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  (Ancienne édition). 
  Vision du jeudi 20 septembre 1945. 
  416/417>
    281.1 – Jésus
  se dirige vers le Temple. Il est précédé par les disciples
  en groupes, et suivi par les femmes disciples
  en groupe : sa Mère, Marie de Cléophas,
  Marie Salomé,
  Suzanne, Jeanne de Kouza, Élise de Béthsur,
  Annalia de Jérusalem, Marthe
  et Marcelle. Marie de Magdala n'est pas là.
  Autour de Jésus, les douze apôtres et Marziam.      
   
  Jérusalem est dans la pompe de ses jours de solennité. Des gens sur toutes
  les routes, et de toutes les régions. Cantiques, discours, murmures de
  prières, imprécations des âniers, quelques pleurs de bébés et, au-dessus de
  tout cela, un ciel clair qui se montre entre les maisons et un soleil qui descend
  joyeux pour raviver les couleurs des vêtements, pour embraser les couleurs
  mourantes des tonnelles et des arbres que l'on aperçoit ça et là au-delà des
  murs des jardins clos ou des terrasses.             
   
  Parfois Jésus croise des personnes de sa connaissance et le salut est plus ou
  moins respectueux selon l'humeur de celui qu'il croise. C'est ainsi qu'est
  profond, mais condescendant, celui de Gamaliel. Ce dernier regarde fixement
  Étienne, qui lui sourit du groupe des disciples, et qu'après s'être incliné
  devant Jésus, Gamaliel appelle à part et lui dit quelques mots, après quoi
  Étienne revient dans son groupe. Plein de vénération est le salut du vieux
  chef de la synagogue Cléophas
  d'Emmaüs, qui se dirige avec ses concitoyens
  vers le Temple. Dur comme une malédiction la réponse au salut de Jésus des
  pharisiens de Capharnaüm.         
   
    281.2 – De
  la part des paysans de Yokhanan,
  conduits par l'intendant,
  c'est un prosternement dans la poussière de la route pendant qu'ils baisent
  les pieds de Jésus. La foule s'arrête pour observer avec étonnement ce groupe
  d'hommes qui. à un carrefour se précipitent en criant aux pieds d'un homme jeune
  qui n'est pas un pharisien ni un scribe renommé, qui n'est pas un satrape ni
  un courtisan puissant, et quelqu'un demande qui c'est. Et un chuchotement se
  répand :    
   
  "C'est le Rabbi de Nazareth, celui dont on dit qu'il est le
  Messie."           
   
  Prosélytes et gentils l'entourent alors avec curiosité, poussant le groupe
  contre le mur, créant un encombrement dans la toute petite place, jusqu'à ce
  qu'un groupe d'âniers les disperse en maudissant l'obstruction. Mais la
  foule, sans tarder, se rassemble de nouveau, séparant les femmes des hommes,
  exigeante, brutale dans ses manifestations qui sont encore de la foi. Tout le
  monde veut toucher les vêtements de Jésus, Lui dire un mot, l'interroger. Et
  c'est un effort inutile parce que leur hâte elle-même, leur anxiété, leur
  agitation pour passer aux premiers rangs, en se repoussant mutuellement, fait
  que personne n'y réussit, et même les questions et les réponses se fondent en
  une rumeur inintelligible.  
   
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  418> Le seul qui s'arrache à la scène, c'est le grand-père de
  Marziam, qui a répondu par un cri au cri de son petit-fils et, tout de suite
  après avoir vénéré le Maître, a serré sur son cœur son enfant et se tenant
  ainsi, appuyé sur les talons, les genoux à terre, l'a assis sur son sein,
  l'admire et le caresse avec des larmes et des baisers joyeux, le questionne
  et l'écoute. Le vieillard est déjà au Paradis, tant il est heureux.          
   
  Les soldats romains accourent, croyant qu'il y a quelque rixe et se font un
  passage. Mais, quand ils voient Jésus, ils ont un sourire et se retirent
  tranquillement, se bornant à conseiller à ceux qui sont là de laisser libre
  l'important carrefour. Et Jésus obéit de suite, profitant de l'espace libre
  qu'ont fait les romains qui le précèdent de quelques pas comme pour Lui
  ouvrir le chemin, en réalité pour revenir à leur poste de garde car la
  garnison romaine est très renforcée, comme si Pilate savait qu'il y a du
  mécontentement dans la foule et comme s'il craignait un soulèvement dans ces
  jours où Jérusalem est remplie d'hébreux venus de toute part. Et il est beau
  de le voir aller, précédé du détachement romain comme un roi dont on dégage
  la route pendant qu'il se rend à ses propriétés.    
   
  Il a dit, tout en se déplaçant, à l'enfant et au vieillard :       
   
  "Restez ensemble et suivez-moi" et à l'intendant : "Je te
  prie de me laisser tes hommes. Ils seront mes hôtes jusqu'au soir."    
   
  L'intendant répond avec déférence :    
   
  "Qu'il en soit en tout comme tu veux" et il s'en va seul après un
  profond salut.           
   
    281.3 – Il
  est désormais près du Temple, et le fourmillement de la foule, réellement
  comme des fourmis près de la fourmilière, est encore plus dense, lorsqu'un
  paysan de Yokhanan crie : "Voici le maître !" et, imité
  par les autres, il tombe à genoux pour le saluer.             
   
  Jésus reste debout au milieu du groupe des paysans parce qu'ils étaient
  serrés autour de Lui, et il tourne son regard vers le point indiqué. Il
  rencontre le regard d'un pharisien richement vêtu, qui n'est pas nouveau pour
  moi, mais je ne sais pas où je l'ai vu.      
   
  Le pharisien Yokhanan est avec d'autres de sa caste : un tas d'étoffes
  précieuses, de franges, de boucles, de ceintures, de phylactères, tout cela
  plus ample que d'ordinaire.       
   
  Yokhanan regarde attentivement Jésus : un regard de pure curiosité mais
  pourtant pas irrévérencieux. Il a même un salut plutôt empesé : il
  incline tout juste la tête.  
   
