| Vision du jeudi 3 avril 1947 (Jeudi Saint) 471>  598.1 – Un nouveau matin. Si serein !
  Si joyeux ! Il n'y a même plus les rares nuages qui hier erraient lentement
  sur le cobalt du ciel; il n'y a pas non plus la lourde chaleur qui hier était
  si accablante. Une brise légère souffle sur les visages. Elle a quelque chose
  du parfum des fleurs, du foin, de l'air pur. Elle remue lentement les
  feuilles des oliviers. On dirait qu'elle veut faire admirer la couleur
  argentée des petites feuilles lancéolées et répandre des fleurs petites,
  candides, odorantes sur les pas du Christ, sur sa tête blonde, le baiser, le
  rafraîchir, car chaque fin calice a sa gouttelette de rosée, le baiser, le
  rafraîchir et puis mourir avant de voir l'horreur menaçante. Et s'inclinent
  les herbes des pentes pour remuer les clochettes, les corolles, les palmettes
  de mille fleurs. 
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 472>
  Étoiles au cœur d'or, les grosses marguerites sauvages se dressent sur leurs
  tiges comme pour baiser la main qui sera transpercée, et les pâquerettes et
  les camomilles baisent les pieds généreux qui ne s'arrêteront de marcher pour
  le bien des hommes que quand ils seront cloués pour donner un bien encore
  supérieur; les églantines répandent leur parfum et l'aubépine qui n'a plus de
  fleurs agite ses feuilles dentelées.
 
 Elle semble dire : "Non, non" à ceux qui s'en serviront pour
  tourmenter le Rédempteur. Et "non" disent les roseaux du Cédron.
  Eux aussi ne veulent pas frapper, leur volonté de petites choses ne veut pas
  faire de mal au Seigneur. Et peut-être les pierres des pentes se félicitent
  d'être hors de la ville, sur l'oliveraie pour, de cette façon, ne pas blesser
  le Martyr. Et ils pleurent les fins liserons roses que Jésus aimait tant et
  aussi les corymbes des acacias candides comme des grappes de papillons
  groupés sur une tige. Peut-être ils pensent : "Nous ne le verrons
  plus." Les myosotis fins et purs laissent retomber leurs corolles quand
  ils touchent le vêtement pourpre que Jésus a mis de nouveau. Il doit être
  beau de mourir quand cela vient de Jésus qui frappe. Toutes les fleurs, même
  un muguet perdu, tombé là peut-être incidemment et qui s'est enraciné entre
  les racines saillantes d'un olivier, est heureux d'être aperçu et cueilli par
  Thomas et offert au Seigneur...
 
 Et heureux sont les mille oiseaux dans les branches de le saluer avec des
  chants de joie. Oh ! ils ne le blasphèment pas les oiseaux que Lui a toujours
  aimés ! Jusqu'à un petit troupeau de brebis qui semble vouloir le saluer
  malgré leurs pleurs, privées qu'elles sont de leurs petits vendus pour le
  sacrifice pascal. C'est une lamentation de mères qui parcourt l'air, en
  bêlant et en appelant leurs petits qui ne reviendront plus elles se frottent
  contre Jésus en jetant sur Lui leur doux regard.
 
 
  598.2 – La vue des brebis rappelle aux
  apôtres la pensée du rite pascal et ils demandent à Jésus quand ils sont
  presque au Gethsémani : 
 "Où irons-nous consommer la Pâque ? Quel endroit choisis-tu ? Dis-le, et
  nous irons tout préparer."
 
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 473> Et Judas de Kériot :
 
 "Donne-moi des ordres et j'irai."
 
 "Pierre,
  Jean, écoutez-moi."
 
 Les deux, qui étaient un peu en avant, s'approchent de Jésus qui les a
  appelés.
 
 
  "Précédez-nous et entrez dans la ville
  par la Porte du Fumier. À peine rentrés vous rencontrerez un homme qui vient
  de En-Rogel avec un broc de cette bonne eau. Suivez-le jusqu'à ce qu'il entre
  dans une maison. Vous direz à celui qui s'y trouve : "Le Maître dit :
  "Où est la pièce où je puis manger la Pâque avec mes disciples ?".
  Il vous montrera un grand cénacle prêt. Préparez-y tout ce qu'il faut. Allez
  vite et ensuite rejoignez-nous au Temple." 
 Les deux partent en toute hâte.
 
 Jésus au contraire, avance lentement. La matinée est encore si fraîche et les
  routes qui mènent à la ville montrent tout juste les premiers pèlerins. Ils
  franchissent le Cédron sur le petit pont qui est avant le Gethsémani. Ils
  entrent dans la ville. Les portes, peut-être à la suite d'un contre-ordre de Pilate, rassuré par l'absence de
  discussions autour de Jésus, ne sont plus surveillées par des légionnaires.
  En effet le plus grand calme règne partout.
 
 
  598.3 – Ah ! on ne peut pas dire que
  les juifs n'ont pas su se contenir ! Personne n'a molesté le Maître ni ses
  disciples. Respectueux, bien élevés, à défaut d'être affectueux, ils l'ont
  toujours salué, même quand ceux qui le saluaient étaient les plus haineux du Sanhédrin.
  Une patience sans égale a accompagné même le réquisitoire d'hier. 
 En voilà justement un exemple : comme la maison de campagne de Caïphe
  est proche de cette porte, voilà que passent, venant de
  cette maison, un groupe nombreux de pharisiens et de scribes, parmi lesquels
  le fils d'Hanne
  et Elchias
  avec Doras
  et Sadoq. Cela donne lieu à mille courbettes
  de personnages aux amples manteaux, qui saluent au milieu d'un ondoiement de
  vêtements et de franges et de très amples couvre-chefs. Jésus salue et passe,
  royal dans son vêtement de laine rouge et son manteau d'une teinte plus
  foncée, le couvre-chef de Syntica
  à la main, le soleil qui fait de ses cheveux rouge-cuivre
  une couronne d'or et un voile qui descend brillant jusqu'aux épaules. Les
  échines se relèvent après son passage et apparaissent des visages d'hyènes
  enragées.
 
