"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

© Fondation héritière de Maria Valtorta.

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 5.303 - Gesù dalla Madre a Nazareth.

 3.302 - Jesus at Nazareth for the Dedication.

 4.303 - Jesús donde su Madre en Nazaret.

 5.348 - Jesus am Lichtfest in Nazareth.



Souvenirs du départ vers Bethléem.

 


Jeudi 9 novembre 28
(5 Kisleu 3789)
Nazareth.


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 Anniversaire du départ de Joseph et Marie pour Bethléem.


 

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Ancienne édition : Tome 4, chapitre 169.
Nouvelle édition : Tome 5, chapitre 303.

303
Jésus à Nazareth chez sa Mère.

Le lundi 15 octobre 1945.

56>  303.1 - Une soirée déjà sombre de décembre, froide, venteuse. À part les feuilles arrachées aux arbres qui en ont encore et qui bruissent au sifflement du vent, il n'y a pas d'autre bruit dans les rues de Nazareth, obscures comme celles d'une ville morte. Des maisons fermées il ne sort ni lumière ni bruit. Une vraie soirée de loups...  

Et par contre, par les rues de Nazareth, se dirige l'Agneau de Dieu, tout droit vers sa maison. Grande ombre obscure dans son vêtement sombre, il semble se perdre dans les ténèbres de la nuit sans étoiles. Son pas est à peine perceptible quand il le pose sur un amoncellement de feuilles sèches qui, après avoir tournoyé dans l'air, ont été déposées par le vent sur le sol, prêtes à repartir pour être transportées ailleurs.         

Il arrive devant la maison de
Marie de Cléophas. Il reste un instant indécis s'il doit entrer dans le jardin et frapper à la porte de la cuisine ou bien poursuivre... Mais ensuite, il continue sa route sans s'arrêter.      

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Le voilà maintenant dans la ruelle où se trouve sa maison. On voit déjà le balancement tourmenté des oliviers sur le talus auquel la maison s'adosse, on les voit se balancer noirs sur le ciel noir. Il hâte le pas. Il arrive à la porte, il écoute attentivement. Il est si facile d'entendre ce qui se passe dans cette maison si petite ! Il suffit d'appuyer l'oreille sur l'huisserie pour n'avoir que quelques centimètres de bois de la porte entre celui qui écoute et celui qui parle... Et pourtant il n'entend aucune voix.        

"Il est tard, soupire-t-il. J'attendrai l'aube pour frapper."   

 303.2 - Mais au moment où il va s'éloigner, il est rejoint par le bruit rythmique du métier à tisser. Il sourit, il dit :       

"Elle est levée. Elle tisse. C'est sûrement elle... C'est bien la cadence de Maman."        

Je ne puis voir son visage, mais je suis certaine qu'il sourit, car il y a un sourire dans sa voix qui d'abord était triste et maintenant est gaie.

Il frappe. Le bruit cesse un moment et puis voilà le bruit d'un siège que l'on repousse et puis la voix argentine qui demande :     

"Qui frappe ?"      

"Moi, Maman !"   

"Mon Fils !"          

C’est un doux cri de joie, un cri, bien que tenu dans un registre bas. On entend le bruit du verrou et son déplacement et la porte s'ouvre, faisant apparaître une déchirure d'or sur le noir de la nuit. Marie tombe dans les bras de Jésus, là sur le seuil, comme si Lui ne pouvait attendre une minute pour la recevoir, et elle pour se jeter sur ce Cœur.         

"Fils ! Fils ! Mon Fils !"  

Les baisers et les douces paroles de "Maman-Fils"... Ensuite ils entrent et la porte se referme doucement.    

Marie explique tout bas :

"Ils dorment tous. Moi, je veillais... Depuis le moment où
Jacques et Jean sont revenus en disant que tu les suivais, je t'ai toujours attendu jusqu'à une heure tardive. Tu as froid, Jésus ? Oui, tu es gelé. Viens. J'ai gardé le foyer allumé. J'y jetterai un fagot. Tu te réchaufferas." 

Et elle le conduit par la main comme s'il était toujours le petit Jésus...   

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La flamme brille joyeuse et crépite dans le foyer ravivé. Marie regarde Jésus qui tend ses mains à la flamme pour les réchauffer.

"Comme tu es amaigri ! Tu n'étais pas ainsi quand nous nous sommes quittés... Tu deviens de plus en plus maigre et exsangue, mon Fils. Autrefois tu étais couleur de lait et de rose. Mais maintenant, tu sembles fait de vieil ivoire. Qu'as-tu eu de nouveau, mon Fils ? Toujours les pharisiens ?"    