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  419> Mais c'est toujours
  un salut auquel Jésus répond avec déférence. Et même deux ou trois autres
  pharisiens saluent pendant que d'autres regardent avec mépris ou font
  semblant de regarder ailleurs, et un seul lance une insulte. C'est sûr car je
  vois que ceux qui entourent Jésus sursautent, et même Yokhanan se retourne
  tout d'un coup pour foudroyer du regard l'insulteur, un homme plus jeune que
  lui, aux traits marqués et durs.            
   
  Quand on les a dépassés et les paysans osent parler, l'un d'eux dit :        
   
  "C'est Doras, Maître, celui qui t'a maudit."    
   
  "Laisse-le faire. J'ai vous qui me bénissez" dit calmement Jésus.           
   
  Appuyé, avec d'autres, à une archivolte, se trouve Manahen, et comme il voit
  Jésus, il lève les bras avec une exclamation de joie :   
   
  "C'est une agréable journée, puisque je te trouve !"            
   
  Et il vient vers Jésus, suivi de ceux qui l'accompagnent. Il le vénère sous
  l'archivolte ombragée où les voix résonnent comme sous une coupole.          
   
  Juste au moment où il le vénère, passent tout près du groupe apostolique les
  cousins Simon et Joseph avec d'autres nazaréens... et ils ne saluent pas...
  Jésus les regarde avec tristesse mais ne dit rien.     
   
  Jude et Jacques, excités, se parlent entre eux. Et Jude s'enflamme
  d'indignation et puis il part en courant, sans que son frère puisse le
  retenir. Mais Jésus le rappelle d'un si impérieux :      
   
  "Jude, viens ici !" que le fils agité d'Alphée revient en
  arrière...   
   
  "Laisse-les faire. Ce sont des semences qui n'ont pas encore senti le
  printemps. Laisse-les dans l'obscurité de la motte rétive. Je les pénétrerai
  quand même, même si la motte devient du jaspe qui enveloppe la semence. Je le
  ferai au moment voulu."   
   
  Mais plus forts que la réponse de Jude d'Alphée, résonnent les pleurs de
  Marie d'Alphée, désolée. La longue plainte d'une personne humiliée... Mais
  Jésus ne se retourne pas pour la consoler bien que cette plainte résonne
  nettement sous l'archivolte qui lui fait de multiples échos.          
   
  Il continue de parler avec Manahen qui lui dit :       
   
  "Ceux qui sont avec moi, sont des disciples
  de Jean. Ils veulent, comme moi,
  t'appartenir."            
   
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  420> "La paix soit aux bons disciples. Là, en avant, ce
  sont Mathias,
  Jean
  et Siméon,
  avec Moi pour toujours. Je vous accueille comme je les ai accueillis parce
  que m'est cher tout ce qui me vient du saint Précurseur."          
   
    281.4 – Et,
  après avoir rejoint l'enceinte du Temple, Jésus donne des ordres à
  l'Iscariote et à Simon le Zélote pour les achats d'usage et les offrandes
  d'usage. Puis il appelle le prêtre Jean et dit :             
   
  "Toi qui appartiens à ce lieu, tu t'occuperas d'inviter quelque lévite
  que tu sais digne de connaître la Vérité. Car vraiment, cette année, je puis
  célébrer une fête joyeuse. Jamais plus il n'y aura un jour aussi
  doux..."    
   
  "Pourquoi, Seigneur ?" demande le scribe Jean.      
   
  "Parce que je vous ai autour de Moi, tous, présents visiblement ou
  spirituellement."  
   
  "Mais toujours nous y serons ! Et avec nous beaucoup d'autres"
  affirme avec véhémence l'apôtre Jean et tous font chorus.  
   
  Jésus sourit et se tait pendant que le prêtre Jean va en avant avec Etienne
  dans le Temple pour exécuter l'ordre. Jésus lui crie par derrière :
  "Rejoignez-nous au Portique des Païens."     
   
    
  Ils entrent et presque aussitôt rencontrent Nicodème qui fait un profond
  salut, mais ne s'approche pas de Jésus. Pourtant il échange avec Jésus un
  sourire entendu et paisible.       
   
  Pendant que les femmes s'arrêtent à l'endroit qui leur est permis, Jésus,
  avec les hommes, se rend à la prière à l'endroit réservé aux hébreux, et puis
  il revient, après avoir accompli tous les rites, pour retrouver ceux qui
  l'attendent au Portique des Païens.     
   
  Les portiques très vastes et très élevés sont remplis d'une foule qui écoute
  les instructions des rabbins. Jésus se dirige vers l'endroit où il voit
  arrêtés les deux apôtres et les deux disciples envoyés en avant. Tout de
  suite on fait cercle autour de Lui, et aux apôtres et disciples s'unissent
  aussi d'autres personnes nombreuses qui étaient ça et là dans la cour de
  marbre remplie de gens. La curiosité est telle que certains élèves des
  rabbins, je ne sais si c'est spontanément ou envoyés par les maîtres,
  s'approchent du cercle qui se serre autour de Jésus.            
   
    281.5 – Jésus
  demande à brûle-pourpoint :   
   
  "Pourquoi vous pressez-vous autour de Moi ? Dites-le. Vous avez des
  rabbis connus et sages, bien vus de tout le monde. Moi, je suis l'Inconnu et
  le Mal vu. Pourquoi alors venez-vous à Moi ?"         
   
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  421> "Parce que nous
  t'aimons" disent certains, et d'autres : "Parce que tu as des
  paroles différentes des autres", et d'autres encore : "Pour
  voir tes miracles" et "Parce que nous avons entendu parler de
  Toi" et "Parce que Toi seul as des paroles de vie éternelle et des
  œuvres qui correspondent aux paroles" et enfin : "Parce que
  nous voulons nous unir à tes disciples"   
   
  Jésus regarde les gens au fur et à mesure qu'ils parlent comme s'il voulait
  les transpercer par le regard pour lire leurs impressions les plus cachées,
  et certains, ne résistant pas à ce regard, s'éloignent ou bien se cachent
  derrière une colonne ou des gens plus grands qu'eux.        
   