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 474> Judas de Kériot, qui ne cessait pas
  de regarder tout autour de lui avec sa figure de traître, sous prétexte de
  relacer une sandale, s'écarte sur le bord de la route et, je le vois bien, il
  fait un signe à ces gens qui l'attendaient... Il laisse avancer le groupe de
  Jésus et des disciples, toujours occupé après la courroie de sa sandale pour
  se donner une contenance, puis, rapidement, il passe près de ces gens et
  murmure :
 
 "À la Belle, aux environs de sexte. Un de vous"
 
 Et il file rapidement pour rejoindre ses compagnons. Franc, effrontément
  franc !...
 
 
  598.4 – Ils montent au Temple. Peu
  d'hébreux encore, mais beaucoup de gentils. Jésus va adorer le Seigneur. Puis
  il revient en arrière et ordonne à Simon
  et Barthélemy
  d'acheter l'agneau en se faisant donner de l'argent par
  Judas de Kériot. 
 "Mais moi, je pouvais le faire !" dit ce dernier.
 
 "Tu auras autre chose à faire. Tu le sais. Il y a cette veuve à laquelle
  il faut porter l'obole de Marie de Lazare et
  dire qu'après les fêtes elle aille à Béthanie chez Lazare. Sais-tu où elle est ? As-tu bien
  compris ?"
 
 "Je sais, je sais ! L'endroit m'a été montré par Zacharie
  qui la connaît bien." Et il ajoute : "Je suis très content d'y
  aller, plutôt que d'aller pour l'agneau. Quand est-ce que j'y vais ?"
 
 "Plus tard. Je ne vais pas m'arrêter longtemps ici. Aujourd'hui je me
  reposerai car je veux être fort pour ce soir et pour ma prière de la
  nuit."
 
 "C'est bien."
 
 Voici, je me demande : Jésus avait ainsi gardé le silence les jours
  précédents sur ses intentions pour ne pas donner de détails à Judas. Pourquoi
  maintenant dit-il, répète-t-il ce qu'il va faire dans la nuit ? La Passion
  est-elle déjà commencée par l'aveuglement de sa prévoyance, ou bien cette
  prévoyance a-t-elle tant grandi qu'il lit dans les livres des Cieux que c'est
  "cette nuit-là" et que par conséquent il faut le faire savoir à
  celui qui attend de le savoir pour le livrer à ses ennemis, ou bien a-t-il
  toujours su que c'est la nuit où doit commencer son Immolation ? Je ne sais
  pas me donner de réponse. Jésus ne me donne pas de réponse. Et je reste avec
  mes pourquoi pendant que j'observe Jésus qui guérit les derniers malades. Les
  derniers... Demain, d'ici peu d'heures, il ne le pourra plus... La Terre sera
  privée du puissant Guérisseur des corps. La Victime, cependant, sur son gibet
  commencera la série ininterrompue depuis vingt siècles de ses guérisons
  spirituelles.
 
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 475>
  598.5 – Aujourd'hui je contemple plus
  que je ne décris. Mon Seigneur me fait projeter ma vue spirituelle à partir
  de ce que je vois arriver dans le dernier jour de liberté du Christ jusque
  dans les siècles... Aujourd'hui je contemple davantage les sentiments, les
  pensées du Maitre que les événements qui l'entourent. Déjà je comprends,
  angoissée, sa torture du Gethsémani... 
 
  598.6 – Jésus est pressé, comme à
  l'ordinaire, par la foule qui a déjà augmenté, qui maintenant est en majorité
  hébraïque et qui oublie de se hâter vers l'endroit où on sacrifie les agneaux
  pour s'approcher de Jésus, Agneau de Dieu qui va être immolé. Et elle demande
  encore, elle veut encore des explications. Nombreux sont les hébreux venus de
  la Diaspora qui, ayant entendu parler du Christ, du Prophète galiléen, du
  Rabbi de Nazareth, sont curieux de l'entendre parler et anxieux de s'enlever
  tout doute possible. Et ceux-ci s'ouvrent un passage en suppliant ainsi ceux
  de Palestine : 
 "Vous l'avez toujours. Vous savez qui il est. Vous avez sa parole quand
  vous voulez. Nous sommes venus de loin et nous allons repartir tout de suite
  après avoir accompli le précepte. Laissez-nous aller à Lui !"
 
 La foule s'ouvre difficilement pour leur céder la place. Ils s'avancent vers
  Jésus et l'observent avec curiosité. Ils parlotent entre eux, groupe par
  groupe. Jésus les observe aussi tout en écoutant un groupe venu de la Pérée.
  Quand ils Lui ont offert de l'argent pour ses pauvres comme le font beaucoup,
  argent qu'il a passé comme toujours à Judas, il les congédie et il se met à
  parler.
 
 
  598.7 – "Unis dans la religion,
  mais de provenances diverses, beaucoup parmi ceux qui sont présents se
  demandent : "Qui est celui que l'on appelle le Nazaréen ?", et
  leurs espoirs se mêlent à leurs doutes. "Écoutez donc  :
 
 Il est dit de Moi : "Un rejeton sortira de la racine de Jessé, une fleur
  viendra de cette racine et sur Lui reposera l'Esprit du Seigneur. Il ne
  jugera pas selon ce qui apparaît aux yeux, il ne condamnera pas pour ce que
  l'on entend avec les oreilles, mais il jugera les pauvres avec justice et
  prendra la défense des humbles.
 