"Oui... et autre chose encore. Mais maintenant je suis heureux, ici avec toi, et je vais être tout de suite bien. Cette année, les Encénies
[1] se font ici, Maman ! J'arrive à l'âge parfait, ici à tes côtés. Es-tu contente ?"      

"Oui. Mais l'âge parfait, pour Toi, mon cœur, est encore loin. Tu es jeune, et pour moi, tu es toujours mon petit. Voici, le lait est chaud. Veux-tu le boire ici ou là-bas ?"           

"Là-bas, maman. J'ai chaud maintenant. Je vais le boire pendant que tu recouvres ton métier."   

 303.3 - Ils reviennent dans la petite pièce et Jésus s'assied sur le banc près de la table et il boit son lait. Marie le regarde et sourit. Elle sourit quand elle prend le sac de Jésus et le pose sur une console. Elle sourit tellement que Jésus demande : 

"À quoi penses-tu ?"       

 "Je pense que tu es arrivé juste pour l'anniversaire de notre départ pour Bethléem... Alors aussi, il y avait des sacs et des coffres ouverts et pleins de vêtements et spécialement de petits langes... pour un tout Petit qui pouvait naître, disais-je à Joseph, qui devait naître, me disais-je à moi-même, à Bethléem de Juda... Je les avais cachés au fond, parce que Joseph avait peur de cela... il ne savait pas encore que la naissance du Fils de Dieu n'aurait pas été sujette ni pour Lui-même, ni pour sa Mère, aux misères habituelles de l'enfantement et de la naissance. Il ne savait pas, et il avait peur d'être loin de Nazareth avec moi, dans cet état. Moi, j'étais certaine que c'était là que je serais Mère... Tu exultais trop en moi par la joie d'être arrivé à ton jour natal, et au jour natal de la Rédemption, par conséquent, pour que je puisse me tromper. Les anges tourbillonnaient autour de la Femme qui te portait, mon Dieu... Ce n'était plus l'Archange sublime, plus le très doux Ange qui me garde, comme c'était dans les mois précédents. Maintenant c'étaient des chœurs et des chœurs d'anges qui allaient du Ciel de Dieu à mon petit Ciel : le sein où tu étais...          

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Je les entendais chanter et échanger leurs paroles de lumière... des paroles anxieuses de te voir, Toi, le Dieu Incarné… Je les entendais pendant leurs fugues d'amour du Paradis, pour venir t'adorer Toi, Amour du Père, caché dans mon sein. Et je cherchais à apprendre leurs paroles... leurs chants... leurs ardeurs... Mais une créature humaine ne peut dire et posséder des choses du Ciel..."        

Jésus l'écoute, Lui assis, elle debout près de la table, songeant comme Lui est bienheureux... une main abandonnée sur le bois sombre, l'autre qui s'appuie sur le cœur... Et Jésus couvre la petite, blanche et délicate main de sa main longue et moins claire, et il serre dans sa main cette main sainte... Et quand elle se tait, comme si elle regrettait de n'avoir pu apprendre des anges leurs paroles, leurs chants et leurs ardeurs, Jésus dit :      

"Toutes les paroles des anges, tous leurs chants, toutes leurs ardeurs, ne m'auraient pas rendu heureux sur la terre, si je n'avais pas eu les tiens, Maman ! Tu m'as dit et donné ce qu'eux n'ont pu me donner. Ce n'est pas toi qui as appris d'eux, mais eux qui ont appris de toi...

 303.4 - Viens ici, Maman, à côté de Moi, et raconte encore... non pas d'alors... mais de maintenant. Que faisais-tu ?"

"Je travaillais..."  

"Je le sais, mais qu'était-ce ? Je parie que tu te fatiguais pour Moi. Fais voir..."

Marie devient plus rouge que l'étoffe qui est sur le métier et que Jésus, qui s'est levé, regarde.        

"De la pourpre ? Qui te l'a donnée ?"  

"
Judas de Kérioth. Il se l'est fait donner par des pêcheurs de Sidon, je crois. Il veut que je te lasse un vêtement de roi… Le vêtement, je te le fais, mais pour Toi, il n'est pas besoin de pourpre pour être roi." 

"Judas est têtu plus qu'un mulet" c'est le seul commentaire sur la pourpre qui a été donnée... Puis il se tourne vers sa Mère : 

"Et on peut faire un vêtement avec ce qu'il t'a donné ?"      