  Jésus reprend :      
   
    "Mais savez-vous ce que cela veut dire
  et ce que cela impose de venir derrière Moi ? Je vais répondre à ces
  seules paroles, parce que la curiosité ne mérite pas qu'on lui réponde et
  parce que celui qui a faim de mes paroles me donne, en conséquence, son amour
  et désire s'unir à Moi. Car, parmi ceux qui ont parlé, il y a deux
  groupes : les curieux, dont je ne m'occupe pas, les volontaires que
  j'instruis, sans feinte, de la sévérité de cette vocation.       
   
    281.6 – Venir à Moi comme disciple,
  cela veut dire renoncer à tous les amours pour un seul amour : le mien.
  Amour égoïste pour soi-même, amour coupable pour les richesses, pour la sensualité
  ou la puissance, amour honnête pour l'épouse, amour saint pour la mère, le
  père, amour affectueux des fils et des frères ou pour les fils et les frères,
  tout doit céder à mon amour, si on veut être mien. En vérité je vous dis que
  plus libres que les oiseaux qui planent dans les cieux doivent être mes
  disciples, plus libres que les vents qui parcourent les espaces sans que
  personne les retienne, personne ni rien. Libres, sans lourdes chaînes, sans
  lacets d'amour matériel, sans même les fils d'araignée fins des plus légères
  barrières. L'esprit est comme un papillon délicat enfermé dans un lourd cocon
  de chair, et son vol peut s'alourdir ou s'arrêter tout a fait, par l'action
  d'une iridescente et impalpable toile d'araignée, l'araignée de la sensualité,
  du manque de générosité dans le sacrifice. Moi, je veux tout, sans réserve.
  L'esprit a besoin de cette liberté de donner, de cette générosité de donner,
  pour pouvoir être certain de ne pas rester pris dans la toile d'araignée des
  affections, des coutumes, des réflexions, des peurs, tendues comme les fils
  de cette araignée monstrueuse qu'est Satan, voleur des âmes.    
   
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  422> Si quelqu'un veut
  venir à Moi et ne hait pas saintement son père, sa mère, sa femme, ses
  enfants, ses frères et ses sœurs, et jusqu'à sa vie, il ne peut être mon
  disciple. J'ai dit : "hait saintement". Vous, dans votre cœur,
  vous dites : "La haine, Lui l'enseigne, n'est jamais sainte. Lui,
  donc se contredit". Non. Je ne me contredis pas. Je dis de haïr la
  pesanteur de l'amour, la passion chamelle de l'amour pour le père et la mère,
  l'épouse et les enfants, les frères et les sœurs, et la vie elle-même mais,
  d'autre part, j'ordonne d'aimer avec la liberté légère, qui est le propre des
  esprits, les parents et la vie. Aimez-les en Dieu et pour Dieu, ne faisant
  jamais passer Dieu après eux, vous occupant et vous préoccupant de les amener
  là où le disciple est arrivé, c'est-à-dire à Dieu Vérité. Ainsi vous aimerez
  saintement les parents et Dieu, en conciliant les deux amours et en faisant
  des liens du sang non pas un poids mais une aile, non pas une faute, mais la
  justice.          
   
  Même votre vie, vous devez être prêts à la haïr pour me suivre. Hait sa vie
  celui qui, sans peur de la perdre ou de la rendre humainement triste, la
  consacre à mon service. Mais ce n'est qu'un semblant de haine. Un sentiment
  qui est appelé de manière incorrecte : "haine", par la pensée
  de l'homme qui ne sait pas s'élever, de l'homme uniquement terrestre, de peu
  supérieur à la brute. En réalité cette haine apparente qui est le refus des
  satisfactions sensuelles à l'existence, pour donner une vie toujours plus
  grande à l'esprit, c'est de l'amour. C'est de l'amour, le plus élevé qui
  existe, le plus béni.           
   
    Ce refus des basses satisfactions, cette
  interdiction de la sensualité des affections, ce risque des reproches et des
  commentaires injustes, des punitions, des répudiations, des malédictions et,
  peut-être des persécutions, est une suite de peines. Mais il faut les
  embrasser et se les imposer comme une croix, un gibet sur lequel on expie
  toutes les fautes passées pour aller justifiés vers Dieu, et par lequel on
  obtient de Dieu toute grâce vraie, puissante, sainte, pour ceux que nous
  aimons. Celui qui ne porte pas sa croix et ne me suit pas, celui qui ne sait
  pas le faire, ne peut pas être mon disciple.             
   
    281.7 – Pensez-y
  donc beaucoup, beaucoup, vous qui dites : "Nous sommes venus parce
  que nous voulons nous unir à tes disciples". Ce n'est pas de la honte,
  mais de la sagesse, de se peser, de se juger, d'avouer à soi-même et aux
  autres: "Je n'ai pas l'étoffe d'un disciple". Et quoi ? Les
  païens ont, à la base de l'un de leurs enseignements, la nécessité de
  "se connaître soi-même",
  et vous, Israélites, pour conquérir le Ciel, vous ne sauriez pas le
  faire ?          
   
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  423> Car, rappelez-le vous
  toujours, bienheureux ceux qui viendront à Moi. Mais, plutôt que de venir pour
  me trahir Moi et Celui qui m'a envoyé, il vaut mieux ne pas venir du tout et
  rester les fils de la Loi comme vous l'avez été jusqu'à présent.           
   
  Malheur à ceux qui, ayant dit : "Je viens", nuisent au Christ
  en trahissant l'idée chrétienne, en scandalisant les petits, les gens
  honnêtes ! Malheur à eux ! Et pourtant il y en aura et toujours il
  y en aura ! 
    
    Imitez donc celui qui veut construire une
  tour. Il commence par calculer attentivement les dépenses nécessaires et il
  compte son argent pour voir s'il a de quoi la terminer pour qu'après avoir
  fait les fondations il ne doive pas suspendre les travaux parce qu'il n'a
  plus d'argent. En ce cas, il perdrait aussi ce qu'il possédait avant, en
  restant sans tour et sans talents et en échange il s'attirerait les moqueries
  du peuple qui dirait : "Il a commencé à construire sans pouvoir
  finir. Maintenant, il peut s'emplir l'estomac avec les ruines de sa
  construction inachevée".      
   