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 476> Le rejeton de la racine de Jessé,
  placé comme un signe parmi les nations, sera invoqué par les peuples et son
  tombeau sera glorieux. Lui, après avoir élevé sa bannière pour les nations,
  réunira les réfugiés d'Israël, les gens dispersés de Juda, il les rassemblera
  des quatre points de la Terre" .
 
 Il est dit de Moi : "Voici, le Seigneur Dieu vient avec
  puissance, son bras triomphera. Il porte avec Lui sa récompense, Il a son
  œuvre devant ses yeux. Comme un berger, Il fera paître son troupeau".
 
 Il est dit de Moi : "Voici mon Serviteur avec lequel Je serai, en qui se
  complaît mon âme. En Lui J'ai répandu mon esprit. Il amènera la justice parmi
  les nations. Il ne criera pas, il ne brisera pas le roseau fêlé, il
  n'éteindra pas la mèche qui fume encore, il fera justice selon la vérité.
  Sans être triste ou turbulent, il arrivera à établir sur la Terre la justice,
  et les îles attendront sa loi".
 
 Il est dit de Moi : "Moi, le Seigneur, Je t'ai appelé dans la justice,
  Je t'ai pris par la main, Je t'ai préservé, Je t'ai fait alliance du peuple
  et lumière des nations pour ouvrir les yeux aux aveugles et tirer de la
  prison les prisonniers, et de la prison souterraine ceux qui gisent dans les
  ténèbres".
 
 Il est dit de Moi : "L'Esprit du Seigneur est sur Moi, car le Seigneur
  m'a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui sont doux, pour guérir
  ceux qui ont le cœur brisé, pour annoncer la liberté aux esclaves, la
  libération aux prisonniers, pour annoncer l'année de grâce du Seigneur".
 
 Il est dit de Moi : "Il est le Fort, il fera paître le troupeau avec la
  force du Seigneur, avec la majesté du nom du Seigneur son Dieu. Ils se
  convertiront à Lui, parce que dès à présent il sera glorifié jusqu'aux
  derniers confins du monde".
 
 Il est dit de Moi : "J'irai Moi-même à la recherche de mes brebis.
  J'irai à la recherche des égarées, je ramènerai celles qui ont été chassées,
  j'attacherai celles qui ont des fractures, je restaurerai les faibles, je
  surveillerai celles qui sont grosses et robustes, je les ferai paître avec
  justice".
 
 Il est dit : "Il est le Prince de la paix et il sera la paix".
 
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 477> Il est dit : "Voici que vient
  ton Roi, le Juste, le Sauveur. Il est pauvre, il chevauche un ânon. Il
  annoncera la paix aux nations. Sa domination ira d'une mer à l'autre
  jusqu'aux extrémités de la Terre".
 
 Il est dit : "Soixante-dix semaines ont été fixées pour ton peuple, pour
  ta cité sainte afin que soit enlevée la prévarication, que le péché prenne
  fin, que soit effacée l'iniquité, que vienne l'éternelle justice, que soient
  accomplies les visions et les prophéties, et que soit oint le Saint des
  Saints. Après sept plus soixante-deux viendra le Christ. Après soixante-deux,
  il sera mis à mort. Après une semaine, il confirmera le testament, mais au
  milieu de la semaine feront défaut les hosties et les sacrifices et ce sera
  dans le Temple l'abomination de la désolation et elle durera jusqu'à la fin
  des siècles".
 
 
  598.8 – Il n'y aura donc plus
  d'hosties en ces jours ? L'autel n'aura pas de victimes ? Il aura la grande
  Victime. Voilà que la voit le prophète : "Quel est celui
  qui vient avec les vêtements teints en rouge ? Il est beau dans son vêtement
  et il marche dans la grandeur de sa force". 
 Et comment, Celui qui est pauvre, a-t-il teint son vêtement de pourpre ?
  Voilà que le dit le prophète : "J'ai abandonné mon corps à ceux qui le
  frappaient, mes joues à celui qui m'arrachait la barbe, je n'ai pas éloigné
  mon visage de celui qui m'outrageait. Ma beauté et ma splendeur se sont
  perdues, et les hommes ne m'ont plus aimé. Les hommes m'ont méprisé,
  considéré comme le dernier ! Homme de douleurs, mon visage sera voilé et
  méprisé et ils me regarderont comme un lépreux, alors que c'est pour tous que
  je serai couvert de plaies et mis à mort" .
 
 Voici la Victime. Ne crains pas, ô Israël ! Ne crains pas ! L'Agneau pascal
  ne fait pas défaut ! Ne crains pas, ô Terre ! Ne crains pas. Voici le
  Sauveur. Comme une brebis il sera conduit à l'abattoir parce qu'il l'a voulu,
  et il n'a pas ouvert la bouche pour maudire ceux qui le tuent
  .
  Après sa condamnation, il sera élevé et consumé dans les souffrances, il aura
  ses membres déboîtés, ses os découverts, ses pieds et ses mains transpercés.
  Mais après l'angoisse par laquelle il justifiera un grand nombre, il
  possédera les multitudes parce que, après avoir livré sa vie à la mort pour
  le salut du monde, il ressuscitera et gouvernera la Terre, il nourrira les
  peuples avec les eaux vues par Ézéchiel, qui sortaient du vrai Temple 
  qui, s'il est abattu, se relève par sa propre force, avec le vin dont s'est
  aussi empourpré le blanc vêtement de l'Agneau sans tache, et avec le Pain
  venu du Ciel".
 
