commentaire édifiant de Jésus. Nous pensons que l’âme peut donc
abondamment se nourrir de ces dialogues pour réfléchir et se fortifier dans
la foi.
On y trouve de nouveaux faits, de nouvelles paraboles, de nouveaux
personnages et tout un cortège de femmes à la suite de Jésus.
Comme nous l’avions dit dans l’observation n° 2, l’Évangile rapporte
une version très réduite de la vie de Jésus. Cela peut s’expliquer par leur
date de rédaction. Si on en croit la dictée de Jésus à Maria Valtorta,
Matthieu a écrit l’Évangile quinze ans après la vie publique du Christ. Quant
aux autres, à savoir Marc et Luc, « ils l’ont
fait encore plus tard, et après en avoir entendu le récit de ma Mère, de
Pierre, ainsi que des autres apôtres et disciples ». Jean,
enfin, est le dernier à avoir écrit son Évangile, mais « en vrai
fils de la Lumière, [il] s’est occupé et préoccupé de faire briller la
Lumière à travers son vêtement de chair aux yeux des hérétiques qui
attaquaient la réalité de la Divinité enfermée dans une chair humaine. Le
sublime évangile de Jean a atteint son but surnaturel, mais la chronique de
ma vie publique n’en a pas été aidée »
(EMV 468).
L’Evangile a donc été écrit des années plus tard, mais même si les
évangélistes ont été soutenus par l’Esprit Saint, ils restent des hommes, « élus mais
pas encore glorifiés » (28 juin 1943). Ils ne pouvaient donc pas tout retransmettre
humainement parlant et devaient avant tout se préoccuper des âmes qu’ils
devaient amener à la Lumière. Chaque Évangile a donc eu un but particulier.
Matthieu a tenu à décrire le Fils de l’Homme, Marc a mis en avant la figure
du divin Thaumaturge, pour conquérir les païens, et Luc a complété l’Évangile
de l’Enfance, en mettant en avant Marie. Jean a quant à lui mis en avant la
Divinité du Christ (Commentaires de l’Apocalypse, p. 610 à 619). Dès
lors, « chaque évangéliste a servi à composer la mosaïque qui nous
révèle Jésus Christ Homme-Dieu, sauveur, maître, rédempteur, vainqueur de la
mort et du démon, juge éternel et Roi des rois pour l’éternité ».
Néanmoins, comme nous l’avions souligné au début de l’article, les
évangélistes ne rapportent que partiellement les paroles du Christ. Il s’agit
d’une allusion plutôt que d’une version. Maria Valtorta, elle, suit le Christ
au jour le jour. Il ne faut donc pas s’étonner qu’elle nous fasse découvrir
de nouveaux faits, de nouvelles paraboles et de nouveaux personnages. Tous
les faits ne peuvent être vérifiés en eux-mêmes : il est difficile de
savoir si le Christ a bien rencontré des paysans et fait tel ou tel miracle. Mais
les déplacements de Jésus aux quatre coins de la Palestine a fait l’objet
d’une analyse par Jean-François Lavère, et il en est arrivé à la conclusion
qu’ils étaient parfaitement plausibles (cf. L’énigme Valtorta,
p. 122-138). Les paraboles aussi sont nouvelles, mais elles respectent
totalement l’esprit de l’Evangile : aucune ne nous a semblé heurter la
vérité catholique. Quant aux personnages, leurs existences ont pour la
plupart été vérifiées et attestées. Comment une femme grabataire en plein
milieu du XXe siècle pouvait savoir que de tels individus avaient vécu il y a
2000 ans ? Là encore, nous renvoyons à l’étude de Jean-François Lavère,
dans son livre L’énigme Valtorta.
Observation
n° 9 :
Des pages scabreuses qui font penser à des
descriptions et des scènes de romans modernes. L’exemple de la confession
d’Aglaé.
Haut de page.
Nous ne
savons pas exactement à quelles pages scabreuses fait référence l’Osservatore
Romano, aussi nous arrêterons-nous à l’exemple qu’il cite dans son texte,
c’est-à-dire à la confession d’Aglaé.
L’Osservatore Romano s’en afflige et s’en offusque. Nous nous en étonnons
grandement car ce chapitre fait preuve d’une grande contrition et pureté de
cœur.
Qui est Aglaé ? Une femme que Jésus rencontre à Hébron, alors qu’il se rend à
la maison d’Élisabeth et de Zacharie. Elle est une prostituée. Le Christ
éprouve du dégoût pour son péché, mais il lui donne quand même des paroles de
miséricorde. Contrite, elle en vient à se repentir intérieurement. Elle
cherche alors quelqu’un qui pourra l’aider dans son élévation vers Dieu et
elle va trouver Marie, qui réside à Nazareth (EMV 168).
On est au soir. Marie coud paisiblement lorsqu’on vient frapper à la porte.
Elle se lève alors et demande :
« Qui frappe ? »
Une voix faible répond :
« Une femme. Au nom de Jésus, ouvre-moi. »
Marie ouvre aussitôt, en tenant haut la lampe pour distinguer qui est cette
pèlerine. Elle voit un amas d’étoffe, un enchevêtrement dont rien ne
transparaît, un pauvre enchevêtrement qui s’incline profondément en disant :
« Salut, Maîtresse. »
Et elle répète :
« Au nom de Jésus, aie pitié de moi.
- Entre et dis-moi ce que tu veux. Je ne te connais pas.
– Personne ne me connaît et beaucoup me connaissent, Maîtresse. Le vice me
connaît. La Sainteté elle aussi me connaît. Mais j’ai besoin que la
miséricorde m’ouvre les bras. Or la miséricorde, c’est toi… »
Elle pleure.
« Mais entre donc… et dis-moi… Tu en as assez dit pour que je
comprenne que tu es malheureuse… Mais qui tu es, je ne le sais toujours pas.
Quel est ton nom, ma sœur ?
– Ah non ! Pas “ma sœur” ! Je ne puis être ta sœur… Tu es la Mère du Bien… moi… moi je
suis le mal… »
Elle redouble de larmes sous son manteau qui la cache entièrement.
Marie pose la lampe sur un siège, prend la main de l’inconnue agenouillée sur
le seuil, et l’oblige à se lever.
(…) Elle se lève, humble, tremblante, secouée de sanglots, mais hésite encore
à entrer :
« Je suis païenne, Maîtresse. Pour vous, les juifs, autant dire
une ordure, même si j’étais sainte. Mais une ordure à double titre, parce que
je suis une prostituée.
– Si tu viens à moi, si tu cherches mon Fils à travers moi, tu ne peux plus
être qu’un cœur qui se repent. Cette maison accueille tout ce qui s’appelle
douleur. »
Et elle l’attire à l’intérieur, referme la porte, remet la lampe sur la table
et lui offre un siège en disant :
« Parle » (EMV 168).
Marie
accueille une femme accablée par la douleur et le poids de sa faute. Aglaé
pleure : elle a besoin de s’exprimer, de raconter sa vie, et d’avoir la
caresse d’une Mère qui lui permettra de redresser sa tige brisée par son
péché.
L’Osservatore Romano s’offusque sans doute du récit d’Aglaé. En effet,
celle-ci n’épargne rien : elle raconte son enfance, son désir de faire
du théâtre, la manière dont elle dansa sous les yeux impudiques d’un homme,
sa sensualité, sa fuite de la maison paternelle et la fin de sa pureté. Elle
alla à Rome et fut « une vraie loque » piétinée par la bestialité
des hommes. Quand le patricien romain qui l’avait prise sous son aile la
jeta, elle fut accueillie par un maître de danse qui exploita ses dons au
profit du patriciat romain. Des années plus tard, elle vint en Palestine et
eut un nouveau maître, à Hébron. Là, elle rencontra Jésus qui lui donna des
paroles de vie.