  Imitez encore les rois de la terre, en faisant servir les pauvres événements
  du monde à un enseignement surnaturel. Eux, quand ils veulent faire la guerre
  à un autre roi, examinent tout avec calme et attention, le pour et le contre,
  ils réfléchissent pour voir si l'intérêt de la conquête vaut le sacrifice de
  la vie des sujets, ils étudient s'il est possible de conquérir ce lieu, si
  leurs troupes, inférieures de moitié en nombre à celles de leur rival, même
  si elles sont plus combatives, peuvent vaincre, et pensant avec justesse
  qu'il est improbable que dix mille viennent à bout de vingt mille, avant que
  se produise la rencontre ils envoient au rival une ambassade avec de riches
  présents, et apaisant le rival déjà inquiet des mouvements de troupes de
  l'autre, le désarment par des témoignages d'amitié, font disparaître ses
  soupçons et font avec lui un traité de paix, en vérité toujours plus
  avantageux qu'une guerre, aussi bien humainement que spirituellement.          
   
  Ainsi vous devez agir avant de commencer la nouvelle vie et se mettre contre
  le monde. Parce que voici ce qu'implique d'être mes disciples : aller
  contre le tourbillonnement et la violence de l'entraînement du monde, de la
  chair, de Satan. Et si vous ne vous sentez pas le courage de renoncer à tout
  par amour pour Moi, ne venez pas à Moi, parce que vous ne pouvez pas être mes
  disciples."          
   
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  424>   281.8 – "C'est bien. Ce que tu
  dis est vrai, admet un scribe qui s'est mêlé au groupe. Mais si nous nous dépouillons
  de tout, avec quoi allons-nous te servir ensuite ? La Loi a des
  commandements qui sont comme de la monnaie que Dieu donne à l'homme pour que,
  en s'en servant, il se procure la vie éternelle. Tu dis : "Renoncez
  a tout" et tu indiques le père, la mère, les richesses, les honneurs.
  Dieu a pourtant donné ces choses et nous a dit, par la bouche de Moïse, de
  s'en servir saintement pour paraître juste aux yeux de Dieu. Si tu nous
  enlèves tout, qu'est-ce que tu nous donnes ?"   
   
  "Le véritable amour, je l'ai dit, ô rabbi. Je vous donne ma doctrine qui
  n'enlève pas un iota à la Loi ancienne, mais au contraire la
  perfectionne."          
   
  "Alors, nous sommes tous des disciples égaux parce que nous avons tous
  les mêmes choses."          
   
  "Nous les avons tous, selon la Loi mosaïque. Pas tous selon la Loi
  perfectionnée par Moi selon l'Amour. Mais tous n'atteignent pas, dans cette
  Loi, la même somme de mérites. Même parmi les disciples qui m'appartiennent,
  tous n'arriveront pas à avoir une égale somme de mérites et certains, parmi
  eux, non seulement n'auront pas cette somme, mais perdront aussi leur unique
  monnaie : leur âme."    
   
  "Comment ? À qui on a donné davantage, il restera davantage. Tes
  disciples, ou mieux tes apôtres, te suivent dans ta mission et sont au
  courant de tes façons de faire, ils ont reçu énormément, tes disciples
  effectifs ont beaucoup reçu, moins ceux qui ne sont disciples que de nom,
  rien ceux qui, comme moi, ne t'écoutent que par hasard. Il est évident que
  les apôtres recevront énormément au Ciel, beaucoup les disciples effectifs,
  moins ceux qui ne le sont que de nom, rien ceux qui sont comme moi."          
   
    "Humainement c'est évident, et c'est mal
  aussi humainement. Car tous ne sont pas capables de faire fructifier les
  biens qu'ils ont reçus. Écoute cette parabole et pardonne-moi si je développe
  trop ici mon enseignement. Mais Moi je suis l'hirondelle de passage et je ne
  séjourne que peu de temps dans la Maison du Père, car je suis venu pour le
  monde entier et ce petit monde du Temple de Jérusalem ne veut pas que je
  suspende mon vol et que je reste là où la gloire de Dieu m'appelle."         
   
  "Pourquoi dis-tu cela ?"             
   
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  425> "Parce que c'est
  la vérité."            
   
  Le scribe regarde autour de lui, et puis il baisse la tête. Que ce soit la
  vérité, il le voit écrit sur trop de visages de membres du Sanhédrin, de
  rabbis et de pharisiens qui ont grossi de plus en plus le groupe qui entoure
  Jésus. Visages bleus de rage ou rouges de colère, regards qui équivalent à
  des paroles de malédiction et crachats empoisonnés, rancœur qui fermente de
  tous côtés, désir de brutaliser le Christ, qui reste seulement un désir par
  peur de la foule qui entoure le Maître, dévouée et prête à tout pour le
  défendre, peur aussi peut-être d'être punis par Rome qui est bienveillante
  envers le doux Maître galiléen.             
   
    281.9 – Jésus
  se remet calmement à exposer sa pensée par la parabole :          
   
  "Un homme, qui était sur le point de faire un long voyage et de
  s'absenter pour longtemps, appela tous ses serviteurs et leur confia tous ses
  biens. À l'un il donna cinq talents d'argent, à un autre deux talents
  d'argent, à un troisième un seul talent d'or .
  À chacun selon sa situation et son habileté. Et puis il partit.     
   
  Maintenant le serviteur qui avait reçu cinq talents d'argent s'en alla faire
  valoir habilement ses talents et, après quelque temps, ceux-ci lui en
  rapportèrent cinq autres. Celui qui avait reçu deux talents fit la même chose
  et il doubla la somme qu'il avait reçue. Mais celui auquel le maître avait
  donné davantage, un talent d'or pur, paralysé par la peur de ne pas savoir
  faire, par celle des voleurs, de mille choses chimériques et surtout par la
  paresse, fit un grand trou dans la terre et y cacha l'argent de son maître.        
   