 
  598.9 – Assoiffés, venez aux eaux !
  Affamés, nourrissez-vous ! Épuisés et vous malades, buvez mon vin ! Venez,
  vous qui n'avez pas d'argent, vous qui n'avez pas de santé, venez !
  Et vous qui êtes dans les Ténèbres ! Et vous qui êtes morts, venez ! Je suis
  la Richesse et le Salut. Je suis la Lumière et la Vie. Venez, vous qui
  cherchez le Chemin ! Venez, vous qui cherchez la Vérité ! Je suis le Chemin
  et la Vérité ! Ne craignez pas de ne pas pouvoir consommer l'Agneau parce que
  manquent les hosties vraiment saintes dans ce Temple profané. Tous vous aurez
  à manger de l'Agneau de Dieu venu pour enlever les péchés du monde, comme l'a
  dit de Moi le dernier des prophètes de mon peuple. 
 De ce peuple auquel je demande : Mon peuple, que t'ai-je fait ? En quoi
  t'ai-je contristé ?
  Que pouvais-je te donner de plus que ce que je t'ai donné ? J'ai instruit tes
  intelligences, j'ai guéri tes malades, j'ai comblé de bienfaits tes pauvres,
  j'ai rassasié tes foules, je t'ai aimé en tes enfants, j'ai pardonné, j'ai
  prié pour toi. Je t'ai aimé jusqu'au Sacrifice. Et toi, que prépares-tu pour
  ton Seigneur ? Une heure, la dernière, t'est donnée, ô mon
  peuple, ô ma cité royale et sainte. Reviens en cette heure au Seigneur ton
  Dieu !"
 
 
  598.10 – "Il a dit les vraies
  paroles !" 
 "C'est ainsi qu'il est dit ! Et Lui fait vraiment ce qui est dit !"
 
 "Comme un berger, il a eu soin de tous !"
 
 "Comme si nous étions des brebis dispersées, malades, dans le
  brouillard, il est venu nous amener au vrai chemin, nous guérir âme et corps,
  nous éclairer."
 
 "Vraiment tous les peuples viennent à Lui. Regardez là ces gentils comme
  ils sont dans l'admiration !"
 
 "Il a annoncé la paix."
 
 "Il a donné l'amour."
 
 "Je ne comprends pas ce qu'il dit du sacrifice. Il parle comme si on
  devait le tuer."
 
 "C'est ainsi, s'il est l'Homme vu par les prophètes, le Sauveur."
 
 "Et il parle comme si tout le peuple devait le maltraiter. Cela
  n'arrivera jamais. Le peuple, nous, nous l'aimons."
 
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 479> "C'est notre ami. Nous le
  défendrons."
 
 "Il est galiléen, et nous de Galilée, nous donnerons notre vie pour
  Lui."
 
 "Il vient de David, et nous ne lèverons notre main que pour le défendre,
  nous de Judée."
 
 "Et nous qu'il a aimés comme il vous a aimés vous, nous de l'Auranitide,
  de la Pérée, de la Décapole, pourrions-nous l'oublier ? Tous, tous nous le
  défendrons."
 
 Telles sont les paroles dans la foule désormais très nombreuse. Fragilité des
  intentions humaines ! D'après la position du soleil, je juge qu'il doit être
  environ neuf heures du matin. Vingt-quatre heures plus tard, ces gens seront
  depuis plusieurs heures autour du Martyr pour le torturer par la haine et les
  coups, et hurler pour demander sa mort. Peu, très peu, trop peu parmi les
  milliers de personnes qui se pressent de tous les endroits de la Palestine et
  d'au-delà, et qui ont eu lumière, santé, sagesse, pardon du Christ, seront
  ceux qui non seulement ne chercheront pas à l'arracher à ses ennemis, parce
  que leur petit nombre par rapport à la multitude de ceux qui le frappent les
  en empêche, mais aussi ne sauront pas le réconforter en Lui donnant une
  preuve d'amour et en le suivant avec un visage ami.
 
 Les louanges, les marques de sympathie, les commentaires admiratifs se
  répandent dans la vaste cour comme les flots qui, de la haute mer, s'en vont
  au loin mourir sur le rivage.
 
 
  598.11 – Des scribes, des pharisiens,
  des juifs tentent de neutraliser l'enthousiasme du peuple, et aussi la fermentation
  du peuple contre les ennemis du Christ, en disant : 
 "Il délire. Sa lassitude est si grande qu'elle ramène à délirer. Il voit
  des persécutions là où il y a des honneurs. Sa parole a des torrents de sa
  sagesse habituelle, mais mêlés à des phrases de délire. Personne ne veut Lui
  faire du mal. Nous avons compris, compris qui il est..."
 
 Mais les gens se méfient d'un pareil changement d'humeur et quelqu'un parmi
  eux se révolte en disant :
 
 "Il a guéri mon fils dément. Je sais ce que c'est que la folie. Ce n'est
  pas ainsi que parle quelqu'un qui est fou !"
 
 Et un autre :
 
 "Laisse-les dire. Ce sont des vipères qui ont peur que le bâton du
  peuple leur brise les reins. Ils chantent pour nous tromper le doux chant du
  rossignol, mais si tu écoutes bien, il y a le sifflement du serpent."
 
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 480> Et un autre encore :
 
 "Sentinelles du peuple du Christ, garde à vous ! Quand l'ennemi caresse,
  il a le poignard caché dans sa manche et il allonge la main pour frapper. Les
  yeux ouverts et le cœur prêt ! Les chacals ne peuvent devenir des agneaux
  dociles."
 
 "Tu dis bien : le hibou réjouit et enchante les oiseaux naïfs par
  l'immobilité de son corps et la gaieté menteuse de son salut. Il rit et
  invite par son cri, mais il est déjà prêt à dévorer."
 
 Et c'est ainsi d'un groupe à l'autre.
 