Le récit d’Aglaé est long, mais elle ne le dit pas pour se mettre vainement
en valeur. Son unique but est de montrer à quel point elle revient de loin et
à quel point elle a besoin de la bonté du Seigneur. Décrire sa vie à Marie
permet également à celle-ci de comprendre tout le cheminement de cette pauvre
âme, et quels soins Aglaé doit avoir pour renaître à l’Amour et à la Grâce.
Cette vie est scabreuse ? Assurément. La jeune femme a blessé ses parents, jeté sa
pureté aux orties, et a vécu au milieu de la sensualité des hommes. On ne
peut être que dégoûté de son récit et du comportement qu’elle a adopté tout
au long de sa vie. Mais son témoignage permet de comprendre la bassesse
humaine qui a également régné à Rome. De plus, ce récit montre à quel point
Aglaé s’est repentie.
En effet, la vie de la jeune femme est marquée par le vice, mais on perçoit
également son vif désir de renaître au Bien. Si Aglaé vient trouver Marie, ce
n’est pas uniquement pour lui raconter sa vie, c’est pour avoir la force de
se relever et d’être guidée par une âme qui saura la guider jusqu’au Fils de
Dieu. L’Osservatore Romano remarque sa vie débridée, mais il est étonnant
qu’il ne remarque pas la force du repentir d’Aglaé. Il voit son impureté,
mais il ne voit pas la brebis blessée qui recherche son Sauveur. Il voit son
comportement infâme – et son attitude a vraiment été dégoûtante – mais il ne
voit pas à quel point elle boit les paroles du Christ ni à quel point elle
reconnaît sa misère. Elle n’est rien. Lui est tout. Et pourtant, l’Osservatore
Romano ne voit pas son humilité ni sa contrition et son appel au secours.
Lorsqu’on se confesse, on est obligé de dire tous les péchés qu’on a commis –
au moins tous ceux dont on se souvient – pour s’en repentir et les offrir au
Christ. Aglaé se sent trop indigne d’approcher le Seigneur, mais, comme
beaucoup d’âmes après elle, elle vient trouver Marie qui est la voie royale
pour atteindre Jésus. Pourquoi donc s’étonner de son long récit à la Vierge ? Au mieux,
cela renforce la crédibilité de l’ouvrage valtortien, car Maria Valtorta
était une ignorante qui n’aurait jamais su écrire un tel récit. La Mère de
Dieu ne donne pas à Aglaé l’absolution de ses péchés, car elle n’en a pas le
pouvoir, mais elle lui donne le courage de continuer dans son chemin de
conversion. Et Dieu seul saura à quel point il sera long.
Il s’agit d’une vie scabreuse, mais il faut savoir lire l’ouvrage dans son
ensemble, voir le vice et le repentir, le mal et le bien, et alors la
force de telles confessions nourrira les âmes et les encouragera à se jeter
dans la Miséricorde divine, qui est toujours prête à nous accueillir.
Observation
n° 10 :
Un ballet exécuté certainement d’une façon
impudique devant Pilate au Prétoire (volume 4, p. 75) etc.
Haut de page.
L’œuvre de
Maria Valtorta nous fait rencontrer des Romains tout au long de l’œuvre.
Ainsi en va-t-il pour Pilate, bien sûr, mais aussi pour Claudia Procula, Valeria et Lydia, des femmes qui suivent et
approuvent la Sagesse du Christ. Par leur entremise, on apprend la vie
souvent déréglée des Romains (par exemple dans l’EMV 425 et 426).
Orgies, plaisirs en tout genre, vie facile, ils ne s’interdisent rien et il
n’est donc pas étonnant que des danses ou des ballets romains scandalisent
les Hébreux.
Deux danses de ce type ont lieu dans l’Œuvre.
La première a lieu lorsque le Sanhédrin obtient une audience de Pilate
(EMV 549). Les pharisiens sont présents, mais le Proconsul les laisse
attendre longtemps sans leur accorder une once d’attention. En effet, une
fête a lieu chez lui, et il a envie de tout, sauf de s’occuper des
Israélites. Il arrive finalement avec ses invités.
Les Romains rient entre eux
et plaisantent, en lançant de temps à autre un coup d’œil sur le groupe qui
attend tout au fond. L’un d’eux murmure quelque chose à Pilate, qui ne s’est
jamais retourné pour regarder ; mais celui-ci hausse les épaules avec un geste d’ennui et bat
des mains pour appeler un esclave, auquel il ordonne à haute voix d’apporter
des friandises et de faire entrer les danseuses. Les Hébreux, scandalisés,
frémissent de colère. Pensez à un Elchias obligé de voir des danseuses ! Son visage est un poème de
souffrance et de haine.
Les esclaves arrivent avec toutes sortes de douceurs dans des coupes
précieuses, suivis de danseuses couronnées de fleurs et à peine couvertes de
voiles si aériens qu’elles semblent être dénudées. Leur corps très blanc
transparaît à travers les vêtements vaporeux, teintés de rosé
et de bleu clair, quand elles passent devant les brasiers allumés et les
nombreuses lampes posées au fond. Les Romains admirent la grâce des corps et
des mouvements, et Pilate redemande un pas de danse qui lui a
particulièrement plu. Indigné, Elchias, imité par ses compagnons, se tourne vers
le mur pour ne pas voir les danseuses voleter comme des papillons dans un
balancement de parures inconvenantes.
Une fois finie cette courte danse, Pilate les congédie en mettant dans la
main de chacune une coupe remplie de friandises où il jette nonchalamment un
bracelet. Finalement, il daigne se tourner pour regarder les Hébreux et dit à
ses amis d’un air ennuyé :
« Et maintenant… je vais
devoir passer du rêve à la réalité… de la poésie à… l’hypocrisie… de la grâce
aux ordures de la vie. Quelle misère d’être Proconsul !… Salut, mes amis, et ayez
pitié de moi. » (EMV 549).
La danse
est assurément scandaleuse et est contraire aux mœurs. Mais Maria Valtorta en
fait-elle une description détaillée ? Non. Elle
va à l’essentiel. Puisqu’elle est la chroniqueuse de la vie de l’Homme-Dieu,
elle doit noter ce détail, mais nous sommes loin d’une description
balzacienne qui s’étend sur plusieurs pages. Nous avons le contexte et c’est
tout : l’esprit du lecteur ne sait pas fantasmer sur cette scène, et
s’il le fait, c’est uniquement de sa propre volonté.
Venons-en maintenant à l’autre danse, effectuée cette fois lors de la Passion
de Jésus, lorsqu’il est chez Hérode. Là aussi, sa description sera courte.
Pendant qu’on libère Jésus
de ses liens, des serviteurs en grand nombre apportent des amphores et des
coupes, des danseuses entrent… couvertes de rien. Une frange multicolore de
lin ceint pour unique vêtement leur mince personne de la taille aux hanches.
Rien d’autre. Bronzées parce qu’africaines, souples comme de jeunes gazelles,
elles commencent une danse silencieuse et lascive.
Jésus repousse les coupes et ferme les yeux sans mot dire. La cour d’Hérode
rit de son indignation.