  De nombreux mois passèrent, et le maître revint. Il appela tout de suite ses
  serviteurs pour qu'ils lui rendissent l'argent donné en dépôt. Celui qui
  avait reçu cinq talents d'argent se présenta et il dit : "Voici,
  mon seigneur. Tu m'en as donné cinq. Comme il me semblait qu'il était mal de
  ne pas faire fructifier l'argent que tu m'avais donné, je me suis débrouillé
  et je t'ai gagné cinq autres talents. Je n'ai pas pu faire
  davantage...". "C'est bien, très bien, serviteur bon et fidèle. Tu as
  été fidèle pour le peu. actif et honnête. Je te donnerai de l'autorité sur
  beaucoup de choses. Entre dans la joie de ton maître".           
   
  Puis celui qui avait reçu deux talents se présenta et dit : "Je me
  suis permis d'employer tes biens dans ton intérêt. Voici les comptes qui
  montrent comment j'ai employé ton argent. Tu vois ? Il y avait deux
  talents d'argent, maintenant il y en a quatre. Es-tu content. mon
  seigneur ?" Et le maître fit au bon serviteur la même réponse qu'au
  premier. 
    
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  426> Arriva en dernier
  celui qui, jouissant de la plus grande confiance de son maître, avait reçu le
  talent d'or. Il le sortit de sa cachette et il dit : "Tu m'as
  confié la plus grande valeur parce que tu sais que je suis prudent et fidèle,
  comme moi je sais que tu es intransigeant et exigeant, et que tu ne supportes
  pas des pertes pour ton argent mais en cas de perte, tu t'en prends à celui
  qui est près de toi. Car, en vérité, tu moissonnes où tu n'as pas semé et tu
  récoltes où tu n'as rien répandu, ne faisant pas cadeau de la moindre pièce
  de monnaie à ton banquier ou à ton régisseur, pour aucune raison. Il te faut
  autant d'argent que tu en réclames. Or moi, craignant de diminuer ce trésor,
  je l'ai pris et l'ai caché. Je ne me suis fié à personne ni non plus à
  moi-même. Maintenant, je l'ai déterré et je te le rends. Voici ton
  talent".        
   
  "O serviteur injuste et paresseux ! En vérité, tu ne m'as pas aimé
  puisque tu ne m'as pas connu et que tu n'as pas aimé mon bien-être, ayant
  laissé mon argent improductif. Tu as trahi l'estime que j'avais eue pour toi
  et c'est toi-même qui te contredis, t'accuses et te condamnes. Tu savais que
  je moissonne où je n'ai pas semé, que je récolte où je n'ai rien répandu. Et
  pourquoi alors n'as-tu pas fait en sorte que je puisse moissonner et
  récolter ? C'est ainsi que tu réponds à ma confiance ? C'est ainsi
  que tu me connais ? Pourquoi n'as-tu pas porté mon argent aux banquiers
  pour qu'à mon retour je le retire avec les intérêts ? Je t'avais instruit
  avec un soin particulier dans ce but et toi, paresseux et imbécile, tu n'en
  as pas tenu compte. Que te soit donc enlevé le talent et tout autre bien, et
  qu'on le donne à celui qui a les dix talents".     
   
  "Mais lui en a déjà dix alors que celui-ci reste sans rien..." lui
  objecta-t-on.          
   
  "C'est bien. À celui qui possède et le fait fructifier, il sera donné
  encore davantage et au point qu'il surabonde. Mais à celui qui n'a pas parce
  qu'il n'a pas la volonté d'avoir, on enlèvera ce qui lui a été donné. Quant
  au serviteur inutile qui a trahi ma confiance et a laissé improductifs les
  dons que je lui avais fait, qu'on l'expulse de ma propriété et qu'il s'en
  aille pleurer et se ronger le cœur".      
   
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  427> Voilà la parabole. Comme tu le vois, ô rabbi, à qui
  avait reçu le plus il est resté le moins, car il n'a pas su mériter de
  conserver le don de Dieu. Et il n'est pas dit qu'un de ceux dont tu dis
  qu'ils ne sont disciples que de nom ayant par conséquent peu de chose à faire
  valoir et même de ceux qui, comme tu dis, m'entendent par hasard et qui n'ont
  comme unique capital que leur âme, n'arrive pas à avoir le talent d'or et
  même ce qu'il aura rapporté, qu'on aura enlevé à quelqu'un qui avait
  davantage reçu. Infinies sont les surprises du Seigneur parce qu'innombrables
  sont les réactions de l'homme. Vous verrez des païens arriver à la vie
  éternelle et des samaritains posséder le Ciel, et vous verrez des Israélites
  purs et qui me suivent perdre le Ciel et l'éternelle Vie."        
   
    281.10 – Jésus
  se tait, et comme s'il voulait couper court à toute discussion, se tourne
  vers l'enceinte du Temple. Mais un docteur de la Loi, qui s'était assis pour écouter
  sérieusement sous le portique, se lève et s'avance en demandant :          
   
  "Maître, que dois-je faire pour obtenir la
  vie éternelle ? Tu as répondu à d'autres, réponds-moi à moi aussi."    
   
  "Pourquoi veux-tu me tenter ? Pourquoi veux-tu mentir ?
  Espères-tu que je dise des choses qui déforment la Loi parce que je lui
  ajoute des idées plus lumineuses et plus parfaites ? Qu'est-ce qui est
  écrit dans la Loi ? Réponds ! Quel est son principal
  commandement ?"     
   
  "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de
  toutes tes forces, de toute ton intelligence. Tu aimeras ton prochain comme
  toi-même" .      
   
  "Voilà, tu as bien répondu. Fais cela et tu auras la vie
  éternelle."           
   
  "Et, qui est mon prochain ? Le monde est plein de gens qui sont
  bons et mauvais, connus ou inconnus, amis et ennemis d'Israël. Qui est mon
  prochain ?"            
   