 
  598.12 – Mais il y a aussi les gentils,
  ces gentils qui toujours plus nombreux ne manquent pas d'écouter le Maître en
  ces jours de fête. Toujours en marge de la foule, car l'exclusivisme
  hébreu-palestinien est très fort et il les repousse, voulant les premières
  places autour du Maître, mais eux désirent l'approcher et Lui parler. Un
  groupe nombreux d'entre eux aperçoit Philippe
  que la foule a refoulé dans un coin. Ils s'approchent de lui pour lui dire : 
 "Seigneur, nous voudrions voir de près Jésus, ton Maître, et Lui parler
  au moins une fois."
 
 Philippe se dresse sur la pointe des pieds pour voir s'il découvre quel
  qu'apôtre plus près du Seigneur. Il voit André
  et lui crie après l'avoir appelé :
 
 "Il y a ici des gentils qui voudraient saluer le Maître. Demande-lui
  s'il veut les accueillir."
 
 André, séparé de Jésus par quelques mètres, serré dans la foule, se fraie un
  passage sans beaucoup d'égards, travaillant généreusement des coudes et
  criant :
 
 "Faites place ! Faites place, dis-je ! Je dois aller vers le
  Maître."
 
 Il le rejoint et Lui transmet le désir des gentils.
 
 "Conduis-les dans ce coin. J'irai les trouver."
 
 Et pendant que Jésus essaie de passer parmi les gens, Jean,
  qui est revenu avec Pierre,
  Pierre lui-même, Jude
  Thaddée, Jacques de Zébédée et Thomas, qui laisse le groupe de ses parents
  trouvés dans la foule pour aider ses compagnons, s'efforcent de Lui faire un
  chemin.
 
 
  598.13 – Voilà Jésus là où sont déjà
  les gentils qui le saluent, 
 "La paix à vous. Que voulez-vous de Moi ?"
 
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 481> "Te voir. Te parler. Tes
  paroles nous ont troublés. Depuis longtemps nous désirions te parler pour te
  dire que ta parole nous frappe, mais nous attendions de le faire à un moment
  propice. Aujourd'hui... Tu parles de mort... Nous craignons de ne plus
  pouvoir te parler si nous ne saisissons pas cette heure. Mais est-il possible
  que les hébreux puissent tuer leur meilleur fils ? Nous sommes gentils, et ta
  main ne nous a pas fait du bien. Ta parole nous était inconnue. Nous avions
  entendu parler vaguement de Toi, mais nous ne t'avions jamais vu ni approché.
  Et pourtant, tu le vois ! Nous te rendons hommage. C'est le monde entier qui
  t'honore avec nous."
 
 "Oui, l'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié par les
  hommes et par les esprits."
 
 Maintenant les gens entourent de nouveau Jésus, avec la différence que les
  gentils sont au premier rang, et les autres en arrière.
 
 "Mais alors, si c'est l'heure de ta glorification, tu ne mourras pas
  comme tu dis ou comme nous avons compris. Car ce n'est pas être glorifié de
  mourir de cette façon. Comment pourras-tu réunir le monde sous ton sceptre si
  tu meurs avant de l'avoir fait ? Si ton bras s'immobilise dans la mort,
  comment pourras-tu triompher et rassembler les peuples ?"
 
 
  "C'est en mourant que je donne la vie.
  En mourant, j'édifie. En mourant, je crée le Peuple nouveau. C'est dans le
  sacrifice que l'on a la victoire. En vérité je vous dis que si le grain de
  froment tombé sur la terre ne meurt pas, il reste infécond, mais si au
  contraire il meurt, voilà qu'il produit beaucoup de fruit. Celui qui aime sa
  vie la perdra. Celui qui hait sa vie en ce monde, la sauvera pour la vie
  éternelle. Moi, ensuite, j'ai le devoir de mourir pour donner cette vie
  éternelle à tous ceux qui me suivent pour servir la Vérité. Que celui qui
  veut me servir vienne : la place n'est pas limitée dans mon Royaume à tel ou
  tel peuple. Quiconque veut me servir qu'il vienne à Moi et me suive, et où je
  serai, sera aussi mon serviteur. Et celui qui me sert, sera honoré par mon
  Père, Unique, Vrai Dieu, Seigneur du Ciel et de la Terre, Créateur de
  tout ce qui existe, Pensée, Parole, Amour, Vie, Chemin, Vérité; Père, Fils,
  Esprit Saint, Un en étant Trin, Trin tout en étant Unique, Seul, Vrai Dieu. 
  598.14 – Mais maintenant mon âme est
  troublée. Et que dirai-je ? Je dirai peut-être : "Père sauve-moi de
  cette heure" ? Non, parce que je suis venu pour cela : pour arriver à
  cette heure. Et alors je dirai : "Père glorifie ton Nom !" 
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 482> Jésus ouvre les bras en croix, une
  croix pourpre contre la blancheur des marbres du portique, il lève son visage
  en s'offrant, en priant, en montant avec son âme vers le Père.
 
 
  Et une voix, plus forte que le tonnerre,
  immatérielle en ce sens qu'elle ne ressemble à aucune voix d'homme, mais très
  sensible à toutes les oreilles, emplit le ciel serein de la magnifique
  journée d'avril et elle vibre, plus puissante que l'accord d'un orgue géant,
  d'une très belle tonalité et elle proclame : 
 "Et Moi, Je l'ai glorifié et Je le glorifierai encore."
 
 Les gens ont eu peur. Cette voix si puissante qu'elle a fait vibrer le sol et
  ce qui s'y trouve, cette voix mystérieuse, différente de toute autre, qui
  vient d'une source inconnue, cette voix qui emplit tout l'espace, du nord au
  midi, de l'orient à l'occident, terrorise les hébreux et stupéfait les
  païens. Les premiers, quand ils le peuvent, se jettent sur le sol, murmurant
  dans leur crainte :
 
 "Maintenant nous allons mourir ! Nous avons entendu la voix du Ciel .
  Un ange Lui a parlé !"
 