« Prends celle que tu veux.
Vis donc ! Apprends à vivre !… » insinue
Hérode.
Jésus est une vraie statue. Les bras croisés, les yeux fermés, il ne bouge
pas même quand les danseuses impudiques le frôlent de leurs corps nus.
« Cela suffit. Je t’ai traité
en Dieu, et tu n’as pas agi en Dieu. Je t’ai traité en homme, et tu n’as pas
agi en homme. Tu es fou. Un vêtement blanc ! Revêtez-le de celui-ci pour que Ponce Pilate
sache que le Tétrarque a jugé son sujet fou. Centurion, tu diras au Proconsul
qu’Hérode lui présente humblement son respect et vénère Rome. Allez » (EMV 604.27).
Que dire sinon
que le comportement des personnages, aussi bien celui de Pilate que d’Hérode
sont inconvenants ? Des danses lascives ont bien lieu, mais on ne devrait pas
s’en étonner puisque leurs deux palais sont un lieu de jouissance, et l’un
d’eux a même connu l’exécution de Jean-Baptiste. La Haine et la concupiscence
règnent dans le palais du Tétrarque ; quant au
domicile de Pilate, il reflète l’esprit de son propriétaire, qui n’a
certainement pas brillé par ses vertus.
Qu’on se scandalise de ces scènes, oui. Qu’on dise que l’œuvre de Maria
Valtorta ne doit pas être lue pour quelques danses scabreuses qui sont, du
reste, très synthétiques, non.
Notons du reste que les censeurs s’offusquent de tels passages, mais ne
semblent pas relever l’attitude de certains personnages. Le comportement de
Jésus face à Hérode est à lui seul un enseignement face à l’impureté et la
tentation. Mais il est peut-être plus facile de relever quelques extraits qui
font apparemment défaut, plutôt que de souligner les vertus du Christ au
moment amer de sa Passion…
Observation
n° 11 :
La lecture de passages de ce genre... pourrait difficilement
être faite sans danger ou dommage sur le plan spirituel.
Haut de page.
L’Osservatore
Romano conclut que de tels passages, à savoir la confession d’Aglaé et les
danses chez Pilate, peuvent être un danger spirituel pour les âmes.
À cela nous répondons par les paroles de l’Évangile : « La lampe du
corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera
dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans
les ténèbres » (Matthieu 6, 22-23).
Une âme qui est sincère, ouverte d’esprit, et bonne, ne se laisse pas
troubler vainement par la description d’une vie marquée par le péché. Elle ne
se laisse pas troubler par une Marie-Madeleine provocante ni par l’attitude
païenne de Pilate. Elle ne se laisse pas troubler par la haine des pharisiens
ni par les tentations que tentent certains personnages à Jésus. L’âme voit,
elle constate, mais elle garde sa paix et tournée vers la Lumière, elle ne
voit que la Lumière. Elle ne se préoccupe donc que d’une chose : la
nourriture spirituelle que lui offre le Christ. Que lui montre Aglaé ? Le fruit
d’un vrai repentir. Que lui montre Pilate ? La
décadence de sa vie et la décadence de Rome. Si l’âme est bonne, elle a pitié
de ces hommes qui sont habités par le vice et elle est dégoûtée par leur
humanité corrompue. Mais elle ne se laisse pas atteindre par ces descriptions,
car elle se nourrit de Dieu et uniquement de Dieu. C’est lui son centre et
son pivot et elle ne veut pas autre chose.
Seules la malice et la volonté de pécher peuvent amener le trouble en nous.
Cela seulement. Mais celui qui est sincère, juste et droit, sait que sa bonne
conscience le laisse tranquille : il peut donc cheminer vers le Seigneur
le cœur léger, et porté vers la Lumière, il monte vers la lumière.
Ajoutons enfin ces paroles du Christ. Il commente à Maria Valtorta l’épisode
de sa tentation au désert, qui était alors vivement critiqué.
Savoir lire ! Tout le monde n’en est pas capable, encore moins avec
exactitude. Pour savoir lire avec exactitude, il importe d’avoir un
regard pur de tout désir intérieur et de tout obscurcissement extérieur. Si
votre œil spirituel — c’est-à-dire votre pensée — est limpide et pur, vous
voyez les choses telles qu’elles sont. Dans ce cas, vous reconnaissez la
glorification du Christ. Mais si votre pensée est obscurcie ou enveloppée des
fumées des connaissances humaines et de l’orgueil de vous croire les seuls à
savoir, ou — pire — par quelque feu impur, alors c’est votre propre reflet
qui teint ce que vous contemplez de couleurs opposées à la réalité, et vous
transformez un épisode chaste, innocent, en quelque chose de sensuel et de
peccamineux. Mais éloignez cet épisode de vos propres lumières, remettez-le
dans sa véritable lumière, et il redeviendra ce qu’il est : le
témoignage d’un héroïsme de chasteté et d’innocence face à un vain piège.
Les
épisodes d’Aglaé et de Pilate ne sont pas innocents, mais la pureté
intérieure protège l’âme mieux qu’aucun bouclier. Une âme qui suit sa
conscience sait bien que de telles attitudes sont immorales et elle ne les
suivra donc pas, elle ne se laissera même pas toucher par cette boue
spirituelle et morale. Elle sera jetée sur le cristal de son cœur mais elle
n’y pénétrera pas. Au contraire, l’âme prendra compte de leur vie pour
essayer de se détacher encore plus de tels péchés afin de voler vers Dieu et
son beau Paradis.
Observation
n° 12 :
Les spécialistes des études bibliques y
trouveront certainement beaucoup d’erreurs historiques, géographiques et
autres. S’il ne s’agit que d’un… roman, ces inventions augmentent évidemment
le pittoresque et le fantastique du livre.
Haut de page.
Il n’est
nul besoin de répondre à cette affirmation. L’énigme Valtorta de
Jean-François Lavère a largement étudié les aspects historiques,
géographiques, archéologiques, architecturaux de l’Œuvre, sans compter les us
et coutumes, la faune et la flore, ainsi que la chronologie mise en place
dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé. Son étude prouve et démontre
qu’il n’y a aucune erreur et aucune contradiction. Au contraire, chaque point
étudié renforce la cohérence des écrits valtortiens et prouve que ceux-ci ne
sont pas issus de l’imagination fantasque d’une auteur malade et grabataire.
Observation
n°13 :
On trouve, au sujet du péché d’Adam et Ève, une
opinion plutôt extravagante et inexacte.
Haut de page.
On regrette
le manque de précision des censeurs. Si nous avions eu l’extrait qu’ils
dénoncent, cela aurait facilité notre recherche et notre
contre-argumentation. On peut néanmoins supposer, sans en être certain,
qu’ils parlent de l’EMV 17. Dans cette dictée, Jésus parle d’Adam et d’Ève.
Dieu avait dit à
l’homme et à la femme : “Vous connaissez toutes les lois et tous les mystères
de la création. Mais n’essayez pas de m’usurper le droit d’être le Créateur
de l’homme. Mon amour, qui circule en vous, suffira à la propagation de la
race humaine, sans luxure ; le seul mouvement de la charité suscitera les
nouveaux Adam de la race humaine. Je vous donne tout. Je me réserve
uniquement ce mystère de la formation de l’homme. ”
Satan a voulu retirer à l’homme cette virginité intellectuelle ; de sa langue
de vipère, il a flatté et caressé les membres et les yeux d’Ève, provoquant
en elle des réflexes et une excitation qu’ils n’avaient pas avant, quand la
malice ne les avait pas encore intoxiqués.