    "Un homme qui allait de Jérusalem à Jéricho,
  par les défilés des montagnes, tomba aux mains de voleurs. Ceux-ci, après
  l'avoir cruellement blessé, le dépouillèrent de tout son avoir et même de ses
  vêtements, le laissant plus mort que vif sur le bord de la route.    
   
  Par le même chemin, passa un prêtre qui avait terminé son office au Temple.
  Oh ! il était encore parfumé par les encens du Saint! Et il aurait dû
  avoir l'âme parfumée de bonté surnaturelle et d'amour puisqu'il avait été
  dans la Maison de Dieu, pour ainsi dire au contact du Très-Haut. Le prêtre
  avait hâte de revenir à sa maison. Il regarda donc le blessé, mais ne
  s'arrêta pas. Il passa outre rapidement laissant le malheureux sur le bord du
  chemin.       
   
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  de page          
   
  428> Un lévite vint à
  passer. Devait-il se contaminer, lui qui devait servir au Temple ?
  Allons donc ! Il releva son vêtement pour ne pas se souiller de sang. Il
  jeta un regard fuyant sur celui qui gémissait dans son sang et hâta le pas
  vers Jérusalem, vers le Temple.            
   
  En troisième lieu, venant de la Samarie, en direction du gué, arriva un
  samaritain. Il vit le sang, s'arrêta, découvrit le blessé dans le crépuscule
  qui avançait, descendit de sa monture, s'approcha du blessé, lui donna des
  forces avec une gorgée d'un vin généreux. Il déchira son manteau pour en
  faire des bandages, puis il lava les blessures avec du vinaigre et les oignit
  avec de l'huile, et le banda affectueusement. Après avoir chargé le blessé
  sur sa monture, il conduisit avec précaution l'animal, soulevant en même temps
  le blessé, le réconfortant par de bonnes paroles sans se préoccuper de la
  fatigue et sans dédain pour ce blessé, bien qu'il fût de nationalité juive.
  Arrivé en ville, il le conduisit à l'auberge, le veilla toute la nuit et à
  l'aube, voyant qu'il allait mieux, le confia à l'hôtelier lui donnant
  d'avance des deniers pour le payer et lui dit : "Aies-en soin comme
  si c'était moi-même. À mon retour, ce que tu auras dépensé en plus, je te le
  rendrai, et bonne mesure si tu as bien fait ce qu'il fallait". Et il
  s'en alla.       
   
  Docteur de la Loi, réponds-moi. Lequel de ces trois a été le
  "prochain" pour l'homme tombé aux mains des voleurs ? Le
  prêtre, peut-être ? Peut-être le lévite ? Ou non pas plutôt le
  samaritain ? Il ne se demanda pas qui était le blessé, pourquoi il était
  blessé, s'il agissait mal en le secourant, en perdant son temps, son argent
  et en risquant d'être accusé de l'avoir blessé ?"   
   
  Le docteur de la Loi répond :     
   
  "Le prochain c'est ce dernier car il a usé de miséricorde."             
   
  "Toi aussi, fais la même chose et tu aimeras le prochain et Dieu dans le
  prochain, méritant ainsi la vie éternelle."      
   
    281.11 – Personne
  n'ose plus parler et Jésus en profite pour rejoindre les femmes qui
  l'attendaient près de l'enceinte et, avec elles, aller de nouveau dans la
  ville. Maintenant aux disciples se sont unis deux prêtres, ou plutôt un
  prêtre et un lévite, ce dernier très jeune, l'autre d'âge patriarcal. 
    
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  429> Mais Jésus maintenant
  parle avec sa Mère, ayant au milieu, entre Lui et elle, Marziam. Et il lui
  demande :    
   
  "Tu m'as entendu, Mère ?"        
   
  "Oui, mon Fils, et à la tristesse de Marie de Cléophas s'est ajoutée la
  mienne. Elle a pleuré un peu avant d'entrer au Temple..."            
   
  "Je le sais Mère, et j'en connais le motif. Mais elle ne doit pas
  pleurer. Seulement prier."             
   
  "Oh ! Elle prie tant ! Ces soirs-ci, dans sa cabane, entre ses
  fils endormis, elle priait et pleurait. Je l'entendais pleurer à travers la
  mince paroi de feuillage voisine. De voir à quelques pas Joseph et Simon,
  tout près mais ainsi séparés !... Et elle n'est pas la seule à pleurer.
  Avec moi a pleuré Jeanne qui te paraît si sereine..."         
   
  "Pourquoi, Mère ?"          
   
  "Parce que Kouza... a une conduite... inexplicable. Il la seconde un peu
  en tout. Il la repousse un peu en tout. S'ils sont seuls et que personne ne
  les voit, c'est le mari exemplaire de toujours. Mais si avec lui il y a
  d'autres personnes, de la Cour c'est naturel, voilà alors qu'il devient
  autoritaire et méprisant pour sa douce épouse. Elle ne comprend pas
  pourquoi..."      
   
  "Moi, je te le dis. Kouza est serviteur d'Hérode, comprends-moi, Mère.
  "Serviteur". Moi, je ne le dis pas à Jeanne pour ne pas lui causer
  de la douleur. Mais c'est ainsi. Quand il ne craint pas de blâme et de
  moquerie du souverain, c'est le bon Kouza. Quand il peut les craindre, il
  n'est plus le même."       
   
  "C'est parce que Hérode est très irrité à cause de Manahen et..."             
   
  "Et parce que Hérode est devenu fou par le remords tardif d'avoir cédé à
  Hérodiade. Mais Jeanne a déjà tant de bien dans sa vie. Elle doit, sous le
  diadème, porter son cilice."       
   
  "Annalia aussi pleure..."             
   
  "Pourquoi ?"         
   
  "Parce que le fiancé se retourne contre Toi."            
   
  "Qu'elle ne pleure pas. Dis-le-lui. C'est une résolution. Une bonté de
  Dieu. Son sacrifice amènera de nouveau Samuel au Bien. Pour le moment ce
  dernier la laissera libre de pressions pour le mariage. Je lui ai promis de
  la prendre avec Moi. Elle me précédera dans la mort..."         
   