"Oh ! non, Fils ! Cela pourra servir pour les franges du vêtement et du manteau. Pas plus."  

"C'est bien. J'ai compris pourquoi tu les fais avec des bandes étroites. Alors... Maman : cette idée me plaît. Tu me mettras de côté ces bandes, et un jour je te dirais de t'en servir pour un beau vêtement
[2]. Mais maintenant, ce n'est pas le moment. Ne te fatigue pas."      

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"Je travaille quand je suis à Nazareth..."

"C'est vrai...          
 303.5 - Et les autres, qu'ont-ils fait pendant ce temps ?"     

"Ils se sont instruits."    

"Ou plutôt : tu les as instruits. Qu'en penses-tu ?"   

"Oh ! ce sont trois bons élèves. À part Toi, je n'ai jamais eu d'élèves plus dociles et plus attentifs. J'ai cherché aussi à fortifier un peu
Jean. Il est bien malade. Il ne vivra pas longtemps..."         

"Je le sais. Mais pour lui, c'est un bien. Du reste, lui-même le désire. Il a compris spontanément la valeur de la souffrance et de la mort. Et
Syntica ?"       

"C'est dommage de l'éloigner. Elle vaut cent disciples pour la sainteté et son aptitude pour comprendre le surnaturel."     

"Je comprends, mais je dois le faire."  

"Ce que tu fais est toujours bien fait, mon Fils."       

"Et l'enfant ?"       

"Lui aussi apprend. Mais il est très triste ces jours-ci... il se souvient du malheur d'il y a un an... Oh ! ce n'était pas très gai, ici !... Jean et Syntica soupirent en pensant à leur départ d'ici, l'enfant pleure en pensant à sa mère morte..."         

"Et toi ?"    

"Moi... tu le sais, Fils. Il n'y a pas de soleil quand tu es loin de moi. Il n'y serait pas non plus si le monde t'aimait. Mais au moins il y aurait la tranquillité... Au contraire..."          

"Il y a des pleurs. Pauvre Maman !... On ne t'a pas posé de questions sur Jean et Syntica ?"  

"Et qui veux-tu donc qui en fasse ?
Marie d'Alphée sait et se tait. Alphée de Sarah a déjà vu Jean, et il n'est pas curieux. Il l'appelle "le disciple"."     

"Et les autres ?"   

"À part Marie d'Alphée, il ne vient personne chez moi, Quelque femme pour un travail ou un conseil. Mais les hommes de Nazareth ne franchissent plus mon seuil."        

"Pas même
Joseph et Simon ?"

"...Non... Simon m'envoie de l'huile, de la farine, des olives, du bois, des œufs... comme pour se faire pardonner de ne pas te comprendre, comme pour parler par ses cadeaux. Mais il les donne à Marie, sa mère, et il ne vient pas ici. Du reste, si quelqu'un venait, il ne verrait que moi, car Syntica et Jean se retirent quand quelqu'un frappe..."        

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61>
"Une vie bien triste."          

"Oui. Et
l'enfant en souffre un peu, si bien que maintenant Marie l'emmène avec elle quand elle fait les commissions. Mais maintenant nous ne serons plus tristes, mon Jésus, tu es ici !"   

"J'y suis, Moi... Maintenant allons dormir. Bénis-moi, Maman, comme quand j'étais petit."



"Bénis-moi, Fils, je suis ta disciple."    

Ils s'embrassent... Allument une nouvelle lampe et sortent pour aller se reposer.        

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Fiche mise à jour le 02/03/2024.

 



[1] L'Encénie (Hanoucca, Hanouka) commémore la restauration de l'autel des offrandes du Temple de Jérusalem, trois ans après son interdiction par Antiochus IV Épiphane. Selon la tradition rabbinique, au cours de cette consécration se produit le miracle de la fiole d'huile, permettant aux prêtres du Temple de faire brûler pendant huit jours une quantité d'huile à peine suffisante pour une journée. L'encénie est célébrée à partir du 25 kislev (qui correspond, selon les années, aux mois de novembre ou décembre dans le calendrier grégorien) et dure huit jours, jusqu'au 2 ou 3 tevet (en fonction de la longueur de kislev, mois de 29 ou 30 jours).   

[2] Le vêtement qu'il portera pour son entrée triomphale à Jérusalem, prélude à la Passion. Cf. EMV 582.2.