 Et ils se battent la poitrine en attendant la mort. Les seconds crient :
 
 "Un tonnerre ! Un grondement ! Fuyons ! La Terre a rugi ! Elle a
  tremblé !"
 
 Mais il est impossible de fuir dans cette cohue qui augmente lorsque les
  gens, qui étaient encore en dehors des murs du Temple, accourent à
  l'intérieur en criant :
 
 "Pitié pour nous ! Courons ! Ici, c'est le lieu saint. Il ne se fendra
  pas le mont où s'élève l'autel de Dieu !"
 
 Et ainsi chacun reste où il est, bloqué par la foule et l'épouvante.
 
 
  598.15 – Sur les terrasses du Temple
  accourent les prêtres, les scribes, les pharisiens, qui étaient éparpillés
  dans ses méandres et les lévites et les stratèges, agités, stupéfaits. Mais
  de tous ceux-là ne descendent, parmi les gens qui sont dans les cours, pas
  d'autres que Gamaliel
  avec son fils. Jésus le voit
  passer, tout blanc dans son vêtement de lin qui est si blanc qu'il resplendit
  jusque sous le soleil éclatant qui le frappe. 
 Jésus regarde Gamaliel, mais comme s'il parlait pour tout le monde, il élève
  la voix pour dire :
 
 "Ce n'est pas pour Moi, mais pour vous que cette parole est venue du
  Ciel."
 
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  de page.
 
 483>
  Gamaliel s'arrête, se retourne et il transperce par les regards de ses yeux
  profonds et très noirs — que l'habitude d'être un maître vénéré comme
  un demi-dieu rend involontairement durs comme ceux des rapaces — le regard de
  saphir, limpide, doux, dans sa majesté, de Jésus...
 
 Et, Jésus continue :
 
 "C'est maintenant le jugement de ce monde. C'est maintenant que le
  Prince des Ténèbres va être chassé dehors. Et Moi, quand je serai élevé
  j'attirerai tous les hommes à Moi, car c'est ainsi que le Fils de l'homme
  opérera le salut."
 
 
  598.16 – "Nous avons appris des
  livres de la Loi que le Christ vit éternellement. Et Toi tu te dis le Christ
  et tu dis que tu dois mourir. Et encore tu dis que tu es le Fils de l'homme
  et que tu sauverais parce qu'on t'élèvera. Qui es-tu donc ? Le Fils de l'homme
  ou le Christ ? Et qu'est-ce que le Fils de l'homme ?" dit la foule qui
  reprend de la hardiesse. 
 "Ce sont une unique personne. Ouvrez les yeux à la Lumière. C'est encore
  pour peu que la Lumière est avec vous. Marchez vers
  la Vérité tant que vous avez la Lumière parmi vous, afin que les Ténèbres ne
  vous surprennent pas. Ceux qui marchent dans l'obscurité ne savent pas où ils
  vont aboutir. Tant que vous avez la Lumière parmi vous, croyez en Elle, pour
  être fils de la Lumière." Il se tait.
 
 La foule est perplexe et divisée. Une partie s'en va en secouant la tête. Une
  partie observe l'attitude des principaux dignitaires : pharisiens, chefs des
  prêtres, scribes... et spécialement de Gamaliel, et ils règlent leurs propres
  gestes sur cette attitude. D'autres encore approuvent de la tête et
  s'inclinent devant Jésus avec des signes très clairs qui veulent dire :
  "Nous croyons ! Nous t'honorons pour ce que tu es." Mais ils
  n'osent pas se déclarer ouvertement en sa faveur. Ils ont peur des yeux attentifs
  des ennemis du Christ, des puissants, qui les surveillent du haut des
  terrasses qui dominent les magnifiques portiques qui entourent l'enceinte du
  Temple.
 
 
  598.17 – Gamaliel aussi, après être
  resté pensif quelques minutes, et qui semble interroger le pavé de marbre
  pour avoir une réponse aux questions qu'il se pose à lui-même, se dirige de
  nouveau vers la sortie après un mouvement de la tête et des épaules semblant
  traduire son désappointement ou son mépris... et il passe tout droit devant
  Jésus, sans plus le regarder. 
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 484>
  Jésus, de son côté, le regarde avec compassion... et il élève de nouveau la
  voix avec force — c'est comme une trompette de bronze — pour dépasser tous
  les bruits et être entendu par le grand scribe qui s'en va déçu. Il semble parler pour tout le monde, mais il est évident qu'il parle
  pour lui seul. Il dit d'une voix très forte :
 
 
  "Celui qui croit en Moi ne croit pas,
  en vérité, en Moi, mais en Celui qui m'a envoyé, et celui qui me voit, voit
  Celui qui m'a envoyé. Et Celui-là est bien le Dieu d'Israël ! Car il n'y a
  pas d'autre Dieu que Lui. Aussi, je vous dis : si vous ne pouvez croire en
  Moi en tant que celui que l'on appelle fils de Joseph de David et fils de
  Marie, de la lignée de David, de la Vierge vue par le prophète, né à
  Bethléem, comme il est dit par les prophéties, précédé par le Baptiste, comme
  il est dit encore depuis des siècles, croyez au moins à la Voix de votre Dieu
  qui vous a parlé du Ciel. Croyez en Moi comme Fils de ce Dieu d'Israël. Que si
  vous ne croyez pas à Celui qui vous a parlé du Ciel, ce n'est pas Moi que
  vous offensez, mais votre Dieu dont je suis le Fils. 
 N'ayez pas la volonté de rester dans les ténèbres ! Je suis venu au monde
  comme Lumière afin que celui qui croit en Moi ne reste pas dans les ténèbres.
  Ne consentez pas à vous créer des remords que vous ne pourriez plus apaiser
  quand je serai retourné là d'où je suis venu, et qui seraient un bien dur
  châtiment de Dieu pour votre entêtement. Je suis prêt à pardonner tant que je
  suis parmi vous, tant que le jugement n'est pas fait, et en ce qui me
  concerne j'ai le désir de pardonner. Mais différente est la pensée de mon
  Père, car Moi, je suis la Miséricorde et Lui est la Justice.
 