Elle “ vit ”. Elle voulut essayer. C’était l’éveil de la chair. Ah, si
elle avait appelé Dieu ! Si elle avait couru lui dire : “ Père ! Je suis
malade. Le Serpent m’a caressée et le trouble est en moi. ” Le Père l’aurait
purifiée et guérie par son souffle : de même qu’il lui avait infusé la vie,
il aurait pu lui infuser une nouvelle innocence en lui faisant oublier le
poison du serpent et même en suscitant en elle de la répulsion pour le
Serpent, comme cela arrive chez ceux qui, attaqués par une maladie, en
gardent une instinctive répugnance. Mais Ève ne va pas vers le Père. Elle
revient vers le Serpent. Cette sensation lui est douce. “ La femme vit que
l’arbre était bon à manger et séduisant à voir… Elle prit de son fruit et
mangea. ”
Alors elle “ comprit ”. Désormais la morsure du mal était descendue en
elle. Elle vit avec des yeux neufs et entendit avec des oreilles nouvelles
les mœurs et les voix des brutes. Et elle les désira d’un désir fou.
Elle a commencé seule à pécher, mais elle termina avec son compagnon. Voilà
pourquoi une condamnation plus lourde pèse sur la femme. Si l’homme est
devenu rebelle à Dieu, s’il a connu la luxure et la mort, c’est à cause
d’elle. C’est à cause d’elle qu’il n’a plus su dominer ses trois règnes :
celui de l’esprit, puisqu’il a permis que l’esprit désobéisse à Dieu ; celui
de la conduite morale, parce qu’il a permis que les passions le dominent ;
celui de la chair, parce qu’il l’a rabaissée aux lois instinctives des bêtes.
“ C’est le serpent qui m’a séduite ”, dit Ève. “ C’est la femme que tu as mise
auprès de moi qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé ”, dit
Adam. Depuis lors, la triple convoitise s’attache aux trois règnes de
l’homme.
Seule la grâce peut desserrer l’étreinte de ce monstre impitoyable. Si elle
est vivante, très vivante, si la volonté d’un enfant de Dieu fidèle la
maintient toujours plus vivante, elle parvient à étrangler le monstre et à
n’avoir plus rien à craindre : ni les tyrans intérieurs – ceux de la chair et
des passions –, ni les tyrans extérieurs – ceux du monde et des puissants de
ce monde –, ni les persécutions, ni la mort. Et, comme dit l’apôtre Paul : “
Mais je n’attache aucun prix à ma propre vie, pourvu que je mène à bonne fin
ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage
à l’Evangile de la grâce de Dieu. ” (EMV 17.4-6).
Face à
cette lecture, l’Osservatore Romano semble conclure – selon nous – que le
péché originel est vu de la sorte :
- Il y avait une virginité intellectuelle de nos premiers parents, sans
aucune luxure d’aucune sorte (spirituelle ou charnelle) ;
- Satan tente Ève, il flatte et caresse « les membres et les yeux d’Ève,
provoquant en elle des réflexes et une excitation qu’ils n’avaient pas
avant ». L’Osservatore Romano semble en conclure que la chair est éveillée.
D’ailleurs, c’est ce que dit ensuite le texte.
- « Elle “ vit ”. Elle voulut essayer. C’était l’éveil de la
chair. »
- « Elle comprit » et elle va faire pécher son compagnon. Non
contente de sa faute, elle l’entraine dans sa chute : on arrive donc à
la luxure.
Selon l’Osservatore Romano, ce passage dit donc que seule la chair est au
centre du péché originel. Mais il faut savoir bien lire le texte. Et bien
comprendre le passage suivant : « Satan a voulu retirer à l’homme
cette virginité intellectuelle ; de sa langue de vipère, il a flatté et
caressé les membres et les yeux d’Ève, provoquant en elle des réflexes et une
excitation qu’ils n’avaient pas avant ».
Ce trouble ne concerne pas seulement aussi la chair, mais aussi l’esprit.
Lisons donc le texte de la Genèse pour développer notre propos.
Le serpent était
le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits.
Il dit à la femme : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : “Vous ne mangerez
d’aucun arbre du jardin” ? » La femme répondit au serpent : « Nous mangeons
les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au
milieu du jardin, Dieu a dit : “Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez
pas, sinon vous mourrez.” » Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous
ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux
s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. »
(Genèse 3, 1-5).
Que se
passe-t-il en Ève ? Elle se laisse bercer par les paroles de Satan. L’orgueil
fermente en elle, puisqu’elle croit pouvoir désobéir en toute impunité ;
de plus, elle se laisse convaincre par l’argument du Serpent, qui lui déclare
que quand ils mangeront de ce fruit, ils seront « comme des
dieux ». Ève est ainsi touchée par l’orgueil et la vanité de connaître
plus que ce qui ne lui est permis. Elle croit pouvoir tout faire par
elle-même, sans plus se référer au Seigneur. Consumée par l’orgueil, elle
désobéit. En désobéissant, elle manque d’amour envers Dieu, qui lui a donné ce
commandement pour son bien. Dès lors, sa descente spirituelle est entamée. Si
l’orgueil supprime l’amour, l’amour, lui, supprime la confiance et Ève ne se
confie plus en la Bonté paternelle de Dieu.
L’épouse d’Adam est donc troublée dans son esprit. Or, une fois que Satan l’a
tentée spirituellement, elle peut être également troublée au niveau de ses
sens. En effet, si un esprit est fort et bonne santé, il sait garder son
corps des passions et lutter efficacement contre elles. Dès lors que l’âme se
laisse toucher volontairement par la tentation, et se complait en cette
dernière, l’âme peut connaître des passions difficiles à contrôler si elle
n’a pas une ferme volonté.
Ève n’a pas le désir de résister aux insinuations de Satan. Il est doux de
l’écouter. Il flatte ses yeux, c’est-à-dire son esprit, car rappelons-le,
l’œil est le miroir du cœur de l’homme. « Si ton œil est limpide, ton
corps tout entier sera dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton
corps tout entier sera dans les ténèbres ». Ève se laisse tenter et est
enivrée par l’orgueil, qui lui fait croire que tout lui est permis. Elle voit
que « le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était
agréable à regarder et qu’il était désirable, cet arbre, puisqu’il donnait
l’intelligence » (Genèse 3, 6).
Son regard a donc changé. Il n’est plus innocent et pur puisque son
esprit est troublé par les paroles de Satan. Elle voit et c’est seulement
alors qu’elle connaît la tentation de la chair. Sa dégradation spirituelle a
en effet permis qu’elle connaisse les passions et elle ne fait rien pour y
résister. Satan caresse ainsi ses yeux et ses membres, ce qui comprend
et la chair et l’esprit.
Dès lors, elle mange le fruit, et elle en donne à son mari. Ils accomplissent
alors un acte de luxure, qui est la gourmandise portée à l’excès, en désirant
connaître des choses qui ne leur étaient pas permises. La chair vient dès
lors en dernier pour ce qui est du péché originel. Dans une dictée
ultérieure, l’Esprit Saint l’explique très clairement :
Le premier acte
contre l'amour a été commis par l'orgueil, la désobéissance, la méfiance, le
doute, la rébellion et la concupiscence spirituelle. En dernier, il a été
achevé par la concupiscence de la chair. J'ai bien dit : en dernier. Plusieurs
pensent le contraire : que l'acte de concupiscence de la chair ait été le
premier. Non. Dieu est ordre en toutes choses.