  "Fils !..." Marie serre la main de Jésus. Son visage devient
  exsangue.    
   
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  430> "Maman bien aimée ! C'est pour les hommes. Tu
  le sais. C'est pour l'amour des hommes. Buvons notre calice de bon cœur,
  n'est-ce pas ?"          
   
  Marie avale ses larmes et répond :       
   
  "Oui." Un "oui" tellement déchiré et déchirant.      
   
    281.12 – Marziam
  lève le visage et dit à Jésus :         
   
  "Pourquoi dis-tu ces choses si dures qui attristent la Mère ? Moi,
  je ne te laisserai pas mourir. Comme j'ai défendu les agneaux, ainsi je te
  défendrai."          
   
  Jésus le caresse et, pour remonter le moral des deux affligés, il demande à
  l'enfant:      
   
  "Que vont faire maintenant tes brebis ? Tu ne les regrettes
  pas ?"         
   
  "Oh ! je suis avec Toi ! Cependant j'y pense toujours, et je
  me demande : "Est-ce que Porphyrée les aura amenées au
  pâturage ? et aura-t-elle veillé à ce que Spuma n'aille pas dans le
  lac ?" Elle est si vive, Spuma, sais-tu ? Sa mère l'appelle,
  l'appelle... Mais rien à faire ! Elle fait ce qu'elle veut. Et Neve, si
  gloutonne qu'elle mange à s'en rendre malade ? Sais-tu, Maître ?
  Moi, je comprends ce que c'est que d'être prêtre en ton Nom. Mieux que les
  autres je le comprends. Eux (et il montre de la main les apôtres qui viennent
  derrière) eux, ils disent tant de belles paroles, font tant de projets...
  pour ensuite. Moi, je dis : "Je ferai le berger pour les hommes
  comme pour les brebis. Et cela suffira". La Mère, la mienne et la
  tienne, m'a dit hier un si beau passage des prophètes... et m'a dit :
  "C'est exactement ainsi qu'est notre Jésus". Et moi, dans mon cœur,
  j'ai dit : "Et moi aussi, je serai tout à fait ainsi". Puis
  j'ai dit à notre Mère : "Pour le moment, je suis agneau, ensuite je
  serai berger. Au contraire, maintenant Jésus est Berger et puis il est aussi
  Agneau. Mais toi, tu es toujours l'Agnelle, seulement notre Agnelle blanche,
  belle, aimée, aux paroles plus douées que le lait. C'est pour cela que Jésus
  est tellement Agneau : parce qu'il est né de toi, Agnelle du
  Seigneur".  
   
  Jésus se penche vivement et l'embrasse. Puis il demande :           
   
  "Tu veux donc vraiment être prêtre ?"           
   
  "Certainement, mon Seigneur ! C'est pour cela que je m'efforce de
  devenir bon et de tant savoir. Je vais toujours près de Jean d'En-Dor. Il me
  traite toujours en homme et avec tant de bonté. Je veux être berger des
  brebis dévoyées et non dévoyées, et médecin-berger de celles qui sont
  blessées et fracturées, comme dit le Prophète. Oh ! que c'est
  beau !"  
   
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  de page          
   
  431> Et l'enfant saute en
  battant des mains.             
   
  "Qu'est-ce qu'il a, cette petite tête noire, à être si
  heureux ?" demande Pierre en s'approchant.   
   
  "Il voit sa route. Nettement, jusqu'à la fin... Et Moi, je consacre la
  vision qu'il en a, avec mon "oui".         
   
    281.13 – Ils
  s'arrêtent devant une haute maison qui, si je ne me trompe, est du côté du
  faubourg d'Ophel, mais l'endroit est plus riche.           
   
  "Est-ce ici que nous nous arrêtons ?"             
   
  "C'est la maison que Lazare m'a offerte pour le banquet de réjouissance.
  Marie est déjà là."            
   
  "Pourquoi n'est-elle pas venue avec nous ? Par peur des
  moqueries ?"          
   
  "Oh ! non ! Je lui l'ai seulement ordonné."   
   
  "Pourquoi, Seigneur ?"   
   
  "Parce que le Temple est plus susceptible qu'une épouse enceinte. Tant
  que je le peux, et non par lâcheté, je ne veux pas le heurter."   
   
  "Cela ne te servira à rien, Maître. Moi, si j'étais Toi, non seulement
  je le heurterais, mais je le jetterais en bas du Moriah avec tous ceux qui
  sont dedans."      
   
  "Tu es un pécheur, Simon. Il faut prier pour ses propres semblables, non
  pas les tuer."          
   
  "Je suis un pécheur. Mais, Toi, non... et... tu devrais le faire."      
   
  "Il y aura quelqu'un pour le faire. Et après qu'on aura atteint la
  mesure du péché."        
   
  "Quelle mesure ?"            
   
  "Une mesure telle qu'elle emplira tout le Temple et débordera sur
  Jérusalem. Tu ne peux comprendre... Oh ! Marthe ! Ouvre donc ta
  maison au Pèlerin !"          
   
  Marthe se fait reconnaître et ouvrir. Ils entrent tous dans un long atrium
  qui débouche dans une cour pavée possédant quatre arbres aux quatre coins.
  Une vaste salle s'ouvre au-dessus du rez-de-chaussée et, par les fenêtres
  ouvertes, on découvre toute la Cité avec ses montées et descentes. J'en
  conclus donc que la maison est sur les pentes sud ou sud-est de la ville. 
    
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  432> La salle est préparée
  pour un très grand nombre d'hôtes. Des tables, en grand nombre, sont
  disposées parallèlement. Une centaine de personnes peuvent s'y restaurer
  commodément. Marie-Madeleine accourt. Elle était ailleurs, occupée dans les
  communs, et elle se prosterne devant Jésus. Lazare arrive aussi, avec un
  sourire bienheureux sur son visage maladif. Les hôtes entrent peu à peu,
  certains un peu embarrassés, d'autres avec plus d'assurance. Mais la
  gentillesse des femmes les met vite à l'aise.    
   