 En vérité je vous dis que si quelqu'un écoute mes paroles et n'en tient pas
  compte, ce n'est pas Moi qui le juge. Je ne suis pas venu dans le monde pour
  le juger mais pour le sauver. Mais aussi si Moi je ne juge pas, en vérité je
  vous dis qu'il y a quelqu'un qui juge vos actions. Mon Père, qui m'a envoyé,
  juge ceux qui repoussent sa Parole. Oui, celui qui me méprise et ne reconnaît
  pas la Parole de Dieu et ne reçoit pas les paroles du Verbe, voilà ce qu'il a
  pour le juger : la parole même que j'ai annoncée, celle qui le jugera au
  dernier jour.
 
 On ne se moque pas de Dieu, est-il dit. Et le Dieu dont on s'est moqué sera
  terrible pour ceux qui l'auront jugé fou et menteur.
 
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 485> Rappelez-vous tous que les paroles que
  vous m'avez entendu dire sont de Dieu. Car je n'ai pas parlé de Moi-même,
  mais le Père qui m'a envoyé, Lui-même, m'a prescrit ce que je dois dire et de
  quoi je dois parler. Et Moi, j'obéis à son commandement car je sais que son
  commandement est juste. Tout commandement de Dieu est Vie éternelle, et Moi,
  votre Maître, je vous donne l'exemple de l'obéissance à tout commandement de
  Dieu.
 
 Soyez donc certains que les choses que je vous ai dites et que je vous dis,
  je les ai dites et je les dis comme mon Père m'a dit de vous les dire. Et mon
  Père est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob; le Dieu de Moïse, des
  patriarches et des prophètes, le Dieu d'Israël, votre Dieu."
 
 Paroles de lumière qui tombent dans les ténèbres qui déjà s'épaississent dans
  les cœurs !
 
 
  598.18 – Gamaliel, qui s'était de
  nouveau arrêté, la tête penchée reprend sa marche... D'autres le suivent en
  hochant la tête ou en ricanant. 
 Jésus aussi s'en va... Mais avant il dit à Judas de Kériot :
 
 "Va où tu dois aller"
 
 Et aux autres :
 
 "Chacun est libre d'aller où il doit ou bien où il veut. Qu'avec Moi
  restent les disciples
  bergers."
 
 "Oh ! prends-moi aussi avec Toi, Seigneur !" dit Étienne.
 
 "Viens..."
 
 Ils se séparent. Je ne sais pas où va Jésus. Mais je sais où va Judas de Kériot.
  Il va à la Belle Porte, en montant des marches qui mènent de l'Atrium des
  Gentils à celui des femmes, et après l'avoir traversé, en montant à son
  extrémité d'autres marches, il jette un coup d'œil dans l'Atrium des Hébreux
  et, fâché, il frappe le sol du pied parce qu'il ne trouve pas celui qu'il
  cherche. Il revient sur ses pas. Il voit un des gardes du Temple. Il
  l'appelle et lui ordonne avec son arrogance habituelle : "Va trouver Éléazar ben Anna. Qu'il vienne tout de suite
  à la Belle. Judas de Simon l'attend pour des choses graves."
 
 Il s'appuie à une colonne et attend. Après un moment, Éléazar fils d'Anna, Elchias,
  Simon, Doras,
  Cornélius,
  Sadoq,
  Nahoum et d'autres, accourent avec leurs
  vêtements qui volent au vent.
 
 Judas parle à voix basse, mais excitée :
 
 "Ce soir ! Après la cène. Au Gethsémani. Venez-y et prenez-le.
  Donnez-moi l'argent."
 
 "Non. Nous te le donnerons quand tu viendras nous prendre ce soir. Nous
  ne nous fions pas à toi ! Nous te voulons avec nous. On ne sait jamais
  !" raille Elchias.
 
 Les autres l'approuvent en chœur.
 
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 486> Judas s'enflamme de dédain à cause
  de l'insinuation. Il jure :
 
 "Je jure sur Jéhovah
  que je dis la vérité !"
 
 Sadoq lui répond :
 
 "C'est bien. Mais il vaut mieux faire ainsi. Quand c'est l'heure, tu
  viens, tu prends ceux qui sont chargés de la capture et tu vas avec eux.
  Qu'il n'arrive pas que les gardes imbéciles arrêtent Lazare au hasard et fassent arriver des
  malheurs. Tu leur indiqueras l'homme par un signe... Tu dois comprendre !
  C'est la nuit... il y aura peu de clarté... les gardes seront fatigués,
  endormis... Mais si tu les guides !... Voilà ! Qu'en dites-vous ?"
 
 Le perfide Sadoq se tourne vers ses compagnons, et dit :
 
 "Je proposerais comme signal un baiser. Un baiser ! Le meilleur signe
  pour indiquer l'ami trahi. Ah ! Ah !"
 
 Tous rient : un chœur de démons ricanant.
 
 Judas est furieux, mais il ne recule pas. Il ne recule plus. Il souffre pour
  le mépris qu'ils lui montrent, non pas pour ce qu'il va faire, si bien qu'il
  dit :
 
 "Mais rappelez-vous que je veux l'argent compté dans la bourse avant de
  sortir d'ici avec les gardes."
 