Même
dans ses rapports avec la loi divine, l'homme a péché premièrement contre
Dieu. Il a voulu être semblable à Dieu. Il a voulu être "dieu" dans
la connaissance du Bien et du Mal. Il a voulu une liberté d'agir absolue,
donc illicite. Il a voulu la liberté d'agir selon son bon vouloir et plaisir,
contre tout conseil ou prescription divine. Deuxièmement, il a péché contre
l'amour. Il s'est aimé de façon abusive, en niant à Dieu l'amour révérenciel
qui lui revient, en mettant son propre moi à la place de Dieu, et en
témoignant de la haine pour son prochain à venir: à sa propre race il a
transmis l'héritage de la faute et de la condamnation. En dernier lieu, il a
péché contre sa dignité de créature royale, créature qui avait reçu le don de
la parfaite maîtrise sur ses propres sens.
Le péché de la chair
ne pouvait pas avoir lieu tant que l'état de Grâce et les autres états
conséquents étaient encore présents et actifs. Tant que persistait
l'innocence, et donc la domination de la raison sur les sens, la tentation
sensuelle aurait pu survenir, mais l'homme n'aurait pas consommé la faute
sensuelle (Leçons sur
l'Épitre de Saint-Paul aux Romains no. 23, p. 144).
Cet extrait
de l’EMV 17 ne contiennent donc pas d’erreur sur la doctrine
catholique.
Observation
n°14 :
Marie est la seconde-née du Père.
Haut de page.
Dans
l’article de l’Osservatore Romano, on peut lire le paragraphe suivant.
Au volume 1, page
63, on lit sous ce titre : "Marie peut être appelée seconde-née du
Père", affirmation répétée en tête de la page suivante. Les précisions,
tout en évitant une hérésie authentique, n’enlèvent pas l’impression fondée
qu’on veut construire une nouvelle mariologie qui dépasse facilement les
bornes de la conformité théologique.
Voici
le texte de l’EMV.
Le Père, en tant
que Créateur, renouvela son œuvre du sixième jour et eut une vraie “ fille ”,
digne de lui, à sa parfaite ressemblance. L’empreinte de Dieu s’était
imprimée en Marie avec une telle netteté que seul le Premier-né du Père lui
était supérieur. Marie peut être appelée la “ puînée ” du Père, en raison de
la perfection qu’elle reçut et sut conserver, de sa dignité d’Épouse de Dieu,
de Mère de Dieu, et de Reine du Ciel : elle vient au second rang après le
Fils du Père et dans sa Pensée éternelle, parce qu’il se complaît en elle de
toute éternité (EMV 1).
« Puiné »
veut dire « cadet » : dans ce contexte, ce terme veut dire
« seconde-née du Père » comme le souligne l’Osservatore Romano.
Est-ce quelque chose d’inexact ? Premièrement, ce n’est pas une hérésie,
les censeurs de l’article de 1960 le disent eux-mêmes. Deuxièmement, ce que
déclare Jésus n’a rien d’infondé et on peut le comprendre en lisant une
dictée du 16
août 1943. Jésus explique à Maria pourquoi
il est le « le Premier-né d’entre les morts »(Colossiens 1,
18 ; Apocalypse 1, 5) selon
l’ordre humain et l’ordre divin.
Je
suis le ‘Premier-né d’entre les morts’ selon l’ordre humain et l’ordre
divin.
Premier-né
selon l’ordre humain parce que je suis, du côté de ma Mère, fils d’Adam, le
premier engendré, de la lignée d’Adam, qui naquis comme auraient dû naître
tous les enfants de ceux qui furent créés par mon Père.
N’écarquille pas les yeux. Marie est née sans tache par la volonté de Dieu et
sa préservation a été justement voulue pour préparer ma venue. Mais sans une
volonté spéciale, Marie, qui était née d’un homme et d’une femme unis selon
la loi de la nature, n’aurait pas été différente de toutes les autres
créatures issues de la racine contaminée d’Adam. Elle aurait été une grande
‘juste’ comme beaucoup d’autres hommes et femmes de l’antiquité, mais rien de
plus. La Grâce, Vie de l’âme, aurait été tuée en Elle par le péché originel.
C’est moi qui ai vaincu la mort et la Mort. Moi qui ai rappelé à la Vie les
morts des Limbes. Ils dormaient. Tels que Lazare, dont la résurrection voile
celle-ci, plus vraie. Je les ai appelés. Et ils sont ressuscités. Moi, qui
suis né d’une femme fille d’Adam, mais sans tache originelle, c’est-à-dire
comme auraient dû être tous les enfants d’Adam, je suis donc, dans l’ordre
naturel, le premier-né d’Adam, né vivant au milieu de ceux qu’Adam a engendrés morts.
Si nous nous arrêtons déjà sur ce passage, on peut comprendre que Marie est
bien la seconde-née du Père, parce qu’elle est née d’un fils d’Adam et d’une
fille d’Ève (Anne et Joachim) en étant préservée du péché originel. Elle naît
donc en ayant l’innocence de nos premiers parents. Cela a été une grâce qui
lui a été accordée, dont elle ne peut se prévaloir : elle est Immaculée
Conception par prodige de Dieu, et seconde-née du Père, parce que le Fils est
de toute éternité, avant même son Incarnation.
Un peu plus loin, Jésus déclare encore :
Enfin, je suis le
‘Premier-né’ parmi les morts, car ma Chair entra la première dans le Ciel où
entreront, à la dernière résurrection, les chairs des saints dont les esprits
attendent dans la Lumière la glorification de leur moi complet, comme il est
juste que ce soit, puisqu’ils se sanctifièrent en dominant leur chair et en
la martyrisant pour la mener à la victoire; comme il est juste que ce soit
parce que les disciples sont semblables au maître, par la volonté aimante du
maître, et moi, votre Maître, je suis entré dans la Gloire avec ma chair qui
fut martyrisée pour la gloire de Dieu.
(…)
Marie
est la seconde-née du Père parce qu’elle est également la deuxième à pénétrer
dans le Ciel avec son corps glorifié, comme nous le croyons au travers du
dogme de l’Assomption.
Reprenons maintenant la déclaration du Seigneur et relisons-la à la lumière
de la dictée précédente. Est-ce que cela semble incohérent ? Non. Est-ce
que cette déclaration supplante la Tradition, le Magistère, et la
Révélation ? Non. Marie est bien préservée du péché originel, elle a
bien l’innocence de nos premiers parents, et aucune créature ne peut l’égaler
en termes de grâce, d’amour de Dieu et du prochain. En effet, elle a aimé avec
une intensité telle que seul Dieu la surpasse au Paradis. On peut donc
l’appeler la fille cadette du Père, car comme son Fils, elle était une
créature semblable à ce que pensa le Père à l’origine. De plus, elle vécut
une vie sainte, propre à sa dignité « d’Épouse de Dieu, de Mère de Dieu,
et de Reine du Ciel » jusqu’à ce qu’elle atteigne le Ciel.
Observation
n°15 :
Une déclaration sur le Paradis hermétique et
confuse.
Haut de page.