    281.14 – Le
  prêtre Jean amène à Jésus les deux qu'il a pris au Temple.  
   
  "Maître, mon bon ami Jonathas et mon jeune ami Zacharie. Ce sont de
  vrais Israélites, sans malice et sans rancœur."          
   
  "Paix à vous. Je suis heureux de vous avoir. Il faut observer le rite,
  même dans ces douces coutumes. Il est beau que la Foi ancienne donne une main
  amie à la nouvelle Foi venue de son propre cep. Assoyez-vous à mes côtés en
  attendant qu'arrive l'heure du repas."       
   
  Le patriarcal Jonathas parle, alors que le jeune lévite regarde ça et là,
  curieux, étonné, et peut-être même intimidé. Je pense qu'il veut se donner un
  air dégagé, mais qu'en réalité il est comme un poisson hors de l'eau.
  Heureusement Etienne vient à son secours et lui amène l'un après l'autre les
  apôtres et les principaux disciples.             
   
  Le vieux prêtre dit, en caressant sa barbe neigeuse :           
   
  "Quand Jean est venu me trouver, justement moi, son maître, pour me
  montrer sa guérison, j'ai voulu te connaître. Mais, Maître, je ne sors pour
  ainsi dire plus de mon enceinte. Je suis vieux... J'espérais te voir
  cependant avant de mourir et Jéhovah
  (Jeové) m'a exaucé. Qu'il en soit loué ! Aujourd'hui je t'ai entendu au
  Temple. Tu surpasses Hillel, l'ancien, le sage. Je ne veux pas, même je ne
  peux douter que tu es Celui que mon cœur attend. Mais sais-tu ce que c'est
  que d'avoir bu pendant près de quatre-vingts ans la foi d'Israël comme elle
  est devenue pendant des siècles... d'élaboration humaine ? Elle est
  devenue notre sang. Et je suis si vieux ! T'entendre, c'est comme boire
  de l'eau qui sort d'une source fraîche. Oh ! Oui ! Une eau
  vierge ! Mais moi... mais moi, je suis saturé de l'eau usée qui vient de
  si loin... que tant de choses ont alourdie. Comment ferai-je pour me débarrasser
  de cette saturation et te goûter, Toi ?"      
   
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  de page          
   
  433> "Croire en Moi
  et m'aimer. Il ne faut pas autre chose pour le juste Jonathas."  
   
  "Mais je mourrai bientôt ! Arriverai-je à temps pour croire tout ce
  que tu dis ? Je n'arriverai même pas à suivre toutes tes paroles ou à
  les connaître de la bouche d'autrui. Et alors ?"         
   
  "Tu les apprendras au Ciel. Il n'y a que le damné qui meurt à la
  Sagesse, alors que celui qui meurt dans la grâce de Dieu arrive à la Vie et
  vit dans la Sagesse. Que crois-tu que je suis ?"     
   
  "Tu ne peux être que l'Attendu qu'a précédé le fils de mon ami Zacharie.
  L'as-tu connu ?"   
   
  "C'était mon parent."       
   
  "Oh! alors, tu es parent du Baptiste ?"            
   
  "Oui, prêtre."         
   
  "Lui est mort... et je ne peux dire : "Malheureux !"
  Car il est mort fidèle à la justice et après avoir accompli sa mission et
  parce que... Oh ! les temps atroces que nous vivons ! Ne vaut-il
  pas mieux revenir vers Abraham ?"          
   
  "Oui, mais il en viendra de plus atroces, prêtre."     
   
  "Tu dis ? Rome, hein ?"  
   
  "Pas Rome seule. C'est Israël coupable qui en sera la première
  cause."  
   
  "C'est vrai. Dieu nous frappe. Nous le
  méritons. Mais pourtant même Rome...        
    281.15 – Tu
  as entendu parler des galiléens tués par Pilate pendant qu'ils
  accomplissaient un sacrifice. Leur sang s'est mélangé avec celui de la
  victime. Tout près de l'autel ! Tout près de l'autel !"           
   
  "Je l'ai appris."       
   
  Tous les galiléens sont révoltés par cette injustice. Ils crient :
  "C'est vrai qu'il s'agissait d'un faux Messie. Mais pourquoi tuer ses
  partisans, après l'avoir frappé, lui ? Et pourquoi à ce moment-là ?
  Ils étaient plus pécheurs, peut-être ?"            
   
  Jésus impose la paix, et puis il dit :      
   
  "Vous vous demandez s'ils étaient plus pécheurs que tant d'autres
  galiléens et si c'est pour cela qu'ils ont été tués ? Non, ils ne
  l'étaient pas. En vérité je vous dis qu'ils ont payé et que beaucoup d'autres
  paieront si vous ne vous convertissez pas au Seigneur. Si vous ne faites pas
  tous pénitence, vous périrez tous de la même façon, en Galilée et ailleurs.
  Dieu est indigné contre son peuple. Je vous le dis.         
   
  Haut
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  434> Il ne faut pas croire
  que ceux qui sont frappés sont toujours les plus mauvais. Que chacun
  s'examine soi-même, qu'il se juge, lui, et pas les autres. Ces dix-huit aussi, sur lesquels est tombée la tour de
  Siloé qui les a tués, n'étaient pas les plus coupables de Jérusalem. Je vous
  le dis : faites, faites pénitence si vous ne voulez pas être écrasés
  comme eux, et même en votre esprit.           
    281.16 – Viens,
  prêtre d'Israël. La table est servie. Il t'appartient à toi, car le prêtre
  est toujours celui qu'il faut honorer pour l'Idée qu'il représente et
  rappelle, il t'appartient à toi, patriarche parmi nous, tous plus jeunes,
  d'offrir et de bénir."         
   
  "Non. Maître ! Non ! Je ne puis devant Toi ! Tu es le
  Fils de Dieu !"       
   
  "Tu offres bien l'encens devant l'autel ! Et tu ne crois pas,
  peut-être, que Dieu est là ?"         
   
  "Oui, je le crois ! De toutes mes forces !" 
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