 "Tu l'auras ! Tu l'auras ! Nous te donnerons même la bourse pour que tu
  puisses garder l'argent, comme une relique de ton amour. Ah ! Ah ! Ah !
  Adieu, serpent !"
 
 Judas est livide. Il est déjà
  livide. Il ne perdra jamais plus cette couleur et cette expression
  d'épouvanté désespérée. Au contraire, avec les heures, elle s'accentuera
  toujours jusqu'à être insoutenable à la vue quand il sera pendu à l'arbre...
  Il s'enfuit...
 
 
 
  598.19 – Jésus s'est réfugié dans le
  jardin d'une maison amie, un jardin tranquille des premières maisons de Sion.
  Il est entouré de murs élevés et anciens. Il est silencieux et frais, couvert
  comme il l'est par les feuillages un peu agités des vieux arbres. Une voix de
  femme peu lointaine chante une douce berceuse. 
 Il a dû se passer des heures car les serviteurs de Lazare, de retour après
  être allés je ne sais où, disent :
 
 "Tes disciples sont déjà dans la maison où on prépare la cène et Jean,
  après avoir apporté avec nous les fruits aux enfants
  de Jeanne de Kouza, s'en est allé prendre les femmes pour les accompagner
  chez Joseph d'Alphée, qui est venu seul
  aujourd'hui, alors que sa mère ne comptait plus le voir, et puis,
  de là, à la maison de la cène car c'est le soir."
 
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 487> "Nous irons nous aussi. Elles
  sont arrivées les heures des cènes..." Jésus se lève pour remettre son
  manteau.
 
 "Maître, il y a là dehors des personnes, des personnes fortunées. Elles
  voudraient te parler sans être vues par les pharisiens" dit un
  serviteur.
 
 "Fais-les entrer. Esther
  ne s'y opposera pas. N'est-ce pas, femme ?" dit Jésus en se tournant
  vers une femme d'âge mûr qui accourt pour le saluer.
 
 "Non, Maître. Ma maison est la tienne, tu le sais. Tu ne t'en es servi que
  trop peu !"
 
 "Autant qu'il faut pour dire à mon cœur : c'était une maison amie."
  Il commande au serviteur : "Conduis ceux qui attendent."
 
 
  598.20 – Il entre une trentaine de
  personnes bien mises. Elles le saluent. Quelqu'un parle au nom de tous : 
 "Maître, tes paroles nous ont secoués. Nous avons entendu en
  Toi la voix de Dieu. Mais ils nous traitent de fous parce que nous croyons en
  Toi. Que faire alors ?"
 
 
  "Ce n'est pas à Moi qu'il croit celui
  qui croit en Moi, mais il croit à Celui qui m'a envoyé et dont aujourd'hui
  vous avez entendu la voix très sainte. Ce n'est pas Moi que voit celui qui me
  voit, mais il voit Celui qui m'a envoyé, car je suis une seule chose avec mon
  Père. À cause de cela, je vous dis que vous devez croire pour ne pas offenser
  Dieu, qui est mon Père et le vôtre, et qui vous aime jusqu'à sacrifier
  son Fils Unique. S'il y a des doutes dans les cœurs que je sois le Christ, il
  n'y a pas de doute que Dieu est au Ciel, et la voix de Dieu que j'ai appelé
  Père, aujourd'hui, au Temple, en Lui demandant de glorifier son Nom, a
  répondu à Celui qui l'appelait Père, et sans Lui dire "menteur ou
  blasphémateur" comme disent plusieurs. Dieu a confirmé qui je suis : sa
  Lumière. Je suis la Lumière venue au monde afin que celui qui croit en Moi ne
  reste pas dans les Ténèbres. Si quelqu'un entend mes paroles et ensuite ne
  les met pas en pratique, Moi je ne le juge pas. Je ne suis pas venu pour
  juger le monde, mais pour sauver le monde. Celui qui me méprise et ne reçoit
  pas mes paroles a quelqu'un qui le juge. La parole que j'ai annoncée, c'est
  elle qui le jugera au dernier jour. 
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 488> En effet, elle était sage,
  parfaite, douce, simple, comme l'est Dieu. Car cette Parole, c'est Dieu.
  Ce n'est pas Moi, Jésus de Nazareth, appelé le fils de Joseph le
  menuisier de la race de David et fils de Marie, enfant hébraïque, vierge de
  la race de David mariée à Joseph, qui ai parlé. Non. Je n'ai pas parlé de
  Moi-même, mais c'est mon Père, Celui qui est dans les Cieux et dont le nom
  est Jéhovah,
  Celui qui aujourd'hui a parlé, Celui qui m'a envoyé, qui m'a prescrit de dire
  ce que je dois dire et de quoi je dois parler. Et je sais que dans son
  commandement il y a la vie éternelle. Les choses donc que je dis, je les dis
  comme me les a dites le Père, et en elles il y a la Vie. C'est pour cela que
  je vous dis : écoutez-les. Mettez-les en pratique et vous aurez la Vie. Car
  ma parole est Vie, et celui qui l'accueille, accueille, en même temps que
  Moi, le Père des Cieux qui m'a envoyé pour vous donner la Vie. Et celui qui a
  Dieu en lui a en lui la Vie.
 
  598.21 – Allez. Que la paix vienne à
  vous et y reste." 
 Il les bénit et les congédie. Il bénit aussi les disciples. Il retient
  seulement Isaac et Étienne.
  Il embrasse les autres et les congédie et, quand ils sont partis, il sort le
  dernier avec les deux, et il va avec eux par les ruelles les plus solitaires
  et déjà sombres, à la maison du Cénacle. Arrivé là, il embrasse et bénit avec
  un amour particulier Isaac et Étienne, il les baise, les bénit de nouveau,
  les regarde partir, et puis il frappe et entre.
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