L’Osservatore
Romano déclare :
Dans le volume
II, page 772, on lit : "Le Paradis est lumière, parfum et harmonie. Mais
si le Père ne se délectait pas, dans la contemplation de la Toute Belle qui
fait de la Terre un paradis, mais si le Paradis devait dans le futur ne pas
avoir le Lis vivant dans le sein duquel sont les Trois pistils de feu de la
divine Trinité, la lumière, le parfum, l'harmonie et la joie du Paradis
seraient diminués de moitié". On
présente une notion hermétique et plus confuse que jamais, ce qui est
heureux, car si on devait la prendre à la lettre, elle n’échapperait pas à
une censure sévère.
Nous avons
retrouvé cet extrait, et nous proposons au lecteur de lire le contexte qui
entoure cette déclaration. Jésus est alors avec Marie-Madeleine, la sœur de
Lazare et celle-ci regrette de ne pas avoir une âme aussi pure qu’elle le
voudrait, compte tenu de sa vie passée.
Jésus remarque le soupir qu'elle étouffe, et il lit le regret que voile un
sourire. Il guérit tout de suite la peine de Marie.
"Les âmes pures,
où y en a-t-il, Marie ? Il est plus facile à une montagne de se déplacer qu'à
une créature de savoir se maintenir pure des trois impuretés. Trop de choses
s'agitent et fermentent autour d'un adulte. Et il ne peut toujours empêcher
qu'elles pénètrent à l'intérieur. Il
n'y a que les enfants qui ont l'âme angélique, l'âme préservée par leur
innocence des connaissances qui peuvent se changer en fange. C'est pour cela
que je les aime tant. Je vois en eux un reflet de la Pureté infinie. Ce sont
les seuls qui portent avec eux ce souvenir du Ciel.
Ma Mère est la femme à l'âme d'enfant. Plus encore. Elle est la Femme à l'âme
angélique. Telle Ève sortie des mains du Père. Imagines-tu, Marie, ce qu'aura
été le premier lys fleuri dans le jardin terrestre ? Ils sont si beaux aussi
ceux qui conduisent à cette eau. Mais le premier sorti des mains du Créateur
! Était-ce une fleur ou un diamant ? Était-ce des pétales ou des feuilles
d'argent très pur ? Eh bien, ma Mère est plus pure que ce premier lys qui a
parfumé les vents. Et son parfum de Vierge inviolée emplit le Ciel et la
Terre, et c'est derrière elle que marcheront ceux qui seront bons dans les
siècles des siècles.
Le Paradis est lumière, parfum et harmonie. Mais si en lui le Père ne se
délectait pas dans la contemplation de la Toute Belle qui fait de la Terre un
paradis, mais si le Paradis devait dans l'avenir ne pas posséder le Lys
vivant dans lequel se trouvent les trois pistils de feu de la Divine Trinité,
lumière, parfum et harmonie, la joie du Paradis seraient amoindris de moitié.
La pureté de la Mère sera la gemme du Paradis.
Mais le Paradis est sans limites ! Que dirais-tu d'un roi qui n'aurait qu'une
gemme dans son trésor ? Même si c'était la gemme par excellence ?
Quand j'aurai ouvert les portes du Royaume des Cieux... - ne soupire pas,
Marie, c'est pour cela que je suis venu - beaucoup de justes et de petits
entreront, troupe candide derrière la pourpre du Rédempteur. Mais ce sera
encore peu pour peupler les Cieux de gemmes et former les citoyens de la
Jérusalem éternelle. Et ensuite... lorsque la Doctrine de Vérité et de
Sanctification sera connue par les hommes, lorsque ma Mort aura redonné la
Grâce aux hommes, comment les adultes pourraient-ils conquérir les Cieux, si
la pauvre vie humaine est une fange continuelle qui rend impur ? Alors donc
est-ce que mon Paradis appartiendra aux seuls petits ? Oh ! non ! Il faut
savoir devenir des enfants, mais c'est aussi aux adultes qu'est ouvert le
Royaume. Comme des petits... Voilà la pureté.
Tu vois cette eau ? Elle paraît si limpide, mais observe : il suffit qu'avec
un jonc j'en remue le fond pour qu'elle se trouble. Des détritus et de la
boue affleurent. Son cristal devient jaunâtre et personne n'en boirait plus.
Mais si j'enlève le jonc, la paix revient et l'eau revient peu à peu à sa
limpidité et à sa beauté. Le jonc c'est le péché. Il en est ainsi des âmes.
Le repentir, crois-le, est ce qui purifie les âmes..." (EMV 377).
Jésus parle
de sa Mère en parlant auparavant du Paradis terrestre et de la pureté des
âmes, notamment celle des enfants et des innocents. Concentrons-nous
maintenant sur la partie qui a posé problème à l’Osservatore Romano :
Le Paradis est
lumière, parfum et harmonie. Mais si en lui le Père ne se délectait pas dans
la contemplation de la Toute Belle qui fait de la Terre un paradis, mais si
le Paradis devait dans l'avenir ne pas posséder le Lys vivant dans lequel se
trouvent les trois pistils de feu de la Divine Trinité, lumière, parfum et
harmonie, la joie du Paradis seraient amoindris de moitié. La pureté de la
Mère sera la gemme du Paradis.
Prenons
deux choses en considération :
- Le Paradis est, par essence, un lieu parfait, un lieu béatifique, puisque
c’est là que réside le Seigneur et la Trinité Sainte.
- Le Père se délecte dans la Toute-Belle, parce que Marie a un cœur, un
esprit et une âme virginale, une âme d’une telle pureté qu’il peut poser son
regard sur la Terre sans être dégoûté par le péché qui a inondé tous ses
enfants. Il se complaît en sa Bien-Aimée, parce qu’il l’aime et qu’elle lui
rend son amour, en se préservant volontairement de tout mal qui pourrait
blesser le Seigneur ou son âme.
La joie du Paradis serait-elle amoindrie de moitié si Marie n’avait pas été
élevée au Ciel ? Il ne faut pas le comprendre en termes de degrés de
béatitude, comme une première interprétation pourrait le croire. Un lieu
parfait est un lieu inaltérable : la joie qu’on y trouve ne peut donc
diminuer. Par contre, on sait que chaque saint et bienheureux qui entre au
Ciel est comme une gemme du Paradis, un joyau qui augmente la joie du
Seigneur et la nôtre, car notre âme est sauvée, et la Trinité Sainte peut
enfin déverser sur nous son amour et sa tendresse, sans plus se retenir comme
lorsque nous sommes sur la Terre.
Si Marie n’entrait donc pas au Ciel, Dieu serait privé de sa présence et ne
pourrait se complaire en elle et elle en Lui ; sa gloire n’augmenterait
pas car il ne
pourrait pas accueillir son Enfant en son sein ni déverser sur lui ses
trésors de grâce. Le Seigneur – et le Paradis – serait donc privé de sa
présence, et la joie du Ciel ne pourrait pas augmenter en contemplant la Mère
de Dieu. La joie du Paradis serait donc amoindrie de moitié car Marie a, à
elle seule, autant de gloire que tous les saints du Paradis.
Pour l’expliquer autrement, nous pouvons diviser la gloire du Paradis en deux
moitiés :
- L’une reprend toute la gloire des saints et des bienheureux réunis.
- L’autre reprend la gloire de Marie qui est aussi grande que celle de tous
ses enfants réunis.
Si on enlève Marie, il ne nous reste qu’une demie, la joie du Paradis serait
donc amoindrie de moitié en son absence.
La joie parfaite du Ciel n’augmenterait donc pas si elle ne devait
jamais y entrer.
Nous pensons donc qu’il faut comprendre ce texte par rapport aux bienheureux,
qui rajoutent toujours un éclat de gloire au Sauveur lorsqu’ils sont sauvés.
Observation
n°16 :
Une affirmation étrange et imprécise. « Toi,
pendant le temps que tu resteras sur Terre, tu seconderas Pierre « comme hiérarchie ecclésiastique ».
Haut de page.
Marie n’est
pas destinée à seconder Pierre dans la hiérarchie ecclésiastique d’alors.
Marie est la Mère de l’Église naissante et elle est respectée et vénérée par
tous les apôtres. Elle ne prétend toutefois jamais s’insérer dans la
hiérarchie de l’Église. De même, aucun des apôtres n’insinue quelque chose de
tel, mais ils savent qu’elle est toujours là pour eux et pour leur apporter
des conseils. Après le départ du Christ, ils avaient besoin de sa présence
toute maternelle. Il est d’ailleurs probable qu’elle ait non seulement aidé
les apôtres, mais aussi d’autres disciples qui avaient besoin de son soutien.
Cela ne veut cependant pas dire qu’elle a une autorité ecclésiastique. Elle
est certes l’un des piliers sur lequel se construit l’Église, mais sa
présence est toujours très humble et discrète. Elle n’équivaut donc pas
Pierre, ne le remplace pas, et ne sabote pas son autorité. De même, elle
n’apparaît jamais comme une cheffe qui conduit l’Église. Ce n’est pas le
tempérament de Marie, quand bien même elle est la Mère du Christ.
Jésus lui-même évoque la naissance de l’Église à ses apôtres, en évoquant les
rôles de Pierre et de Marie :
Je pourrai m’en aller tranquille quand viendra l’heure. Je ne
dois pas craindre pour mon Église. À ce moment-là, elle sera petite et
chétive comme Marziam. Mais ma Mère sera là pour la tenir comme cela par la
main et lui servir de mère ; et il y aura Pierre pour lui servir de père. Dans sa main honnête et calleuse,
je peux, sans aucun souci, mettre la main de mon Église naissante. Pierre lui
donnera la force de sa protection, ma Mère la force de son amour (EMV 199.6).
Leurs rôles
sont bien distincts : Marie fera grandir l’Église par son amour, Pierre
par sa force, sa fermeté et sa protection paternelle. Ils n’empièteront pas
sur l’autre, et seul le pécheur de Galilée aura le rôle de chef. Cela est
maintes fois répété dans l’œuvre (EMV 132, EMV 313, EMV 343, EMV 596…). On ne
peut donc avoir de doutes sur la primauté de Pierre. Marie, quant à elle,
montre bien son désir d’avoir une vie de prières après l’Ascension, tout en
étant à la disposition de l’Église et des apôtres. Elle vivra ainsi à
Gethsémani après la mort de Jésus, aux côtés de Jean et sera toujours là pour
l’Épouse de son Fils.
Durant sa vie publique, Jésus lui-même lui confie son héritage alors qu’il se
retrouve seul avec sa Mère. Il lui parle d’abord de ses apôtres et il déclare
:
Dès maintenant je te les
confie, Mère. Souviens-toi de ces mots : je te les confie. Je te donne mon
héritage. Je n’ai rien d’autre sur terre qu’une Mère : elle, je l’offre à
Dieu, Hostie avec l’Hostie ; et mon Église : c'est à toi que je la confie.
Sois pour elle une nourrice. Il y a peu de temps, je pensais aux nombreux
hommes en qui, au cours des siècles, revivrait l’homme de Kérioth avec toutes
ses tares. Et je pensais que tout autre que Jésus repousserait cet être taré.
Mais moi, je ne le repousserai pas. Je suis Jésus. Toi, pendant le temps que
tu resteras sur la terre, sois soumise à Pierre pour ce qui tient à la
hiérarchie ecclésiastique, lui comme Chef et toi comme fidèle, mais la première avant tous comme Mère de l’Église puisque tu
m’as enfanté, moi, le Chef de ce Corps mystique ; toi, ne repousse pas les
nombreux Judas. Mais secours-les et apprends à Pierre, à mes frères, à Jean,
Jacques, Simon, Philippe, Barthélemy, André, Thomas et Matthieu à ne pas
repousser, mais à secourir. Défends-moi dans ceux qui me suivent, et
défends-moi contre ceux qui voudront disperser et démembrer l’Église
naissante. Et au cours des siècles, Mère, sois toujours celle qui intercède
et protège, défend, aide mon Église, mes prêtres et mes fidèles, contre le
Mal, contre le châtiment, contre eux-mêmes… Que de Judas, Mère, au cours des
siècles ! Et combien qui ressemblent à des déficients incapables de
comprendre, à des aveugles qui ne savent pas voir, à des sourds qui ne savent
pas entendre, ou à des estropiés et des paralytiques qui ne savent pas
marcher… Mère, prends-les tous sous ton manteau ! Toi seule peux et pourras
changer les décrets de châtiment de l’Eternel pour un ou pour plusieurs. Car
la Trinité ne pourra jamais rien refuser à sa Fleur (EMV 455.5).
D’une part, Marie est la
première avant tous, car elle a cru dès l’instant de l’Annonciation et
a donné son Fils au monde : elle a enfanté le « Chef de ce Corps
mystique » et est de ce fait Mère de l’Église. D’autre part, Jésus lui
demande bien d’être soumise à Pierre en tant que fidèle : lui seul sera
chef de l’Église, comme elle seule en sera la Mère pour les siècles des
siècles.
Nulle part Marie n’est seconde après Pierre. Elle est la Mère du Christ et la
Mère de l’Église naissante : en cela, son rôle est unique. Elle aidera
ainsi toujours les apôtres à façonner l’Église, mais dans une belle harmonie,
telle que voulue par son Fils.
Observation
n°17 :
L’œuvre montre de l’irrévérence.
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Eu égard à
tout ce que nous avons écrit jusqu’à présent, l’œuvre ne nous semble pas
montrer d’irrévérence, ni envers Dieu, ni envers l’enseignement de l’Église,
ni envers son prochain. Il y a bien la vie d’innombrables pécheurs, mais
doit-on réellement s’en étonner ? Le Christ déclare bien aux pharisiens
: « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin,
mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des
pécheurs » (Marc 2, 17). Et Luc précise encore (5, 32) :
« Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour
qu’ils se convertissent. » Aglaé, Jean d’En-dor
et Marie-Madeleine en sont des magnifiques exemples. Tous ces personnages
essaient de grandir dans la sainteté, et nous ne voyons donc pas où peut se
trouver l’irrévérence citée par l’Osservatore Romano.
Observation
n°18 :
On lit les mots « Jésus dit… »,
« Marie dit… : » (…) et Maria Valtorta prétend avoir vu tout
le temps messianique
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On lit les
mots « Jésus dit » et « Marie dit ». Encore
heureux ! Imaginez l’Œuvre sans ces précisions. On aurait alors pu
croire que Maria Valtorta était un véritable génie, une théologienne de
renom. Et ç’aurait été très grave, car elle se serait attribuée par là-même
des paroles qui n’étaient pas les siennes.
Par ces ajouts et ces notes supplémentaires (elle précise par exemple quand
elle reçoit des visions), Maria a l’humilité de dire qu’elle n’invente rien
et surtout que ça ne vient pas d’elle. A l’époque, on aurait peut-être pu
prendre cela pour de la présomption. Mais on ne peut plus faire la même
conclusion aujourd’hui. D’innombrables études ont été faites sur Maria
Valtorta et beaucoup de chercheurs (Jean-François Lavère, Maurizio Raffa, Fernando La Greca…) ont
conclu qu’une seule personne, alitée et grabataire, n’aurait pas pu écrire
tout cela.
Nous avons donc l’impression que l’Osservatore Romano doute ici de la
crédibilité de ces ajouts : en fait, ils lui donnent plutôt du crédit,
puisque L’Evangile tel qu’il m’a été révélé et les œuvres annexes
présentent tant de connaissances qu’il n’aurait pas été possible à Maria Valtorta
de tous les connaitre.
Nous tenons aussi à souligner que Maria Valtorta désirait être anonyme
jusqu’à sa mort, c’était d’ailleurs un désir de Jésus lui-même. Elle ne
cherchait donc pas à avoir du succès de son vivant, or, c’est ce que
souhaitent généralement les faux prophètes qui prétendent recevoir des
visions. Maria ne désire ni succès, ni reconnaissance, elle veut juste
accomplir la mission que Dieu lui a donnée. Les hommes qui l’entourèrent ne
se montrèrent pas prudents et ne suivirent pas les recommandations divines,
ce qui est regrettable. Néanmoins, cela n’a pas altéré le succès de l’œuvre,
qui s’est vendu aujourd’hui à des millions d’exemplaires. C’est Jésus qui en
est l’Auteur, et Maria n’est que la plume que son Sauveur a utilisé pour le salut
de ses frères.
Observation
n°19 :
Cette condamnation est faite sur des souvenirs…
d’environ une dizaine d’années (…) et est d’autant plus opportune qu’il
s’agit de désobéissance grave.
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La boucle
est bouclée. Nous revenons à la question de l’imprimatur et de la
condamnation effectuée par le Saint-Office. Pour rappel, nous sommes en
janvier 1960 : les censeurs qui écrivent rappellent donc des faits qui
se sont déroulés aux alentours de 1950. En 1946, on demande au Père
Migliorini de cesser de diffuser les extraits de l’œuvre. Ensuite, en 1948,
vient la déclaration du Pape Pie XII. Enfin, en 1949, Mgr Giovanni Pepe et le Père Girolamo Berutti
essaient d’enterrer l’œuvre en ordonnant que le Père Berti leur remette les
écrits de Maria Valtorta. Evidemment, cela n’a pas lieu.
On s’interroge néanmoins : depuis quand une
condamnation est basée sur des souvenirs qui datent d’une dizaine
d’années ? On ne peut pas faire plus imprécis, d’autant que les censeurs
ne précisent pas exactement à quels souvenirs ils se réfèrent. On ne les évoque tout simplement pas. Or,
quand on condamne une œuvre, ne doit-on pas se baser sur des faits bien
établis ?
De plus, rappelons que dans les années 1945-1950,
aucune condamnation officielle n’a été écrite. On a bien demandé au Père
Migliorini de cesser la diffusion d’extraits de l’EMV, mais il s’agit d’une
demande. Quant à la convocation du Père Berti en 1949, elle est illégale et
illicite et il n’y a pas de traces officielles de cette entrevue. Cette
condamnation basée sur des souvenirs n’est donc pas crédible.
L’Osservatore Romano va toutefois plus loin et dit
que la publication de l’œuvre (à partir de 1956) constitue une désobéissance
grave. Rappelons quand même que le Pape lui-même a encouragé cette même
publication en 1948. Or cet imprimatur oral est juridiquement valable, si on
en croit l’avis de Mgr Edouard Gagnon. L’éditeur et l’auteure n’étaient donc pas en faute en
publiant l’œuvre. Quant à l’absence d’imprimatur d’usage, accordé par un
évêque italien, comme le voulait le Pape, soulignons que le Saint-Office a
tout fait pour que ce dernier ne soit pas accordé. Les censeurs font preuve
d’une mauvaise foi absolue en accusant l’EMV de ne pas en avoir reçu, parce
qu’ils ont précisément fait en sorte que l’œuvre n’en ait pas.
L’Osservatore a donc un parti pris bien énoncé, et
n’est pas impartial dans sa condamnation. Celle-ci perd dès lors de sa force
et de sa cohérence, puisque les censeurs se basent sur des souvenirs confus,
imprécis, et méprisent l’avis du Pape et des autres personnalités de
l’Eglise.
Conclusion.
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Dans notre préambule, nous nous étions notamment demandé si les
arguments de l’Osservatore Romano étaient crédibles. Après notre analyse,
nous pensons qu’on peut diviser leurs propos en plusieurs catégories. On
trouve donc :
- Les arguments basés sur les faits : cela
concerne l’imprimatur. Cependant, cette sanction disciplinaire est biaisée,
car nous avons vu que le Saint-Office avait fait pression pour que
l’imprimatur ne soit pas accordé.
- Les arguments subjectifs : quand l’Osservatore
pense que Jésus est un propagandiste, que le récit se déroule au rythme de lents
et vains bavardages, ou que les spécialistes des études
bibliques trouveront certainement beaucoup d’erreurs dans cet ouvrage,
il s’agit d’un avis personnel, arbitraire, issu de leur lecture de l’œuvre.
Un autre lecteur ne pourra pas du tout avoir le même ressenti. Dès lors que
ces arguments sont subjectifs, ils perdent leur puissance ; ils peuvent
même être totalement démontés par l’analyse des chercheurs, comme le travail
de Jean-François Lavère. Une recontextualisation peut également faire
comprendre que leur interprétation est fausse et erronée.
- Les arguments doctrinaux, qui mettent en avant des propos imprécis,
confus, hermétiques. Nous avons essayé de mettre en lumière ces derniers pour
prouver que tout est conforme à la doctrine catholique dans les récits donnés
à Maria Valtorta.
- Les généralisations : quand l’Osservatore Romano dit que la
Sainte Vierge est présente partout ou que Marie est toujours prête à donner
des leçons de théologie, sans citer de passages pour appuyer ses arguments,
nous considérons que le Saint-Office énonce des prétendues vérités générales.
Or, celles-ci induisent en erreur le lecteur, puisque de telles choses ne se
retrouvent dans l’EMV. Ces observations du Saint-Office déforment donc les
écrits valtortiens.
Nous ne sommes donc pas d’accord avec les propos de l’Osservatore Romano et
nous avons essayé de démontrer au mieux pourquoi nous pensions différemment.
Encore une fois, nous respectons le point de vue de chaque lecteur. Nous
avons défendu cette Œuvre, car cette dernière est source de grâces pour
énormément de fidèles : elle éclaire l’Evangile canonique et nous fait
toujours plus aimer le Seigneur. Nous estimons donc qu’il faut la défendre et
la diffuser pour que les âmes puissent toujours plus avancer vers Dieu et
s’attacher à sa Lumière.
Nous invitons donc le lecteur à se faire sa propre opinion sur le sujet, car
on n’est jamais mieux éclairé que par sa conscience et par son cœur. Lisez
l’œuvre, ne serait-ce qu’en commençant à lire le début de la vie publique, et voyez
si elle fait fructifier en vous les douze fruits de l’Esprit. C’est le
meilleur signe pour voir si Dieu est avec nous ou non. Si cela vous plait et
vous élève vers le Seigneur, continuez à la découvrir. Et si vous n’accrochez
pas à cette révélation privée, l’Eglise a encore d’innombrables trésors à
vous proposer.
Que le Seigneur vous garde et vous bénisse.
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